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Smirnoff, 3ème recueil de Domino



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Informations

» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 16/05/2009 à 12:47
» Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 08:03

» Mots-clés :   Drame   Humour   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Sinnoh

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179 - Le consolant
« Tu t'entêtes à te foutre de tout »
(Mylène Farmer – Pourvu qu'elles soient douces).



Etienne se réveilla de nouveau. Il sourit parce qu'il n'était pas mort.
« On sait jamais, au dernier moment... »
Il aperçut quelqu'un dans l'embrasure de la porte.
-Oh... Salut...
Judith se mordilla les lèvres.
-Je... me suis dit que ce serait impoli de ne pas venir te voir.
Etienne vit qu'il était six heures du matin.
-Personne n'est là... Je ne voulais pas les voir, personne.
-Je doute qu'ils viennent avant un bout de temps, Judith... Viens t'asseoir !
-Non, il faut que je rentre.
-Judith, attends...
-Je peux pas rester. Kenneth s'est contenté de me laisser les enfants hier soir, je... Je sais plus trop où j'en suis... J'ai passé la nuit dernière à boire...
Etienne plissa les yeux. Judith pleurait.
-Je... Je voulais juste voir si tu allais bien. Et ça a l'air d'aller. Adieu.
-J... Judith non !
Il essaya de se lever mais impossible.
-Bordel de merde... JUDITH ! RESTE DANS LES PARAGES AU MOINS ! JE T'EN SUPPLIE ! J'AI BESOIN DE TE PARLER !!
Elle partit, il ne réussit pas à se lever. Etienne grommela.
-Putain... Fais chier !! Fais chier... M...
Les infirmiers arrivèrent et endormirent Etienne avec des calmants.
-Bande d'enfoirés...

Il se réveilla de nouveau. Linus était là, seul, lisant un Poe.
-Hmph... Je quitte un ange pour me retrouver avec un britannique...
-Désolé de ne pas être Carmen Electra, je me rattraperais dans la prochaine vie.
-Qu'est-ce que vous faites là ?
-Hmmm... On s'est disputés avec Lucy, hier. Elle a eu un esclandre avec votre femme. Roland avait disparu, elles se sont presque frappées.
-Vous avez reparlé à Charlie ?
-...En fait il y a aussi de ça. On hésite à... lui reparler. J'ai terriblement peur qu'il ne nous en veuille à jamais.
-Vous êtes toujours fâché contre moi ?
-Contre vous ?! Pourquoi le serais-je ? S'étonna Linus.
-C'est moi qui ait obligé Charlie à tout dire aux autres. Ne punissez pas Charlie. C'est vraiment un garçon bien, si à son âge Roland pouvait devenir un dixième de ce qu'il est... Même gay, mais avec la même personnalité, le même caractère, j'en serais vraiment fier.
-Je sais, je sais tout ça... Lucy refuse de lui reparler tant qu'il n'aura pas changé...
-On peut aussi attendre que Goélise évolue en Héricendre...
-... Et moi je ne sais pas quoi faire.
-Appelez Charlie, dites-lui que vous êtes son père et que vous l'aimez quoi qu'il fasse, et que vous ne lui en voulez pas d'avoir tout dit à tout le monde sauf à vous.
Linus soupira.
-Ce n'est pas si simple...
-J'ai son numéro si vous l'avez perdu !
-Non, non... Je... J'ai peur qu'en entendant ma voix il prenne peur et ne veuille pas me parler.
-Alors allez directement le voir.
Linus hocha la tête et se leva.
-A part ça, vous avez vu Judith ? Demanda Etienne.
-Judith ? Non...
Etienne grommela de frustration. Linus partit.

