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La Proie des Lames de Auraman



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» Auteur : Auraman - Voir le profil
» Créé le 29/07/2012 à 20:45
» Dernière mise à jour le 29/07/2012 à 21:28

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Chapitre 4 : Le Panthéon des Cantates
J'avais plutôt fière allure, avec ce costume. C'était un smoking noir, que j'avais acheté au départ pour un enterrement, il n'y a pas si longtemps. Par chance, j'étais encore en mesure de le porter ; c'était la tenue idéale pour aller à l'opéra. J'avais besoin de repos, après toutes ces mésaventures. Mon bureau supportait une pile de 40 dossiers, les plus importants traitant de détournement d'oiseaux ou d'homicides involontaires. Sans compter celui qui arrivait en tête de liste, le crime du mystérieux assassin, que nous n'avions toujours pas pu identifier. En revanche, le dossier qui m'avait été remis me serait sans doute d'une aide précieuse ; je l'avais laissé au commissariat : quelqu'un avait déjà réussi à entrer chez moi, si ce dossier était si précieux, il valait mieux que j'évite de le laisser à la maison...Prudence est mère de sûreté, dit-on.
Je quittai mon appartement rapidement ; le retard n'était pas permis, dans une salle d'opéra. Et sur le billet, il était écrit que la représentation devait avoir lieu au Panthéon des Cantates, le plus grand opéra de toute la région, à Doublonville, bien sûr. Le plus cher, en fait.
Il était seulement 18h30 et pourtant, la nuit commençait à tomber lentement dans les rues. La même impression de mauvais pressentiment que celle que j'avais ressentie la nuit dernière me tenaillait. J'avais l'étrange et désagréable impression d'être observé. Je jetai un coup d'oeil aux alentours, mais ne vis rien qui puisse susciter mon intérêt. Si jamais quelqu'un s'amusait à m'espionner, la foule était de toute façon trop épaisse pour que je puisse le voir. Je devais me faire des idées.
Je continuai ainsi mon chemin jusqu'à me retrouver devant le Panthéon des Cantates, où bon nombre de Pokémon faisaient la queue pour entrer. Rosélia m'attendait à quelques pas de l'entrée et elle sourit en me voyant.

-Ravie de voir que vous avez pu venir, me dit-elle de sa voix mélodieuse.
-Je n'allais tout de même pas décliner une telle invitation, répondis-je.
-La représentation de ce soir va être exceptionnelle ! Le célèbre ténor Avaltout Swalot est venu d'Hoenn spécialement pour chanter ici ! S'enthousiasma t-elle.
-En effet, cela promet d'être intéressant.

Nous fîmes la queue à notre tour, en discutant de tout et de rien, jusqu'à ce que nous fûmes à l'intérieur. De dehors, le Panthéon des Cantates était déjà imposant : on aurait dit un temple romain ou grec antique, avec d'immenses colonnes d'un blanc éclatant et un sol de marbre. L'intérieur était tout aussi luxueux. Les couloirs étaient somptueux, avec un sol dallé d'un carrelage étincelant et aux motifs superbes. Les tapisseries murales représentaient des Pokémon en train de chanter et l'éclairage provenait de lustres. Nous empruntâmes le chemin réservé aux spectateurs et qui menait aux sièges mais alors que nous nous trouvions au milieu, la patte d'un Pokémon se posa sur mon épaule.

-Commissaire, je ne m'attendais certainement pas à vous voir ici, me dit la personne qui se trouvait derrière moi.

Je fis volte-face et me retrouvai nez-à-nez avec le procureur Pingoléon. Celui-ci portait son uniforme de magistrat.

