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Pokemon Arena de Hybries



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» Auteur : Hybries - Voir le profil
» Créé le 11/08/2013 à 04:09
» Dernière mise à jour le 14/08/2013 à 01:59

» Mots-clés :   Fantastique   Suspense

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35- Dark Crisis
Chapitre 35: Dark Crisis

Ils avaient vus le temps dans son infinie complexité.
Et ils s'étaient rendus compte qu'il n'y arriverait jamais. Le garçon qui devait sauver l'univers, n'atteindrait jamais son but. Tout ce qu'il manquait était quelques impulsions donnés ici et là dans son histoire personnelle.
Ils ne créèrent pas une âme, mais s'inspirèrent de la technique utilisée par les mages d'autre fois. Un corps naissant était parfait.
Ils envoyèrent en ce monde un semblant d'âme, une boule d'énergie pure, quelque chose de puissant et d'immatériel en tout cas. Un pseudo mage du temps.
La création tourna dans ce monde jusqu'à trouver le réceptacle parfait. Elle s'ajouta à une âme déjà formée, rendant sa destinée tellement plus riche.
Désormais, une enfant serait guidée par sa nature même vers le garçon maniant la foudre.
Mais rien n'était garanti. Le temps est quelque chose de capricieux, et pas même les créateurs de cette notion ne pouvaient deviner la tournure que prendraient les évènements.
Ils savaient juste une chose.
Doomsday arrivait.


Ténèbres.
Infinis, tellement denses... Un abysse de noirceur entourait tout ceux ce trouvant dans l'Arena. Aucun ne comprenait la tournure des évènements, à l'exception de deux d'entre eux.
Un adolescent d'environ seize ans à la coiffure bleutée éclatante marcha dans le néant, cherchant celui avec qui devait tout ce finir.
Yamaguchi Oloenthas était en vie. Depuis tout ce temps. Et il en prenait conscience.
Mais il s'agissait vraiment de lui, quand tout le monde pensait se tenir face à Lily, c'était bien Yamaguchi qui agissait, sans s'en rendre compte.
L'adolescent essayait de ne pas trop penser à tout ça, cherchant avec insistance des réponses. Il savait que son âme avait tenté de se réintroduire dans son corps, provoquant un rejet de la part de l'âme de Nega, n'étant qu'une grosse boule de ténèbres. L'explosion avait finalement était plus psychologique que physique, mais il ne doutait pas que chaque personne présente dans l'Arena devait désormais avoir l'esprit perdu dans ce lieu sombre. Tout ne se terminerait que lorsque que le combat final pour son corps serait enfin finit.
Finalement, il le vit. Semblable à lui, mais plus sale, démoniaque, terne dans ses couleurs. Il se tenait en boule se parlant à lui-même avec une voix intelligible. Il remarqua finalement Yamaguchi et se releva, affichant dans son sourire une rangée de dents habituées à découper la chair.
-J'avais détruits ton âme, tu n'aurais pas dû revenir.
-Et bien nous y voilà encore Nega. Comme la dernière fois, c'est ton âme contre la mienne. Mais les choses ont changés, pas vrai ? Je ne m'en rends compte que maintenant, c'est comme si je redécouvrais tout même si je le savais déjà. Yuri et Sylvestra sont partis, et tu as sali mon corps. Aussi, tu as tué Lily, et je ne te pardonnerais jamais.
-Ohoh, si elle n'était pas morte tu le serais ! Si ton âme détruite n'avait pas trouvée de réceptacle, tu sais bien que tu ne serais pas là. Je comprends pourquoi j'ai eu autant de mal à vaincre la petite, elle était toi. Tu n'abandonnes jamais.
-Cette fois je te certifie que c'est la fin. Ça n'a que trop duré Nega, et tu le sais. J'ai pris un risque énorme en faisant ça, et on dirait que le vent tourne enfin en ma faveur. Je ne sais pas comment c'est pour les autres, mais puisque je te parle c'est que tu n'as pas explosé littéralement et tué tout le monde. Maintenant il va falloir s'en mettre plein la gueule une dernière fois, pas de rattrape au dernier moment cette fois.
Les deux se mirent en garde, pokéballs à la main, mais aucun ne se décida à passer à l'attaque. Finalement, ils se rendirent compte au même moment que n'étant pas dans une dimension physique ils ne pouvaient avoir recours à leurs alliées.
-Qu'est ce qu'on fait alors ? Interrogea Yamaguchi.
-Tu crois que j'ai besoin de pokémons pour te vaincre ? Mes dents suffiront !
Alors qu'il s'apprêtait à se jeter sur Yamaguchi, il remarqua que ce dernier ne portait plus d'attention au combat.
Le jeune homme regardait au loin, comme s'il apercevait quelque chose. Il murmura.
-...Ah, à quoi bon ?
Il regarda de nouveau Nega, une lueur nouvelle dans les yeux.
-Je ne me battrais pas avec toi. Regarde notre histoire, ouvre les yeux ! On est piégé dans une boucle infinie de combats sois disant finaux et au final on reste dans une lutte constante qui blesse ceux autour de nous. Je ne me battrais pas avec toi Nega.
Le double négatif de Yamaguchi ne paraissait pas comprendre.
-Si tu ne te bats pas, tant mieux ! Je te tuerais plus facilement !
-NON ! Tu ne comprends pas ?! Tu as vécu à l'extérieur pendant un moment, tu as rencontré des gens, tu as changé, peut être même qu'au fond de toi tu as compris que tu n'étais qu'une petite partie d'un plus grand tout ? Je ne sais pas, je m'en fiche, mais comprends ça Nega : Tout ce qui est autour de nous, ces ténèbres, ça affecte tout le monde, littéralement. Ça n'est plus juste toi et moi, et je doute que nous entre tuer changera grand-chose. Tu as vu le monde extérieur, tu as vu que le temps était figé, merde Nega, c'est la chose la plus imprévisible qui se soit passée dans l'Arena depuis peut être sa création !
-Mais ça ne change rien pour moi, je veux juste te tuer pour de bon !
-Non, essaye de comprendre ! Si tu regagnes mon corps, tu reviendras dans un monde encore plus dévasté, à la frontière entre la réalité et les ténèbres. Tu ne pourras plus tuer, tu ne pourras plus te nourrir... On doit faire d'abord changer les choses.
La tension sembla faiblir entre les deux êtres opposés. Nega, au contact de celle qu'il avait pensé être Lily, avait compris bien des choses, et il comprenait pour la première fois qu'il fallait savoir préparer sa stratégie à l'avance.
-Soit. Et maintenant ?
-Tu te souviens de notre dernier combat ? Dans mon âme il y avait de nombreux lieux qui cachaient des secrets sur moi. En fin de compte, c'était juste une autre dimension. Ce lieu est peut être pareil, peut être qu'il y a comme une serrure à déverrouiller quelque part, un endroit physique. Et j'ai cru voir quelque chose au loin. Ou plutôt, j'ai le sentiment que quelque chose nous attends là bas.
Nega fixa l'abysse, tentant d'y déceler quelque chose. Rien. Il haussa les épaules.
Si tu veux marcher, alors marchons. Ca n'enlève rien au fait qu'il faudra qu'un de nous deux disparaisse à la fin.
Le jeune homme hocha gravement la tête. Il n'était pas question de gagner du temps, il savait que le combat arriverait. Peut être voulait il aussi juste profiter une dernière fois de la vie dans l'éventualité de sa défaite. Ou peut être bien qu'il voyait en effet quelque chose au loin. Yamaguchi lui-même n'en était pas sûr, et alors qu'il se mettait en route, il sentit une troisième présence dans ce lieu
Derrière eux, une ombre se glissa.
Invisible dans la nuit, elle s'évapora dans l'obscurité de ce lieu, laissant seulement une promesse : celle de revenir une dernière fois pour avoir l'adieu qu'elle méritait.

La guerre était finie dans la cité du crépuscule.
Le sol nettoyait, les corps enterraient. Les bâtiments, toujours en ruine, attendaient d'être reconstruits, alors qu'un tribunal présidé par Thomas avait été ouvert pour traiter des crimes commis durant la bataille. Le vieil homme avait tristement réalisait que tuer un homme sur le champ de bataille devait être considéré comme normal, mais tuer quelqu'un dans sa maison devait être punis.
Mais la société était loin d'être reconstruit. Le soleil ne s'était couché qu'une seule fois sur la ville depuis la fin de la bataille, et malgré l'organisation rapide des habitants, un pacte silencieux avait été fait. Ne pas demander où était Sylvestra.
Elle était partie. Peut être très loin dans la jungle, peut être cachée dans les ruines de la tour.
Ils eurent à peine le temps de se poser la question.
La vague de ténèbres s'abattit.

