Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

La Faucheuse. de T-Tylon



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : T-Tylon - Voir le profil
» Créé le 03/11/2010 à 16:37
» Dernière mise à jour le 15/12/2010 à 19:24

» Mots-clés :   Présence d'armes   Sinnoh   Suspense   Terreur

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Conviction.
(Cinquième partie.)

Sinnoh. Extrême Sud-Ouest de la route 212 B, Ruines inconnues.

Dimanche 11 Avril. 17 heures 13 minutes.



« Lisa endors Hana, tout de suite ! » Fit-elle en se rapprochant de cette dernière avec la seringue.


La petite fantôme fut sortie de sa rêverie en même temps que le reste de l'équipe, étant totalement surprise par le choix qu'elle ait fait ; plus par le fait qu'elle ait fait un choix que par « qui » elle choisit. Ils étaient bloqués entre l'hésitation de vouloir l'en empêcher, de la contredire, et celle de ne rien pouvoir faire, et qui entrainerait la mort quoiqu'il arrive.

Mais ils ne savaient pas qu'elle avait prévue la moindre de leurs réactions. Elle mit son plan à exécution, au travers de cette nouvelle scène de ce nouvel acte ; Dont elle devait en être l'actrice principale dans sa meilleure prestation.


« Sarah : est-ce que vous avez de l'atropine ? »

« Mais je ne peux pas risquer une injection à cause du poison ! »

« C'est la seule chance qu'on ait ! Et pour Hana on n'a aucune autre alternative ! »
Elle prit une inspiration plus profonde pour mimer le fait qu'elle tentait de se calmer, et reprit.
« J'aurais juste besoin d'une baie pêcha pour la soigner, mais je n'en ai plus ! Il se peut qu'il y'en ai quelques part dans les parages, mais il faut qu'on gagne du temps pour que je puisse les chercher ! C'est la seule autre chance que l'on a ! »


= Evidemment c'était illusoire. Ce n'était pas un mensonge, mais c'était tout comme. Ne pas hésiter une seconde à se servir du moindre prétexte pour manipuler quelqu'un, tout en restant intelligemment à couvert… Excellent plan. Et qui sait : peut-être pourrais-je effectivement en trouver une ? Le minimum de risque pour le maximum de profit.

Mais Lisa ne semblait pas prête à coopérer... Forte probabilité de choc « post » traumatique en fonction du souvenir du Majordome. C'est assez embêtant partit comme c'est. Retournons donc ce choc psychologique contre lui-même.=


« Lisa ! Pitié, fais ce que je te dis ! Je ne veux pas les voir mourir devant moi ! »


Cette dernière parvint finalement à réagir à l'appel de la demoiselle aux baies –la dernière partie de la phrase l'ayant réveillée- et elle se mit au niveau de la serpente qui s'agitait dans tous les sens.

La vue de sa chair mise à nue la répugna sur le moment, et il fallut à Luna de jouer à nouveau de la manipulation pour la faire obtempérer.


« Ferme les yeux si ça t'horrifie trop ! »

~ J'peux pas… J'peux pas faire çà !~

« Si tu le peux ! » Puis elle se tourna vers Flo. « Florianne, aide-la à se diriger ! Vite ! »


L'intéressée réagit au quart de tour. Instinctivement revigorée par l'espoir que lui avait donné Luna, elle arriva au niveau du Milobellus juste à côté de la petite fille, prit ses mains qui furent parcourues d'un frisson, et lui demanda de lui faire confiance en fermant ses yeux ; elle allait devenir les siennes.

Elle la dirigea ainsi jusqu'au niveau de la tête du serpent –toujours parcourue de spasme- et lui fit « toucher » la tête de cette dernière, dans un sentiment de dégoût instinctif au contact des chairs meurtries.


« C'est bon, tu peux l'endormir ! »

~ Comment je fais ?! Je ne sais pas le faire !~

« Concentre-toi totalement sur l'idée qu'elle arrête de souffrir, qu'elle arrête de bouger ! »

~ Mais, est si ça marche pas ?! Et si je n'y arrive pas ?!~

« Tu vas y arriver, Lisa, j'ai confiance en toi ! » Répondit Flo juste à ses côtés, en serrant ses mains au détriment du froid qui la mordait sévèrement.


La spectre fit comme elle lui indiquait : elle fit pénétrer ses mains dans le crâne de la serpente, et partagea ses sentiments et sa douleur instantanément. Cette dernière disparut presque aussitôt au moment où elle commençait à son tour à crier, se faisant serrer les mains d'avantage par la championne. La douleur était si atroce que son « corps » réagit de lui-même pour la dissiper, révélant des capacités qu'elle ne se soupçonnait même pas.

----

Une fois la douleur passée et la serpente temporairement calmée, ayant sombrée à son tour dans l'inconscience, elle put expérimenter plus loin –sans le vouloir- ses pouvoirs. Elle voyait l'image la plus forte qu'avait le pokémon à l'esprit, et ressentit le sentiment allant avec : un pur sentiment de loyauté et d'une dette sans limite envers sa dresseuse, et le cœur brisé en mille morceaux de l'avoir vue sombrer devant elle.

C'était si implacable comme sentiment qu'elle en ouvrit les yeux de larme lorsqu'elle retira ses mains. Mais elle put constater que ses efforts avaient portés leurs fruits, car Luna administrait déjà l'ultime soin directement au niveau entre la mâchoire et la gorge. La serpente était toujours un peu parcourue de spasmes, malgré son intervention. Mais maintenant elle cessait totalement de se débattre, restant immobile dans la boue.

Un bref moment, la pire des pensées traversa leurs esprits en ne la voyant plus bouger. Luna les rassura en disant que le poison ne serait plus un souci, mais les refit paniquer en contre-arguant que ses plaies oui. Elle se tourna donc vers la ranger d'un air stressé.


« Sarah, l'atropine : MAINTENANT ! »


La ranger fut parcourue d'un frisson à cet ordre et sortit presque immédiatement le médicament de son rangement. Elle prit une dose jusqu'à la lie de la seringue et piqua au niveau de la poitrine, un peu plus haut que le cœur. Déversant totalement le contenu dans le corps de la jeune femme.

Cette dernière réagit positivement à son geste lorsque ses lèvres bleutées –signe évident de cyanose- revirèrent à leurs couleurs originelles. Elle tâta son pouls pour confirmer son diagnostique à court terme, et exulta de joie et de stress.


« Plus de 60 bpm : ça repart ! »

« Ca va pas durer éternellement, il faut qu'on les sortes de là ! » Reprit Luna. « Sarah, il faut que vous bandiez Hana ou elle va succomber à ses blessures ! »


Là encore elle réagit rapidement. Elle sortit son rouleau –bien entamé-, s'avança vers la Milobellus… Et resta interdite devant la véritable mare de sang dans laquelle elle baignait ; tout comme la championne et la spectre.


« … Elle perd trop de sang… Mes bandages n'y pourront rien à temps… »

« Si ! Mais il faut que vous la bandiez maintenant ! » Répondit encore une fois la maitresse des baies.
« Lisa, on n'a encore besoin de toi : il faut que tu recommences à entrée dans sa tête, et que tu la force à se servir de ses capacités de soin ! »

~ D'accord !~

« Je te guide à nouveau ! » Fit la championne.


Elle ne savait là encore pas comment procéder, alors elle se fia à son instinct comme tout à l'heure : Elle pénétra une fois de plus ses mains dans sa tête mais, au moment où elle voulait se concentrer sur l'idée de la soigner, elle fut submergée par un flot d'émotion qui l'empêcha de se concentrer.

Prise par ce trublion, elle ne put faire autrement que de parcourir et de voir les souvenirs qui y étaient associés : sa vie misérable, sa souffrance de Barpau, sa rencontre avec la jeune femme, et tout le bonheur qu'elle lui a apportée… Et la voir finir sa vie devant ses yeux. Elle se sentait coupable de ne pas pouvoir la sauver, de ne pas pouvoir lui avoir fait comprendre à quel point elle l'aimait, et répugnait son existence si celle-ci continuait au profit de sa mort. Elle haïssait tellement cette idée qu'elle préférait encore mourir que de continuer à vivre sans elle.

