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La Faucheuse. de T-Tylon



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» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 24/03/2011 à 02:46
» Dernière mise à jour le 24/03/2011 à 02:46

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

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Suigetsu.
(Deuxième partie.)


Sinnoh. Route 212 A. Manoir Pokémon de Mr. Décorum, grand hall de réception.

Mercredi 12 Mai, 20 heures 32 minutes.



Le silence fut total dans la place, qui ne renvoya plus l'écho d'aucun bruit malgré sa taille et sa forme dédiée pour. La discrète musique d'ambiance qui accompagnait la soirée jusqu'à présent s'était aussi tut quand les musiciens entendirent à leur tour le nom de l'invité de dernière minute, dont la simple évocation suffisait à imposer le silence comme à l'instant.

D'un peu plus de la centaine d'invités présents ce soir, dont chacun était ou avait au moins un nom et des avantages puissants à faire valoir, aucun pourtant n'osait ne serait-ce que penser à émettre même en privée l'idée qu'ils puissent un jour rivaliser avec l'homme qui venait leur faire face ; jusqu'à préférer de se faire oublier plutôt que de risquer d'établir une discussion avec lui dont le moindre travers serait encore effroyable que la pire perte de profit de leurs entreprises respectives. Mais qui ne pouvaient pas non plus se permettre le suicide de chercher à éviter le contact en ne lui serrant pas au moins la main en guise de politesse basique ; lui manquant ainsi de ce respect qu'il réclamait pourtant indubitablement.


«Je vous remercie pour vôtre service impeccable, comme d'habitude.» Reprit posément le gouverneur à l'égard du majordome.

«Monsieur.» S'inclina ce dernier respectueusement pour accepter ses remerciements.


L'homme du peuple retourna calmement son attention vers l'assistance, qui se sentit figée sur place (dans l'intimidation inverse du nombre.) Il détacha alors l'une des mains qu'il maintenait dans son dos pour la tendre devant lui innocemment, paume ouverte vers le haut, d'un geste d'obédience vis-à-vis de l'honorable assemblée mondaine.


«Que serait cette soirée sans les accords harmonieux d'un orchestre pour l'égayer ?» Releva-t-il humblement. «Musique, je vous prie.»

Sans plus d'autres formes les musiciens se remirent immédiatement à l'œuvre, et la salle fut à nouveau emplit de la douce mélodie classique des accords de l'orchestre.

«Voilà qui est mieux, n'est-ce pas ?»

--------

Personne ne répondait, ne serait-ce que pour acquiescer. La présence imprévue de la personne la plus connue et réputée des archipels à cette «simple» soirée l'amenait tout d'un coup à une toute autre dimension. L'homme qui fit approuver le projet du voyage dans le monde humain qui a tragiquement tourné, celui qui fit accepter le principe des zones noires et restreindre le chaos qu'entrainait une liberté plus qu'abusive, et tellement d'autres choses qu'il était ici difficile de résumer pour décrire à quel point l'homme ici présent avait contribué grandement à l'expansion et à la réussite des relations entre archipels. C'est bien simple : il était considéré comme le pilier brut du Consortium qui se dressait sans relâche devant la corruption contre vents et marées. Alors que nombre membres principaux de ce dernier sont suspectés lourdement de faire passer leurs intérêts avant ceux du peuple, de par sa fonction il était l'un des rares, pour ne pas dire l'unique qui se levait dès la première heure pour mener à bien sa tâche dans les affaires du monde nécessitant ses compétences, et était le dernier à se coucher que lorsque tout avait été minutieusement réglé et que tout le monde fut satisfait, à part égale.

Il était l'homme du peuple, en qui ce dernier gardait confiance de ramener un jour les Consortium à ce qu'il était à ses débuts. Ayant même parfois fait don de certaines de ses richesses personnelles à des œuvres de charité pourtant considérées comme «inadaptée à recevoir un tel soutient». Il n'en avait cure. Il fit don d'ailleurs d'une armoire de son domaine familial pour aider concrètement à la reconstruction d'un orphelinat à Vestigion qui fut détruit lors d'un incendie ; d'un bois massif rare et précieux taillé par un artiste sculpteur qui datait de plus de 200 ans, et d'une valeur inestimable. «Qu'elle soit faite d'or ou de carton, une armoire qui ne sert pas comme telle n'a aucune valeur.» Avait-il déclaré lors de son don. Et comme il ne s'en servait pas et n'avait donc aucune utilité pour lui, le véritable gâchis serait de la conserver inutilement pour ce qu'elle représente au lieu de la donner à ceux qui en ont vraiment besoin ; sachant qu'avec un tel mobilier précieux, l'assurance serait obligée de rembourser pleinement sa valeur à l'orphelinat si jamais il venait à nouveau à subir un drame. Un geste d'une générosité, parmi tant d'autre, qui lui acquit plusieurs fois le titre honorifique d'homme de l'année.

Un homme reconnu comme à la réputation irréprochable et d'une transparence inégalée, frisant l'indécence. Surtout qu'il ne se représentait pas comme tel et avouait clairement avoir lui aussi des fois passé la ligne blanche dans de grandes interviews, bien plus que les gens ne l'en aurait cru capable : des soirées de beuveries entre amis qui parfois tournaient mal mais qui lui apprirent à ne jamais plus abuser de l'alcool, surtout jamais dans sa fonction ; avoir aussi touché à la drogue «pour essayer» comme tant d'autre, n'y ayant plus jamais retoucher après deux nuits en garde à vue dans un poste de police ; ou encore plus incroyable (faisant soulever de vifs débats par la suite) : avoir même une fois naïvement acheter dans ses jeunes années une Queueramoloss lors de son voyage initiatique, alors que le vendeur lui avait assuré que c'était tout ce qu'il y avait de plus légal ; quand par la suite il a apprit la vérité, au lieu de se laisser abattre cela a renforcé sa conviction de devoir se battre définitivement contre ce genre de procédés infâmes, et l'a poussé à mettre fin à son voyage initiatique pour prendre la longue, tortueuse et difficile voie de la politique et du droit, afin de mettre un terme à ce genre de pratique aussi macabre que détestable ; et l'a donc aussi transformé en ce redoutable homme d'affaire que tout le monde craignait, cherchant tel un inquisiteur la moindre faute d'orthographe dans un contrat de millier de page pour prendre à revers fatalement le fou osant chercher à l'arnaquer.

Il était un homme comme tous les autres, capable de grandes choses comme de médiocres, proche des gens qui s'identifiaient facilement à lui en ayant eut globalement les mêmes débuts que lui. Mais il était une chose pour laquelle justement il était différent d'eux et incarnait l'idéal de la population : il reconnaissait ouvertement ses erreurs, sans tabou ni fierté, mais surtout en avait tiré ses leçons à chaque fois, le faisant se relever plus grand. En cela, personne ne pouvait nier la force de caractère et de détermination indéfectible qui l'animait, car très peu de gens de sa position sociale pouvait prétendre à telle honnêteté et volonté ; tel un roc incorruptible au milieu d'un océan de souillure.

Plus impressionnant encore, il se maria et mena une vie de famille exemplaire avec sa femme et sa fille, depuis le début de leur relation quand ils étaient étudiants, en passant par son élection de gouverneur jusqu'à aujourd'hui, en s'acquittant dans les deux cas toujours de son devoir ; ne faisant jamais passer sa tâche d'homme politique avant sa famille, et inversement. Sa fille qui, au final, finit même par suivre la même voie que lui pour finir par officier et le seconder dans l'application de son devoir du droit et de la politique à l'ambassade de Voilaroc. Un exemple et un modèle de réussite incarné pour la jeunesse et les écoles, en sortant première major de sa promotion à Atalanopolis ; au passage un sacré brin de fille qui pouvait en faire tourner la tête de plus d'un. «Je n'ai pas trop à me plaindre de mon côté, mais je n'en dirais pas autant pour elle de devoir encore supporter son vieux père après sa majorité.» Avait-il humoristiquement relevé lors de sa dernière interview la concernant.

Mais le comble du comble qui le fit définitivement élever au firmament d'intégrité absolu aux yeux de la population fut quand sa regrettée épouse, Saline Matis, décéda d'un tragique et foudroyant accident vasculaire cérébral d'une maladie classée vulgairement «gamble» par les médecins ; autrement dit une maladie mortelle qui pouvait se déclarer à n'importe quel moment et emporter la malheureuse sans aucune chance de survie (car il fallait que les symptômes se déclarent pour pouvoir être traités, même par les pokémons.) Il s'agissait surtout d'une maladie génétique, se transmettant du père à l'enfant ; le fait qu'elle fut fille unique mettait un terme à cette chaine de tourmente sans la transmettre à sa fille. Jamais le gouverneur n'avait abordé ce sujet dans quelconque interview, même dans une discussion futile, et encore moins s'en servir comme argument politique ; cette idée le répugnait à un point tel qu'il préférait encore se retirer que l'on ne considère sa bien aimée comme un objet de propagande. Ils avaient vécus avec cette épée de Damoclès pendant des dizaines d'années sans jamais avoir renoncés à suivre leurs idéaux, et ne l'eurent jamais non plus caché à leur fille qu'ils eurent et élevèrent ensemble malgré cette pression constante que demain pouvait être le dernier jour.

L'enterrement eut lieu en privé, seulement avec les amis proches et la famille (pour le peu qu'il restait), en demandant simplement aux journalistes de leur accorder la grâce d'un silence respectueux envers la défunte en ne cherchant pas à médiatiser sa mort en vidéo et en image, et seul un article sobre occupant la dernière page en fit mention dans les journaux (aucun d'entre eux n'aurait osé profiter de l'occasion pour le prendre par défaut, sans risquer un pur suicide dans tous les sens du terme ; aussi bien aux yeux de ses collègues que de la population.) Mais trois jours plus tard ils étaient à nouveau dans l'exercice de leurs fonction, plus déterminés que jamais à ne pas sombrer et se battre jusqu'au bout ; jamais il ne fit réellement son deuil, mais jamais il ne laisserait ce dernier empiéter sur ses rêves et ceux de son épouse en ternissant sa mémoire.

En résumé : il était le héro du peuple. Incarnant les valeurs de droiture et la noblesse dans leurs formes les plus pures en ces temps sombres. Un parangon du monde pokémon, dont le simple mot de travers à son encontre (même s'il ne le relevait jamais négativement en abusant du pouvoir) était synonyme d'hérésie.

Ce qui était la raison pour laquelle la centaine d'invités –en commençant par les patrons de journaux- reculaient imperceptiblement devant lui. Matis était au Consortium et au peuple ce qu'était Cynthia Céleste à la Ligue et aux dresseurs : une légende vivante. Et s'attaquer à une légende, c'est s'attaquer au peuple ; et les cours d'histoire avaient bien traités de ce sujet avec l'âge de l'apostasie…

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Finalement, de la masse d'invités figés comme des Noeunoeufs parqués dans un bac à glaçon, une figure plus hautaine et vivace que les autres s'en extirpa difficilement, après s'être poliment excusé à chaque coup de coude involontaire de sa rude péripétie dans la jungle du gratin de célébrité.


«Bertrand, l'entrée de star dans toute sa splendeur ; capable de figer et relancer cent personne comme une chaudière à charbon de grand-mère !» Finit ce dernier par s'exclamer de vive voix en écartant outrageusement les bras vers l'incroyable invité.

«Gregory !» S'exclama le gouverneur en retour en recevant son hôte de la même manière. «Tu m'excuseras pour l'arrivée un peu tardive, mais je ne savais pas qu'il y'avait un banc de Remoraid qui bloquait l'accès devant ta cour.»

«Ah mais que veux-tu, c'est le problème avec ces bestioles : j'ai beau leur fournir un bassin dédié dans lequel ils peuvent nager tranquillement, il faut toujours qu'ils en redemandent d'avantage.» Releva-t-il de quelques tapes amicales dans le dos. «Mais il faut avouer que tu ne me facilites pas la tâche, car avec toi ils font l'exploit de savoir respirer hors de l'eau ; et où va le monde si ces vivaces carnassier apprennent à faire autre chose que barboter.»