Sylvestra prit une grande bouffée d'air.
Elle se réveilla au milieu de ce qui semblait être un palais en ruine, construit de pierre sombre. Elle leva les yeux et constata à travers le dôme en verre qu'il n'y avait pas de ciel, seulement un infini noir.
Elle se releva avec difficulté, inspectant rapidement le lieu sans comprendre.
Après la fin de la bataille, elle avait marché. Pour oublier, pour s'éloigner. Elle avait marché, et les ténèbres s'étaient abattues. Une vague semblant être fait de nuages sombres, engloutissant tout sur son passage, et elle s'était faite happée.
Elle profita de l'étrangeté de la situation pour penser à autre chose que Kronnos. Elle n'avait pas compris s'il était vraiment l'être qu'elle pensait, mais en tout cas il n'était pas le Kronnos qu'elle avait connue. Il était quelqu'un de maléfique, et après sa plus grande victoire elle était tombée plus bas qu'elle ne l'avait jamais été.
Des bruits de pas la firent sursauter. Par pur reflexe, elle alla se cacher derrière une colonne qui lui semblait étrangement familière.
Arriva alors dans la salle une grande femme dont le teint pâle contrastait avec les longs cheveux noirs charbon entourant son visage. Elle portait une grande robe verte trainant quelque centimètre derrière elle et avançait d'un pas déterminé, les poings serrés. Sylvestra ne la reconnut pas tout de suite, et resta cachée.
La femme s'arrêta au centre de la pièce, puis se mit à genoux et joint ses mains, avant de commencer à prier à voix haute.
-Oh, dieux des dieux, vous avez entendu ma requête et pour cela je vous en suis reconnaissant. J'ai appris ce matin que mon clan s'agrandirait dans neuf mois et désormais je vous supplie de me donner une fille. Je l'entrainerais aux arcanes sombres et en ferait mon meilleur disciple, tout comme ma mère était pour moi la meilleur des enseignantes.
Elle se tut, fit quelques signes dans le vide, puis se releva.
Sylvestra se risqua à jeter un regard, et ce qu'elle vit la frappa comme un coup de poing en plein estomac.
Si la femme se tenant au milieu de la salle lui avait d'abord paru familière, le tatouage qu'elle portait à la cheville et qui était devenu apparent lorsqu'elle s'était relevé ne laissait plus aucun doute, et même Sylvestra dû se rendre à l'évidence.
Avec effroi, elle jeta un second coup d'œil vers la femme qui s'en allait.
Eléa Taur. Sa mère dont les seuls souvenirs étaient flous. Sa mère qui avait voulu l'emporter avec elle dans sa folie, qui avait disparue en jetant mille malédictions sur elle et son père.
La femme qui avait fait de Sylvestra qui elle était à ce jour.
Sans se poser la moindre question, la jeune fille sortit de sa cachette. Le bruit de ses pas alerta sa mère qui se retourna, surprise.
-Qui es tu ? Que fais tu dans ce temple ?
Une fois de plus, Sylvestra n'hésita même pas. L'idée qu'elle était peut être retournée dans son monde ne lui traversa même pas l'esprit, elle ne se demanda même pas si ce qu'elle vivait était bien réel. Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle avait toujours voulu parler à sa mère, la confronter, et même si ce n'était qu'une illusion, c'était sa seule chance.
Aussi sa voix ne tremblait pas quand elle s'exprima.
-Content de voir que tu te souviens de moi, maman.
Eléa écarquilla les yeux, ne comprenant pas.
-Excusez moi ? Je ne suis pas mère, encore moins d'une jeune femme aussi âgée que vous.
Le doute percuta un moment Sylvestra. Elle se rendit compte qu'elle était face à sa mère avant sa naissance, et compte tenu de son monologue antérieur, elle était peut être bien enceinte.
-Je ne sais pas... Je ne sais pas si tout ça n'est qu'une illusion, ou si j'ai remonté le temps, et si c'était ce dernier cas je ne devrais pas faire ce que je vais faire, mais honnêtement je m'en fous complètement. Eléa, je suis ta fille, celle que tu vas abandonner d'ici quelques mois, celle que tu vas laisser seule avec un père meurtri dans l'âme et sur son corps. Je ne sais pas par quel miracle je peux te balancer tout ça au visage, mais j'en profite !
Eléa resta un instant choqué, puis analysant mieux la jeune fille en face d'elle, comprit qu'elle faisait bien face à une de ses parentes. Bizarrement, elle s'adapta assez vite à la situation.
-Si tu es ma fille... Montre moi ta cheville. Je veux voir le tatouage des ombres. T'ai-je si bien entrainé que tu as percé les secrets du temps, que tu es revenu pour m'avertir d'un quelconque danger futur ?
-N'écoutez vous donc pas ?! Je n'ai pas de tatouage, je ne viens pas vous aider. Vous m'avez abandonnés quand j'étais bébé, vous avez détruit ma vie ! Je ne suis pas le chemin des ombres comme vous mère, je m'en suis écarté le plus possible !
Sylvestra se surpris elle-même. Déjà elle avait vouvoyé, et c'était mis à parler de façon plus soutenue. Elle se rendit compte avec effroi que malgré toute sa force, elle était écrasé par l'aura de sa mère, si elle avait engagé la conversation en voulant se montrer supérieure, elle s'était abaissée toute seule sous le regard sombre de sa génitrice. Et cette dernière le comprit très bien, affichant au coin de son visage un très discret sourire.
-Dans ce cas, tu es revenu pour ne trouver rien d'autre que la mort. Je suis une femme qui a toujours crue en la dualité des choses, et il me semble normale que celle qui aurais donné la vie à jeune fille si méprisable soit celle lui reprenant.
Sylvestra fit un pas en arrière, caressant instinctivement ses pokéballs du bout des doigts, ce qui n'échappa pas à Eléa.
-Pendant des années les hommes ont utilisés la magie, la prenant pour acquise, basant toute leur société sur elle. Et il y a huit ans déjà, la voilà disparue, du jour au lendemain, les plongeant dans une guerre sans merci, les plongeant dans le sang et la haine. J'aurais été de ces gens si je ne m'étais pas détourné de cette magie innée pour suivre la tradition familiale et apprendre à maitriser les ombres. Si je ne m'étais pas tournée vers les ombres, ce temple n'aurait pas été bâti, tout comme ce village, tout le monde serait mort. Des centaines de personnes me doivent la vie, et tu en fais partie Sylvestra. Tu es née des ombres, tu appartiens aux ombres, arrête de le renier !
La jeune fille tremblait de tout son corps, quand un détail la fit tiquer.
-Mon nom... Comment le connaissez vous ?
Eléa sembla surprise par la question.
-Je suis apparemment ta mère, peut être n'es tu pas née, mais je connais déjà ton nom.
A l'entente de ces mots, Sylvestra arrêta de trembler, et reprit peu à peu confiance en elle, au point où un sourire éclaira presque son visage.
-Non, ce n'est pas possible.
-Pardon ?
-Qui que vous soyez, vous en savez plus sur ma mère que moi, je vous l'accorde, mais pas assez sur le contexte de mon époque.
-Et bien, qu'en est il ? Demanda t-elle, énervée, car Sylvestra marquait sa révélation de longues pauses.
-Nous n'avons pas de nom au départ, ils nous sont donnés après un stupide rite de passage à l'âge adulte. Mais j'ai reçu mon nom plus tôt, de la forêt elle-même. Ma mère n'a jamais sût comment je m'appelais.
Eléa resta sans rien dire quelques secondes, puis un sourire hideux déforma son visage.
-Oups. Lâcha t-elle, presque en riant.
Sylvestra reprit un air sérieux et tenait désormais une pokéball dans sa main droite.
-Alors, qui êtes vous et quel est le but de tout ça ?!
-Je suis désolé Sylvestra, mais je ne crois pas qu'il y ait de réponse à aucune de tes deux questions. Les ténèbres ont été libérées sur l'Arena, des ténèbres qui ont plongé chacun dans les recoins les plus sombres de leurs âmes. Tous ici sont confrontés à leurs propres souvenirs, à leurs propres cauchemars, jusqu'à ce que qu'ils soient libérés par celui qui a commencé toute cette folie.
-Le Maître j'imagine ?
-En vérité, il s'agit de quelqu'un que tu connais. Yamaguchi Oloenthas.
Le nom frappa Sylvestra en plein dans le cœur et lui fit perdre son souffle. Cela signifiait tellement, et en même temps posait beaucoup de questions. Elle savait maintenant qu'il était en vie, et c'était déjà quelque chose.
-Mais alors, qui êtes vous concrètement ? Pourquoi prendre la forme de ma mère ?
-Je ne suis que la part de ténèbres en toi, une part plus grande que tu ne veux le croire, et une part que tu as choisi d'associer à ta mère.
-...Mais ça n'a pas de sens. Yamaguchi était celui qui parlait littéralement à sa part de ténèbres, elle avait une personnalité propre, mais ce n'était que Yamaguchi. Est-ce que c'est ce qui est en train d'arriver à tout le monde ?
-Dans sa lutte finale contre sa part de ténèbres, il a condamné toutes personnes dans cet univers à porter le fardeau qui est le sien. Tout le monde a une part d'ombre, mais aujourd'hui tous ces fragments se sont détachés et tentent de prendre le dessus. Je n'avais même pas conscience de mon statut avant que tu ne relèves mon erreur, je ne faisais que recréer une scène, et j'ai instinctivement prononcé ton nom, parce que je suis toi.
-Recréer une scène ? Donc ça, ma mère, elle était vraiment comme ça ? Où tu l'as juste inventé pour me faire du mal ?
Eléa, ou plutôt la partie sombre de Sylvestra, ricana.
-Tu ne te souviens peut être pas de notre mère mais c'est seulement parce que ta mémoire ne porte pas assez loin. Toutes les interactions qui ont eu lieu, c'est probablement ce que ta mère aurait dit, car j'ai analysé chaque souvenir que nous avons d'elle pour en extraire sa personnalité. Tu ne te souviens pas bien sûr de la femme obsédée par le pouvoir des ténèbres, au point de quitter sa famille lorsque celle-ci a refusé de la suivre dans sa folie ? Moi je m'en souviens, à vraie dire je me souviens de chaque instant dans notre où l'on a souffert, et je le pense vraiment quand je dis que « tu es l'ombre ». Je vois toute notre vie et elle n'a été régit que par cet élément, c'est la seule constante. Je suis bien plus présente que tu ne le penses Sylvestra, et comme Yamaguchi tu vas te faire consumer...
La jeune fille se rendit compte à ce moment que le décor autour d'elle avait disparue, laissant place à l'obscurité infinie. Alors, elle ferma les yeux, et repensa à Yamaguchi. Elle repensa à sa lutte contre son démon intérieur, à ce combat constant qu'elle avait observée de l'extérieur, ne comprenant pas très bien, et désormais elle se trouvait dans la même situation. Elle repensa où la lutte de Yamaguchi l'avait mené, puis elle ouvrit les yeux. Ses yeux verts rencontrant ceux gris de la seconde Sylvestra se tenant désormais en face d'elle.
-Yamaguchi a affronté son ennemi pendant bien longtemps, et je n'ai jamais sût comment cela c'est fini. J'imagine que tu sais ?
-Après la bataille pourpre, il a été vaincu intérieurement par son ennemi, jusqu'à il y a quelques instants où il a refait surface et engagé un dernier combat.
-Alors il ne l'a toujours pas vaincu. C'est ce que je pensais. Il a passé trop de temps à combattre la partie sombre de son âme, et il s'est fait brûler. Oui, je sais que tu existes, et je sais que tu es une partie énorme de moi. Mais je ne t'affronterais pas Sylvestra. Je ne ferais pas la même erreur que Yamaguchi, je ne te chasserais pas. Je t'accepte.
Ces quelques mots mirent hors d'elle la Sylvestra grise. Elle se mit à crier alors qu'elle avançait, apparemment contre son grès, vers l'autre Sylvestra. Elle s'arrêta à seulement deux pas d'elle.
-Ce n'est pas comme ça que ça marche ! Tu as toujours mis de côté les ténèbres, tu ne les as jamais acceptés, tu ne peux pas le faire maintenant et aussi rapidement !
-Mais je n'ai jamais renié les ténèbres en moi, ni mes origines. Je me suis contenté de vivre ma vie et de prendre les choses comme elles viennent, et je sais que la partie d'ombre de mon âme est grande, mais tu n'es pas opposée à moi. Tu es une partie de moi, nous somme un tout. Je ne te combattrais pas maintenant, parce que je ne suis pas Yamaguchi, parce que je n'ai pas peur de toi.
L'autre Sylvestra semblait sur le point d'imploser, jusqu'à ce qu'elle écarquille les yeux, puis qu'une fumée noire l'entoura. Quand elle disparue, ce n'était plus Sylvestra mais Kronnos qui se tenait là. La vision du jeune homme rappela soudainement à Sylvestra tous les évènements récents qu'elle avait oubliés.
-Qu'est ce que tu essayes de faire ? Balbutia-t-elle, les larmes lui montant aux yeux.
-Tu as peur n'est ce pas ? Te voilà moins fier qu'il y a quelques instants !
-Qu'est ce que tu essayes de prouver ?!
-Que tu souffres Sylvestra, je veux que tu te plonges dans les ténèbres pour t'en sortir ! L'héritage de ta mère n'est jamais loin, tu pourrais devenir une grande chevaucheuse d'ombre, tu pourrais surpasser le Maître lui-même et diriger tout cet endroit. Tu as déjà une armée à tes côtés non ? Tu pourrais te venger de moi, Kronnos, qui t'es menti et manipulé.
Sylvestra voulait se mettre en boule et ne plus bouger, mais qu'elle que chose lui cria de rester debout.
Pas quelque chose à vraie dire. Elle savait quoi. C'était elle, celle qu'elle était devenue, celle qui avait traversée toutes ces épreuves. A chaque fois, littéralement à chaque fois qu'elle trouvait sa place dans un monde nouveau, tout s'écroulait autour d'elle, et tout cela tournait dans un cercle sans fin.
Et il fallait briser ce cercle. A quoi bon ce dire chaque jour que l'on avait changé, si on ne le faisait jamais ? Sylvestra avait changé, elle l'avait crié à l'intérieur d'elle des jours entiers, mais jamais littéralement comme elle allait le faire maintenant.
Alors que Kronnos riait doucement, elle releva soudainement sa tête, habitée par une flamme nouvelle.
-J'ai changé. J'AI CHANGE ! J'ai vu la mort ! J'ai vu la vie ! J'ai vu tellement de choses et tellement combattu et je ne suis qu'à la moitié du chemin. Tu crois qu'après tout ce qui c'est passé je vais tomber une fois de plus et oublier tout ce que j'ai appris sur moi-même. Tu crois que je suis modelable, que je peux être n'importe qui selon la partie de mon âme qui est en charge, mais il n'y a pas de partie de mon âme, il n'y a que moi, que Sylvestra. Change toi en qui tu veux de mon passé, de mon présent ou de mon futur pour me rappeler combien j'ai perdu, c'est si facile. Si facile de ce souvenir seulement des mauvais moments. Et si je te parle de mon père, de Yuri, de Yamaguchi, de Lily, de Thomas ou même de Kronnos, car malgré tout c'est avec lui que j'ai eu les meilleurs moments. Si je te parle d'eux, vois tu la lumière ? Je vois en toi les ténèbres, et je les accepte. Vois tu la lumière ? La supportes-tu ?
Kronnos avait disparu, laissant place à rien de plus qu'un fantôme de Sylvestra, aplatit au sol, terrorisé.
La jeune femme s'en approcha, se baissa, et l'enlaça, la calmant dans ses sanglots.
-Chut maintenant. Ce n'est pas grave. Toute lumière à une ombre. Je t'accepte.
Alors, la partie sombre de Sylvestra disparue, laissant la jeune fille seule dans les ténèbres. Bien que désormais elle ne se considèrerait plus jamais comme seule.
Elle regarda autour d'elle, alors qu'un chemin de lumière se dessinait au milieu de la nuit. Un chemin qui, elle le savait, l'emmènerait là où elle voulait aller.
Là où elle le trouverait, lui.

