Fureur et Flammes de Momomolo

«Reviens ici.»
Cela faisait plus d'une heure qu'Ambre était à la poursuite du Keunotor, dans la neige épaisse de ces montagnes. Le Teddiursa ne sentait pas le froid grâce à sa fourrure, mais ses mouvements étaient gênés. Ayant toujours été un mauvais chasseur, il n'avait encore jamais rapporté le moindre gibier à la meute. Les Oursaring les plus sévère parlaient même de l'exclure. Ambre savait comment ça se passait. On envoie un groupe chasser, et quelqu'un ne revient pas.
«Ça ne se passera pas comme ça, se dit-il! Je vais attraper ce Keunotor, et ils vont m'accepter.»
Malheureusement, la proie ne montrait aucun signe de fatigue, alors que le corps du Teddiursa hurlait d'épuisement et de froid, à tel point que chaque pas lui arrachait une plainte.


Soudain, à sa droite, une forme violette bondit à une vitesse ahurissante et attrapa le Keunotor. En une fraction de seconde, il avait disparu. Ambre s'arrêta, étonné, et vit une bête étrange, toute allongée qui ouvrait une immense mâchoire pour avaler sa victime. Ambre restait statique, une main devant la bouche et la tête sur le côté. Il ne comprenait rien à ce qui venait de se passer.


Son repas terminé, la créature aperçu enfin le Teddiursa, toujours immobile. Il se grandit et secoua la tête pour paraître menaçant, secouant les anneaux jaunes qui ornaient son cou et sa longue queue violette. Il siffla et ouvrit grand la bouche, dévoilant du même coup une rangée de dents acérées. Effrayé, le Teddiursa regarda frénétiquement autour de lui, cherchant une cachette acceptable dans ce désert glacé, puis, ne trouvant rien, il fit demi-tour, creusa un trou avec une vitesse surprenante et se jeta dans la neige, ne laissant dépasser que ses oreilles. La créature, rassérénée de voir que l'ourson ne présentait aucun danger, prit la parole :
« Heu...Bonjour, je m'appelle Argus, et toi ? »
L'ourson ne répondit pas. Argus soupira :
« Très bien, dans ce cas, je vais partir. »
Il tendit l'oreille, en quête d'une réponse, et entendit alors les gémissements de l'ourson. Le froid le mordait, et il avait peur. Soudain inquiet, Argus le déterra tant bien que mal, et s'enroula délicatement autour d'Ambre. Il resta longtemps dans cette position, assez longtemps en tout cas pour que l'ourson s'endorme.


Lorsque l'ourson se réveilla enfin, Argus avait les muscles endoloris et était frigorifié. Il s'étira longuement et bailla. L'ourson le regardait fixement :
« C'est quoi ton nom ?
-Je m'appelle Argus. Et toi ?
-Ambre. Et t'es quoi ?
-Heu...Un Abo.
-Ah. Au revoir !
-Tu...Tu t'en vas ?
-Bah oui, il faut que je ramène de la nourriture pour ma meute, et comme tu as mangé le Keunotor que je chassait, ben il m'en faut d'autres ! »
Bien que la phrase fut lancée innocemment, Argus se sentit coupable, et il proposa de l'accompagner, ce qu'Ambre accepta avec joie.


Argus le conduisit vers une vallée où la neige était moins épaisse, et où il savait que l'on pouvait trouver des Rattatas. D'habitude, il évitait de les chasser, car leur viande avait mauvais goût, de plus l'hiver les avait rendus maigres, mais au moins, ils étaient lents, ce qui permettrait sûrement au petit d'en attraper un. Du moins, c'est ce qu'il pensait, avant de se rendre compte que l'ourson se contentait de les suivre, jusqu'à ce qu'ils parviennent à se cacher dans un trou. Toutes ses tentatives furent donc infructueuses, mais l'ourson ne se plaignit jamais, allant même jusqu'à rire lorsqu'un rat lui échappait. Sa bonne humeur était contagieuse, et Argus se surprit à sourire plusieurs fois pendant qu'il chassait et qu'Ambre lui racontait sa vie. Argus parvint rapidement à attraper deux Rattatas à la plus grande joie de l'enfant, mais il eut plus de mal à ne pas les empoisonner avec ses crocs. Il dut les étouffer, ce qui fut long, d'autant plus que le corps du Abo n'était pas fait pour ça. Lorsque ce fut fait, il en prit un par la queue et tendit l'autre à Ambre, et demanda à ce qu'ils se remettent en route. Malheureusement, Ambre ne parvint pas à se rappeler où était sa meute, et la neige avait effacé ses traces. Argus commençait à regretter de l'avoir emmener si loin, lors qu'Ambre reconnut enfin le chemin. Ils commencèrent à gravir la dernière colline qui les séparaient de la meute, Argus écoutant d'une oreille distraite l'histoire que l'ourson lui racontait joyeusement. Il remarqua que l'idée du départ de l'enfant lui provoquait un pincement au cœur. Sa bonne humeur avait éclairé sa journée. Il avait enfin eut un but, une raison de chasser, quelqu'un à qui parler, même si ce n'était qu'un enfant qu'il ne connaissait pas vraiment.


Ils arrivèrent enfin au sommet, mais à la place des Pokemons attendus, ils ne virent que d'innombrables traces de pas qui se dirigeaient au loin. Argus se dit que les Oursarings s'étaient déplacés, et il se préparait à les suivre, quand il remarqua Ambre. L'ourson avait lâché le Rattata qu'il tenait dans la main, et écarquillait ses grands yeux.
«Exclu...»
Le Abo comprit que plus jamais, le petit ourson ne verrait sa meute. Il ne connaissait pas beaucoup Ambre, mais il savait que celui-ci ne survivrait pas longtemps, seul. Et même si il y parvenait, il vivrait en solitaire.
Sans contact, ami ou qui que ce soit.
Comme lui.
Il hésita un long moment, puis articula:
«Petit...Tu veux venir avec moi?