«Désolé, désolé ; la prochaine fois je penserais à venir avec des repousses.» Renvoya-t-il d'un air faussement contrit

«Ou avec un Tyranocif ; il parait que c'est encore plus efficace lorsqu'ils en voient un, et prennent de façon surprenante leurs distances en moins de deux !»

«C'est un excellent conseil. A ceci prêt que je ne crois pas que ma fille apprécie qu'il se ballade tranquillement dans l'ambassade à mes côtés au risque de mettre la pagaille.»

L'hôte éclata d'un rire franc en imaginant la scène.

«Ah oui, j'aimerais bien voir lequel des deux risque d'être le plus intimidant ; je crois même que le Tyranocif se méfierait plus d'elle que l'inverse.»

«Un peu sérieux, je te prie ; ma fille n'est pas terrifiante à ce point là tout de même.» Reprit-il faussement blessé. «Même s'il est vrai qu'en colère on l'a déjà vu faire rendre son calme à un des Colossinges de l'équipe de sécurité.»


Les deux hommes éclatèrent de rire en se souvenant de ce passage de leur histoire commune, très éloquent de la relation qu'ils entretenaient entre eux depuis bien longtemps ; encore plus concernant la famille. Puis, voyant pourtant que les autres invités restaient toujours interdits, Grégory –alias Décorum- se tourna à nouveau vers eux pour justifier la présence du dernier invité.


«Veuillez m'excuser pour cette véritable surprise qui, je le vois, vous a laissé sur le carreau. Mais à la demande express de l'invité ici présent, et je dois le reconnaitre à ma joie personnelle, ne pas annoncer sa participation à cette soirée était l'occasion rêvée de vous jouer un sale petit tour.» S'excusa-t-il d'un sourire raillant.

«Veuillez pardonner cette surprise qui doit vous tenir lieu de véritable intrusion.» Reprit le gouverneur d'un ton plus solennel. «Mais à mon âge, je crois avoir quand même le droit de m'autoriser ce genre de petite fantaisie.»

Voyant que l'assistance commençait à se détendre, mais conservait toujours une certaine tension, la gouverneur sortit son joker.

«Et puis s'il y'a une chance de pouvoir se gaver de petits fours sans que ma fille ne soit derrière moi pour m'en empêcher, croyez bien que je saute dessus sans hésiter.»

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Quelques rires forcés et sincères se mélangèrent en réponse de l'assistance, qui se détendit finalement en retournant calmement à leurs discussions. Tandis que, sur le côté, malgré elle, la chute de tension brutale fit soupirer de soulagement l'ancienne maitresse à l'arrivée inopinée du gouverneur et de l'aide apportée ; ce qui attira l'attention de ce dernier.


«Bonsoir mademoiselle Céleste, vous êtes très en beauté ce soir.» Déclara-t-il posément. «Mais je vois que décidément vous éprouvez toujours plus de difficultés que de réussites à savoir vous détendre dans ce genre d'évènement ; ce qui est dommage pour une si jolie jeune femme.»

«Merci gouverneur. Mais vous m'excuserez, je n'ai jamais été à l'aise sur vôtre terrain.» Répondit humblement la jeune femme.

«Comme moi sur le vôtre.» Renvoya-t-il aimablement. «Mais à défaut de ne pouvoir pleinement apprendre de vous dans ce domaine, j'espère au moins vous permettre de naviguer correctement sur le mien.»


L'ancienne maitresse s'inclina légèrement envers le gouverneur en remerciement de son soutien (chaudement apprécié). Tandis que leur hôte retint à nouveau l'attention de l'invité légendaire en se détournant légèrement du chemin pour indiquer l'autre demoiselle vêtue de blanc.


«Et nous avons aussi une autre invitée d'honneur qui nous fait grâce de sa présence à cette soirée. Bertrand, laisse-moi te présenter-»

«Cynthia Luna.» L'interrompit-il calmement.

L'hôte de maison fut réellement surprit par l'interruption brutale de l'homme qu'il se considérait comme un ami proche, qui s'excusa d'un soupir en se tournant d'un air légèrement dépité vers lui.

«Vraiment, Grégory, tu n'as aucun manière avec les demoiselles ; faire vivre l'expérience d'une première confrontation avec un aussi beau public n'est décidément pas une preuve de galanterie de ta part. Surtout connaissant sa timide réputation.»

Il s'approcha ensuite doucement de la demoiselle en question en s'inclinant d'un geste poli pour excuser l'impolitesse.

«Je vous prie de bien vouloir le pardonner. En tant qu'homme de parole et organisateur il n'a pas son égal, mais comme gentleman il a encore beaucoup à apprendre.»

L'intéressée mima effrontément une blessure profonde née d'un coup mortel à la poitrine.

«Un flèche tiré en plein cœur, et par le gouverneur ; quelle tragédie.» Fit-il le visage faussement crispé de douleur.

L'homme esquissa un sourire à son attention avant de revenir vers la demoiselle.

«Mais je constate avec dépit que je me trouve moi aussi logé à la même enseigne en ne respectant pas pourtant les règles de présentation fondamentales d'usage.» Reprit-il d'un ton plus modeste. «Je me présente : Bertrand Matis.» Fit-il d'un baisemain poli.

«Cynthia Luna…» Répondit la demoiselle d'un air gêné.

«Mademoiselle Luna, heureux de vous connaitre. Vous êtes resplendissante.» Continua-t-il d'un sourire agréable. «Mais si vous voulez bien m'excuser, je vais devoir temporairement vous laisser. J'ai encore beaucoup de gens à devoir saluer parmi la foule, et bien d'autre encore à enquiquiner ; ce qui promet une très longue soirée.» Fit-il en s'inclinant à son attention et celle de l'ancienne maitresse, puis en se tournant vers leur hôte. «Grégory, soit aimable pour une fois, et évite leur ce genre de sensation stressante en les jetant dans la fosse aux Malosses dès le premier soir, en leur trouvant un endroit plus isolé ; et au calme de préférence.»

Prenant la remarque avec calme (quoiqu'un peu penaud), l'hôte accéda à la requête du gouverneur d'un signe de la tête et de la main.

«Bien. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.» Conclut-il à leur attention, avant de partir en plein milieu de la foule de son côté.

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Comme conclut avec le gouverneur et, à la base, avec l'ancienne maitresse, Mr. Décorum mena en personne les demoiselles par un détour discret dans la demeure pour les amener au premier étage, proche de la rambarde de marbre donnant sur la réception, avec un canapé et deux sièges en cuir véritable devant une table basse de verre poli. Sans que le reste des invités n'aient à prêter indécemment attention à eux par de petits jets de regard furtif, les faisant se détendre alors qu'il les laissait pour leur proposer de revenir avec des rafraichissements.

Une fois installées et ce dernier parti, l'ancienne maitresse soupira longuement alors qu'elle se tenait le front de sa main pour évacuer la pression, tandis que la demoiselle restait silencieuse en s'étant assise en face d'elle. Ce qui la fit se reprendre plus raidit en pensant ce qui se serait passé si Matis n'était pas intervenu pile au bon moment.


«Luna… Je suis désolée…» Commença-t-elle profondément mal à l'aise. «Je voulais juste que la soirée se passe calmement et sans accroc… je ne comptais vraiment pas te forcer à te faire vivre ça…»

«Ce sont des choses qui arrivent… Je ne vais pas t'en vouloir pour ça…» Reprit-t-elle doucement.

«Oui, mais je t'avais promise que tout se passerait bien sans que personne ne vienne nous gêner. Résultat tu t'es retrouvée en plein dans leur ligne de mire, et c'est moi qui t'y ai jetée…» Renvoya-t-elle sincèrement contrit.

«Et tu l'as tenue jusqu'à présent…» Releva-t-elle gentiment. «Tu m'avais promise que personne ne m'approcherais sans devoir avant passer par toi, ce qui fut le cas ; même avec le gouverneur…»

L'ancienne maitresse soupira de plus belle, avant de remercier sincèrement la demoiselle d'un sourire pour sa gentillesse ; qui lui en renvoya un timide pour lui confirmer de ne pas s'en faire.

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S'ensuivit un silence pesant entre les demoiselles, seulement brisé en deux temps par la musique et la venue du majordome avec deux fine flûtes de champagne remplis au deux tiers, alors qu'elles ne trouvaient pas un moyen de briser la glace via un sujet de conversation quelconque (n'ayant tout simplement pas l'inspiration pour la première, et la timidité de la seconde n'était sans doute pas ce qui allait l'aider à faire le premier pas.)

Puis au bout d'un moment, en voyant la demoiselle qui fixait longuement la grande baie vitrée tout au fond du hall, juste au dessus du grand accès menant au jardin qui faisait la fierté de Mr. Décorum, alors qu'elle sirotait lentement son verre de champagne, l'ancienne maitresse finit par faire lancer la conversation en sautant sur l'occasion.


«Qu'est-ce que tu regardes ?» Demanda-t-elle innocemment.

Prise un peu au dépourvu, la demoiselle reposa son verre de champagne (qu'elle n'avait pas même gouté, mais qu'elle tenait depuis le début en main par le pied) avant de lui retourner son attention.

«Rien de vraiment important.» Esquiva-t-elle.

«Je te vois fixer la baie vitrée menant aux jardins depuis tout à l'heure.» Insista posément la jeune femme.

«Je me demandais juste comment se portaient les plants de baies qui s'y trouvent…» Finit-elle par répondre plus réservée.

«Des plants de baies ?»

«Ben oui : c'est pour ses plants de baies diverses et variés que les pokémons viennent vraiment de loin pour finir dans son jardin. Mais vu qu'ils se trouvent plutôt cachés en leurs fonds, là où leur développement est le plus difficile, je m'inquiétais seulement de connaitre leur état actuel.»

L'ancienne maitresse parut vraiment étonnée par cette révélation.

«C'à alors. Je savais qu'il y'avait une raison pour laquelle des pokémons rares pouvaient venir de plein gré dans un jardin humain, mais je ne me doutais pas qu'elle puisse être si simple.»

«Ils furent plantés là par l'ancien maitre des baies à côté d'Uniopolis.» Reprit-elle moins réservée, plus détendue d'être mise dans son élément. «Ils étaient visiblement en bons termes tous les deux, et considérait que son jardin pourrait faire un merveilleux lieu de développement pour certaines de ses baies. Mais depuis qu'il a déménagé pour s'installer ailleurs, pour des raisons privés, plus personne ne pouvait s'occuper pleinement de leur santé, et il s'inquiétait réellement qu'un jour ils ne finissent par se faner et que plus un pokémon ne revienne dans son jardin.»

La jeune femme la regarda avec des yeux de Ramoloss.

«Tu veux dire que son jardin risquait de redevenir un jardin comme les autres et que tu lui as évité ça en apportant ton expertise les concernant, mais que malgré tout il n'a pas hésité un instant à t'exposer comme un objet devant tout le monde ?!» Commença-t-elle à s'emporter d'indignation.

«Calmes-toi, Cynthia, ça ne sert à rien de t'énerver. Les gens sont comme ils sont. On ne va pas leur en vouloir pour ça…» Reprit-elle lentement.

«N'empêche que la prochaine fois que je me rends à une soirée comme ça, avec ou sans toi, je m'assure sérieusement avant d'éviter ce genre de mascarade, ou je vais faire mettre à l'épreuve la solidité de leur structure avec un Abîme bien placé.» Pesta-t-elle de colère.

«Au fait, et toi ?» Renvoya timidement Luna.

«Moi quoi ?» Releva-t-elle interpelée.

«Je veux dire, pourquoi as-tu acceptée de venir à cette soirée ?»

«Excuse-moi, mais je ne comprends pas.» Renvoya-t-elle un brin gênée.

La demoiselle soupira légèrement.

«Cynthia, je sais que je ne suis pas vraiment un exemple de perspicacité, mais je ne suis pas idiote au point de ne pas comprendre que toi, l'ancienne maitresse de la Ligue de Sinnoh, n'accepte de venir à une soirée mondaine –même de bienfaisance- sans une bonne raison derrière.»