----

Complètement subjuguée par ses pensées, elle s'expulsa de sa tête tremblante de peur.


« Qu'est-ce qui se passe ? »

~ Je ne peux pas la soignée. Elle refuse… Elle refuse catégoriquement de vivre sans Cynthia !~

« Oh non… Mais comment va-t-on faire ?! » Reprit la ranger en ayant finit de bander le serpent.

« Lisa, tu dois recommencer ! Mais cette fois : essaye de lui faire souvenir des meilleurs moments de sa vie avec elle ! »

~ Mais elle va réagir encore plus négativement !~

« Essaye de la ramener à son plus beau souvenir avec elle, le plus fort et le plus cher à son cœur ! Et une fois que tu l'as trouvé : essaye de lui parler au travers de ce dernier pour lui faire comprendre qu'elle va s'en sortir ! »

~Je… Je dois lui mentir ?~

« Non, ce n'est pas un mensonge ! Je ne vais pas la laisser mourir ! Mais il FAUT qu'elle lutte, sinon Cynthia ne s'en remettra jamais ! »


Elle restait un brin perplexe malgré tout ; pas à cause de l'ordre, mais de la manière dont elle l'avait formulé : un ordre ferme et déterminé, sans l'ombre d'un doute. Elle savait parfaitement qu'elle n'avait qu'une infime chance que ce ne soit pas un mensonge, mais elle la voyait la saisir sans la moindre hésitation. Si elle ne la connaissait pas que depuis 3 jours, elle aurait pu jurer qu'elle n'a actuellement pas en face d'elle la même personne qu'hier.

Mais elle chassa ses hésitations en regardant à nouveau la serpente, et plongea à nouveau ses mains dans sa tête.


---------------------------------


Encore une fois, les souvenirs vinrent la submerger à nouveau sous un flot d'émotion négative ; tristesse, culpabilité, tourment de la nostalgie, douleur. Elle faillit céder à nouveau devant ce raz-de-marée grondant de ressentiments négatifs tellement la pression était forte, mais se ravisa en ressentant une toute autre émotion dans l'ombre imposante de la plus négative d'entre toute ; une émotion positive.

Ses propres pensées et souvenirs la rappelait à cette nuit funeste où elle a tout perdu, et elle saisit instinctivement cette petite lumière d'espoir dans cet océan tourmenté. Elle s'imagina des mains pour prendre celle-ci, et elle rayonna tel un soleil quand Lisa écarta instinctivement toute considération aux autres sentiments pour se concentrer exclusivement sur celui-ci.

----

Quand le rayonnement prit fin, elle ouvrit les yeux lentement « comme » dans un rêve pour se retrouver la nuit à proximité d'un fleuve, le son produit par un courant d'eau fort le lui indiquant.

Elle avançait en direction de ce dernier, en écartant les branches et passant outre les buissons qui lui barraient la route, comme si elle était dirigée toujours instinctivement dans ses gestes comme dans ses pensées. Elle arriva finalement au bord du fleuve, à proximité d'une bouche d'égout et d'un dépôt sauvage de détritus, et s'approcha d'un sac plastique qui remuait à ses yeux comme le centre du rêve...

Le sac disparut à ses yeux comme s'il était transparent, et put voir son contenu qui la fit se raidir automatiquement : un pokémon poisson d'une laideur comme elle n'en avait jamais vu. Un instant même elle crû s'être trompée de rêve tellement ce dernier paraissait surréaliste.

Puis un bruit se fit entendre derrière elle, un bruit de pas. Elle se tourna pour voir de quoi il s'agissait… Et écarquilla les yeux de surprise en reconnaissant parfaitement Cynthia malgré son apparence juvénile ; elle n'avait pratiquement pas changée après toutes ces années, a part la taille.

Elle la vit saisir le sac, le dénoué, et le vider de son contenu dans le fleuve … Elle n'en croyait pas ses yeux. Ce pokémon : c'était bien Hana. Et lorsque le sac fut ouvert, elle put ressentir exactement les pensées et ressentiments qu'éprouvait le pokémon du plus profond de son être, et elle s'effondra sur ses jambes en pleurant à chaude larme tellement c'était triste.

Elle entendait ses pensées comme si c'était les siennes, partageait sa douleur comme si c'était la sienne, et avait la « gorge » nouée comme par des câbles d'acier en ressentant son désespoir. Elle aurait voulue hurler à sa place, se libérer de ce poids titanesque qui lui comprimait la poitrine et qui l'empêchait de respirer… Mais elle était soumise à ce rêve et à ses règles comme la spectatrice qu'elle était, et ne pouvait réagir d'avantage que le petit poisson. Elle se contenta donc de regarder la scène, immobile, avec ce poids inqualifiable qui la faisait souffrir.

----

Elle revécue ce qu'Hana avait vécue, ressentie ce qu'elle avait ressentie du début jusqu'à la conclusion : la souffrance inquantifiable de se résigner à la damnation de son existence et à la torture pour l'éternité… Et la délivrance que la « future » maitresse lui apporta au travers de sa compassion, via son évolution ; lui faisant ressentir l'exaltation du moment, et la pure définition du sens du mot « renaissance ».

Lisa put enfin comprendre qui était réellement Cynthia, et pourquoi elle était aussi célèbre et adulée aux travers des archipels (ce qui n'était qu'un effet secondaire dû à sa personnalité.) Et put aussi saisir sans mal à quel point elle comptait plus que tout aux yeux du pokémon eau, et jusqu'où pouvait aller sa loyauté envers elle.

Elle partageait sa joie et son bonheur quand elle entendit les mots prononcés par la jeune fille, lui donnant au travers tout ce qu'elle n'aurait jamais espérée penser : une existence, une vraie valeur, un foyer, et une vie… Elle était morte, et Cynthia la fit renaitre dans tous les sens du terme ; Il n'existait aucun mot pour décrire cet instant.

A la place de ses chaudes larmes de tristesse coulaient désormais des larmes d'une joie impossible à exprimer autrement. Elle voyait comment la pokémon considérait la dresseuse comme la plus belle chose de l'univers ; les arbres, le fleuve, les détritus, même le ciel et la lune disparaissaient de son champ de vision. Il ne restait qu'une seule et unique chose dans cet univers dénué de tout : Cynthia.

Elle la vit rayonnante comme une étoile, ce souvenir se transformant en véritable rêve. Elle se ruait sur elle avec la vélocité de sa toute nouvelle forme, les faisant tomber toutes les deux comme dans son souvenir. Lisa ne pouvait pas s'empêcher de sourire et de pleurer à la joie qu'elle pouvait ressentir ; la voyant se frotter et se blottir contre la jeune fille blonde pour lui exprimer sa gratitude… Sauf que le rêve s'arrêta en même temps que les frottements de la serpente sur la jeune fille, quand elle ne la vit ni sentit plus bouger.

----

Lisa sentit automatiquement que quelque chose n'allait pas, surtout quand elle se sentit comme « déconnectée » du pokémon ; ne sachant pas qu'elle ne pouvait agir dans un souvenir comme dans un rêve. Elle voyait Hana s'arrêtant de se frotter à la jeune fille à terre, inerte, la voyant hésitante et perplexe à cette vue, ne comprenant pas pourquoi elle ne bougeait plus. Elle la voyait émettre de tout petit bruit à l'encontre de la jeune dresseuse, des petits bruits plaintifs pour s'enquérir de son état ; se frottant encore à elle, beaucoup plus doucement et lentement qu'autrefois… Mais rien… Elle ne bougeait plus du tout… Ne respirait plus du tout… Et avait les yeux clos… Pour toujours…

Et le rêve se transforma en cauchemar.


