Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La Faucheuse. de T-Tylon



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 10/11/2010 à 20:03
» Dernière mise à jour le 10/06/2011 à 23:52

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Über Nacht.
(« De nuit »)



Sinnoh. Floraville. Aux confins des profondeurs du chemin rocheux, Holo-salle d'entrainement.

Lundi 12 Avril. 21 heures 10 minutes.



Dans la salle holographique, la Faucheuse étudiait en détail les plans de la ville de Verchamps représentée en 3D par la SCS avec une précision de l'ordre du millimètre ; on se croyait vraiment dans la ville.

Le sol « glissait » sous ses pas au fur et à mesure qu'elle « avançait » dans la représentation de la ville. L'holo salle était construite de telle façon qu'elle pouvait prendre plus ou moins la forme de n'importe quel terrain, à certaines exceptions près. La salle était carré et aussi immense qu'un petit stade, et le moindre centimètre carré était capable de produire un hologramme en guise de faux fond, ce qui donnait une impression de grandeur et de réalisme sans pareil. Chaque dalle faisait précisément 2 mètres sur 2, les dimensions étant indiquées par de fines lignes noires, et ces même dalles étaient coupées à l'intérieur en plusieurs petits carrés de tailles égales, jusqu'à la plus petite mesure que la SCS est pour l'instant capable d'offrir ; le millimètre.

Dimensions de la grotte oblige, la SCS n'a pas pu physiquement creuser un plafond de plus de 5 mètres de hauteurs, et cela l'empêche de reproduire en condition réelle des simulations d'altitude, comme des montagnes, ravins, ou bâtiments ; La seule autre solution qu'elle pu trouver fut de fournir un « faux-vide » à la salle lorsque ces conditions sont exigées. Ainsi, quand le Faucheuse lui demande de recréer un bâtiment –ou autre chose dans le genre-, ses dalles prennent la forme de piliers pouvant s'encastrer dans le plafond et peuvent continuer de « monter » ou « descendre » selon le même principe qu'un escalator, en un brin plus sophistiqué.

Pour résumer plus clairement : la Faucheuse fait à peu près 1 mètre 70, l'espace sol/plafond de la salle fait 5 mètres, ce qui fait potentiellement juste un peu moins de 3 mètres 30 d'espace de manœuvre libre à la verticale. Donc pour contrecarrer ce problème, quand la Faucheuse veut « monter ou descendre » d'un bâtiment, la SCS répond au problème avec l'illusion du tournevis ou de la perceuse quand ils tournent ; simple, efficace, donc génial. Et le sol créer une représentation du vide en temps réel, donnant vraiment l'impression d'être en altitude visuellement parlant, même si –dans l'éventualité d'une chute- cela reste du sol.

Et ce n'est pas tout ce qu'elle peut faire, elle peut même reproduire des conditions météorologique en temps réel : l'odeur de souffre et de charbon dans des caves magmatiques avec la température étouffante qui peut la faire suer, le sentiment de froid et d'engourdissement dans la neige, le terrain peu stable d'un désert avec du sable à ne plus savoir qu'en faire, balayé par un vent artificiel aussi vrai que nature qui vous fouette le corps et tente de s'infiltrer dans vos poumons… Et ce n'est qu'une partie de ce qu'elle peut faire.

----

Pour l'instant elle réfléchissait à l'intérieur de la fausse ville, voyant la meilleure approche pour remplir ce contrat ; la SCS fournissait les données en temps réel avec les plans téléchargés sur le réseau, s'actualisant d'elle-même, mais uniquement quand la Faucheuse l'ordonnait, prévenant ainsi tout risque de piratage. Là elle « naviguait » devant l'arène, repassant devant le magasin de musique, pour ensuite se retrouver face au poste de police… Puis elle se dirigea vers le port, étudia un bref instant les entrepôts, et tonna d'une voix neutre à l'IA.


« Représentation subjective du port dans son intégralité, échelle 1/7. »


Automatiquement la ville se rapetissa comme elle l'avait ordonnée, donnant l'impression de se retrouver dans un décor d'enfant, et elle observait la ville de son œil inquisiteur, décelant la moindre faille qui lui serait potentiellement utile… Et l'avait trouvée.


« Carte marine de Sinnoh, reliefs et courants marin entre la mer ouest et la mer Sud de Sinnoh. »


Cette fois-ci la salle représenta l'ile en entière dans sa parfaite représentation géographique, mais de couleur transparente pour ne laisser apparaitre en couleur que les données que voulait étudier la Faucheuse : l'eau de mer en bleu, les reliefs en jaune pâle et les courant en rouge plus ou moins clairs selon l'intensité du courant. Un gros courant rouge très fade parcourait la mer ouest, là où un petit courant rouge vif en profondeur parcourait la mer Sud ; ces deux là avaient retenus son attention.


« Sens et puissance des courants. »


Des flèches répondirent à sa demande, soulignant les deux courants selon leurs intensités, et il fut avéré que ces deux courant étaient liés : le petit courant fort remontait vers l'ouest de l'ile, puis au nord, tout en perdant au fur et à mesure de la puissance pour devenir ce gros courant…


« Position exacte du courant sud par rapport à la baie de la ville. »

« 4 kilomètres et 250 mètres au large, et plus de 10 kilomètres de fond dans les profondeurs. »

« Topographie des profondeurs, et rapport de la faune et de la flore présente. »


La carte zooma sur le lieu en question, l'amenant virtuellement sous l'eau, avant de prendre les formes acérées et étroites de ravins et de tunnels de grottes remplis de pokémon aquatiques potentiellement dangereux, la SCS répondant par la même au rapport en fournissant l'image de pokémon figés (signe que ce ne sont que des données mémorielles, et non des données actualisées en temps réel)

Ca ressemblait à un gruyère parcourut de crevasse, pas étonnant que le courant soit si fort : l'eau s'infiltre dans les tunnels comme des ruisseaux, sort dans les ravins comme une rivière, et remonte se desservir de sa force dans les eaux peu profonde de la mer ; et les attaques de pokémon aquatique doivent y être pour grand-chose.


« Calcul d'un trajet sous-marin depuis le chemin rocheux jusqu'à Verchamps, le plus court et rapide qui soit. »

« Calcul en cours. »


La SCS cherchait les meilleurs chemins selon les critères de la tueuse à gage et des dizaines de ligne aux formes complexe ponctuaient chaque tentative sur le plan, commençant et recommençant à une vitesse impressionnante. Puis elle s'arrêta finalement sur une proposition, après des centaines de simulations, montrant un trajet un brin serpentaire pour la première partie en aller, longue pour éviter les contre courants, suivit d'un trajet presque direct en utilisant JUSTEMENT les courants… Seulement, de part sa programmation, elle mit un point d'avertissement.


« L'aller ne prendra tout au plus que 3 heures et demie, avec un taux de risque égal à 2 %. Le retour ne prendra quand à lui que 45/60 minutes via l'utilisation des courants, cependant les risques d'une telle traversée sont de plus de 56 % ; en prenant en compte les pokémon, et la dangerosité du site et du courant. »

« Re-calcul de ce même trajet avec l'utilisation de repousses sonique, et synchronisation de l'IA SCS avec les commandes du sous-marin Cachlant. »

Cette fois-ci la réponse fut presque immédiate.

« Aller : 3 heures pour 0.003 % de risque. Retour : 40 minutes pour 23 % de risque. »

« Re-calcul avec synchronisation IA / Cachlant / Moi. »

« Délai de trajet inchangé, taux de risque diminué en fonction de l'état du facteur humain. »

« Parfaite condition et utilisation de drogues optimales autorisée. »

« Taux de risque réduit à 0.0007 % pour l'aller, et réduit à 6 % pour le retour. »

« Parfait. Synthèse du trajet et téléchargement des données dans l'ordinateur de bord du sous-marin, puis synchronisation avec ce dernier. Préparation du matériel de plongée. »

« Affirmatif. »


La voix cybernétique se tut et laissa à nouveau la salle dans le silence, pendant qu'elle s'occupait des préparatifs, mais repassa aux plans de la ville instantanément pour permettre à la Faucheuse de continuer ses observations.

----

Puis une idée lui vint en tête via ses réflexions. Elle l'avait déjà en tête depuis un moment, ayant décortiquée les faits qui s'offraient à elle, son indic qui arrivait au même raisonnement qu'elle dans la catégorie « contrat étrange ». Mais elle en arriva à une conclusion qui aurait surpris son indic : quelqu'un voulait effectivement la piéger, mais pas dans le sens de la « capture » ; on voulait la piéger en l'abattant dès qu'elle aurait finit sa besogne.

