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Crossworlds de Khimeira



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» Auteur : Khimeira - Voir le profil
» Créé le 19/02/2014 à 19:07
» Dernière mise à jour le 28/04/2014 à 16:35

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Chapitre 5: Last day of innocence
21 avril 2012
Paris, France
Point de vue : Amélie

H-6

Je me réveillai complètement fatiguée. J'avais dormi un peu plus, même si j'avais stressé pendant une ou deux heures avant de m'endormir pour vérifier si je n'allais pas encore avoir un cauchemar ; au final, ce fut une nuit normale, sans rêves ni cauchemars, et j'étais plus ou moins contente que ça se déroule de cette façon.
Je sentis Zorua monter sur mon épaule puis je descendis jusqu'à la cuisine, où je m'installai à la table, vide. Parfait, au moins ma sœur ne me dérangerait pas ce coup-ci.
Je regardai l'heure sur la pendule de la cuisine. 8 heures 05.

-Ca nous fait encore 5 heures et 55 minutes à tuer, lançai-je au Pokémon qui était maintenant sur la table de la cuisine, en train de me regarder boire tranquillement mon café.
"Ta coiffure est... disons, spéciale."

Je me regardai dans le reflet de la cuillère. Effectivement, j'étais dans un état pitoyable : pas du tout coiffée, encore un peu fatiguée par la nuit de la veille au vu des cernes sous mes yeux... Effectivement, je n'étais pas prête d'avoir une relation stable avec quelqu'un si j'étais en permanence comme ça.

"Oui, mais là rappelle-toi qu'aujourd'hui on va sortir, donc je te conseille de te coiffer assez vite..."

Ah oui. Je me souvenais maintenant pourquoi j'ai mis mon réveil à 8 heures. La fameuse dernière sortie. La sortie où on devait se séparer de Zorua et Riolu. La sortie où je finirais seule avec Jared.
Cette possibilité m'effrayait autant qu'elle me réjouissait. D'un côté j'étais avec Jared, avec quelqu'un avec qui je savais que j'allais avoir une relation stable. Mais de l'autre je perdais celui que je considérais comme mon animal de compagnie. Celui que j'aurais aimé cajoler un peu plus, m'occuper de lui un peu plus.
Restait le problème des parents. Il fallait que je trouve le moyen pour ne pas que mes parents me demandent de revenir dans trois heures. Quoique là, même s'ils le disaient je n'avais pas franchement envie de leur obéir. J'avais envie de me garder une journée pour moi, avec Jared. Tous les deux.
Après une énième séance de « yeux de cocker et concerto de petits couinements » de Zorua, j'acceptai finalement de monter dans la salle de bains, me coiffai de façon plus convenable puis descendis pour mettre mes chaussures.
En arrivant dans l'entrée, pensant pouvoir partir sans être remarquée, j'entendis quelqu'un se racler la gorge de manière un peu forcée. Je levai le regard et vis que Lucie, ma cruche de sœur, était en train de siroter un jus d'orange à la paille en me voyant partir.

-Je peux savoir pourquoi tu pars à cette heure-là ? lança ma soeur, à la limite d'un ton autoritaire.
-Ca te concerne ?
-Bah oui.
-Eh bah justement, ça ne te concerne pas, donc de un tu ne me parles pas avec ce ton, et de deux... Bah tu te tais en fait.

Sur ces mots je sortis de la cuisine. Une bonne chose de faite.
Un peu fière de ma réplique, je me dirigeai vers la porte d'entrée pour sortir. Au moment où j'ouvris la porte, j'entendis mon père dire :

-On peut savoir pourquoi tu sors ?

Je me retournai en soufflant du nez. Mes parents ne changeraient donc jamais.

-Papa, j'ai dix-neuf ans, pas quatorze. J'ai bien le droit de prendre une journée pleine pour moi pour décompresser avant la reprise des cours, non ? Sinon, après je vais être désagréable, donc je joins l'utile à l'agréable, ajoutai-je en tournant mon regard vers celle qui sirotait son jus d'orange dans la cuisine. Elle me fit un sourire très forcé en mode « je me fous de toi », que je le lui rendis.
-Et tu vas où ? ajouta ma mère, qui s'était ramenée.

Je jetai un regard désespéré à ma mère. Elle s'y mettait aussi. Bon, en même temps, s'ils me bombardaient de questions c'est normal, parce qu'ils s'inquiétaient pour moi, parce qu'il y a des gens dangereux dehors, parce que c'est pour mon bien, bla bla bla. J'en avais quand même un peu marre d'entendre la même chose.
Je jouai donc ma carte.