Même déconnectée d'Hana, la scène ne la laissa pas indifférente. Elle voyait la pokémon au dessus de sa dresseuse dans cet univers dénué de tout autre chose ; ne bougeant ni n'esquissant plus le moindre geste. Elle restait là figée, incapable de bouger, sa respiration bloquée, son cœur à l'arrêt. Elle vit le « fond » de cet univers s'animer d'images et de sons saccadés comme dans un cinéma (même si elle ne s'avait pas ce que c'était.) Elle vit en version accéléré tout ce qu'elle avait vécu grâce à elle et avec elle, la voyant sourire et être heureuse… Et arriver à ce moment funeste.

Et là, tout s'effondra. Cet univers, qui s'était transformé en véritable galerie de souvenir et de vie, ce fissurait désormais de toute part comme un vitrail brisé. Ses souvenirs, ses sentiments, son expérience : tout s'écroulait autour d'elle comme un château de carte en verre, sans qu'elle n'ait changée de position depuis le début ; les yeux emplit d'une tristesse inimaginable.

----

Même déconnectée d'elle, Lisa pouvait entendre la moindre de ses pensées traduites dans sa langue. Elle l'entendait parler dans sa tête, au fur et à mesure qu'elle regardait sa dresseuse. Elle croyait avoir vécu le summum de ce que la pokémon était capable de ressentir en termes de désespoir, elle se trompait.


« … Cyn… Thia… Si seulement… Je ne l'avais pas poursuivit… Pourquoi… Pourquoi j'ai fait çà… »

Elle entendait sa plainte en voyant les quelques souvenirs associés ; ceux de son combat avec le pokémon poison.

« … Si j'étais restée à tes côtés… Je n'aurais rien eu… Et tu serais sauve… »

Puis elle vit à nouveau tous ses souvenirs défilés en un instant, accompagnés par le sentiment d'une dette sans égale.

« … Tu m'as tout donnée… Absolument tout… Tout… »

Elle marqua une pause après que sa voix mourut dans sa « gorge » à la fin de sa phrase.

« …Et moi… Voilà ce que je te donne en échange… »


Deux larmes perlèrent de ses yeux mis clos pour venir s'écrasersur les joues de l'ancienne maitresse ; et le souvenir de la nuit de leur rencontre revint en arrière-fond, mais modifié… Modifié avec ses plus profondes pensées, en imaginant que la jeune fille ne ce soit jamais arrêtée au fleuve, et qu'elles ne ce soient jamais rencontrées.

Lisa restait interdite en voyant la scène telle que l'imaginait la serpente : imaginant Cynthia devenir maitresse et continuer à vivre sans la Milobellus, sans perdre son sourire et continuer à vivre.


« … Cette nuit là, j'aurais dû mourir… J'aurais dû mourir, et tu ne m'aurais jamais trouvée… Et rien de tout cela ne te serait jamais arriver… J'aurais dû… J'aurais dû… »

La scène lui brisa le cœur lorsqu'elle entendit les ultimes pensées de la serpente résonnées dans le pire regret qu'elle n'ait jamais ressentit.

« … Ne jamais existée… »

--------

Le choc fut tel qu'un flash-back se présenta à elle et la ramena à son propre passé. Elle se retrouvait dans le jardin du château, dans l'allée principale, presque à la clôture d'entrée ; un carrosse garé juste devant qui n'attendait plus que la personne qu'il était venu chercher… Une jeune femme aux longs cheveux châtains clairs, portant une humble valise, et des yeux d'un rouge unique au monde.

Elle se voyait courir, crier et pleurer dans sa direction ; attirant l'attention de cette dernière qui se retourna en lui adressant un sourire triste.


« Pourquoi ?! Pourquoi tu dois partir, grande sœur ?! »

« Lisa… Je suis désolée… Mais je ne peux pas te le dire… »

« Mais pourquoi ?! Pourquoi père et mère ne te parlent plus ?! Pourquoi tout le monde à l'air si renfermé quand je parle de toi ?! Pourquoi personne ne me dit rien ?! »

« … Lisa… Je vais me marier… »


L'annonce lui fit un choc éblouissant, d'un côté triste et de l'autre content pour elle… Mais elle ne comprenait pas pourquoi personne ne disait rien.


« Mais… Mais si tu vas te marier… Pourquoi ça reste si secret, si sensible ? Tout le monde devrait être au courant ! Alors pourquoi je ne le suis pas ?! »

« Lise… Je suis… Désolée… » Dit-elle en reprenant la direction du carrosse. Mais la petite fille l'interpella à nouveau.

« Pourquoi… Pourquoi tu va te marier grande sœur… »

Elle ne lui répondait pas, évitant même de croiser son regard, mais la petite fille continuait.

« Un mariage… C'est normalement une joie et un bonheur, un événement qui doit se célébrer avec tout le monde… Alors… Pourquoi tu es si triste ? »


La remarque toucha de plein cœur la jeune femme lorsque des larmes coulèrent de ses joues, peinant à les cacher à sa petit sœur. Elle s'agenouilla pour la prendre dans ses bras, et sangloter à son oreille.


« Oh Lisa… Je suis désolée, mais on ne se reverra plus… Plus jamais… »

« Quoi… ? » Répondit la petite fille qui n'arrivait pas à croire ce qu'elle entendait.

« Lisa, écoute-moi… Il faut que tu sois forte, et que tu ne te laisse pas abattre… Père et mère compteront sur toi, je compterais sur toi… Même si je ne suis plus là… Est-ce que tu comprends ? »

« Non… Non, je ne comprends pas… Je ne veux pas comprendre… » Répondait-elle en agrippant fermement la jeune femme, ce qui la faisait sangloter de plus belle.

« Je sais… Je sais que tu ne veux pas comprendre… Mais il le faut… »


Elle arrêta de l'étreindre, difficilement, pour ouvrir sa valise et en sortir une poupée Teddioursa qu'elle lui tendit… Et dont la petite fille prit dans ces bras avec réticence ; n'arrivant toujours pas à comprendre.


« Mais… Mais c'est ta peluche préférée… » Fit-elle en l'ayant reconnue.

« C'est mon cadeau de départ… Mon dernier cadeau… Prend bien soin de toi Lisa, et surtout écoute Hector… Tu vas me manquer… Vous allez tous me manquer… »


Puis elle se leva, prit sa valise, et reprit la direction de la sortie. La petite fille tenta de la rattraper alors que la jeune femme passait la clôture, mais elle fut arrêtée par deux gardes équipés de lances qui lui interdisaient le passage.

Elle voyait sa grande sœur partir dans un profond sentiment de regret et de tristesse, et cela la faisait souffrir. Elle criait, hurlait son nom, et supplier les gardes –impassibles- de la laisser passer. Sans succès…

Et puis elle vit sa grande sœur se retourner une ultime et dernière fois dans sa direction, pleurant à chaudes larmes, et prononçant une phrase qu'elle n'aurait jamais voulue entendre de toute son existence.

« Je suis désolée de te faire souffrir ainsi… Mais je n'ai pas le choix… Pardonne-moi, Lisa… Je n'aurais jamais dû exister… »

Et elle s'engouffra dans le carrosse, qui s'évapora dans l'horizon… A tout jamais.

----------

« NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!!! »


Elle poussa un cri d'une puissance inouïe aux ressentis identiques entre ses deux souvenirs. Un cri du plus profond de son âme, qui résonna d'une telle force qu'il ébranla jusqu'aux fondations de celle du pokémon.

Elle ressentait une douleur innommable à la similitude de ces deux tourments ; une douleur à en transfiguré le terme. Elle ne pouvait pas supporter cela, et activa instantanément tous ses pouvoirs spectraux à l'intérieur même de l'esprit de la Milobellus tourmentée ; prenant le contrôle direct de la moindre de ses pensées inconsciente, sans avoir jamais testée cette façon de faire auparavant.