Qui ? Qui était assez fou ou déterminé pour oser tendre un tel piège à la Faucheuse, surtout aussi visible ? Mais surtout : qui aurait les ressources pour préparer une opération de cette ampleur (grâce aux dires de Flo) tout en préparant l'éventualité de l'échec aussi rapidement, et en postant d'autres tueurs pour tuer le premier tueur ?

Leurre, mensonge, diversion, traquenard, attaque de groupe, synchronisation, surveillance… Ce n'est pas la marque d'amateurs, mais celle d'une organisation particulièrement puissante et influente, ou alors d'une jeune organisation criminelle, au choix… Mais, au vu de sa propre expérience dans le domaine : si l'utilisation d'un nom de code aussi pathétique et d'une couverture l'étant tout autant parait risible, il pourrait exactement s'agir du principe du leurre dans toute sa splendeur : « je suis une merde, ne vous méfiez pas de moi ».

Seulement son indic en est venu à la même conclusion qu'elle sur un seul et unique point qui ruine toute la crédibilité du contrat : la coupe de cheveux. C'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Ses adversaires sont puissants et potentiellement dangereux, mais ne sont pas dirigés par des lumières ; car si l'obtention d'un appareil de folie pokémon n'est pas donnée à tout le monde, ils ont dévoilé leur plan de secours beaucoup trop vite. C'est la marque de débutant.

----

« Poste de Police. » La map se positionna immédiatement sur le bâtiment.
« Meilleure position de tir pour un sniper embusqué voulant assassiner à cet endroit. »
Des nombreux points s'affichèrent à l'écran, se répartissant entre eux en un cercle concentrique imparfait.
« Conditions météorologique actuelles. »

« Faible pluie et vent de force mineure, présence d'une fine brume marécageuse propre à la ville en cette période de l'année. »

« Intégration des données de visibilités optimale pour réussite d'assassina selon les conditions pré-énoncées. »

Une énorme portion de point disparurent instantanément, n'en laissant tout au plus qu'une douzaine sur la map occupant tous des positions de bâtiment en hauteur.

« Intégration de couverture et de fuite optimale. » Il n'en restait plus que 3, tous dans des appartements.
« Recherche sur le réseau : liste des résidents de ces habitations. »

La recherche prit moins de quelques minutes.

« Appartement 304 de l'immeuble 6.13 : Mr et Mme Scatch, résidents depuis 1998. » A oublier, plus que deux.
« Chambre 420 de l'Hôtel des trois marais : Mr Friton, célibataire. Il a loué la chambre depuis 3 jours et semblerait être en compagnie d'une jeune fille plus jeune que lui. »


La SCS était épatante : elle pouvait même trouver les données n'étant pas forcément enregistrées dans les banques de données écrite, mais savait analyser et décortiquer les banques de données sonores et vidéographique à la perfection, presque autant qu'un cerveau humain, et pouvait faire des déductions de base totalement objective. L'Hôtel est un 3 étoiles et dispose donc d'un système de vidéosurveillance. Suspect à éliminer d'office… Il n'en restait plus qu'un.


« Appartement 631 de l'immeuble 7.14 : Mr Smith. Presque aucune donnée sur lui, mais l'appartement à été acheté il y'a un peu plus de 2 semaines. Cash. »


= « Amateurs ». Voilà le seul mot qui me venait à l'esprit pour qualifier mes potentiels adversaires : des purs et simples amateurs possédants des ressources impressionnantes. C'était presque à en pleurer, et je n'ai même pas besoin de parier que mon Indic n'aurait même pas lâché un sarcasme de dépit pour eux tellement c'était pitoyable. « Smith », rien que ce nom donne totalement le ton : l'identité de l'anonymat par excellence ; encore plus évident qu'une pancarte pleine de néons sur le front avec écrit dessus « Je suis incognito ». Et surtout un superbe exemple d'un dérivé de la loi de Murphy : « Plus on veut être discret, et plus on est évident. »

Cela ne leur coûterait pourtant rien de perdre à peine quelques dizaines de minutes de leur temps pour créer une « vraie » fausse identité, comme Malik Cassel ou George Simon, et fournir un peu plus de poids à la couverture ; enfin vraiment passer inaperçu, que diable.

Et si c'était justement trop visible pour ne pas être un piège ? La Faucheuse est connue et réputée dans tout l'underworld, et même un amateur de commettrait pas l'erreur de s'en prendre à moi sans avoir un semblant de plan en béton armé derrière. Et si ce « Smith » était un leurre, un pion pouvant être sacrifié sans le moindre état d'âme, servant d'appât pour un autre tueur ? Encore une fois cela démontre leur amateurisme : être crédible est la priorité numéro 1 du leurre et du mensonge, au point que l'illusion soit interprétée comme une réalité dès le premier instant –comme moi-.=


« Position idéale d'assassina de personne résident à cet endroit par tir longue distance, toujours selon les critères précédents. »


Un seul autre point s'afficha sur le toit de l'immeuble d'en face… Amateurs est un mot faible. Ou peut-être qu'elle en attend trop de ses adversaires ? Non, la loi de Murphy est intraitable là-dessus. Alors peut-être un double leurre ? A défaut d'être malin, ils sont déterminés. Mais cela deviendrait un brin problématique s'ils agissaient avec la tactique du nombre, comme avoir mobilisé 20 tueurs se couvrant mutuellement… Non, ce n'est pas idiot mais irréaliste. Pour mobiliser autant de tueurs c'est que cela doit être une brigade complète de professionnels, mais qui seraient si cher à l'unité qu'elle aurait forcément été mise au courant par son indic ; ou alors cela doivent être des amateurs, dénués d'expérience ou très peu, qui agiraient en groupe pour un coût dérisoire… Mais engager des amateurs pour piéger la Faucheuse… Personne n'est assez con pour faire çà.

Donc 3 tueurs, un minimum expérimentés, qui doivent tous faire partie de cette organisation, car aucun autre tueur à gage n'accepterait de faire la peau de la Faucheuse sans vouloir (ironiquement) des explications ; même pour 100 milliards de pokédollars, à condition de se taire, personne ne chercherait pas de réponse pour affronter la mort.

Et ces tueurs doivent en être conscient… Ou pas. Peut-être que leurs supérieurs leurs ont donnés comme mission de liquider le tueur à gage qui viendrait s'occuper de leur collègue, mais sans préciser la nature exacte du tueur au risque qu'ils soient déconcentrés à cette idée ; entre dire à quelqu'un qu'il va affronter un combattant ou qu'il va affronter le meilleur combattant, la marge psychologique peut déjà faire toute la différence avant même que le combat commence.

Et c'est une bonne nouvelle. Si ce sont des mauvais : ils doivent totalement la sous-estimée et être relâchés, rassurés par le poids de leurs armes et de leur couverture. Comme tout amateur qui se respecte. Et si ce sont des bons : ils doivent forcément agir en équipe et donc avoir une ligne de communication sécurisée. Rien que la SCS ne puisse pirater.


« Préparation de la tenue « Callidus ». » Tonna-t-elle de ce ton neutre.

« Affirmatif. » Répondit la voix artificielle, avant d'enchainer avec une question.
« Ajout des prototype dédiés ? »

« Tous. » Et l'intelligence obtempéra immédiatement.


Tout le plan était déjà en tête, toutes les situations avaient étés prévues dans les moindres détails, la part de risque éternelle avait été réduite au minimum : la présence impromptue du champion, le réveil de Cynthia, la présence de Lisa, de la directrice, des policiers, de pokémon dans les rangs des tueurs, de radars et autres systèmes de surveillances… Toutes les situations avaient été anticipées, et à toutes furent trouvées une parade.

Elle passait pourtant encore une Xième fois dans la ville virtuelle, ré-analysant le plan de bout en bout, revérifiant tous les détails inlassablement avec minutie… Puis, une fois satisfaite, elle ordonna la mise en veille de la pièce et quitta l'holo-salle en laissant la porte se refermer automatiquement derrière elle…

La Faucheuse est en marche.


------------

[ Ambiance Pluie ]


Sinnoh. Verchamps. Entrepôt 15, relié à baie par une voie marine.

Lundi 12 Avril. Minuit 30 minutes.



La brume fraiche qui recouvrait Verchamps était ponctuée par le bruit de la fine pluie glacée qui s'y déversait depuis le ciel nuageux et capricieux, ponctuée d'avantage par le bruit de certains pokémon nocturnes qui se réveillaient à cette heure, et le bruit au loin de l'orage qui continuait d'éclater vers la station balnéaire.