-Au château de Saint-Germain-en-Laye, on m'a dit que c'est un très bon endroit à visiter.
-Pourquoi tu ne vas pas à Versailles ? continua mon père.
-Qu'est-ce que ça peut changer que j'aille à Versailles ou à Saint-Germain ? C'est dans le même département après tout. Et puis vous inquiétez pas, je rentre avant ce soir, et je ne compte pas dormir chez Jared, j'ai quand même envie de réviser mon oral... ajoutai-je avec un sourire avant de fermer la porte.

J'avais réussi mon pari : sortir de la maison sans que mes parents me demandent de revenir dans trois heures. Sauf que voilà. Je descendis les marches quatre à quatre histoire de ne pas avoir à parler à mes parents et de partir rapidement, et sentis Zorua sur mon épaule en passant. Je ne l'avais pas remarqué jusqu'à présent, mais il pesait quand même son poids, le bougre.
Je sortis de l'appartement et, au moment où je tournai pour me diriger vers le RER, j'entendis ma mère crier de la fenêtre de l'appartement :

-Amuse-toi bien avec ton copain !

Je soupirai et levai les yeux au ciel. Ils ne changeront vraiment jamais.

"S'ils savaient..." lança Zorua, qui avait écouté toute la conversation en étant juché sur mon épaule.
-Heureusement que je m'en suis sorti. Bon, maintenant, on prend le métro et on va à Saint-Germain. C'est bien là où tu as fixé ton point de rendez-vous, non ?
"Oui. D'ailleurs, bien joué pour ton esquive, je m'attendais pas à ce que tu trompes tes parents de cette manière."
-Pour une fois qu'ils me laissent sortir plus de trois heures, c'est l'essentiel. Enfin bref, on y va.

Je regardai à ce moment-là une dernière fois ma montre : huit heures vingt. Tempo parfait pour se faire une virée matinale.

* * * * *

H-4


Le voyage en RER se déroula sans encombre : pas de relous qui venaient me draguer, pas de circulation et donc de concentration de gens – et donc de sueur – qui rendaient l'atmosphère irrespirable, pas de pickpockets... Ce fut un bon voyage en somme, voyage que je passai à écouter de la musique – et apparemment Zorua en profitait aussi, vu qu'il bougeait sa tête en rythme avec la musique, à croire qu'il s'est branché sur mon cerveau c'est pas possible.
Une demi-heure plus tard, à peine arrivée à Saint-Germain, j'entendis mon portable sonner. Je regardai qui m'appelait. Jared. Tiens donc.

-Allô? Lançais-je avec un sourire amusé.
*Coucou chérie, c'est Jared.*
-Ah, ça, j'avais remarqué, t'es devenu numéro 1 dans ma liste de contacts. On peut savoir pourquoi ce « chérie » et pourquoi tu m'as laissé 9 messages dans ma boîte de messagerie entre 21 heures 20 et minuit ?
*J'avais besoin de te parler, mais étant donné que t'es jamais joignable...*

Je me souvins alors que j'avais laissé mon portable éteint. Je me sentis un peu stupide sur ce coup.

-Désolé, j'ai dû malencontreusement laisser mon portable éteint hier soir...
*T'inquiète pas, c'est pas grave.* répliqua-t-il dans un petit rire.
-Juste pour savoir : t'en es où ?
*Je viens de sortir de chez moi, réveillé il y a même pas 10 minutes.*
-Eh bah on dirait que je vais attendre longtemps. Je viens d'arriver à Saint-Germain.
* Ben dites donc, pour être rapide... *
-C'est toi qui es trop lent aussi. Je t'attends dans un bar pas loin du parc, compris ?
*Ok, bisous.*
-Je t'aime.
*Moi aussi, chérie.*

Et sur ces mots je raccrochai. Zorua me regarda alors avec un grand sourire, toujours sur mon épaule, l'air de vouloir dire quelque chose.

-Toi, aucun commentaire.

* * * * *

H-3

Cela faisait une heure que j'attendais. Je remarquai, comme toujours, que quand tu attends à la terrasse d'un café, que ce soit à Paris où ailleurs, il y a toujours un serveur pour te dire que si tu ne prends pas de consommation, alors tu n'as pas le droit de t'installer sur les chaises. Je levai les yeux au ciel à cette idée. Ben voyons, comme si j'allais profiter de la coupe de champagne à la table d'à côté.
J'étais donc assise sur une chaise, Zorua sur les genoux, et un mojito sur la table. Et je me demandais sérieusement au bout de combien de temps Jared allait finir par arriver.