Le britannique frappa à la porte de l'appartement. Léopold ouvrit. Il sembla en colère.
-Monsieur...
-Léopold, je dois parler à Charlie !
-Non.
Linus grimaça.
-Pardon ?
-Non, vous ne pouvez pas lui parler.
-Je peux savoir pourquoi ?
-On ne parle pas à quelqu'un qui n'est pas là.
Linus hocha la tête.
-Dans ce cas je l'attendrais à l'intérieur...
Léopold bloqua l'accès à l'appartement.
-Léopold, c'est ridicule ! Je veux juste m'excuser auprès de Charlie !
-Et moi j'ai entendu un autre son de cloche disant que vous vous étiez rangé du côté de votre femme alors que votre fils vous ouvrait son cœur. Je crois plus en Charlie qu'en vous, c'est comme ça.
-N... Non mais pour qui tu te prends ?!
Léopold claqua la porte et cria derrière.
-REVENEZ AVEC VOTRE FEMME SI VOUS VOULEZ VOUS EXCUSER !
Linus geignit.
-Très bien... murmura t-il. Passe-moi un révolver et des menottes...

-Il a QUOI ?
-Il veut que j'amène Lucy avec moi...
Norbert grommela.
-Léopold est toujours aussi têtu... Le problème c'est que moi je dois aller voir Lionel à l'hôpital...
-Tu ne peux pas m'aider alors ?
-Je n'ai ni révolver ni corde pour amener ta femme à...
-Oui je me suis fait grosso modo la même réflexion... Comment je peux faire ! C'est certain que Charlie était dans l'appartement ! J'aurais dû pousser Léopold...
Norbert grimaça.
-Je... plaisante. Et toi tu... t'es excusé auprès de Léopold.
-Pas eu le courage. Et Lionel m'en veut tellement... Je sais pas trop où j'en suis, là, je t'avoue...
Linus soupira.

Etienne essayait toujours de se lever. Il n'arrivait pas, par ailleurs, à retirer ses perfusions. Il chercha dans sa table de nuit et prit la Pokéball de son Blizzi.
-Cool ! Toi tu vas m'aider !
Le Blizzi haussa les épaules.
-Coupe mes perfusions !
Le Pokémon regarda interloqué son maître.
-Je sais que c'est illégal. Mais je dois le faire ! Tranch'herbe ! Exécution !
Blizzi coupa les tubes de perfusion.
-Merci. Maintenant porte-moi !
Etienne tenta de se lever. Il tenait difficilement sur ses jambes. Blizzi le tenait à peu près.
-Ouais, ça va le faire ! On fonce !!
Ils avancèrent pas à pas, lentement.
-On... fonce. Ouais...

Charlie revint à l'appartement.
-C'était sérieux ? Tout était à la poste ?!
-Ouais ! Le facteur était passé sans laisser de recommandé !
-En fait si il était là, marmonna Léopold, mais on l'a pas trop remarqué...
-On voulait pas, disons. Moi je l'avais vu... soupira Charlie.
Il distribua les lettres de Léopold et prit les siennes.
-On y va. Suspense...

Etienne devait atteindre les ascenseurs au fond du couloir.
-Vite, sinon on va me repérer et je ne pourrais pas voir...
-Monsieur ?!
Etienne se retourna vers Malcolm et Rachel.
-Qu'est-ce que vous faites là ?!
Rachel regarda Malcolm.
-On... On a pris un autre bus que celui de l'école. Pour venir vous voir.
Etienne sourit, la main sur le cœur.
-Je suis honoré... On sait que vous êtes là ?
-Maman était pas là depuis ce matin ! Soupira Rachel.
-Et Papa nous a déposé en nous disant au revoir et en pleurant... marmonna Malcolm.
Etienne hocha la tête.
-Je vois... Bon, laissez-moi partir, j'ai à faire !
-On va vous accompagner ! Sourit Rachel.
-Non-non-non-non ! Euh... Je dois faire un truc tout nu en fait ! Ca va être dégoûtant !
Malcolm et Rachel grimacèrent. Trois infirmiers arrivèrent.
-Il est là !
-Monsieur Smirnoff, retournez dans votre chambre !!
-C'est pas croyable !
-Argh !! Aidez-moi les enfants !
-On a quoi en échange ? Demanda Rachel.
Etienne soupira.
-T'es pas la fille de ton père, toi, c'est pas possible !! Je... vous donnerais des fiches pour réviser !
Rachel hocha la tête.
-Ok, ça me va ! Musteflott ! Pistolet à O !!
Le Pokémon repoussa les infirmiers.
-Argh ! Appelle la sécurité !!
-Malcolm ! Aide-moi !
Le gamin regarda sa sœur, étonné.
-Non !
-Chouette ! Tu me laisses tout le monde !
Malcolm haussa un sourcil. « Je fais plaisir à ma sœur ?! » Tortipouss ! Balle Graine !!
Le Pokémon ouvrit grand la bouche et attaqua les médecins. Etienne atteignit l'ascenseur en souriant. « Merci les jeunes ! »

