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Garous de GalloViking



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Informations

» Auteur : GalloViking - Voir le profil
» Créé le 18/01/2016 à 01:12
» Dernière mise à jour le 01/02/2016 à 00:58

» Mots-clés :   Présence d'armes   Présence de transformations ou de change   Région inventée   Science fiction

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Esprit vengeur (Philippe/Volt, 31 Mars)
Sous la pâle lueur du soleil matinal, le sol du Fort Aurora semblait étinceler de mille feux. La grêle coupante avait peut-être eu lieu la veille, des cristaux de glace tenaient encore bon et agissaient comme des paillettes et des miroirs, réfléchissant la lumière. Ce spectacle, beaucoup de gens le trouvaient affreux, à brûler les rétines. Mais pas moi. Je trouverai n'importe quoi joli, au vu des circonstances.

Mon nom était Philippe Louvier, mais tout le monde préférait m'appeler Pilou. Cela ne me dérangeait pas, tout le monde m'appelait déjà comme ça avant la guerre. Ce jour-ci, nous étions le 31 Mai, et, si je n'étais pas envoyé sur le front dans la journée, je pourrai rentrer chez moi le lendemain. Car oui, les départs de soldats au front étaient vraiment aléatoires. Dès qu'ils avaient besoin de chair à canon, ils en choisissaient une vingtaine, des fois le double, et adieu. Je n'avais pas été choisi pendant plusieurs années pour diverses raisons. Premièrement, j'étais vieux. Enfin, vieux pour un soldat. J'avais bientôt 50 ans, et à cet âge, les soldats retournaient chez eux pour travailler dans les champs ou les usines. Ils préféraient envoyer les plus jeunes, généralement dans la vingtaine, au casse-pipe. Deuxièmement, j'étais un pilote, pas un guerrier. Oui, je savais me servir d'une arme, mais pas aussi bien que d'un camion ou un blindé de combat.

Je passais mes journées dans le grand hangar, à astiquer les véhicules recouverts de neige et de boue qui revenaient après avoir effectué leurs missions. Cela ne servait pas à grand-chose, mais au moins je donnais l'illusion de servir à quelque chose -une autre raison de ne pas m'envoyer au front- et j'adorais les véhicules, sous toutes leurs formes. Même si cela me peinait de l'avouer, le plus beau blindé du hangar était le char lourd Progressiste capturé par les Garous. Nos boîtes de conserve faisaient pâle figure à côté de ce monstre. Nos chars : canon de 37mm, blindage frontal de 50mm, deux membres d'équipage. Leurs chars : canon de 90mm, blindage frontal de 120mm, cinq membres d'équipage... Pas besoin d'être un génie pour savoir que nos véhicules étaient obsolètes. Dire que les Progressistes n'envoyaient pas une division de ces chars pour raser nos défenses, c'étaient parce qu'ils n'avaient plus d'essence pour les faire rouler... Ça leur apprendra à gaspiller leurs ressources.

J'étais en train de nettoyer le canon du char quand Pierre, un autre conducteur, arriva pour me déranger dans mon travail.

« -Pilou, ils veulent te voir.
-Qui ça ils ? Mes parents ?
-Non, le Commandant. C'est très important, alors vas-y. Je m'occuperai du char pendant ton absence. »

Et il resta là, à attendre mon départ. Comme d'habitude, Pierre n'était pas bien bavard. Il était là depuis un peu plus longtemps que moi, mais il était tellement peureux et faible dans tous les domaines qu'ils n'avaient pas jugé judicieux de l'envoyer au front... Alors, il servait d'homme à tout faire dans le fort. Mais que me voulaient les officiers ? Allaient-ils m'envoyer au front alors que j'étais sur le point de rentrer chez moi ? Ils n'oseraient tout de même pas...

Me dirigeant vers le dortoir des officiers, mes lourdes bottes écrasant les morceaux de glace qui avaient survécu au soleil, je vis que les monstres attendaient devant, bien dressés. Que me voulaient-ils ? À mon approche, le Luxray se mit maladroitement au garde-à-vous, imité par les deux autres. Je ne le leur rendis pas. Je n'allais pas m'abaisser à saluer ces... Ces trucs. Même si je n'étais qu'un moins-que-rien dans la hiérarchie, j'étais plus haut en grade qu'eux. Si je le voulais, je pouvais leur demander de danser la gigue, ils n'auraient pas le droit de refuser.