"Mais t'inquiètes pas, il va venir."

Certes, mais il n'empêche que j'aurai attendu une bonne heure, au grand minimum. Qu'est-ce qui lui prend d'arriver autant en retard aussi ?

"En même temps, quelle idée de se lever aussi tôt ?"

Peut-être pour échapper à ma cruche de soeur et à mes parents, tu crois pas ? Bon, d'accord, j'ai pas réussi à partir avant que mes parents se lèvent, mais il n'empêche que j'ai réussi à sortir sans qu'ils ne me fassent de commentaires. En plus, ils doivent sans doute savoir que je suis avec Jared, donc ils se disent que je suis "en sécurité", donc tout va bien.

"A propos de Jared, j'ai envie de te poser une question sur lui."
-Dis toujours, ajoutai-je en soupirant.
"J'ai remarqué dès le début que Jared et toi étiez faits pour être ensemble. J'ai également appris que vous étiez ensemble à une époque alors je voulais juste demander... Pourquoi vous vous êtes séparés ?"

Je levai la tête. Je ne voulais pas tellement répondre à cette question, qui touchait ma vie privée plus qu'autre chose. J'hésitai alors quelques secondes, puis je répondis:

-On a pas du tout cassé, en fait : c'est mes parents qui ont décidé de partir.
"Ah oui ?"
-Ouais. En fait, ça a commencé quelques jours après l'anniversaire de Jared. J'ai appris que mes parents déménageaient à la fin de l'année scolaire. Au départ, je n'ai pas osé lui dire, je ne voulais pas qu'il le prenne mal. On était jeunes, à ce moment-là, en 6ème. Je sais maintenant que c'est beaucoup trop jeune pour commencer une relation, mais à l'époque on était déjà bien ensemble.
"Et comment tu le lui as dit ?"
-Je le lui ai dit le dernier jour. Je pensais qu'il allait chialer, mais non. Il est resté, comme ça, à me regarder pendant de longues minutes. Puis il m'a dit "Bonne chance dans ton nouveau collège". Sans plus. On s'est quittés dans un câlin, et je ne l'ai jamais revu jusqu'à ce jour où s'est heurtés dans la rue.
"Je croyais que vous ne vous connaissiez pas, pourtant." lança Zorua.
-On a fini par s'oublier, après quelques années loin l'un de l'autre. Enfin, vu la tronche de mon journal intime, je pense que j'ai mis quelques années avant de l'oublier. Je sais pas comment il a pu revenir de cette manière dans ma vie. Peut-être que c'est le passé qui a décidé de remonter. A moins que vous n'ayez un peu forcé le destin...
"Noooon... C'est pas notre style du tout." s'exclama-t-il.
-Oh que si.

Le Pokémon me regarda d'un air choqué, l'air de vouloir savoir pourquoi je pensais ça.

-Ah ça je doute que vous ne soyez pas dans l'histoire. Parce que plus je te connais, plus je me pose des questions. Tout d'abord, pourquoi avoir décidé de nous choisir nous ? Vous auriez très bien pu prendre deux personnes complètement différentes, mais non, ça a été étrangement nous deux, qui nous connaissions dans le passé. Ce qui veut peut-être que vous nous connaissiez, vous connaissiez notre passé.
"Tu délires complètement..."
-Laisse-moi finir. Quand tu me parlais des anciennes personnes avec qui tu étais, c'est comme si tu me cachais quelque chose à propos d'eux, comme si tu savais des choses sur eux, et donc tu saurais des choses sur moi, sur ce qui se passe en réalité. Que sont devenues les anciennes personnes avec qui tu étais ?
"Je ne sais pas !"
-Et puis vient le souci de Jared. Pourquoi m'avoir posé des questions sur lui alors que tu connais très bien mon passé, et donc l'existence de Jared? Ca n'a aucun sens. Alors soit toi et ce... Riolu avez forcé le destin parce que vous connaissez déjà tout sur nous, et que vous nous voulez quelque chose, soit tu veux tout savoir sur ma vie privée et tu fais en sorte d'amener Jared pour faire en sorte que je dévoile toute ma vie privée. Dans les deux cas, tu me caches quelque chose, donc tu me mens. Je me trompe ?

Il ne répondit pas et détourna légèrement le regard. J'avais tapé dans le mille.