Jonathan avait préparé le petit déjeuner des enfants. Estelle arriva. Elle regarda Jonathan et le salua doucement. Il répondit d'un hochement de tête.

-Refusé à Ecorcia... geignit Léopold.
-Accepté, accepté...
Léopold regarda Charlie qui arrachait lettre sur lettre.
-Refusé aussi à Parmanie...
Léopold ouvrit la dernière lettre.
-...vous informons que vous êtes ACCEPTE ! Je suis pris à CELADOPOLE !!! JE VAIS DANS LA MEILLEURE CLASSE D'ELEVAGE DE POKEPOLIS !!! WHOUHOU !!!!
Charlie s'étonna.
-Oh... Eh bah espérons que...
Charlie se décomposa.
-...J... Je suis refusé à Céladopole !! Oh non !
Léopold geignit.
-Oh non... Oh Charlie... désolé...
Le brun soupira.
-Je... Je suppose que l'important c'est que tu aies été accepté là où tu voulais...
Léopold se mordilla les lèvres.
-Refusé aussi à Lavanville ! Putain ! Kanto me refuse ou quoi ? Ils sont Charlie-phobes ? Non, non, non !! ARGENTA AUSSI !! ET AZURIA ! MAIS MERDE !!!
-Calme toi ! Sanglota Léopold.
-Mais putain !! J'ai un super dossier ! J'ai des 15 partout !! Il leur faut quoi de plus ?!
-Ca va, ça va... Et le reste ?
-Je suis pris presque partout, le reste, sauf Doublonville II.
-Eh bah c'est pas grave... On se verra pas, c'est tout.
Charlie soupira. Il ouvrit la dernière lettre.
-....vous informons que vous êtes pris à Safrania, bah voyons...
-Safrania c'est où ça ?
-Euuuh... D'après la carte au dos c'est... à Kanto, cool... JUSTE A COTE DE CELADOPOLE ??? OUAIS !!!!
Léopold sourit.
-On va être ensemble ?!
-Je sais pas... Ton numéro de bourse ?
-577-089, bourse et logement.
Charlie grimaça.
-J'ai le même... On est côte à côte, logés ensemble !
Léopold sourit.
-C'est trop beau pour être vrai !
-On fait quoi ?
Léopold s'étonna. Charlie hocha la tête.
-Mes parents sont de gros intolérants de service. Ton père est trop borné...
Léopold acquiesça.
-Je vois à quoi tu penses.

-Appelez la sécurité !!
-Mais enfin qu'est-ce qui se passe ?!
-Deux gamins au troisième étage ! Ils empêchent les infirmiers de les approcher !
-Eh bien, bande de crétins, ne les approchez pas !!!
Etienne et Blizzi passèrent derrière eux, ni vus ni connus.

