Pokemon Arena de Hybries

Chapitre 30- Smells like fire

Mourir était quelque chose… d'étrange.
Sylvestra s'attendait à une lumière aveuglante ou au contraire aux ténèbres, elle s'imaginait peut être même voir sa vie défiler devant ses yeux.
Mais il n'en fut rien. Elle était là, le sang s'écoulant de son abdomen, étendue au milieu de la grande place, les yeux rivés dans le crépuscule et personne autour d'elle pour l'aider.
Alors Sylvestra se rendit compte qu'il ne s'agissait peut être pas de la fin. Peut être pouvait elle encore se battre.
Elle rassembla toutes les forces restantes dans son corps et tenta de se redresser. Sa première réaction fut de détourner la tête pour cracher un filet de sang, et d'immédiatement retomber au sol.
Sylvestra lança un faible regard à sa blessure et ferma immédiatement les yeux, comme pour effacer ce qu'elle venait de voir. Et alors que sa conscience se faisait de plus en plus petite et que ses réflexions étaient de moins en moins censées, elle s'accrochait au peu de vie qui lui restait.
Le reste de la journée ne s'annonçait pas des plus lumineux.

C'était un lieu sombre et froid. Une faible lumière percée par l'intermédiaire de fenêtres placés à trois mètres du sol, et qui plus est teintés.
Au centre de la pièce se tenait Drew, droit, le regard fixé sur le jury en face de lui composé de trois hommes et deux femmes tous dans la force de l'âge.
Ceux-ci étaient en train de lire les rapports de l'affaire. Bien sûr, toute l'opération se déroulait dans le plus grand secret, et si Drew venait à être condamné il y avait de grandes chances pour qu'il finisse ses jours à l'ombre de tous les regards.
L'homme assis au centre, gras et débordant de sa chaise, presque chauve et portant des petites lunettes, se racla la gorge.
-Drew Egrey, votre paternel doit être… Jonathan Egrey n'est ce pas ?
-C'est exact monsieur. Répondit le jeune agent sans sourciller.
-Un type fameux, si vous voulez mon avis. Je ne l'ai rencontré qu'une fois mais la passion qu'il mettait dans son travail… Quel dommage que la Ligue n'existait pas à l'époque, il aurait pu être un de nos meilleurs éléments. Quelle tragédie, si jeune…
Drew soupira, n'aimant visiblement pas que l'on parle de son père. Du moins pas quand c'était un type qui s'apprêtait à l'envoyer à l'abattoir.
-Bien, nous pouvons donc commencer de façon officielle. Je serais le président de ce jury, qui a pour but d'établir votre part de responsabilité dans les récents évènements de la ville souterraine, à savoir sa destruction totale par l'activation d'un protocole trois. Êtes vous conscient des accusations que vous sont portés ?
-Je le suis.
-Et que pouvez vous nous dire là-dessus ?
Drew garda un petit temps de réflexion, mais uniquement pour faire patienter le jury. Il savait parfaitement ce qu'il allait dire.
-J'ai déclenché le protocole trois. Je l'ai fait pour sauver la vie de tous les habitants de la cité, à défaut de leurs habitations.
-Vous êtes conscient que votre action a provoqué la mort de trente six civiles ?
-J'en suis conscient désormais. Mais sans mes actions il y en aurait eu des milliers, tués par des pokémons mutés vivant dans les souterrains.
Une des deux femmes, placée tout à droite de la table, s'avança pour parler.
-Monsieur Egrey, ceci n'étant pas un procès enregistré et officiel, bien que la sentence qui sera appliquée le soit, je vais pouvoir vous dire ouvertement ce que ce jury pense avant même ce procès. Le gouvernement n'a aucune confiance en cette Ligue de Lutte Contre l'Arena. Vous êtes considérés comme des illuminés sans but, mais tant que vous ne faites de mal à personne nous vous laissons courir. Votre patronne Cynthia Yahole serait déjà internée à l'hôpital psychiatrique si elle n'avait pas été maîtresse de la ligue. Vous avez donc tout intérêt à vous montrer plus convainquant que ça.
L'agent eu un petit rictus nerveux, ce qui étonna le jury.