« Quel temps de merde » pesta l'agent Clairon, qui faisait sa ronde autour du port avec son fidèle Caninos, qui n'en pensait pas moins ; travaillant de concert dans la même galère avec 16 autres de ses collègues patrouillant autours des entrepôts. Bordel, mais qu'est-ce qui a prit à la directrice de les envoyer au port se geler les miches à tourner en rond ?

Il regarda sa montre par automatisme, vit qu'il était l'heure du rapport, il prit ensuite cette dernière de ses doigts frigorifiés pour enclencher la fonction « communication », et commencer à faire son rapport.


« Ici l'agent Clairon : aucune activité suspecte à signaler pour l'entrepôt 15. »

« Bien reçu agent Clairon. » Lui répondit a voix neutre de l'un de ses collègues, à l'abri au QG devant son poste de communication chauffé.

« Combien de temps ça va encore durer cette mascarade ?! Y'a pas un putain de Chaglam ou de Rattata dans le coin, on perd nôtre temps ! »

« Ordre de la directrice : tous nos agents disponibles doivent patrouiller et prévenir de toute incursion potentiellement suspecte dans la ville. Une bonne partie de nos effectifs sont affectés à la garde du parc safari pour laisser les rangers trouver l'appareil, pendant que l'autre partie de nos effectifs couvrent tous les potentiels points de passages que pourraient emprunter les personnes à l'origine de la folie du parc. Cela comprend le port par voie marine, l'entrée Est de la ville reliée à la route 213 vers Tadelle, et –même si ça parait insensé- l'entrée Ouest relié aux marais de la route 212. »

« Mais enfin, on sait que tout cela avait pour but de voler le Wailisseur, alors pourquoi on se casse le cul à patrouiller dans la ville au lieu de concentrer tous nos efforts à couvrir l'endroit où il se trouve ? »

« Ordre de la-«

« C'est bon, ta gueule. » Et il coupa la communication.


Ca le dépassait : pourquoi se casser le fion à patrouiller dans un endroit aussi dénué d'intérêt ? Et avec aussi peu de chance de tomber sur quelqu'un ? Il faisait nuit, une nuit particulièrement sombre. En plus il y'avait cette putain de brume qui ne le faisait pas voir à plus de dix mètres, et la fine pluie rendait l'odorat de son Caninos aussi utile que son pelage trempé le réchauffait. C'est un temps pour les dresseurs du champion et leurs pokémon aquatiques, pas pour les flics ! EUX ils seraient capable de repérer de l'eau douce dans de l'eau de mer, là où son propre pokémon à du mal à différencier l'odeur d'une merguez avec celle d'une chipolata… Et voilà, son estomac se met à gronder… Mais quelle meeeeerde…

Puis son pokémon se raidit d'un coup en dressant l'oreille (façon de parler vu comment elle était trempée) et émit un petit grognement pour indiquer à son partenaire qu'il avait entendu quelque chose.


« Qu'est-ce qu'il y'a mon gars, t'as senti un truc ? » Il pointa sa lampe torche dans la direction dans laquelle pointait le pokémon. C'était inutile, il n'y voyait toujours pas à dix mètres.

« Grrrrrr… »


Le pokémon commençait à montrer les crocs, signe qu'il était sûr et certains d'avoir sentit quelque chose d'inhabituel. La seule chose d'habituelle pour eux, depuis ces dernières heures, étaient d'errer dans des lieux vide de vie. Le fait qu'il réagisse à quelque chose signifie qu'il ne pouvait avoir rêvé.

L'agent Clairon sortit son tazer par réflexe et l'amena au même niveau que sa torche pour le pointer devant lui, prêt à servir. Les ordres étaient clairs : s'ils devaient tomber sur quelqu'un il fallait le capturer vivant. Quitte à le shocké pour le paralyser et être ainsi sûr qu'il ne s'échappe ; le port avait été classé espace condamné de nuit par la directrice et le champion et trouver quelqu'un ici serait dans tous les cas suspect.

----

Il suivit son Caninos lentement, mesurant sa marche en se laissant guider par ce dernier. Des années d'entrainement à avoir été formé à la patrouille se manifestèrent pour cet instant, son corps prêt à réagir à un éventuel adversaire qui tenterait de lui tomber dessus par surprise.

Sa boule de poil le guida jusqu'à la petite porte à côté de la grosse entrée fermée de l'entrepôt 16, et vit que cette dernière était entre-ouverte. Il saisit immédiatement sa pokémontre et contacta de nouveau le central.


« QG ici Clairon : je suis devant l'entrée de l'entrepôt 16, et il semblerait que ce dernier ne soit pas vide de monde. »

« Bien reçu agent Clairon. L'agent Jenny et Felix sont proche de vôtre secteur, et ils seront sur vous d'ici peu. »

« Bien reçu QG. Je vais pénétrer dans les lieux pour reconnaissance. Clairon terminé. »


Il mit fin aux communications, et remit sa main tenant la torche au niveau de son teaser. Pile à cet instant, un bruit de métal tombant sur le sol fut émit bruyamment depuis l'entrée de la petite porte. Réagissant comme l'éclair. Le Caninos et l'agent Clairon se mirent de chaque côté de l'entrée, prêt à frapper.

Un bref regard de concertation avec le chien de feu, et ils décidèrent de passer immédiatement à l'action : le policier s'éloigna du mur, prit un petit élan, ouvrit la porte en grand grâce à un puissant coup de pied, le Caninos s'engouffra immédiatement dans la brèche en lâchant des étincelles pour éclairer, puis son coéquipier entra directement en pointant bien son tazer devant lui.


« Police, plus un geste ! »


La loi lui demandait de s'annoncer clairement lorsqu'il pénétrait dans un bâtiment privé et y avait obéit instinctivement en criant bien fort pour se faire entendre. Cependant il ne voyait toujours pas à plus de 10 mètres à la ronde autour de l'entrée, car, malgré les étincelles de son partenaire à quatre pattes, l'endroit était beaucoup trop immense pour qu'elles ne puissent seulement en éclairer le dixième.

Frôlant les murs, comme on le lui avait appris, l'agent Clairon parvint à trouver l'un des interrupteurs actionnant l'éclairage. Il poussa le bouton et d'un coup l'entrepôt s'illumina comme en plein jour.

Ayant désormais une vraie visibilité, l'agent clairon et son pokémon pouvait enquêter sur l'origine de ce bruit assourdissant. Ils avancèrent en s'enfoncèrent prudemment dans l'entrepôt, mais s'arrêtèrent au bout de quelques pas quand ce bruit se manifesta de nouveau, plus bruyant que jamais.

Ils se tournèrent, et trouvèrent l'origine du bruit : un groupe de barils cylindrique de taille moyenne sur lequel étaient entreposées plusieurs petite tôles de métal, dont certaines en étaient tombées pour se retrouvées par terre.

Un bref instant l'agent Clairon cru que tout cela n'avait été qu'une mauvaise farce du destin spécialement préparée pour lui. Mais les tôles se mirent à bouger d'elles-mêmes en vibrant anarchiquement, comme dérangées par quelque chose –ou quelqu'un-, et une de plus tomba rejoindre les autres dans un écho métallique assourdissant.


« Police ! » Répéta-t-il en s'approchant prudemment du baril.


Son pokémon était à l'affut aussi prêt à réagir que l'humain, ce dernier s'approchant d'avantage du baril, les mains tremblantes malgré son expérience –ce qu'il adjugea au froid- et, d'un geste rapide, balaya les tôles au dessus du baril, les jetant sur le côté dans un fracas épouvantable, tout en re-pointant son tazer immédiatement devant lui. Pour découvrir…


« Naaaaan… »

« KSHHHHH ! »


Le Rattata cracha à l'encontre de l'humain qui l'avait dérangé dans son repas avant de bondir hors du baril en direction de la sortie et de s'échapper à toute vitesse, malgré les efforts du Caninos pour le rattraper. Ce dernier aboya de frustration à l'égard du rongeur pour cette blague de très mauvais goût, mais son coéquipier mit cela sur le compte de son incompétence à ne pas l'avoir senti bien avant.

Ce dernier s'attarda sur le diner du Rattata qui se trouvait au dessus du baril : un sandwich grec/frites dans une petite boite en carton, rongée par le pokémon en plusieurs endroits. Un travailleur du dimanche à dû poser son repas à cet endroit, un autre à dû poser les tôles sans le remarquer, et tout le monde à oublier que cette nourriture poubelle était sur le baril… Putain, mais quelle nuit de merde.

Il somma à son partenaire pokémon de la fermer, ensuite sortirent tous les deux de l'entrepôt. Eteignant la lumière. Et contacter à nouveau le QG via sa pokémontre d'un ton extrêmement las.


