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L'AnalysaBlog
de Haldar

                   


Un blog consacré à l'analyse Pokemon. Venez y retrouver les diverses analyses, me donner vos avis,...

Pour montrer en gros aux gens qu'il n'y a pas que des choses futiles dans les jeux vidéos et en particulier dans Pokemon.

Voila, bonne lecture !!


Ce blog est une vision utopique : une bibliothèque, que dis-je, un recueil d'archives toutes plus précises, intéressantes tout en restant neutres, et diversifiées. L'antre du ficeur en manque d'inspiration. L'antre du chercheur pokémon. L'antre de celui qui ne sait pas, mais qui veut savoir. L'antre de tout le monde et n'importe qui.
~by shadails



Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


AnalysaDex : Carapuce #7 / Carabaffe #8 / Tortank#9
Carapuce #7 / Carabaffe #8 / Tortank #9
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Dernière dans l’ordre des starters de la 1G, la lignée de Carapuce peut être vue comme la lignée qui clos l’ensemble des valeurs que représentent les trois premières lignées du PokéDex national du monde Pokémon. Cette place, qui sera celle de tous les starters eau dans les PokéDex régionaux à venir, est l’un des premiers aspects auxquels va s’attacher l’analyse.

L’autre détail important de cette lignée est le décalage qui apparaît d’emblée entre Carabaffe et Tortank. Alors que la parenté entre Carapuce et Tortank saute clairement aux yeux, Carabaffe semble un électron libre au sein de cette lignée. Il conviendra de voir dans quelle mesure cela est significatif.

I. Une lignée prédatrice : l’habit ne fait pas le moine

Pour cette analyse d’un starter, nous commencerons par le commencement. En français, le nom Carapuce est une combinaison entre « carapace » ( normal, c’est une tortue ) et « puce ». Cette dernière racine mérite que nous nous penchions dessus. En effet, par elle, Carapuce nous apparaît comme un Pokémon petit et à l’allure inoffensive ( « ma puce » est, généralement, un surnom affectueux en référence à un aspect mignon ). Pourtant, le PokéDex de RB met bien plus en avant la capacité de Carapuce à lancer de puissants jets d’eau tandis que la Jaune présente clairement que Carapuce est un Pokémon chasseur.

Entre petit être mignon et chasseur accompli, Carapuce constitue un triptyque avec les figures de Bulbizarre et Salamèche. Après nous avoir ouvert à l’évolution et au combat, le PokéDex nous donne à voir le starter de la prédation ( par ailleurs, l’on peut noter que, comme les lignées de Salamèche et de Bulbizarre, la lignée de Carapuce porte des références à des espèces préhistoriques comme si le PokéDex voulait se lancer en se créant un point de départ : le nom anglais de Tortank est Blastoise ce qui ressemble au mot Blastoids qui renvoie à une espèce d’êtres marins disparus ). Ce qui régit le système Pokémon, c’est le principe selon lequel même le Pokémon à l’aspect inoffensif cache une identité pleine de combativité et est tout sauf une charmante petite peluche bien docile.

Cet aspect prédateur se voit en particulier dans la figure de Carabaffe. Son nom anglais est Wartortle soit une association de war, la guerre et de turtle, la tortue. Pokémon belliqueux, Carabaffe n’en reste pas moins un Pokémon à la longue queue soyeuse. Entre douceur et acharnement au combat ( le PokéDex de RSE insistant sur les nombreuses brèches ornant les carapaces des Carabaffe ), Carabaffe est un Pokémon à l’allure trompeuse.

Ne pas se fier aux apparences. Telle est la leçon à tirer de cette lignée. Du moins, tant que l’on en reste à Carabaffe. Les choses deviennent toutes autres dès que l’on atteint le bout de la chaîne. Pokémon massif, Tortank ne possède aucun trait pouvant porter à confusion. Ses puissants canons montrent son extrême force. Son nom japonais est Kamex soit un jeu de mot entre kame, la tortue et makkusu renvoyant à une idée de maximum. Pokémon du maximum, Tortank est un Pokémon démesuré ( le PokéDex de DPP précise que ses jets d’eau peuvent percer l’acier le plus épais ). Pour Carabaffe, l’évolution en Tortank est le passage d’un état subtil à un état de force brute. C’est sans doute pour cela que le PokéDex a toujours tendance à présenter Carabaffe comme un Pokémon autonome par rapport à Tortank. Dans le PokéDex de DPP, il est indiqué que Carabaffe vivrait plus de 10 000 ans. Il n’en ai jamais fait question lorsque l’on parle de Tortank.

Comme l’eau qu’elle représente, la lignée de Carapuce est une lignée du fluctuant qui remet en cause les principes posés par les starters la précédant. A l’âme chevaleresque de Dracaufeu, elle oppose une vision prédatrice du combat : Carapuce chasse et ne se bat pas pour devenir plus fort. A l’évolution linéaire du bulbe de Bulbizarre, elle oppose une évolution double où le second maillon n’a pas toujours pour fonction d’évoluer. Cela crée un lien entre les lignées de Carapuce et de Minidraco. Comme Carabaffe, Draco a une grâce que la force brute de Dracolosse ne saurait compenser.

II. Pokémon et objet : la lignée de la technologie

Néanmoins, l’opposition entre Carabaffe et Tortank est encore plus profonde que ce que nous avons vu jusque là. Ce qui les distingue c’est aussi tout un rapport à la technologie.

Comme indiqué dans le PokéDex de la Or, la queue de Carabaffe est considérée comme un symbole de longévité. Cet élément fait de Carabaffe un Pokémon lié aux croyances populaires, à la superstition en général ( le détail des 10 000 ans en faisant sans doute également parti ). Le fait que ce détail de la queue soit ajouté à partir de OAC n’est pas anodin. Génération du vol des queues de Ramoloss, la 2G est basée sur un système de spoliation des Pokémon afin d’en tirer un profit immédiat. Fascinés par le temps, les habitants de Johto ( qui reste le monde de Célébi ) croient aux vertus magiques de la queue du Carabaffe.

Face à ce Pokémon fascinant l’imagination populaire, Tortank est un Pokémon beaucoup moins poétique. Comme l’indique son nom français, il s’agit de la combinaison d’une tortue et d’un tank. Combinaison entre objet technologique et être vivant, Tortank incarne ce qu’est le Kanto de la 1G : un monde où la technologie s’est peu à peu insinuée dans les êtres vivants. Mi-Pokémon, mi-arme, Tortank est la représentation aboutie de ce que la technique peut faire à la vie.

Opposés, Carabaffe et Tortank ont pourtant le même point de départ : Carapuce. Comme l’indique le PokéDex de RB, Carapuce a une carapace molle à la naissance. Pokémon modelable, Carapuce deviendra Carabaffe ou Tortank selon la manière dont il choisira sa voie. L’une des étymologie les plus controversées du nom anglais de Carapuce est celle qui fait venir Squirtle d’un jeu de mot entre squirrel, l’écureuil et turtle, le tortue ( je sais, je l’ai déjà dit mais c’est au cas où vous auriez oublié ). Ayant une queue proéminente ( ressemblant fortement à celle d’un écureuil ), Carapuce est un Pokémon hybride qui ne suit pas la linéaire branche de l’évolution.

Cette proximité qu’a Carapuce avec la question technologique dans le système Pokémon se retrouve dans la Jaune. N’étant pas starter dans cette version, Carapuce s’obtient à Carmin sur Mer après l’obtention du Badge Foudre. Il nous est donné par une jeune policière ( renvoyant à la fameuse policière de l’anime ) ce qui suit bien cette logique de « Pokémon-arme » dont les hommes peuvent se servir ( ce qui est, dans le fond, le principe même d’un combat Pokémon ). Mais cela le lie aussi au monde des Pokémon électriques et, dans le remake de RF / VF, choisir Carapuce comme Pokémon de départ amènera Raikou, le [b]Pokémon Foudre[/i], sur les terres de Kanto. Cet éclair en mouvement s’oppose au statique Electhor. Comme emprisonné dans les déchets industriels de la Centrale, Electhor renvoie à une science aberrante et démente tandis que Raikou est une énergie libérée et dynamique ( mais qui doit courir pour contrôler sa puissance ). Choisir Carapuce comme starter, c’est ainsi laisser une porte ouverte à ce que la technologie peut apporter de meilleur à l’homme. Comme indiqué dans le PokéDex de la Jaune, les jets d’eau de Tortank sont plus puissants qu’une lance à incendie. Ne peut-on pas voir là un moyen de mise en œuvre de la technologie dont ce Pokémon est porteur ?


Dernière lignée des starters de la 1G, la lignée de Carapuce est celle qui ouvre à toutes les complexités du monde Pokémon. Pokémon enfermé dans une carapace, Carapuce porte dans sa forme même le sceau de la dualité. Même si l’évolution est un principe linéaire dans la 1G, ce n’est pas quelque chose de prédéterminé. Rien ne coule de source mais tout est subtil mélange. Entre superstition et technologie, le jeu entre Carabaffe et Tortank est celui d’une tentative de réconciliation entre tradition et technologie. C’est ainsi dans ces carapaces que l’espoir d’un monde meilleur n’opposant plus tradition et technique se trouve recueilli…

Merci à Bulbapedia pour ce Carapuce tiré de RSE ainsi que pour ce Carabaffe et ce Tortank tirés de DPP.
Article ajouté le Mardi 02 Juin 2009 à 17h17 |
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AnalysaDex : Aspicot #13 / Coconfort#14 / Dardargnan#15
Aspicot #13 / Coconfort #14 / Dardargnan #15

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Lignée de la 1G, la lignée de Dardargnan fait partie de ce type insecte si proche des animaux réels. Son évolution extrêmement rapide ne peut que rappeler celle d’un autre Pokémon de la 1G : Papilusion. Ce doublet sera le point de départ de l’analyse. En quoi Dardargnan est-il à comprendre dans le cadre d’un doublet ? Comment ce doublet structure-t-il le système Pokémon ?

Cependant, cela ne devra pas nous faire oublier le caractère assez agressif de cette lignée. Porteur de trois dards, Dardargnan incarne une sorte forme de violence. Il conviendra de déterminer laquelle.

I. Une lignée du mécanisme évolutif

Face à Chenipan incarnant tout ce que la métamorphose a de plus beau, Aspicot est une chenille beaucoup plus « mécanique ». Je m’explique. Si on regarde la description PokéDex d’Aspicot dans la 4G, Aspicot mange chaque jour son poids en feuilles. Renvoyant au fonctionnement alimentaire de ce Pokémon, le PokéDex pointe du doigt le fait qu’Aspicot doit manger chaque jour son équivalent en feuille comme s’il voulait se doubler, créer un double de lui même. Pokémon Cocon, Coconfort est Aspicot recouvert d’une pellicule : autrement dit, il s’agit d’un Aspicot qui s’est dédoublé entre intérieur et extérieur.

Rien n’est de l’ordre du poétique ou du symbolique dans le processus évolutif de Dardargnan. Guidé par son instinct, Aspicot vit dans la perspective de son évolution. Comme l’indique la description PokéDex de Coconfort dans la Cristal, Coconfort ne fait qu’attendre son évolution mais, contrairement à Chrysacier, il ne possède pas une carapace aussi dure que le métal. On trouve dans la description PokéDex de la Jaune que Coconfort se protège surtout par le biais de dards empoisonnés.