-Il s'est passé quelque chose ? demandai-je.
-Non, pas encore, répondit-il. Je suppose que vous n'êtes pas en service.
-En effet, je viens voir la représentation. Et vous ?
-Voyez-vous, ce soir, le célèbre ténor Avaltout Swalot sera présent, j'ai donc chargé le commissariat Ouest de sa défense. Vous n'êtes pas sans savoir que ce ténor ne vit pas seulement de l'opéra.
-En effet, c'est un procureur reconnu, à Hoenn. J'ai souvent entendu parler de lui. Mais pourquoi avoir chargé ce bon à...Enfin, je veux dire, le commissaire Raichu de cette mission ? J'aurais tout aussi bien pu m'en occuper...
-Vous vous chargez déjà de ce meurtre étrange, je ne veux pas vous surcharger, plaisanta le procureur. Enfin, j'assiste à la représentation, prêt à intervenir à la moindre alerte. Avaltout a des gardes du corps, mais on n'est jamais trop prudent. Le commissaire n'est pas venu, en revanche. Il avait du travail. Seuls ses meilleurs agents sont là ce soir. Mais qui est donc cette charmante Rosélia qui vous accompagne ?
-C'est moi qui ai invité le commissaire Jungko à venir avec moi, il m'a sauvé d'une terrible agression, vous savez ? Répondit-elle.
-Je ne le savais pas. Excusez-moi, j'ai quelques ordres à donner, je dois vous laisser.

Et il s'éloigna rapidement. J'étais un peu vexé de ne pas avoir été choisi pour assurer la sécurité du ténor, mais je ne le montrai pas. Rosélia et moi allâmes nous placer dans les gradins les plus proches. La salle de spectacle était si haute que c'en était vertigineux. Le plafond était recouvert d'une peinture de Queulorior De Vinci, un éminent peintre, si mes souvenirs sont bons. La scène était très grande, elle aussi, comme tout le reste du bâtiment. Le rideau rouge habituel la recouvrait pour le moment et il était impossible de distinguer ce qui se passait derrière. Je regardai ma montre ; il restait un quart d'heure avant le début de la représentation, cela me laissait un peu de temps pour...

-Je vais au toilettes, annonçai-je.

Rosélia acquiesça et je quittai ma place pour me rendre dans lesdites toilettes, qui se trouvaient...au fond d'un couloir, à gauche. L'endroit était si vaste que je dus me perdre car en arrivant dans ce que je croyais être le bon couloir, je me retrouvai dans une impasse.

-Pas vrai...marmonnai-je.

J'allais rebrousser chemin, lorsqu'un murmure me parvint.

-Ca ne sera pas facile.

C'était une voix de Pokémon masculin, j'en étais sûr. Mais il n'y avait personne d'autre, là où je me trouvais. Juste le mur.

-Je suis le meilleur, et vous le savez, lança une autre voix, glaciale.

En regardant de plus près, il n'y avait pas que le mur dans cette impasse. Une toute petite grille d'aération était placée contre et je jetai un coup d'oeil. Je ne vis que des ombres, la grille était trop encrassée. Cependant, ils étaient deux, ça, j'en étais sûr. Leur conversation avait l'air importante.

-Je l'espère de tout cœur, reprit la première voix, qui, pour une raison ou une autre, m'était familière. Parce que si jamais vous veniez à échouer...Je me débrouillerais pour trouver quelqu'un d'encore meilleur que vous, qui prendrait votre place...Je vous passe les détails, n'est-ce pas ?
-En effet. Mais vous ne trouverez pas meilleur, je peux vous le garantir.
-Vous êtes doué, cela va de soi. Votre dernière intervention a été réalisée en beauté. Ce Pokémon était stupide, de toute façon.
-Tant qu'on me paie convenablement, je fais mon boulot convenablement. Et ce soir, je...

Le Pokémon s'interrompit brusquement et tourna son regard vers la grille. Je n'avais fait aucun bruit ! Etais-je déjà démasqué ? Mon cœur se mit à battre plus vite, soudainement.

-Il y a quelqu'un, ici, se contenta t-il de dire.
-Poursuivons cette conversation ailleurs, répondit l'autre.