« QG, ici Clairon… Fausse alerte, rien à signaler à part un Rattata bouffant les restes d'un grec oublié par un mec qui bossait à l'entrepôt. »

« Bien reçu Clairon, nous avertissons les autres agents de retourner à leurs poste. »

« Bien reçu QG. Clairon, dans « la nuit de merde continue », terminé. »

----

Il poussa un profond soupir dépité et frustré, constatant que la nuit continuait avec son lot de « rien » qui le forçait à rester clouer dans sa ronde « inutile ». Son pokémon lui fit un regard abattu, profondément désolé de son erreur. Laissant la pluie de nouveau s'infiltrer dans son pelage, le trempant jusqu'au os.

Il poussa à nouveau un soupir dépité en se rendant compte qu'il n'avait pas fait mieux que lui ; il s'était laissé berné et emporté par un vulgaire rongeur comme un vrai bleu. Autant ne pas lui jeter la pierre, alors qu'il était dans la même galère que lui, et que c'était surtout la seule compagnie qu'il avait pour la nuit.

Il s'accroupit au niveau de son coéquipier à quatre pattes pour lui passer une main au travers de son pelage mouillé et engorgé d'eau malgré le froid, ce qui lui valu un bref nasillement aigu de la part du pokémon ; partagé entre le bonheur et la honte.


« Te tracasse pas pour çà, la nuit avait mal débutée de toute manière. Et puis au moins, même si ce fut que pour 2 minutes, on a pu être au sec. »


Le chien répondit cette fois par un aboiement bref, mêlant respect et gratitude à l'égard de son coéquipier qui acceptait de passer l'éponge sur son erreur. Puis ils reprirent le trajet de patrouille déterminé par le QG dans la pluie…


… Mais si l'agent Clairon avait été un peu plus loin dans l'entrepôt, s'il était passé outre le Rattata pour continuer son investigation, il aurait peut-être remarquer un reflet de forme dans l'ombre de ces derniers, comme si le mur avait un relief qui ne devait pas se trouver là ; dans l'éventualité où il l'aurait vu… Et serait rester en vie suffisamment longtemps pour s'en rendre compte.


--------


Après avoir laissé quelques minutes de plus s'écouler, pour être sûr d'écarter tout risque de danger, le reflet de forme sortit du couvert prodigué par l'ombre du baril dans une démarche fluide, rapide et discrète. Etant presque comme transparente à l'image d'un fantôme, quoiqu'un peu plus.

Cette dernière sortit de l'entrepôt pour se retrouver dehors, assaillie par la pluie qui ricochait sur elle comme l'eau sur du cristal, épousant ses formes transparentes. Elle trouva rapidement un coin à l'abri des regards, à l'ombre, s'abritant par la même de la pluie, et elle désactiva le camouflage qui lui prodiguait cette invisibilité jusqu'à présent ; laissant apparaitre sa véritable apparence.


En un mot : anonyme. La silhouette se détachant des ombres n'était pas si différente d'elle, malgré le camouflage de sa tenue désactivé. Cette dernière était dénuée du moindre relief, de la moindre trace ou ligne de couture superflue, épousant ses formes à la perfection. Comme si cette tenue était la peau avec laquelle elle était née depuis le premier jour.

Aussi noire que la nuit, la tenue Callidus portait bien son nom. A part la forme de ses seins, elle ne laissait strictement rien paraitre d'autre au monde que sa parfaite linéarité corporelle : ses hanches finement ciselées, ses jambes impeccablement sculptées, ses bras incomparablement taillées et laqués d'une finition mate par la texture unique de sa tenue.

Mais ce qui renvoyait véritablement cette silhouette à la définition du terme anonyme était son visage : un visage dénué de bouche, d'yeux ou même d'oreilles ; juste la forme du nez indiquait qu'il s'agissait d'une humaine, ou tout du moins d'une forme humaine.

----

Malgré sa visible cécité de sens, la Faucheuse –car c'était elle- voyait et analysait mieux qu'en plein jour. Même si elle n'avait pas d'orifice pour, ses sens étaient exacerbés par la présence de la haute technologie intégrée à sa tenue. A la place de ses yeux, des millions de fines petites lentilles -à l'image d'une mouche- lui relayaient la vue avec une précision et une netteté accrue par ses circuits intégrés.

La partie du tissu se trouvant sur sa bouche et son nez filtrait et purifiait l'air comme aucun autre filtre terrestre ne pouvait le faire, tout en décortiquant, analysant et classant sa composition, avant de la relayer à la Faucheuse via les lentilles de la partie de ses yeux.

Les parties se trouvant sur les oreilles de chaque côté de son crâne faisaient de même avec les sons, le filtrant et les épurant de tout bruit parasite –comme celui de la pluie- pour lui maintenir une ouïe optimale, même dans les pires conditions, tout en lui augmentant l'acuité de cette dernière qui pouvait écouter des bruits à plusieurs kilomètres avec une précision inégalée : si deux gardes faisaient un pierre-papier-ciseaux à l'autre bout de la ville, elle pourrait savoir qui serait le gagnant rien qu'au grognement émit par le perdant.

Et enfin, pour parfaire le tout, sa tenue était si fine que son toucher n'était nullement affecté. Bien au contraire : chaque partie, autres que celles de son visage, étaient reliées à sa vraie peau par des terminaisons nerveuses artificielles intégrées qui relayaient la moindre pression, le moindre toucher et le moindre effleurement, en l'amplifiant de manière adaptée à la situation ; elle n'a pas besoin actuellement de savoir qu'elle marche sur du béton, mais elle sait que sa main droite touche un revêtement d'aluminium et de nickel en guise de mur.

Et ce n'était qu'une partie de ce qu'elle pouvait faire…

----

Nullement gênée par sa chevelure rangée sous son masque, se déversant à l'arrière de son cou jusqu'en dessous des omoplates, la tenue Callidus relayait les informations que la Faucheuse lui « demandait » par injonction vocale. Etant aussi un prototype, les terminaisons nerveuses artificielles n'étaient pas suffisamment précises et sophistiquées pour parfaitement appréhender et comprendre ses pensées, réagissant par la même beaucoup plus efficacement et rapidement. Mais cette « sortie » permettait en même temps de faire les tests et ajustements pour plus tard.

La parade que trouva la SCS actuelle était déjà bien efficace : des commandes vocales très précises en guise de récepteurs incorporés aux filtres de sa bouche, qui ne laissait pas passer le son « en dehors » de la tenue ni ne laissait la forme de sa bouche laisser paraitre un quelconque mouvement de mâchoire, se re-modélisaient par adaptation en temps réel pour que sa silhouette continue d'être la plus anonyme possible.

Même si elle avait déjà parfaitement le plan de la ville en mémoire, elle ordonna à sa tenue de lui afficher la destination du « 3é tueur » selon ses déductions. Sa tenue obtempéra instantanément et une fine ligne orange transparente s'afficha « devant elle » pour lui indiquer le chemin. Elle sortit de son couvert, réactiva son camouflage, et disparut dans le rideau de la nuit pluvieuse.

--------


Pendant ce temps, depuis le toit de l'immeuble 6.10, dont la vue était imprenable sur le reste de la ville –plus précisément sur l'appartement 631 de l'immeuble 7.14-, « l'errant » Gralph Spencer surveillait son leurre de confrère depuis la lunette de tir de son fusil de précision, tout en terminant l'un des sandwichs qu'il avait acheté –se trouvant rangés dans son manteau- en prévision de ce qui serait une longue planque…


« Errant », il aimait bien le nom donné aux membres de sa spécialité dans l'organisation : les tueurs errants à la surface du monde, répandant la terreur et la mort au devant des glorieuses idées de leur organisation. Il en vient d'ailleurs à remercier l'idiot à cause de qui cette opération à foirée, et qui fait que maintenant il se trouve là a voir la chance de prouver sa valeur aux yeux de ses supérieurs.

« Tuer le tueur », cette idée le fit pousser un petit rire sardonique au vu de la situation : son confrère, se trouvant dans sa lunette, ne savait même pas qu'il servait de leurre pour appâter le tueur à gage ; il n'était même pas au fait de sa présence d'ailleurs. Cela le fit se sentir encore plus supérieur à l'égard du leurre. Car si LUI se trouvait à surveiller la brebis en attendant le loup, c'était que ses supérieurs avaient toute confiance en lui et l'estimait capable de la tâche. Contrairement à l'autre.