"Il y a des choses que je voulais te cacher, et..."
-Donc je ne me trompe pas : tu me mens, puisque tu avoues que tu me caches des choses.
"Et il y a également des choses que je ne veux pas que tu saches. Mais ce que je peux te dire, c'est que vous êtes en danger, tous les deux."
-Encore cette histoire de danger... Arrête de tourner le sujet autour d'un truc que je ne connais pas et dis-moi la vérité ! Pourquoi moi et Jared sommes en danger ? Qu'est-ce qui nous menace ?

Il ne répondit pas.
J'étais prête à parier qu'il y avait anguille sous roche. Et il fallait impérativement que je sache quoi.

* * * * *

H-2

"Apparemment, il vient d'arriver."
-C'est parfait, je l'attendais.

J'étais sortie du bar depuis déjà quelques minutes, et j'étais en train de l'attendre à la sortie du RER. Au moment où, sorti de l'escalator, il me vit, il se dirigea vers moi avec un grand sourire. Je vis la tête de Riolu dépasser de son sac, et jetai à mon homologue masculin un regard amusé.

-Tes parents t'ont grillé ? lança Jared pour couper le silence.
-Mieux que ça, je leur ai dit la vérité.
-Que tu me rejoignais là-bas ?
-Non, que j'allais m'aérer l'esprit au château de Saint-Germain.
"Et apparemment, elle sait très bien tourner un sujet à son avantage." ajouta Zorua en s'installant sur mes genoux.
-On est deux, comme ça, s'amusa Jared avant que nous commençâmes à rire.

Nous commençâmes alors à marcher le long de la rue, regardant non seulement les passants mais aussi les différents magasins, main dans la main, comme deux amoureux.

-Tu t'es bien réveillée, ce matin ? Continua-t-il.
-Et toi? lui répondis-je, sachant parfaitement que sa question était parfaitement rhétorique au vu des cernes sous mes yeux, et ma question étant parfaitement rhétorique également au vu des cernes sous les siens.
-Pas mieux. J'ai l'habitude de dormir beaucoup plus que ça, mais je sais pas, depuis que je t'ai croisé la première fois, j'ai du mal à dormir...
-Ah, toi aussi? J'ai des insomnies de fou, c'est atroooce, je te jure... Comme si y'avait quelque chose en plus, ironisai-je avant que nous commençâmes à rire, sous les yeux des Pokémon, que je vis d'un regard en biais, qui avaient un regard un peu gêné.

Nous continuâmes cette discussion sur le sommeil pendant de longues minutes, le temps d'arriver devant une série de restaurants. Jugeant que nous n'avions pas de temps, et après de longues minutes de discussion, nous nous résolûmes à prendre un sandwich chacun puis nous installer sur un banc devant le château.
Sur le chemin, nous nous amusâmes à comparer plus en profondeur les musiques que nous avions sur nos iPod respectifs, puisque la dernière fois que nous l'avions fait, nous l'avions fait de façon un peu rapide. Je vis alors l'étendue des goûts musicaux de Jared : que ce soit du rock, qu'il avait en quantité (il précisa ensuite que son deuxième prénom était Angus, donc c'était vous dire la prédestination pour le rock), de la pop ou encore du metal qui n'était pas mon style de musique préféré. De mon côté, il s'extasia longtemps devant certains groupes que j'avais sur mon iPod et qu'il n'avait pas, et je fis de même pour le sien. Je remarquai très vite que nous étions en accord sur les goûts musicaux. Encore une chose que nous avions en commun... A croire que nous étions vraiment faits l'un pour l'autre.
Nous arrivâmes alors sur le banc et nous installâmes tous les deux, côte a côte. S'en suivit alors un petit silence de quelques secondes, pendant lequel je rougissais un peu. Au moment où je m'apprêtai à m'attaquer à mon sandwich, je le vis me regarder. Je ne compris pas tout de suite. Puis il me lança, avec un air un peu gêné :

-Ecoute, Amélie... J'avais envie de te dire que... Depuis qu'on s'est croisés, il y a quelques jours, j'ai juste l'impression d'avoir revu la fille que je connaissais au collège. J'étais tombé fou amoureux de toi à l'époque. Je sais pas si c'était réciproque, mais en tout cas j'étais amoureux de toi, c'est certain.

Je hochai la tête, histoire de marquer mon approbation. Oui, je l'aimais ; oui, j'imaginais parfaitement ce qu'il était en train de me demander.