-Pardon ? Des fous ? Le département de la police chargé d'enquêter sur les disparitions en série, celui dans lequel j'ai travaillé, celui dans lequel mon père a travaillé, nous cherchions la même chose que la Ligue sans savoir à quoi nous avions à faire, le gouvernement ne le savais pas non plus. Et puis je me suis approché de la vérité, et le département a était détruit. Par cet homme, qui m'a regardé dans les yeux et m'a expliqué que j'étais dans le vrai avant de me laisser pour mort. Ce que nous cherchons est réel, la menace est réelle !
-Ça suffit ! Coupa un homme assit sur le côté gauche de la table. Visiblement votre défense n'est pas très efficace. Les rapports indiquent que vous vous trouviez avec votre coéquipier lors de l'incident, madame Yahole a consenti à le faire venir ici après un peu de résistance, ce qui est étrange si vous voulez mon avis. Veuillez laisser votre place. Faites entrez le témoin !
Les portes derrière Drew s'ouvrirent et Yuri arriva, escorté par deux agents en uniforme et ayant l'air plutôt mal à l'aise. Il s'approcha de la barre, et s'éclaircit la gorge.
-Ça fait un petit moment que je ne m'étais pas retrouvé dans cette situation…
-Votre nom s'il vous plait, celui n'étant curieusement pas mentionné dans le rapport. Demanda le gros bonhomme au milieu.
Yuri afficha un grand sourire alors que Drew cachait son stresse.
-Smith. John Smith !
Tous les membres du jury levèrent la tête au même moment, n'ayant pas trop l'air de croire à un tel nom.
-Votre nom ! Répéta le président du jury, visiblement énervé.
Drew regardait l'adolescent, intrigué, celui-ci était plus que confiant et semblait même s'empêcher de rire.
-Est-ce une blague ? Demanda la femme qui s'était exprimée plus tôt. Ce garçon n'a pas seize ans ! Si Cynthia embauche des mineurs dans ses délires et les mets en dangers, ça devient une vraie secte ! Il faut l'arrêtait !
L'homme au milieu la coupa d'un mouvement de bras.
-Peu importe, nous verrons ça plus tard, étiez vous bien dans les souterrains avec monsieur Egrey lors de l'incident ?
-Tout à fait, ainsi que Madame DeJongue, la Reine de la ville souterraine, elle t'en veut beaucoup Drew d'ailleurs ! Ajouta t-il en regardant l'accusé qui ne comprenait pas.
-Vous êtes priés de ne pas vous adresser à l'accusée. Nous savons pour cette dame, malheureusement elle est en ce moment à l'hôpital, mais son témoignage ne devrait pas aller en votre faveur. Bien, que pouvez vous dire sur Drew Egrey ?
-Un type génial bien sûr. Je ne le connais que depuis une semaine, et il y a une petite différence d'âge, mais c'est un gars impliqué plus que tout dans son travail. C'est le genre qui en quelques secondes peu analyser la situation et prendre la bonne décision, et il est prêt à assumer les conséquences. D'ailleurs il veut les assumer, n'est ce pas Drew ?
-Ne parlez pas au…
-Non ce n'est rien vraiment. Vous le voyez comme un sans cœur capable de détruire une civilisation pour des chimères, mais il l'a fait parce qu'il n'y avait pas d'autres options. Malheureusement pour vous, vous avez là un être humain qui s'en veut malgré qu'il sache qu'il a fait le bon choix. Drew n'attends qu'une chose, sa condamnation. Mais ça n'arrivera pas Drew. On ne peut apparemment pas se passer de toi l'organisation.
Le jeune agent avait ouvert de grands yeux incrédules, lui-même incapable de savoir si son ami était dans le vrai ou le faux.
-Mais pour en revenir à notre mission, sachez que nous avons trouvés dans les souterrains une pokéball de ténèbres capable de capturer n'importe quel pokémon, et si trouvez également des membres du Clan des Ombres. Autrement dit, nous avons empêchés des mafieux de mettre la main sur une relique importante.
Le jury était perplexe. La seconde femme, qui n'avait pas encore parlée, s'exprima.
-Vous avez des preuves de ça ?
-Nous avons la pokéball. Les membres du Clan des Ombres sont morts, où on n'a juste pas retrouvés leurs corps sous les gravats. Mais vous pouvez nous faire confiance, ils étaient là et ils le revendiqueront certainement. Drew est parfaitement innocent, du moins il ne mérite pas d'être emprisonné. La LLCA est une organisation non-gouvernementale mais nous avons quand même votre consentement, nous ne sommes pas des hors-la-loi, de plus nous nous occupons de tout pour l'évacuation des souterrains, vous n'avez aucune raison concrète de condamner Drew Egrey ici présent.