La jeune femme sourit de dépit en inclinant doucement la tête de honte ; ironiquement d'avoir espérée qu'elle n'en apprenne rien, tout en sachant pertinemment qu'elle n'était pas idiote au point de ne pas voir cette évidence.


«Déjà, je t'assure que tu te trompes et que tu es vraiment perspicaces.» Commença-t-elle gentiment. «Ensuite, tu as devinée juste : je ne suis pas vraiment là pour signer un chèque ou faire un don aux victimes de la tempête, même si j'aimerais bien.»

«Alors pourquoi tu es là ?» Reprit la demoiselle naïvement. «Je veux dire : si tu n'aimes tellement pas ce genre de soirée, pourquoi faire tellement des pieds et des mains pour t'y rendre alors qu'il te suffirais juste de décliner ? Même moi je peux le faire, bien que ça m'en coûte un peu de devoir les décevoir…»

L'ancienne maitresse lui sourit tristement en sachant où devait lui conduire la suite, qui nécessitait invariablement de devoir lui fournir quelques explications…

«En fait, si je suis là c'est pour la Ligue.» Commença-t-elle plus réservée à son tour, à la limite du secret.

«Pour la Ligue ?» Releva-t-elle avec surprise, plus par le ton employé que par la nouvelle.

L'ancienne maitresse inclina la tête de confirmation, avant de se rapprocher lentement d'elle et de reprendre sur un ton sérieux.

«Est-ce que tu peux me promettre que tout ce qui sera dit ici restera entre nous ?» Fit-elle en la regardant droit dans les yeux.

«Euh… Oui ?» Hésita cette dernière en réponse à sa réaction inattendue.

«Je suis sérieuse.» Renvoya Cynthia en détachant pas son regard d'elle.

«… Oui.» Parvint-elle à dire de façon convaincante devant une telle insistance.

«Alors ça me va.» Conclut l'ancienne maitresse en relâchant la pression de ses épaules.

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Pour plus de sureté, car ce qu'elle allait aborder comme sujet avec la demoiselle ne lui permettait absolument pas d'être négligente (malgré le fait que, techniquement, elles étaient seules), Cynthia se rapprocha d'elle en la rejoignant sur le canapé à ses côtés.


«Est-ce que tu connais Albert Drayfus ?» Reprit-elle plus posément.

«Le directeur et l'inventeur de la firme Pokémontre ?» Répondit-elle simplement, avec l'approbation de la jeune femme.

«Il se trouve ici présent ce soir comme invité, et c'est pour lui que je suis venue.»

«Mais pourquoi ? Si tu voulais le voir il suffisait de passer par Féli-Cité, il t'aurais accueillis à bras ouvert.» Renvoya-t-elle incompréhensive.

La jeune femme sourit tristement en retour, plus un peu honteuse de dépit de rien lui avoir expliquée avant.

«Parce que je dois lui passer une commande très particulière qui n'entre pas en compte avec les affaires publiques, et qui ne doit pas apparaitre aux yeux du Consortium.»

La demoiselle s'écarta légèrement d'un coup d'elle en la regardant d'étonnement ; réaction à laquelle la dresseuse s'attendit pleinement.

«Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je tiens à sincèrement m'excuser avant.»

«Mais pourquoi ?» Reprit timidement Luna, circonspecte.

«Parce que je n'ai pas été totalement honnête avec toi depuis le début, alors que j'aurais dû.» S'excusa-t-elle à nouveau. «Je ne t'ai pas mentie sur mon appréhension de ce genre de soirée, et à titre personnel je suis vraiment heureuse de te savoir avec moi. Mais je dois t'avouer que je comptais en même temps sur le fait qu'il ait une relation indirecte de respect avec toi pour pouvoir entrer en bon terme avec lui.»

La demoiselle la regarda avec appréhension à son tour.

«Parce que tous les deux nous connaissions Mr. Curtis, et qu'il était aussi présent que moi le jour de son enterrement ?»

La jeune femme lui fit oui d'un signe de tête marqué d'une gêne profonde, tandis que la demoiselle la regardait avec incompréhension.

«Mais… Pourquoi ?» La reprenait-elle en s'approchant à nouveau d'elle. «Pourquoi ne m'avoir rien dit avant, pendant les semaines précédant cette soirée ?»

«Parce que je craignais que tu ne refuses d'y aller si je te disais la vérité.» Répondit-elle honteusement.

Malgré ses efforts pour conserver son calme, Cynthia voyait bien que cette révélation choquait la demoiselle qui la pressait, plutôt l'implorait de lui donner la raison d'un tel manque de confiance.

«Mais pourquoi ?» La pressait-elle suppliante. «Même si c'est vrai qu'à la base tu m'avais un peu forcée sur ma promesse, tu sais bien que je ne t'aurais pas laissée tomber !»

«Mais parce que là ça concerne quelque chose de vraiment spécial.» Se justifiait-elle hâtivement.

«Pourquoi ?» Finit-elle par s'exclamer à voix retenue. «Je croyais que tu avais confiance en moi, que tu n'hésiterais pas à me demander de l'aide si je pouvais te l'apporter !»

«Mais parce que ça pourrait mettre ta vie en danger !» Contra-t-elle à voix plus basse en l'incitant à se calmer. «Rien que le fait de t'en parler va à l'encontre de ma parole avec Florianne, et ça la mettrait dans tous ses états si elle apprenait que je t'en parlais.»

«Plus dangereux qu'un manoir bourré de spectre, qu'un Grotadmorv Shiny, qu'une centaine de pokémons explosifs dans une prise d'otage à mains armé, ou qu'être poursuivie par une organisation anti-gouvernementale qui en a après ma tête ?» Rendit-elle attristée.

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L'ancienne maitresse ne répondit pas. La demoiselle avait mit dans le mille, tout en restant parfaitement consciente de sa situation. Elle n'était pas naïve, ni plus vraiment une enfant, et ça Cynthia le savait… Mais ça ne l'empêchait pas de la considérer et de la traiter comme telle. En fait, il apparaissait plus que ce soit elle qui la traitait comme une adulte en la suivant partout en toute confiance, alors qu'elle n'avait pas ce même égard en retour de leur part. Puis, n'obtenant pas de réponse en retour, la demoiselle se contenta de se détourner d'elle en se renfrognant dans le canapé.

Avant que l'ancienne maitresse ne puisse essayer de tenter de se justifier, la demoiselle l'arrêta avant même qu'elle ne prononce un mot.


«C'est bon, pas la peine de continuer… Je comprends que tu ne puisses rien me dire pour assurer ma sécurité… J'ai l'habitude de ne rien savoir de toute façon…» Rendit-elle neutralement.

Sa réponse et sa réaction firent sentir à l'ancienne maitresse sa gorge se serrer.

«Dit pas ça… Tu sais bien que je ne cherche qu'à te protéger des dangers que tu cours.» Renvoya-t-elle réellement blessée par sa réaction.

«Alors pourquoi tu ne me dis rien...» Contra-t-elle neutralement en se retournant vers elle. «Si c'est de ma sécurité qu'il s'agit, de ma vie, pourquoi je devrais en être la dernière informée ?»

«Mais pour éviter que de te révéler les raisons pour lesquels tu es en danger ne te mettent encore plus en danger, et ne te pourrissent la vie à chaque instant au point que tu ne puisses plus vivre normalement.» Répondit-elle sincèrement.

«Parce que le jour où je me ferais capturer, à cause d'une erreur grossière de ma part en pensant que ça pourrait aider, et que ces explications ne me viennent directement de mes ravisseurs, je serais moins en sécurité plutôt que de savoir à quoi m'attendre ?» Renvoya-t-elle plaintivement. «Et moi je fais quoi le jour où mon ignorance sera la raison principale pour laquelle vous êtes en danger ? Pas de bol j'avais qu'à savoir ou essayer de deviner en me terrant dans mon trou, au lieu de sortir trop tard pour ne récupérer que des cadavres ?»

«Luna !»

La demoiselle s'arrêta dans sa tirade en comprenant qu'elle avait été trop loin avec l'ancienne maitresse, qui la fusillait du regard en lui en voulant beaucoup d'avoir proférée de tel propos.

«Je… Je suis désolée…» S'excusa-t-elle honteuse en se renfrognant dans sa place.


L'ancienne maitresse cessa de la fusiller du regard en soupirant lourdement. Car elle avait beau en vouloir à la demoiselle de sous-entendre qu'elle n'était qu'un poids à gérer pour elles, pendant qu'elles risquaient de se tuer à la tâche de la protéger –littéralement-, elle avait fondamentalement raison. Et le lui fit bien comprendre.


«C'est plutôt à moi de m'excuser.» Reprit-elle plus calmement. «C'est vrai que tu nous as suivis de partout en faisant face à n'importe quoi, et c'est aussi vrai qu'à un moment tu as faillis récupérer l'une de nous dans un cercueil ; tout comme il est aussi vrai que ça t'as épuisée au point que tu as faillis en être brisée.» Convint-elle clairement.

«Mais je suis encore là, vous aussi, et à chaque fois c'était parce que vous m'aviez tout expliqué et que je savais à quoi m'attendre pour ne pas vous gêner et réagir correctement.» Se défendit-elle.

«Mais c'était vraiment exceptionnel et imprévu ce qui nous étaient arrivées à ces moments là ; on n'avait pas le choix.» Renvoya-t-elle sincèrement.

«Parce qu'avec le retour des teams, je l'ai le choix ?» Contra-t-elle neutralement.


Nouveau silence. Elle l'avait touchée en plein cœur, et l'ancienne maitresse ne trouva rien à redire ; si ce n'est lui concéder ce point. Mais au lieu d'attendre sa réponse, la demoiselle la devança de nouveau d'un faible sourire.


«Ecoute, Drayfus n'est vraiment connu que pour ses services pokémontre. Si la seule chose que tu souhaites obtenir de lui son des montres «personnalisées», il te suffisait de me le dire.» Déclara-t-elle d'un sourire dépité mais amical.

Le changement d'attitude et de sujet de la demoiselle au point critique étonna la jeune femme, qui finit par émettre un rire aux intonations forcées.

«Luna, tu sais bien que je te caches des choses. Mais je ne cherche jamais à te mentir.» Reprit-elle honnêtement.

«Ben à la limite je préfèrerais que tu me mentes ; ça m'angoisse nettement moins que de ne rien savoir…» Rendit-elle d'un sourire forcé. «Mais sérieusement, ne vous mettez pas en danger inutilement pour moi si je peux l'éviter. Parce que ça, ça pourrait vraiment me briser…»

La jeune femme sourit doucement. Mais avant même qu'elle ne puisse répondre, une tierce voix s'invita dans la conversation.

«Voilà des paroles pleines de bon sens et de sincérité.»

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Les demoiselles se tournèrent vers «l'intrus» s'étant immiscé dans cet entretien privé ; avec une certaine appréhension pour l'ancienne maitresse, qui vira tout de suite à l'effarement en reconnaissant immanquablement l'identité de l'homme, qui s'avéra être le gouverneur Matis en personne.


«Vous devriez beaucoup plus porter attention aux inquiétudes d'une personne qui vous est chère quand vous en avez encore la possibilité, mademoiselle Céleste.» Commença-t-il d'un ton circonspect. «Car quand le malheur à l'origine de ces angoisses arrivent, il est toujours trop tard pour ne pas regretter d'y avoir pu faire quelque chose avant.»


Venant de l'homme qui vécu la vie de toute sa carrière, et même avant, avec l'amour de sa vie qu'il pouvait perdre à chaque instant, la jeune femme ne put qu'acquiescer silencieusement. Mais avant même qu'elle ne lui demande –très respectueusement- la raison qui nécessitait sa présence auprès des deux demoiselles, ce dernier s'expliqua en s'approchant posément de l'un des deux fauteuils, sans pour autant s'assoir en restant debout.


«Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous déranger lors d'une conversation aussi privée, croyez-moi je sais à quel point il peut être intimidant la première fois de faire face à tellement de monde en étant au centre de l'attention, et je craignais que le manque de tact de Grégory n'ait eu des répercussions néfastes sur vos impressions à l'égard de cette soirée, et ne vous en fasse passer une mauvaise. Ce qui serait préjudiciable pour tout le monde.» Résuma-t-il calmement.