-Opale !
Il se jeta sur la jeune femme qui courait au milieu des hautes herbes, la faisant tomber. Ils roulèrent tous deux au sol jusqu'à ce qu'elle ne se dégage à l'aide d'un coup de pied bien placé. Elle continuait déjà sa course vers le manoir, alors que Yuri se relevait avec difficulté.
-Tu ne peux pas changer ce qui va se passer !
Elle ne voulait pas l'écouter, continuant sa course sans même se retourner. Le jeune homme serra ses poings, et envoya un éclair s'écraser juste devant la jeune femme, l'obligeant à se retourner. La nuit était sombre, les herbes leurs arrivaient aux genoux, un vent frais d'été soufflait et la lune les éclairaient faiblement.
-Tout ce que j'ai fait dans ma vie ces dernières années, chaque action que j'ai entreprise, c'était pour changer ce moment là ! Alors ne crois pas que tu vas m'arrêter !
Elle se retourna, et fit apparaitre derrière elle son Arcanin. Le chien de feu barra la route de Yuri qui jura en silence, et sortit Nidoking.
-Close combat !
Ne faisant pas dans la dentelle, le pokémon se jeta sur son adversaire malgré la Deflagration que celui-ci utilisait. Un terrible combat commença dans la nuit, mais Yuri ne pouvait perdre son temps à y assister. Il laissa les deux pokémons se battre en arrière et se jeta à la poursuite d'Opale, qui, en constatant qu'elle était suivie, laissa derrière elle Alakazam et Tranchodon, deux pokémons surpuissant qui barraient maintenant la route de Yuri.
Le jeune homme fit se jeta à terre et fit une roulade pour éviter une attaque Faux-Chage de Tranchodon et envoya un éclair dans la tête d'Alakazam pour l'empêcher de lui jeter une attaque psy. Puis, il envoya à son tour Alligatueur et Absol pour s'occuper des pokémons d'Opale. Là encore, il laissa le combat derrière lui et continua sa course.
Mais la jeune femme avait enfin atteint le manoir. Se tenant immobile devant la porte d'entrée, elle la poussa avec hésitation, ne sachant plus très bien ce qu'elle devait faire. Elle pénétra dans ce qui fut pendant une très courte période sa maison, tentant de faire le moins de bruit possible. Elle était dans un vaste hall d'entrée, alors que le bruit de la télévision résonnait. Elle se souvint alors ! Elle, plus jeune, se trouvait dans la salle à manger, juste à côté, regardant la télévision avec ses parents, et d'une seconde à l'autre ils parleraient de Yuri, de sa disparition, de l'inquiétude de toute la région... Alors elle se disputerait avec ses parents, monteraient dans sa chambre, se rendrait compte de la fumée passant sous sa porte, paniquerait, et serait sorti des flammes par la femme... Cette mystérieuse femme qui lui dirait de haïr Yuri et de tout faire pour combattre le temps et changer ce qui allait arriver.
Et bien ça y est, elle allait le faire. Elle allait sauver tout le monde et confronter cette femme.
Elle se faufila sans faire le moindre bruit dans le bureau de son père sur la droite, à l'opposé de la salle à manger. Le journal ne tarderait pas à débuter...
A ce moment, Yuri rentra à son tour. Il ne vit pas Opale, mais entendit très bien le son de la télévision à ce moment précis : « Yuri Mac Lane, hérité de la famille Mac Lane, a disparu aujourd'hui. La police suit actuellement plusieurs pistes, si vous avez vu ou entend... » Un cri de terreur empêcha le jeune homme d'entendre la suite. Abasourdi, il ne bougea plus, alors que pourtant on entendait les chaises grincer sur le sol et des bruits de pas approcher. River, qui observait tout cela, jura entre ses dents, sorti du bureau, agrippa Yuri, et le traina presque avec elle dans la pièce sombre. Juste au moment où la plus jeune Opale arrivait dans le hall, en pleur, suivie de ses parents.
-Je dois aller le chercher maman ! Criait-elle en ouvrant la porte, avant de se faire retenir par son père.
Dans le bureau, Opale et Yuri haletaient tous les deux, leurs cœurs battant la chamade. La jeune femme se retint de donner un coup de poing en plein dans le visage de l'adolescent.
-A quoi tu pensais ?! Cracha t-elle entre ses dents.
-A rien justement ! Tu sais ce que c'est d'entendre ça ? De se rendre compte que je suis dans la même période où j'ai été...
Dans la pièce principale, les parents de la petite Opale tentaient de la résonner alors que celle-ci criait, ne voulant rien entendre. Dans le bureau, River et Yuri décidèrent de se disputer, plus pour couvrir le bruit de l'autre pièce qu'autre chose.
-Tu m'as fait courir jusque dans la maison, et maintenant nous faisons partie des évènements, bravo ! Je ne sais pas comment on est arrivés là, mais on va vite sortir et essayer de rentrer !
-Non ! Maintenant qu'on est dans cette maison, on y reste jusqu'au bout. Je dois sauver mes parents !
-Mais tu ne comprends pas que c'est impossible ? Si tu te sauves toi et tes parents, tu n'auras plus de raison de fonder le Clan des Ombres, de me revoir et donc de revenir dans le passé pour faire ça. Tu créerais un paradoxe !
-Oh tais toi Yuri Mac Lane ! Tu ne comprends même pas comment le temps marche. Ce qui arrive ce soir, n'est pas un nœud dans le temps, c'est un endroit qui peut être altéré, d'où le fait qu'on ait pu y atterrir. Si j'empêche la catastrophe de cette nuit d'arriver, l'histoire s'adapterait. J'aurais juste deux vies différentes dans ma tête. Ou alors je disparaitrais et me retrouverait dans ma nouvelle vie sans souvenirs, mais ça ne changerait pas mes actions. Le spectre de mon âme est gravé dans le temps, même si je disparais mes actes restent.
Yuri ne trouva rien à répondre, essayant encore de comprendre des choses qui le dépassait. Il devait pourtant faire face à la réalité, il avait remonté le temps jusqu'à cette nuit qui devait débuter la transformation d'Opale à River. Et il ne pouvait rien faire pour l'arrêter avant qu'elle ne change le cours des évènements.
Alors que la dispute faisait toujours rage dans la pièce d'à côté, River arpenta le bureau de son père des yeux, et même dans l'obscurité elle discerna l'étrange cadre en verre plaqué sur le mur du fond.
Aussitôt elle revint quelques années en arrière. Le bureau de son père, toujours fermé à clé, dans l'ancienne maison comme dans la nouvelle.
Il étudiait les pokémons, mais chez eux... Il passait parfois beaucoup de temps dans son bureau, seul, sans qu'aucun bruit n'en sorte.
Et puis il y avait eu cet incident, le jour de leur emménagement. Lorsqu'elle avait regardée dans un carton destiné à aller au bureau.
Elle se rappelait y avoir vu quelque chose, un signe... Son père l'avait immédiatement éloignée. Mais ce signe, il l'avait marqué, même si elle ne s'en souvenait plus.
River s'approcha lentement du cadre en verre. A l'intérieur, elle ne vit pas le symbole qu'elle avait aperçu quelques années plus tôt, ou une semaine plus tôt selon le point de vue, mais un compte-rendu titré en gros « L'Ombre et les Doubles : un monde de mystère ». Elle ne put lire l'article à cause du faible éclairage, mais put néanmoins constater que l'article était signé par son père, Oscar Silice.
Au moment où elle se tournait vers Yuri, la porte du bureau s'ouvrit sur le père d'Opale qui les regarda tour à tour, stupéfié.
-Qu'est ce que... Dégagez, avant que j'appelle la police !
La mère d'Opale l'avait apparemment accompagnée dans sa chambre pour quelle se calme, et Oscar était allé se recueillir dans son bureau. Mais déjà, à la vue de l'adolescent et de la jeune femme, il savait que quelque chose n'allait pas. Qu'il ne s'agissait pas de deux voleurs. Il avait l'impression de les avoir déjà vus, surtout la femme.
D'ailleurs celle-ci ne se démonta pas une seconde devant sa menace. Elle se contenta de le fixer avec animosité, et s'exprima très lentement.
-Fermez. La. Porte.
Même le jeune homme parut surpris par le ton extrêmement dur. Oscar ferma la porte derrière lui, et alluma les lumières.
-Qui êtes vous ?
River se jeta presque sur lui, l'empoignant par le col.
-Qu'est ce que c'est ?! Cria t-elle presque en désignant le cadre en verre.
-Opale, qu'est ce que... Commença Yuri, avant qu'un regard noir de la jeune femme ne lui coupe sa pensée.
-Opale ? Releva Oscar, faisant le lien dans sa tête. Qu'est ce que ça veut dire ?
River soupira et lâcha son père.
-T'expliquer serait trop long... Dis moi juste ce que c'est que cet article.
Mais il semblait à peine l'écoutait, la scrutant de la tête aux pieds.
-Tu es... Mais comment... ?
Devant l'embarras soudain d'Opale, ce fut Yuri qui prit les choses en mains.
-Très bien, écoutez moi attentivement. Nous nous sommes vus de loin il y a une semaine pour vous et quatre... non, cinq ans pour moi. Et vous venez de voir mon visage à la télévision. Vous l'avez compris, je suis Yuri Mac Lane, et aussi dur que ça parait, la jeune femme devant vous est bien votre fille. Maintenant je vais essayer de rendre ça le plus crédible possible : nous venons du futur, nous sommes là un peu par accident en on voudrait juste partir.
Sans même laisser à Oscar le temps d'exprimer sa surprise, Opale secoua la tête.
-Non, pas par hasard. On est là parce qu'une des pièces du puzzle est là. Papa, écoute moi bien : tu es sensé mourir cette nuit. Mais je peux l'empêcher. Parle moi de ce document, je t'en prie épargne moi ta surprise ou quelque autre émotion, on a pas le temps. Qu'est ce qui est accroché au mur ?!
Oscar marqua quelques secondes d'hésitation, puis commença à s'exprimer avec une voix tremblante qui s'affermie à mesure du discours.
-Je vais essayer de rester logique si ça peut t'aider... Ce papier, c'est une synthèse d'une théorie que j'ai développé au fur et à mesure de mes recherches. Elles étaient au départ basées sur les pokémons, mais il y a quelques années je travaillais tout le temps sur ce dossier... Tout vient d'une ancienne armoirie familiale, un symbole que nos ancêtres se faisaient tatouer pour marquer leur appartenance à ce qui était alors le clan des ombres.
Le corps de Yuri se raidit à l'entente de ce nom, ne comprenant plus ce qui se passait.
-Il semblerait qu'il y a très longtemps la magie ait existé sur cette terre, mais elle finit par disparaitre. Cependant, une famille, notre famille, continuait d'utiliser les ombres, une force sombre qui se laissait contrôlée par les plus puissants. Cependant tous ces rituels ont disparus avec le temps... Mais les ombres, elles sont présentes chez certains pokémons. Elles ont survécus à travers des générations de pokémons et semblent sortir de nouveau. Quant aux Doubles, il ne s'agit pas que de moi, mais d'une théorie que nous sommes plusieurs à supporter. Celle qu'il existe un univers superposée sur le nôtre, dans lequel vivent des êtres nous ressemblant mais incarnant en réalité notre exact opposé. Cette théorie se base sur plusieurs témoignages de personnes ayant vus leur double exact avec pour seul différence les yeux blancs, se tenant juste devant leur maison sans rien faire d'autre.
-D'accord, et c'est quoi le lien entre les deux ? Coupa River.
-... Et bien, je crois que les ombres viennent de ce monde dans lequel vivent les Doubles. Je pense en fait que les ombres, celles qui nous accompagnent au quotidien, sont des parcelles de cet autre monde. Nous sommes ici dans un monde de lumière, et toute lumière entraine l'ombre, c'est bien connu. Ce qui m'inquiète plus, c'est l'Ombre, avec un grand « O ». C'était une entité que vénérait le clan des ombres, représentée comme entourée d'ombres plus faibles mais tout aussi divines. C'est cette divinité qui est le symbole du clan, leur tatouage : Un dragon sombre pourvu de multiples tentacules. Un destructeur des mondes, une créature vivant entre les deux univers...
Ce fut cette fois Yuri qui coupa la parole à Oscar.
-Ok, très bien, c'est vraiment super tout ça, mais je ne vois vraiment où ça nous amène. Je suis sûr que vos recherches sont passionnantes, mais toi Opale, qu'est ce que tu comptes trouver ici ?
La jeune femme hésita avant de répondre, commençant à faire les cents pas dans la pièce.
-...Cette nuit, cette maison va prendre feu, et au matin tous ce que la police découvrira c'est un tas de cendre. Ils trouveront à peine la preuve que les parents Silice sont morts et assumeront que la petite fille a elle aussi périe. La vérité, c'est que cette nuit là j'ai été sauvée... Donc il y avait quelqu'un d'autre dans la maison.
-Oui, nous.
-Et peut être d'autres personnes... Celebi nous a envoyé ici pour une raison, je suis sûr que cette histoire d'ombre est liée à tous ça !
-Le clan des ombres ! Comment a tu eu l'idée du nom ? S'exclama Yuri.
-C'est parce que... Je ne sais pas, ça m'a toujours semblé... Bien. Approprié.
Et alors qu'elle tentait de se souvenir, ses yeux partaient dans le vide, tentant de comprendre ce que tout cela signifiait. Alors même qu'Oscar allait demander qu'on lui apporte des réponses concrètes, un long sifflement se fit entendre dans la pièce, venant de l'extérieur.
-Qu'est ce que c'est ?! S'exclama le patriarche Silice.
Yuri était prêt à utiliser sa magie, alors que River ouvrit grand les yeux.
-J'ai toujours pensé que j'avais provoqué le feu... Que mon chagrin avait causé tout ça... Mais peut être que ce n'était pas moi, peut être que mon chagrin n'avait fait qu'appeler autre chose... La maîtresse du clan des ombres appelle ses sujets...
Le sifflement se fit entendre de nouveau, mais cette fois plus articulé, jusqu'à ce qu'un mot se forme au milieu de la longue plainte.
« Ooooopaaaaleeee... »
Oscar faillit pousser un cri alors que Yuri se précipitait hors du bureau, dans le hall principal, face à la porte d'entrée. Descendant les escaliers, Silvia Silice poussa un cri en voyant le jeune homme, suivit de River et d'Oscar.
-Oscar ! Qui sont ces gens ?!
-Pas maintenant Silvia ! Dites moi ce qu'il se passe, s'il vous plait !
Yuri avait les mains sur la porte, craignant de l'ouvrir.
-Cette nuit, la maison brûlera. Ce qui est à l'origine de l'incendie se trouve derrière ces portes, et ça a certainement toutes les réponses à nos questions.
-Qu'est ce que ça veut dire ?! S'exclama Silvia.
Pour seule réponse, Yuri ouvrit en grand la porte d'entrée. En face de lui, au milieu des hautes herbes, se tenait une silhouette sombre. Pas sombre à cause de la nuit, non elle était même en plein dans la lueur de la lune. Sombre, car c'était sa couleur naturelle. A mesure que les yeux de Yuri et de River s'habituèrent, ils purent discerner à qu'ils avaient à faire, et un frisson leur parcouru le dos.
Devant eux, vêtue d'un élégant costume sombre, se tenait River. La seule différence notable était ses deux yeux blancs qui fixaient tour à tour chaque protagoniste.
-Qu'est ce que... Murmura River.
La River en costume ne bougeait pas, les observant juste. Puis, elle se mit à parler, d'une voix semblable à celle de la vraie River, mais dont émanait une terrible aura maléfique, ponctuait par de longs sifflements en arrière plan.
-Depuis tant de temps... Le clan des ombres, voilà tout ce qu'il en reste... Autrefois vous étiez craint, et vous voilà maintenant enfermés entre vos murs, cherchant des explications logiques là où il n'y en a pas... Et puis votre fille est née Oscar... Héritière des ombres et du temps, elle n'avait plus qu'à créer un lien entre nos deux réalités pour que je puisse venir et... Mettre fin à ce spectacle pitoyable.
Personne ne trouvait quoi que ce soit à répondre, et même Yuri n'était plus trop sûr d'où se placer, se sentant pris au milieu d'un conflit qui ne le concernait pas.
Etrangement, ce fut Oscar qui parla.
-Vous êtes... Un Double ! Vous êtes son ombre !
Il désigna River, qui se sentait bizarre à chaque fois qu'elle posait ses yeux sur son double.
-Nommez moi comme vous voudrez... Les ombres se lèvent, et je suis l'ambassadeur. Je prendrais ma place dans ce monde de lumière et permettrez aux autres ombres de me rejoindre, et ce royaume sera alors le nôtre.
Il n'en fallu pas plus à Yuri et à River pour comprendre les enjeux. Déjà le premier avait son sabre en main, et la seconde était prête à le suivre.
-Laissez nous nous occuper de lui. Demanda Yuri alors qu'ils sortaient de la maison, s'approchant du Double.
-Pourquoi avez-vous mon apparence ? Demanda River.
-Chaque lumière à une ombre. Je suis ton ombre. Je vis en parallèle de toi depuis le début, tes actions guident mes pas comme mes actions guident les tiens. Tu ne devrais cependant pas pouvoir te tenir aussi confiante maintenant que je me suis matérialisé, tu aurais dû t'évanouir...
Ce fut Yuri le premier à comprendre.
-Il y a deux Opale Silice au même endroit. C'est la plus jeune qui t'as invoquée sans le vouloir, elle doit être dans les vapes actuellement.
Pour la première fois, le Double remarqua le sabre de Yuri.
-Vous pensez que la violence est une solution ?
-On va vite le savoir !
Et il donna un coup, tranchant la nuit, tranchant le Double... Qui ne bougea même pas. En réalité, Yuri avait eu l'impression de trancher de l'air.
-On ne peut attaquer une ombre. Se contenta seulement de dire le Double.
Et, sans plus de procès, il passa devant Yuri et Opale, s'approchant de la maison, sans que personne ne puisse le stopper. Dans sa main, une flamme était apparue.
-Le clan des ombres meurt cette nuit, et avec eux la protection entre nos deux mondes. Les ombres feront de ce monde le leur !
-Merde ! S'exclama Yuri. Il doit bien y avoir un moyen de l'arrêter !
Opale regardait son Double s'avançait impitoyablement vers le manoir. Toute sa vie elle avait voulue empêcher cet évènement, et maintenant elle se rendait compte que c'était impossible. Le désespoir s'emparait d'elle, jusqu'à ce qu'elle ne se rende compte d'une chose. Elle se tourna vers Yuri.
-Attaque moi !
-Pardon ?!
-Avec ton sabre, tranche moi ! Sans lumière, pas d'ombre !
-Tu veux que je te tue ?! Ça c'est quelque chose qui n'arrivera pas !
-Je suis déjà morte, cette même nuit Yuri ! Une fois de plus, ça ne changera rien ! C'est le seul moyen !
-Opale, je ne te tuerais pas !
Et pour bien appuyer ses paroles, il fit disparaitre son sabre. Devant eux, le Double allait rentrer dans la maison, les parents d'Opale étaient tellement choqués qu'ils n'osaient rien faire.
-Yuri, mes parents là bas vont mourir !
-OUI ! Ils vont mourir, ils sont même déjà mort depuis longtemps, tu le sais, tu l'as accepté, tu n'as pas à mourir pour eux !
-Pour l'amour de dieu !
Et elle frappa Yuri de toutes ses forces au visage, l'étalant sur le sol sans qu'il ne comprenne rien. Il poussa juste un grognement de douleur.
-Merde ! C'était pourquoi ça ?!
-... Je déteste quand tu as raisons ! Mais c'est ça le problème Mac Lane, il y a une sacrée différence entre la raison et ce qui me semble juste en cet instant.
Le Double était dans le hall. Elle regardait autour d'elle, se demandant ce qui brûlerait le mieux, et le plus vite. Mais déjà Opale s'était précipitée à l'intérieur.
-Hey toi ! Bouge d'un seul cheveu et t'es morte !
-... Normalement, les ombres ne sont pas aussi expressives que moi. J'imagine que je dois cette nature particulièrement humaine à toi, toi et tes sentiments bien trop... humains.
-Ouais, continue de parler, on t'écoute. Tu dis que nous tuer libèrera les ombres ?
-Il y a des centaines d'années, à l'époque où la magie s'est éteinte, notre ancêtre, Eléa Taur créa un sceau avant de disparaitre. Une marque entre les deux mondes, un pacte qui permit seulement aux membres du clan des ombres de communiquer avec mon monde. Bien sûr, s'il n'y a plus de membres du clan, alors le sceau n'existe plus, et nous seront libre.
-Alors, par ma seule présence, j'empêche l'invasion de notre monde par les ombres ?
-On peut dire ça.
-Mais c'est moi qui t'ai invoqué ? Donc je peux te rappeler !
-Tu m'as invoqué par pur hasard, tu n'as aucune idée de comment me contrôler ! Et nous ne sommes pas si semblable que ça de toute façon, la plupart du temps les Double existe sans même avoir conscience de leur nature, les menant à se détacher de leur alter ego. Je suis assez détaché de toi pour résister si jamais tu m'ordonnais de repartir. Et maintenant, si tu n'as plus rien à dire, il est temps de détruire cette maison et ses résidents !
Derrière Opale arrivèrent ses parents, ainsi que Yuri.
-Opale, on ne peut rien faire !
-SI ! Celebi nous a envoyé ici, c'est bien pour quelque chose ! Il doit y avoir quelque chose que nous pouvons faire...
Elle voulait à tout prix trouver une solution, mais la vérité était qu'il n'y en avait pas. Le Double laissa sa flamme s'échapper sur un grand meuble en bois, et le feu commença à se répandre. Les parents d'Opale se dirigèrent vers la sortie, mais il suffit au Double de désigner du doigt la porte pour qu'elle se ferme à clef, les enfermant tous à l'intérieur.
Alors que le feu progressait, Yuri tentait de rassurer River.
-Il faut qu'on sorte d'ici !
-Et mes parents ! Il faut les sauver !
-On ne peut pas ! Ce n'est pas ce qui s'est passé, on n'a pas le droit de changer les évènements !
-Tais toi ! Je te l'ai dit, tu ne comprend pas de quoi tu parles ! Ce qui s'est passé cette nuit là, on peut le changer, c'est une possibilité, je le vois ! Est-ce que tu essayes sérieusement de me convaincre d'abandonner mes parents ?!
-J'essaye de te faire réaliser que tu es toujours dans ta chambre, en proie aux flammes, et que tu devrais être en haut de ta liste des priorités ! Laisse moi m'occuper de ton Double !
Le regard de River s'éclaira alors qu'elle se rendit compte de sa propre situation. Elle lança un dernier regard à ses parents, comme on regarde un fantôme, puis se précipita dans l'escalier.
Yuri se tourna lui vers le Double alors que le feu se propageait et que les parents d'Opales cherchaient une sortie, ne se préoccupant plus du reste.
-Ok, pas de pokémons, pas d'arme, juste toi et moi. On sait tous les deux que je ne peux pas t'empêcher de brûler cette maison et l'héritage du clan des ombres, mais je peux en sauver un membre, et c'est tout ce qu'il faut. Je ne comprends pas le temps, mais voilà comment je vois la chose : en 2012, le monde est toujours habité par les êtres de lumière et je n'ai jamais entendu parler de l'Ombre. Donc je vais trouver un moyen de t'arrêter, ici et maintenant.
-Tu n'as rien à voir avec toute cette histoire Yuri Mac Lane. Ceci ne te concerne pas directement, mais comme mon alter-ego j'ai vu à travers le temps et il est vrai que tu es lié à l'héritage du clan des ombres comme à de nombreuses autres choses.
-Les réponses énigmatiques ne me font plus rire depuis longtemps.
-Toutes les histoires tournent en périphérie autour de la tienne, ce qui me parait si important à moi comme à mon alter ego, ce n'est qu'une pièce du puzzle pour toi. La chose intéressante est que tu n'as pas d'ombre dans mon monde, pas d'alter ego. C'est quelque chose qui arrive parfois, ça ne veut pas dire qu'il n'existe pas, juste... Qu'il est plus complexe.
-Ok, je ne comprends décidément rien, et j'ai toujours aucune idée de comment te battre.
-Je viens de le dire, tu as ta place dans l'histoire du clan des ombres, mais tu n'en es pas le centre, tu n'as aucun pouvoir ici.
C'est alors qu'une voix résonna derrière Yuri.
-Alors peut être en ai-je.
L'adolescent se retourna vers Oscar Silice qui portait sa femme, tentant de respirer malgré la fumée sombre.
-Monsieur Silice ?
-J'ai étudié le clan pendant longtemps, et même si la magie s'est perdue depuis longtemps j'ai cru comprendre qu'un sacrifice était plutôt efficace pour annuler une invocation.
A l'entente du mot sacrifice, le visage du Double se raffermit, et le long sifflement reprit.
-Yuri, j'ai écouté tout ce que vous et ma... fille, avez dit depuis le début, il est dans mon métier de m'adapter rapidement et en prenant en compte tout ce qui a été dit ce soir il ne reste qu'une solution logique : j'arrêterais ce Double avec mon propre sang. Il ne me suffira que de votre lame et de ma volonté. Quelque part dans mon ADN se trouve la capacité de fermer complètement le portail entre les deux mondes, mon sacrifice devrait suffire à activer cet élément caché dans ma génétique.
Yuri regarda son sabre, n'étant pas sûr qu'il puisse le donner à quelqu'un, et pas sûr non plus qu'il accepte de regarder Oscar Silice se suicider devant lui. Derrière, le Double s'énerva.
-Vous n'aurez jamais le courage de laisser derrière vous votre fille et votre femme !
-Vous vous trompez. Il faudrait plutôt dire que je n'aurais jamais la lâcheté de les laisser mourir avec moi. J'ai étudié les ombres toute ma vie, je sais que vos valeurs sont aux antipodes des nôtres. Je sais qu'il ne faut pas vous laisser venir dans ce monde. Alors s'il le faut, j'aurais le courage de me sacrifier. Pour ma fille, et ma femme.
Mais à ce moment précis, le plancher du premier étage s'écroula sous le poids des flammes. Yuri ne fut pas toucher, mais une poutre vint s'écraser sur le couple Silice. L'adolescent se précipita vers eux, mais il était trop tard pour Silvia qui n'avait déjà plus beaucoup de forces avant cet incident. Oscar avait la jambe droite écrasé, et haleté. Yuri comprit que la fin approchait et qu'Opale méritait d'être au chevet de sa famille.
C'est à ce moment qu'elle réapparue, alertée par le bruit d'effondrement.
-Qu'est ce que...
Sa voix se figea lorsqu'elle vit ses parents allongés autour d'une flaque de sang. Elle dévala les escaliers.
-Maman ?! Papa ?
Derrière, le Double fit quelque pas vers Opale, mais Yuri s'interposa, lame en main.
-Je ne peux pas te trancher, mais tu n'es pas inconsistant. Tu devras me passer sur le corps !
Opale s'agenouilla devant le corps de son père qui respirait douloureusement.
-Je suis désolé, tellement désolé...
-C'est pas ta faute chérie... Regarde, tu t'en es bien sortie au final... Je sais depuis le début de la soirée que je vais mourir, ça m'a suffi à me faire à l'idée. Tu ne pouvais rien faire.
-J'ai tout fait pour changer ça... J'ai enfin eu ma chance, et j'ai pas su l'utiliser ! Une seule chose à faire dans ma vie, un seul but, et je suis assez stupide pour rater ça !
-Ne t'en veux pas ! Je te l'interdis ! Maintenant Opale, écoute moi, si je meurs maintenant ça n'aura servi à rien. Il faut que je meure par moi-même pour renforcer le sceau entre les mondes. Je pense que je pourrais faire avec le sabre de ton ami.
Yuri, qui entendit cela, répondit sans se retourner, regardant toujours le Double dans le blanc des yeux.
-Je ne sais pas si quelqu'un d'autre peut le tenir en fait...
-Essayons. Dit Opale en tendant son bras.
Avec hésitation, Yuri tendit son sabre à Opale, et l'arme ne se dématérialisa pas lorsqu'elle fut dans la paume de sa main. Opale la tendit ensuite à son père, mais ce dernier fut incapable de la saisir, sa main ne pouvant l'approcher.
-Opale... Je suis désolé... Murmura t-il.
Les larmes roulaient sur les joues de la jeune femme qui avait compris ce qu'elle devait faire. Elle releva le buste de son père, et lui embrassa le front, tremblant de toute part.
-Tu peux le faire chérie. Je suis fier de toi quoi qu'il arrive.
Sa voix n'était plus qu'un souffle, il bataillait pour garder les yeux ouverts. Autour la maison brûlait et les murs s'effondraient mais ça n'avait pas d'importance. Le Double criait, et l'enfer sortait de sa bouche, mais ça n'avait pas d'importance. Opale mit le sabre en place, ferma les yeux.
-Au revoir.
Elle appuya. Une simple pression du bras, et s'en était fini. De la plaie s'écoula du sang, mais aussi une lumière que seule Opale vit. Elle l'éblouit, la força à fermer les yeux, et quand elle les ouvrit de nouveau, son Double n'était plus là. Le silence régna pendant quelques très longues secondes, jusqu'à ce que le crépitement des flammes ne bouscule le nouveau deuil d'Opale. Yuri la prit par le bras et la fit se relever.
-Ok Opale, je sais que c'est dur, mais là maintenant il faut sortir d'ici ! Où est la... la toi enfant ?
-Elle... Je... La, la porte... Elle est fermée à clé... J'ai peur de la défoncer, la structure de la maison est... fragile.
Elle essayait de toutes ses forces de ne pas fondre en larme, mais Yuri trouvait déjà admirable qu'elle arrive à se tenir debout. Il lui prit la main et se précipita avec elle dans les escaliers. Il trébucha lorsqu'une marche s'effondra sous son poids, mais s'en extirpa le plus vite possible, faisant tout ce qu'il pouvait pour ignorer la douleur. Ils continuèrent aussi vite qu'ils le pouvaient jusqu'au bout du couloir où se tenait la porte en bois gardant la chambre d'Opale. Le feu était encore assez faible dans cette partie de la maison, ce que Yuri prit en compte avant de demander à River de se reculer.
-Qu'est ce que tu fais ?! Faillit-elle hurler en le voyant prendre son élan.
Yuri ne répondit pas, et se contenta de fixer la porte des yeux avant de la défoncer avec un coup de pied bien placé. Ils eurent le temps de voir la jeune Opale allongée sur le sol pendant une fraction de seconde, avant que le plancher ne s'effondre sous le choc, les faisant tout trois chuter.
Yuri perdit connaissance avant même de toucher le sol.