Elle redonna forme à l'univers tel qui lui était apparut dans ses souvenir : le fleuve, les détritus, la lune, les arbres, les graviers. Elle n'oublia pas la moindre feuille sur la moindre plante pour redonner vie à ce souvenir dans sa retranscription la plus fidèle qui soit ; devant la Milobellus consciente de ce changement qui opérait en dehors de sa volonté. Et elle lui apparut devant elle, juste un peu en retrait du corps de l'ancienne maitresse.


« C'est faux ! Tu n'aurais pas dû ne jamais exister ! »

« Mais… Qui… »

« Cynthia n'a jamais regrettée de t'avoir rencontrée ! Elle n'a jamais regrettée le choix qu'elle a fait de te vouloir, de te connaitre ! »

« Mais… A cause de moi… Elle va-«

« NON ! Elle est en vie, et on va la ramenée à Verchamps en vie ! On va tout faire pour çà, mais il faut que tu te battes ! »

« Pourquoi ?! Pourquoi je devrais t'écouter ?! Pourquoi devrais-je me battre pour survivre, alors qu'elle va mourir à cause de moi ?! »

« PARCE QUE TU ES EN VIE ! » Lui hurla-t-elle de toute sa voix d'humaine et de spectre, résonnant dans son univers comme si c'était son âme qui criait.
« Pourquoi crois-tu que tu es en vie ?! »

« Je… »

« Parce que cette nuit là elle a jugée que tu valais la peine d'être sauvée ! Parce qu'elle ta reconnue comme importante ! Elle t'a reconnue comme existentielle pour elle, jusqu'au point où elle préfèrerait sacrifier sa vie que de te voir mourir ! »

« Mais elle n'a pas à se sacrifier pour moi ! C'est moi qui lui dois tout ! C'est ma vie que je devrais sacrifier pour elle, pas l'inverse !!! »

« Et à qui tu dois cette même vie ?! A qui tu dois cette existence ?! Comment veux-tu sacrifier quelque que tu lui dois et que tu renie en même temps ?! »

Le paradoxe la toucha de plein fouet, sa contradiction la rendant incapable de répliquer. De toute façon la spectre ne lui en laissa pas l'occasion.

« Si elle est dans cet état c'est parce qu'elle t'aime plus que tout au monde ! »

Puis elle la força à regarder à nouveau sa dresseuse en lui prenant la tête dans ses mains d'une puissante poigne spirituelle.

« Regarde-là ! Est-ce que c'est le regard de quelqu'un qui regrette de t'avoir rencontrée ?! »


Elle avait sublimée suffisamment sa conscience pour forcer son esprit à lui remontrer le regard qu'avait fait sa dresseuse avant de sombrer : un regard dénué du moindre regret, si ce n'est de ne plus être à ses côtés. Elle la regardait d'un air doux et calme, simplement contente d'être justement à ses côtés… Ce qui arracha de nouvelles larmes à la serpente. Mais Lisa ne lui laissait toujours aucun instant de répit.


« Dis-moi ce qu'elle penserait de toi si elle venait à apprendre comment tu considères ton existence ?! Comment elle réagirait d'apprendre que, malgré tous ses efforts, tu regrettes d'être vivante ?! Que tu préfèrerais ne jamais avoir existée plutôt que de l'avoir rencontrée ?! »

Elle lui saisit la tête de toute sa rage et sa tristesse accumulée pour l'amener juste devant le visage de sa dresseuse, regard contre regard.

« DIS-LE ! OSE LUI DIRE EN FACE QUE TU REGRETTE CETTE NUIT ! ET DIS-MOI SI TU NE POURRAIS JAMAIS IMAGINER LA DOULEUR QUE CELA LUI FERAIT D'ENTENDRE CA ! VAS-Y !!! »


Ses cris résonnaient comme le tonnerre, sa voix grondait comme un ouragan de rage au travers de son esprit, et elle ressentait la tristesse dans ses propos lorsque le souvenir de Cynthia commençait à verser des larmes justes devant ses yeux.


« Mais… A cause de moi… Elle va mourir… » Finit-elle en sanglot.

« NON ! »


Son cri éclata comme la foudre s'abattant de toute sa fureur sur la terre. Choquant la serpente lorsque la petite fille ramena son visage, de celui calme de Cynthia, vers le sien d'Ectoplasma, barré de larmes de rage et de tristesse.


« Elle est en vie, elle va vivre ! Mais toi tu te laisses mourir ! Comment va-t-elle réagir en apprenant que tu as préférée mourir malgré tout ce qu'elle a fait pour toi ?! Comment veux-tu qu'elle apprenne que tu as regrettée ton existence jusqu'au bout ?! Que tous ces moments de joie et de bonheur passés avec toi n'étaient pour toi qu'une illusion ?! »


Elle lui refaisait défiler tous les souvenirs qu'elle avait de sa maitresse au travers de son esprit pour souligner ses propos, sans en oublier un seul. Chaque sourire, chaque blague, chaque événement à ses côtés qui les faisaient sourire toutes les deux avec tous les autres.


« Je connais la douleur d'avoir vécue seule ! De s'être sentie abandonnée ! De se savoir faible et incapable d'agir lorsqu'il le fallait ! De ne pas avoir pu faire quoique ce soit pour aider ceux que j'aimais, et dont je n'ai plus aucun souvenir ! Et la douleur de les avoir perdus devant moi ! »

----

C'était maintenant à son tour de partager son expérience et ses souvenirs avec le pokémon, ne lui épargnant rien du tout : Les jours qui se succèdent et qui se ressemblent à ses yeux, l'errance dans les couloirs quotidiennement, la première rencontre avec Flo, sa tentative de sortie en dehors de la propriété qui fit fuir les pokémon, se seconde rencontre avec Flo et sa dresseuse qui la sortait de cet enfer… Enfer dans lequel elle replongea avec le Branette qui était sa peluche, peluche offerte par sa sœur, sa sœur qui regrettait son existence lorsqu'elle la quitta en lui conseillant d'écouter Hector, et ce même Hector qui se sacrifia devant ses yeux…

L'Ectoplasma saisit ensuite la Milobellus pour la forcer à la regarder droit dans ses yeux, hurlant d'une rage jamais égalée auparavant qui faisait s'effondrer ses pensées nihilistes comme un château de carte ; ses yeux embués de larme qui continuaient de déverser leur contenu de tout leur saoul.


« Je n'ai jamais regrettée d'avoir connue ma sœur ! Jamais regrettée d'avoir vécue aux côtés d'Hector ! Et je n'ai jamais regrettée la vie que j'ai menée jusque là grâce à lui, et pour laquelle il s'est littéralement vendu corps et âme ! Et toi, ce que tu veux faire c'est abandonner tout ce pour quoi elle s'est battue pour ?! Tout ce pour quoi elle a tant sacrifié au cours de son existence juste pour te voir sourire ?! »

Elle fit une brève pause entre deux hurlements pour reprendre sa respiration, une profonde inspiration, tandis qu'elle s'apprêtait à tout relâcher dans une dernière ligne droite.

« Ce que tu fais ce n'est pas rendre justice ! Ce n'est pas digne de louange ! Ce que tu fais c'est dénigrer sa propre vie et ses propres choix simplement pour te complaire dans ton malheur ; niant son existence dans tout son ensemble ! Ce que tu fais… Ce que tu fais… CE QUE TU FAIS-«


L'Ectoplasma voyait sa voix résonnée d'un grondement d'une rage innommable qui faisait trembler terre et ciel de cet univers dans un chaos insoutenable, et la Milobellus était tel un fétu de paille forcé d'encaisser la pleine rage de ce chaos. Le temps sembla se stoppé pendant un instant, et un calme au-delà da la compréhension s'installa pendant ce bref moment… Le même calme que devait avoir l'univers juste avant le big-bang.

Puis, dans un relent de cette même rage primale qui roulait dans sa gorge comme la voix personnifiée de l'enfer, Lisa acheva son monologue dans un hurlement à en faire pâlir le diable.