-Bon, après, les temps ont changé, nous avons tous les deux grandi, mûri. Mais mon amour pour toi est resté. Donc voilà, je voudrais savoir si...

Je le vis prendre une grande inspiration, et après m'avoir pris la main, lança :

-... Si tu voulais qu'on rattrape le temps perdu. Qu'on soit ensemble, qu'on soit un peu plus que des amis, parce que ça me rendait dingue de pas pouvoir dire comment je t'aime. Qu'on soit vraiment ensemble, qu'on habite ensemble, qu'on partage notre vie ensemble.

J'avais attendu ce moment depuis longtemps. Je le regardai avec un sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Les deux Pokémon nous regardaient, surtout moi, avec insistance Je sentais parfaitement qu'ils voulaient que je dise « oui » à Jared.
Sauf que je ne voulais pas refuser. C'était la personne que j'attendais depuis des années, une personne qui puisse me comprendre.
Je me jetai dans ses bras et lui fis un baiser fougueux. Au bout de quelques secondes, je libérai mon étreinte, et il me regarda avec un sourire, l'air amusé.

-Dois-je prendre ça pour un oui ?

Je m'approchai, mis ma tête sur son épaule, le pris dans mon étreinte une nouvelle fois, puis lançai, comme si c'était naturel, un :

-C'est pas assez évident comme ça ?

* * * * *

H-5 minutes

Après avoir mangé, nous commençâmes à rentrer dans le parc, là où le « rendez-vous » était fixé. Nous profitâmes de la balade pour voir les arbres, en train de fleurir puisque nous étions en plein mois d'avril, donc au milieu du printemps. Les couleurs s'installaient petit à petit dans le paysage, et il y avait beaucoup de monde par ailleurs.
Il faisait beau et assez chaud, les gens étaient heureux et jouaient partout... C'en était presque cliché, mais au moins c'était quelque chose qui montrait que la belle saison arrivait.
Au bout d'environ dix minutes de marche, nous arrivâmes tous les quatre (je veux bien sûr entendre parler de Riolu, Jared, Zorua et moi) au niveau de la terrasse. Il n'y avait presque personne à part nous à cet endroit, et les gens passaient à côté de nous sans rien dire. C'était notre moment intime. Les deux Pokémon n'avaient pas bouger et nous laissaient seuls, tous les deux, profiter de la vue qui s'offrait à nous.

-Belle vue, n'est-ce pas ? Dit-il.
-Je te le fais pas dire... ajoutai-je, en souriant.

Je sentis sa main prendre la mienne ; je ne fis rien pour l'empêcher, au contraire. Je m'approchai de lui, me serrai contre lui et lui fis un sourire. On était enfin seuls, moi loin de mes parents et lui loin de l'agitation de sa vie de tous les jours. On était tranquilles, à admirer la vue.
Puis nous nous regardâmes, droit dans les yeux, pendant de longues secondes.

-C'est notre moment, commença-t-il.
-J'espère qu'il dure le plus longtemps possible, continuai-je.

Puis nous nous embrassâmes une nouvelle fois avant de regarder à nouveau l'horizon qui se dressait devant nous, profitant de l'instant. Alors que nous regardions la vue, une voix grave s'adressa à nous :

-Monsieur Anderson et Mademoiselle Grizals, je présume ?

Nous nous retournâmes et vîmes un homme habillé en gentleman, costard et cravate. Riolu et Zorua avaient apparemment disparu, nous laissant seuls avec l'homme. Seuls...
Je me retournai, regardai tout autour de moi. Personne, pas un chat, même pas la moindre âme qui vive. Ce qui était d'autant plus étrange quand je savais qu'à cette heure-ci et à cette période de l'année il y avait beaucoup plus de monde que cela, et que moins d'une minute plus tôt il y avait encore du monde autour de nous.
Je trouvais cet homme étrange, et il ne m'inspirait pas du tout confiance. Et Jared le pensait aussi apparemment.

-Eux-mêmes, lançai-je, un brin inquiète par l'homme qui s'adressait à nous comme si il était notre serviteur, et un regard vers Jared qui voulait signifier « Est-ce que tu sais qui ça peut être ? ».
-Je suis enchanté de vous rencontrer, vous savez.
-Nous ne sommes pourtant pas si connus que ça... lança Jared, inquiet lui aussi.
-Veuillez me suivre, j'ai à vous parler...