Ils s'éloignèrent et je pus constater que l'un d'eux marchait à quatre pattes. J'essayai de me concentrer. Qu'avais-je entendu ? Un Pokémon en payait un autre pour faire un travail. Si il le ratait, il serait éliminé. En gros, c'est ce qui avait été dit. Il ne fallait pas être bien sorcier pour deviner de quelle transaction il s'agissait...Il fallait prévenir le procureur, et vite. Je me mis à courir vers les gradins ; il y était sans doute retourné, à présent. Je parvins tant bien que mal à retrouver mon chemin et jetai un coup d'oeil rapide aux alentours. Rosélia me fit un signe de la feuille, auquel je répondis rapidement, puis je me retournai et cherchai le procureur des yeux. Où pouvait-il bien être ?
Par chance, lui m'avait vu et il me fit signe à son tour. Je me dirigeai vers lui rapidement. Il s'était placé tout en dans les gradins et je fis de mon mieux pour monter les marches sans trop faire de bruit. La pièce n'avait de toute façon pas encore commencé.

-Monsieur le Procureur, on a un souci, lui dis-je, essoufflé.

Je lui expliquai ce que j'avais entendu dans l'impasse et il réfléchit quelques instants.

-Quoi qu'il arrive, me dit-il, la représentation démarrera dans quelques secondes. Une fois sur scène, il ne courra aucun danger. Il faut préparer les sorties et placer des policiers dès qu'il quittera la pièce. Je vais m'en occuper. Merci de m'avoir averti.

Je retournai à ma place, un peu soulagé, et pourtant, j'étais toujours inquiet pour le ténor. Rosélia me jeta un regard plein de curiosité quant à ce que je venais de faire.

-Une affaire, lui dis-je. Rien d'important.

J'avais menti pour ne pas l'inquiéter. Je ne voulais pas lui gâcher la soirée.
Cinq minutes plus tard, le rideau rouge se leva et la musique démarra tandis qu'une cantatrice apparaissait sur scène en commençant à chanter. Une heure passa, puis deux, le spectacle était vraiment de qualité. Ils n'avaient pas lésiné sur les moyens et les artistes n'étaient pas des débutants. Puis vint le moment où Avaltout, le célèbre ténor, arriva sur scène. Les applaudissements qu'il reçut furent colossaux. Tout le public semblait enflammé par sa seule présence. Il salua l'assistance, prit sa respiration et fit signe au chef d'orchestre de débuter la musique.
Sa voix était exceptionnelle. Je n'avais jamais vu quelqu'un chanter un opéra avec autant de justesse. Ses cordes vocales passaient d'une octave à une autre sans la moindre difficulté apparente et il arpenta ainsi différentes tonalités pour satisfaire le public. Son chant dura quatre minutes puis il termina sur la note finale :

-O SÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔÔLEEEEEEEEEEEEEE MEEEEEEEEWWWWWWWWW !!!!!

La musique et sa voix s'arrêtèrent en même temps. Et c'est à ce moment que cela se produisit. Il salua, s'inclina auprès du public qui applaudissait à s'arracher les pattes et tout le monde vit la silhouette encapuchonnée et enveloppée dans une épaisse cape qui tomba du plafond juste derrière lui, au moment où il se baissait pour saluer à nouveau.
Les gens se turent. Je me levai d'un bond et le procureur aussi. Nous fonçâmes vers la scène. C'était peine perdue. Nous étions trop loin. Je vis une lame étinceler en sortant de la cape et une femme hurla dans l'assistance lorsque qu'elle s'enfonça dans le dos d'Avaltout. Le célèbre procureur ouvrit des yeux ronds en sentant la lame le traverser et il sembla vouloir dire me dire quelque chose. En tout cas, je suis presque sûr qu'il me regardait m'approcher de lui à toute vitesse lorsqu'il articula quelque chose, sans qu'aucune voix ne sorte de sa bouche.

-C'est...l'Ombre...dit-il.

L'instant d'après, la lame quittait son corps, lequel s'effondrait, inerte. Et je vis deux yeux cruels briller depuis le capuchon tandis que je montais sur la scène.