« C'EST IMPARDONNABLE !!! »

----

Le cri l'ébranla jusqu'aux tréfonds de son être, lui instillant une peur comme elle n'en avait jamais connue auparavant, faisant imploser sa résolution nihiliste dans la détonation de son hurlement qui balaya tout son univers d'un seul coup.

Elle se sentait vulnérable et faible comme jamais auparavant. Elle se sentait minuscule et insignifiante en face d'elle, alors qu'elle faisait facilement trois fois sa taille. Ses yeux lui brulaient d'être confrontés au regard de l'Ectoplasma, lui donnant l'impression de regarder un soleil rose pâle dont l'intensité de sa rage et de sa détermination la faisait apparaitre tel un misérable ver en comparaison.

Elle avait peur. Elle pleurait toujours, mais cette fois-ci de terreur. Elle sentait la puissante poigne du spectre qui maintenait sans mal sa tête dans un puissant étau, elle savait qu'il lui suffisait d'un seul geste pour la lui faire imploser. Son cri et sa conclusion lui apparurent comme le marteau d'un juge divin qui rendait son verdict sans appel.

Elle avait peur, et elle craignait pour sa vie… Parce qu'elle lui a prouvée qu'elle en avait une. Et çà elle ne pouvait le nier.


« Moi je suis morte… » Commença-t-elle sur un ton bien plus triste, tranchant radicalement avec celui qu'elle avait employé plus tôt.
« Je suis morte, et je n'ai jamais eu l'occasion de leur dire à tous à quel point ils comptaient pour moi… Je n'ai jamais eu l'occasion de dire à ma sœur à quel point je l'aimais… A quel point j'admirais Hector pour n'avoir jamais faillit… Je n'ai jamais eu l'occasion de le leur dire, et je ne l'aurais plus jamais… »

Elle commença à s'effondrer sur elle-même en pleurant, tout en relâchant l'étau qu'elle maintenait sur Hana.

« J'aurais vendue mon âme pour être à ta place, sans la moindre hésitation… Parce que tu es vivante. Tu es toujours vivante, Cynthia aussi, et tu as encore l'occasion de pouvoir le lui dire… »

Puis elle plongea à nouveau son regard dans le sien. Mais cette fois-ci emplit d'une supplique désespérée envers la serpente, qui ne lui rendit qu'un regard extrêmement triste en retour.

« … Alors… Vis… »


La Milobellus redirigeait son regard vers le corps de sa dresseuse, se trouvant à nouveau juste au dessus d'elle, deux nouvelles larmes vinrent s'écraser sur les joues de Cynthia, et coulèrent le long de celle-ci comme si c'était les siennes.

La serpente sanglota de nouveau, prenant une difficile inspiration au travers de ses hoquets. Elle leva ensuite les yeux au ciel, et poussa un ultime râle de tristesse…


----------------------------


Au même moment, en dehors de ce rêve, le corps de la Milobellus émit une faible lumière quand ses écailles s'illuminèrent d'elles-mêmes, commençant à soigner et régénérer sa chair meurtrie.

« Ca y'est, elle se soigne ! » Exultait la ranger, rapidement rejointe par le reste du groupe.


Combinant la régénération avec le soin, les ulcères dans sa peau meurtrie commençaient à se résorber lentement mais surement, pour la plus grande joie de ses camarades. La petite fille spectrale retira ses mains de la tête de la serpente, les yeux en larmes, et elle s'effondra dans les bras de Flo ; les yeux marqués de cernes, fatiguée par l'expérience. Cette dernière la prit soigneusement entre ses bras, et lui murmura à l'oreille.


« Tu y est arrivée… Tu as réussie, Lisa… »


Et ce fut ce moment que choisit le Grotadmorv pour émettre son râle de douleur depuis les ruines, poussant un cri sourd et rauque qui résonna à des lieux de là. Il sortit de ces dernières en se tenant les yeux des mains, à quelques dizaines de mètres du groupe, liquéfiant et détruisant tout ce qui lui barrait le chemin.

----

Le groupe reporta totalement son attention sur ce dernier, et ils furent interpellés par sa façon d'agir : il battait d'un bras dans tous les sens en poussant des cris de douleur, et se tenait les yeux de l'autre. Il tanguait de droite à gauche comme un dément en liquéfiant tout ce qui pouvait l'être ; arbres, terre et roche sans distinction.

Mais ce qui interpella vraiment la maitresse des baies, c'était la couleur du Grotadmorv : son vert maladif était recouvert d'une pellicule rose d'un produit presque inidentifiable, mais dont elle savait qu'il était responsable de son état de folie. Puis quand elle vit le Grotadmorv essayer de se débarrasser de ce même produit en utilisant un Lilliput -sans succès-, elle put s'adresser au groupe avec un relent d'espoir calculé.


« Il doit rester des baies fraiches et utilisables dans les ruines ! Sarah, Il faut que j'y entre ! »


L'intéressée fut prise de court par l'experte des baies, tout comme le reste du groupe qui ne comprenait presque plus rien à rien. Devant leur incompréhension, Luna reprit.


« La fine pellicule du truc rose qui recouvre le Grotadmorv est un concentré d'une baie extrêmement rare qui s'appelle la Pitaye ! Je ne peux pas tout vous expliquer maintenant, mais la Pitaye est une baie d'une incroyable capacité curative qui ferait passer le Durin et la Babiri pour une vaste plaisanterie ! En résumé : cette baie est au Grotadmorv ce qu'est un verre d'eau pour un carré de sucre ! »

« Tu veux dire qu'il est affaiblit?! »Demanda Flo.

« Oui ! C'est une baie légendaire dont il est dit qu'elle renferme le pouvoir de la vie ! Aucun pokémon poison –même shiny- ne peut se soustraire à sa puissance ! Réduite en poudre selon une méthode ancestrale, et un simple dose libérée dans les égouts de Céladopole suffirait à purger la ville de toute trace de corruption et de pokémon poison pour des dizaines, voir même des centaines d'années ! »

« Mais comment tu es sûre qu'il doit rester des baies dans les ruines ?! » Reprit la ranger.

« La poudre justement ! L'apothicaire est un génie dans la maitrise des baies et dans la concoction de repousse : il savait que les seuls pokémon qui ont le plus de chance de passer outre son stratagème olfactif sont les poisons, surtout les shiny ! Et pour qu'il en soit réduit à faire un repousse aussi puissant à partir d'une baie de cet acabit, c'est qu'il devait vouloir conserver quelque chose d'extrêmement précieux ! Et la seule chose pour laquelle un maitre des baies accepterait de sacrifier une baie aussi rare : c'est pour d'autres baies tout aussi rares ; parole d'experte ! »

----

Ca y'est ils comprenaient, l'idée commençait à faire son chemin en suivant son modèle de raisonnement. Si le Grotadmorv était dans cet état à cause d'une baie, alors il y'avait fort à parier qu'il a dû faire directement demi-tour sans continuer dans cet endroit ; et que Luna avait toutes les chances de tomber sur des baies capables de soigner Cynthia.

Mais avant d'envisager toute autre chose, l'attention du groupe fut reportée sur un petit cri porté par la serpente… Un cri plaintif à l'attention de ses camarades les plus proches. Se réveillant juste au même instant, Lisa leur fit la traduction à l'attention des humaines.


« … Désolée… Happy… Rhélys… J'ai faillit… Tout abandonner… »

Puis elle reporta son regard sur sa dresseuse arrosée par la pluie, et gémit un son plaintif avant d'éclater en sanglot.

« … Cynthia… Pardonne-moi… Je suis désolée… Tellement désolée… »


Sa plainte était déchirante. Personne ne savait ce que Lisa avait bien pu faire et voir pour que la serpente réagisse comme cela, mais elle avait réussi à lui redonner un espoir de vie en la faisant revenir ; et ça comptait plus que tout… Seulement cela n'allait servir à rien si sa maitresse finissait par mourir. Et si jamais ça arrivait… Elle ne s'en remettrait jamais.