«Ne vous en faites pas. Bien que cela soit impressionnant, j'ai déjà vu pire…» Releva posément la demoiselle de blanc. «Mais je vous remercie de vôtre sollicitude, monsieur Matis.»

Le gouverneur regarda avec tenue la demoiselle, avant de décrocher un fin sourire.

«Charmante.» Déclara-t-il simplement, avant d'indiquer le siège en tournant la tête. «Je peux ?»


Les demoiselles hésitèrent un instant. Mais ne pouvant pas décemment refuser à un homme de son âge de s'assoir (que son apparence n'arrivait pas à refléter), elle l'encline poliment de faire comme bon lui souhaitait ; ce qu'il fit plus qu'elles ne l'en crurent capable en s'asseyant confortablement dans le fauteuil, d'étendre ses jambes, et poser ses Derbys noire cirées et brillantes comme des miroirs sur la table basse.


«Ouh, que c'est agréable de prendre une pause.» Déclara-t-il d'un soupir. «Vous n'imaginez pas à quel point serrer des centaines de mains et maintenir plusieurs conversation en même temps est épuisant ; une véritable épreuve du combattant. Vous avez d'ailleurs bien de la chance d'évoluer loin de cet environnement, c'est moi qui vous le dis.»

«A ce point ?» Ne put s'empêcher de relever l'ancienne maitresse d'un petit sourire en coin ; reprit par le gouverneur.

«Ayez un peu de pitié pour les vieux os du pauvre homme que je suis ; vous savez bien ce que cela fait d'être dans le collimateur de l'attention générale.»

«Pardon, pardon.» S'excusa-t-elle d'un petit sourire agréable.

«Ce n'est rien.» Convint-il d'un petit signe de la main, avant de reporter son attention vers la demoiselle. «Je vois que vous n'avez pas touchée à vôtre verre ; ne tiendriez-vous pas l'alcool ?»

«C'est-à-dire que je suis encore mineure…» Répondit-elle timidement.

«Une petite gorgée n'a jamais soulevée de grands débats enflammés au point d'en devenir une affaire d'état.» Reprit-il d'un ton plaisantin pour la rassurer. «Mais, par soucis qu'il n'en devienne pas ainsi, permettez au vieux gouverneur de s'acquitter du problème de cette coupe de champagne ?»

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La demoiselle approuva d'un petit signe de tête en montrant le verre, que l'homme s'enquit à prendre délicatement par le pied en la remerciant. Puis il tendit le verre à l'ancienne maitresse pour trinquer, avant de plisser les yeux d'un regard conspirateur en tournant la tête de droite à gauche, derrière son fauteuil, et même en haut par-dessus sa tête, avant de finalement retourner son attention vers les demoiselles et vider son verre d'un trait.

A son attitude, les demoiselles regardèrent l'homme avec curiosité. Ce dernier leur sourit d'un air aussi désolé qu'amusé avant de poser son verre vide sur la table.


«Veuillez m'excuser pour ça, vous devez bien vous demander ce qui doit me passer par la tête.» Releva-t-il amusé en dérision.

«Un peu…» Admit Luna ; ce qui étonna Cynthia qu'elle l'avoue, mais fit brièvement rire le gouverneur.

«Voilà qui est honnête de vôtre part de le reconnaitre ; d'autres aurait étés plus réservés à vôtre place.» Confirma-t-il en indiquant poliment la jeune femme sans pour autant la braquer. «En fait, il s'agit simplement d'un réflexe que j'ai développé depuis la mort de ma femme.»

Voyant les demoiselles rester interdites à l'abord de ce sujet qu'elles savaient délibérément très sensible, le gouverneur leur sourit en s'excusant de son lapsus.

«Enfin, pas à cause de la mort de ma femme, mais des répercussions qui en eurent lieu sur ma fille.» Se corrigea-t-il. «Depuis sa mort, ma fille s'est mise en tête de s'occuper de ma santé pour me garder le plus longtemps possible en vie ; si bien que je ne peux même plus approcher à moins d'un mètre d'un hamburger sans qu'une alarme résonne quelque part et qu'elle ne rapplique à la vitesse du son pour m'en priver.»

«Mais de là à vérifier au plafond…» Releva la jeune femme d'un sourire mitigé.

«Vous n'avez pas idée de quoi elle est capable.» Lui renvoya-t-il en la pointant d'un doigt amical. «Elle est déjà sortit d'endroits dont je n'aurais même pas soupçonné un être humain de pouvoir s'y trouver, et ferait sans doute passer un Keckleon pour un amateur.»

«Je vois ce que vous voulez dire…» Reprit Luna.

L'ancienne maitresse et le gouverneur se tournèrent vers la demoiselle avec étonnement.

«Ah bon ?» Releva-t-il avec intérêt.

«Oui. Je connais moi-même deux personnes qui ne ratent jamais une occasion pour me mettre en défaut, et parfois même me faire vivre un cauchemar, avant de virer toutes souriantes la seconde qui suit sans jamais être inquiétées de représailles.»

A sa déclaration l'ancienne maitresse se fit d'un coup plus réservée et distante, sifflotant l'air de rien. Ce qui fit rire le gouverneur d'un éclat franc.

«Oh je constate que je ne suis pas le seul dans cette situation !» Déclara-t-il de sa voix claire. «J'en tire même un certains réconfort ; bien que je ne devrais pas au détriment d'une jeune femme ayant toute la vie devant elle.»

«En fait, de savoir que je ne suis pas la seule moi non plus me rassure.» Avoua-t-elle timidement.

Le gouverneur se prit à rire de nouveau en levant son verre par réflexe, avant se rendre compte qu'il avait vidé depuis un moment.

«Ah, j'aurais bien aimé lever mon verre en hommage à ces personnes qui nous rendent la vie aussi agréable que difficile, mais je ne me suis même pas rendu compte que je l'ai bu d'une traite.» Remarqua-t-il en regardant son verre par l'ouverture en clignant d'un œil. «Un si bon champagne de plus ; si le sommelier voyait cela, il crierait au scandale.»

«Je vous crois, même si je ne sais pas quel goût a l'alcool.» Recconut la demoiselle d'une mime d'excuse.

L'homme la regarda de nouveau avec étonnement, et même une once de pitié.

«Ne pas connaitre l'alcool et les ravages qu'il peut causer est louable, mais passer à côté de l'expérience d'un grand cru au palais reste tout de même dommageable.» Fit-il en posant son verre. «Essayez au moins l'un de ses vins millésimé ; le rouge bordeaux sied toujours à une dame.»

«J'y penserais…»Conclut-elle d'un remerciement timide.

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Le gouverneur le prit d'un sourire de politesse, avant de se lever de son siège à nouveau et inviter les demoiselles à faire de même en proposant aimablement sa main à l'ancienne maitresse ; qui, confuse, ne la prit pas tout de suite en ne comprenant pas la finalité derrière.


«Il me semble vous avoir entendu parler d'une commande avec Mr. Drayfus. Hors ce dernier étant dans le hall avec les autres invités, je doute que vous ne puissiez l'aborder en restant ici. Je me propose donc de vous y accompagner.» Se justifia-t-il poliment.

Une appréhension presque imperceptible sous la forme d'un fin recul traversa l'ancienne maitresse qui, prise totalement au dépourvu, ne prit toujours pas la main proposée par le gouverneur.

«C'est-à-dire, gouverneur, qu'il s'agissait pour moi de m'entretenir en privé avec lui. Sauf vôtre respect…» Répondit-elle mal à l'aise.

«Pour une commande de montre personnalisées, d'après ce que j'ai entendu.» Répéta-t-il d'un ton compréhensif. «Ne vous inquiétez pas, j'ai moi-même déjà demandé à ce cher Drayfus quelques petits «bricolages» sur la mienne pour m'éviter certains journalistes un peu collant, et donc à la limite de la légalité.» Avança-t-il d'un air se voulant rassurant.

«En fait, je ne comptais vraiment pas que cela puisse être abordé avec quelqu'un d'autre ; il s'agit d'une surprise pour des amis…» Répondit-elle très hésitante.

«Ne vous inquiétez pas, tout ce qui sera abordé lors de cette discussion restera purement confidentiel. Je vous le promets. Aussi surement que vous me promettrez de ne pas toucher un mot de ma venue ici à ma fille. Sinon je peux être sûr d'être mit au régime sec jusqu'à la fin de l'année.» Fit-il d'un petit rire.

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Bien que souriante à la remarque, l'ancienne maitresse se sentait dangereusement acculée, sans voir une seule issue possible s'offrir pour elle : refuser la main du gouverneur qui les a sortit de ce guêpier était proprement impossible, tout comme lui révéler la vérité de sa présence ici était tout aussi incompatible. Elle était piégée.

Puis, à l'instant critique, son salut vint du hall principal, lorsque la musique d'orchestre s'arrêta un bref instant pour jouer une nouvelle mélodie aussi attendue que redoutée dans ce genre de soirée : la valse. Des dizaines de couples d'invités en tenues de soirées plus exquises (ou chères) les unes que les autres s'avancèrent au milieu du hall se transformant en piste de danse pour l'occasion, tandis que le reste s'écartait en cercle large autour pour admirer le spectacle en silence, ou en continuant certaines conversations.

Mais son salut ne lui accorda qu'un bref moment de répit quand elle entendit de nouveau le gouverneur se manifester par un soupir de dépit.


«Et voilà l'instant que je craignais, mais qui me fascine pourtant toujours autant.» Reprit-il d'un faible sourire.

Il ramena sa main derrière son dos en retournant son attention sur les demoiselles, l'air peiné mais qu'il retenait par dignité en leur adressant son visage formel, mais courtois.

«Voyez-vous, je comptais sincèrement ainsi obtenir aussi bien une excuse qu'une raison pour ne pas rester en retrait à observer cet instant passer sous mes yeux. Car ce n'est plus vraiment une occasion qui me fait envie de vivre sans ressasser le passé…» Continua-t-il d'un soupir. «Cette musique me rappelle tous mes souvenirs avec Saline, les bons comme les douloureux, à chaque fois avec la même intensité. Et je dois avouer que la solitude pour une mélodie sensée rapprocher les gens ne me ramène pas dans mes meilleurs souvenirs…»

Il s'inclina respectueusement vers la jeune femme vêtue de jais.

«Je vous pries de bien vouloir excuser mon arrogance et mon égoïsme d'avoir pu vous faire croire que je vous utilisais à des fins personnels, ou de vous forcer à devoir céder à mes caprices. S'il s'agit à ce point là pour vous que cette affaire reste entre vous, il ne m'appartient absolument pas de le remettre en question ou de m'immiscer insidieusement dedans. Néanmoins comprenez bien que mon intention n'était pas de vous braquer, ni de vous espionner. Simplement j'espérais un peu de compagnie pour m'aider à faire passer ce moment.»

Il fit signe de s'excuser platement en courbant l'échine légèrement comme le majordome, avant de commencer à s'éloigner des demoiselles.

«Je vais vous laisser entre vous.» Se justifia-t-il en récupérant un sourire malin. «Avec un peu de chance, je pourrais en profiter pour récupérer des petits fours pendant que tout le monde a le dos tourné ; j'en ai si peu l'occasion que ce serait bête de la laisser filer.»


La jeune femme de ton blond vit ses mains se crisper alors qu'elle se sentait atteindre un nouveau pallier de malaise, pire que les précédents. Cette soirée virait lentement mais surement à un cauchemar qui s'empirait de seconde en seconde, et ce qui devait n'être paraitre qu'une simple formalité à ses yeux se transformait en un véritable calvaire moral : d'abord avec Luna, la maitresse des baies de Sinnoh et amie, puis avec Matis, le gouverneur et l'homme du peuple du Consortium ; probablement les seul en qui la Ligue devraient avoir confiance pour tout leur dire, mais qu'ils se refusaient catégoriquement à le faire pour ne pas risquer strictement de tout compromettre… Et il lui fallait leur mentir à tous les deux, et les laisser comme des vieilles chaussettes à leur propre sort. C'était immoralement cruel pour elle.