L'homme avait l'air grand (environ 1 mètre 80 au grand maximum) et avait des yeux extraordinairement... rouges? Attendez, il y a un problème...
Ses yeux sont rouges, il n'y a plus personne sur la terrasse alors que c'est normalement bondé de monde... Quelque chose me disait de courir, et très vite.
Puis je vis l'homme se retourner. Je savais pourquoi il ne me paraissait pas normal... Sa queue de cheval, très longue se terminait par une espèce de bracelet doré, qu'il me semblait avoir déjà vu quelque part...

-Amélie...

Je regardai Jared. Je pense qu'il avait aussi trouvé ce que l'homme était, puisqu'il paniquait légèrement.

-Oui ? lançai-je, soucieuse.

Il expira un grand coup, puis je vis un Pokémon arriver dans notre champ de vision, qui ressemblait à un Riolu version XXL. J'ouvris de grands yeux, et juste à ce moment-là Jared beugla :

-COURS !

Juste à ce moment-là, nous nous séparâmes. Je regardai Jared courir dans l'autre sens et le Pokémon le suivre, et je vis l' « homme » de tout à l'heure sourire et commencer à changer de forme. Je ne réfléchis pas plus longtemps et commençai à courir.

* * * * *
Je ne savais plus depuis combien de temps je courais. Je m'étais arrêtée contre un arbre, complètement exténuée, voulant reprendre mon souffle. J'avais fermé les yeux et étais en train de pleurer.
Pourquoi il a fallu que ça arrive maintenant ? Qu'est-ce qui était en train de se passer, au juste ? Jared était-il encore vivant ?
Le temps que je me posai ces questions, je sentis une respiration derrière moi et je me retournai, les yeux fermés et sentis une griffe collée contre ma jugulaire.
En une fraction de seconde, je me rappelai de ce passage dans la rue, avant-hier. Cette même griffe, ces mêmes sifflements...
J'ouvris les yeux pour me retrouver face à mon agresseur.
Il s'agissait d'une espèce de renard bipède, un Zorua XXL qui aurait bien maigri et qui se serait mis sur ses deux pattes arrière. Et au vu du sourire sadique qu'il me faisait je doute qu'il ne me veuille que du bien.

"Tu fais le moindre geste et je t'égorge. Tu es prévenue, jeune fille..."
-Pourquoi? Pourquoi moi et Jared, et pas deux autres, hein ?
"Le hasard a bien fait les choses, non ? Vous vous connaissiez, vous vous aimiez, et vous mourrez peut-être ensemble, qui sait ?"
-Et Zorua ? Qu'est-ce qu'il voulait me cacher ? Qu'est-ce que vous allez nous faire ?
"Lui ? Un simple pion sur l'échiquier. Il n'a fait que respecter les ordres, et il l'a bien fait, puisqu'il t'a servie sur un plateau... Et pour le reste, tu le découvriras bien assez tôt..."

Il me fit alors un sourire encore plus sadique qu'il ne l'était déjà.
D'un côté, j'avais peur, peur qu'il ne m'achève là, à cet endroit. Je ne voulais pas mourir maintenant.
De l'autre, j'étais sous le choc : Zorua, à qui j'avais fait confiance, m'avait trahie. De manière à ce que je finisse à terre. Je n'arrivais pas à y croire.

-Vous voulez dire qu'il m'a trahie ? Lançai-je les larmes aux yeux.
"La trahison n'est qu'une formalité chez nous, l'essentiel étant de réussir la mission... Tu vois, je pense que je vais te supprimer, vu que tu en sais trop..."

Et je reçus un coup dans les côtes, et je ressentis une immense douleur. Il n'avait pas mis les griffes (qui étaient extrêmement longues d'ailleurs), mais je savais que quelque chose était touché. Dans un petit couinement, je vacillai, puis tombai à genoux devant la créature qui me regardait avec un sourire presque diabolique.

"Ou quoique. Non, remarque, la mission était de te garder en vie, alors je ne vais pas bouder mon plaisir à te voir souffrir jusqu'à te voir sombrer dans l'inconscience..."

Je n'en pouvais plus, et je crachai quelque chose que je vis sur mon jean. C'était du sang. Mon sang. Je savais que je n'allais pas tenir longtemps.
Je commençai à penser à ma famille, à leur réaction à ma disparition. Ma vie était en train de défiler devant mes yeux.
Je n'eus pourtant pas le temps d'aller jusqu'au bout de ma pensée : quelques secondes plus tard, je m'écroulai de fatigue, sans doute consciente de la quantité de sang que je venais de verser. Je ne me rappelai de rien ensuite.