Lucy était en train de jouer du piano. Le clapet se ferma alors qu'elle changeait la page de sa partition.
Elle regarda son mari.
-Je sais, je n'ai pas sorti la tartiflette du four...
-Viens avec moi. On va parler à Charlie.
-Hors de question.
-Lucy...
-C'est trop dur, trop tôt, je... Je ne peux pas.
-Oh. Bien sûr, je vois.
-Désolée, vraiment. Vas-y, toi, si ça te tente.
-Je demande le divorce.
Lucy regarda Linus, surprise.
-Quoi ?
-Ca SUFFIT, Lucy ! J'en ai assez de... ton insupportable intolérance envers mes amis, envers ma façon de vivre et maintenant envers NOTRE FILS !
-Tu n'as pas non plus été très...
-J'AVAIS UNE RAISON D'ETRE EN COLERE ! Je... Pendant une minute je me suis senti être le plus mauvais père du monde !! M... Mon propre fils que j'avais élevé... au mieux, que je croyais... Hin, quel con, oui ! On... On n'élève jamais « bien » ses enfants. On se contente d'essayer.
-Lindbergh...
-Ah non, tais-toi. Je veux que tu acceptes Charlie tel qu'il est, merde ! Ca n'est pas un... malade dangereux, ça n'est pas un immonde détraqué c'est notre fils ! Alors tu la fermes...
Lucy ouvrit la bouche de stupeur.
-...Tu prends la voiture avec moi et on va à leur appartement, et on s'excuse de tout notre cœur. Toi aussi. Quitte à ce que tu lui mentes, quitte à ce qu'ensuite ce soit toi qui demande le divorce je m'en tape, mais si jamais tu ne fais pas ça avec moi...
Linus fronça les sourcils.
-Je divorce et je reprends tous les biens. Tu seras à la rue. Je sais encore manier les codes et parler devant une cour, je te jure que tu vas le sentir passer.
Lucy soupira.
-Vous les hommes, une fois que vous avez commencé à ouvrir la braguette, faut que vous sortiez tout l'attirail, hein ?
Linus resta bouche bée.
-Pardon ?
Lucy soupira.
-Tu m'as convaincu avec ton argument du « On se contente d'essayer », pas la peine de monter sur tes talonnettes et de me menacer de foutre ma vie en l'air, James Dean.
-Oh... Euh...
-Magne-toi, y'a une émission de midinette à 15h30, j'voudrais pas rater ça, ma culture féminine va en pâtir ! Je suis si intolérante que je pourrais te frapper pour perte de temps. Je suis forcément un peu gênée, mais ça reste mon Charlie. Là encore, Etienne avait été assez éloquent, si tu tiens tant que ça à ce que j'y aille, allons ! J'avais juste la flemme....
Elle le dépassa, ahuri.
-Crétin... marmonna t-elle.