«Est-ce que cela vous dérangerais que je puisse vous accompagner… ?»


L'ancienne maitresse se figea l'espace d'une fraction de seconde en se tournant vers la demoiselle, alors que le gouverneur fit de même au bout de deux pas en percevant la proposition de cette dernière et ne se retourne pour de nouveau faire face à son interlocutrice.


«Ne devriez-vous mieux pas rester ensembles pour cet entretient ?» Releva-t-il poliment à son attention.

«En fait, comme Cynthia vous l'a dit, le mieux serait que je n'y soit pas conviée non plus pour garder la surprise… Ce qui fait que je vais moi aussi rester seule pendant ce temps…» Reprit-elle timidement en serrant ses mains sur ses genoux. «Disons que je comprends ce qu'on peut ressentir quand on est seul au milieu des gens… Comme si on était proche tout en restant à l'écart, parfois sans le vouloir…»


L'ancienne maitresse sentit ses mains se raidir d'avantage en mettant toute sa volonté en œuvre pour ne pas le montrer, tandis que l'homme se contenta d'offrir un visage totalement neutre, avant d'esquisser un fin sourire compréhensif en fermant les yeux.


«Croyez-bien que j'en serais enchanté si je puis vous aider en me trouvant en vôtre compagnie.» Lui rendit-il en retournant posément sur ses pas pour lui proposer galantement sa main.

«Merci…» Rendit-elle en acceptant l'invitation.


Comme une scène se passant sous ses yeux, dont elle regrettait la tournure sans pouvoir intervenir, la jeune femme vit lentement la demoiselle repartir avec le gouverneur dans le couloir par lequel elles furent amenées ici ; en lui donnant l'impression de s'éloigner définitivement d'elle à chaque nouveau pas. Sans qu'elle ne daigne même pas émettre une quelconque phrase en guise d'un soutien aussi illusoire que précaire.

Puis elle vit cette dernière justement s'arrêter un instant au milieu de leur conversation (qu'elle n'entendait pas) pour retourner son attention vers elle, à côté d'un gouverneur compréhensif qui la laissait faire à sa guise.


«Cynthia, Le gouverneur me fait te dire que Mr Drayfus se trouve proche de l'entrée, à côté du service de punch.» Avança-t-elle en haussant un peu la voix pour couvrir la distance.

«Du moins la dernière fois que je l'ai vu.» Rajouta ce dernier. «Vous pouvez le rejoindre plus facilement en passant par l'escalier en colimaçon derrière vous. Veuillez juste prendre garde de ne pas chuter, car le tapis est assez traitre.» L'avertit-il poliment.

«Passe-lui le bonsoir de ma part.» Termina-t-elle d'un fin sourire amical.

«Je n'y manquerais pas.» Reprit-elle en lui rendant ce même sourire, avant qu'il ne s'efface de plus en plus au fur et à mesure qu'elle s'éloignait à nouveau, jusqu'à disparaitre de sa vue. «Je n'y manquerais pas…»


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C'est dans ce genre de situation que les plus redoutables armes ne sont pas nécessairement celles qui tuent, mais amènent à tuer, et que le plus mortel des ennemis n'est pas l'assassin, mais l'espion. Aussi, alors que le gouverneur et elle échangeaient des banalités d'usages sans grands intérêts (surtout concernant les questions de base : «d'où venez-vous, où avez-vous suivit vos étude, etc.» Qui mènent vite à une impasse avec une amnésique), ce dernier ne pouvait soupçonner que sous la longue chevelure mate de la demoiselle, outre les yeux de son regard ambre, se trouvaient aussi des fines boucles d'oreilles d'une apparence ô combien discrète et banale, mais se révélant avant tout être des bijoux de technologie miniaturisés sous la forme de micros/caméras multi-spectres d'une grande précision.

On dit que le discours est d'argent et que le silence est d'or. Mais a la guerre, comme à la paix : l'information n'a pas de prix. Surtout quand on sait parfaitement que son interlocuteur est le plus dangereux de tous…

Et qu'on sait quand en plus il ne fait que mentir.

Cela parait intéressant de voir à quel point les choses se passent visiblement au hasard, et pourtant évoluant si admirablement bien. Pour exemple : quelle curieuse coïncidence que le gouverneur Matis, l'homme à la véritable origine de l'affaire du Leuphorie Shiny, trouve le moyen de «s'inviter en infiltré» à une simple soirée de bienfaisance pile quand la maitresse des baies de Sinnoh vient y participer pour sa première fois en tant qu'invitée d'une soirée officielle. D'autant plus qu'au vue de sa relation avec l'hôte Décorum, et du fait que sa présence en tant qu'invitée devait aussi paraitre comme discrète aux yeux des autres invités, la coïncidence était d'autant plus troublante que l'information de sa venue «surprise» lui fut parvenue après qu'elle eut confirmée sa propre invitation. Et en additionnant cela avec les récents évènements la reliant aux Teams…

La conclusion était sans appel : le gouverneur Matis avait prévu quelque chose la concernant. Quelque chose de très gros. Mais ce qui lui permettait de l'affirmer n'était pas uniquement son sens logique de la déduction en se basant sur des faits, mais aussi parce que le dit gouverneur a simplement ouvertement menti sur le fait que sa fille ne doit pas être au courant de sa venue… Avec l'évidente présence des journalistes de tous horizons devant la grille d'entrée, et le fait que le gouvernement est toujours le premier à recevoir l'information avant tout le monde ?

De plus, que cela était cocasse que tout coïncide à la perfection pour faire se sentir coupable l'ancienne maitresse et l'obliger instinctivement à rester en retrait : l'annonce de leur présence par le majordome quand toute l'assistance est présente pour donner un coup de choc terrible à une «fragile jeune femme», et lui arrivant au moment critique pour libérer la demoiselle de cette oppression en attirant sur lui toute l'attention ; s'ensuit le rabrouement de leur hôte pour son indélicatesse en leur proposant personnellement de se rattraper pour lui en les invitant à couvert en privé entre elles, à un endroit aussi isolé que facile d'accès ; puis de s'immiscer quand il faut dans leur cercle fermé en sachant pertinemment qu'il leur était impossible de refuser, pas avec l'aide inopinée qu'il leur avait offerte ; enfin en montrant son côté «détendu» en se mettant à l'aise avec elles, et partageant des «secrets» devant le rendre vulnérable et pathétique à leurs yeux pour qu'elles s'apitoient sur son sort. Mais Jackpot final : sachant que l'ancienne maitresse ne devait pas non plus venir pour rien en déduisant exactement comme la maitresse des baies, il comptait essentiellement sur cette raison pour prétendre s'y intéresser «simplement», alors que jusqu'à présent tous ses actes n'avaient eut comme finalité de réparer ses «erreurs» en ameublissant à l'avance ses termes avec la demoiselle : la véritable bénéficiaire de ses «égards».

Et comme il l'avait parié, connaissant sa nature timide et ses rapports naïfs avec justement sa camarade célèbre, en jouant en plus sur la corde sensible de la solitude et du vide de l'amnésique, il se faisait se sentir proche d'elle et la rapprocher innocemment de lui en gagnant naïvement son estime aussi rapidement. Il devait même remercier l'ancienne maitresse pour cela. Bien qu'il ne puisse que soupçonner la raison de son entretien avec Drayfus des pokémontres, le fait était que cela devait être si secret qu'elle ne devait sans doute pas en parler avec la demoiselle et devoir la rejeter obligatoirement, pendant que lui arrivait au bon moment pour récupérer le tout facilement… Une indubitable maitrise de la manipulation insidieuse. Il fallait également admettre que si la demoiselle n'était pas aussi chétive et naïve, ça n'aurait sans doute pas marché aussi bien.

Dommage qu'entre deux maitres manipulateurs s'affrontant sur le même terrain, celui connaissant la nature de l'autre ne mène toujours la discussion à sens unique.

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Au bout d'un moment, se rendant compte qu'ils semblaient tout deux déambulés dans les couloirs de la demeure depuis un trop long moment à ses yeux, la demoiselle chercha à vérifier si son hôte savait bien par où passer pour les amener au buffet en toute discrétion.


«Euh… Excusez-moi, gouverneur ?» Demanda-t-elle innocemment.

«Je vous en prie, appelez-moi Bertrand.» Lui rendit-il d'un sourire poli.

«Si cela ne vous gêne pas, je préfèrerais monsieur Matis…» Rendit-elle un peu penaude.

«Bien sûr, je comprends.» Renvoya-t-il d'un ton compréhensif. «De quoi vouliez-vous me faire part ?»

La demoiselle sembla embarrassée de montrer son inquiétude, ce qui était indiqué «malgré elle» avec son bras et sa main le poing fermé ramenés au niveau de son cou dans une attitude réservée.

«Prenons-nous vraiment bien la direction du grand hall… ?» Finit-elle par dire confuse. «Je ne reconnais pas le chemin par rapport à la dernière fois que je suis venue ici…»

«Bien sûr !» S'enquit-il immédiatement à la rassurer d'un air rassurant. «Je peux comprendre que vous vous sentiez désorientez par ce déambulement dans ces couloirs, mais je connais ce manoir au moins aussi bien que son propriétaire. Et bien que cela vous paraisse évidemment incompréhensible que nous nous éloignons de la réception en question, je peux vous dire que le secret de cette demeure est d'en fait toujours permettre à ses hôtes de trouver le chemin menant au grand hall et au jardin ; là où je nous dirige.» Se justifia-t-il aimablement.

«Et comme les jardins son reliés au grand hall…» La demoiselle sembla prise d'un profond embarra. «Je suis désolée, je n'aurais pas dû vous poser la question en remettant vos connaissances en cause…»

«Ce n'est rien.» Se reprit-il à la rassurer. «Ce manoir est en fait à l'image de son propriétaire : il est très intimidant par sa taille et son apparente complexité, mais en fait cherche avant tout à impressionner les invités avant de leur offrir un verre à l'entrée pour les faire se sentir comme s'ils étaient chez eux. Une véritable méthode de petit gredin.» Se prit-il à rire.


Arrivés à un nouvel embranchement, le gouverneur s'arrêta au coin de ce dernier et fit signe galantement à la demoiselle de passer devant lui d'un sourire formel. Cette dernière obtempéra et tourna dans la direction indiquée, pour tomber sur le grand tapis rouge entouré de statues pokémon de chaque côté qui menait au jardin ; dont la grande baie vitrée au dessus était traversée par l'éclat de la Lune réduite en un fin croissant brillant.


«Voyez ?» Montra-t-il posément.

«Oui…» Confirma-t-elle très gênée.

«Bien. Et maintenant il s'agit de passer discretos par derrière pendant que personne ne regarde.» Reprit-il en commençant à s'avancer prudemment sur le tapis d'une démarche de voleur.

«Gouverneur… ?» Releva-t-elle étonnée par sa réaction.

«Passez par le tapis, ça masque le bruit des pas ; c'est un spécialiste de l'évasion en milieu mondain qui vous le dit.» Lui chuchota-t-il en l'invitant à passer derrière une des statues pour progresser à couvert.

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Après une progression dans le dos des autres invités, aussi peu orthodoxe qu'utile (la musique et les danseurs détournant l'attention générale à la base), le gouverneur parvint à les mener à l'arrière de l'un des deux buffets à volonté occupant les côtés de la salle en forme de demi-lune, juste à proximité de quelques chaises d'usage dans ce qui apparaissait comme un petit coin tranquille «ouvert», tout en restant subtilement à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes. Puis, reprenant sa digne pose d'usage une fois de nouveau à proximité du «public» (ne donnant pas l'image d'avoir quelque chose à cacher), il se permit de prendre deux assiettes parmi celles mise à disposition et à les remplir frugalement de quelques petits fours aussi variés que colorés, puis de deux verres qu'il remplit indépendamment l'un de l'autre d'alcool et d'un jus de fruit (présentant le tout en une fois avec la dextérité d'un véritable serveur accomplit, ce qui impressionna la demoiselle.)