En français, le nom Aspicot vient d’une combinaison entre asticot et pic. Ce Pokémon Venépic est ainsi juste considéré comme un être calqué sur le modèle insecte de l’asticot auquel on a ajouté un moyen de se défendre annonçant le stade final de son évolution. En outre, ce pic ornant son front en fait un « Pokémon-objet » : il est conditionné par les besoins de sa survie. Rien d’autre ne transparaît de lui.

Bien sûr, je noircis un peu le tableau. Aspicot sert parfois, avec Chenipan, pour indiquer un lieu en lien avec l’évolution. Que ce soient les Routes 24-25 préparant la rencontre avec Léo ( qui nous montre les évolutions d’Evoli ) ou les Routes 30-31 entourant la maison de M. Pokémon ( qui donne le Multi Exp., objet qui tisse un lien entre les Pokémon ), Aspicot se trouve avec Chenipan pour augmenter la portée symbolique de ces lieux.

La question de la place de cette lignée dans la Jaune est un point à examiner attentivement. Dans le PokéDex de RB, Coconfort était présenté comme incapable de bouger et comme pouvant uniquement durcir son corps. Il était donc, dans ces versions, un exact symétrique de Chrysacier. Cette symétrie éclate dans la Jaune en même temps que le doublet ( Chenipan étant présent dans la Jaune alors qu’Aspicot non ). Désormais, Coconfort sera vu comme pouvant légèrement se déplacer ainsi que disposant des dards dont nous avons parlé ci-dessus. Version où Pikachu refuse l’évolution, la Jaune est un monde où la Forêt de Jade devient un lieu ambiguë. La fille y cherchant désespérément un Pikachu n’en trouvera pas et Pikachu, cette souris de la Forêt de Jade, n’évoluera pas comme si l’évolution était devenu précaire dans ce monde autrefois si évolutif de la forêt des chenilles Pokémon. En éclatant la symétrie entre Chenipan et Aspicot, la Jaune s’est donnée un environnement propre à servir son scénario ( de plus, cela recoupe le passage de l’anime où Sacha ne parvient pas à attraper un Aspicot ).

Marqueur symbolique, la lignée évolutive de Dardargnan sert de moyen à la Jaune pour réfléchir sur l’évolution. Contrairement à Papilusion, il est l’évolution dans ce qu’elle a de plus physiologique. Aucune illusion n’émane de Dardargnan : il est une réalité pure, aussi dure que ses dards et c’est bien cela que refuse Pikachu qui semble voir en l’évolution une contrainte. Refuser Dardargnan, c’est refuser l’évolution comme obligation physiologique et créer une aire du refus de l’évolution, une aire de liberté. Version où le monde s’illumine de teintes monochromatiques, la Jaune est un monde qui s’éclaire et qui chasse cette ombre que semble incarner la lignée évolutive de Dardargnan…

II. Entre nuit et prédation : une sombre lignée

Penser le doublet entre Papilusion et Dardargnan c’est aussi s’intéresser aux moments où ce doublet a été mis en perspective avec un autre doublet : celui Ho-Oh / Lugia. Face à une lignée de Chenipan très présente dans la Or, la lignée d’Aspicot s’est retrouvée dans la Argent et, par conséquent, a développé un lien avec Lugia. Pokémon de la lune et de la nuit, Lugia a fait définitivement entré cette lignée parmi les Pokémon de la nuit. On peut objecter à ce rapprochement que Dardargnan a des couleurs claires beaucoup plus proches de celles de Ho-Oh. Néanmoins, dès qu’il s’agit des couleurs, la relation entre Ho-Oh et Lugia est celle de l’entrelacement. En effet, Ho-Oh vit dans la Tour Ferraille alors que le fer renvoie au grisé de Lugia tandis que ce dernier vivait dans la Tour Cuivré alors que le cuivre a un jaune proche des couleurs éclatantes de Ho-Oh.

Ce caractère sombre se retrouvait déjà dans la 1G. Parmi les dresseurs de ce premier Kanto, seul un Scout possède des Dardargnan. Il s’agit du Scout de la Route 9 ( près d’Azuria ). Quant à Papilusion, il n’était possédé que par un Scout de la Route 6 ( près de Carmin sur Mer ). Face à la dynamique Carmin sur Mer, Azuria est une ville stagnante nimbée de mystère. La mer que l’on y voit n’est qu’une eau où l’on peut aller car il n’existe aucun port à Azuria. La présence de Dardargnan sert, encore une fois, de marqueur. Par son recours, la géographie du jeu met en place une série de contrastes entre les villes qu’elle voit comme opposées.

Ce lien de Dardargnan avec la nuit est dû à son type poison. Dans la 3G, le doublet entre Papilusion et Dardargnan s’est vu incarné dans la figure de lignée évolutive de Chenipotte. Avatar de Dardargnan, Papinox est la nouvelle forme que prend la chenille qui est passé du côté de la nuit. Même si Papinox peut paraître très proche d’Aéromite, son niveau d’évolution ne peut que le mettre en lien avec Dardargnan. Monde en noir et blanc, le Kanto de la 1G était un monde où la nature était empoisonnée comme si la nature n’avait trouvé que cette solution pour pallier à l’absence du soleil ( preuve en est la majorité de doubles types plante / poison ). Ce monde sombre est également un monde de violence. Comme indiqué dans le PokéDex de la Argent, le poison de Dardargnan est le poison le plus puissant qui existe. Représentant du poison à son état le plus pur, Dardargnan donne à voir ce que la nature a de plus agressif et de plus dur. Le nom Dardargnan est un jeu de mot entre « dard » et le nom « D’Artagnan ». Comme ce mousquetaire, Dardargnan est un Pokémon guerrier, un bretteur épris de guerres et de combats.

Comme l’indique la description PokéDex d’Aspicot dans la Or, Aspicot a une couleur éclatante qui fait fuir les ennemis. Outre le fait que cela montre encore une fois comment couleur claire et effet lugubre s’entrelacent, on peut y voir qu’Aspicot est un Pokémon qui inspire l’effroi, qui fait fuir. Tel le redoutable D’Artagnan, il est un combattant auquel on préfère ne pas avoir à se frotter. Ce prédateur n’est pas à prendre à la légère. Être territorial ( description PokéDex de RSE ), Dardargnan se jète sur quiconque ose poser les pieds dans ce lieu dont il a la charge de structurer la symbolique.


Pour conclure cette analyse, je rajouterai que Dardargnan reste un Pokémon extrêmement marginal dans l’univers Pokémon. Peu de dresseurs le possèdent et il ne sert généralement qu’à donner une valeur symbolique à un lieu. Comme Papilusion, il est un marqueur spatial. Pourtant, derrière cela, il faut garder à l’esprit qu’il incarne la violence et la prédation qui existent dans l’univers Pokémon. Être sombre, il nous rappelle que tout n’est pas de l’ordre du beau et du gentil dans ce système de valeurs qu’est Pokémon…

Merci à Bulbapedia pour cet Aspicot tiré de RS ainsi que pour ce Coconfort et ce Dardargnan tirés de la 4G.
Article ajouté le Mardi 02 Juin 2009 à 12h12 |
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AnalysaDex : Amonita #138 / Amonistar #139
Amonita #138 / Amonistar #139
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Apparue dans la 1G, la lignée évolutive d’Amonita fait partie des Pokémon Fossiles de l’univers Pokémon. Penser cette lignée, c’est donc se poser la question de la dimension du passé dans un jeu qui a pour contrainte de ne pouvoir se passer que dans un temps : celui du temps de jeu du joueur.

C’est donc sous cette perspective d’un passé des Pokémon que nous aborderons cette lignée. En quoi Amonita et Amonistar éclairent-ils le système Pokémon en lui procurant un passé ? Quelle place occupe la préhistoire dans le jeu en lui même ?

I. Du fardeau à l’immobilité

Si l’on s’intéresse aux descriptions PokéDex d’Amonita au travers des générations, on remarque très rapidement que ce Pokémon est présenté comme ayant disparu depuis très longtemps. Comme les espèces « réelles », les Pokémon ne sont pas immortels. Le cycle de la vie est aussi celui de la disparition d’êtres au profit d’autres.

La raison de cette disparition est donnée dans la description d’Amonistar dès le Pokédex de RB : Amonistar s’est éteint dès que sa coquille fut devenue trop lourde pour qu’il puisse se déplacer. Par rapport à un Kabutops étant présenté comme ayant suivi ses proies sur la terre ferme ( PokéDex de DPP ), Amonistar est le fossile de la 1G n’ayant pas su s’adapter.

Lignée fortement réaliste, la lignée d’Amonita est directement inspirée des ammonites ( êtres vivants marins aujourd’hui disparus ). Ces animaux que l’on retrouve en grand nombre à l’état de fossiles sont très souvent utilisés par les scientifiques pour dater un terrain. Indicateurs d’un temps passé et révolu, ces êtres sont des marqueurs scientifiques.

Le Pokémon fossile, si l’on prend ce terme dans un sens général, sert donc de moyen pour créer une histoire au système Pokémon. Même si le jeu se déroule dans une strate temporelle bien définie, il existe un autre temps : un temps passé et révolu qui est un temps pré-historique ( je mets un trait d’union dans ce mot « préhistoire » afin de bien mettre en valeur le fait que ce n’est pas temps le caractère jurassique qui compte que l’idée d’un avant au temps du jeu ), un temps antérieur à l’histoire du jeu.

Le premier contact que le joueur de RBJ a avec Amonita a lieu dans le Mont Sélénite. Lieu de la nuit, ce Mont est une porte vers la nuit des temps de cet univers en noir et blanc. Devant choisir entre le Fossile Dôme et le Fossile Nautile, le héros doit faire face à son second choix. Après le choix du starter, il doit choisir sous quel angle il abordera Kanto. Choisira-t-il celui de l’immobilité si rassurante mais si dangereuse ? Ou bien préférera-t-il le mouvement de Kabutops, gage de survie mais qui peut se muer en mort si l’on ne sait pas le maîtriser ?

Face au Fossile Dôme en forme de coupole, le Fossile Nautile ( le nautile étant une espèce voisine de l’ammonite ) a la forme d’une spirale. Le retour sur soi est un mouvement vers l’intérieur, un maelström au fond de ce que l’intime a de plus trouble et de plus dangereux.