----

Essuyant la mayonnaise de son sandwich qui s'était collée à la commissure de ses lèvres d'un revers de la main, il laissa tomber négligemment l'emballage plastique de ce dernier sur le sol du toit où il se planquait, n'y prêtant plus la moindre attention. Cette même attention qu'il reporta dans la lunette de son viseur, le doigt fébrile sur la gâchette… Patience… Rester calme et concentrer en attendant la venue du tueur à gage… Et même si son idiot de leurre réussissait, dans l'absurde, à tuer le tueur à gage… Et bien… Disons que s'assurer qu'il n'y ait vraiment aucun témoin ne lui renverra que les faveurs de ses supérieurs…

Par pure instinct de conservation, il se prit à se rappeler toutes les précautions qu'il avait prises dans l'absurde éventualité où le « tueur » se douterait d'un leurre : des flash-bang malicieusement cachées dans les escaliers et reliées à des fils de nylon quasi transparent qui pouvaient sauter automatiquement dès qu'un intrus viendrait approcher de sa planque ; le mettant ainsi instantanément au courant tout en handicapant sérieusement le mec qui voulait le niquer dans le dos. De plus, à part les escaliers, il n'y avait aucun autre moyen d'accéder au toit. A part avec un pokémon volant qu'il repèrerait de toute façon à des lieux de là.

Cette pensée lui desservit un frisson d'excitation : la nuit froide et fraiche, le bruit de la pluie, l'obscurité ambiante dans laquelle il se trouvait, le doigt sur la gâchette prêt à donner la mort. C'est un sentiment bien enivrant que de savoir qu'à cet instant précis, à la moindre de ses pensées, de ses envies : il pouvait délivrer la mort ; d'être le juge ayant le pouvoir de laisser vivre ou tuer selon sa volonté… Tout l'alcool du monde ainsi que les plus belles femmes ne peuvent rivaliser avec ce sentiment.


« Patieeeence… » Répétait-il fébrile, ayant de bonnes difficultés pour calmer les pulsions meurtrières qui l'animait.
« Patieeeence… Et d'ici peu… Tu seras à moi… Et même si tu l'as avant moi… Moi je t'aurais… »

Il finit sa phrase sur une petite note de folie mélodieuse, savourant cet instant comme une drogue, littéralement obnubilé par l'idée de pouvoir appuyer sur la gâchette et de voir le sang giclé de son corps comme une fontaine… Cette inattention lui coûtera tout.

--------

Trop concentré sur sa lunette et pas assez sur son environnement, Gralph Spencer ne prêta pas la moindre attention au reflet transparent derrière lui. Dont les contours qui se dessinaient sous le rideau de la pluie étaient ponctués par sa marche lente, silencieuse et fatidique vers lui.

----

Il n'eut l'occasion d'esquisser le moindre geste de défense quand le reflet manifesta sa présence dans son dos. Aussi précises que rapides : des mains vinrent appuyer sur les points sensibles de ses nerfs, lui faisant vriller une sensation désagréable de choc électrique dans tout le corps, le paralysant par la même occasion pour quelques précieuses secondes.

Le reflet ne s'arrêta pas là, et usa de ses genoux pour faire fléchir ceux de l'homme. Ce dernier perdit l'équilibre, et il ne suffit au reflet que d'exécuter une brève mais forte rotation pour l'amener à terre sans effort, usant de son propre poids contre lui.

Sa tête heurta fortement le sol bétonné du toit, l'assommant sans pour autant qu'il ne perde conscience… Ce qui aurait été mieux pour lui. Car même s'il ne vit pas les deux fines lames sortirent des dessous des poignets du reflet, il sentit leur morsure quand celles-ci pénétrèrent sa chair dans chacune de ses épaules. Lui arrachant un cri de douleur étouffé par la pluie.

La sensation de douleur puissante qui se déversa en lui s'estompa rapidement, curieusement, pour laisser place à une sensation de bien-être euphorique qui mettait sa raison à rude épreuve. Ne sachant plus quoi savoir penser ou ressentir. Il ouvrit les yeux en « reprenant » ses esprits pour faire face à une silhouette anonyme terrifiante, mais aux formes généreuses qui lui firent presque oublier cette peur.

La silhouette, assurément féminine au vu de ses formes, se retrouvait allongée sur lui, sous la pluie. Laissant les gouttes de cette dernière couler élégamment le long de son corps. Soulignant sa perfection d'une manière érotique qui ne le laissait pas indifférent ; malgré le fait que les lames étaient toujours enfoncées dans son corps et qu'elles continuaient de déverser leur contenu aphrodisiaque et euphorique dans ses veines.

Il sentait sa volonté faillir au même titre que le froid de la pluie le gagner, mais avait l'impression de la récupérée, en même temps que de la chaleur, au fur et à mesure que cette silhouette s'avançait lentement sur son corps. Leurs deux formes s'épousant selon un principe physiologique développé depuis des milliers d'années.
Son instinct, qui criait au début de peur, s'était désormais mué en instinct de reproduction. Il affichait un sourire obscène de satisfaction et de lubricité en sentant sa fine et moelleuse poitrine glisser lentement sur son torse, tandis qu'il sentait clairement son propre sexe grandir et se sentir bien trop à l'étroit dans ses sous-vêtement.

Il voulait ardemment lui sauter dessus, la prendre violemment et lui faire l'amour dans toutes les positions possibles et même inimaginable, oubliant totalement sa mission, et le faisant mentir sur le point du ressentiment de tueur qu'il expérimentait encore quelques minutes auparavant. Mais son corps restait paralysé, immobile et incapable de bouger, sa volonté n'ayant plus la suzeraineté ni l'aptitude à gouverner son enveloppe charnelle. Mais la silhouette oui.

----

Cette dernière approcha lentement sa tête vers la sienne, faisant frotter sa poitrine sur son torse en lui faisant ressentir une sensation de plaisir perverse à cette situation de soumission. Quand elle arriva au niveau de son oreille, ses lames se rétractèrent dans ses poignets, le soulageant de la « faible » douleur qui en résultait, et commença à susurrer d'une voix douce et fine comme des rasoirs à son ouïe.


« Dis-moi… Comment appelles-tu ? »

« Gralph… Spencer… » Avoua-t-il de son sourire béat, incapable de se contrôler.

« Et pour qui travailles-tu ? »

« Je… Peux… Pas… »


Il n'arrivait pas à finir sa phrase, en proie au cruel dilemme entre vouloir tout lui dire en trahissant ses idéaux pour pouvoir baiser ensuite, et celui de ne devoir rien dire au risque de laisser passer une telle occasion de se reproduire.

Cette dernière saisit parfaitement bien la nature de son dilemme et usa à nouveau de ses charmes et de ses mots pour le faire vaciller définitivement sous son emprise. Elle se frotta à nouveau à lui. Lentement. Sensuellement. Lui laissant savourer la douleur du plaisir de l'instant. Tout en murmurant d'une voix plus douce et sensuelle…


« Personne n'en saura rien… Ce sera nôtre secret… »


Puis elle fit glisser sa main droite vers son visage, lui soulevant doucement la tête avec de sa douce poigne enivrante, tandis que sa main gauche descendait le long de son corps : Partant du haut de sa poitrine vers le torse, du torse jusqu'aux abdominaux, descendant de plus en plus bas en laissant ses fins doigts ponctuer le chemin de leur dance délicate, jusqu'à atteindre la partie du pantalon couvrant l'entre-jambe.

Lentement et délicatement, la silhouette saisit l'appareil génital de l'homme au niveau du scrotum, laissant sa main y faire des allers-retours en fournissant de douces caresses qui ne faisaient qu'accroitre ses pulsions sexuelles et son désir ardent de vouloir passer à l'acte ; sa conscience et résistance cédant rapidement au profit de la silhouette.

Cette dernière frotta à nouveau ses formes sur les siennes, le faisant littéralement pleurer de bonheur. Son corps n'en pouvait plus de la torture qu'elle lui infligeait, et elle lui susurra une dernière fois à l'oreille.


« Si tu partages ton secret avec moi… » Sa main commença à ouvrir sa braguette lentement.
« Je partagerais un secret avec toi… » Finissant sa phrase sur sa braguette ouverte.


Le plus puissant frisson d'extase lui parcourut l'échine à la fin de sa phrase, et surtout à la ponctuation de cette dernière, lui faisant clairement comprendre « où » elle voulait en venir.

Haaaa… Sa poitrine, moelleuse comme de la guimauve… Ses mains, aussi magiques et légères que la fine pluie qui glissait sur elle… Ses hanches, aussi fines et délicates que le cristal… Et son entre-jambe, la seule chose qu'il n'avait vu chez elle et dont il vendrait sans hésiter son âme pour pouvoir y toucher…


« Rising Sun… » Répondit-il complètement abrutis. Râlant comme un chien en chaleur.
« Nôtre organisation s'appelle Rising Sun… »

« Qu'est ce que ça veut dire… Voudrais-tu bien me le traduire ? » Mentit-elle d'une voix mielleuse.

