Symbole d'éternité de Nyu72

- Je sais, je sais... répétai-je comme à peu près tous les matins.

- Tu me dis ça tous les matins ! s'emporta-t-elle justement.

La Rosabyss qui me criait dessus si tôt dans la journée, c'était ma mère. Elle savait que je comptais passer la journée avec Léna et Paz et n'aimait pas du tout ça. Mais comme d'habitude, je n'en avais pas grand chose à faire. J'attendais juste que son sermon cesse enfin pour sortir des algues et rejoindre Léna à notre point de rendez-vous habituel.

Comme à son habitude, elle était déjà présente, je ne savais pas à quel moment de la journée elle venait m'attendre mais je n'avais jamais réussi à arriver avant elle. Enfin, même si elle était présente, elle me fixait avec des rougeurs sur sa perle qui prouvait un début de grosse colère. Je n'étais pas sûr de ne pas vouloir faire demi-tour et nager en direction contraire à cet instant. Pourtant je m'approchai et tentai :

- Salut.

- Salut... répéta-t-elle. On y va, je ne voudrais pas faire attendre Paz.

Elle m'en voulait donc encore ? C'était... bien la première fois qu'une de ses rancunes durait aussi longtemps. J'avais vraiment gaffé...

- Je suis désolé pour hier, réussis-je à prononcer.

- Pas de quoi, lança-t-elle d'un air qui voulait dire le contraire. C'est vrai qu'on a qu'une perle à offrir. On va pas la donner à n'importe qui...

- Tu as parlé de Paz hier, lui fis-je remarquer, un peu vexé.

- Oui, et d'ailleurs, il nous attend. Si tu n'y vas pas, je prends les devants.

Et elle partit rapidement vers ce que tous dans le périmètre appelaient la zone neutre. En fait, cette région de l'Océan était principalement composée de trois parties, les champs d'algues dans lesquels nous vivions, les abysses où habitaient les Lanturn et la zone neutre où vivait... un unique Pokémon : le vieux Relicanth.

Ce Pokémon, craint à la fois par les nôtres et les leurs n'était pas un mauvais Pokémon du tout, il 'tenait juste à sa tranquillité'. Ne pouvant pas rentrer chez nous après nous avoir sauvé, Paz nous avait emmené chez lui puisqu'il s'agissait d'une zone où les Pokémon de nos familles ne pouvaient pas se battre. Il restait principalement dans une grotte assez sombre même si, grâce à Paz, nous ne l'avions pratiquement jamais remarqué, et c'était là-bas que nous avions fait connaissance. Nous revenions souvent le voir, nous voir surtout, jusqu'à ce que l'on devienne ''trop bruyants'' et qu'il nous dise d'aller jouer dehors les prochaines fois. Nous restions souvent dans la zone neutre mais parfois, nous nous aventurions dans l'un ou l'autre des territoires pour diverses raisons, comme la veille.

Par contre, nous nous rendions chez lui chaque jour, sa grotte était notre point de rendez-vous comme ça, nous pouvions lui tenir compagnie sans trop le déranger puisque nous partions plus ou moins rapidement. J'avais déjà perdu Léna de vue mais je savais qu'elle s'était rendue là-bas, je n'avais plus qu'à l'imiter.

Paz n'était pas présent lorsque j'arrivais, Léna attendait vers l'entrée de la grotte, où le Soleil nous permettait encore de voir où nous nagions. Je m'approchai d'elle et elle ferma sa coquille pour se replier sur elle-même. Je m'installai à côté et elle dut m'attendre car elle déclara :

- Tu n'avais pas besoin de venir, je voulais juste voir Paz.

Je soupirai doucement et ne pus rien répondre. C'était sans doute trop tard pour faire marche arrière maintenant, elle ne me croirait probablement pas si je lui avouais la vérité. Elle penserait plutôt que je me moquais d'elle ou essayais juste de la consoler. Le vieux Relicanth, lui, n'était pas ici. Sans doute dormait-il plus au loin.