Bien que sans impact véritable au niveau du game play ( la présence du Pokémon fossile non choisi au niveau du zoo du Parc Safari semblant indiquer que l’équilibre entre ces deux pôles est préservé ), ce choix va ouvrir la quête du héros à la question de la science. Le Laboratoire Pokémon de Cramois’Iles utilise les mêmes techniques que les chercheurs ayant créé Mewtwo dans le Manoir Pokémon. Manifestation d’un homme qui se prend pour Dieu ? Sans doute mais c’est plus à l’idée selon laquelle les hommes veulent renouer avec leur passé que s’attarderont les générations de l’après-Mewtwo…

II. Voyage en eaux troubles ; une lignée du mystère

Outre l’aspect « scientifique », il y a une autre manière d’envisager la pré-histoire dans le système Pokémon. Dans la 2G, on a vu apparaître des puzzles des Pokémon fossiles de le 1G au niveau de ce lieu très particulier que sont les Ruines d’Alpha. Peint sur les tablettes de ces Ruines ( dont le nom d’alpha renvoie bien à une idée de commencement, de passé originel ), Amonita se voit lié à l’art primitif. Avant de savoir écrire, les hommes peignaient à même la roche, avant de savoir écrire ils communiquaient avec les chiens de Johto en ayant recours aux Zarbi. C’est sur cette notion de message que nous allons nous attarder ici car Amonita semble être presque devenu une illustration de fable dans la 2G ( dans le sens où sa représentation picturale sert de véhicule à un message laissé dans ces Ruines ). De plus, avec la Cristal, le puzzle d’Amonita s’est vu mis en lien avec l’inscription « Eau » renvoyant à la Pierre Eau ce qui a encore creusé la symbolique de cette lignée.

De type Roche / Eau, Amonita était prédisposé à servir de représentation à cet objet évolutif. Mais, Kabuto possède le même double type et, comme nous l’avons vu précédemment, il est beaucoup plus du côté du pôle de l’évolution que cette lignée à première vue plus tournée vers le statisme. Pour comprendre ce lien, il convient de revenir à ce que représente la Pierre Eau dans le système Pokémon. Si l’on regarde les Pokémon évoluant grâce à cet objet, on retiendra les lignées de Kokiyas et de Stari ( Aquali étant un cas à part et Tartard fonctionnant en parallèle avec Tarpaud ).

Pour Stari, l’évolution en Staross est le moment d’un polissage de ce cœur externe qu’il arbore. L’étoile se double, s’épanouit. Comme l’indique l’étymologie, Amonistar est une combinaison entre ammonite et l’anglais star signifiant « étoile ». La Pierre Eau est ainsi porteuse du modèle évolutif d’Amonistar : celui du passage à l’étoile ( dans le monde nocturne de la 1G, cette référence à l’étoile n’est jamais anodine : Amonistar annonce le rôle lumineux de Staross ). Cependant, pour Kokiyas, devenir Crustabri c’est acquérir une carapace encore plus épaisse. Le risque latent de cette évolution est de subir le même sort qu’Amonistar : celui d’être pris dans le piège de son soi propre et d’en mourir ( comme Narcisse se noyant dans son propre reflet ). Parmi les détails étranges des descriptions PokéDex, on peut s’arrêter quelques instants sur la description d’Amonistar dans le PokéDex de la Or. En effet, il y est écrit qu’Amonistar brise les carapaces de Kokiyas. Outre le fait que Kokiyas semble donc être un Pokémon ayant vécu durant cette pré-histoire, on peut y voir qu’Amonistar a une fonction d’ouverture. Comme cette Pierre Eau qui ouvre une porte dans la Cristal, Amonistar tente de conjurer sa propre disparition en brisant la coquillage d’autrui. Mais cela n’est que peine perdu. L’on ne peut pas se sauver soi en faisant subir aux autres ce que l’on refuse de faire soi-même…

Par ailleurs, derrière l’inscription « Eau », une large fresque écrite en Zarbi mentionne : « Ils voient tout et ne veulent pas sortir ». Message écrit pour désigner les deux oiseaux de Rosalia ( Ho-Oh et Lugia ), cette inscription renvoie au fait que les oiseaux refusent de quitter leurs tours et laissent les chiens légendaires parcourir le monde à leur place. Figure d’immobilité, Amonita annonce la chute à venir des oiseaux : à trop se montrer passifs, ils ne pouvaient que courir à leur propre chute. Lugia s’exilera au fond des Tourb’Iles après l’incendie de la Tour Cuivrée tandis qu’Ho-Oh s’envolera du monde des hommes. Cela peut être vu comme étant dû au fait que, comme Amonistar, ils ont incombé à d’autres une tâche qu’ils devaient initialement accomplir par eux-mêmes…


Indéniablement, la lignée d’Amonita sert dans un but de « remplissage ». Le jeu veut se donner un passé et donner une image réaliste des Pokémon. Illustration de l’espèce disparue sous le coup de la sélection darwinienne, Amonistar est un marqueur temporel ( le Musée Minier de la 4G est le meilleur exemple de cette dimension car la résurrection du fossile d’Amonita devient juste une expérience de chercheur et on n’y trouve plus l’idée de rachat d’une science ayant dépassé ses droits en créant Mewtwo ). Cependant, la 2G en a aussi fait une fable : celle de l’importance de prendre sur soi ses responsabilités afin de ne pas sombrer dans la passivité, afin de ne pas risquer de se perdre soi même en se noyant dans son propre nombrilisme. Comme la mer, la lignée d’Amonita est prise entre flux et reflux dans un mouvement qui ramène toujours au même endroit mais qui oscille en fait entre intériorité et extériorité, entre Staross et Crustabri…

Merci à Bulbapedia pour cet Amonita et cet Amonistar tirés de la Argent.
Analyse réalisée à partir des travaux sur la préhistoire de Tyranocif Rex. Un grand merci à lui.
Article ajouté le Mercredi 20 Mai 2009 à 16h49 |
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AnalysaDex : Kokiyas #90 / Crustabri #91
Kokiyas #90 / Crustabri #91

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Lignée évolutive de la 1G, la lignée de Kokiyas et Crustabri est une lignée pour le moins discrète dans l’univers Pokémon. Bien à l’abri au fond de leur carapace, ces deux Pokémon ne font pas partie de ceux ayant marqué les esprits. En effet, ils font partie de ceux ayant été occulté à la fois du PokéDex national de Hoenn et de celui de Sinnoh. Autrement dit, depuis la 2G, nous n’en avons guère entendu parler dans le cadre du game play du jeu. Comment expliquer cela ? Pourquoi une telle discrétion de la part de ces Pokémon ?

C’est autour de cette piste de la discrétion que l’analyse se penchera plus particulièrement. Néanmoins, cette piste nous amènera aussi à voir plus en détail le rôle de la Pierre Eau qui est l’objet d’évolution de cette lignée. Et qui sait ce que nous découvrirons au juste sur l’évolution de Kokiyas ?

I. Des coquillages : les Pokémon écrin

Pour parler de cette lignée, il convient de s’attarder sur un dresseur fondamental ( du moins lorsque l’on s’intéresse de plus près à Kokiyas ). Il s’agit d’une Nageuse du Chenal 20 de Kanto qui a pris le prénom de Jade dans la 3G. Son petit ami lui ayant offert des perles, elle songe à les mettre dans un Crustabri pour les y mettre à l’abri. Carapace à toute épreuve si l’on en croit le PokéDex de RF, Crustabri est un réceptacle où le dresseur vient déposer ce à quoi il tient le plus. Cela peut bien entendu être dans un sens positif. Amoureuse, Jade veut préserver cet amour en se créant un espace d’intimité absolu. L’intimité se fait dès lors un équivalent du superlatif de « l’intérieur » car Crustabri n’est-il pas un intérieur absolu ce qui lui permet de prétendre au rang de gardien de l’intimité de son dresseur ?

Pourtant, cette intimité peut aussi être vue dans un sens négatif. A trop vouloir protéger, on devient avare des richesses que l’on possède. S’appelant Jade, le dresseur du Chenal 20 ( qui est le seul à parler de cette lignée dans toute l’histoire des jeux Pokémon ) pose question. En effet, ce prénom crée un lien entre la lignée de Kokiyas et Jadielle. Ville de l’espérance, Jadielle incarne bien ce que l’homme attend de Crustabri : il espère que ce qu’il met dedans sera en lieu sûr. Que ce soit des sentiments ou des perles qui y soient entreposés, cela n’a guère d’importance. Ecrin, Crustabri prend tout sans prendre en considération ce qu’on lui donne du moment que cela a de la valeur. Dans le manga Pokémon : La Grande aventure, un lien est établi de manière explicite entre cette lignée et Jadielle. Bien que maître des Pokémon sol, Giovanni emploie quelques Pokémon d’autres types dont, justement, un Crustabri. Dès lors, c’est l’ombre de l’avidité et de la cupidité qui obscurcit l’intérieur de Crustabri.

Pokémon lié à l’avarice humaine, à cette tendance que l’homme a de conserver tout pour en jouir dans la stricte intimité de son être, Kokiyas et Crustabri sont un îlot de stabilité dans le branle perpétuel de l’univers. C’est toute la question du stable qui se pose avec ces Pokémon car ce qui est stable peut incarner à la fois l’immobilité de la mort ou bien ce qui reste lorsque tout s’effondre.

Avec RF / VF, Kokiyas a été mis en doublet avec la lignée évolutive de Stari. Face au Pokémon Etoile à cinq branches, Kokiyas est le Pokémon Bivalve. Il est un Pokémon double, comme son évolution Crustabri, mais double dans un sens opposé à celui de Staross, Pokémon formé de deux étoiles de mer. Alors que la Pierre Eau ouvre davantage Stari vers l’extérieur, elle fait rentrer Kokiyas encore plus dans lui même. Comme l’indique le PokéDex de RB, l’intérieur de Crustabri n’a jamais été vu ( alors que les organes de Stari et Staross se devinent sous leur fine membrane ). Entre flux et reflux, la Pierre Eau est l’incarnation de la mer. En Crustabri, c’est la mer qui se retire qui se trouve incarnée. Le nom anglais de Crustabri est Cloyster soit une combinaison entre cloister qui renvoie au français « cloître » et oister signifiant « huître ». La référence à l’huître ne nous retiendra pas longtemps vu que cela renvoie à la forme de Crustabri. Mais le terme « cloître » est, lui, beaucoup plus intéressant. Jardin du monastère, le cloître est cet endroit où la réclusion connaît son seul moment d’ouverture. Si on considère le monastère comme un mur, le cloître est comme une ouverture percée au centre de celui-ci. Cela renvoie exactement à la physionomie de Crustabri. La perle qui est en lui est une sorte de pureté qu’il faut préserver du monde. Pokémon double, Crustabri oscille entre lumière et ténèbres car c’est une coquille qui s’ouvre et se ferme.

II. De Kokiyas à… Ramoloss

Pokémon tourné vers l’intérieur et donc vers lui-même, Kokiyas a une particularité dans le système Pokémon : il n’évolue pas seulement en Crustabri mais il change de forme en mordant Ramoloss. Devenant un coquillage en forme de spirale, il peut être lui aussi considéré comme évoluant en Flagadoss et en Roigada. Pour des raisons évidentes de game play, ces deux Pokémon ne sont jamais comptés parmi les évolution de Kokiyas mais, objectivement, ils en font partie. C’est donc sur ce thème du double que nous allons nous intéresser ici.