----

Mais comment faire pour gérer les trois problèmes à la fois ? Affronter le Grotadmorv allait se révéler extrêmement ardu. La protection de Cynthia était certes à nouveau assurée par la Milobellus nouvellement soignée, mais ce battre avec un tel handicap se révélait terrible, même si le Grotadmorv n'était pas au « mieux » de sa forme. Et assurer un hypothétique passage à Luna compromettait d'avantage cette même stratégie défensive.


De part ce qu'elle était la plus à même de réfléchir à ces détails, Flo voulu prendre le commandement des opérations, mais fut arrêtée dans son élan lorsqu'une large silhouette bleue foncé se mit devant le groupe, face au Grotadmorv, et planta fermement ses deux pattes postérieures dans le sol dans un éclat de vase qui résonna lourdement.

Elle voulut ouvrir la bouche pour dire quelque chose, tout comme la ranger, mais se retinrent instinctivement à l'entente d'un son rauque d'une profondeur inégalée dans le domaine ; leur faisant traverser un frisson dans l'échine qui les faisait trembler de tout leur corps.

Même au travers de la pluie il était possible de voir de fine volute de fumée sortir de la gueule bardée de croc de la Carchacrok. Même si le groupe ne la voyait que de dos, ce grondement sourd ne pouvait être confondu avec aucune autre forme de message.


------------


Dans toutes les écoles pokémon de toutes les régions des archipels, il y'a toujours une chose qui est enseignée en priorité à la future génération : ne jamais mettre en colère un pokémon. Plus que tout, c'est la base.

Mais on ne pouvait simplement expliquer à un enfant à ne pas mettre « simplement » un pokémon en colère, si ce dernier ne sait pas à partir de quand ou comment le pokémon en question pourrait se retrouver dans cet état. Etant donné que chaque pokémon à son propre comportement et sa façon de réagir, et qu'il existe plus de 500 espèces de ces dernières ; toutes les cataloguer et les expliquer à des enfants de primaires relevait de l'impossible, car ça prendrait trop de temps.

Alors il fallait établir une liste de priorité dans chaque catégorie, en commençant avec les pokémon les plus dangereux et ce qui peut les énerver ; par exemple : ne jamais subtiliser la nourriture d'un Ronflex.

Mais la règle numéro 1, de toutes les règles numéro 1 dans la catégorie « ne jamais énerver un pokémon » était : qu'il ne faut jamais, sous aucun prétexte, sous la moindre raison –bonne ou même excellente- strictement jamais, au grand jamais, s'attirer les foudres d'un pokémon dragon évolué. De toutes les règles que l'on apprend à l'école : c'est l'ultime base pour un être humain vivant dans les archipels.

----

La faucheuse vint à se souvenir le jour où, à l'orphelinat, un camarade de classe avait posé cette question.

« Professeur : qu'est-ce qui se passe si on en énerve un malgré tout ? »

Et elle se souvint à la perfection de la réponse parfaitement calme, claire et implacable de ce dernier.

« Dans ce cas : préparez-vous à mourir. »


------------


Le frisson qui lui parcourait l'échine, et qui lui transperçait le corps de part en part, ne faisait que croitre au fur et à mesure que grondement rauque de la dragonne gagnait en intensité.

Ses cordes vocales étaient telle deux plaques tectonique qui entraient en collision, chaque son produit par ces dernières ressemblant à un tremblement de terre.

Ses babines étaient retroussées et laissaient apparaitre ses crocs plus effilés que des rasoirs : promesse de mort pour celui qui oserait remettre en doute leur tranchant.

Ses lames de cuir bleu étaient tendues à l'extrême sur ses côtés, et tranchaient lentement sans aucune discrimination tout ce avec quoi elles entraient en contact : Boue, sol, pierre, herbe ; tout ce qui avait un tant soit peu de consistance finissait tranché en deux, là où ses lames passaient comme la faux couche le blé.

Mais, bienheureux dans son malheur, le Grotadmorv ne voyait pas ce qu'il y'avait de plus terrifiant chez elle que ses attributs naturellement mortelle : son regard. Plus acéré encore que ses crocs, une infime lame noir siégeait au centre de chacun de ses yeux d'or, agissant telle les barreaux solitaires de cages pour la rage scellée derrière.

La seule et unique raison pour laquelle elle ne la laissait pas exploser dans un cri tonitruant dont seuls les dragons pouvaient en être capable était, qu'à cette distance, elle aurait perforée les tympans de tous ses camarades ; Même l'Airmure et le Magneti ne s'en serait pas remis.

----

Bravant aussi courageusement que possible ce frisson primaire qui la paralysait, la championne finit par émettre une phrase à l'intention de la dragonne.


« Comment vas-tu faire avec le poison… Tu risques à ton tour de finir dans cet état… »


Pour seule et unique réponse, la dragonne émit le grognement le plus lourd et sourd qu'elle ait jamais entendue ; même celui qu'elle avait entendue dans le vieux château paraissait minable à côté. Un grognement d'une surdité à en faire croire que l'épicentre se situait à des dizaines de kilomètres sous terre, et un grondement lourd qui faisait penser que la terre elle-même exprimait sa rage au travers.

Il n'y avait pas besoin de Lisa pour comprendre ce qu'elle voulait dire. Peu importait la toxicité du poison, peu importait le danger du Grotadmorv, peu importait ce qui pouvait bien lui arriver… Elle n'avait plus qu'une seule idée en tête :

Elle allait le massacrer.


Cependant, alors qu'elle se tenait prête à faire comprendre à son adversaire le sens fondamental du mot « souffrance », elle tourna la tête presque imperceptiblement en arrière, et émit un bruit bien plus calme à l'attention de la petite fille. Sachant pertinemment qu'elle était la seule à pouvoir la comprendre, la championne reporta son attention sur Lisa.


« Qu'est-ce qu'elle a dit ? »

« Elle dit de se rassurer, qu'elle n'a pas l'intention de mourir maintenant. Elle dit aussi qu'elle va ouvrir la voie pour Luna, et qu'elle place tous ses espoirs en elle pour trouver les baies… »

« Caaaaaaarrrrrr… »

« … Et que, si c'est possible, d'en ramener aussi pour elle… Elle n'a pas l'intention de se retenir pour lui faire payer, et de ne s'arrêter que lorsque qu'elle n'aura plus l'énergie de sa battre. »

« Venant de Rhélys, on peut s'attendre à ce qu'elle se batte jusqu'à la mort… » Conclut la championne.

« C'est de la folie d'y aller seule, même pour une dragonne ! » Répliqua la ranger. « En combinant nos efforts avec le capstick, on pourrait mettre fin à tout cela ! »


La Carchacrok émit à nouveau une série de grognement plus ou moins sourd à l'intention de la petite fille. Cette dernière traduisait au fur et à mesure, avec certaines difficultés pour la retranscription de certains d'entre eux.


« Elle ne connait pas la « puissance » de vôtre capstick, mais ça doit être pareil qu'avec une pokéball dans le sens où c'est inutile sur un pokémon qui n'est pas affaiblit ; elle en sait quelque chose… Elle dit aussi que vous n'avez jamais vu combattre un dragon et qu'il vaut mieux qu'elle se batte seule, au risque de vous blessez sérieusement sans le vouloir… »

« Caaarchaaa… »

« Elle conclut en disant qu'elle… Va tout faire pour nous l'affaiblir… Et nous faciliter la tâche si elle échoue… Et pour cela… Elle va l'éloigner de cet endroit pour se battre sans retenue… »

« Elle sait qu'elle peut échouer, que même elle pourrait ne pas survivre ! C'est complètement absurde de risquer sa vie maintenant, alors qu'on fait justement tout pour préserver celle des autres ! » Commença-t-elle a hurler. Mais elle fut interrompue à nouveau par un grognement bien plus sourd et lourd de cette dernière.

« Ce que je veux dire par « si j'échoue »… » Elle marqua une pause, ne voulant pas continuer plus loin.

« … Qu'a-t-elle dit ? » La pressa Florianne, la voyant fortement réticente à continuer la traduction.