« Le soleil se relève… L'avènement d'une nouvelle aube… D'une nouvelle ère… » Alors que des filets de baves coulaient de sa bouche, se mélangeant à la pluie.
« Maintenant… Dis-moi… Quel est ton secret ? » Demanda-t-il d'un ton lubrique plein de sous-entendu.

----

La silhouette s'avança de nouveau sur son corps, laissant à nouveaux ses formes généreuses exciter les pulsions du mâle, sa main gauche laissant son scrotum pour revenir vers son torse. Commençant à déboutonner lentement sa chemise pour laisser apparaitre la peau nue de son torse. Puis elle fit revenir sa tête dénuée de plis et de formes devant le sien, le regardant « dans les yeux », en faisant lentement ressortir la lame rétractée dans son poignet gauche… Et lui répondre une dernière fois avec le ton qui fit son nom.


« Je suis… La Faucheuse. »


Malgré la puissance et les effets des drogues qui saturaient son organisme, l'homme ne put s'empêcher de laisser les traits du visage de son sourire obscène se déformer en un rictus de terreur et de passer instantanément de l'euphorie luxuriante exaltante à celle d'une peur transcendantale. Le seul réflexe que son instinct lui ordonna de faire face à cette révélation fut instantanément réduit au silence en même temps qu'il cherchait à reprendre sa respiration ; ayant voulu crier et de tourner une dernière fois son regard vers la lame de sa main gauche pénétrant son cœur, lui interdisant le geste… Et le laissant s'enfoncer dans les ténèbres…

--------


En bas de l'immeuble, un SDF fouillait les poubelles à la recherche d'un trésor parmi les ordures. Probablement ce qui composerait son prochain repas. Cela faisait des heures qu'il continuait de fouiller inlassablement les poubelles de l'hôtel et des autres immeubles susceptibles de lui fournir de la bouffe, sans succès. A chaque fois il se faisait rembarrer par les flics casse-couilles qui passaient par là. Et cette pluie de merde n'était pas là pour arranger les choses. Heureusement qu'il avait sur lui sa bonne vieille bouteille de Cognac tirant aux alentours des 50% d'alcool pour le réchauffer et lui apporter la force nécessaire pour se battre et survivre…Même s'il devait avouer que là il a un peu la tête qui tourne…


Il fourni un effort titanesque pour synchroniser les deux parties de son cerveau –embuée par l'alcool- en vue de fournir l'effort nécessaire pour soulever le couvercle de la plus grosse benne de c't'immeuble… D'ailleurs il savait même pas lequel c'était… Et puis en s'en branle de toute façon. Il se pose pas la question de savoir d'où vient la bouffe tant qu'il peut la garder…

Ses efforts furent récompensés, lorsque la benne s'ouvrit pour laisser paraitre des dizaines de sacs-poubelles remplis au max… Mais il poussa tout de même un soupir de dépit en constatant que ça lui prendrait un temps fou pour tout vérifier… Tant pis : pas de fouille, pas de bouffe. De toute manière, c'est pas comme si cette dernière allait tomber du ciel, comme par miracle, juste pour lui.


A peine finit-il de penser cela qu'un objet non identifié s'écrasa dans la benne devant lui, lui faisant effectuer un mouvement de recul et de surprise instinctif. Récupérant ses esprits du coup de la surprise (grâce à une bonne gorgée de cognac) le clochard s'approcha de la benne lentement, en évitant les sac poubelles s'étant fait éjectés de cette dernière sous la force de la chute, et y découvrir le corps d'un homme d'à peu près 30 ans, mort…

Le clochard passa son regard du corps à la bouteille, de la bouteille au corps, et se dit que c'était peut-être la gorgée de trop pour c'te nuit… Jusqu'à ce qu'il repère les sandwichs à l'intérieur du manteau de l'homme, ne les subtilises automatiquement de ce dernier, avant de se casser sans demander son reste…

Peu importe d'où vient la bouffe, même si elle tombait du ciel accompagnée d'un cadavre. Du moment qu'il mange, il en a rien à foutre.

--------


A plusieurs dizaines de mètres de hauteurs, la Faucheuse avait parfaitement repérer le clochard qui faisait office de témoin de son œuvre, mais ne choisit pas de le poursuivre pour le réduire au silence : sa tenue lui avait indiquée qu'il était presque totalement beurré et ne faisait état d'aucun scrupule pour survivre, le dépouillement du cadavre en était la preuve. Qui irait porter foi aux dire de cet homme, qui de surcroit a profané un mort, et dont les empreintes sont les seules qui seront trouvées sur le corps de la victime ? Au mieux la pluie efface les preuves (ses produits ne laissant pas de trace dans l'organisme) et il continue sa vie misérable dans les rues de la ville, sans jamais toucher mot de cette histoire. Ou alors ses empreintes sont trouvées, il est interpelé et mis en examen, son analyse sanguine révèle que c'est un gros buveur, et le meurtre de l'homme lui est mit directement sur le dos même sans preuve déterminante.

Bref, elle avait d'autres choses à s'inquiéter que de courir après un clochard.

----

Cette réflexion se fit presque instantanément dans son esprit, pendant qu'elle prenait la place da sa victime à la poignée de son fusil. Elle prit quelques instants pour l'étudier soigneusement, la tenue Callidus lui confirmant ses analyses en affichant les caractéristiques de l'arme : FR-F3H (Fusil à Répétition modèle F3 Hoenn) Fusil de précision calibre 7.62, canon de 670 mm pour une portée effective de 900 m, équipé d'une lunette de nuit Tenefix NO-52 et d'un désignateur laser AIM-YAN, variante G2 sur bipied articulé du modèle F2 ; fusil produit par Jasknin industries, basée à Hoenn, production limité à 300 exemplaires, tous récents. Prix d'un seul de ces fusils : 70.000 pokédollars sans les accessoires. Ces derniers faisant monter le prix à plus de 120.000 pokédollars pour la panoplie complète, sans les balles.

Le prix n'est pas un problème et reste « relativement abordable » dans le milieu, mais c'est son obtention qui est extrêmement compliqué. Ces armes ne sont normalement fournis qu'aux militaires et réservés exclusivement qu'à l'usage militaire des forces d'Hoenn, et rien d'autre. S'en procurer un par des moyens privés est ardu, particulièrement ardu.

Etant limités à 300 exemplaires, tous les fusils doivent être enregistrés d'un numéro allant de 1 à 300 dans les banques de données militaire. L'absence du moindre d'entre eux ne pourrait signifier qu'une chose : une taupe, ou plusieurs, qui liquiderait certaines armes à des trafiquants en échange d'un paquet de tune. Trahissant ainsi l'armée qu'il sert pour des buts inavouables en fournissant du matériel de professionnel à des criminels. Seulement si la taupe venait à être démasquée, c'est la prison à vie dans le meilleur des cas. Et les risques que cela soit le cas avec si peu d'arme étant très élevés, ça parait extrêmement étonnant que cet « amateur » ait pu s'en procurer un…

Elle souleva la crosse de l'arme pour vérifier sa contre-hypothèse, et la confirmer lorsque les lentilles de sa tenue ne révélèrent aucune trace de numéro de série : c'est une arme totalement fabriquée en dehors des 300 exemplaires. Et qui dit arme fabriquée en dehors d'exemplaires « public » (les militaires sont forcés de fournir les chiffres exacts de leurs commandes et transactions au gouvernement, ces derniers pouvant être consultés par le public) dit armes fabriquées sur commande privée. Et qui dit commande privée dit prix plus élevé… Sur le marché noir.

Selon ses propres connaissances, cette fois-ci sans consulter la Callidus, elle mit ces nouvelles informations en correspondance avec ses autres déductions… Matériel professionnel, transaction privée, Contrat d'exclusivité bafoué avec l'armée Hoennienne, coût multiplié facilement par 4 pour que la prise de risque et commande d'au minimum 50 d'entre eux pour que cela soit rentable, fusil qu'elle retrouve entre les mains d'un amateur… Elle ne voyait que très peu d'organisations ayant une telle influence et qui sont pourtant si incompétentes…

Les teams sont de retour. Et vu leurs « nouvelles » méthodes et joujoux, Rising Sun doit être une association des restes des anciennes teams vaincues. Elle pouvait deviner sans peine certaines d'entre elles : l'utilisation d'arme et d'appareil de folie était la marque de la team Rocket, l'obtention de tels matériels aussi fournis aussi « facilement » était la marque des team Aqua et Magma, et la coupe au bol du dernier ajoutée à l'idée du plan relativement complexe était la marque de la team Galaxie… Il y'avait de forte chance que ce ne soit pas les seules teams composant Rising Sun.