Je ne reprendrai pas ici ce qui est dit dans l’ analyse de la lignée de Ramoloss mais je mettrai en avant certains points. Si l’on se base sur le PokéDex de RSE, on note que Kokiyas laisse toujours passer sa langue ( même quand il dort ). Son évolution en Crustabri le prive de cet organe qui le maintenait à l’extérieur ( la langue étant l’organe de la communication ). Mais son évolution en Flagadoss / Roigada lui permet de déployer cette dimension latente de dialogue. Comme l’indique le fait que Flagadoss soit le Pokémon Symbiose, c’est une vie à deux qui s’ouvre lorsque Kokiyas mord la queue de Ramoloss. Guidé par la gourmandise ( l’odeur de la queue de Ramoloss attirant les Kokiyas même si voir ici une forme de péché ne serait sans doute pas pertinent ), Kokiyas amène la parole à Ramoloss. Comme on le voit dans RBJ, le Gardien du Parc Safari est affublé du surnom de Ramoloss en partie à cause de ses problèmes d’élocution. Lui rapporter sa Dent d’Or, c’est lui ramener un objet ayant valeur de Kokiyas : c’est se faire porteur d’un moyen d’accès à la parole qui entraîne l’évolution ( on peut considérer que le Gardien capable de s’exprimer est un Flagadoss vu qu’il nous remet la CS Force qui est une technique que Flagadoss peut utiliser uniquement parce que Kokiyas l’a forcé à se lever, ce qui peut être vu comme l’acquisition d’une dignité « humaine » ).

Néanmoins, Roigada est un cas d’évolution beaucoup plus difficile à cerner. Trompé par le Roche Royale, Kokiyas s’est laissé piéger par sa tendance à vouloir incorporer en lui des objets précieux. Mu par la l’avidité, il va mordre la tête couronnée de Ramoloss et évoluer, avec ce dernier, en Roigada. Pourtant, Roigada n’est pas un Pokémon Symbiose. Comme indiqué dans la description PokéDex de Roigada dans la Argent, le Kokiyas libère des toxines dans la tête de Roigada. Le liquide organique dont la concentration formait peu à peu les perles n’est plus stocké. Il est libéré dans la tête de Roigada. Insistant sur le fait que ces toxines libèrent les facultés psychiques du Ramoloss, le PokéDex montre que ce qui était de l’ordre de la fermeture ( Kokiyas sécrétant en lui même ) est passé dans la sphère de l’ouverture. L’esprit de Ramoloss s’élargit et s’épanouit mais il faut tout de même souligner que, même si Kokiyas semble passif par rapport au Ramoloss dans cette figure de Roigada, il fait peser sur Ramoloss un fardeau : Roigada doit se mettre en quête des secrets du monde. L’ouverture totale est elle aussi ambivalente : d’un côté, Roigada a acquis grâce au Kokiyas un regard sur le monde inégalable mais, de l’autre, il est sous le coup d’un impérieux joug.


Lignée oscillante, la lignée évolutive de Kokiyas est sans doute l’une des plus complexes de l’univers Pokémon. A côté de l’intériorité de Crustabri, se profilent les silhouettes de Flagadoss et de Roigada. Ne faisant pas réellement partie de cette lignée évolutive dans le cadre du PokéDex du jeu, Kokiyas s’est vu confiné à un rôle périphérique. Espace clos, il est un Pokémon qui garde ses secrets et qui ne se montrent que si l’on parvient à le piéger. Le fait que ce soit un Ramoloss qui rompe ce renfermement est significatif. C’est souvent grâce à un regard bénin que l’on peut accéder à des mystères que des yeux avides ne peuvent même pas imaginer…

Merci à Bulbapedia pour ce Kokiyas tiré de DPP et pour ce Crustabri tiré de RF / VF.
Article ajouté le Lundi 18 Mai 2009 à 16h50 |
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AnalysaDex : Salamèche #4 / Reptincel #5 / Dracaufeu #6
Salamèche #4 / Reptincel #5 / Dracaufeu #6
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La lignée de Salamèche est apparue dès la 1G en tant que starter feu. Alors que Bulbizarre avait d’emblée un double type et que Carapuce ne gardera qu’un seul type, Salamèche va peu à peu avancer vers l’obtention d’un double type : feu / vol. Que signifie cette avancée vers l’aérien ? Pourquoi le feu obtient-il des ailes dans le Kanto de la 1G ?

Bien entendu, ce premier axe de réflexion est à doubler d’une réflexion sur le caractère de dragon que possède Dracaufeu. Comment expliquer que ce Pokémon n’ait pas eu le type Dragon ? Quelles conséquences pouvons-nous en tirer ?

I. Une torche mais laquelle ?

Dès que l’on aborde la lignée évolutive de Salamèche, on ne peut que s’attarder sur cette particularité physique qu’ont eu la plupart des starters feu : la flamme brûlant au bout de la queue de ces Pokémon. Comme l’indique la description PokéDex de Salamèche dans RF, si cette flamme s’éteint, le Pokémon meurt. Pokémon combustible, Salamèche fait renouer le système Pokémon avec les anciennes conceptions de la vie axées sur le feu. Principe qui met en mouvement, le feu est ce qui fait vivre, ce qui donne au corps sa chaleur.

Si l’on met cela en rapport avec la fait que cette lignée évolutive est la seconde du PokéDex, on peut en conclure qu’un principe moteur est à l’œuvre par le biais de ces Pokémon. Même si un autre starter ouvre véritablement le PokéDex, on ne peut occulter cette dimension. Comme Bulbizarre et Carapuce, Salamèche possède un caractère saurien. Cela est surtout visible dans le nom japonais de Dracaufeu qui est Lizardon c’est à dire une combinaison de lizard soit « lézard » et du suffixe –don qui est un suffixe habituel dans les noms de dinosaures. Pokémon du début aux allures préhistoriques, Dracaufeu sert de Pokémon initiateur au monde Pokémon. Par lui, le PokéDex du jeu se crée un point de départ mais sur un autre mode que celui de Bulbizarre.

Pokémon de feu, Salamèche a un rôle très particulier dans ce monde en noir et blanc qu’est le Kanto de la 1G. Ce monde dont la montagne principale est le Mont Sélénite soit le mont de la lune et de la nuit est bien hostile pour ce pauvre petit lézard que le PokéDex de la 3G a classé dans l’habitat montagnard. Choisir Salamèche comme starter c’est encourir l’avertissement de Chen selon lequel ce Pokémon sera plus difficile que les deux autres à dresser. Pourquoi cela ? On peut y voir des motifs de game play comme le fait que les deux premiers champions ont des Pokémon face auxquels les Pokémon feu sont faibles. Mais, à mon avis, on peut trouver une raison plus profonde. Dans un monde en noir et blanc, un Pokémon dont la vie dépend de la lumière de sa flamme ne peut que se trouver en difficulté. Choisir Salamèche, c’est s’engager à alimenter ce feu et à veiller à ce qu’il ne s’éteigne jamais ( ainsi, dans la Jaune, le dresseur qui nous donne Salamèche le fait car il dit ne pas savoir s’en occuper ).

Mais, en même temps, cette flamme sur laquelle on s’engage à veiller sera une torche qui nous guidera dans la nuit perpétuelle de la 1G. Acquérant le type vol, Dracaufeu connaît une apothéose par rapport à Reptincel. Par ce double type, il devient une torche céleste soit une figure solaire. En effet, le seul autre Pokémon de la 1G à présenter ce double type est Sulfura ( qui, comme Dracaufeu, est le Pokémon Flamme ). Enterré au fond de la Route Victoire, ce Pokémon qui incarne le soleil du monde de Kanto est une lumière enfouie. Dès lors, Dracaufeu acquiert un rôle de substitut du soleil : le petit lézard qu’était Salamèche devient un dragon qui s’élève pour éclairer la nuit éternelle de l’humanité.


II. Une élévation chevaleresque

Composée de Pokémon de lumière, la lignée évolutive de Salamèche se caractérise également par une incarnation de la puissance des émotions. Comme l’indique le PokéDex de la Rubis et de la Saphir, la flamme de Salamèche augmente en fonction de ses émotions. Elément qui fait bouillir le sang, le combat est sans conteste le lieu où peut se déployer cet ardent débordement d’adrénaline.

Cela est confirmé par la description de Reptincel dans le PokéDex de la Emeraude qui indique que ce Pokémon est sans pitié au combat. Tout ce qui lui importe, c’est de vaincre, de se sentir être en portant au paroxysme sa flamme et ses émotions. Cependant, son évolution en Dracaufeu semble complètement transformer sa personnalité. Même si le PokéDex de la 4G présente le fait que Dracaufeu est un vétéran des batailles, on peut noter dans celui de la Emeraude que Dracaufeu n’attaque jamais un Pokémon plus faible que lui.

Etre guerrier mais ayant une éthique, il incarne une sorte de Pokémon chevalier protégeant les plus faibles tout en étant lui même un amoureux des batailles qui sont pour lui un élément constitutif de son identité.

En outre, on peut rappeler ici que le nom Salamèche est un jeu en français entre « salamandre » et « mèche ». Animal considéré comme fabuleux dans la tradition médiévale, la salamandre est un esprit du feu pouvant vivre au cœur du plus intense des brasiers. Outre ce détail qui rappelle la flamme brûlant au bout de la queue des Pokémon de cette lignée, la salamandre a été utilisée comme figure en héraldique ( ensemble des symboles ayant trait aux blasons ). Elle y représentait le chevalier capable de surmonter les passions et de réaliser sa prouesse. Du Reptincel au tempérament enflammé au noble guerrier qu’est Dracaufeu, les évolutions de la lignée de Salamèche représentent un parcours initiatique digne de la chevalerie médiévale. Le simple reptile qu’est Reptincel doit apprendre à se constituer une éthique, un ensemble de valeurs pour ne pas que le combat soit pur acte de barbarie. En devenant dragon, Dracaufeu reprend étrangement le symbole de la famille du Roi Arthur ( dont le père était un Pendragon ). N’est ce pas une bien étrange coïncidence que ce Pokémon si noble au combat recoupe le symbole d’un roi dont l’idéal était de répandre sur le monde les valeurs courtoises de la chevalerie ?

Mais revenons en à notre soleil. Parmi les légendes arthuriennes, on peut penser au personnage de Gauvain dont la puissance augmentait avec le soleil. Bien entendu, la lignée de Salamèche ne peut pas être vue comme étant inspirée par Gauvain. Néanmoins, cela nous montre que âme chevaleresque et soleil fonctionnent de pair. Dans le remake qu’est RF / VF, le choix de Salamèche amènera Suicune sur le territoire de Kanto. Chien à l’allure féminine et aux pouvoirs liés à l’eau, Suicune peut évoquer le personnage de la fée des lais et contes médiévaux. De plus, il s’agit là du chien légendaire le plus lié à Ho-Oh qui est l’autre Pokon feu / vol, l’autre soleil du monde Pokémon.

Cette importance de la lumière peut être vue également dans le jeu des couleurs de la flamme de Dracaufeu. Si l’on se réfère à la description PokéDex de la Or, on apprend que la queue de Dracaufeu brille d’une lueur blanche avec des reflets bleus lorsqu’il est énervé. Couleurs de la noblesse ( le blanc était la couleur de la royauté et on dit bien avoir « le sang bleu » pour parler des nobles ), ces teintes montrent le caractère supérieur de Dracaufeu. Même s’il n’est pas dragon ( type dont la 1G était jalouse pour des raisons de game play étant donné la puissance de ce type à cette époque ), Dracaufeu a une identité draconique forte : il est un feu follet, un esprit des temps anciens guidant les hommes dans l’obscurité.