Les membres du jury se regardèrent en soupirant. Un sourire s'afficha sur le visage de Yuri alors que Drew était perplexe.
Le président soupira, se faisant pousser un double-menton, avant de regarder Drew dans les yeux.
-Au vu de ce témoignage quelque peu étrange et personnel, nous avons pris une décision…

Yuri et Drew marchaient dans les rues de Doublonville alors que la nuit d'été était tombée, les étoiles illuminées le ciel et une douce brise rafraichissait la température qui commençait à peine à descendre.
-J'ai juste répété le texte de Cynthia, mots pour maux. Ricana Yuri.
-Je me disais bien que tu étais trop confiant. Soupira Drew.
-Il y en avait un peu qui venait de moi aussi. Mais elle m'a assuré qu'en disant globalement ça ils te laisseraient partir le temps d'analyser l'affaire plus en détails. Ça nous laisse quelques semaines.
-Pour trouver Celebi ?
Yuri s'arrêta, sourire aux lèvres.
-Mieux. Bien mieux.
Ils firent encore quelques mètres avant d'arriver devant un gigantesque trou sortant du sol à la diagonale. Des centaines de personnes l'escaladaient et encore plus attendaient dans une prairie adjacente. Quelques militaires supervisaient l'opération, et Drew reconnut des membres de la Ligue avec des lampes torches organisant les survivants par groupes.
-Tu t'es réveillé il y a combien de temps Yuri ?
-Oh, c'était il y a vingt-quatre heures plus ou moins. Cynthia m'a expliquée la situation et on a un peu tout organisé en même temps. J'étais pas vraiment à l'aise au début, surtout vis-à-vis de Cynthia, mais on a réussi à accorder nos cordes. Personne ne mourra aujourd'hui, j'ai promis de défendre notre organisation devant les tribunaux en échange qu'elle fasse honneur à toutes ces belles paroles et laisse vivre madame DeJongues. Tu sais Drew, j'ai passé tout ce temps dans l'Arena avec seulement des combats sans fin et sans conséquences, et aujourd'hui je suis heureux qu'il y ai un après. Qu'il faille revenir sur ce qu'on a accompli pour aider ceux qui sont restés en arrière. Tu devrais en profiter également, ça t'aiderais à te sentir moins coupable.
Drew regarda au loin les camps de réfugiés se former, avant de prendre un air plus confiant.
-Tu as peut être raison. Tu sais que tu es mature pour ton âge Yuri Mac Lane ?
-Tu commences à peine à le remarquer ? Je pensais qu'on se considérait déjà comme des égaux.
-Et bien à partir de maintenant c'est le cas. Allez viens, on a des vies à sauver.
Yuri fut heureux à cette pensée. Sauver des gens sans mener de combats. Même s'ils étaient dans cette situation par sa faute, il ne pouvait s'empêcher de voir le côté rempli du verre, ce qui le changeait un peu à vrai dire.

Il releva la tête. Huma l'air ambiant. Et un sourire s'afficha sur son visage.
-Il arrive… Celui qui a vaincu Yam par deux fois déjà… Il arrive, et je sens d'ici qu'il a bon goût !
A des centaines de kilomètres de là, à moins que ce ne fut qu'à quelques centimètres, Draker enfiler sa cape noire aux bordures dorées.
« Si Yamaguchi est un élément instable dans l'Arena, je dois l'arrêter. Je ne comprends même pas comment il a survécu la dernière fois face à mon frère, mais aujourd'hui c'est moi qui vais lui porter le coup de grâce. Puis ce sera au tour de Lily, et si seulement Sylvestra était encore là… Et pour finir Yuri. J'irais le chercher où qu'il soit dans l'univers, et le transpercerait avec mes propres mains. »
-De biens sombres pensées que tu as là.
Draker se retourna, surpris. En face de lui se trouvait un être connu sous le nom de Hel, le numéro dix de l'équipe du Maître. Il portait un masque bleu sur lequel des motifs étranges et vagues étaient gravés, et portaient comme tout membres de l'équipe une panoplie de soie, de cuir et de fer dans sa couleur.
-Mes pensées ne regardent que moi. Que fais tu ici ?