Ce qui pouvait l'amener à une telle conclusion était l'amateurisme dont ils faisaient preuve : malgré de très bon plan et d'excellentes ressources, Rising Sun est à comparer à une ville dans laquelle on rassemblait toutes les cultures et religions du monde ; autant faire accoupler un Seviper avec un Mangriff. Les membres qui la composent sont tous humains, mais leurs idéologies respectives doivent fortement divergées, et une évidente tension passive devait y répandre une anarchie posée, malgré le fait qu'ils doivent travailler de concert.

Une nouvelle conclusion s'offrit à elle : pour que toutes ces teams aient acceptées de se réunir sous la forme d'une seule organisation, c'est que ceux qui la dirigent doivent être des êtres extrêmement influent ; ne serait-ce que dans le charisme qui force le respect au point que leurs sbires acceptent de travailler de concert… Mais c'est comme de tout : quand le chat n'est pas là, les souris dansent ; ils ne peuvent pas tout contrôler. Encore moins les pensées et pulsions aussi diversifiées de leur armée disparate.

Cela signifie surtout qu'ils doivent avoir à leur tête des anciens membres vétérans des teams pour l'expérience, ce qui se voyait dans le modèle d'action de leurs plans. Mais ils doivent être soumis à une autorité bien plus jeune et inexpérimentée qu'eux, mais néanmoins très déterminée… Placer un roi capricieux à la tête de conseiller véreux et d'une puissante organisation, voilà à quoi ressemblait Rising Sun selon ses conclusions. Elle ne voyait déjà qu'un seul homme pouvant faire partie de la tête de ce conseil, à plus de 100% de chance que ce soit le cas : Giovanni.

----

Un nom ; en moins d'une demi-minute de déduction, la Faucheuse avait déjà le nom de l'organisation, une idée de ses méthodes, de sa structure, de ses idées, et même d'un des plus hauts membres la composant, ainsi qu'un aperçut de ses ressources et de sa détermination égale à son unité fragmentée.

Mais l'heure n'est plus aux tergiversations, mais au meurtre. Rising Sun voulait un meurtre qui ne se revendique de rien d'autre qu'un meurtre ? Elle allait leur en donner deux : le prisonnier, et l'homme qui se trouvait dans la lunette de visée de l'arme qu'elle tenait… Quel amateur ce leurre, même plus que son «comparse» : il était correctement placé pour faire face au poste de police, il gardait même son arme correctement à l'intérieur de la pièce pour éviter que quelqu'un repère le canon, mais il avait allumé la lumière d'une petite lampe de chambre à côté de lui, l'aidant à lire un livre pour tuer l'ennui à défaut du tuer quelqu'un… Et l'illuminant comme une luciole. Lui faisant perdre le précieux couvert de l'obscurité.

Amateur en effet, car ce qui est le plus dur dans ce métier ce n'est pas l'acte de tuer, mais la solitude apportée durant l'attente de tuer. Les meilleurs snipers militaires sont entrainés au-delà de toute raison humaine pour supporter ce dernier point, pour être capable d'infiltrer et de progresser seul derrière les lignes ennemies, et d'attendre sans relâche pendant des jours, voir même des mois, sans esquisser le moindre geste en l'attente de leur proie. Ce sont des tueurs froids et calculateurs à l'extrême, et très rare sont ceux dont les noms furent effacés des annales de l'histoire pour faire d'eux la quintessence de l'assassin de précision, entrant ainsi dans la légende populaire des bidasses militaires.

Il n'y a d'ailleurs que cette catégorie de tueur qui a le plus de chance au monde de tuer la Faucheuse. Mais, heureusement pour elle, à cause de la période de paix d'ordre militaire qui occupait les archipels, et la relations autarcique de ces dernières avec le reste du monde : aucun tueur de cet acabit n'est né dans le monde pokémon depuis des lustres, sans que cela soit obligatoirement un sniper… A part elle.

Actuellement les snipers son entrainés à agir en duo, optimisant au maximum le rapport de force dans la spécialité de ces derniers. Ils sont peut-être moins « déterminés » que leurs homologues anonymes –comme elle-, mais leur nombre et l'entrainement au travail d'équipe qui en résulte rééquilibre la balance sans problème, tout en annihilant le point négatif du sentiment de solitude au profit d'un sentiment de camaraderie inégalée : seuls derrières les lignes ennemies, le seul moyen de survivre est de faire équipe ; Les liens tissés entre les deux membres de ce genre d'équipe sont même plus fort que les liens du sang, sans aucune hésitation… Dommage que ce fut exactement ce qui faisait défaut à ses adversaires… Enfin… Dommage pour eux. Pas pour elle.

--------


La tête posée sur l'appui-joue de l'arme, rehaussant légèrement le canon pour l'aligner dans l'axe de tir fournit par la Callidus, elle n'avait pas besoin d'allumer le viseur laser pour assurer son tir, car cela pouvait risquer d'alerter sa cible, et était de toute manière moins précise que l'algorithme de précision de sa tenue.

Pendant que les données de tir s'actualisaient à toute vitesse, prenant en comptes toutes les variables possible pour s'assurer de la précision du tir (malgré le fait que c'était assez inutile, la cible n'était même pas à 300 mètres, et le Faucheuse avait suffisamment d'expérience dans le domaine pour réussir ce tir les yeux fermés.) Sa cible posa de nouveau correctement son fusil sur le côté, pour reporter son attention sur son livre… « Le dernier Souffle », quelle ironie… Lire un tel livre alors qu'il allait mourir, c'est à croire que l'univers avait prévu la scène depuis le début.

Elle avait d'ailleurs perdu quelques précieuse minutes à trouver le potentiel 3é tueur qui pourrait lui faire la peau, mais sans résultat, il n'y avait personne à l'endroit indiqué par ses déductions et celles de la SCS, mais ne perdre quelques minutes pour s'assurer de rester en vie n'est clairement pas un prix à regretter. Car, contrairement à eux, pour elle : deux précautions valent mieux qu'une.

Son réticule de visée intégré à la tenue se stabilisait, les probabilités de tirs optimales étaient toutes vérifiées et programmées dans son viseur virtuel. Elle prit une lente profonde expiration, vidant ses poumons et stabilisant la tension de ses muscles. Sa cible baillait la bouche grande ouverte en s'étirant, son doigt sur la détente la faisait crisser lentement et de façon fluide jusqu'au point de rupture, elle s'arrêta précisément à ce point là, immobile et aussi rigide que le béton sur lequel se trouvait l'arme. Sa cible termina son étirement pour se replonger dans son livre… Et elle tira.

Elle encaissa le recul sans aucun problème, de la même manière que l'ouïe de sa tenue lui relayait le bruit de la détonation étouffée par le silencieux, alors qu'en même temps la balle allant à plus de 3 fois la vitesse du son pénétrait dans la tête du leurre d'une telle vélocité qu'elle lui fit exploser la boite crânienne, faisant gicler cette dernière dans une déflagration de viscère grise et rouge. Repeignant les environs immédiats et la lampe de la couleur de son sang, le tuant sur le coup.

Travail d'amateur. Elle n'avait pas vérifiée les balles, et doutait de leurs caractéristiques, mais n'avait aucune raison de le faire : elle n'avait pas de balle sur elle de toute façon, et il fallait faire croire que c'était le travail d'un amateur quoiqu'il arrive. Personne ne ferait le rapprochement entre une telle boucherie et les méthodes « habituelles » de la Faucheuse, celles qui ne laissent aucune trace. De plus sa couverture était ironiquement assurée par le cadavre de l'amateur qui croupissait dans la poubelle en contre bas : il aurait marché sur l'emballage plastique de son sandwich, glissant avec la pluie, serait tombé encore en vie dans la poubelle, et tuer par la suite à coup de lame par le SDF…

Propre, net et sans bavure. Du travail de pro dans un travail d'amateur.

Bien, maintenant : s'occuper du troisième et dernier larron pour en finir avec ce contrat.

--------


Elle s'approcha du bord de l'immeuble, monta sur le rebord, et, dans ce qui pourrait ressembler à une tentative de suicide, se laissa tomber en avant dans le vide… Avant de voir son corps se tenir à l'horizontal sur le mur, sa silhouette parallèlement opposée au sol, tenant comme par magie par des filins invisible.

La réponse à ce tour de magie résumait en un seul mot : Callidus. Les parties de la tenue de son corps étaient pourvues de milliers de petites ventouses, munies de fins et encore plus petits crochet pour lui permettre d'adhérer à n'importe quelle surface. Donnant l'illusion qu'elle marchait sur le mur comme elle marchait dans la rue.