Le Luxray me fixait, pendant que j'attendais l'ordre de rentrer dans le bâtiment. J'essayais de ne pas y prêter attention, mais rien à faire. Son regard me transperçait comme si j'étais une vitre. Alors que j'allais lui ordonner de baisser les yeux, un lieutenant me fit entrer dans le dortoir qui servait de centre des opérations. Malgré le mur, je sentais encore le regard du Garou sur moi...

« -Mon Commandant ! Dis-je, me mettant au garde-à-vous, en claquant mes bottes sales. Histoire de faire bonne impression.
-Repos, soldat, répondit-il. (Il fit signe au lieutenant de nous laisser.)
-Vous vouliez me voir, mon Commandant ?
-Effectivement. Laissez-moi vous faire un petit briefing... »

Il passa une heure à m'expliquer la situation. La grêle coupante avait eu deux grandes conséquences. Premièrement, la mort d'une centaine de soldats. Deuxièmement, le mort du triple de civils, un peu partout sur notre territoire. Ils n'avaient pas été prévenus à temps, des fois pas du tout. Le carnage était sans précédent, me dit-il. Mon village était situé trop loin au sud pour être touché, donc ma femme et mes gosses étaient en sûreté. Grand soulagement. Contrairement à ce que je craignais, il n'allait pas m'envoyer sur le front... Il arriva finalement à la raison de ma présence ici.

« -Voyez-vous, hier, un acte d'une grande violence a eu lieu non loin de la forêt de Zvigold. Quatre soldats à nous ont été attaqués par une créature inconnue, trois ont été tués. Mutilés.
-Vous avez besoin moi sur place ? Pourquoi ?
-Nous ne pouvons pas nous permettre d'envoyer un transport de troupe rien que pour vous quatre.
-Nous quatre ? Moi et...
-Les Garous, me coupa-t-il. Vous allez les conduire là-bas, et ensuite, vous revenez avec eux.
-Et sans transport, avec quoi je les conduis là-bas, mon Commandant ? Demandai-je, sarcastique.
-Vous irez là-bas en motoneige, répondit-il du tac au tac.
-Elles ne sont que pour deux personnes.
-Ne sous-estimez pas les Garous. Fin du briefing. »

Je n'eus pas le temps de répondre. D'un geste de la main, il me renvoya. Refusant de chercher la petite bête avec mon supérieur, je sortis rapidement. Le Luxray-Garou m'attendait, un sourire satisfait sur son visage bestial.

« -On part quand vous voulez, grogna-t-il.
-Je n'ai de la place que pour l'un d'entre vous. Le commandant n'a pas daigné me laisser un véhicule correct.
-Chef, c'est toi qui monte, ordonna le Luxray au Guerriaigle. »

Celui-ci se contenta de hocher la tête et m'accompagna jusqu'au hangar. Nos motoneiges sont un modèle très similaire à ceux de l'autre armée. À vrai dire nous avions réussi à leur voler ces bécanes au début de la guerre et nous les avions légèrement modifiées. Nous en avions une vingtaine d'exemplaires dans le Fort Aurora, et elles n'étaient que rarement utilisées, la plupart du temps pour transmettre des messages d'une ville à l'autre. Elles étaient plutôt larges et possédaient deux places, ainsi que deux mitrailleuses de 7,7 à l'avant. Vitesse de pointe aux alentours de 60 km/h, avec un seul passager. Peut-être moins avec un second, je les avais toujours conduites seul. Autre avantage : ce véhicule pouvait se déplacer ailleurs que dans la neige, tel un aéroglisseur. Dans le temps, cela servait à traverser la route boueuse menant au village de Zvigold. Malgré la belle mécanique, personne n'avait eu l'idée de l'adapter à des véhicules plus gros. Trop cher, sans doute ? J'enfourchai la bécane, et l'oiseau s'assit derrière moi. Je démarrai le moteur, intérieurement content que le passager ait choisi de ne pas me ceinturer. Avec les serres qui lui servaient de main, il pourrait facilement m'arracher les tripes...