Lignée du feu, la lignée de Salamèche sert d’entrée dans le monde Pokémon. Suivant la lignée de Bulbizarre, elle insiste sur un autre point fondamental de ce monde : celui du combat. Etre noble face à l’adversaire, telle est la leçon de cet envol du dragon. Mais, on ne pourrait pas conclure sans parler de la lignée dragon par excellence de la 1G. Deuxième lignée mais cette fois-ci en partant de la fin, la lignée de Dracolosse sert de répondant à celle de Dracaufeu. Entre ces deux lignées, c’est la dimension combattive du système Pokémon qui se déploie. La lignée de Bulbizarre échappe à cette sphère car il est le Pokémon de l’évolution. Mewtwo y échappe car il est le Pokémon créé pour le combat, une « machine » qui fut créée par un homme ayant oublié ce qu’est l’éthos du combat Pokémon…

Merci à Bulbapedia pour ce Salamèche tiré de Rubis / Saphir ainsi que pour ce Reptincel et ce Dracaufeu tirés de VF / RF.
Article ajouté le Vendredi 01 Mai 2009 à 19h03 |
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AnalysaDex : Stari #120 / Staross #121
Stari #120 / Staross #121

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Lignée dont l’origine n’a jamais causé débat, Stari et Staross peuvent sembler simplistes au premier abord. Simplement calqués sur les étoiles de mer, ces Pokémon ont servi à peupler les fonds marins dès la 1G. Néanmoins, c’est justement cet aspect si évident que nous allons remettre en question dans cette analyse. En effet, de Stari à Staross c’est le passage du Pokémon Etoile au Pokémon Mystérieux. Quel est donc ce mystère ?

Par ailleurs, derrière cette lignée, c’est toute une mythologie héritée de la mer qui va peu à peu se mettre en place. Comment la lignée évolutive de Staross s’est-elle ménagée une place dans l’univers Pokémon ? Voilà ce qui retiendra notre attention.

I. Une lignée du clair-obscur

Afin de débuter cette analyse, je voudrais que l’on se souvienne d’un personnage fondamental pour cette lignée : la Nageuse Wendy. Elle se situe juste avant d’arriver à Irisia dans la 2G. Racontant que le cœur des Stari brille à la nuit tombée, elle met en évidence le lien de cette lignée avec la lumière. En outre, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de rappeler que le bras de mer entre Oliville et Irisia est illuminé par le Phare. Lumière qui scintille une fois que le soleil s’est couché, le Phare a un fort lien avec Stari et Staross.

Joyau, le cœur de l’étoile de mer sert de lumière pour guider les hommes dans la nuit. Cela est une référence au fait que les marins se servaient des étoiles pour se diriger dans l’obscurité du large. Pokémon phare, Stari et Staross éclairent la nuit de l’homme et c'est sans doute là la principale valeur de cette lignée dans la 1G. Monde d’une nuit en noir et blanc, les versions Bleue et Rouge sont un voyage au bout de la nuit où la lignée de Stari sert à s’orienter dans la traversée des chenaux 19 et 20.

L’aspect lumineux de cette lignée est encore approfondi dans la 3G de Hoenn. Monde baigné par les eaux, Hoenn est un monde où l’eau et la navigation sont des éléments fondamentaux. Se repérer dans ce monde est un élément essentiel d’où la présence d’un phare près de Poivressel et d’un sémaphore à Nénucrique. Pokémon dont les organes sont externes, Stari avait totalement sa place dans Hoenn. Cependant, avec son Mont Couronné, Sinnoh fut un monde de l’astre unique ( tout tournant autour de cette montagne qui apparaît flamboyante dans la lumière du soleil levant au niveau de la basilique d’Unionpolis ). Alors que Stari avait gagné face à la Lune qu’était Mélofée dans le monde de Hoenn, elle ne put que s’effacer derrière cette autre lignée du Pokémon Etoile : celle de Mélo ( ce n’est peut-être qu’une coïncidence mais la mise à l’écart de Stari dans la 4G est parallèle au passage de Flash du statut de CS à celui de CT comme si le besoin de lumière était beaucoup moindre dans Sinnoh, dans ce monde où les hommes ont des dieux pour les guider ).

Pokémon nécessaire lorsque les hommes sont loin des étoiles, Stari s’est vu attribuer dès la 2G un objet attitré : le Morceau étoile. Fragment des cieux tombé sur terre, cet objet représente tout ce qu’est cette lignée pour les hommes. Pourtant, cet objet n’est en somme qu’une Pépite dans le système du jeu. Morceau de lumière que l’on vend pour de l’argent, l’objet de cette lignée montre à quel point toute clarté a aussi sa part d’obscurité dès lors que le beau céleste a touché la glaise de la terre.

Ainsi, à ce stade, on commence à entr’apercevoir que la lumière de cette lignée n’est pas que positive ( bien qu’il soit vrai que le PokéDex de la 1G insistait beaucoup sur le fait que Stari possède d’impressionnants pouvoirs de guérison ce qui donnait bien une idée de rayonnement positif d’apaisement des maux et des souffrances ). Qui plus est, la fameuse nageuse Wendy nous dit que cette lumière nocturne lui fait peur. Etre happé par la lumière n’est toujours pas une bonne chose surtout si l’on songe aux tourbillons qui bordent Irisia…

II. L’étoile : manifestation de l’azur

Cependant, un autre dresseur que la Nageuse Wendy est à convoquer dès lors que l’on entreprend une analyse sur la lignée évolutive de Stari. Il s’agit bien entendu d’Ondine, championne de l’arène d’Azuria. Pokémon possédant la capacité Lumiattirance, Stari et Staross ont un pouvoir de fascination, un pouvoir séducteur. Figure dont le nom vient de la sirène du conte d’Andersen, Ondine apparaît dans la 1G comme la « petite sirène » si l’on se réfère au panneau devant l’arène. Etre mythique dont le chant attirait les marins pour les amener vers leur trépas, la sirène sous-tend toute l’imagerie de la lignée de Stari.

De fait, la lumière n’a plus ce caractère naïf de bien, de bon. Elle est un opaque : elle éclaire certes, mais n’est ce pas pour nous fourvoyer ? A partir de la 2G, le personnage d’Ondine devient l’incarnation de la jeune fille attendant l’amour au Cap Azuria. Réminiscence de ses femmes de marins attendant le retour de leurs chers et tendres sur la corniche, cette figure d’Ondine incarne l’appel du large que ressentent les femmes mais qu’elles ne peuvent assouvir. Contrairement à Carmin sur Mer et à son très viril champion ( ancien militaire de surcroît ), Azuria est une ville maritime sans port, sans accès au large : c’est là une image du féminin laissé en marge de ce à quoi il aspire ( le lapsus du héros devant le panneau d’Azuria est significatif : lisant « petite peste », il met d’abord un stéréotype misogyne sur l’identité de la championne ). Mais c’est aussi l’idée que l’image de la mère reste ce qui guide le héros dans la nuit de son aventure : elle est son étoile. Même si lui a parfois tendance à l’oublier, tout son voyage depuis la maison maternelle le fera revenir à cette maison.

Nous touchons ici à un point très complexe de ces Pokémon : celui du rapport à soi. Si l’on s’intéresse aux étymologies françaises et anglaises de ces Pokémon, on remarque un point très troublant. Selon les sources les plus courantes, le nom Stari vient de l’anglais star soit « étoile » et de I soit « je » alors que Staross viendrait de l’association entre le mot star et une déformation de us soit « nous ». Cela peut sembler complètement farfelu mais en anglais Stari se dit Staryu soit « étoile » et « tu / vous » ( you ) et Staross se dit Starmie soit « étoile » et « moi » ( me ). Passant du moi au nous ou du tu au moi, la lignée évolutive de Stari interroge le rapport entre l’être au monde et autrui. Si Staross est le Pokémon Mystérieux, ce n’est pas pour rien. Utiliser la Pierre Eau sur Stari, c’est plonger au travers d’un voile opaque qui nous fait franchir les limites de notre propre individualité car Stari ne devient Staross qu’en se doublant ( Staross étant en fait une double étoile de mer ). Dès lors, Staross entre en résonance directe avec ce lieu qu’est Azuria. Lieu de mystères, la Grotte inconnue porte bien son nom : elle est le réceptacle d’un Pokémon créé à partir d’un autre et qui se demande quel est son lien avec cet autre. C’est toute la relation Mew / Mewtwo qui se déploie à partir de cette lignée.

Pokémon de l’ouverture aux autres, Staross va se retrouver opposé à un Pokémon de l’intériorité à partir de RF / VF : Crustabri. Ce doublet se base sur le fait que ces deux Pokémon sont des lignées évoluant grâce à la Pierre Eau ( Aquali reste un cas à part tandis que Tartard fonctionne dans une lignée de trois Pokémon et non de deux ). Cela montre que la Pierre Eau amène un mouvement vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Pokémon écrin, Kokiyas et Crustabri conservent jalousement leur perle et leur moi propre alors que Stari et Staross se servent de leur cœur pour remettre en cause leur individualité, pour porter une lumière qui peut être dangereuse mais qu’il convient de tenir fermement si l’on veut savoir qui l’on est.


En conclusion de cette analyse, je citerai un petit passage du Jonas de Camus : Jonas « croyait en son étoile ». Cette phrase résume parfaitement tout ce que représente la lignée de Stari. C’est une lignée en laquelle on ne peut que difficilement avoir confiance mais à laquelle on doit abandonner le cours de notre destinée. La peur doit être occultée car sinon nous passerons à côté de l’essentiel à savoir qui nous sommes dans ce monde peuplé par un autre infini…

Merci à Bulbapedia pour ce Stari et ce Staross tirés de la 4G.
Article ajouté le Mercredi 29 Avril 2009 à 19h19 |
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AnalysaDex : Minidraco #147 / Draco #148 / Dracolosse #149
Minidraco #147 / Draco #148 / Dracolosse #149
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Parler de la lignée évolutive de Minidraco, c’est effectuer un retour aux origines des Pokémon dragons. Seuls Pokémon de la 1G à posséder ce type, Minidraco et ses évolutions y étaient des Pokémon considérés alors comme « légendaires ». Comment ce caractère a-t-il évolué depuis la 1G ? Quelle valeur cette lignée a-t-elle conservée tandis que les autres Pokémon dragons ne cessaient de se multiplier ?

Cette question est primordiale et d’une actualité brûlante si l’on considère la prolifération de dragons que nous a apportée la 4G. Néanmoins, cela ne devra pas nous faire oublier que cette lignée a gardé une particularité propre dans ce monde des dragons. Il conviendra de définir laquelle.

I. Entre légendes et réalité

Ce qu’il faut avoir d’emblée à l’esprit lorsque l’on aborde cette lignée, c’est qu’il s’agissait, dans le PokéDex de la 1G, des derniers Pokémon avant Mewtwo. Lignée ultime, la lignée de Dracolosse l’était d’autant plus que le seul dresseur à avoir des Pokémon dragons était Peter, le dernier dresseur du Conseil des 4 avant le Maître. Si le Maître de la ligue ( soit votre rival dans la 1G ) est le dernier dresseur, Mewtwo est son équivalent dans l’ordre des Pokémon. Cela donne à cette lignée un rôle d’antépénultième : c’est la lignée du passage, c’est elle qui ouvre la porte vers la destination finale du voyage initiatique du dresseur.