« « Si j'échoue… Je l'emmènerais avec moi… En enfer »… C'est ce qu'elle entend par « nous faciliter la tâche »… »


La dragonne s'avança, sans attendre les éventuelles réponses et avis réprobateurs de ses camarades, prit position dans le sol en y enfonçant ses griffes de toute ses forces, attirant l'attention du Grotadmorv malgré sa cécité, et râla un puissant grondement à son encontre, traduit par Lisa.


« Pour avoir brisé mes amis, pour les avoir empoisonnés, pour leur avoir fait souffrir: je ne t'accorderais aucune pitié… »

Elle prit une position d'accélération en s'abaissant le plus bas possible, râlant de nouveau.

« Tu sauras la douleur, tu vas ressentir l'horreur, et tu n'oublieras jamais la souffrance que je graverais dans ta misérable chair… »

Tout son corps était tendu au-delà du raisonnable, ses muscles vibrant comme ses propres coéquipiers ne les avaient jamais vu tendus à ce point, et elle poussa un dernier râle.

« … Car aujourd'hui tu vas comprendre… »

Elle chargea dans un cri puissant.

« … Comment meurt un dragon. »


-----------------------


La détonation fut fracassante, et tout se passa en un instant : la dragonne fondit tel un météore sur le Grotadmorv, relâcha la tension de ses lames qui exécutèrent un double Dracogriffe profond dans le sol sous le pokémon poison, l'entaillant comme du beurre sans la moindre difficulté, puis effectua un volte-face en y plantant sa queue et, grâce à toute l'énergie accumulée dans sa vitesse, se servit de cette dernière comme d'un levier pour éjecter un énorme pan de terre à l'image d'un bouchon de champagne qui saute.

Elle ne perdit pas un instant de plus et planta à nouveau ses griffes postérieures dans le sol pour refaire une autre détonation, moins puissante cette fois-ci. Elle détonna à nouveau, mais cette fois-là en direction d'un arbre pour s'en servir comme d'un tremplin, sur lequel elle prit appui pour charger l'énorme pan de terre sur lequel se trouvait toujours le Grotadmorv –complètement largué par la situation- et l'enfonça d'un tel coup qu'il partir littéralement comme une fusée pour aller s'écraser à des dizaines de mètre plus loin ; mettant ainsi le maximum de distance entre eux et le groupe.

----

Abasourdi par l'incroyable spectacle qu'elle venait de leur donner, le reste de l'équipe mit plusieurs dizaines de seconde à se remettre du contre-choc. Flo savait les dragons à la force légendaire, tout comme la ranger, et savait que Rhélys n'était clairement pas parmi les plus faible… Mais là : ça dépassait tout ce qu'elle pouvait concevoir.

Heureusement qu'ils avaient parmi eux un être capable de passer outre la surprise très rapidement (à part la Faucheuse.) Le Magnéti émit un bip assez aigu qui les força tous à se boucher les oreilles, mais qui les ramena à la réalité.

Ainsi réveillée, Flo pu reprendre les rênes comme elle voulait le faire au début. Elle se tourna vers Happy, qui se tenait aux côtés de la serpente, et lui cria un ordre pour couvrir le bruit de la pluie qui se faisait plus forte.


« Happy : suis-là met-toi en vol stationnaire au dessus de l'endroit où elle se bat ! Il faut que l'on sache où elle se trouve si on veut la rejoindre ! Je m'occupe de rester aux côtés de Cynthia et d'Hana, pendant que Sarah aidera Luna à chercher les baies ! FONCE ! »


Le volatile accepta d'obtempérer même si ce n'était pas sa dresseuse. Il savait que Rhélys avait oublié ce détail, comme à son habitude. Elle était très forte, la plus forte du groupe : du talent, de la force, du potentiel, même des rudiments de stratégie et de tactiques avancées… Mais elle omettait toujours les détails qui concernaient sa propre sécurité au profit de celle des autres.

Telle que son tempérament naturel le reflétait : il sourit à pleine joue à l'attention de Flo, en émettant son long cri lancinant caractéristique avant de décoller d'un coup dans le ciel ; disparaissant au travers du feuillage et de la pluie.

Une fois cela fait, Flo reporta son attention sur le reste du groupe « actif ».


« Qu'est-ce que vous attendez, c'est le moment ! Foncez, et rapportez-nous ces baies ! » Ce à quoi ils répondirent par l'affirmative en courant en direction des ruines.


De nouveau plongée dans le calme de cette tempête, la championne sortit sa massive tortue pour lui ordonner de créer un parapluie au dessus de la jeune femme blonde, afin de la protéger du froid en attendant les secours. Tandis qu'au loin on pouvait entendre les bruits surpuissants de la dragonne luttant corps et âme contre le Grotadmorv dans un duel à mort.

Lisa s'était à nouveau endormie dans ses bras. Elle raffermit son étreinte sur elle, la faisant frissonner d'avantage dans la manœuvre, et elle prit quelques secondes à prier qu'elles y arrivent à temps.


---------------------


Un peu plus tard, un peu plus loin, Cricket, Pam, Sarah et Luna étaient entrés dans l'euphémisme de ce qui était les « ruine des ruines ». Euphémisme était le bon mot, vu que, par définition, il ne restait presque plus rien des restes de la maison. Le Grotadmorv avait presque tout dissout, même le sol sur lequel reposait le plancher…

Pire que tout : une partie de l'arbre s'était effondré sur les ruines, bloquant ainsi l'accès à la partie la plus « intéressante » qui s'y trouvait. Et le tout paraissait instable, vu au bruit du bois craquant qui résonnait en direction de ce dernier ; un faux geste au mauvais endroit, et il n'y aurait plus de ruine du tout.

La Faucheuse s'en rendit rapidement compte, même plus rapidement que le Magneti, et émit une idée à ce dernier.


« Il y'a un faible passage à cet endroit là, trop étroit pour nous mais pas pour toi. Pourrais-tu t'y engouffrer et collecter toutes les informations que tu pourras y trouver ? »

« TI. »


Le pokémon aimant acquiesça, et s'engouffra prudemment et méticuleusement dans la brèche. La ranger en profita questionner l'experte des baies.


« Comment allons-nous comprendre ce qu'il va nous dire ? »

« Je vais lui montrer rapidement ma base de donnée sur les baies, et il m'arrêtera sur celle qu'il aura trouvé. »

« Mais comment va-t-on les récupérer ? On ne peut même pas accéder à cette partie des ruines. »

« De la même manière que tu m'as enseignée les bases du capstick, je vais l'initier aux bases de la technologie des baies. »


La réponse sembla la satisfaire lorsqu'elle la vit lâcher l'affaire. Ce qui était tant mieux, car elle était désormais concentrée sur les ruines et sur la personnalité de l'apothicaire.

----

Elle devait reconnaitre son génie dans la matière : malgré toutes ses années, et avec des techniques de conservation du bois aussi désuètes dans un environnement aussi humide, sa maison n'avait non seulement pas intégralement pourrie, mais en plus il subsistait des mécanismes extrêmement sophistiqués qui avaient résistés au passage du temps…

A part elle, elle n'aurait vu personne d'autre capable d'une telle prouesse. Cet apothicaire n'a pas seulement des connaissances poussées en chimie, mais aussi en mécanique logique et en architecture… Et pour qu'il ait réussi à trouver une baie de ce calibre pour la réduire en repousse, il devait avoir visité bien plus de lieux qu'elle aux travers des iles…

Son journal. Cette idée passa dans sa tête instantanément en voyant le Magnéti revenir. Si elle pouvait mettre la main sur le journal de cet apothicaire, elle tomberait sans doute sur une mine d'information ahurissante dans le domaine ; quelque chose de bien plus précieux que le marais tout entier.

