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Misanthropie, mon Amour. de HamsterNoeliste



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Informations

» Auteur : HamsterNoeliste - Voir le profil
» Créé le 21/11/2010 à 15:40
» Dernière mise à jour le 16/02/2011 à 16:11

» Mots-clés :   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance

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Chapitre 9 : Je pleus
Le vent l'emportera :
-The Legend Of Zelda : The Wind Waker - Title Theme
-Da Silva - Les plus belles lettres
-Léo Ferré - Avec le temps

Le printemps s'était enfui. Les heures, les jours, les nuits avaient passé assez longtemps pour que la rupture s'opère. Ils venaient de recevoir leurs premiers Pokémons, avaient commencé une aventure dans l'espoir et l'enthousiasme, et pourtant, en deux jours seulement, l'esquisse de la lassitude était apparue dans le groupe. Kafei le premier regrettait amèrement ces futilités consensuelles, cet espoir qui l'accompagnait, lui et ses compagnes, au départ. Mais l'espoir de quoi ? Quel espoir ? Tout lui semblait insensé, comme si l'on voulait absolument rechercher un peu d'amour et de réflexion dans cet océan de boue, comme si ce désir ne l'ennuierait jamais. Lui-même et les filles pensaient que leur vie pouvait changer à partir d'une seule journée. Deux jours plus tard, tous avaient l'impression d'avoir vécu des mois ; mais rien n'avait changé durant. Ils s'ennuyaient juste assez pour déclarer une trêve qui leur servirait de réflexion préalable, comme s'ils n'avaient rien préparé avant de partir. Kafei se doutait bien que la spontanéité de Zelda n'aurait pas empêché une décision trop vite prise, mais depuis le début, il doutait de tout. De tout ce qui lui paraissait absurde.

Tout lui paraissait absurde. Les raisons qui l'avaient poussé à entamer et abandonner aussitôt lui étaient floues. Peu importe ce qu'il voulait chercher, toutes ses réponses et déductions ne pouvaient pas se rejoindre. Mais il ne voulait résolument pas s'adapter. Car, même s'il se prétendait misanthrope, il ne pouvait pas démêler la condition du groupe et celle de la nature humaine, et cela le plongeait en pleine contradiction. Mais il avait appris à connaître Laël, et sa lucidité confirmait ses peurs ; Elle ne voulait pas de lui, ni de personne d'ailleurs, et il s'était beaucoup trop longtemps obstiné à l'aimer. Alors, fort de cette conclusion, il se rendait à l'évidence : Il devait faire son deuil et l'oublier. Il s'aidait tant bien que mal, concrétisait ses idées pendant tous ses mois, écrivait, se cultivait, s'isolait, pour au final évoluer. Son évolution se remarquait, on le trouvait plus froid et calculé, à l'instar de Silver qu'il admirait tant. Son passé spontané et optimiste était d'ailleurs regretté par la plupart, mais qu'importe, il l'avait depuis longtemps laissé derrière lui. Maintenant Kafei se reconnaissait, voilà ce qui lui était essentiel. Les autres lui avaient fourni un regard nécessaire pour qu'il se forme et se corresponde à lui-même, il n'en avait donc plus besoin.

Seul, en plus d'écrire, il fréquentait d'autres personnes qui possédaient une expérience semblable à la sienne, et étonnamment, elles ne manquaient pas à l'appel. Il retrouvait surtout Silver, qui restait une figure énigmatique. Il voulait percer son esprit, pour y rechercher une essence afin de mieux le comprendre, de savoir ce qu'il cachait. Kafei voyait en Silver un initiateur sur les sentiers de la vérité, qui voulait le prendre sous son aile comme peuvent uniquement le vivre un père et un fils. Mais Silver avait changé et avait déjà une fille. C'est ce qui empêchait Kafei de se détacher de l'image de Laël, mais il s'obstinait à accepter son choix quoi qu'il fasse. Bien sur il n'en percevait rien chez ce père, mais profondément les évènements de Safrania le bouleversèrent. Il se moquait éperdument de ces enfants, de ce qu'il pouvait éduquer ou abandonner. Tout l'avait bousculé, il se rapprochait ainsi de plus en plus de Kafei. Mais à l'instar de sa fille, il ne voulait plus partager. Ils étaient tous trop semblables.

De son côté, Zelda cherchait également quelqu'un qui lui correspondrait. Elle ressentait presque un manque, elle qui avait commencé à marcher aux côtés de Kafei pour construire une éventuelle, mais espérée, passion avec lui. En tant que voisine, elle le rejoignait régulièrement pour sortir, ils parlaient ensemble de lettres et du néant, de la pluie et du beau temps, même s'il pleuvait le plus souvent. Mais ce temps était fade et vide, même les échanges, qui n'avaient d'échange plus que le nom, n'avaient plus aucune profondeur, même Zelda n'y percevait plus rien. Mais elle voulait toujours voir, même si elle ne savait pas quoi, même la plus infime once d'espoir, même le plus petit atome d'amour. L'amour et l'espoir...C'en était si ridicule. Kafei écrivait désormais amour sans majuscule, parmi les occurrences dans ses écrits. Il ne voulait absolument pas s'illusionner, et c'est au grand dam de Zelda qu'il ne croyait plus en cet affectif futile et imaginaire. Il avait désormais choisi de ne pas aimer, et assouvissait ainsi sa vengeance face à Laël.

Pourtant, fatalement, il allait la revoir. Tous se devaient de continuer leur quête, ensemble, après cette trêve. Leurs examens réussis, ils entraient dans leur année terminale de scolarité. Entre temps ils avaient chacun forgé leur équipe, et poussé leurs Pokémons selon leur propre logique. Pour preuve de leur entraînement, deux nouveaux Badges étaient en leur possession, Foudre et Âme, obtenus par chacun de leur propre côté. Ils étaient prêts à entrer dans le monde impitoyable qu'ils connaissaient désormais, avec des compétences de combat sûres. Napsinthia, drogue de Kafei, était devenu son poison ultime, sans pitié et vicieux. Maintenant capable de gérer une position sur deux pattes aussi bien que sur quatre, le scorpion violacé pouvait s'adapter à de nombreuses situations. Ce dernier Atrogotus était de taille à rivaliser avec son maître.
Étrangement, Phazraa, la dernière évolution du Pokémon de Zelda, se rapprochait de celui de Kafei. Une plante grimpante et agile, dont le corps sombre et fauve témoignait d'une soif de vengeance haineuse. Tous se correspondaient idéalement.
Sauf Laël. Bien qu'elle eût la réputation d'être une excellente combattante, son Pokémon entrait totalement en contradiction avec elle. Graphèris n'avait pas évolué, mais sa maîtresse ne voulait pas se rendre à l'évidence. Il voulait se sentir utile à un groupe pour être heureux, mais ce besoin n'était reconnu par personne. Pourtant elle l'aimait, elle le protégeait à l'extrême, mais cela n'avait aucun intérêt. Même pour un Pokémon.

L'hiver tombait enfin. Dans le brouillard glacial, ils se juraient que tout était mieux avant. Tout, sauf l'avenir.