Un ricanement se mit entendre derrière le masque alors qu'il se rapprochait de Draker à coup de petits pas de danse.
-Enfin Draker, comme si tu l'ignorais ? Nous étions très bien entre nous jusqu'à ce que ton frère arrive et se proclame mercenaire du Maître. Un être assez puissant pour tester ses ennemis mais assez faible pour ne jamais les tuer. Mais le soleil a brillé de nouveau sur nos têtes quand il est mort. Et puis tu es arrivé, reprenant sa place, avec cependant je dois le dire bien moins de brio. Tu as encore des progrès à faire.
-Ça ne m'apprend rien ! Tu es jaloux de moi ?
-Non… Enfin un peu. Il te porte beaucoup d'attention, le Maître. Moi il ne me voit que comme l'agent de la sournoiserie et des complots, il m'a choisi pour ça mais au final il se méfie presque de moi. Il n'a rien à craindre, son esprit est barricadé, je ne peux pas deviner ses pensées les plus infimes. Enfin, je m'égare, je suis venu te prévenir que ce n'est pas Yamaguchi que tu trouveras sur le champ de bataille.
Draker fut étonné par cette déclaration, et écouta avec plus d'attention numéro dix.
-Mais encore ?
-Son âme est partie de son corps. Oh, je ne dirais pas qu'elle est détruite non, ce n'est pas aussi simple, elle est juste… Ailleurs. L'âme qui habite son corps est celle d'une créature nommée Nega. Je l'ai observé, il se moque des règles et de la conventionalité des choses. Il se jetterait sur toi et t'arracherais la tête avant même que tu ne sortes une pokéball.
-Mais, qu'est ce que c'est ? Comment il peut y avoir une autre âme dans le corps de Yamaguchi ?
Numéro dix ricana, faisant comprendre qu'il savait bien des choses et qu'il n'en dirait même pas la moitié.
-Certains crédules dans ce monde attribueront sa présence à la magie et la force des sentiments négatifs. Mais Nega est bien plus que ça, même s'il n'en a lui-même pas conscience. Il finira par le savoir, et à ce moment… Oh, je ne préfère même pas y penser.
-Il vaudrait donc mieux l'arrêter ?
-Ce serait préférable oui. De plus, si tu as toujours besoin de vengeance, sache qu'il a vaincu Yamaguchi a la mit à la retraite pour une bonne grosse période qui pourrait même être toute l'éternité. Et puis il est pratiquement Yamaguchi, il est juste son opposé sombre. Un adversaire de taille pour toi.
Draker regardait dans le vide à mesure qu'un sourire se dessinait sur son visage.
-Oui, bien sûr. Merci de ces renseignements Hel.
Le guerrier salua le mercenaire avant de disparaitre. Et de réapparaitre juste derrière Nega, agenouillé au pied d'une montagne, ne semblant pas faire autre chose que de rire avec démence, du sang sur les doigts.
-Et bien, je vois que tu as bien mangé. Rit numéro dix derrière son masque.
Nega se retourna brusquement, se leva et jaugea dur regard l'homme en face de lui.
-Vous avez changés de look non ? Et de voix ?
Hel rit de plus belle.
-Une touche d'humour ? Yamaguchi est encore quelque part là dedans ? Ou alors c'est juste ta stupidité Nega ? Mais ce n'est pas important. Je viens te prévenir qu'un adversaire approche.
-Je sais. Draker. Quand je n'étais qu'une âme incomplète j'ai tant souhaité l'affronter, toute cette rage inutile et sans fondements…
-Nous sommes d'accords sur ce point. Je voulais juste te prévenir qu'il sera prêt à t'affronter toi et personne d'autre, prêt à t'assommer avant que tu ne puisses tes dents. Tu devrais te battre à la loyale pour avoir une chance de le surprendre.
Nega regarda ses pokéballs sur sa ceinture.
-Je ne touche pas à ceux de Yam. Mais j'ai mon Carchacrok, si ça peut faire la différence, ce sera lui qui le mangera.
-Et bien je vois que tu es prêt. Avant que je ne parte Nega, j'aimerais savoir si tu as la moindre idée de ce que tu comptes faire dans le futur ?
Le regard hésitant du démon fit comprendre au numéro dix qu'il ne comprenait pas la question.
-Ton but ? Quel est il ?
Cette fois ci il comprit et présenta un large sourire de dents aiguisées.