Pokémon d’entre-deux, Minidraco est le point de départ d’une lignée qui va poser problème. Ultime, cette lignée arbore un caractère légendaire qui en fait le centre de nombreuses légendes. La description PokéDex de Minidraco dans la Bleue et la Rouge indique que Minidraco a longtemps été considéré comme un Pokémon mythique mais qu’une colonie a récemment été découverte. Entre singulier et pluriel, Minidraco nage en eaux troubles. Son caractère dragon et sa place à la fin de tout suggéraient un caractère de Pokémon unique que le jeu s’amuse tout de suite à inverser.

Alors légendaires ou non ? Pour essayer de mieux cerner cette question, faisons un petit tour par l’étymologie. Si l’on regarde les noms Minidraco, Draco et Dracolosse, on remarque immédiatement qu’ils sont tous construits autour de la racine latine draco. Ce terme signifie en latin « serpent » puis, par extension, « dragon ». L’idée de serpent éclaire ici la forme initiale de cette lignée. Créatures ondulantes au long corps effilé, Minidraco et Draco sont des serpents et le « dragon » comme nous l’avons en tête n’apparaît qu’avec Dracolosse. Cette racine du draco est à relier au fait que Minidraco pose la question de la rareté. Qu’est ce qu’un Pokémon rare voire « légendaire » ou « mythique » ? C’est tout simplement un Pokémon qui échappe au regard, qui est tellement sinueux que l’œil ne peut l’attraper. Cette relation entre Minidraco et le regard est très prégnante dans la 1G. Pokémon que l’on trouve dans la dernière zone du Parc Safari, Minidraco se trouve à proximité de la Cabane secrète du parc. Lieu que personne n’a réussi à découvrir avant le héros, la Cabane est secrète car elle est difficile à voir.

Nous allons nous arrêter sur ce point pour considérer un moment particulier de l’histoire de cette lignée. Je pense bien entendu à la Cristal. Cette version a repris l’Antre du dragon de OA mais en l’approfondissant. Le doyen du clan pose en effet de multiples questions afin de voir si vous méritez l’ultime badge de Johto. Encore une fois, le rôle de porte vers la destination finale du héros peut se retrouver ici. Cependant, ce qui m’intéresse le plus c’est que ce Minidraco s’obtient en répondant à des questions sur le lien entre un dresseur et son Pokémon. La récompense est l’obtention d’un Minidraco unique possédant l’attaque Vitesse extrême. Attaque où le Pokémon disparaît dans les graphismes de la 2G, Vitesse extrême est l’attaque du faux fuyant absolu mais un faux fuyant désormais maîtrisé. Après avoir saisi le sens de son lien grâce aux questions du chef du clan des dragons, le dresseur peut maîtriser ce qui échappe par définition au regard : la fugitive sinuosité de l’affection.

De là, découle le fait que le rival du héros vient s’entraîner dans l’Antre du dragon après sa défaite finale du Plateau indigo contre le héros. Défaite annoncée par sa défaite contre le Dracolosse de Peter à Acajou, l’échec du rival le pousse à vouloir saisir ce lien d’affection entre lui et ses Pokémon. Et quel lieu était plus approprié pour cela que le repaire de la lignée de Minidraco ?

Même si elle n’est pas « légendaire » car non unique, cette lignée reste une lignée du mythe. Entre visible et invisible, elle représente un ordre d’idée qui existe dans la réalité mais que la réalité ne peut exprimer en tant que tel…

II. Entre ciel et mer

Ainsi, le caractère de mythe reste très ancré dans cette lignée. On peut penser ici à la description de Dracolosse dans le PokéDex de la Cristal. Il y est stipulé que les Dracolosse vivent sur une île loin au-delà des côtes. Créature de légende, Dracolosse nourrit les fantasmes de toute une population : celle des hommes de la mer.

Ce lien à la mer est à voir au niveau des localisations de cette lignée au travers des différentes générations. Minidraco et Draco ont toujours été des Pokémon à pêcher. Du Parc Safari de Kanto au sommet de la cascade du Mont Couronné de Sinnoh en passant par l’Antre du dragon et la Route 45 de Johto, cette lignée est indissociable de l’élément aquatique. Dans la 4G, ils ne peuvent être pêcher qu’avec la Méga Canne. Canne allant le plus loin sous la surface, la Méga Canne ouvre une nouvelle dimension de ces Pokémon. En haut de la cascade et dans le lieu le plus proche du ciel de l’univers Pokémon, Minidraco et Draco sont en même temps tapis dans les profondeurs.

Pour mieux comprendre cette dimension, revenons aux références qui sous-tendent cette lignée. Je n’en ai pas encore parlé mais les dragons de l’univers Pokémon ont, bien entendu, une forte résonance mythologique. Derrière ces Pokémon, se profile l’ombre des dragons chinois. En Chine, les dragons n’ont pas la forme qu’on leur associe dans la culture occidentale. A la forme serpentine, le dragon chinois est réputé pour ses pouvoirs météorologiques et est considéré comme un symbole de la puissance impériale. Depuis le PokéDex de la 1G, il est précisé que Draco possède une aura capable de changer le temps. Cette aura climatique semble disparaître lors de son évolution. Dracolosse n’a plus ce pouvoir sur le ciel et les eaux mais acquiert une paire d’ailes lui permettant de voler au-dessus des mers. Le PokéDex de la Or indique que Dracolosse survole les mers en sauvant les gens sur le point de se noyer. Ce caractère de sauveur inespéré fait de lui un Pokémon que l’on admire et qui fascine. Comme son nom l’indique Dracolosse est une combinaison de « draco » et « colosse ». Face à la forme colossale ( qui est celle du pouvoir ), la forme serpentine a disparu. Mais il reste toujours ce lien de Dracolosse avec cet ondulant permanent qu’est la bonté.

Comme la mer ou le vent, Dracolosse est un Pokémon que l’on ne voit jamais. Il n’est dit que par le biais de légendes et de récits populaires. Mais, pourtant, il est toujours présent. Juste que l’on ne peut pas le saisir.

Je fais faire une pause ici. J’aimerais aller plus loin sur la question du lien entre cette lignée et la Cristal. Si on se réfère au PokéDex de la Argent, on trouve que les pouvoirs climatiques de Draco dépendent de son orbe de « cristal ». Ce détail n’est pas à prendre à la légère. Comme on l’a vu jusqu’ici, le lien entre la lignée de Minidraco et la version Cristal est des plus forts. Objet contrôlant le climat, la sphère de Draco peut être vue comme annonçant les orbes de la 3G. Pokémon de passage, la lignée de Minidraco apparaît comme le pont entre la Cristal, dernière version de la 2G, et la 3G ( placée sous l’égide des maîtres du climat que sont Kyogre et Groudon ).

Cependant, la 2G a aussi amené le déclin de l’hégémonie de cette lignée. Désormais, les profondeurs sont le domaine d’Hyporoi tandis que Dracolosse se retrouve face à un frère ennemi : Tyranocif. Tout comme Minidraco et Draco, Ymphect va obtenir la capacité spéciale mue à partir de la 3G. Alors que la peau qui tombe de Minidraco provient du rayonnement de son énergie vitale ( PokéDex Rubis et Saphir ), la mue d’Ymphect est au contraire une mue nocive bien opposée à la lueur bienfaitrice de la lignée de Minidraco.

Ayant désormais un rival à sa mesure, Dracolosse s’est vu peu à peu remplacé par d’autres Pokémon dragons à partir de Hoenn. Trop liée à Ebenelle, la lignée évolutive de Minidraco ne pouvait que céder la place. Comme le PokéDex de DP l’indique, Minidraco est appelé le « Pokémon mirage ». Cela le lie aux oiseaux légendaires de Kanto dont la rareté ouvre tout un jeu du regard. A leur côté dans le PokéDex, les dragons de la 1G ne sont plus que des mirages après la 2G et la fin de Kanto. Ce qu’il reste d’eux à partir de la 3G, ce sont des lieux comme l’Ile Mirage : un lieu au milieu de la mer et qui n’est en fait nulle part. C’est en creux que la valeur de cette lignée peut désormais s’exprimer.


Pour conclure cette assez longue analyse sur la lignée évolutive de Dracolosse, je voudrais revenir sur la phrase de Peter dans la 1G. Parlant du « glas de la défaite », le dresseur de dragons annonçait la fin d’une lignée qui était déjà une lignée qui était sur la brèche. Trop près de la fin, Dracolosse et ses pré-évolutions ne pouvaient que se faire aspirer par ce vide dont ils ne cessent d’ouvrir la voie. Part de ténèbres, Tyranocif est le dragon de l’autre côté du rideau, le dragon étant passé par le Mont argenté. Ce lieu est l’incarnation de la rivalité, du dédoublement de celui qui était jusque là le seul à être aussi près du mythe…

Merci à Bulbapedia pour ce Minidraco et ce Dracolosse tirés de DPP ainsi que pour ce Draco tiré de la Or.
Article ajouté le Vendredi 17 Avril 2009 à 21h27 |
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AnalysaDex : Kraknoix #328 / Vibraninf #329 / Libégon #330
Kraknoix #328 / Vibraninf #329 / Libégon #330
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Apparue avec la 3G, la lignée de Kraknoix a bouleversé le microcosme, très fermé jusque là, du type Dragon. Avec ses comparses de la 3G ( Drattak, Altaria,… ), elle participe au brusque enrichissement de ce type qui s’était toujours efforcé de restreindre son nombre de membres. Comment cette lignée s’est-elle taillée une place dans le monde des Pokémon dragon ? Voilà la question à se poser.

Mais cette lignée a une autre particularité. Dragon dans le type, Libégon ressemble, et il faut bien l’avouer, davantage à une grosse libellule. Cet élément semble indiquer une parenté entre ces Pokémon et le type insecte. Comment expliquer cela ? Quel impact cela a-t-il sur la symbolique de cette lignée ?

L’analyse s’attachera surtout à cette place particulière de Libégon. N’étant apparu que depuis la 3G et étant juste en filigrane dans la 4G, c’est là la seule manière de mener une réflexion sur cette figure.

I. Un dragon – insecte : une lignée « atypique » ?

Pour mieux cerner cette lignée, il convient de voir qu’elle s’inspire d’un insecte existant réellement : le fourmilion. Il s’agit d’un insecte vivant dans le sable. La larve fait des cônes de sable dans laquelle elle se cache en attendant qu’une proie passe à portée. Par ailleurs, la forme adulte de cet insecte ressemble beaucoup à une libellule.

Arrivé là, je n’ai pas besoin de vous faire un grand dessin. Pokémon Piégeur, Kraknoix est directement inspiré de cette larve du fourmilion ( en outre, l’étymologie de Vibraninf fait bien ressortir le terme de nymphe qui est l’état intermédiaire entre la larve et l’insecte adulte ). Cela met cette lignée directement en prise avec le type insecte qui reste le type de Pokémon le plus calqué sur la réalité ( on peut rappeler que cette lignée fait partie du groupe d’œuf insecte ce qui montre que ce n’est pas qu’une vague ressemblance ). Mais pourquoi un tel choix ?