-J'ai l'impression qu'on marche depuis une éternité.
Yamaguchi avait dit ça plus pour briser le silence qu'autre chose. Ils erraient depuis maintenant bien longtemps dans les ténèbres sans que rien ne se présente à eux, et le jeune homme sentait que son double maléfique était à deux doigts de craquer et de lancer le combat.
Nega ne prit même pas le temps de répondre, continuant de prendre sur lui, n'ouvrant même pas la bouche. Cependant, Yamaguchi sentait que le dialogue était nécessaire, surtout après tout ce qui c'était passé pour lui ces dernier temps.
-C'était comment d'avoir un corps ?
Agacé, Nega daigna répondre d'un souffle.
-Normal.
-... Tu vois, les choses ont vraiment évolués. Au début t'étais juste un démon qui parlait en énigme, tu voulais juste me manger de l'intérieur pour changer. Maintenant tu es juste... moi. Un moi opposé en fait, le Ying à mon Yang si tu me permets la comparaison.
Pour seule réponse, Nega grogna, ce qui décida Yamaguchi à le laisser tranquille. Heureusement pour lui, ce fut le moment où il aperçut quelque chose au loin, juste un point de lumière à l'horizon.
-Nega ! Tu vois ça ?
-Oui. Qu'est ce que tu comptes trouver là bas déjà ?
-Un moyen d'arrêter tout ça. Je ne sais pas vraiment ce qu'on va trouver en continuant d'avancer, mais ça nous permettra d'arrêter les ténèbres.
Alors qu'ils parlaient, leurs pas se firent plus pressant, et en un rien de temps ils reconnurent la structure qui se tenait devant eux. A leur surprise, il s'agissait d'une cathédrale, un immense monument s'étendant sur des dizaines de mètres et comportant nombres de vitraux éclairés par une lumière artificielle.
-J'ai déjà vu quelque chose comme ça. Des ruines, au milieu d'un champ de bataille.
L'image était restée gravé dans un coin de la mémoire de Yamaguchi. Un lieu où autrefois un Dieu était vénéré, il l'avait trouvé en cendre. Ce Dieu, on y croyait toujours à son époque, quelque chose que Yamaguchi n'avait jamais compris. La dernière partie de sa réflexion, il la fit à haute voix sans même s'en rendre compte.
-Comment ont-ils continués à l'adorer alors que la misère et le sang était tout ce qui les entouraient ? Comment pouvaient ils encore croire à celui qui leur avait promis la gloire...
Ces mots passèrent autour de Nega sans parvenir à le pénétrer. Jamais il ne comprit le sens de cette réflexion. Il se contenta de s'avancer vers les portes.
-On rentre, on détruit les ténèbres, et on se bat enfin, d'accord ?
-...Oui, bien sûr.
Yamaguchi s'avança également, et avec son alter ego poussa les portes. Devant eux se déroulait un long tapis rouge qui menait jusqu'à l'autel sur lequel se dressait la croix du Christ, baigné dans la lumière rougeâtre qui passait à travers le vitrail. Dans une parfaite symétrie s'étendait à droite comme à gauche de nombreuses rangées de bancs vides.
Mais ce qui choqua Yamaguchi comme Nega, s'était la forme qui se plaçait sous la croix, dans son ombre. Une forme qui bougea rapidement, avant de se relever pour se dévoiler.
Alors que les portes se refermaient derrière eux, les deux hommes s'avancèrent sans bruit vers celle qu'ils avaient maintenant reconnus.
-J'ai toujours aimé les histoires de fantômes. Et puis en vous attendant j'ai pu lire la Bible. C'est un peu une histoire de fantôme quand même ? Jésus est mort, et pourtant trois jours plus tard le voilà qui se promène en ville. Dans le livre, ils appellent ça un miracle, comme si c'était une bonne chose. Mais je ne vois rien de bien là dedans. Les vivants ont leur temps dans ce monde, un temps précieux, et ils ne devraient jamais revenir. Ils ne sont alors plus que des fantômes, des esprits qui errent là où ils ne devraient pas être... Maintenant la question est, est-ce ici mon royaume où le vôtre ? Qui ici est le fantôme ?
Yamaguchi regarda la jeune fille, ne sachant quoi dire. Il était désormais à deux mètres d'elle, toujours dans la lumière rouge du vitrail alors qu'elle se tenait dans l'ombre de la croix.
-Je t'ai connu plus réactif Yamaguchi. Et tu sais la meilleure ?
Il arriva enfin à articuler un nom.
-Lily...
-... La meilleure, c'est qu'il y a autre chose qui arrive.
Aussitôt, la porte s'ouvrit, faisant se retourner subitement Nega et Yamaguchi. La surprise de ce dernier fut encore plus grande alors qu'il dévisageait la jeune femme qui venait de faire irruption.
-Sylvestra !