S'excusant d'avance pour la gêne immanquable (comme il disait) qu'il allait occasionner, le gouverneur commença à taper dans ses petits fours et de s'en régaler comme d'un Corboss n'ayant pas reçu sa pitance depuis des jours ; ce qui effectivement surprit sa «partenaire d'infortune», si l'on pouvait dire.


«Tapenade d'olives noires avec une touche de tomate pour adoucir le tout, mon préféré…» Commença-t-il engoué par sa dégustation. «Je peux vous paraitre un brin gâteux. Mais sachant que je n'ai plus la possibilité d'en déguster que les jours de fêtes sous la surveillance de ma fille, ces occasions deviennent une denrée rare dont je tiens à en saisir l'opportunité jusqu'au bout.»

«Je vois cela…» Reprit-elle d'un très fin sourire amusé et gêné, avant de proposer timidement son verre. «… Santé ?»


L'homme s'arrêta un instant dans sa dégustation en posant son assiette d'un air aimablement attendrissant, avant de saisir son verre pour trinquer avec la demoiselle et ainsi rattraper la précédente tentative (mais cette fois-ci en vidant pas son verre cul-sec.) Et ne changer de sujet de discussion…


«Dites-moi, mademoiselle Luna : que pensez-vous de la Ligue ?»

=nous y voilà…=

«Que voulez-vous dire… ?» Reprit timidement la demoiselle, interpellée.

Le gouverneur tourna un instant son regard vers la demoiselle, avant de regarder à nouveau devant lui en prenant un nouvel apéritif.

«Simplement avoir vôtre sentiment, en tant que simple citoyenne, de comment vous voyez la Ligue par rapport au reste de la population.»

«Excusez-moi, monsieur Matis, mais je crains de ne pas bien vous comprendre…» Renvoya-t-elle d'un air confus.

«Et bien, pour développer de manière un peu plus précise, sans vouloir chercher à insinuer quoi que ce soit : ne trouvez-vous pas qu'en ce moment – je veux dire depuis déjà quelques années – la Ligue ne se fait de plus en plus… Comment dirais-je…» Il hésita un instant à trouver son mot se tenant son menton. «Réservée ?»


=Habile, comme un homme de sa trempe et de son expérience se doit de l'être, mais pas assez. Utiliser le terme «réservé» avec la timide maitresse des baies juste après la scène Drayfus ; le point faible d'un plan insidieux repose toujours dans l'approche initiale. Si celle-ci échoue, tout le reste foire. Voyons jusqu'où celle-ci aurait menée si elle était arrivée à maturité.=


«Je ne vois pas en quoi la Ligue pourrait paraitre réservée… Je dirais plutôt… Prudente ?» Avança-t-elle timidement sans pour autant être sûre de ses propres paroles.

L'homme esquissa un très fin sourire que l'on aurait pu prendre aisément pour du dépit ; mais il fut tellement court et furtif qu'il était «impossible» de s'en assurer.

«Prudente ? Oui, je crois que le terme est bien approprié.» Releva-t-il aimablement. «Mais prudente vis-à-vis de quoi ?»

«Et bien… Je ne sais pas, pour être honnête…» Avoua-t-elle un peu embarrassée.

«Mais c'est vôtre sentiment, n'est-ce pas ?» Répéta-t-il posément.

«… Oui.» Confirma-t-elle honteusement ; ce à quoi l'homme esquissa à nouveau ce très court, mais fin sourire.

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=«Le poisson est ferré» ; cela se lit sur son visage comme dans un livre ouvert. Ce fin sourire qui ne dure pas même un dixième de seconde est appelé une micro expression de satisfaction ; un sourire aussi furtif que rapide qui indique quand quelqu'un est satisfait de voir que les choses prennent le court qu'il souhaite, mais faisant tout pour ne pas le montrer. C'à n'est pas quelque chose de l'être humain qui se contrôle : il s'agit un réflexe physiologique instinctif aussi primal et nécessaire que le fait de se nourrir ou de respirer ; même un joueur de poker reconnu aux nerfs d'acier ne peut contrôler ces pulsions. Une épaule qui se meut dans un sens et pas l'autre, quelqu'un qui se gratte le dessous du nez ou l'arrière du crâne, une personne qui se rapproche ou s'éloigne physiquement d'une autre dans une conversation, pencher la tête dans un sens ou l'autre, la direction du regard par rapport à celle des membres selon la signification induite et/ou soulignée de ce dernier –instinctif ou intentionnel-…

L'être humain est une machine. Ni plus, ni moins. Ce n'est pas subjectif, mais un fait. Après que les gens l'acceptent ou non sciemment dépend de leurs choix, mais il reste invariablement sans aucun poids par rapport à la réalité ; ce qui n'est aussi qu'un constat. La réalité n'à que faire de ce qu'on pense d'elle ou non, comment on la considère ou non. Elle est telle qu'elle est. Point barre. Et pour ceux qui ne l'acceptent pas, ils finissent invariablement et ironiquement tous de la même manière : six pieds sous terre.

Leur rejet de cette réalité ne fait que me faciliter la tâche. Je n'ai pas à m'en plaindre, tout comme je n'ai pas à m'en réjouir. Car, comme on dit : il n'y a pas de meilleur sourd, aveugle et muet, qu'une personne qui ne veut ni entendre, ni voir, ni parler. C'est la différence entre une personne vivant dans la réalité et une autre dans l'illusion : accepter de voir la réalité telle qu'elle est, ou non. Il n'y a aucune alternative. Et concernant Matis, il n'y a que cette question qui se pose : qu'elle illusion veut-il prendre pour la réalité ?=
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«Ne vous êtes-vous pas demandée si c'était par peur qu'ils se montraient si prudent ?» Reprit-il posément.

«Peur ? Mais de quoi ?» Renvoya-t-elle perturbée.

L'homme posa son assiette doucement sur ses genoux, avant de reprendre d'un ton aussi clair et confident que possible.

«De perdre leur statu, par exemple.»


La demoiselle se tourna de la tête vers lui, figée dans la réaction interdite entre la surprise et celle qui n'osait pas admettre qu'elle y pensait effectivement. Une nouvelle fine et fluette esquisse de satisfaction point sur le visage du gouverneur en réponse à cette réaction.


«Je sais que vous comptez des amis dans la Ligue, des amis très proches en qui vous avez autant confiance que possible ; même probablement plus qu'en vous.» Avança-t-il respectueusement, et inconsciemment confirmé par l'attitude inchangée de la demoiselle. «Mais je me demande où va cette confiance de leur côté pour la vôtre.»

«Au moins aussi loin que la mienne.» Finit-elle par dire d'un ton aussi sûr que possible.

«Au point qu'ils ne vous disent rien de leurs affaires quand pourtant elles vous concernent directement ; qu'elles ont un réel impact significatif sur vôtre relation avec eux, sur vôtre vie ?» Releva-t-il d'un ton poli.

«Parce qu'ils s'inquiètent pour moi, au point de vouloir tout prendre sur eux pour que je ne risque rien…» Argua-t-elle faiblement ; comme avec une boule dans la gorge.

«Vraiment admirable et digne de louanges.» Confirma-t-il d'un sourire admiratif, avant de virer à un plus posé et réaliste. «Mais est-ce vraiment la meilleure chose à faire ; la meilleure attitude à prendre avec une amie, et ainsi –malgré toute l'estime que vous vous portez- vraiment la meilleure réaction à avoir ?»

La demoiselle ne répondit pas alors qu'elle se renfrognait dans son mutisme, sous le regard du gouverneur qui se voulait compréhensif et conciliateur.

«Mademoiselle Luna : je ne cherche absolument pas à remettre en cause l'amitié que vous porte vos amis et qui vous lie à eux. Bien au contraire.» Se présentait-il en menant sa main depuis le milieu de son torse dans sa direction en écartant lentement ses doigts comme une fleur, en signe de sincérité. «Mais je tiens juste à vous faire comprendre que parfois les actes dictés avec les meilleures intentions du monde peuvent mener à un mal terrible ; tout comme pour le Consortium…»

Un certain silence se fit alors que le gouverneur prenait une pause pour soupeser soigneusement ses prochaines paroles, pendant que la demoiselle l'écoutait en silence.

«A une époque, le Consortium n'était pas comme cela ; aussi suspicieux et méfiant vis-à-vis de la population dont il est sensé servir les intérêts. Cela n'est pas une relation qui se doit d'être entre un peuple et son gouvernement.» Reprit-il sur le ton contrit de l'homme du peuple qu'il incarnait. «Il s'agissait d'une alliance inter-archipels d'intérêt communs mutuellement bénéfiques entre les différentes entreprises et services pouvant contribuer le mieux possible à l'évolution amiable des relations entre les différentes îles, et donc de leurs gouvernements. Plus vraiment grand-chose à voir avec ce qu'elle est devenue aujourd'hui : une bande d'hommes d'affaires parlant en termes de profit et de perte par rapport à la population, adoubé d'un pouvoir rivalisant d'influence avec celui du gouvernement.» Il soupira d'un air dépité en secouant faiblement la tête négativement. «… Des marchands ne devraient pas être placés à la tête d'un état, et décider d'un droit absolu en lieu et place des habitants le constituant réellement. Cela n'abaisse cette alliance qu'à une forme plus archaïque de monarchie ; nos ancêtres n'ont pas payés du prix de leur sang de sortir de l'âge de l'Apostasie pour y retourner une fois de plus.»

La demoiselle restait silencieuse devant la tirade du gouverneur Matis, partagée en le silence d'attention et l'écoute respectueuse de la plaidoirie de l'homme. Mais parvint à émettre un avis.

«Mais… Que viens faire la Ligue dans tout ça… ?» Demandait-elle penaude et embarrassée.

Le gouverneur lui sourit avec une attention toute paternelle, comme étant attendrit par la naïveté de la demoiselle. Avant de reprendre un ton plus sérieux, tout en conservant cette apparence idéale.

«N'est-elle pas, elle non plus, censée montrer l'exemple à suivre aux yeux de la population ? En commençant par être honnête avec eux ?» Reprit-il posément. «La Ligue n'est pas une institution militaire ou privée, mais purement publique au sens le plus élémentaire du terme. Ce sont de simples citoyens ayant une affinité naturelle avec le dressage pokémon qui la compose, qui entretiennent une relation des plus ouverte et égalitaire avec le reste de la population : Il n'y a pas d'inégalité des sexes, discrimination d'âge, d'appréhension personnelle, ou encore de rapport avec le statu social ; n'importe qui, à partir du moment qu'il possède un pokémon et une volonté d'agir pour le bien de celle-ci, peut en faire partie. Même des enfants.»

Il s'arrêta un bref instant pour retourner à nouveau son attention sur elle, d'un air plus peiné.

«Alors pourquoi se montrent-ils de plus en plus réservés et privés, avec des sortes de schismes au sein même de ses relations inter-archipels ?»

«Parce qu'ils restent tous des humains, avec leurs forces et leurs faiblesses, leurs propres avis comme leurs propres convictions.» Répondit-elle simplement.

«Comme il l'a toujours été.» Convint-il sur le même ton. «Mais depuis l'histoire de la team Rocket avec le champion de Jadielle à leur tête, qui était considéré comme le plus fort de la région de Kanto à l'époque, et la formation des autres teams et de la recrudescence de leurs activités criminelle, contre lesquelles presqu'aucun champion n'a agit, c'est comme si d'un coup la population voyait que les champions n'accordaient en fait aucune importance à leur statu ni à leurs concitoyens…»


La demoiselle fit mine de vouloir émettre un avis contraire, mais se ravisa aussi rapidement en sachant que cela ne servait à rien. Car l'homme ne faisait que répéter ce qui était déjà dans les mœurs. Ce dernier nota la réaction inachevée de son interlocutrice avec une faible mine involontaire d'approbation.


«Depuis ces temps, les champions de la génération actuelle et la population sont séparés par une fine barrière invisible, mais néanmoins bien présente, à laquelle ils veulent vraiment et louablement remédier.» Il marqua une pause d'un air plus peiné. «Mais quand on a fauté quelque part et que l'on désire absolument se racheter, on en vient rapidement à oublier le sens des réalités et des priorités pour se concentrer exclusivement sur ses propres objectifs.»