Ça ne le dérangeait pas que l'on reste ici tant que l'on ne faisait pas trop de bruit, c'était une autre des raisons pour lesquelles je n'insistais pas auprès de Léna maintenant, on risquerait d'élever la voix... Non, ça, c'était juste une excuse, et je le savais. J'étais vraiment, vraiment stupide.

- Salut, déclara une nouvelle source de lumière tout sourire avant de voir Léna. Qu'est-ce que tu as encore fait Karl ?

- J'ai... commençai-je avant de la regarder et murmurer. Paz est là puisque tu voulais le voir...

- Me voir moi ? s'étonna-t-il. Désolé d'être en retard, comme d'habitude, mon père.

- Ouais, c'est la même chose de notre côté, répondis-je, bien qu'il le savait.

Mais mon regard était fixé sur la Coquiperl qui ré-ouvrit sa carapace à demi pour me jeter un regard méchant et s'avança vers le Loupio.

- On peut passer la journée ensemble ?

- Ben... oui, comme d'habitude, hésita-t-il en me questionnant du regard.

- Juste tous les deux, expliqua-t-elle en lui criant presque dessus. Viens !

Elle commença à sortir seule de la grotte et Paz se tourna vers moi pour me faire signe qu'il revenait. Je soupirai et attendis...

- Elle me rappelle une autre Coquiperl d'autrefois, déclara le vieux Relicanth, me faisant sursauter par la même occasion.

Je me tournai vers lui et le regardai avancer. Posant ses nageoires rocheuses sur le sol pour pouvoir avancer. Il était vraiment très différent de nous ou de tous les autres Pokémon marins.

- Bonjour, le saluai-je. Je l'ai juste énervée, elle a raison de m'en vouloir.

- Tu sembles penser que le temps réparera ton erreur.

- C'est souvent comme ça avec elle, me justifiai-je.

- Pas toujours pour les bonnes raisons. Le dernier Coquiperl qui avait tant hésité à rejoindre sa 'juste amie' l'a vu disparaître vers la surface.

- À croire que ça n'arrive pas que dans les contes, soupirai-je.

- Ou que les contes viennent souvent d'histoires vraies. Mirion était aussi une jeune avec un caractère bien difficile. Tu devrais te hâter avant qu'ils ne l'enlèvent.

- Mirion ? Vous... avez connu la Mirion de la légende ? Mais c'était il y a bien des générations nous a-t-on dit ! Et qui ça ils ?

Je n'eus de réponse qu'à la dernière question.

- Ceux que vous appelez 'habitants de la surface', les humains.

- Mais pourquoi voudraient-ils Léna ? C'est incompréhensible !

- Crois-tu avoir le temps de poser ce genre de question ? Le remous d'une plongée se fait sentir dans l'eau, si tu ne veux perdre personne, hâte-toi.

Là, c'était bon, je paniquais. Je sortis à toute vitesse de la grotte et allai vers le haut pour essayer de voir Léna et Paz. Heureusement que ce dernier était bien visible, même en eaux claires, je les trouvais aux bouts de quelques minutes de recherches et fonçai vers eux.

- Ah, le voilà justement, déclara Paz en avançant vers moi pour se moquer gentiment à voix basse. Déclare-toi comme il faut cette fois, boulet.

- Pas le temps pour ça, on doit y aller ! m'inquiétai-je.

- Aller où ? demanda mon amie d'enfance. J'ai... J'ai des choses à te dire moi.

- Pas maintenant Léna ! On...

- Si maintenant ! insista-t-elle. C'est... justement le moment. Tu... pensais vraiment ce que tu as dit hier ?

- Bien sûr que non, c'est évident que je t'aime ! lui avouai-je pour abréger la conversation et qu'elle me suive. Mais là tout de suite, on...

Léna ne semblait rien vouloir en entendre, elle s'avança vers moi et déclara, les yeux brillants :

- On échangera nos perles ?

