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Misanthropie, mon Amour. de HamsterNoeliste



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Informations

» Auteur : HamsterNoeliste - Voir le profil
» Créé le 20/12/2010 à 17:45
» Dernière mise à jour le 20/12/2010 à 17:46

» Mots-clés :   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance

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Chapitre 10 : Réversibilité
~Paradoxe~
-Pokémon HeartGold & SoulSilver - Team Rocket Battle
-Chrono Cross OST - Dragon God
-Super Metroid - Lower Brinstar

Dans un monde aseptisé par l'ennui et l'affectif, tout recommençait pour les trois. Tentant de rester aussi lucide que possible, ils se rejoignaient à Safrania, ville à laquelle ils avaient maintenant accès. Kafei ne cultivant plus d'espoir quant à ses relations, il en était venu à dédaigner tout amour. Qu'il aime ou qu'il n'aime pas, peu importe ; qu'on l'aime ou qu'on ne l'aime pas, peu importe. Mais cela ne l'empêchait pas d'appréhender ses retrouvailles avec Laël. Elle était son passé resurgissant par lequel il était rongé, son seul affectif, sa seule faiblesse, et il devait bel et bien l'affronter.
Dehors, l'hiver était tombé et glaçait déjà les pensées. Mais il n'avait rien d'un hiver aussi blanc qu'insouciant, tant les fumées et la mécanisation de la ville faisaient fondre les neiges, qui cherchaient désespérément à recouvrir les gratte-ciel de leur pure couverture. D'une couleur verdâtre, elles s'écrasaient pathétiquement par terre. Aucun doute, tout était fini, allait finir, allait peut-être finir.

Devant l'ancien Dojo, devenu un centre construit en acier, où se déroulaient des combats virtuels dénués de toute humanité, les exemples ne manquaient pas. Kafei et Zelda ne prenaient pas la peine de s'encombrer l'esprit avec tant de bêtise ; dans une ville si ravagée, il n'était pas besoin de chercher de richesses. Mais surtout, Laël les rejoignait, ici, à ce moment. Le processus était désormais enclenché.
-Ah, vous êtes là vous ? plaisanta-t-elle, insouciante, comme à son habitude.
-Les blagues ne prennent plus, déclara Kafei sans rire.
-Ça va, je plaisantais juste !
-Puisque ça ne me fais pas rire, ce n'est pas la peine.
-C'est toi même qui l'avais faite, avant.
-Avant ! cria-t-il.
Laël remarqua sa froideur. Elle se tût.
-Tu as quelque chose à dire ? demanda Kafei de son cynisme réputé.
-Qu'est ce que tu veux que je dise ? Tu veux encore que je te fasse croire que tu peux m'aimer ?
-Aimer ? Moi ? Tu te fous de moi ?
Il éclata de rire, ironiquement, pour souligner cette telle absurdité.
-Oui, c'est ça, tu te fous de moi, ajouta-t-il lucidement.

Zelda posa sa main sur l'épaule de Kafei, en signe de réconfort, pour le consoler. Kafei la repoussa, sans pour autant vouloir la vexer. Mais ce fut le cas.
-Si tu ne veux aimer personne, tu peux le dire, répliqua-t-elle d'un ton sévère.
-Je l'ai dit.
-Tu l'as dit, soupira-t-elle. Mais qu'est ce que c'est que cette lubie ? Tu ne peux quand même pas construire toute ta vie affective sur Laël !
-Mais qu'est ce que tu me racontes ? Pour qui crois-tu te prendre ?
-Calme-toi, conseilla sereinement Laël.
Kafei afficha un air méprisant, considérant tous leurs pseudo-conseils comme des futilités qu'il détestait tant. Il fixa Laël, puis déclara sous un air arrogant :
-C'est normal que quand je te voie j'ai envie de te baffer ?
Puis il partit devant, Zelda à ses côtés.

Comme ils devaient faire à chaque étape, ils se dirigeaient vers l'Arène pour obtenir leur Badge Marais, et repartir de ce lieu civilisé au plus vite. L'arène ne changeait pas de ce qu'ils connaissaient. Elle était en effet parquée de blocs en une matière d'imitation métal, d'un violet foncé purement agressif, et de plaques en verre opaques aux motifs psychédéliques. Cette charge de couleurs aveuglait les Dresseurs, les empêchant de chercher une voie vers la Championne. Tout était caché, tout était faux. Laël fit remarquer amèrement aux autres :
-Premier exemple.
-Oui. Déjà, répliqua Kafei en la laissant dans ce jeu.
Il assumait de ne pas savoir si elle jouait un jeu pour cacher sa stratégie, mais si tel était le cas, cela ne l'étonnerait pas. La Championne, désormais à portée des combattants, était restée comme jeune malgré le quart de siècle déjà passé. Comme beaucoup de femmes de son temps, elle refusait de composer avec ce dernier, et avait donc tout mis en oeuvre pour conserver une jeunesse apparente. Mais comme tout ce qui existait ici, rien n'était naturel, la maîtresse même des pouvoirs psychiques se cachait derrière sa fausseté. Botox, chirurgie esthétique, elle avait dépensé un maximum pour lutter contre sa propre image.
Kafei obtenait vite la réponse à son doute. Laël, intéressée par le maniement des Pokémons de la Championne, rentra dans son jeu et finit par combattre à ses côtés.