Pierre m'ouvrit la grande porte et je sortis en évitant de renverser les soldats inattentifs qui allaient et venaient. Me fiant à la boussole intégrée au tableau de bord, je me dirigeais vers le village de Kjarisk. Un jour, je m'étais perdu dans le blizzard, au volant de la même bécane. Je serai probablement porté disparu sans cet outil. Lorsqu'un blizzard se lève, il est tellement violent et désorientant qu'il est possible de se perdre et de disparaître à jamais, même s'il ne fallait parcourir qu'une centaine de mètres. À peine un kilomètre parcouru, je m'aperçus avec étonnement que le Lucario et le Luxray couraient derrière la motoneige, à quatre pattes. Ils étaient incroyables. Même si ces erreurs de la nature me dégoûtaient, j'étais impressionné par l'aisance avec laquelle ils s'adaptaient à leurs corps hybrides. Le Guerriaigle derrière moi semblait nerveux... Peur de la vitesse, peut-être ? Il finit par me ceinturer, ce que je redoutais, mais sans aucun incident. Lui aussi semblait savoir se maîtriser.

Les Garous étaient la pupille de notre armée, donc j'évitais d'aller trop vite. Je ne voulais pas avoir d'ennuis pour m'être conduit comme une ordure avec eux, cela serait sanctionné par un envoi définitif au front... Ou une fusillade, pour l'exemple. Rien de bien enviable. Bref, le trajet, long et monotone, se déroula sans encombres. Je ne fis pas de halte au village de Kjarisk, l'odeur y étant insupportable, même de loin. Les effluves putrides du sang déversé la veille par des dizaines de cadavres, poignardés par des dagues de givre, suffisaient à me rendre malade. Pas besoin d'avoir l'odorat fin...

Kjarisk dépassé, je continuai ma route encore un moment, en direction de la forêt. Le Guerriaigle ne m'avait pas encore transpercé le ventre avec ses serres. Tant mieux. Je devais retrouver un véhicule le long de la route, donc je continuai le long de celle-ci jusqu'à arriver en vue de la ferme. Les cadavres n'étaient pas loin, me dis-je. Les charognards avaient rapidement réduit les restes en tas d'os à moitié rongés. Mon arrivée les dérangea, et une nuée de Cornèbre s'envola en croassant, provoquant en même temps la fuite de nombreux Rattata. Je descendis, le Guerriaigle fit de même, et les deux autres finirent par nous rejoindre.

« -Quels sont vos ordres ? Me demanda le Luxray, son énigmatique sourire au visage.
- On doit trouver qui a fait ça. Et ramener leurs plaques, je suppose. Je devais juste vous conduire ici, alors faites le reste.
-D'accord.»

La forêt de Zvigold se trouvait non loin... J'étais déjà venu par ici, de nombreuses fois en réalité. Des années durant, j'avais accompagné des soldats pour capturer des Pokémon sauvages. Je ne savais pas pour quoi faire, mais les ordres étaient simples : plus nous en ramenions, mieux nous étions payés, et cela me suffisait amplement à l'époque. Maintenant, je savais que cela avait servi au Projet Garou. Je n'avais pas compté combien de Pokémon j'avais aidé à capturer et combien étaient morts dans les labos, mais cela dépassait largement la centaine. Je n'hésiterai pas à recommencer s'il le fallait, cela ferait de l'argent supplémentaire pour ma femme et mes gosses... Et un peu pour moi. Pourquoi avaient-ils cessé les captures, je ne savais pas. Pénurie de Pokéballs, peut-être ?

Le Guerriaigle scrutait toujours l'horizon, à la recherche d'une éventuelle menace. Essayant de m'imaginer quelle horreur avait causé un tel carnage, mon regard tomba sur la ferme entièrement carbonisée, plus loin. Quel gâchis. Même si nous n'étions là que pour regarder et que, étant fils de boucher, la vue du sang ne me dérangeait pas, la tension devenait palpable... Je ne croyais pas aux fantômes ou aux monstres imaginaires, ce carnage devait avoir une explication : une meute de prédateurs, sans doute. Les pauvres soldats ne les avaient tout simplement pas vus venir.

Pendant que le Luxray déplaçaient les corps pour récupérer les plaques d'identité, le Lucario renifla et déterra quelque chose de caché sous la neige. Un authentique fusil d'assaut Progressiste ?... Ils essayèrent tour à tour de le renifler pour trouver une piste, mais l'arme était croûtée de sang séché.