Elle était assise sur un banc dans un jardin derrière l'hôpital. Elle nourrit Yukiko, son Givrali, Sakura, son Ceriflor, Ziggy, son Zigzaton, et Kenji, son Flobio. Il vint s'asseoir à côté d'elle. Elle regarda tristement le sol. Il la regarda paisiblement.
-Alors. On se met tous nus et on y va ? Vendetta ?!
Judith ne sourit même pas.
-Ca n'est pas drôle.
-Je sais. C'est dur de rire de ça. Plus encore que de la mort.
-Personne ne riait quand tu avais failli mourir. Kenneth rentrait tellement maussade chaque jour. Je n'ai pas essayé de le réconforter. J'aurais peut-être dû. J'ai lu ta lettre, elle m'a bouleversée. Je ne savais pas que tu ressentais tout ça pour moi.
-Tu rends mon meilleur ami heureux, tu es forcément quelqu'un d'important.
-Visiblement pas tant que ça...
Etienne sourit.
-Tu l'aimes encore ?
-Comme si je le savais...
-Tu l'aimes sûrement encore. Sinon tu ne serais pas restée.
-Je suis restée parce que j'espérais te voir plus tard... Mais en fait c'est stupide, ils seraient venus quand même. Et revoir n'importe qui m'aurait été insupportable.
-Pourquoi ?
Judith secoua la tête.
-Je sais pas. Quand ils m'ont dit ça, ma première pensée n'a pas été... « Quelle pute cette Linda »... Excuse-moi...
-Inutile.
Judith s'étonna. Elle continua.
-Je me suis dit... « Ca y est, tu es toute seule. »
Etienne s'étonna.
-Le triangle c'est... toi, Kenny et elle. Moi je suis juste un élément qui s'est rajouté après. Quand j'ai appris ça, ma première réaction ça a été de peser les conséquences les plus probables et... De fuir. Je me sentais tellement exclue... Tellement hors du... de la vraie vie.
-Tu l'aimes encore ?
Judith soupira.
-Et toi ?
Etienne haussa un sourcil.
-D'après Estelle, tu n'as pas eu un seul froncement de sourcil, tu n'as pas crié, tu n'as pas étranglé qui que ce soit.
Etienne sourit.
-J'ai décidé d'arrêter de surnommer mes Pokémon. Tel que tu le vois, ce Blizzi s'appelle désormais Blizzi.
Judith s'étonna.
-Pourquoi ?
Etienne fit la moue.
-Je les déteste tellement...
Judith hocha la tête.
-Je comprends ça. Moi aussi, je...
-Pas eux deux. Ils restent mon meilleur ami et mon épouse.
Judith s'étonna.
-Je déteste l'humanité, plus que jamais. Les hommes sont des larves, des parasites inutiles, minables, goinfres, pollueurs, assassins, futiles, stupides, bornés. En fait, là je voudrais faire péter une ogive nucléaire tellement j'ai la rage. On ne peut pas leur faire confiance, on ne peut pas les aimer ni espérer d'eux un retour semblable. Il y a toujours ce petit quelque chose qui cloche. Aucun Pokémon ne mérite d'être surnommé comme un être humain. C'est comme si on violait le Pokémon en faisant ça. On lui appose une humanité qui le... salit. Tu sais c'est quoi le plus grand dans tout ça ? Kenny m'a dit grosso-modo la même chose quand on avait quatorze ans. J'ai mis... une trentaine d'années à réaliser qu'il avait raison. Que les Pokémon n'avaient pas besoin de ça. C'était moi le surdoué nihiliste, lui était juste un petit crétin qui me suivait partout et... il avait raison sur toute la ligne. Mon père, ma nourrice, mon oncle, ma sœur, mon cousin, mon fils mort-né, ma mère, mon vieux rival, mon meilleur ami, sa femme et le premier collègue avec qui j'ai fraternisé... Aucun d'entre eux, toi compris, ne méritez d'avoir votre nom sur un Pokémon.
Judith regarda tristement Etienne.
-L'humanité est sale, Judith. Terriblement sale.
-Alors pourquoi... leur avoir pardonné ?
Etienne sourit.
-Pour être au dessus d'eux. Pour les écraser comme des punaises. Ce que j'ai fait. Ils se sentent tellement ridicules qu'ils sont venus me pleurer dessus pour s'excuser. C'était... jouissif. J'ai ressenti... Une vraie joie à les voir malheureux. Ca a effacé toute colère, je me suis dit « Rien que pour ça, ça valait le coup de t'en foutre. »