Son apparition dans la 3G est concomitante avec la création d’un nouveau type de lieu : le désert de la Route 111. Lieu d’une tempête de sable, ce désert est à examiner de plus près car c’est là la clé de lecture pour comprendre cette lignée. Avec le désert, c’est le retour des fossiles Pokémon qui a lieu dans la 3G. Mais, contrairement à la 1G, le type des Pokémon fossiles n’est plus axé sur l’élément aquatique. Entre la plante Vacilys et l’insecte Armaldo, ce sont deux lignées en prise directe avec le monde insecte et de la nature en général. Prêts à s’enfoncer dans le sable, les Fossiles Griffe et Racine sont en résonance directe avec Kraknoix et le reste de sa lignée.

C’est dans le désert et par le désert de la 3G que la lignée de Kraknoix existe. Sans prendre en compte sa localisation, on ne peut comprendre ces Pokémon… Si le dragon prend une forme insecte, c’est pour être en harmonie avec ce microcosme désertique.

On peut expliquer cette irruption du désert par un argument externe à Pokémon. Si l’on se penche sur le monde du jeu vidéo en général, le désert est une sorte de lieu commun, de topos. Milieu hostile que l’on associe aux tombeaux antiques ( en particulier égyptiens ), il s’agit d’un univers empli de mystères. C’est donc dans un souci de s’approprier ce lieu commun que la 3G a créé cette lignée.

Le fourmilion a toujours fait partie des « canons » du jeu vidéo pour créer des monstres vivant dans le désert. Pokémon va donc se créer son fourmilion mais en l’articulant à la figure centrale de la Route 111 : le golem de pierre Regirock. Pokémon mythique, Regirock nimbe le désert d’une aura de recherche archéologique. Si le désert existe, c’est avant tout dans les conceptions que l’on a du désert. Donner au hasard l’image que l’on attend de lui. Telle est la fonction de la lignée de Libégon. Ainsi, la Route 228 de la 4G, où souffle la tempête de sable, ne pouvait que proposer des Kraknoix et Vibraninf sauvages.


II. L’incarnation du désert

Mais, il ne faut pas que cet élément nous fasse voir en cette lignée un simple élément de game play ( même si cette dimension est indéniable ). Pokémon Mystique, Libégon appelle à un trouble de la perception logique. Par lui, c’est tout un univers de légendes qui se déploie.

La version où le désert de la Route 111 a été le plus approfondi est sans conteste la Emeraude. Avec l’apparition de la Tour Mirage, cette version crée un lieu où l’on retrouve Kraknoix. Seul Pokémon de la Tour avec Sabelette, Kraknoix n’est plus un Pokémon qui piège uniquement de manière matérielle. Il est aussi un Pokémon du mirage, du piège du regard ( ce thème du mirage crée un lien entre cette lignée et les oiseaux légendaires de la 1G dits « Oiseaux mirages ». C’est toute une tradition du rôle du regard qui se trouve cristallisée dans cette lignée ). De même, si l’on s’intéresse à la description PokéDex de Vibraninf dans la Saphir, les ailes de Vibraninf ne servent pas à voler mais à produire des vagues sonores donnant des migraines. Pokémon du trouble, Vibraninf détraque les sens et la perception de la réalité.

Lignée qui piège et dérègle les sens, la lignée de Kraknoix est une lignée du détachement. Bien que Pokémon terrestre, Kraknoix porte dans son nom son élévation à venir. Déformation de « casse-noix », ce nom annonce que la forme de Kraknoix se brisera pour que quelque chose en sorte et s’élève. Les ailes de Vibraninf ne sont qu’un autre moyen du détachement, celui de la réalité auditive.

Le but de ces deux Pokémon est de préparer l’apothéose de cette lignée qu’est Libégon. Ce Pokémon Mystique est appelé « esprit du désert » dans le PokéDex de DP. A la vibration de Vibraninf, il substitue une « mélodie » qui est le seul son que le tempête de sable n’étouffe pas ( description PokéDex de Saphir ). Chant du sable, le chant de Libégon est l’élévation ultime et cela n’est permis que parce que celui qui chante n’est pas visible. Le PokéDex de la Rubis insiste sur le fait que Libégon est toujours dissimulé derrière un voile de sable. Une fois le dérèglement total de tous les sens opéré, le désert n’est plus le sable, le vent violent ou l’absence de visibilité mais juste une intense mélodie qui émerge de la réalité.

De cela, découle le fait que Libégon s’oppose à l’approche que l’on pouvait avoir du désert dans le jeu. Le seul moyen d’y accéder était d’obtenir les Lunettes Sable pour réussir à distinguer quelque chose. Or, les mystères du désert ne se donnent que si l’on ne voit pas, que si on oublie le lieu pour ne plus retenir que la mélodie et non ce qui la produit ( et c’est pour cela que le désert est le lieu d’un tombeau lié au braille : voir ne sert à rien. C’est grâce à autre chose que l’on accède aux mystères du désert ).


Il est indéniable que la lignée de Kraknoix a surtout une place de game play dans l’univers Pokémon ( et c’est pour cela que la 4G a mis cette lignée dans les marges du Pokéradar ). Son rôle était de remplir le désert créé dans la 3G et de préparer la perturbation de la vue qu’amène le choix de l’écriture en braille comme clé de l’énigme des trois golems. Mais, par ce rôle, il a bouleversé le monde des Pokémon dragons. Désormais, le Pokémon dragon est celui qui brouille les frontières. Pokémon sol, Libégon possède la capacité Lévitation. Entre terre et ciel, il n’y a qu’un pas : celui du chant, de l’attention au monde qui est un mode d’être beaucoup plus profond que la simple vision…

Merci à Bulbapedia pour ce Kraknoix tiré de la 4G ainsi que pour ce Vibraninf et ce Libégon tirés de VF / RF.
Article ajouté le Mardi 14 Avril 2009 à 13h39 |
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AnalysaDex : Bulbizarre #1 / Herbizarre #2 / Florizarre #3
Bulbizarre #1 / Herbizarre #2 / Florizarre #3
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Premiers dans l’ordre du PokéDex, Bulbizarre, Herbizarre et Florizarre sont une lignée qui est, de bien entendu, liée de manière incompressible à la 1G. Cette place de choix en tant que premiers Pokémon de la série va forcément influencer les valeurs de cette lignée dans le système Pokémon. Le but de cette analyse sera de voir en quelle mesure précisément.

Mais, en tant que starter plante de la 1G, Bulbizarre a une particularité qui ne se retrouvera jamais dans les autres générations : c’est un starter ayant un double type ( et, après lui, seul Torterra retrouvera un second type parmi les starters plante, et ce type sera sol. On reste à l’antipode du type poison de ce starter ). Pourquoi ce choix ? Est-ce que le Kanto de la 1G demandait un starter plante obligatoirement poison ?

I. Une entrée en matière

Alors, pour cette analyse, nous commencerons par le commencement. Voyons donc l’étymologie de Bulbizarre. En français, cela n’est pas très sorcier. Associant bulbe et bizarre, ce nom met en avant le fait que Bulbizarre est un Pokémon plante à l’allure inhabituelle. Mais, si on s’intéresse à son nom japonais, on constate qu’il s’agit de Fushigidane qui est un jeu de mot signifiant « étrange, pas vrai ? ». Dès ce moment, on voit que Bulbizarre sert à donner le ton du PokéDex et du monde Pokémon en général. A la fois familier et inhabituel, Bulbizarre illustre ce que sont les Pokémon : des déformations d’éléments qui existent dans notre réalité. C’est par ce Pokémon que toute la machine Pokémon est lancée. Nous sommes désormais avertis : dans ce monde, nous irons continuellement de surprise en surprise. Et le reste de la lignée suit la même idée. Fushigisou en japonais, Herbizarre peut être vu comme signifiant fushigi sou soit, littéralement, « herbe bizarre » ( même origine que son nom français ) mais on peut aussi lui donner valeur de jeu de mot qui en japonais signifie « cela semble étrange ».

Néanmoins, alors que Bulbizarre et Herbizarre lancent la machine Pokémon, l’étymologie de Florizarre est assez différente. Son nom japonais est Fushigibana qui signifie simplement « fleur bizarre » ( encore une fois, même étymologie que le nom français ). Désormais recentré sur l’aspect végétal pur, ce nom s’enrichit d’une autre dimension si on le couple avec le nom anglo-saxon de Florizarre : Venusaur. Ce mot est une contraction du latin venin et du grec saur signifiant lézard ( ce suffixe –saur se retrouve chez les autres membres de la lignée mais, à mon sens, sa portée y est diminuée car le jeu de mot japonais y apporte déjà trop de choses ).

Cela ouvre deux perspectives. La première, est le caractère saurien de cette lignée. De là, vient l’idée que la lignée de Bulbizarre a un caractère préhistorique. Sauriens par excellence, les dinosaures sont présents en creux dans cette lignée ( par ailleurs, le « palmier » qui garnit le dos de Florizarre peut rappeler les arbres du Jurassique ). Cela en fait encore plus des Pokémon du départ. Avec eux commence une chaîne : la chaîne du PokéDex ( ce caractère saurien se retrouve aussi chez Salamèche qui ouvre la deuxième lignée du PokéDex ce qui semble bien indiquer que le monde Pokémon s’ouvre à partir de figures volontairement « préhistoriques » comme pour se donner une continuité ).

Petit élément au passage. La lignée de Bulbizarre se caractérise par un élément dont je n’ai pas encore parlé mais qui peut sembler évident. Du bulbe à la fleur, c’est le développement végétal en lui même qui est ici représenté. Comme l’indique le PokéDex de la Bleu et de la Rouge, le bulbe de Bulbizarre grossit et se développe avec l’animal. Brouillant les frontières entre animal et végétal ( en peu comme les champignons quoi ), la lignée de Bulbizarre sert de représentation du processus de l’évolution qui régit le monde Pokémon. Comme les plantes, les Pokémon s’épanouissent et changent de formes.

Présentant les grands principes de l’univers Pokémon, cette lignée est une vraie introduction à la suite du PokéDex et de l’aventure. Mais, et je m’adresse ici au lecteur attentif et assidu, j’avais parlé plus haut d’une double perspective. Voyons un peu de quoi il retourne.

II. Un Pokémon double, le symbole d’un monde

Après avoir parlé de la racine saur que l’on trouve dans le nom anglais de Florizarre, intéressons nous à plus avant à ce latin venus ( cette usage de racines anciennes est du même ordre que ce qui a été dit précédemment : on crée un départ au système Pokémon ).