-Vous humains vous vivez vraiment pour l'avenir. Je ne vis que dans le présent, mon seul confort est d'avoir de la chair et de m'en servir pour absorber plus de chair. C'est tout ce dont j'ai besoin pour me sentir complet.
-Bien sûr. Tu n'as aucune idée de ton rôle dans l'ordre des choses. Mais ça viendra. Et pour ton information, je te comprends, je ne suis moi-même plus très humain.
Nega sourit et s'approcha du guerrier jusqu'à le coller, et approcha sa bouche de l'endroit où devez se trouver son oreille avant de chuchoter.
-Je ne parle pas avec les humains. Je les mange. Vous ne dégagez aucune odeur, aucune chaleur, vous ne donnez pas faim. Je sais que vous êtes comme moi… Il y a quelque chose en ce monde qui comble votre appétit vous aussi…
L'être vêtu en bleu fit un pas en arrière, puis enleva avec précaution son masque. Le visage de Néga fut parcouru d'un rictus pervers en découvrant l'horrible vérité sur Hel.
-Un jour tu auras trop faim Nega. Et ton appétit te consumera. Et fais attention à d'autres choses, car tu croyais t'en être débarrassé, mais il revient.
La satisfaction du démon se changea en incompréhension totale, mais déjà numéro dix avait disparu.
Il se trouvait à ce moment dans la chambre du Maître, celui-ci regardant comme à son accoutumée l'infini rouge.
-Bon travail Hel. Personne ne t'égal dans la manipulation.
-A part vous bien sûr.
-Peut être. En attendant tu as fait les bonnes actions pour notre survie à tous.
-Ce garçon, Yamaguchi, est ce qu'il va vraiment revenir ?
Le Maître marqua un temps d'attente avant de répondre.
-Une possibilité sur des centaines d'autres. Une période de grands troubles arrive. Rien n'est clair, rien n'est fixe. Aucun nœud dans le temps, à part la promesse d'un grand désordre. Nega est soit la clé soit le catalyseur, et Draker a de fortes chances d'être un élément de l'équation important. Ce combat doit soit éviter les évènements à venir, soit les précipités. Mais tu me connais, je ne suis pas le genre à attendre.
Hel sourit, déchirant un peu plus sa peau en lambeaux. Oh oui, c'était un homme tellement pressé qu'il n'avait pas attendu pour la lui arracher à mains nues quand ils s'étaient pour la première fois rencontrée.

Sylvestra rampait.
Affaiblie, se vidant de son sang, elle s'accrochait à ce qui restait de sa vie pour rejoindre de l'aide. Ses pouvoirs de mages tentaient de la soigner mais l'expérience était encore nouvelle. Il ne faisait pas de toute qu'une telle blessure aurait tuée sur le coup n'importe quel être humain, ce que Sylvestra n'était pas.
Elle s'était déjà éloignée d'une vingtaine de mètres quand elle entendit une voix provenant de la place où elle s'était faite tirée dessus.
-Elle n'est plus là… Elle a survécu… Elle a laissée beaucoup de sang, ce sera facile de la suivre.
Le cœur défaillant de la jeune fille s'accéléra. Elle jeta un regard douloureux en arrière et vit la trainée de sang remontée jusqu'à elle. Elle s'adossa à une maison fermée et tendit le bras. De faibles étincelles vertes firent pousser de l'herbe un peu partout, que ce soit sur la terre ou la pierre, et recouvrit ainsi la piste rouge.
« Ok, ça va très mal… Les rues sont désertes, tout le monde dort… Je dois aller chez Kronnos… Il n'est pas loin, il pourra m'aider… Et je dois me lever aussi pour m'enfuir… »
Elle planta ses ongles dans la pierre derrière elle et fit un effort ultime pour se relever. Ses jambes fléchirent, la faisant s'écrouler au sol, mais l'entente de bruits de pas se rapprochant augmenta l'adrénaline de la jeune fille qui se releva, une main bouchant sa plaie et l'autre s'appuyant contre le mur. Elle mit un pied devant l'autre, faillit tomber, se rattrapa à une gouttière, cracha un filet de sang, puis avança. Chaque pas faisait mal. Mais chaque pas respirait la vie. Alors qu'elle avancée à un rythme de plus en plus soutenu, Sylvestra souffrait comme jamais elle n'avait souffert et en même temps s'accrochait à la vie. Cette vie qu'elle avait vue dans sa globalité quelques secondes avant l'impact, et elle avait vu la solitude, la peine et le désespoir. Elle avait également vu tout ce qu'elle n'avait jamais remarqué. Les mains tendues à son égard, la compassion, l'espoir débordant autour d'elle, trop prise dans sa carapace pour ne serait ce que caressait l'espoir de l'entrevoir.