-Mais en réalité...
Etienne haussa un sourcil.
-Ah non, en réalité rien du tout ! Je m'en foutais vraiment qu'ils aient fait ça. Je... m'en doutais que ça finirait comme ça. Et comme je voulais vraiment pas que ça finisse comme ça... J'ai fait celui qui s'en fichait. J'ai... ignoré la portée de leurs actes. Et je leur ai pardonné à ces... monstres.
Judith regardait Etienne qui pleurait silencieusement.
-Je l'aime trop pour la détester. C'est une garce, elle m'a trompé, mais une nuit avec lui ça ne remplacera pas une vie avec moi. Je prie pour que ça se passe comme ça depuis que je sais ce qu'ils ont fait. Chaque jour. Je prie chaque soir pour ne pas me réveiller le lendemain. Je...
-Etienne...
Judith serra Etienne contre lui. Il ne sanglota pas.
-Malcolm et Rachel ne sont pas nos enfants.
Etienne plissa les sourcils et s'éloigna de Judith.
-Quoi ?
-Autant que tu le saches. Norbert est au courant aussi. On les as... adoptés. Ils sont à une famille qui a eu un accident de voiture, nos anciens voisins. Les... Je ne me rappelle plus exactement leur nom de famille... Je m'efforce d'oublier ces gens parce que si j'y pense...
Etienne semblait complètement choqué.
-Je suis stérile depuis les complications d'un avortement. Ils ont eu cet accident et Kenny a utilisé son argent pour adopter les enfants. On les a élevés comme nos propres petits et on vous a mentis à tous.
Etienne secoua la tête.
-T... Tu te moques de moi ?
Judith secoua la tête.
-Je l'aimais tellement à l'époque. J'aurais fait n'importe quoi pour lui, et il a fait n'importe quoi pour moi.
Etienne restait sonné.
-Les deux petits... Vous allez leur dire ?
Judith secoua la tête.
-Jamais. Je... Je refuse de le leur dire. Malcolm est si sensible et Rachel... Elle est plus fragile qu'elle ne le croit.
-Des infirmiers te répondront le contraire au troisième étage.
Judith sourit. Etienne continua.
-Mais tu aimes ces enfants.
-Evidemment !
-Et tu aimes Kenneth.
-...
-Sinon tu aurais balancé Flobio dans une rivière.
Le Pokémon regarda sa maîtresse qui lui caressa la tête.
-Je... n'arrive pas à me dire que... mon... mari est un monstre parce que ce n'est pas vrai.
-Je sais que je suis la dernière personne que tu croiras, mais Kenny n'est plus rien sans toi, il a besoin de toi.
-Je ne peux pas lui pardonner ça !
-Je ne te demande pas de lui faire confiance, je te demande de lui laisser une chance.
-Mais Linda...
-On s'en fout de Linda. Kenny d'abord. Je serais là pour Linda. Toi tu dois être là pour Kenny.
Judith fit la moue.
-Alors mon avis n'aura jamais le pas sur lui...
-Tu as le droit d'être en colère mais si tu l'étais réellement tu refuserais de me parler en ce moment même, tu ne serais pas restée, tu aurais foutu le camp avec les gosses...
-Ce sont les siens aussi... On ne peut d'autant pas se séparer qu'ils... ne sont pas biologiquement...
-Travis n'est pas biologiquement mon frère mais je l'accepte comme tel.
Judith secoua la tête.
-Tu as réponse à tout.
-Ouais. Maudit moi. Pourtant je sais que je n'ai pas raison. Le choix c'est à toi de le faire. Tu retournes avec lui ou pas. Je ne peux pas t'y obliger. Il te faudra une grande force pour faire l'un ou l'autre. J'accepterais ta décision, quelle qu'elle soit.
Judith secoua doucement la tête.
-Tu es venu me voir juste pour ça ?
-Oui.
-Pourquoi ?
Etienne sourit.
-Je tiens beaucoup à toi. Je m'inquiétais pour toi parce que je sais que Kenny t'a apporté beaucoup de choses. Je m'inquiétais pour toi parce que tu es plus fragile que moi, Linda ou Kenny. J'avais peur que tu fasses une bêtise, c'est pour ça que ça m'a fait plaisir de te voir ce matin.
-Désolée d'être partie...
Etienne voulut continuer, mais il se contenta de la serrer dans ses bras.