Elle savait qu'il devait tenir un journal. Personne avec de telles connaissances n'aurait pu faire autrement. Et c'est surtout la chose la plus précieuse pour les gens de son espèce, encore plus précieux que ses baies : la somme de connaissance accumulée au cours d'une vie à bien plus de valeur que tout autre bien matériel. Il devait donc l'avoir caché dans un endroit particulièrement bien protégé et difficile d'accès ; encore plus sécurisé que son piège pour le Grotadmorv… Une seule question se posait :

Où ?

Elle garda cette idée en tête en se disant qu'elle pourrait toujours revenir plus tard.

----

En attendant elle montra une succession de baies au Magnéti via une liste défilant à toute vitesse devant ses yeux, révélant chaque profil caractéristique concernant ces dernières. Au début le Magnéti ne réagit à aucune des premières que lui montrait la jeune femme, mais se mit à biper ensuite frénétiquement vers la fin : indiquant deux baies selon les profils caractéristique indirect retenus dans la banque de donnée.


« Alors ? » Demanda la ranger, intriguée par la réponse.

« Baie 53, 54, 55, 56, 57 et 58 ! Bingo ! »

« Ce qui veut dire ? »

« Ce sont des baies dont je n'ai strictement aucune donnée visuelle, mais des données venant d'anciennes légendes locale aux cours de mes voyages dans les différentes iles. Et la 56 est la Pitaye ! »

« Y'en a d'autre ? » S'exclama la ranger.

« Visiblement oui, mais on aura jamais le temps de toutes les chercher. Pam, voilà comment on va procéder : tu va prendre ces trois petites capsules, tu cliques -je veux dire, tu « ouvres » ici, tu l'a fait entrer en contact avec une baie comme avec une pokéball, et tu nous les ramènes. »

Les trois capsules lévitèrent autour de petit pokémon quand la jeune femme les luit tendit, et elle le regarda droit dans l'œil juste avant de lui permettre de partir.

« C'est tout ce qui me reste, et qui est en état de fonctionner depuis le passage dans la boue… Fait bien attention. »

« Ti… »


La boule d'acier saisit l'importance de son rôle dans l'histoire, et la rassura en affirmant qu'il ne ferait rien d'irréfléchi. Puis il s'engouffra dans la brèche avec les trois petites boules.

----

Quelques secondes passèrent quand Sarah voulu entamer la conversation avec Luna, mais le bruit sourd du plancher sur le point de s'effondrer se fit instantanément plus puissant, ce qui les fit sursauter de surprise et de peur.

Elles voyaient le plancher commencer à céder, et il s'était écoulé bien trop peu de temps pour que le petit Magnéti ait pu mener à bien sa tâche.


« PAM : SORS DE LA TOUT DE SUITE ! VITE ! » Hurlait-elle au Magneti. Mais aucun bruit, autre que celui du plancher subissant le poids de l'arbre et des années, ne vint à son encontre.

« Pam, oublie les baies et reviens tout de suite ! Même toi tu va finir écrasé sous le poids de cet arbre ! » Continuait l'experte en baie.


Mais ce qui devait arriver arriva : le plancher céda après toutes ces centaines d'années de résistance louable, engloutissant la masse de l'arbre dans un fracas sonore et une explosion de poussière impressionnante ; manquant de faire perdre l'équilibre des humaines et de l'Airmure… Et le petit Magnéti restait silencieux.


« Pam… Non… Dîtes-moi que ce n'est pas vrai… » Commença Sarah, le cauchemar de cette journée ne s'arrêtant pas.

« TI ! »


Mais ce dernier se révélait être plein de ressource. Comme une pousse surnaturelle venant de nulle part : une énorme vis sortait d'un trou dans le plancher, se situant juste à côté du pied de la ranger. La vis retourna dans le sol lorsque les deux humaines et l'oiseau s'agenouillèrent pour se mettre au niveau du trou, et ils virent l'œil du Magnéti poindre à la place dans toute sa malice… Mais un brin gêné d'être coincé ; les faisant sourire et se forcer à rire de sa petite mésaventure.


« Le passage du Grotadmorv à du entamer le plancher bien plus que je ne le croyais, et il doit y avoir des petites galeries de partout. C'est comme ça qu'il a dû s'échapper de l'effondrement de l'arbre. »

« … Tu nous as fait une sacrée frayeur mon petit aimant. Cricket : sors-le de là s'il te plait. »


L'intéressé obtempéra en souriant. Il planta l'avant de son bec dans le trou, et fit voler la planche d'un simple geste, libérant le Magnéti de son infortunée prison, indemne… Mais visiblement les mains vides.


« Ce n'est pas grave. » Commença Luna à son attention pour tenter de l'empêcher de culpabiliser.
« On revient vers Flo et les autres, et on les ramène aussi vite que possible en direction de la ville. »

« TI ! »


Le Magnéti voletait gaiement devant elles, ne comprenant pas pourquoi jusqu'à ce qu'il fasse léviter de son ancienne prison une capsule baie… Pleine.


« Il a réussi ?! Il en a ramené une ! J'arrive pas à le croire ! »

« C'est laquelle ?! » Demanda Luna en montrant au fur et à mesure les différents chiffres de la liste. Et le Magneti s'arrêta sur la 56.
« La pitaye ! Il a dû sentir que l'arbre allait s'écrouler d'un instant à l'autre, et à concentrer tous ses efforts à en ramener une au détriment de tout le reste ! »


Le pokémon rendit la capsule à sa propriétaire, et fit automatiquement une petite mine dépitée en leur faisant comprendre qu'il n'y en avait pas d'autre ; les deux autres capsules étant restées sous le plancher, et probablement détruite.


« Tu n'as pas à t'en faire Pam, le principal est que tu sois là et qu'on ait la bonne baie ! Sans toi c'était impossible ! »


Et la ranger le saisit dans ses bras au niveau de sa poitrine, sans le moindre sentiment de gène pour lui exprimer sa gratitude. L'intéressé émit un bruit étouffé de gène en guise de réponse ; pas à cause du fait que pour n'importe quel male humain cela aurait été assez « excitant » -n'étant pas intéressé par le « sexe » par définition-, mais principalement à cause du fait qu'il y'avait un certain oiseau blindé qui éprouvait un certain sentiment de jalousie à son égard.

----

Puis l'attention se retourna vers Luna quand elle ouvrit la capsule pour commencer à identifier la baie : ressemblant à une grosse pomme de pin rouge/rose aux pointes des pics plutôt marron, elle devait bien faire dans les plus de 20 centimètres. L'experte la tâta de la tige à la pointe, humant son parfum rapidement, planta l'aiguille de la fonction « baiedex » expérimental de son pokématos… Puis elle fit un sourire dépité à l'attention de ses camarades.


« La bonne nouvelle : c'est que c'est une baie super ferme ; Je n'aurais aucun problème à en extirper son essence sans devoir passer par l'incubateur. Ce qui signifie qu'on pourra l'utiliser plusieurs fois… »

« … Et la mauvaise ? » Fit la ranger en notant son sourire dépité.

« Vous vous souvenez quand Cynthia vous a vivement recommander de ne jamais avoir à faire à mon Durin ? »

La ranger acquiesça lentement de crainte en croyant comprendre ce qu'elle sous-entendait… Et qu'elle lui confirma.

« Et bien cette baie possède les plus hautes valeurs épicés et amère qui existe au monde… Egalant sans mal le Durin sur le plan de l'amertume, et crevant le plafond sur l'épicé… Manger une cinquantaine de piment vert paraitrait fade à côté… »

La ranger déglutit difficilement en comprenant ce qu'elle voulait dire par là… Elle émit une question à vocation humoristique.

« Rassure-moi, on va pas lui faire avaler çà ? »


Cette dernière ne lui répondit pas pour lui faire comprendre qu'il n'y avait pas d'autre choix. Même les pokémon faisaient une tête désolée à l'intention de l'ex maitresse au vu du silence de Luna. Et cette dernière finit par déclarer d'un air de condamnée :


« Après qu'elle s'en sera sortit… Je crois qu'elle va me tuer… »



[ A suivre. Allez on y est presque ! La prochaine sera la bonne !]