Ce n'était plus une marche faible. C'était une course. La course de la vie.
-Sylvestraaaa…
La voix perverse et sadique résonnait derrière elle. Mais elle courait. Se mordant les lèvres, serrant les poings, elle courait à sa perte ou à sa renaissance.
« Je ne mourais pas aujourd'hui. Pas aujourd'hui, et pas comme ça ! »
Elle arriva enfin devant la porte de bois noir qu'elle cherchait. La fin de sa course lui fit prendre conscience qu'elle était au bord de l'évanouissement éternel, mais qu'importe. Elle frappa et après quelques secondes, Kronnos ouvrit. Le jeune homme ouvrit de grands yeux ébahis en contemplant la blessure béante, et réceptionna Sylvestra quand elle s'étala avant même d'avoir pu prononcer un mot.
-Merde Sylv, qu'est ce qui ce passe ?!
N'attendant pas vraiment de réponse, il la porta jusqu'à son lit sur lequel il la déposa avant de partir chercher des soins dans sa salle de bain. La maison avait tout d'un intérieur banal du vingt et unième siècle, à vrai dire Thomas, le bâtisseur, avait dû être plus qu'influencer par une vision de ses souvenirs perdus. Mais il n'y avait pas que l'apparence de moderne, le mode de vie de Kronnos était celui d'un jeune homme vivant dans les années deux milles. Il passa sous une arcade, ouvrit la porte de sa salle de bain, fit coulisser un placard et dévoila une trousse de premiers soins qu'il s'empressa d'apporter à son amie.
Sylvestra bataillait pour rester consciente. Un moment elle ouvrait subitement les yeux et prenait une grand inspiration, et l'autre elle sombrait dans les méandres de l'inconscience.
Finalement Kronnos arriva et fit tout le nécessaire en un temps record. Désinfection, suture, bandage…
Sylvestra le regarda une dernière fois dans les yeux avant de les fermer pour un profond sommeil, pas celui éternel qu'elle redoutait.
Elle rouvrit les yeux, peut être quelques heures plus tard, peut être quelques minutes, peut être même que le temps ne s'écoulait pas ici, elle avait oubliée.
-Kronnos ? Chuchota t-elle.
Des bruits de pas se firent entendre et le jeune homme arriva avec de gros cernes et un visage pâle.
-Sylvestra, la nuit n'en finit pas. Depuis que tu es arrivée, les heures s'écoulent et la cité continue de dormir.
La jeune fille n'entendait qu'un mot sur deux, mais ça lui suffisait pour comprendre que quelque chose n'allait pas. Kronnos s'agenouilla pour se mettre à son niveau.
-Tu iras bien. Ta magie te soigne plus efficacement que moi, je lui ai juste préparé le terrain. Tu avais un morceau de plomb dans le corps, il est ressortit par la plaie entouré d'une aura verte.
Il chercha un moment dans sa poche puis sortit la balle tordue par l'impact. Sylvestra l'observa un moment, n'aillant pas vraiment la connaissance de cette technologie, mais se l'étant faite compter par Yuri et Yamaguchi à de nombreuses reprises.
-Une arme à feu. Je ne pensais pas qu'il y en avait ici… Écoute-moi Kronnos, quelqu'un veut ma mort. Ça ne veut dire qu'une chose, des gens ici sont des traitres, en contact avec l'Arena. Et ce que je fais ne leur plait pas trop.
Kronnos assimila rapidement les informations, puis réfléchit à la situation.
-Pas forcément. Ça pourrait être Léokroft qui voit d'un mauvais œil ta montée de pouvoir. Les citoyens t'adorent.
-J'ai bien peur que ça pourrait être les deux… Le problème, c'est qu'il n'en a pas finir avec moi, il va finir par débarquer. Aide moi à partir, pas besoin de te mettre en danger.
Kronnos sourit en entendant cela et se releva, se postant devant la porte d'entrée et prenant une pokéball.