« -Alors ? Demandai-je.
-Rien à faire, répondit calmement le Lucario.
-Qu'est-ce que cette arme fait là ? »

Je pris l'arme à mon tour, pour l'inspecter. Je n'étais pas un expert, mais le chargeur était vide, la crosse ensanglantée était tordue, et quelques touffes de cheveux incrustées dessus. Lorsque le Luxray se pencha pour sortir une poignée de douilles de la neige, le doute n'était plus possible.

« -C'est un soldat progressiste qui a fait ça, dis-je, sûr de moi.
-Je ne crois pas, répondit le Lucario.
-Ah bon ? Tu vois une autre explication ?
-Oui. Derrière toi. »

Je me retournai, mais je ne vis rien. Mais pour une raison qui m'échappait, j'étais de plus en plus tendu. Un frisson me parcourut l'échine. Le Lucario se foutait de moi.

« -Vous ne pouvez pas le voir. Cette entité est invisible, je ne la vois qu'à cause de son aura, continua-t-il.
-Arrête tes conneries, dis-je. Je ne devais pas leur montrer que j'avais peur.
-La couleur de l'aura ? Demanda le Guerriaigle, m'ignorant.
- Noire. Rouge. Emplie de tristesse et de rage, elle réclame vengeance. »

Une perle de sueur d'un froid dérangeant coula le long de ma nuque, et un frisson incontrôlable me surpris. Le Lucario-Garou semblait suivre cette... Chose du regard. Elle tournait autour de moi. Il approcha doucement sa main et essaya de s'en saisir, mais rien ne se passa. Il secoua la tête, comme s'il ne pouvait rien y faire. Subitement, il se jeta sur moi et me plaqua au sol.

« Il faut partir d'ici, et vite ! Dit-il. Elle en a après l'humain ! »

J'étais devenu hors de contrôle en l'espace d'un instant. La peur me submergea, et ma seule réaction fut d'essayer de m'enfuir à toutes jambes en direction de ma motoneige. Ils pouvaient bien mourir ici, je n'en avais plus rien à faire. Je voulais juste fuir au plus loin cet endroit maudit. Les légendes, les histoires racontées au coin du feu, tout était vrai ! La forêt de Zvigold était maudite, et toute personne assez folle pour s'en approcher était en danger de mort. Seulement... Je ne pouvais pas bouger. Le peur me tétanisait. Elle n'était pas naturelle, je le savais, j'essayais de m'en convaincre, mais rien à faire. Alors que le Lucario essayait de me relever pour que nous puissions fuir, je sentis une douleur me foudroyer le cœur. Un froid d'outre-tombe me saisit. Je poussai un hurlement horrifié, je sentis les traits de mon visage se déformer d'horreur, alors que le froid mortel se diffusait dans mon corps, tel un poison. Après une dizaine de secondes, mon cœur lâcha. Et ce fut le noir pour toujours.

* * *

Le hurlement strident cessa, et je pus enfin lâcher mes oreilles. Bill était toujours par terre, mais il n'essayait plus de relever l'humain. Secouant la tête pour me remettre les idées en place, je m'approchai du corps inerte. Bill s'écarta.

« -Volt, me dit-il. Son cœur a lâché.
-Nom de nom. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
-Je ne sais pas, répondit Bill. Le spectre a traversé son corps, et voilà le résultat. Il a fait une crise cardiaque. »

Je ne répondis pas, faisant pleinement confiance à Bill. Vérifiant le poux de notre pilote, je confirmai qu'il était bien mort. Son corps, malgré sa mort récente, était froid comme de la glace et raide comme du bois... Une mort tout sauf naturelle.

« -Et ce... Spectre ? Demanda Chef. Il est où maintenant ?
-Aucune idée, répondit Bill. Pendant que l'humain agonisait, il a disparu, en direction de la forêt. D'après son aura, il était apaisé. »

Notre mission ici était accomplie, dans un sens. Nous avions trouvé la cause de la mort de ces soldats. Cette chose invisible en était la cause, et elle semblait ne s'attaquer qu'aux humains. D'après Bill, par vengeance... La forêt elle-même avait décidé de se débarrasser des envahisseurs à sa façon. Une mort expéditive, violente, et ciblée. Nous avions déjà traversé le forêt une fois, et nous l'avions refait avec un humain avec nous, lorsque nous avions attaqué l'usine Progressiste. Rien ne s'était passé. La forêt ne voulait s'en prendre qu'aux soldats Réguliers. Se souvenait-elle de tous les visages qui étaient venus capturer des Garous dans le passé ? Très probablement.