«Au point de parfois ne même plus demander ou reconnaitre avoir besoin d'aide quand c'est le cas…» Continuait-elle d'un ton contrit ; auquel le gouverneur fit un léger oui de la tête.

«Mademoiselle Luna, je ne prétends pas vous espionner, pas plus que le reste de la population vous concernant en tant que citoyenne, mais je sais que c'est en partie grâce à vous que vos amis et leurs pokémons ont réussit à s'échapper de terribles situations –par deux fois. Vos actions démontraient une témérité indubitablement égale à l'attention que vous leur portiez, au risque d'aller au devant du danger et d'être en suite rabrouée par vos amies pour leur avoir désobéit. Je vous assure, qu'à titre personnel, j'en suis tout à fait admiratif.» Releva-t-il aimablement par la fin. «D'ailleurs, je suis sûr que même vos amis n'en pensent pas moins.»

La demoiselle détourna faiblement le regard, gênée par les éloges du gouverneur, mais conservait une autre part dépitée à même échelle qui la faisait rester réservée et silencieuse.

«Malgré cela, ils refusent toujours l'aide que vous représentez pourtant pour eux. Me trompe-je ?»

La demoiselle acquiesça malgré elle de part son silence plus éloquent qu'une réponse directe.

«C'est là tout le problème de la Ligue actuellement.» Reprit-il d'un ton déconfit. «Ils tiennent tellement à restaurer leur image et leur réputation d'antan qu'ils ne prêtent même plus attention à ceux qui pourraient les y aider. Prenez par exemple le maitre actuel : son projet de refonte du système de la Ligue en institution plus protectrice, avec l'accord et la participation des autres maitres, est tout à fait admirable ; mais d'un autre côté a modifié la Ligue d'une institution publique à une forme d'ordre semi-paramilitaire. Au détriment en partie du maintient plein et entier des traditions qu'elle est sensée représenter.»

«Mais ces modifications ont permit de démanteler les anciennes teams-»

«Les mêmes teams du grand marais de Verchamp ?» L'interrompit-elle posément, ce à quoi la demoiselle ne put répondre. «Mademoiselle Luna, les intentions de vos amies et de la Ligue sont plus que louables, mais cela n'est pas pour rien que nous avons l'armée et les forces de police ; avec lesquelles ils sont censés participer à l'effort de protection conjointement. Hors regardez comment ils se comportent actuellement : évasifs, discrets, secrets, voir parfois même se dissimulant par rapport aux obligations de leurs devoir moraux et civiques.»

«Parce qu'ils connaissent des vérités qui seraient plus dangereuses que bénéfiques si elles venaient à être connues.» Avança-t-elle dans une tentative de les défendre.

«Au point de se méfier de leurs alliés les connaissant pourtant ?» Renvoya-t-il d'un fin sourire au sous-entendu subtil décrivant sa relation avec la Ligue. «Certains secrets doivent être gardés, j'en conviens, mais pas vis-à-vis de ceux avec qui ils en partagent la nature par définition. Où est l'intérêt de faire passer sous silence et marginaliser les efforts des personnes étant au moins aussi intègres et sincères qu'eux, sans leur avoir même ne serait-ce que donner la possibilité de faire leurs preuves ? Il n'y en a aucun. La seule raison pouvant les pousser à adopter cette attitude contre-productive tient en un seul mot : l'orgueil.» Statua-t-il platement. «Il est le ver rongeant la pomme de l'intégrité insidieusement, sans rien laisser paraitre du changement depuis l'extérieur mais progressant fatalement jusqu'au cœur. Par orgueil les gens d'une certaine compétence viennent à croire qu'eux seuls sont capables de régler les problèmes nécessitant leur aide, sans jamais admettre pouvoir s'en remettre aux autres. Croyez-moi, j'ai déjà vu cela tellement de fois de personnes que je pouvais considérer comme des amis proches, au point de pouvoir les appeler mes frères, succomber à l'orgueil sans en avoir le moindre soupçon, et tomber en disgrâce par rapport à leur propre nature, que cela ne m'étonne plus de le voir s'afficher ouvertement même dans le cœur d'un enfant.»

Il eut finit sa phrase sur une note nostalgique et triste, comme se souvenant d'un passage de son histoire retraçant cette expérience ; à laquelle la demoiselle resta silencieuse.

«Ne laissez pas vos amies subir le même sort que ces gens là.» Finit-il par déclarer d'une voix convaincue.

«Mais comment ?» Demandait-elle presque comme perdue. «Jamais elles ne me laisseraient vouloir que je les aide sans prétexter que je suis trop faible pour ne pas me mettre inutilement en danger, et donc à m'écouter. Je ne peux rien faire…»

«Pas directement, c'est vrai.» Convint-il platement. «Mais indirectement, oui.»

La demoiselle se tourna vers le gouverneur surprise en réponse à sa déclaration, pendant qu'il reprenait à nouveau un petit four en profitant de cet instant pour sous-peser sa prochaine phrase.

«Que diriez-vous si je vous proposais une voie alternative. Dans laquelle vos compétences et vos efforts contribueraient grandement à leur réussite et à la restauration de leur grandeur passée, sans pour autant qu'ils n'en viennent à soupçonner vôtre participation, et ainsi émettre l'idée que vous remettez en cause leurs décisions –ce qui n'est pas le cas ?»

«… Et… Quelle serait cette voie… ?» Demanda-t-elle faiblement, mais intriguée.

«En travaillant conjointement pour la police en rejoignant une branche particulière du Consortium.»

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=Enfin : voilà la dernière ligne droite.=

«Travailler pour le Consortium… Moi ?» Répétait-elle interdite.

«Oui.» Confirma-t-il calmement. «Mais avant de fournir vôtre réponse, je tiens à vous assurer qu'il ne s'agit pas d'une branche directe du Consortium dans le sens où elle doit répondre à la majorité des voix composant ce dernier. Il s'agit d'une branche privée œuvrant dans le secteur public, à l'intérieur de laquelle ne se trouve que des personne de compétence et d'exemple même d'intégrité qui travaillent pour le bien commun ; et je me porte garant personnellement de chacun d'entre eux en vous assurant qu'ils sont dignes de confiance.»

«Mais… Que suis-je sensée y faire ?» Reprenait-elle perdue.

«Y apporter vôtre connaissance et vôtre compétence de maitresse des baies.» Répondit-il amusé de devoir souligner cette évidence, avant de reprendre sérieusement. «Une sous-branche entière dédiée à la culture et au développement des baies vous sera attribuée : vous travaillerez dans les conditions qu'il vous plait, il vous sera fournit le matériel et les ressources dont vous aurez besoin, dans un environnement dans lequel vous serez seule maitre à bord ; vous n'aurez de compte à rendre à personne, et ne serez soumise à aucune pression de la part de qui que ce soit. Pas même à moi.» Enuméra-t-il aussi posément que clairement.

«Mais… Est-ce que cela veut dire que je ne pourrais plus voir Flo ou Cynthia ?» Renvoya-t-elle d'une sérieuse hésitation.

«Je ne crains déjà qu'elles ne s'éloignent dangereusement de plus en plus de vous…» Fit-il remarquer poliment en indiquant au loin l'ancienne maitresse toujours en discussion avec l'inventeur des pokémontres. «Les évènements récents vont amener la Ligue devoir devenir de plus en plus active dans ses nouvelles prérogatives, et ainsi forcer vos amies à devoir se battre de plus en plus ; donc d'être de moins en moins en mesure de accorder l'attention qui devrait vous être dû…» Il marqua une courte pause pour se retourner à nouveau vers elle. «Mais vous pourrez continuer à les supporter malgré tout, et vous assurer que vos efforts contribueront certainement aux leurs.»


Un long silence s'installa alors, durant lequel la demoiselle restait interdite et silencieuse à devoir réfléchir à la réponse qu'elle devait donner ; à mesurer soigneusement ses conséquences. Mais alors qu'elle réfléchissait, la musique de l'orchestre s'arrêta de nouveau pour ce qui devait être la dernière pause de la soirée avant la dernière valse ; en même temps qu'il semblait que l'ancienne maitresse ait finit de s'entretenir avec Mr Drayfus pour commencer à chercher la demoiselle du regard.

A peine eut-il remarqué cela que le gouverneur se leva, après avoir récupérer leurs assiettes et leurs verres pour les poser sur le service, puis revint vers la demoiselle en lui proposant sa main pour se lever.


«Avant de me donner vôtre réponse, mademoiselle Luna, pourriez-vous m'accorder la grâce d'une dance ?» Demanda-t-il d'un sourire poli.

La demoiselle resta un instant figée sur place par la proposition du gouverneur ; qui lui tendait toujours la main avec la même obédience que s'il s'adressait à une fleur.

«C'est-à-dire… Je ne sais pas danser…» Répondit-elle à la limite de l'apeurement.

«Ce n'est pas difficile ; il vous suffit juste de suivre mes pas.» Avançait-il d'un air rassurant. «Mais si vous trouvez cela déplacé je ne vous forcerais pas, et nous en resterons là.» Déclara-t-il en courbant humblement devant la demoiselle.

«Non !» S'exclama-t-elle timidement avant de s'excuser platement. «Je veux dire… Je ne peux pas toujours rester cachée à l'abri des regards. Je dois commencer à essayer de les assumer si je veux pouvoir un jour changer, pour elles…»

«Cela veut dire oui ?» Redemanda-t-il posément.

«…Oui.» Répondit-elle docilement en acceptant sa main.

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Au même instant, à plusieurs mètres de là, l'ancienne maitresse mettait finalement fin à l'entretien et aux négociations privées avec Drayfus, le délaissait à nouveau aux côtés de son épouse (aussi dans l'affaire) pour commencer à chercher la demoiselle de vue en commençant à se diriger vers les coins les plus éloignés des buffets ; elles pouvaient rentrer dès à présent, et ne doutait pas que c'était sans doute ce que voulait la demoiselle.

Mais au moment où elle s'approchait du dit buffets en contournant la masse circulaire d'invité, un murmure de retenue général lui parvint alors qu'elle voyait que toute l'attention était désormais entièrement concentrée vers le milieu de la salle, pour la dernière danse de la soirée. Intriguée, elle donna un coup d'œil furtif pour voir de quoi il en retournait, et se figea littéralement sur place en voyant le gouverneur s'avancer sur le côté de la piste de dance… En compagnie de la demoiselle à la robe d'albâtre, main dans la main.

Avant même qu'elle ne puisse se remettre du choc initial de cette révélation (bien plus atteinte que le reste de l'assistance), ce dernier se mit à élever la voix vers l'orchestre lorsqu'il se rendit compte que celui-ci ne réagissait pas.


«Messieurs, il y aurait-il un problème ?» Releva-t-il aimablement ; et à la réponse hésitante, mais négative de ces derniers, il reprit. «Alors, musique je vous prie.»

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[ Ambiance. Même si j'ai pas trouvé une version étendue qui aurait mieux rendu.]
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Alors que la musique commençait à jouer, le gouverneur montrait les premiers pas lentement à la demoiselle, sans tenir compte du tempo de la musique ou du regard des invités ; en l'incitant juste à le suivre à son rythme. D'abord le premier pas-de-valse au premier temps, gauche pour lui et droite pour elle, plus déplacé que les suivant, qui suivaient dans la même logique. Puis s'arrêter pour continuer au second enchainement, droite pour lui et gauche pour elle, en respectant la marche à suivre. Enfin arriver au bout de l'enchainement, ils effectuèrent un tour complet pour recommencer à avancer en ligne droite et tenir la ligne de danse.

Pour la seconde fois, toujours à cette vitesse réduite pour lui permettre de maitriser à son rythme la dance, le gouverneur se contentait de lui dicter la voie en la laissant se calquer lentement sur ses mouvements ; qu'elle eut vite fait de suivre sans accrocs. Puis à la troisième fois, arrivant à le suivre au même niveau que lui, leur vitesse augmenta automatiquement jusqu'à se synchroniser avec celle de la musique ; dansants en parfaite harmonie avec le tout. Devant un public silencieux qui voyait le gouverneur s'être mit à sourire.