-Ridicule !
Un mouvement de main et les ténèbres reculèrent, entourant le Maître sans cependant pouvoir l'atteindre.
-Je suis le Maître noir, j'ai le contrôle sur les ténèbres ! Je ne les laisserais pas m'emporter !
Mais il ne pouvait résister. L'Arena n'existait plus, recouverte par les ténèbres de Nega, des ténèbres bien plus sombres auquel il devait s'abandonner. Il avait bien résisté, mais finalement le Maître se fit recouvrir. Il ferma les yeux un instant, puis les rouvrit pour se retrouver dans l'infini ténébreuse.
-Et bien, me voici dans mon élément...
Un léger doute s'installa cependant en lui, mais il ne laissa rien transparaitre. Il savait ce qui avait causé les ténèbres, il l'avait su trop tard. Il savait aussi qu'il n'avait désormais plus qu'à attendre que quelque chose n'arrive, et bien vite une étrange fumée l'enveloppa, avant de se matérialiser devant lui sous la forme d'un autre être masqué, enveloppé lui aussi de son manteau de ténèbres.
-Allons, qui es tu donc ? Demanda le Maître sur le ton du mépris.
-En cet instant, tu es au même niveau que tout le monde Ygsadrill. Les ténèbres sont tout ce qui t'entoure...
-Pas différent de d'habitude. Je suis le Maître noir et aucune illusion n'a d'emprise sur moi.
Il fit un geste de la main, et la silhouette devant lui disparue. Il profita du silence pour regarder autour de lui, son regard ne croisant rien d'autre que les ténèbres.
-Une dimension chambre...Logique.
« Affronte tes péchées »
La voix avait surgie, immatérielle. Le coup avait frappé le Maître en plein visage, décrochant son masque qui se brisa en frappant le sol. Il releva la tête, mais il n'y avait personne. Ses longs cheveux gris retombèrent devant ses yeux, l'obligeant à les dégager d'un revers de la main.
-Quand une bombe de ténèbres explose, on se retrouve avec des entités de ténèbres analysant la mémoire de tous ceux se trouvant dans l'explosion et les confrontant à leur passé, à leurs peurs... La plupart y succombent, d'autre surmontent tout ça et en ressortent plus fort encore. Ce n'est pas la première fois que je vois ceci. Mais tout ça ne prend pas sur moi.
La voix s'éleva de nouveau, de partout à la fois, plus sinistre, plus proche, l'écho de toutes les âmes perdus par le Maître.
« Les ténèbres sont aveugles. Ils t'enseveliront toi comme les autres. »
Un nouvel assaut fut mené contre le Maître, comme un poing sombre venant le frapper en pleine poitrine. Et, avec le choc, une seule question.
« Qui est Aonios ? »
Silence.
Choc. Encore. Silence. Choc. Question.
« Qui est Aonios ? »
Un cri de rage. Le Maître est à genoux, frappé par des forces qu'il ne peut voir ou combattre, ses propres forces. Il cède finalement.
-Le garçon... Qui m'a créé. Celui qui croyait mettre un terme au sang et à la folie et dans sa quête de vengeance m'a donné une raison de vivre et de me battre.
« Tu as ses souvenirs... Tu as tous leurs souvenirs. Ils sont cachés, dans ces mêmes ténèbres qui nous entourent. »
Le Maître releva la tête et devant lui se tenait, couché sur le sol, un cadre vide. Mais à force de le regarder, il y discerna des visages qui lui provoquèrent un sursaut.
-Ces souvenirs ne m'appartiennent pas. Je dois les mettre hors de ma portée !
« Aonios. Aonios. Les ténèbres s'infiltrent partout... Aonios. Chacun en ces lieux doit se confronter au véritable soi, et ta vraie histoire se trouve dans la sienne... »
Aussitôt, ce ne fut pas un simple coup de poing mais une rafale qui percuta Ygsadrill. Sans qu'il ne puisse rien faire, sa mémoire s'ouvrit et un flot de souvenirs déferla.
Pas n'importe quels souvenirs. Les plus cruciaux de toute l'affaire. Une histoire, celle par laquelle tout avait commencé, la genèse même de tous les évènements récents.
L'histoire d'Aonios se révélait.

Tout commença quelques centaines d'années plus tôt. Tout commença par un acte terrible et pourtant si anodin. Tout commença par un meurtre.
C'était l'année 2456 du calendrier des mages alors que le calendrier Chrétien n'entrait que dans son premier siècle. Si partout dans le monde l'Empire Romain commençait à perdre de sa puissance, les archipels Pokémons ne se préoccupaient pas de cela et étaient déjà en avance sur leur temps. C'est ainsi que, Jotho en tête, les archipels entrés dans leur troisième siècle d'empire féodal. Les Samouraïs partaient en quête de reconnaissance dans tout le royaume alors que les pokémons et les humains goutaient pour la première fois depuis bien longtemps à la joie de vivre en paix l'un envers l'autre.
Mais dans la lumière naissante se dessinait déjà une ombre. Dix ans avant les terribles évènements qui vont être relatés, l'empereur fut renversé par un noble chevalier. Son nom était Ygsadrill. Portant une sombre armure noire et ne laissant jamais quiconque voir son visage, il avait été autrefois disciple des meilleurs et avait mené la nation à la victoire dans de nombreuses guerres. Mais les horreurs qu'il avait vu l'avait changé à jamais, jusqu'à le pousser à tuer celui qu'il considérait comme un père.
Ygsadrill prit le pouvoir, et s'enferma dans sa citadelle noire. Dirigeant dans les ténèbres, il avait rendu la nation puissante mais avait fait de son peuple un peuple pauvre et miséreux. Au fil des ans le trait de la dictature fut souligné et chaque jour les habitants des archipels sombraient un peu plus dans le chaos environnent.
Tout commença donc par un meurtre. A cette époque, ils étaient nombreux. Les armées d'Ygsadrill aimaient violer les femmes et tuer les enfants, rasants parfois complètement les villages de paysans en marge de la société et n'apportant pas beaucoup par rapport aux grandes villes.
Ce jour était un jour comme les autres dans la vie d'Aonios. Comme tous les matins, ce jeune paysan se leva, se prépara, embrassa ses parents, et partit chercher de l'eau au puits. Celui-ci se trouvait loin du village, et loin de tous sentiers connus d'ailleurs. Il était à deux heures de marches, plus en revenant à cause du poids des seaux remplis, mais Aonios exécutait cette tâche depuis que son frère, de quatre ans son aîné, avait quitté le village pour vivre son rêve, devenir un mercenaire.
Après les longues heures de marches, il arriva enfin au puits et y plongea son regard. Il était plutôt grand pour l'époque, ses traits étaient encore jeunes mais on pouvait déjà voir que la trentaine se rapprochait, même si quelques années devait encore s'écouler. Ses cheveux blonds en batailles étaient plutôt courant pour l'époque et ses yeux verts jaunâtres n'exprimaient que la lassitude que seule confère la routine. Ses vêtements en haillons témoignaient d'une famille de classe moyenne, et la pokéball mise en pendentif qu'il arborait montrait un côté plus aventureux que les autres jeunes de son âge ne possédants pas de pokémons.
Aonios prit l'eau dans le puits, et le fit le chemin retour. Il était partit à quatre heure du matin, il était revenu à huit heure.
Et de son village, il ne restait que des cendres.

L'histoire d'Aonios aurait pu s'arrêter là. Comme des dizaines d'autres, il aurait pu pleurer sa perte et sombrer dans les fonds les plus obscures de la dépression. Mais ce jour là, il en décida autrement. Il fixa l'horizon, là où il savait qu'il trouverait Ygsadrill, et fit une promesse. Celle de se venger. Il n'en avait pas conscience, mais par cette pensée il venait de condamner bien plus que sa propre vie, mais également toute cette terre, et également tout l'univers.
A genoux devant les cendres de sa maison, Aonios pleure. Il sert dans le creux de sa main sa pokéball, et pleure.
« Plus jamais... Plus jamais je ne laisserais cela arriver. »
Et voilà. C'est ainsi que tout a commencé. C'est ici que débute la quête d'Aonios qui le conduira à son destin fatal. A des centaines de kilomètres d'ici, Ygsadrill frissonna sous son armure. Car même s'il ne le savait pas encore, il allait bientôt atteindre son apogée.