-Deux contre deux, c'est déjà plus équilibré, non ? Après tout, puisque je n'aime personne, autant m'allier avec une qui se développe très bien seule, à mon image, déclara-t-elle ironiquement avant de se lancer auprès de Morgane.
En effet, Morgane était aussi sûre d'elle, et affichait un calme olympien durant le combat.
Ce qui ne dérangeait pas les trois Dresseurs, qui ne se perdaient pas non plus dans des ordres et des désirs agressifs. Kafei s'en moquait, plus rien ne l'étonnait de la part des autres. Même s'il perdait. Car effectivement, il avait perdu.
En utilisant des moyens moins loyaux que sont leurs objets, lui et Zelda auraient pu sauver leur honneur. Mais la spontanéité de cette dernière l'empêchait d'avoir prévu de quoi s'en sortir, même si la ville entière lui tendait les bras pour acheter ses besoins.
Malgré sa haine envers Laël et ses stratégies, la perversion de la société avait pris le dessus sur son équipe.
Pour une fois, ils ressortaient sans Badge, et n'étaient pas prêts à réessayer de sitôt. Zelda, assurée que Laël ne l'accompagnait pas encore, lança :
-Troisième exemple.
-Seulement ? s'étonna Kafei en riant.
-Excuse-moi de rester optimiste.
-Excuse-moi de connaître la nature humaine et de vouloir rester logique.
-Oh, tu sais, la logique...
-Au point où elle en est...
Zelda le regarda dans les yeux, mais il détourna son regard.

Ils ne voulaient même plus retenter le combat. Personne n'allait jamais au fond des choses, donc s'il fallait s'adapter à la nature humaine, à quoi bon vouloir intellectualiser à tout prix ? Kafei préférait en rire qu'en pleurer, tant il sombrait dans l'absurde. En respirant l'odeur d'imbécilité dégagée par la fumée des immeubles qui lui piquait les yeux, il déclara dans un soupir étouffé :
-Depuis combien de temps je n'ai pas pleuré ?
Il ne cherchait plus à corriger l'imprévisibilité de Zelda, même s'il lui avait déjà rappelé à Céladopole qu'elle finirait par en être victime. Laël vint à sa place la provoquer, en la remerciant ironiquement de n'avoir pas utilisé d'objets. Elle reçut une claque en échange.
Après s'être remis de leurs humiliations et avant de sortir de la ville, tous trois entrèrent dans un des nombreux centres commerciaux, sinon pour s'approvisionner, du moins pour se réchauffer.
-Laël...Besoin de quelque chose ? demanda Kafei tout en frottant ses mains.
-Non. J'ai planifié mes achats avant de partir, j'ai suffisamment géré, et je n'ai pas besoin de dépenser davantage.
À ces mots, tandis que Zelda à l'inverse demanda des Rappels et des Baies, Kafei se réfugia dans ses pensées en se voyant finir drogué.

Au moment où ils sortaient, Giovanni apparut devant eux, les considérant de toute son arrogance. Laël reconnaissait tout de suite ce grand-père par ses cheveux ni noirs ni gris, par ses traits tirés et agressifs, malgré le peu de moments qu'elle eût pu partager avec lui. Il n' appréhendait pas sa petite-fille de la même façon que son propre fil, il n'avait rien à craindre. Il ne la connaissait presque pas mais pouvait autant se servir d'elle :
-Laël. Bonjour, petite fille, déclara-t-il sereinement. Comment va ton père ?
-Allez donc lui demander. Vous êtes seul responsable de son état.
-Je croyais que lui seul se sentait responsable de lui-même. Tu le connais donc si peu ?
-Je ne suis pas mon père. Je ne suis pas son porte parole. Il me communique ce qu'il peut et veut me communiquer, il tient à moi vous savez. Ce n'est pas à moi que vous devez demander des comptes. Vous me manipulez, vous vous servez de moi comme de n'importe qui, parce que vous n'avez aucun moyen de vous sauver vous-même. Vous pouvez à votre fantaisie vous faire passer pour un arrogant empereur du mal qui agit d'autant plus sans raison, mais vous ne réussirez jamais à trouver les réponses que vous cherchez. Allez-y ! Haïssez votre fils, abandonnez-moi, rejetez jusqu'à vos larbins qui ne vous conviennent jamais, aimez-vous, et le jour où vous vous écraserez comme cette vulgaire flaque de neige, espérez toujours que l'on vienne vous rattraper. Alors, si vous avez vous seul foutu en l'air la vie de mon père, ne venez pas vous plaindre si vous perdez votre fils.
Giovanni se mit à rire nerveusement.
-Tu ne me mettras jamais en défaut, petite orgueilleuse, déclara-t-il pour tenter de sauver son honneur déjà perdu. Une fille qui se rebelle contre son grand-père par de longues phrases, que c'est touchant ! Que comptes-tu faire contre moi ? Tu veux que je t'explique les raisons qui me poussent à agir comme n'importe quel méchant ? Et bien je n'ai pas de raisons. Je n'ai rien qui m'a poussé hors d'un droit chemin, tout simplement parce que je n'avais pas de droit chemin. Je suis peut-être un sale con, mais je n'ai pas peur de l'affirmer au moins. Je te l'ai dit, tu ne peux rien contre moi. Tu me vouvoies déjà.
-Si je vous vouvoie, c'est seulement car vous êtes assez loin de moi pour que je vous considère comme mon grand-père, lui lança-t-elle en guise de coup de grâce.

Ayant déjà perdu la face mais ne voulant pas le reconnaître, Giovanni poursuivit sa direction initiale en emportant ses vices avec lui. Laël avança aux côtés de Kafei, qui lui déclara après l'avoir longuement observée :
-Oui, j'ai toujours tout appris de toi.