-Alors, quoi ?
Estelle regarda John.
-Quoi... bah... On reste ensemble, que veux-tu qu'on fasse d'autre ! Soupira Estelle.
-Ne te sens pas coincée...
-Je ne me sens pas coincée, c'est juste que... Ta compagnie ne m'est pas désagréable. Et de toute façon, pourquoi se séparer, ce serait ridicule. On s'est embrouillés à cause du coma de mon frère, ça n'a plus lieu d'être. N'est-ce pas ?
Jonathan regarda Estelle, pas certain. Estelle soupira.
-Je m'excuse d'avoir insulté tes défuntes femmes et filles. C'est bon, on est quittes ?
John haussa les épaules.
-Ca n'a jamais été la question.
-Tu me l'aurais ressortie.
-Même pas !
Estelle regarda Jonathan. Ils éclatèrent de rire.
-C'est pas bien ! Ricana Estelle.
-Ouais mais bon... On s'en moque !
Elle se serra contre lui.

Linus, Lucy et Norbert frappèrent à la porte.
-Léopold ? Charlie ? C'est Lindbergh, Lucy et Norbert ! On vient pour s'excuser ! Laissez-nous entrer !
Lucy soupira.
-Ca fait dix minutes...
-Ils sont peut-être sortis faire des achats... suggéra Norbert.
-Oui ou alors votre fils essaie de faire un enfant au mien, jusqu'au jour ou ils apprendront que c'est impossible... marmonna Lucy.
-Moi aussi je préfèrerais qu'ils s'entretuent... soupira Norbert.
Lucy le regarda, surprise.
-Je plaisantais ! Marmonna Norbert.
-Moi aussi !
-Vous avez un drôle d'humour.
-Britannique, c'est marqué pourtant...
Linus s'impatienta.
-Ils ne sont pas là on dirait...
Un type arriva.
-Vous en faites du boucan !
-Monsieur, nous cherchons les deux jeunes gens qui habitent ici !
-Le petit couple, là ? Ils sont venus me rendre la clé.
Norbert écarquilla les yeux.
-Q... QUOI ???
Lucy se décomposa.
-Ils sont partis en vitesse, apparemment, ils m'ont vendu les meubles. Ils sont partis comme ça, très vite, ils semblaient très contents, même. Désolé.
Norbert s'écroula contre le mur derrière lui, sonné. Lucy s'assied, choquée, sur les marches. Elle se mit à pleurer. Linus vint la rejoindre.

Aux vies qui s'abaissent à voir la mienne
Je sais


Judith arriva dans le couloir, saluée par Travis et Lionel. Elle aperçut Kenny qui se leva.
-L... La maison, les enfants, l'argent, tout... tout est à ton nom, si tu les veux... ils...
Elle se contenta de le serrer dans ses bras. Etienne sourit, heureux avant d'être ramené à sa chambre par deux infirmiers hystériques. Une grosse dame tenait Malcolm et Rachel par le bras.

Qu'il me faudra prendre congé d'elles
Un jour où l'autre


Norbert se mit à pleurer à son tour. Linus peinait à rassurer sa femme, folle de chagrin.

Nos vies sont des larmes d'aquarelle
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes


Linda arriva avec les enfants. Judith la vit. Elle l'invita à entrer dans la chambre d'Etienne. Les deux femmes échangèrent un regard douloureux.

Et si je perds la foi 
En nous, en tout 
C'est bien malgré moi 
Nulle prière 


Jonathan et Estelle regardaient tranquillement la télévision, rejoints par leurs enfants revenus de l'école.

A chacun de nos pas
Je doute de tout 
Nous souviendrons nous de nous


Lionel reçut l'appel de Norbert. Il soupira mais resta au bout du fil pour rassurer son mari, sous les yeux étonnés de Travis, Judith et Kenneth.

Aux vies qui ont soutenu la mienne
Je n'ai


Etienne regarda ses enfants et Linda, un grand sourire aux lèvres.
-Je pourrais peut-être sortir demain ou après-demain. J'ai le pas leste de l'Hippodocus grabataire.
Linda leva les yeux au ciel.

Qu'un long monologue poudré de neige
A partager


Travis regarda son téléphone. Bientôt il devrait se rendre aux Etats-Unis, à New York, pour son nouveau travail, sa nouvelle vie.

Nos vies qui s'écoulent chaque jour saignent...
Nous ne sommes reliés qu'à nous mêmes...





Le soleil tapait fort, vers son couchant pourtant. La route était bonne, la chaleur faisait ressortir l'odeur de l'asphalte. Au volant de leur voiture, Léopold. A ses côtés, Charlie somnolait.
-Tu dors ?
-Non, marmonna Charlie. Ce qu'on a fait c'est grave, je trouve, nan ?
-Pas plus que ce que nos parents nous ont fait.
Charlie acquiesça.
-On les rappellera un jour, hein ?
Léopold sourit.
-Peut-être. On les rappellera peut-être. Je sais pas trop. En attendant, on s'installe illico dans notre nouvelle résidence et on profite de la vie à Kanto tous les deux.
-J'ai hâte. Plus de contraintes, plus de déboires, juste nous deux... Et Dawn qui va venir nous faire chier de temps en temps depuis son loft à Parmanie...
-Oh, on lui enverra le fisc, pour rigoler !
Charlie ricana avec son petit ami.
-Au revoir Sinnoh...
Ils passèrent devant un panneau :

KANTO
608 000 habitants
Région natale du PROFESSEUR CHEN

-Demi-tour ! Marmonna ironiquement Léopold sous les rires de Charlie.