Aonios marchait. La ville la plus proche était Arrehal, quelques siècles plus tard elle serait connue comme Goldenrod.
Trois jours étaient passés depuis qu'il avait juré de se venger. Trois jours qu'il avait passé à évacuer la peine de ses pertes. Désormais, il avait l'esprit clair et dégagé.
A cet instant pourtant son esprit vagabondé alors qu'il vit sur le bord de la route un homme dans la quarantaine, portant un chapeau de paille et semblant attendre à l'ombre d'un arbre. Il s'interrogea un instant sur le pourquoi du comment, puis se rendit compte qu'il faisait beau. A trois jours de la mort de tous ceux qu'il avait connu, il aurait était plus de circonstance qu'il pleuve.
Aonios s'arrêta et regarda l'homme qui releva la tête.
-Oui ? Demanda t-il d'une voix posée et calme.
-Je suis bien dans la bonne direction pour Arrehal n'est ce pas ?
-C'est ça mon gars. Continu sur ce chemin et tu pourras pas te perdre.
-Merci bien. Remercia Aonios avant de se retourner et de continuer son chemin.
-Attends ! Appela l'homme. Tu es vêtu comme un paysan, que comptes tu faires dans une aussi grande ville ?
Aonios marqua un temps d'arrêt. Pouvait il le dire ? Après tout, pourquoi devrait il en faire un secret ?
-L'armée du seigneur Ygsadrill a ravagé mon village. Je pars à la recherche de mon frère en ville et le rallier à ma cause.
-Qui est ?
-...La vengeance.
L'homme fixa Aonios un moment, puis éclata de rire.
-Deux fils de paysans contre le Seigneur noir ? Tu rêves gamin.
-Je suis peut être fils de paysan, mais mon frère a accompli de nombreuses quêtes et est un dresseur et un bretteur expérimenté.
-Quand bien même. Cinq de ses gardes viendraient à bout de vous deux en quelques minutes.
-Comment pouvez vous le savoir ?
-Allons, je vois tout de suite que tu es encore faible. Je pourrais te vaincre en combat facilement je pense.
Aonios s'agaça d'abord, puis y vit une bonne opportunité de tester ses compétences. S'il n'arrivait même pas à vaincre un pauvre sur le bord d'une route...
Il prit la pokéball attaché autour de son corps, la fixa un instant, puis la lança.
Un Libegon apparut entre les deux dresseurs. Grand et impressionnant, il surplombait son adversaire avant même qu'il n'apparaisse. L'homme sourit, puis lança à son tour une pokéball. Un Pyroli fit son entrée.
Aonios n'attendit pas et lança les ordres.
-Sonicboom !
Le dragon envoya des rafales de lames d'airs qui frappèrent le pokémon évolution à de nombreux points stratégiques.
Pyroli encaissa plutôt bien les coups. Quand l'attaque fut finit, il se mit en position d'attaque et cracha une puissante gerbe de flammes qui frappa Libegon de plein fouet. Le pokémon, pourtant peu sensible aux attaques de type feu, s'écroula.
-Un fils de paysan ne peut être un grand guerrier. Tu n'as jamais entrainé ce pokémon n'est ce pas ?
Aonios le rappela dans sa pokéball, la tête haute.
-Il m'aidait souvent dans mes tâches de tous les jours. C'est plutôt éprouvant, et il a évolué par deux fois. Mais il n'y connait rien en combat.
Il soupira. L'inconnu avait raison, il était loin d'être prêt.
-C'est tout ce que je voulais voir. Tu es bien celui que je cherchais.
Aonios releva la tête, intrigué.
-Vous me cherchiez... ?
-Laisse moi me présenter de nouveau. On m'appelle le Vagabond, j'erre de villes en villes depuis que j'ai quitté l'armée.
-Vous étiez dans l'armée ?
-Sous le règne du précédent empereur. J'étais un général réputé, mais Ygsadrill n'a fait qu'une bouchée de mes troupes et les a remplacés par les siennes. Il m'a laissé la vie mais m'a dépouillé de tous biens sociaux. Ma vie n'avait aucun sens depuis quelques années jusqu'à il y a quelques jours lorsque que me reposant sur la route je fis la rencontre d'un mystérieux homme qui me prédit l'avenir. Il me montra une rencontre proche avec un jeune homme faible mais en quête de rédemption. Il me dit de le suivre jusqu'à la mort car tel en était la volonté des forces divines.
Aonios fut surpris. A l'époque, les prophètes grouillaient sur les routes et la plupart de la population les écoutaient avec attention. Mais pas les anciens membres de l'armée. Pas ceux qui avaient vu la guerre et le sang, pas ceux qui avaient vu le destin de nations toutes entières se jouer à la dernière seconde.
-Vous n'y croyez quand même pas... ?
Le Vagabond rit.
-Cet homme dégageait quelque chose... Je ne sais pas si c'était quelque chose de bien, mais il était définitivement différent. Et ce qu'il a dit est vrai. Tu es là devant moi, faible et criant vengeance. Ma vie n'a plus grand sens, et seule ma haine pour Ygsadrill me fait tenir le coup, seule mon envie de voir sa tête tomber à terre. Pourquoi pas après tout, la vie est courte. Je t'accompagne à la capitale. On dit qu'il ne faut qu'un homme pour changer le monde, alors imagine ce que l'on peut faire à deux.
Aonios ne sut d'abord pas quoi répondre, puis afficha un sourire satisfait.
-Très bien Vagabond. Si tel est ton souhait, viens avec moi. La route est encore longue.
C'est ainsi qu'Aonios continua sa route, accompagné cette fois d'un compagnon. Une association qui devait se terminer dans le sang et la douleur, comme toutes les rencontres qui jalonneraient cette quête.

A des centaines de kilomètres de là, dans la citadelle noire, dans la plus haute toute, assis sur le plus sombre trône du royaume, Ygsadrill fit ouvrir les portes de la salle. Un homme rentra, petit, portant une robe de prêtre noire qui cachait son physique.
-Seigneur... Dit il en s'accroupissant. Vous m'avez fait parvenir par message il y a quelques jours votre volonté de prédit l'avenir au Vagabond. Je viens vous faire savoir que c'est chose faite.
Dans son armure plus sombre que la mort elle-même, Ygsadrill semblait coupé du reste du monde. Cette carapace glacée fit croire au petit homme qu'il n'avait pas entendu ce qu'il avait dit. Il hésita à répéter, mais finalement le Seigneur lui fit signe de se relever, l'homme s'exécuta sur le champ.
-Bien. Vous venez d'aider à accomplir quelque chose d'encore plus immense que mon empire. Donner l'espoir à cet homme qui marche désormais vers moi. Lui donner la foi de continuer, lui donner les moyens de progresser et de m'atteindre.
La voix grave et glaciale d'Ygsadrill paralysa l'homme. Une telle prestance maléfique était incroyable.
-Votre nom ? Je vous réserve une place de choix dans mon prochain empire, quelque soit votre histoire.
Le petit homme en parut enchanter, et pendant une fraction de seconde un sourire de satisfaction se dessina sur son visage. Oh oui, il comptait bien faire partit de ce nouvel empire...
-Je me nomme Falafel Seigneur. De la maison Cauchemar.


-Non !
Le Maître avait crié, et en même tranché les ténèbres de sa main nue. Il était toujours dans le noir complet, mais une main gantée de blanc était posée sur son épaule.
-Une fois de plus mon ami, c'est moi qui te sauve.
Ygsadrill tourna sa tête dans la direction de numéro Deux, alors que plus aucune voix ne résonnait dans sa tête.
-J'ai laissé les ténèbres prendre l'avantage un instant... Sans toi, peut être m'auraient ils submergés...
Ils observèrent quelques secondes de silence, puis le Maître leva son bras, et ils se retrouvèrent dans sa chambre, vidé de tous ténèbres. Là se trouvait également Quarante-Deux, regardant autour de lui d'un air pour le moins confus.
-J'ai vidé cet espace de ténèbres, mais le reste de ce monde devra se débrouiller seul. Même moi ne peux désamorcer une bombe de ténèbres sans être déjà au cœur de l'explosion.
Numéro deux restait stoïque, ne bougeant pas, alors que Quarante-Deux avait du mal à se remettre de ce qu'il venait de vivre. Personne ne questionna sa présence en ces lieux, assumant qu'il était déjà dans le bureau du Maître lors de l'explosion initiale.
Alors qu'ils pensaient tout trois avoir à attendre tranquillement, un masse ténébreuse s'engouffra par la porte et fondit sur Ygsadrill qui, dans un réflexe inhumain au vu de la rapidité de la créature, fit surgir un pique rocheux du sol, empalant la bête sombre à seulement dix centimètres de lui. La créature se désagrégea dans une brume sombre.
Quarante-Deux ne dit d'abord rien, puis il réalisa peu à peu ce qu'il venait de voir.
-Vous... Vous venez d'utiliser la magie de la roche ?
Le Maître se tourna vers lui, réalisant ce qu'il venait de faire.
-Il n'y a de toute façon plus de raison de te cacher ça Quarante-Deux. Ce n'est que mon plan après tout.
-Le corps de Karder... J'imagine que vous n'avez pas laissé l'âme du mage qui se trouvait en lui s'envoler dans la nature, n'est ce pas ?
-Trop de questions, même pour toi. Je te conseil de mettre ton temps à profit pour peaufiner le petit discours que tu devras faire aux survivants une fois que tout cela aura pris fin.
Alors, comme plus personne dans la pièce ne parlait, le Maître s'autorisa la liberté de se gratter la tête pendant quelques secondes. Il avait lui-même peur de réaliser ce que son moment de faiblesse avait produit en lui, car sa mémoire, toutes ses mémoires, se libérait.
Il n'avait aucune envie de revivre son passé.