Je vais avoir besoin ici d’un rappel de ce qu’était le type plante dans la 1G. Si l’on regarde l’ensemble des Pokémon plante, un seul était plante pur : Saquedeneu. Ensuite, on avait l’insecte / plante Parasect et, tout le reste, était plante / poison ( en somme, les lignées de Chétiflor et Mystherbe ). Le plus intéressant est que la même réflexion peut être faite sur le type insecte où seuls Parasect et Papilusion ne sont pas poison. Autrement dit, le monde végétal de la 1G semble être un monde empoisonné. La nature n’y connaît pas de plénitude mais elle est bien plutôt corrompue. Problème souvent évoqué dans la 1G ( si l’on pense à la jeune fille de Carmin sur Mer parlant du problème des Tadmorv ), la pollution est comme incrustée et les êtres les plus proches de la nature ( en l’occurrence les Pokémon plante et insecte ) ont dû s’adapter à cette situation ( Papilusion maîtrise des attaques psy donc efficaces contre le poison tandis que Parasect s’est réfugié dans le recours à un symbiote ). Starter plante, Bulbizarre ne pouvait que reprendre ce double type car lui aussi dépend de ce monde en déliquescence qu’est le Kanto de la 1G ( problème auquel les starters des générations suivantes ne seront pas confrontés ).

Annonçant Kanto, la lignée de Bulbizarre en devient encore plus passionnante. En effet, il est temps d’aborder un pan de ces Pokémon que j’ai jusqu’à présent passé sous silence : il s’agit du remake de la 1G qu’est VF / RF. Je ne m’attarderai pas sur le fait que Bulbizarre a eu, par ce remake, une version à son image. L’appellation Vert feuille reste un élément pour donner une Verte à l’Europe qui avait eu une Bleue. Ce qui me semble intéressant dans ce remake, c’est surtout le fait que Bulbizarre y est mis en lien avec Enteï. Chien apparaissant si Bulbizarre a été choisi comme starter, il est le symbole abouti de l’action de cette lignée lorsqu’elle est choisie comme clé de lecture de ce monde ( car c’est là le but d’un starter : ouvrir le monde du jeu selon une certaine perspective ). Pokémon du feu, Enteï rappelle le grand lien de Forizarre au soleil. Comme l’indique la description de Herbizarre dans le PokéDex de la Or, la graine de cette lignée se développe grâce au soleil.

Dans la 1G, le soleil était un astre enterré. Génération en noir et blanc, la 1G s’offrait un espoir de soleil avec cette lignée car si Bulbizarre évoluait n’était-ce pas la preuve que le soleil n’avait pas complètement disparu ? Mais, dans la 3G, Sulfura ( incarnation du soleil dans Kanto ) était au sommet Mont Braise. Lieu d’un jour sans fin, le Kanto de la 3G va infléchir la symbolique de Bulbizarre vers l’idée d’un point de départ vers un déplacement du feu. Pokémon fuyard, Enteï est une torche ambulante contrastant avec le statique Sulfura. C’est un espoir de retour à un cycle solaire.

Cependant, un cas particulier reste à examiner : celui de la Jaune. Cette version est la seule où Bulbizarre n’est pas un starter ( du moins la seule où Bulbizarre peut être directement obtenu dans le jeu ). Il s’obtient à Azuria si votre Pikachu vous aime ( et est, accessoirement, au niveau 20 ). Cet élément fait de Bulbizarre un Pokémon lié à l’affection et même une récompense à l’amour que l’on porte à ses Pokémon. En plus de participer à l’annonce de la jauge de bonheur de la 2G, ce rôle de Bulbizarre en fait un Pokémon de la chaleur mais, cette fois-ci, affective. Recueilli par cette jeune femme, il a été choyé et a pris cette chaleur de l’affection pour se développer ( la Jaune étant la version de la 1G qui crée un soleil d’affection dans ce monde sans soleil, d’où l’usage des couleurs monochromatiques : on a un pseudo-soleil, celui de l’amour, qui illumine le monde et lui redonne des couleurs ).


Pokémon symboles, la lignée de Bulbizarre est la lignée starter absolue de l’univers Pokémon. Ouvrant le PokéDex, ces Pokémon peuvent presque être considérés comme des fables. A eux seuls, ils racontent toute l’incroyable aventure de l’univers Pokémon. Comme tous les starters plantes, sa capacité spéciale fut Engrais à partir de la 3G et quoi de mieux pour un Pokémon si riche en floraisons de toutes sortes et portant en germe ce monde de couleurs qui s’ouvre à nous…

Merci à Bulbapedia pour ce Bulbizarre tiré de DPP, pour cet Herbizarre tiré de RSE et pour ce Florizarre tiré de VF / RF.
Article ajouté le Vendredi 10 Avril 2009 à 16h03 |
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AnalysaDex : Goupix #37 / Feunard #38
Goupix #37 / Feunard #38
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Apparue dès la 1G, la lignée évolutive de Goupix est une lignée qui jusqu’à la 2G a dépendu de son doublet avec Caninos. La question qui se pose tout de suite est, bien entendu, de savoir pourquoi ce doublet a brusquement éclaté avec l’apparition de Rubis / Saphir. Pourquoi cette parenthèse Hoenn où Goupix devient le seul présent ? Quel impact cela a-t-il eu sur la place de cette lignée dans le système Pokémon ? En effet, cette question est centrale car le doublet s’est vu réhabilité dans le cadre de la 4G.

L’autre volet de l’analyse s’attachera à l’importance des mythes japonais qui sous-tendent ces figures de Goupix et Feunard. En quoi cet éclairage culturel permet-il de mieux comprendre cette lignée ?

I. Une lignée du feu nocturne

Pour commencer, penchons nous plus avant sur le doublet Goupix / Caninos qui existe dans la 1G. Face au Caninos de la Rouge, Goupix était le Pokémon feu de la Bleu. Dans ce monde où la rivalité est exacerbée ( je suppose que tout le monde a en tête le retentissant « minable » qui ponctue tous les discours du rival ), le doublet Caninos / Goupix est un doublet de l’opposition. Comme son nom l’indique, Goupix est une association entre goupil ( terme archaïque pour parler du « renard » ) et six ( son nombre de queues ). Face au renard, le prédateur canin qu’est Caninos évoque la figure du chien de chasse.

Cette opposition se poursuit dans la 2G où Goupix se retrouve dans la Argent et Caninos dans la Or. Présents au niveau des Routes 36 et 37, ces Pokémon se situent juste à l’entrée de Rosalia. Cela les met en prise directe avec les habitants de Rosalia que sont les oiseaux légendaires. Face à Ho-Oh et Caninos, Goupix se rattache à la figure de Lugia. Ce mouvement est poursuivi dans la Cristal où Goupix est absent mais quoi de plus logique pour cette version placée sous l’égide de Suicune, messager de Ho-Oh.

Devenus figures de la lune et de la nuit, Goupix et Feunard vont se charger de connotations en rapport avec le monde des esprits. Cela est flagrant à partir de la 3G avec les nouvelles attaques de cette lignée : Feu follet, Rancune,… Bref, tout cela est en rapport avec ce monde des cimetières d’autant plus que Goupix se trouve au niveau du Mont Mémoria de Hoenn ( de même, dans la 4G, on trouve les Goupix sur la route de la Tour Perdue soit une tour cimetière ).

Mais, il faut quand même souligner que ce doublet ne fonctionne pas que dans l’opposition. Celle-ci se résout dans cet objet qu’est la Pierre Feu. Comme Arcanin, Feunard n’apparaît que grâce à cet objet qui est le dépositaire de la toute puissance ignée ( on peut se rappeler aussi que la Pierre Feu ne fait évoluer que ce doublet, le cas de Pyroli étant à part car Evoli n’a pas un rapport à l’évolution des plus simples ). De la puissance de la pierre, débouche le fait que ces deux Pokémon ont longtemps été considéré comme des divinités ( on peut rapprocher cela avec le fait que Sulfura est un soleil absent dans la 1G. Les hommes ont donc pu croire longtemps que ces Pokémon flamboyants étaient des êtres d’exception ). Ainsi le PokéDex de la Saphir, nous indique que la légende raconte que Feunard est apparu lorsque neuf sorciers aux pouvoirs sacrés décidèrent de fusionner. Bien entendu, nous nous trouvons ici dans le pur mythe et c’est là l’une des caractéristiques fondamentales de cette lignée…


II. Entre mythes et pouvoirs mystiques

Comme nous venons d’en parler, Goupix et Feunard sont considérés comme des Pokémon mystiques et une quasi mythologie existe à leur sujet. Afin de mieux comprendre la teneur de cet élément intéressons nous à la conception japonaise du renard.

En japonais, kitsune signifie « renard esprit ». Ces êtres font partie de la famille des yōkai et ont diverses capacités comme le pouvoir de cracher du feu,… En général, ces esprits ont neuf queues ( mais un nombre inférieur est toujours possible ). Plus le renard est vieux, plus le nombre de ses queues augmente et plus ses pouvoirs s’accroissent.

Je m’arrêterai ici sur le rappel des kitsune. A mon avis, les parallèles avec la lignée Goupix / Feunard y sont déjà assez flagrants. D’après le PokéDex de VF, Goupix naît avec une unique queue d’un blanc de neige puis cette queue se divise jusqu’à en former six si le Pokémon est bien traité. Liant importance de l’affection ( thème central dans l’univers Pokémon ) et fond légendaire, la lignée évolutive de Goupix / Feunard est une lignée du rêve. Pokémon gracieux, Feunard fascine par ses pouvoirs. Depuis le PokéDex de RB, il est avéré que toucher les queues de Feunard nous vaudra mille ans de malheur. Atteignant lui même le millénaire ( PokéDex de la Argent ), Feunard est un Pokémon d’un autre temps que celui des temps : il s’agit du temps des mythes.

Et les mythes sont indissociables d’un Pokémon comme Feunard. En effet, son nom anglais est Ninetales qui signifie en fait « neuf contes ». Le jeu de paronymie entre tales, les contes et tails, les queues. Entre réalité physique et croyances populaires, Feunard existe avant tout par ce que l’on raconte sur lui.

Que ces histoires soient vraies ou fausses, la question n’est pas là. Ce que cette lignée incarne c’est un feu froid, un feu sombre. Voilà pourquoi le doublet avec Caninos fut éclaté sur Hoenn. Monde où l’eau n’avait jamais été aussi présente, Hoenn est un monde aquatique où le feu n’a plus cette valeur forte de jour. Le temps qui s’y écoule n’est que celui d’un journée blafarde à la fois jour et nuit. Lié à la Bleu ( et donc à Tortank et à l’eau ) ainsi qu’à Lugia ( Pokémon des profondeurs ), Goupix ne pouvait être que seul dans ce monde de RB. Sa présence est le signe d’un feu froid qui couve, d’un feu spirituel où tout tourne autour de lieux d’histoire comme le Mont Mémoria ( dont le nom rappelle l’idée de mémoire et donc de toute une tradition d’esprits ).


Pokémon de la nuit, Goupix et Feunard servent de lampes spectrales lorsque le jour devient un élément problématique dans l’univers Pokémon. Fonctionnant en doublet avec Caninos, c’est en opposition avec lui qu’ils peuvent déployer toute la symbolique de l’imagerie nippone qui leur a servi de source d’inspiration. Pokémon de légende, Feunard incarne le versant sombre et trouble de la Pierre Feu. Face à la figure solaire d’Arcanin, il est un feu follet qui ne cesse de fasciner…

Merci à Bulbapedia pour ce Goupix et ce Feunard tirés de DP.
Article ajouté le Jeudi 09 Avril 2009 à 16h39 |
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