J'ouvris la bouche pour répondre quand le remous dont Relicanth m'avait parlé se fit entendre. Je levai les yeux pour voir une énorme créature nous foncer dessus. Bien qu'elle semblait marine, je ne l'avais jamais vue, un corps dont les couleurs variaient entre bleu et orange mais qui n'était pas d'écailles. Elle était encerclée d'une sorte de bulle clairement pas naturelle et sur son dos, se dressait une créature comme je n'en avais jamais vue. Par contre, j'avais déjà vu les boules qu'il ornait, même si brisées au fond de la mer... C'était... un humain ?

- Léna, faut qu'on y aille.

- Deux Coquiperl et un Loupio, déclara la bestiole qui chevauchait la plus grosse.

- On prend lequel ? demanda le gros Pokémon.

- Elle m'a demandé un Coquiperl, elle aura son Coquiperl.

- C'est... un humain ? demanda Léna.

Je passai derrière elle et la poussai vers le bas de force :

- Pas le temps... Chez le vieux Relicanth...

- Je vous couvre, déclara Paz. C'est l'occasion de montrer que mes attaques sont les meilleures de la mer.

Les bouts de ses deux antennes se chargèrent d'énergie et une décharge électrique fonça droit sur l'humain. Son Pokémon leva une patte et l'attaque de Paz sembla simplement... rentrer à l'intérieur.

- Ce... C'était censé le rendre immobile, paniqua le Loupio.

- Laggron, Tir de Boue, cria l'humain en pointa Paz du doigt.

Le gros Pokémon ouvrit la bouche et cracha une substance marron qui traversa sa bulle pour heurter mon ami à toute vitesse.

Dans un cri horrible, il sombra plus profond alors que l'attaque ennemi se changea en un nuage marron qui se mêla au rouge qui sortait du corps du Loupio. Léna tremblait et ne bougeait plus, regardant le Pokémon couler. Je voulais la pousser mais j'étais dans le même état...

- On va voir si les Scuba Balls sont vraiment si efficaces, commenta l'humain.

Sur ces mots, il lança une boule entièrement bleue, droit sur nous. Mon corps bougea instinctivement entre elle et Léna... qui commença à pleurer :

- Laisse-la me toucher, c'est moi la Mirion... Je... devrais pouvoir te la faire maintenant...

Je sentis la balle rebondir sur ma coquille, elle ne me laissa le temps de ne prononcer qu'une phrase :

- Je ne te laisserai pas ma perle, je te la donnerai directement... pour avoir la tienne en retour.

Je me fis aspirer en arrière, je ne savais où. Je me retrouvais vite dans une sorte de grotte ovale, fermée de toute part. Étroite, effrayante, un sentiment de malaise me prit juste à l'idée d'être ici. Une boule maudite... J'allais être arraché à la mer... Les larmes me montèrent aux yeux et coulèrent pour remplir le fond de ma coquille. Je pensais encore à Léna, pourrais-je vraiment la revoir un jour ? Comme dans la légende de Mirion et Selan ? Je n'en savais vraiment rien mais ce qui était sûr, c'était qu'il y avait une nouvelle similitude dans nos histoires. Alors que je me faisais enlever vers la surface, ma coquille devint plus étroite, mes larmes en son sein se cristallisèrent en une perle dont les couleurs variaient de bleu, rose et jaune...Un si bel objet dans un si triste endroit. Je le gardai au plus près de moi, refermant ma coquille pour ne pas qu'elle s'enfuie.

Un jour Léna... Un jour je te la donnerai...


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Petite explication : Les perles des Coquiperl sont donc créés à partir de leurs larmes, sous conditions particulières. Parce qu'évidemment, si on pleure dans l'eau, ça se disperse rapidement. Pour créer la perle, ils doivent soit fermer leur coquille, soit être hors de l'eau [dans une Pokéball, ça compte donc]. Par contre, ils ne peuvent vraiment créer qu'une seule perle dans leur vie, peu importe le nombre de larmes qu'ils pleurent. C'est parce que les larmes doivent se mélanger à une substance au fond de leur coquille qui donc 's'utilise' à leur contact. La grosseur de la perle dépend donc du nombre de larmes versées au fond de la coquille pendant ce moment précis.