« -Nous rentrons, dis-je à mes compagnons, après avoir récupéré la plaque de notre défunt conducteur. On a rempli notre mission, on ne va pas s'éterniser ici.
-On rentre comment ? Me demanda Chef. Personne ne sait conduire cet engin. »

La motoneige attendait sagement un pilote. Cela ne devait pas être bien compliqué à conduire, me dis-je. Bill et moi pouvions rentrer au pas de course, mais Chef n'était pas capable de courir aussi vite. Haussant le épaules, j'enfourchai maladroitement le véhicule, cherchant comment le faire fonctionner. Lorsque je compris enfin, les Pokémon sauvages étaient de retour depuis un moment et festoyaient sur le nouveau cadavre.

Chef n'avait visiblement pas peur et me ceinturait avec confiance. Je contrôlais mal le véhicule, ce qui me rendait assez tendu. J'aurais pu émettre une décharge n'importe quand et griller Chef, mais le voyage se déroula rapidement et sans encombre. Bien plus vite qu'à l'aller, l'humain ayant décidé de prendre tout son temps... Ne cherchant pas à garer le véhicule lorsque nous fûmes rentrés, je le laissai dans le passage, laissant à Pierre le soin de le ramener.

De retour devant le dortoir des officiers, l'un d'entre eux me fit entrer sans attendre. Bill et Chef restèrent dehors, comme d'habitude. Le commandant du fort me regarda, incrédule.

« Où est passé votre pilote ? Me demanda-t-il. »

Je ne répondis pas, déposant les plaques sur la table. Il les regarda, et me fixa d'un air sévère. Il voulait des explications ? Il allait en avoir.

« -Il est mort d'un crise cardiaque, mon Commandant.
-Vous vous foutez de moi, n'est-ce pas ?
-Je suis sérieux, répondis-je. Nous avons trouvé la cause de leurs morts.
-J'écoute.
-Quelque chose semble empêcher les humains de s'approcher de la forêt de Zvigold, mon Commandant. Les premiers humains se sont entre-tués. (Il s'agissait d'un mensonge, mais je préférais ne pas lui parler du fusil Progressiste trouvé dans la neige.)
-Entre-tués ? Vous voulez dire, ils sont devenus fous ?
-J'en ai la certitude, mon Commandant, répondis-je. La même entité a pris possession du corps de notre pilote et a arrêté son cœur. Elle a probablement aussi pris possession d'un des soldats et l'aura forcé à tuer les autres. »

L'homme sourit, comme s'il voulait exploser de rire. Mais son regard redevint sérieux.

« -Même si cela semble absurde, je prendrai en compte vos observations, Chef de Meute. Nous enverrons une escouade d'une cinquantaine d'hommes demain pour éliminer cette menace. Nous ne pouvons pas laisser nos soldats croire à ses idioties, c'est très mauvais pour leur moral.
-Si je puis me le permettre...
-Non. Fermez-là. Et sortez d'ici. »

Je soupirai. Plus les jours passaient, plus l'homme qui se faisait appeler « Commandant » semblait devenir de moins en moins raisonnable. Cela le conduirait à sa perte, j'en avais la certitude. Une fois dehors, je cherchai quoi faire. Il se faisait tard, et je n'avais pas faim. Laissant Bill et Chef vaquer à leurs occupations, je rentrai dans le dortoir des Garous pour m'allonger sur mon lit. Je n'avais pas mentionné le fusil pour une simple raison... Même si ni Chef ni Bill n'avaient réussi à en identifier l'odeur, j'avais senti quelque chose. Un poison, très faible et volatile. Le poison sécrété par un Noctali qui se sent en danger. Comment je savais cela ? Aucune idée. Mais je le savais. Miyu était toujours en vie, et elle avait été possédée par le spectre qui avait tué notre pilote. Cela voulait dire qu'elle était encore en vie, et qu'elle se trouvait sur le territoire Régulier, cela ne faisait aucun doute. Miyu était toujours en vie, et probablement en bonne santé... Cela m'enleva un énorme poids. Je pouvais maintenant me concentrer sur l'arrivée imminente des prochains Garous. Demain, trente nouveaux Garous débarqueraient au Fort Aurora. Trente nouveaux Garous, trente vies ruinées, sous mes ordres... Je ne savais pas si j'allais être à la hauteur. Je n'avais pas l'âme d'un chef... Isadore me manquait, tout d'un coup.