Sylvestra fixa tour à tour chaque protagoniste, frappé de stupeur. Personne ne savait quoi dire tant la situation était étrange, et ce fut Lily qui prit la parole.
-Le principe de la mort, c'est qu'on ne revoit plus le défunt. C'est ça qui est si tragique, la personne disparait juste de nos vies, et aucune chance ne se présente pour lui dire à quel point on l'aimait ou la détestait. C'est ça pour tout le monde, sauf pour nous hein ? Constamment entre les deux états, qu'est ce que la mort pour nous ? Yam, tu peux me remercier, Sylvestra, tu peux me dire adieu. Et ensuite, je meurs encore.
-Pardon... Qu'est ce qui ce passe ?! Finit par articuler Sylvestra.
Yamaguchi la regarda douloureusement, n'osant pas lui annoncer la nouvelle, mais encore une fois, Lily s'en chargea.
-Je n'ai jamais survécu au combat contre Karder. La vérité, c'est que je suis mort seule sur ce lit blanc, morte à quatorze ans dans un combat que je ne comprenais même pas. La vérité, c'est que j'ai ouvert les yeux juste avant de mourir, et il n'y avait pas d'air, pas d'amis à mes côtés. Vous étiez tous partis. Pour combattre pour la justice, et la paix, et la lumière, et moi j'avais quatorze ans et je mourais seule dans une chambre sombre. Puis la bombe de ténèbres a explosé, et la frontière entre tous ces mondes s'est fragilisée. Vivants, Morts, Doubles. Voilà les trois couches de chaque monde, toutes traversaient par la même faille, et au centre de tout ça, cette cathédrale.
Nega, insensible à tous ces discours qui portait les larmes aux yeux de Sylvestra et de Yam, parla d'un ton roque et désinvolte.
-Pourquoi cet endroit ?
-C'est le cœur de l'explosion, je ne suis pas sûre... Peut être parce que tout ça est à propos de moi, de ma mort, et ceci sont mes funérailles.
Elle se décala alors, et là où quelques instants plus tôt se trouvait la croix du Christ, se dressait désormais une tombe, toujours baignée de la lumière rouge pâle. Sur la tombe se lisait très clairement : « Lily Farund », il s'agissait de la seule inscription, ce qui suffit à laisser sans voix Sylvestra et Yam, trop choqués pour fêter leurs retrouvailles. Nega était le seul à vouloir faire progresser les évènements.
-Et maintenant ? La vague de ténèbres s'est abattue sur l'Arena, et le seul moyen d'arrêter tout ça est censé se trouver ici.
-Les ténèbres viennent de toi Nega, de l'explosion de ton âme. Yamaguchi doit aussi le savoir, même s'il n'a rien dit, mais c'est seulement par ta destruction totale que le calme sera rétabli.
A l'entente de ces mots, Nega serra ses poings, alors même qu'un long râle sortait d'entre ses dents. Il se retourna vers Yam.
-Je le savais, il n'y a jamais eu d'autre solution ! Au début comme à la fin, toi et moi dans un dernier combat !
Il ne prit même pas la peine de sortir un pokémon et se rua sur Yamaguchi qui était trop émotif pour réagir. Son double le plaqua au sol et d'un seul coup de poing lui fit tourner la tête. Sylvestra se reprit et se jeta contre Nega, le faisant vaciller.
Elle aida Yamaguchi à se relever alors qu'ils faisaient tout deux face à Nega, Lily derrière regardait d'un air cryptique.
-Les retrouvailles ne sont pas vraiment comme je l'espérais... Lança Yamaguchi en direction de son amie qui le soutenait.
-J'imagine que poser des questions est inutile ?
-Je pense oui. Si tu pouvais juste m'aider à régler son compte à ce type une bonne fois pour toute... Je te la fais un gros, la partie sombre de mon âme matérialisé sous la forme d'un psychopathe cannibale voleur de corps, avec un penchant pour la rédemption, je l'espérais.
Pour seule réponse, Sylvestra prit une pokéball en main. Yamaguchi fit de même, ce qui provoqua chez Nega un long rire tourmenté.
-Vous avez peur de m'affronter en face ?! Vous autre humains, toujours à vous cacher derrière ces faibles créatures...
A la surprise de Sylvestra, Yamaguchi préféra répondre plutôt que de commencer inutilement un combat qui s'annonçait violent.
-Toujours à te mettre à l'écart des humains n'est ce pas ? Quoi, t'es trop bien pour nous ? Tu as eu mon corps Nega, tu l'as eu longtemps, à quoi ça t'as servi ? Tu avais une chance de comprendre ce que c'était d'être humain, et au final ça n'a servi à rien pour toi ?!
-Pas la peine de philosopher, je voulais juste un corps parce qu'être un morceau d'âme, une ombre sans forme, ça n'a vraiment rien d'amusant.
Alors que Yamaguchi allait répliquer, Sylvestra lui prit la main, le faisant se taire. Elle s'avança vers Nega, lentement, sans que personne ne parle, dans une atmosphère irréaliste. Elle avait compris la situation, et elle lança un léger regard à Lily qui hocha positivement sa tête.
Sylvestra était à deux pas de Nega quand elle s'arrêta, regardant le démon droit dans les yeux.
-L'image que vous avez de vous-même... C'est tout ce qui compte pour vous. L'image que vous avez de l'ancien vous, c'est celle à laquelle vous vous accrochez, vous refusez de voir la réalité : vous avez changé.
-Qui t'es pour m'analyser comme ça ?!
-Ces mots que vous prononcez, maintenant, ne vous aurez même pas traversé l'esprit avant. Il y a deux vous. Le démon d'autrefois, et l'homme d'aujourd'hui. Vous refusez de le voir, vous devriez. J'avais un ami comme vous, et quand il a vu qui il était autrefois, il n'a pas hésité à le redevenir, parce qu'il avait peur. Parce que je pense qu'il était heureux, et ça lui faisait peur. Et maintenant je dois le traquer, je dois le vaincre, et nous serons tous deux malheureux. Vous pouvez encore éviter ça Nega. Vous pouvez accepter que vous êtes aujourd'hui quelqu'un avec un peu plus de décence qu'hier.
La créature baissa les yeux une seconde, et durant cette seconde tous les protagonistes dans la pièce virent en lui un humain parfaitement normal. Il avait du sang sur les mains bien sûr, beaucoup de sang, mais tous avez vu en lui une possibilité de se racheter. Sylvestra l'avait vu dans son âme.
Finalement, Nega releva la tête, comme lessivé.
-Et même si j'accepte, ça ne change rien à la situation. Je suis le monstre, et vous devez me tuer pour arrêter tout ça. Dans les ténèbres, des centaines meurent, consumés par leur cauchemars, alors l'un de vous devra me regarder dans les yeux et me tuer une bonne fois pour toute.
-Personne n'aura à faire ça.
Tous regardèrent Lily qui venait de parler.
-Il y a aussi des veillées funèbres dans mon monde, comme dans tous les mondes. Le but est bien sûr de pleurer le défunt, mais c'est avant tout de se réconcilier avec ceux que l'on ne voit plus. C'est une chance de comparer tous ces problèmes qui parasitaient notre vie avec la mort d'un proche, et de se rendre compte à quel point ces choses comptent peu. Ceci est ma veillée funèbre, et il est temps pour chacun d'entre vous de se rendre compte que la destruction n'est pas la seule option.
Yamaguchi et Nega se regardèrent un moment, commençant à comprendre. L'original fut le premier à parler.
-Tu m'as aidé au tout début, même si c'était toujours dans tes propres intérêts. Tu as tué beaucoup de monde et sali mon corps et pour ça jamais je ne te pardonnerais. Mais tu n'es rien d'autre, à l'origine, que l'obscurité de mon âme. Tu n'es que mon Double. Tu n'aurais jamais dû prendre forme dans ce monde, est ce qu'il y a vraiment autre chose à faire que de t'accepter malgré tout ?
Nega le fixa un instant, puis éclata de rire.
-Alors c'est ça, être humain ? Accepter les autres, même si au fond on les déteste ?
-Non, ça c'est juste être idiot. Mais je le fais quand même. Deux âmes opposées ne peuvent cohabiter dans un même corps, mais je n'ai plus envie de me battre contre toi. Je t'accepte.
Comme seul geste, il lui tendit la main. Main que Nega regarda de haut un instant.
-Il y a une minute j'avais envie de tous vous bouffer... Où étais ce il y a plus longtemps ? Tu crois vraiment que je vais te prendre la main et disparaitre, abandonner ce corps que j'ai tant envié ?!
-Je te propose de me rejoindre. D'abandonner tout ce superflu de ténèbres dont tu t'es entouré durant tout ce temps, et de redevenir cette petite partie d'âme, et de retrouver ta place. Tu ne disparaitrais pas, tu serais une partie de moi, intégrante.
Nega jeta un coup d'œil circulaire autour de lui, maintenant le suspens.
-Il n'y a aucun scénario où je gagne, pas vrai ? On a déjà fusionné dans le vrai monde, donc c'est fini pour moi...
-Autant partir avec les honneurs non ?
-Sauf que tant que je n'accepterais pas pleinement que je veux te rejoindre, ça ne marchera pas !
Yamaguchi avait toujours la main tendue.
-C'est vrai.
Alors même qu'il admettait cette réalité, Sylvestra s'approcha de Nega, et lui prit la main, ce qui provoqua un mouvement de répulsion de la part de l'ancien démon, mais la jeune femme ne lâcha pas prise.
-Ce que vous vivez, ce n'est pas la vraie vie. Juste un semblant d'existence, et vous condamnez Yam à la même chose. Vous voyez cette union comme la fin, mais ce n'est que le début de la plus grande aventure. Considérez que jusqu'à maintenant vous n'étiez pas vraiment vivant. Ce besoin constant de chair humaine ? Cet appétit sans fin était là pour combler ce vide. Considérez ça, et demandez vous qu'est ce qu'on ressent quand on est complet ? Vous vouliez avoir un corps, vivre ? La solution est devant vous. Votre seule chance.
Nega la regarda un moment, puis regarda Yamaguchi. Il fit finalement un pas vers lui, et regarda sa main, toujours tendue, avant de laisser échapper un petit rire nerveux.
-L'aventure a intérêt à en valoir le coup.
Il balança son bras et sa main rencontra celle de Yamaguchi. Ils se regardèrent une seconde dans les yeux, et le jeune homme murmura.
-C'est la meilleure.
Alors une vive lumière traversa la pièce. Tous furent éblouis, puis tout revint dans l'ordre. Sylvestra ouvrit les yeux pour découvrir devant elle Yamaguchi, un genou à terre, inspectant son propre corps à tâtons, pas très conscient de ce qui l'entourait.
-Yam ?
L'intéressé tourna un regard hésitant vers son amie, n'arrivant pas à parler.
-Comment tu te sens ?
Yamaguchi se tapota la joue droite, se passa une main dans les cheveux, puis un sourire vint à ses lèvres alors qu'il se relevait.
-Sylvestra !
Sans réfléchir, et en poussant un petit cri de joie, il se jeta dans ses bras. La jeune femme faillit tomber en arrière, tint le coup, puis éclata d'un rire franc. Un rire qui se transforma en sanglot après quelques secondes, alors qu'aucun des deux ne voulait lâcher son étreinte.
-Il est arrivé des choses Yam... Il m'est arrivé des choses affreuses...
Le jeune homme, la tête sur l'épaule de son amie, se contenta de la laisser s'exprimer. Du moins c'est ce qu'il aurait fait si une pensée ne l'avait obligé à se retourner vers l'autel, pour découvrir que Lily était affalée sur le dos, ses longs cheveux dorés tombant en cascade le long des deux marches l'élevant par rapport à ses amis.
Sylvestra retint ses larmes et accouru vers Lily, suivie par Yamaguchi. La jeune fille ouvrit les yeux quand ils s'approchèrent d'elle.
-Lily ! Reste avec nous ! Cria Sylvestra. S'il te plait !
La jeune fille plongea son regard bleu dans celui de son amie. Et alors Sylvestra comprit, que Lily n'était qu'une enfant. Qu'elle n'avait pas même vécu le quart de sa vie et qu'elle était déjà arrachée au monde des vivants depuis bien longtemps.
Les ténèbres qui les entouraient persistés, et tant que Lily vivrait le monde en bougerait pas. Ils le savaient car ils étaient ensemble dans le même rêve. Les pensées étaient des mots, mais Yamaguchi formula quand même une phrase.
-Nous sommes tous morts le jour où nous sommes arrivés ici.
Lily ne parla pas, pourtant ses deux amis entendirent son dernier message.
« Je suis déjà partie. Mais qu'aurait été ma vie si elle n'avait pas servi à livrer un message. J'ai eu la chance de me retrouver ici aujourd'hui, en dehors du royaume des morts, pour vous transmettre ces paroles et pour donner un sens à ma vie. Sylvestra, Yamaguchi, n'abandonnez jamais le combat. Ne vous battez pas par vengeance, ne vous battez pas pour vous battre car c'est la pire chose en ce monde. Battez vous pour la liberté des peuples, et le bonheur de tous. Battez vous pour ceux qui vous sont chers, et contre les ténèbres. »
Et après ce moment de lucidité divine, toute la mysticité qui entourait Lily s'envola. Ses yeux paniqués croisèrent ceux de ses amis alors que son corps froid tremblait.
-Je ne veux pas mourir...
Yamaguchi prit la main de la jeune fille et la serra, alors que Sylvestra lui embrassa le front en chuchotant :
-Ca va aller... Ca va aller...
Puis Yamaguchi ne sentit plus aucune pression contre sa main, et Sylvestra aucune chaleur sur le front.
Ils restèrent là, assis dans le noir, alors que déjà le corps de Lily avait disparu. Sylvestra aurait voulu pleurer, elle avait tellement pleuré ces derniers temps... Mais elle comprit qu'elle ne pouvait plus. Elle devait être forte, pas forcément pour elle, mais pour les autres.
Après quelques secondes, Yamaguchi posa son regard sur elle, déterminé.
-Elle nous a demandé de ne pas nous battre par vengeance... Mais je ne peux pas. Trop de monde est responsable de sa mort, moi le premier, et je ne reposerais pas en paix tant que les gens comme le Maître n'auront pas eu ce qu'ils méritaient.
Le monde autour d'eux commençait à s'effondrer. L'église disparaissait alors qu'une lumière apparaissait au loin. Sylvestra comprit qu'il n'y avait plus beaucoup de temps, et chassa son chagrin.
-Yam, les fondations de l'Arena seront plus faibles que jamais après ça. A mon retour dans la réalité, j'aurais une armée pour frapper le Maître.
-Ca ne suffira pas. Il n'a jamais eu à faire à une attaque extérieur, mais il est le maître de son royaume et s'en sortirais sans problèmes... Mais si on conduisait en même temps une attaque intérieure...
-Une révolte Yamaguchi. Quand nous nous réveillerons, nous devrons nous armer nous et notre monde, et prier pour que notre timing soit bon. Si on attaque tous les deux massivement l'Arena...
-Alors ce sera la fin. Certainement pas du Maître, mais de l'arène ! Du monde !
-Yam, il y a des chances qu'on coule avec le navire...
-Alors notre vie, et notre mort, aura eu un sens. On le fera pour Lily.
Alors que les ténèbres disparaissaient, noyés sous une vive lumière blanche, un dernier sourire mélancolique apparu sur le visage de Sylvestra. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais il était trop tard, et le monde prit fin.

Douleur.
Un réveil en sursaut pour Yuri, mêlé à un cri.
Le jeune homme voulut bouger, mais une poutre lui bloquait la jambe. Tout autour de lui n'était que décombres et flammes, et bien vite il se mit à tousser, ayant du mal à respirer. Une voix lui parvint tout de même aux oreilles alors que ses forces l'abandonnait.
-Yuri, reste éveillé !
Il voulut se donner une claque pour se revigorer, mais il n'en avait plus la force. S'il n'était qu'un simple être humain il serait probablement restait endormi, ne se rendant même pas compte de sa mort, mais il avait été réveillé pour contempler le spectre dans les yeux.
Mais alors qu'il était au fond de l'abysse, une pensée vint le réconforter.
Il ne pouvait pas mourir ici. Après tout, il était Yuri MacLane, il faisait partie du grand plan de toutes choses et ne pouvait pas mourir ici. Pas encore.
Alors qu'un sourire, un peu fou, se dessinait sur son visage, il ne sentit plus de pression sur sa jambe. En se retournant, il constata qu'Opale avait créé ingénieusement un système de levier qui l'avait aidé à libérer Yuri.
-Cours maintenant !
Comme dans un rêve, Yuri se traina. Sa jambe droite ne répondait plus, alors, voyant tout son monde au ralenti, il posa un bras devant l'autre et avança. Il vit Opale lui dégager un chemin, alors que la petite fille du même nom reposait par terre, inconsciente. Opale lui criait quelque chose, mais il n'entendait pas. Un instant son esprit divagua, et les flammes qui l'entouraient devinrent de hautes herbes lui chatouillant le visage.
Yuri regarda avec émerveillement la prairie dans laquelle il était. Des papillons volaient et le soleil était au midi, une odeur de menthe planait dans l'air.
Et pourtant, à deux mètres de Yuri se tenait un homme de dos, vêtus de vêtements sombres, la tête gravement baissée.
Yuri dit quelque chose. Il en avait l'impression du moins. Ses lèvres avaient bougées, mais qu'avait il dit déjà ? A moins qu'il n'ait pas bougé un muscle, mais que les mots se soient quand même envolés ?
L'homme devant Yuri se retourna lentement, dévoilant son visage. Le jeune mage ne fut même pas surpris de se découvrir lui-même avec pour seul changement deux pupilles blanches.
Mais l'image de l'homme se brouilla, comme des interférences, l'espace d'un instant un masque sombre apparu sur son visage, puis sous ce masque apparu un tout autre visage, un que Yuri ne connaissait pas, puis il redevint Yuri. Et il parla.
« Le royaume des Ombres n'est jamais loin, l'ombre n'est jamais loin. Tout se confond. Je serais toujours là Yuri Mac Lane, toujours derrière toi, dans ton sillage. J'attendrais ta chute, mais ne la provoquerais pas. Ainsi va le destin d'une Ombre. »
Yuri ouvrit les yeux.
Devant lui la maison brûlé, alors qu'il était lui-même en contact avec l'herbe fraiche. A ses côtés, Opale soupira quand elle le vit ouvrir les yeux.
-J'y retourne ! Je dois m'aider.
Le jeune homme voulut protester, mais il ne put ni parler, ni bouger.
Déjà Opale courait.