Les ventouses étaient si petites et puissantes qu'elles ne laissaient aucune trace derrière elle, sauf ne l'ordre du millième de millimètre, mais elles ne pouvaient être « éventuellement » repérées que grâce aux analyses les plus poussées, ce qui perfectionnait sa couverture.

La surface des murs est toujours irrégulière à cette échelle, et lui fournissait un meilleur terrain de progression qu'un mur d'escalade. Personne n'irait faire une analyse aussi poussée sur le mur d'un immeuble à plusieurs dizaines de mètre de hauteur. Ayant repérer les flash-bang, la Faucheuse avait laissée ces dernières à leur place sans les toucher, et était passée par le mur derrière l'entrée du toit, en parfaite couverture ; dès que les flics iront sur le toit après avoir trouvé le corps du leurre mort, ils activeront les flash-bang, trouveront le corps dans la poubelle, et déduiront exactement ce que la Faucheuse savait qu'ils déduiront, puisque pour eux personne ne pouvait avoir passé le barrage de flash-bang…

Et sa tenue ne se contentait pas que de filtrer l'air, elle filtrait aussi les effluves de son corps : la transpiration, l'haleine de son souffle buccal et nasal ; ces effluves étaient filtrées par la tenue plus efficacement qu'un déodorant ou qu'un douche continue, la rendant invisible pour les brigades canine.


Arrivée à un peu plus de 4 mètres du sol, la Faucheuse fit une infime flexion de ses jambes, prenant un élan par appui, et sauta depuis le mur –ses crochets/ventouses se rétractant sur son injonction vocale- pour atterrir sur le sol dans une démarche féline et fluide dénuée de gestes inutiles.

Il n'y avait rien à redire, c'était parfait.

----


Elle se trouvait désormais à l'arrière du poste de police, à quelques mètres de l'une des entrées auxiliaires de l'édifice, guettant la venue ou la sortie d'un éventuel policier qui viendrait faire sa ronde ou sortir les poubelles. Sa tenue lui relayait le champ de vision des deux caméras qui balayaient l'ouverture, aussi sûrement que si elles étaient équipées d'une pancarte disant « je regarde ici », se relayant la surveillance pile de la porte à l'image d'essuie-glace d'une voiture.

Sa tenue lui révéla que sa patience allait porter ses fruits, lorsque sa vue passa en mode thermique pour lui révéler la sortie imminente de deux policiers équipé chacun d'une pokéball devant contenir un pokémon chien.

Rapidement et furtivement, elle sauta juste au dessus de la porte dans un bond félin –aidée par les fibres musculaire de sa tenue qui augmentaient ses caractéristiques physique-, profitant de l'infime angle mort durant lequel les caméras ne regardaient pas précisément l'espace du mur au dessus de cette dernière, pour finir par s'accrocher au mur et s'y confondre dans une finesse de précision défiant les lois de la physique, telle une araignée caméléon attendant de sauter sur sa proie.

La porte s'ouvrit et elle put entendre clairement la conversation engagée par les agents de police, déjà frileux à l'idée de quitter la douce chaleur de leur poste interne.


« Brrr, quel temps de chiotte. Ca caille comme le cul d'un Stalgamin. » Déclara le premier en s'échauffant déjà les mains, son souffle transformé en vapeur se mélangeant à la brume.

« Tu l'as dit. Heureusement qu'on a la ronde la plus facile de la nuit : passer surveiller le tiers du temps dans le centre commercial, à l'abri de cette pluie et au chaud, c'est quand même le mieux qu'on puisse avoir. »

« Rien que cette idée me réchauffe déjà… » Soupira le premier, toujours sur le pas de la porte. Puis il tourna sa tête au dessus de cette dernière.
« Je comprend vraiment pas pourquoi on installe pas un rebord anti-pluie à cet endroit, ça serait vachement plus cool que de se les geler en attendant la confirmation d'ouverture du centre. »

« Chuis d'accord avec toi. » Il souligna son consentement en tournant la tête pour regarder le même point que lui, abrités légèrement de la pluie grâce à leurs casquettes.
« Y'a pas grand-chose à faire en plus : un bout de tissu imperméable et bombé comme un parapluie, et ça aurait le mérite d'être efficace, pas cher et même joli. » Puis il soupira un coup avant de se retourner vers son collègue.
« De toute façon on a pas le choix, et pas vraiment de raison de se plaindre vu qu'on a la meilleure ronde. »Il fit sortir son pokémon, un autre Caninos.

« Ouais, je dois l'admettre qu'on est chanceux, comparés aux autres. » Il fit sortir un Medhyena de sa ball et reprit d'un air tout de même dépité.
« Allez les gars, on est partis. »


Puis, alors qu'il refermait la porte, son Medhyena émit un petit grondement sourd en direction de cette dernière, interpellant les agents de police.


« Qu'est-ce qui y'a, Rex, tu veux déjà rentrer ? » Plaisanta-t-il en croyant partagé le point de vue de son pokémon. Mais ce dernier continuait de grogner en direction de la porte.

« Mais qu'est-ce qu'il a ? Pourquoi il réagit comme çà ? » Demanda-t-il à son comparse, et ce dernier lui répondit d'un petit sourire en coin.

« A mon avis, Jenny et Félix doivent être rentrés. T'es peut-être pas au courant, mais Rex à un petit faible pour la Caninos de Jenny, et il n'apprécie pas vraiment le Zigzaton de Félix qu'il considère comme un rival… »

« Oh… un triangle amoureux dans la brigade canine ? » Fit-il en plaisantant.
« Je n'étais pas au courant. Tu me caches des trucs sympa, ça se fait pas entre collègues… » Le réprimandait-il d'un air amusé.

« Oh si tu tiens tant que çà a tout savoir, on pourra en discuter pendant la ronde. »

Puis il ferma la porte, en sommant à son Medhyena, toujours devant cette dernière, de venir les rejoindre. Mais ce dernier restait immobile devant l'entrée, agaçant légèrement son coéquipier.

« Ecoute, je sais que tu as envie de voir la petite Grenat de Jenny –soit dit en passant, mignonne elle-aussi- mais on a une ronde à finir, et même déjà à commencer ; et Grenat, tout comme Jenny, n'aime pas les paresseux. Alors active. »

----

Son pokémon finit par céder aux arguments de son maitre –surtout concernant la Caninos- mais ce n'était pas vraiment pour cela qu'il grondait en direction de la porte… Il était sûr d'avoir vu quelque chose y pénétrer dans l'enceinte du poste, mais « quoi » il ne savait pas. Son nez ne lui indiquait aucunes autres odeurs que celles de ses coéquipiers, et son ouïe ne faisait état d'aucun son inhabituelle venant de l'intérieur… Peut-être que la brume lui jouait des tours, et que son envie de voir la Caninos altérait son jugement…

… Oui, ça doit être çà, il se faisait un film pour rien… De toute façon, qu'est-ce qui pourrait bien avoir pénétré dans l'entrée de la porte ? Les deux policiers étaient piles juste à la frontière de celle-ci qui séparait l'intérieur de bâtiment de l'extérieur quand ils les ont sortis de leurs balls, les caméras balayaient la zone de façon inquisitrice et ne les avaient prévenus d'aucune intrusion, et, dans tous les cas, même si effectivement quelque chose avait pénétré dans les lieux –aussi absurde que cela fusse- il y'a encore les effectifs interne du centre, son système de sécurité interne, les quelques pokémon restant à l'intérieur, et le vice-directeur et la directrice étant des As dans le domaine du combat pokémon…


Il finit par rejoindre ses coéquipiers d'un air dépité et gêné, pas du fait d'avoir penser à une idée aussi absurde, mais que cette Grenat lui avait tapé dans l'œil avec la force du soleil pour lui avoir justement fait penser cette idée… Oui, il faut être réaliste :

Personne n'était entré dans le poste de police pokémon.


[A suivre.]

----

Bonus : évidemment, pour ceux qui auront déjà lu attentivement, j'ai réutilisé le terme « Callidus » pour ce chapitre et le prochain, cette fois-ci dans sa « véritable » forme (même s'il subsiste des différences avec celles de W40K, comme vous l'aurez constaté)

Je tiens à profiter de ce chapitre pour remercier Berlioz pour l'astuce de l'infinitif. Car je dois reconnaitre que de jouer presque à chaque fois à pile ou face pour savoir comment conjuguer un verbe de la langue française… Ca me casse les [PokéBip] prodigieusement.

Quand a Mara-Magica, j'espère que ce chapitre répond à tes attentes :)]