La valse continuait tandis que les deux danseurs, la novice et l'émérite, se laissaient emporter par le mouvement, jusqu'à passer outre les limites du trois temps en évoluant vers le cinq temps ; en brisant à nouveau le rythme avec la musique en ne prenant plus compte de ce qu'ils les entouraient.

Puis la musique les rattrapa alors que les musiciens sur la scène, comme hypnotisés par la dance d'une rare fluidité, faisaient tout leur possible pour la rattraper en accélérant le tempo de leurs instrument. Mais eurent-ils à peine rattrapé le cinq temps que les danseurs, qui ne semblaient connaitre aucune limite, évoluèrent à la fin de l'enchainement à cinq temps vers le huit temps ; gagnant encore en fluidité et en vitesse malgré la complexité de l'enchainement.

Les pas se suivirent, se piétinèrent par le rythme. Sur le côté, en avant. Soulignés par le mouvement comme emportés dans une tornade née de l'alizée d'été du Nord. Les musiciens suivaient tant bien que mal la cadence entre la gracile demoiselle blanche et le ferme gouverneur noir et poussaient leurs capacités dans leurs derniers retranchements, alors qu'ils parvenaient finalement au onze temps ; et commettre l'exploit de le tenir et le mener à la perfection.

La piste s'était vidée de tous les autres couples depuis l'approche du cinq temps, si bien que seuls restaient au milieu les deux danseurs ; dont tout semblait les séparer, mais qui pourtant se complétaient dans l'art du ballet de soirée. L'assistance entière faisait silence à suivre avec une attention aussi religieuse que soumise par la danse, d'une perfection chorégraphique digne des plus grands, et pourtant au parfum captivant et unique de la première fois. Les deux se suivants et se menant respectivement dans l'image élégante d'un pilier d'ébène sous la lumière du jour, qui se jouait d'elle en dansant avec son ombre lilial qui se mouvait avec la volupté d'une brise éthérée sous le couvert imperturbable de son hôte ; évoluant à l'abri entre ses bras sous la protection de sa noble garde.

Du dernier temps du dernier enchainement, alors que les musiciens éreintés arrivaient au bout de leurs accords, les deux danseurs exécutèrent le dernier tour venant clore la valse dans la posture romantique dictée par l'expérience du gouverneur, emporté par l'émotion et la nostalgie : La demoiselle penchée de côté légèrement à l'arrière avec la fluette image d'une fine fleur, maintenue à la hanche par le gouverneur légèrement penché au dessus d'elle ; au même instant que le pendule de l'horloge ne résonne de son coup grave pour indiquer la nouvelle heure. Tous les deux figés dans la scène du premier bal à se fixer intensément dans les yeux ; alors qu'elle le regardait directement dans les siens d'un vert d'eau splendide, et que lui (de part sa longue chevelure noire qui les cachait, mais désormais tombante qui les dévoilait) ne voit ceux d'un ambre aussi intense que l'or de la demoiselle en retour.

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Au bout d'un instant paraissant une éternité, souligné uniquement par le gong de l'horloge, la demoiselle s'enquit à connaitre la raison d'une si longue «absence» ; qui mine de rien les menait à un embarra plutôt conséquent quand elle indiquait timidement l'attention générale posée sur eux. Le gouverneur se prit à fermer les yeux pour se soustraire aux siens, avant d'esquisser un fin sourire en relevant galamment la demoiselle, puis de se saluer de façon distinguée entre deux danseurs ; lui en s'inclinant à l'avant le bras droit plié sur le torse, la main sur le cœur, puis elle d'incliner les genoux en relevant légèrement et diligemment sa fine robe en la tenant par un bout dans chaque main.

Malgré tout le silence se maintenait, alors que pas un seul invité, ni même personnel, ne pensait à même pouvoir ne serait-ce que se mettre à réagir à ce spectacle digne d'une représentation officielle. Jusqu'à ce qu'une personne ne commence à applaudir de ses deux mains, dans sa robe d'un noir de jais opposée à celle d'albâtre de la demoiselle. Puis d'être ensuite reprise au fur et à mesure par de plus en plus d'invités, dans des applaudissements de plus en plus forts. Jusqu'à finir en une véritable ovation à l'égard des deux danseurs de cette magnifique chorée ; qui fit se tourner la danseuse sur elle-même pour regarder naïvement étonnée l'assistance tout autour.

Alors que l'ancienne maitresse se mettait à rejoindre la demoiselle au centre de l'attention, celle-ci s'était arrêtée dans sa rotation pour reporter son attention vers le gouverneur, qui prit l'initiative de lui répondre avant même qu'elle ne pose la question.


«Pardonnez mon absence, mais je ne me souviens pas n'avoir jamais plus dansé aussi passionnément qu'avec ma femme ; pendant un instant, j'ai vraiment cru être retourné dans le passé…» Se justifia-t-il d'un sourire formel mais agréable. «Je n'arrive pas à croire que j'ai pu me laisser emporter à ce point dès les premiers pas, alors que vous êtes censée être novice de vôtre première fois.»

«Je ne sais pas quoi vous dire.» Renvoya-t-elle simplement. «Si ce n'est que cela m'apparaissait si naturel et évident que je n'ai fait que suivre vôtre mouvement ; comme ayant l'impression d'avoir déjà fait ça avant…»

«Vous êtes décidément pleine de surprise et de ressources. Je me réjouis d'avoir eu la chance de m'être fait accorder cette dance, et vous en remercie sincèrement.» Rendit-il en s'inclinant à nouveau.

La demoiselle fit de même en retour pour renvoyer la politesse, alors que l'ancienne maitresse finit à son tour par les rejoindre ; le visage aussi agréablement surprit qu'ébahit par leur performance.

«Luna, c'était magnifique !» Déclara-t-elle simplement. «Tu m'avais cachée que tu avais un tel talent.»

«Mais, comme je l'ai dit à monsieur Curtis, c'est la première fois que je dance.» Reprit-elle à nouveau timide en présence de la jeune femme, qui lui rendit des yeux ronds à sa réponse.


Puis, alors que l'ovation cessait, ce fut finalement au tour des invités les plus «nuisibles» de faire leur entrée en la présence des journalistes et autre photographes paparazzis, qui furent autorisés d'entrée par Mr. Décorum en convenance de l'heure prévue ; faisant immédiatement réagir la jeune femme.


«Oh, je crois qu'on ne va pas trainer d'avantage dans les parages.» Reprit-elle en regardant sa Némésis. «Luna, j'ai finit de mon côté : on peut partir quand tu le souhaites.»

«Euh… Maintenant c'est possible ? Sauf vôtre respect gouverneur…» Fit-elle en s'excusant ouvertement.

«Bien sûr ; je vais tâcher de couvrir vôtre fuite.» Proposa-t-il innocemment aux demoiselles. «Mais avant cela, mademoiselle Luna : pouvez-vous me donner vôtre réponse par rapport à ma proposition ?»


La demoiselle restait silencieuse, tandis qu'elle passait lentement de la jeune femme (coi devant le fait d'apprendre que pendant qu'elle faisait ses affaires avec Drayfus, la demoiselle en fit de même avec Matis) au gouverneur –posément impassible en attendant sa réponse. Puis de finalement se décider.


«Vôtre proposition est vraiment généreuse, gouverneur Matis, mais je vais devoir la refuser.» Rendit-elle calmement, tandis qu'ils l'écoutaient posément. «Je sais que cela peut paraitre aussi égoïste qu'orgueilleux, mais si je pars sans même chercher à comprendre les raisons de leurs choix, cela voudrait dire que je remettrais en cause la relation que j'entretiens avec elles et à laquelle je tiens énormément.»

«Même si vous savez qu'elles risquent de jamais vous en faire part ?» Releva-t-il aimablement.

«Même si elles ne me disent rien, je sais qu'elles ne me cacheraient rien sans une bonne raison ; parce que le silence est aussi dur qu'une vérité quand on tient à conserver son amitié. Alors, même si elles me mentent, je choisirais de toujours leur faire confiance.»


La réponse obtint une forme surprise pour la jeune femme s'étant comprise concernée, avant d'esquisser un sourire aussi agréable que soulagé en conséquence d'apprendre où elles étaient placées dans son estime. Tandis que de son côté le gouverneur se contenta simplement de courber une dernière fois devant la demoiselle pour accepter sa décision.


«Je n'ai plus qu'à vous souhaiter bonne chance pour l'avenir.» Déclara-t-il simplement.

«Et j'espère qu'un jour vous réussirez ce que vous entreprenez vous aussi.» Renvoya-t-elle aimablement.

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Alors que les journalistes s'étaient mis à accourir vers le centre de la pièce où se trouvait le gouverneur, et que les demoiselles avaient prises en conséquence la tangente vers le jardin à l'opposé sous l'impulsion de l'ancienne maitresse ô combien vive et rapide (histoire de se tirer par la porte de derrière sur un volatile bleu-blanc-rouge), celui-ci se mit à soupirer faiblement pour lui-même en conservant son sourire formel, en regardant la demoiselle blanche suivre tant bien que mal celle de noire évoluer au loin sous le ciel étoilé.


«Ne vous inquiétez pas, je l'ai déjà réussit ; grâce à vous.» Se mit-il à soliloquer doucement. «Quel dommage que le destin ait juste déjà choisit son camp.»


Il se mit à regarder tranquillement le ciel obscur étoilé de la nuit, et voir la silhouette des deux jeunes femmes au loin disparaitre dans le noir du vide du croissant de Lune ; le dernier d'entre tous.


[A suivre.]

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[Bonus : bon alors toute la section là contient aussi les clins d'œil du chapitre précédent, histoire de pas faire dans la dentelle et surcharger le barlingue ; donc tout ce qui tien là je ne le compte pas comme taille du chapitre, ok ? Ben alors c'est partit.

On commence par le Vaapad, qui est inspiré de l'une des formes de combat au sabre de Star Wars ; la forme VII (ou 7) nommée Juyo pour les Jedi, et plus précisément Vaapad pour la forme Sith. Globalement, sa description est mot pour mot celle du Vaapad de Star Wars, et est surtout la forme de combat employé par le personnage sans doute le plus charismatique de l'histoire pour moi après Dark Vador : L'Empereur Palpatine, ou Dark Sidious.

On enchaine avec la phrase en anglais de la matriarche, qui est un clin d'œil à la politique de surveillance célèbre «Big Brother Watching You» (littéralement : grand frère te surveille), qui ici devient «You can't hide nothing to Big Mama» (littéralement, bien que sujet à l'interprétation : Tu ne peux rien cacher à grand-mère ; big pour grand et mama pour mère.)

Ensuite le coup de Cynthia en femme fatale avec les pokéball cachées sous la robe, c'est franchement du gros classique ; même si ça reste toujours aussi tripant. Et quand à Donatello Giovanni, même si je kiffe les tortues ninjas, là j'étais vraiment en panne d'inspiration et trop fatigués pour me sortir les doigts du [avaltou] pour trouver un truc plus classe.

Enfin voici l'explication concernant le titre du double chapitre de soirée : Kyoka Suigetsu ; du proverbe chinois passé dans la langue japonaise qui, littéralement, veut dire : reflet, fleur, eau, lune. Et dont l'équivalent français contient le principe «Les apparences sont parfois trompeuses.»

Pour vous faire une meilleure image : imaginez un cerisier en fleur rose, au milieu d'un lac calme, sous un ciel de nuit avec la pleine lune, et cette même scène se reflétant dans l'eau du lac ; strictement identique l'une à l'autre. Puis, d'un coup, l'un des pétales du cerisier se détache pour tomber lentement vers l'eau, en plein sur l'image reflétée de la lune, mais que lorsqu'il touche finalement l'eau, c'est en fait l'image du dessus qui se brouille… Vous regardiez l'image à l'envers en pensant que c'était l'endroit, et vous croyiez que le reflet était l'original, et pas l'inverse, mais en fait vous n'aviez aucun moyen de le savoir avant que le pétale ne révèle le tout ; pétale dont vous ne connaissiez pas la véritable nature lui non plus. C'est ça Kyoka Suigetsu.]