Opale était une petite fille, et elle avait peur. Parce que sa maison brûlée, parce qu'elle ne comprenait pas. Elle avait peur et elle pleurait, quand une main toucha la sienne.
Au milieu des flammes et des ombres, elle ne discerna pas bien la femme, et n'en garda qu'un souvenir flou dans les années qui suivirent.
Elle fut cependant marquée à jamais par cette rencontre. Par cette jeune femme qui lui prenait la main et la consolait alors que le monde autour d'elle s'effondrait. Ses longs cheveux blonds lui entouraient le visage, alors qu'elle la tirait hors des ténèbres.
Opale la regardait sans vraiment la voir, et des années plus tard l'admirerait toujours, simplement car elle avait l'air forte. C'était la fin du monde, et pourtant elle ne pleurait pas, elle l'aidait au péril de sa vie, en gardant cette fermeté dans le regard, et cette compassion qu'Opale sentait dans la main qui l'empoignait.
Puis ils furent hors des ténèbres et des flammes, et la femme lui parla.
-Il t'est arrivé beaucoup de chose et tu n'en es même pas à la moitié de ta vie. J'aimerais pouvoir te dire que tout est finit, et que tout va s'arranger, mais la vérité c'est que ça ne fait que commencer. Il n'y a que peu de temps que j'ai réalisé ce que ça impliquai de venir ici aujourd'hui, parce que maintenant je dois te dire que la seule personne responsable de tout ça est Yuri Mac Lane, et que tu dois passer le reste de ta vie à cherche à moyen de changer ce qui s'est produit cette nuit. Tu comprendras avec le temps, et alors peut être que tu me pardonneras de te dire ça. Moi je n'en ai pas encore trouvé la force.
Opale ne comprit pas tout de suite. Elle ne comprit pas une heure plus tard, ni une semaine. En vieillissant elle crût comprendre, elle suivit aveuglement ces mots qui volaient dans la nuit.
Le jour ou Opale comprit finalement le sens de ces mots était le même jour où elle les entendit. Le jour où elle les prononça.
Mais la jeune Opale en était encore bien loin. Elle regarda cette mystérieuse femme se levait et s'en aller au milieu des flammes.
Et c'est là qu'elle le vit lui.
Le héros.
Cette homme qui rejoignit la femme et passa son bras par-dessus son épaule. Cette silhouette aux vêtements en haillons flottants dans le vent. Cet homme qui ne se retourna qu'une fois pour lui lancer un regard qui ne la quitta jamais.
Opale comprit cette nuit là.

-Tu es sûre qu'il n'y a rien à faire pour elle ? Demanda Yuri.
Celle qu'il pouvait maintenant appeler son amie secoua la tête.
-Mes souvenirs sont flous, mais je me souviens être restée seule un très court instant. Après, ils sont arrivés.
Opale finit sa phrase et resta là sans rien dire, regardant ce qui restait de son ancienne maison partir en fumée.
-J'ai voulu l'empêcher... Et je l'ai provoqué. Même ma colère envers toi était fausse, j'avais besoin de me convaincre que c'était ta faute pour que tout s'emboite et que je revienne ici.
-Mais si tu ne l'avais pas fait, rien ne serait arrivé.
-On ne le saura jamais.
-Si tu n'avais pas dit ce que tu as dit à la jeune toi, il y a des chances que ta vie se déroule autrement et que tu ne sois pas ici ce soir pour assister à la mort de tes parents. De bonnes chances même, pourquoi tu ne l'as pas fait ?
-Parce que c'est mon destin d'accomplir tout ça.
Yuri rit jaune.
-Toi qui vois le temps dans toute sa complexité, je ne pensais pas que tu croyais à ça.
-Il y a des choses qui vont arriver. Les nœuds dans le temps, les points fixes. Des évènements qui se déroulent qu'on le veuille ou non. Et puis il y a les évènements qui doivent arriver, comme ce soit, et il y a des gens comme moi pour s'assurer qu'ils arrivent.
-Des pseudos mages ? Il y en a d'autres ?
Opale tourna sa tête et planta son regard bleu dans celui plus sombre de Yuri.
-Des gens avec du bon sens. Même si c'est douloureux, certaines choses doivent arriver parce qu'elles font de nous ce que nous sommes aujourd'hui, et on fait tous parti d'un plus grand tableau. C'est toi qui m'as appris ça.
Yuri fut perplexe un moment, puis sourit.
-C'est vrai.
Et ils regardèrent la maison brûler, sans même se demander comment ils aller rentrer. Sans même remarquer la présence de deux individus derrière eux, dont l'un portait la jeune Opale endormit dans ses bras.
Finalement Yuri, qui sentait sa nuque le picotait, se retourna instinctivement pour faire face avec surprise aux deux entités.
Ils avaient une apparence humanoïde, mais étaient très fin, très élancés, mesurant quelques deux mètres de hauts. Leur peau comme leurs vêtements étaient d'un blanc immaculé, et leurs longs bras touchaient presque le sol. Ils n'avaient aucuns cheveux, et sur leur visage se confondaient nez, bouche et oreilles, même si leurs yeux étaient bien en place et fixaient l'âme même de Yuri et d'Opale qui s'était également retournée.
Cette dernière ne parut pas surprise, même si sa voix tremblante la trahissait.
-Vous me devez des explications...
La créature qui tenait la jeune Opale se contentait de les regarder, et ce fut l'autre qui s'exprima.
-En cette même nuit tu arrives à deux dénouements dans ta vie. Nous t'avons sauvé ce soir et maintenant nous allons répondre à tes questions.
Yuri, perplexe, se pencha légèrement vers son amie.
-Ça te dérangerai de m'expliquer ce qui ce passe ?
-Ce sont les entités du temps, des espèces de Dieu qui ont les mêmes pouvoirs que moi. Comme tu peux le voir, ils m'ont récupérée juste après l'incendie de la maison et m'ont amenés dans un espace hors du temps pour me préparer et réveiller mes pouvoirs soit disant pour me permettre de remonter le temps et de me sauver, en vérité pour que je te rencontre de nouveau et t'aide dans ta quête.
La créature répondit aux menaces muettes d'une voix chaleureuse.
-Nous sommes désolés Opale. Nous avions regardés dans le temps et vu Doomsday, nous avons vu toutes les lignes temporelles converger vers un seul point, au milieu de toutes les époques, le passé le présent comme le futur se dirigeant vers cette rencontre fatidique. Et nous avons vu que tu ne pourrais pas y arriver Yuri.
Le jeune homme sursauta, surpris d'être mêlé à tout ça. La créature n'en tint pas compte et continua son explication.
-Pas seul en tout cas. Nous avons lié l'âme d'Opale à ton destin, et sommes intervenus quand il le fallait pour te mettre sur la bonne voie. Tout ça pour te permettre d'atteindre Doomsday.
Yuri serra son poing. A en voir l'expression sur son visage, il n'était pas très heureux avec ce qu'il venait d'apprendre.
-Et vous pensez avoir le droit de manipuler des vies comme ça ? Qu'est ce qui se serait passé pour Opale si vous ne vous étiez pas amusés avec elle ? Où en serait elle maintenant ?!
La créature mis quelques secondes à répondre.
-Ce n'est p....
-Répondez !
-... Vous pensez que c'est si simple ? Le temps est si complexe, vous ne pouvez même pas imaginer ce que nous voyons. Sans nous, Opale est morte écrasé par un camion, ou poignardée par un petit ami jaloux. Elle est femme au foyer ou PDG d'une grande entreprise, aujourd'hui elle est vieille comme jeune, aimé comme aimante. Elle est déesse de cette terre ou empereur des neufs planètes, elle est seule dans une chambre d'hôtel un revolver à la main et elle peut porter une cagoule et pointer ce revolver sur un innocent. Sans nous Opale aurait pu découvrir l'Atlantide ou la Porte des Limbes et déverser sur ce monde les hordes de démons rieurs. L'avenir de chacun peu le rendre roi ou mendiant, mais nous sommes là pour nous assurer que ce qui doit arriver se déroule sans problèmes.
Yuri resta bouche-bée, ne sachant que répondre. Opale ne cherchait même pas à répliquer, ayant déjà passé des années en la présence des deux entités, ne connaissant que trop bien leur vertigineuse vision des choses.
Finalement, le jeune homme formula une question.
-Et en quoi les évènements de ce soir étaient vraiment importants ? C'était juste pour que moi et Opale liions nos destins ?
-Pour ça bien sûr, mais parce qu'en ce lieu ce trouvait certaines clés à toute cette intrigue. D'abord nous, les entités du temps. Nous ne descendons jamais sur cette terre, mais comme nous sommes là ce soir pour nous occuper d'Opale, nous avions décidés que vous nous rencontriez également cette nuit. Bien sûr pour cela il fallait que vous puissiez voyager dans le temps, mais vous aviez Celebi, acquis grâce au travail d'Opale dont les motivations viennent de cette même nuit. La deuxième clé se cachait dans la maison, vous vous en êtes rendu compte. Les Ombres seront toujours présentes dans ce monde et les Double apparaîtront toujours de façon sporadique. Le fait est qu'ils auront un rôle dans la guerre qui approche, comme chaque monde. Le fait est également que l'Ombre de la prophétie, cette créature que redoutaient tant les hommes de l'ancien monde, n'est qu'une représentation de la Bête décrite dans la prophétie de Doomsday. On la retrouve dans de nombreux anciens textes sous des formes différentes, car elle est le cauchemar de tous les mondes.
Voyant qu'il n'allait pas parler plus de lui-même, Yuri le pressa, sachant en son for intérieur que l'entité ne répondrait plus qu'à une seule question avant de partir.
-Qu'elle est vraiment cette créature ?
L'entité resta muet un instant, lança un regard à la jeune Opale, puis fixa Yuri.
-Il a bien des noms, mais on le nomme le Destructeur des Mondes, Bahamut le grand et redouté.
Et sur ces paroles énigmatiques, ils disparurent comme un mirage.
Yuri et Opale n'eurent même pas le temps de se poser une quelconque question qu'ils étaient tous deux happés à leur tour dans un étrange vortex, brouillant leurs sens, enlevant tour à tour la vision, l'ouï et le touché. Puis tout revint, en même temps mais pas forcément au bon endroit.
Yuri ouvrit les yeux pour se retrouver assis à une table, dans ce qui semblait être un café américain des années 80. Tout d'abord affolé, il n'eut qu'à jeter un œil par la fenêtre pour se rendre compte qu'il était bien retourné à son époque et se trouvait seulement dans une imitation des-dit café. Une jeune serveuse lui apporta d'ailleurs la boisson encore fumante, un sourire aux lèvres.
-Votre café monsieur.
Yuri était tellement surpris qu'il ne lança un merci que cinq secondes après qu'elle ne soit parti.
Pourquoi était il revenu dans cet endroit, et pourquoi Opale n'était pas avec lui ? Yuri aurait pu passer du temps à se poser en boucle ces questions, mais il préféra soupirer et boire son café, appréciant un petit moment de vie comme il en avait rarement ces derniers temps.
En face de lui, un homme vint s'asseoir.
-J'imagine vu ta tête d'idiot heureux que tu ne vas pas me raconter tout de suite ce qui s'est passé ?
Yuri sourit à Drew comme seule réponse.
-J'aimerai te demander où tu étais pendant ces cinq derniers jours, ou encore où est River Song...
-Tu m'as trouvé en quelques minutes, tu la trouveras bien elle. En attendant commande un café, et apprécie la vie. J'ai vu des gens mourir, sacrifiés par des dieux qui voient les choses à grande échelle et je me suis rendu compte que pour l'instant nous n'étions que des pions d'échiquier, et que nous pourrions être sacrifiés dès demain, alors en attendant apprécie ton café.
-...Et tu as quel âge déjà ?
-Je crois que j'ai quinze ans, techniquement j'en ai seize, mais j'ai l'impression d'en avoir cent, et cent de plus à chaque fois qu'une aventure comme celle-ci arrive.
Drew regarda Yuri un instant, tentant de déchiffrer ses mots et son regard, puis haussa les épaules.
-A quoi bon ? Hey miss, un café s'il vous plait.

Yamaguchi se releva.
Il se trouvait dans son lit, comme si rien n'avait changé. Il inspecta son corps, se convainquant qu'il était bien revenu, puis ouvrit la porte qui le mena à la salle principale.
Rien n'avait changé. Il douta un moment de la réalité des faits, mais une larme roula sur sa joue sans même qu'il ne s'en rende compte. Alors Yamaguchi regarda de nouveau la salle et se rendit compte pour la première fois que Yuri n'était plus là, ni Sylvestra, et ni Lily. Plus jamais Lily.
Du monde commençait à se rassembler, les survivants certainement. Ils demandaient des réponses, ils voulaient savoir ce qui c'était passé. Quarante-Deux apparu et fit un discours, visiblement lui-même choqué. Il expliquait que des dizaines étaient morts, mais Yamaguchi n'écoutait pas, il était trop occupé à fixer la porte de l'arène.
Se battre jusqu'au bout. Se battre pour ce qui est juste. Se battre pour Lily.
Yamaguchi était de retour, et il avait un plan. Il affronterait ses adversaires un par un peu jusqu'à arriver en face du Maître, et alors il commencerait le combat inégal. Il savait qu'il ne pouvait pas le vaincre, mais il ne comptait pas se battre pour gagner.
« Sylv, Yuri... Je chauffe la salle pendant votre absence, vous avez intérêt à revenir ! »

-Sylvestra... Il y a tant à faire pour la ville...
La jeune femme ne regarda pas son interlocuteur. Perchée dans l'encadrement d'une fenêtre, elle observait l'horizon.
-Que chacun ai le temps de pleurer ses morts, mais il faut se préparer. L'heure n'est plus aux intrigues politiques Thomas, notre peuple doit se relever et marcher vers l'horizon et l'ultime bataille.
Un sourire se dessina sur ses lèvres, mais personne n'en sût jamais rien.
-Et j'ai hâte d'y être.