-Toi, tu ne bouges pas. Tu soignes peut être vite mais si tu sors de nouveau c'est du suicide. Je te protégerais jusqu'à ce que le matin arrive. Qui que ce soit qui te chasses, il manipule la cité pour que vous soyez les deux seules personnes consciente.
-Et toi ? Tu ne serais pas censé dormir ?
-Aucune chance. Je ne dors pas. Je ne dors jamais. Pas besoin.
A ce moment précis, la porte d'entrée vola en éclat. Kronnos se jeta sur le côté au même moment et évita sans le savoir un tir qui lui aurait été fatal.
Sylvestra voulut se jeter sur le côté, sortir un pokémon et envahit la maison de ronce. Mais tout ce que son corps voulait bien faire c'était la faire cligner des yeux, et même cela représentait un trop grand effort.
L'homme apparut enfin dans l'encadrement de la porte, même s'il était encore invisible de ses victimes. Grand, chauve, dans la force de l'âge, portant un manteau en cuir sombre et armé d'un fusil à pompe qui semblait tout droit venir du vingt et unième siècle. Une balafre qui couvrait la joue gauche et ses grands yeux aux reflets bleues indiqués une grande expérience mais également une certaine lassitude.
Il fit deux pas et se fit enfin voir de Sylvestra, sur le canapé dans la pièce principale, et de Kronnos, par terre dans la cuisine.
-Et bien, vous m'avez l'air d'un joli couple. J'espère que vous avez bien profités des quelques heures que j'ai mis à trouver cette maison, parce que maintenant c'est la fin.
Il braqua d'abord son arme sur Kronnos, visiblement le plus alerte et à même de le stopper. Mais une liane lui attrapa la jambe et le fit trébucher, le professionnel n'en lâcha cependant pas son arme, mais laissa à Kronnos le temps de se relever.
Sylvestra voulut le tirer en arrière, mais avoir déployé une simple liane l'avait vidée de ses forces. Elle se mit sur le dos et respira bruyamment. Kronnos se jeta sur l'arme encore dans les mains du tueur et commença alors un combat pathétique au sol où les deux tentaient de s'approprier l'arme. Finalement, un coup de pied bien placé dans le visage de l'assassin et lâcha prise. Le jeune homme se releva immédiatement, chargea l'arme et la pointa sur l'homme, calmant tout de suite le jeu.
-Qui êtes vous, et qu'est ce que vous voulez ?
Celui-ci passa sa main sous son nez pour essuyer le sang qui s'écouler, et rit faiblement, avant de tousser et de se tenir le torse en serrant les dents, toujours un sourire aux lèvres.
-Tu crois vraiment que savoir qui je suis importe ? La vraie question a posé mon garçon, c'est pour qui je travail, et je n'y répondrais pas. Quand à ce que je veux, ça parait évident n'est ce pas ?
Il décala son regard et son sourire s'élargit en découvrant Sylvestra en sang. Cela mit Kronnos hors de lui, le faisait se rapproche de l'homme.
-Alors pour qui tu travailles ?
L'homme rit de nouveau avant de s'étouffer une fois de plus. Il reprit sa respiration et fixa Kronnos dans les yeux, affichant toujours son sourire de supériorité.
-Je ne le dirais pas. Je n'ai rien à perdre, ce n'est pas mon monde, pas mes règles. Mort ou vivant, je gagnerais quand même le pactole en restant ici. La fille va mourir, je le sais.
Kronnos colla l'arme sur la tempe de l'homme.
-Donne moi des noms.
-Tu n'aurais pas le cran gamin. Si tu l'avais, tu te tiendrais à ma place.
Kronnos tenta de contrôler sa respiration, puis releva son arme, visa la jambe droite de l'homme, et lui explosa littéralement la cuisse. Le tueur paru surpris et hurla de douleur alors que l'hémoglobine avait tachée le sol.
Sylvestra observait cette scène, horrifiée, ne pouvant pas intervenir. Mais si elle avait pu, elle aurait arrêté cette folie. La seule action qui lui était possible de réaliser était de fermer ses yeux et d'attendre que tout cela passe. Que la guerre en son nom s'arrête.
-Réponds où je tire un peu plus haut cette fois.
-AH ! ahahahaha ! Ça ne change RIEN ! cracha l'homme, entre le rire et le cri. Tiré sur quelqu'un est autre chose que le tuer. Ôter une vie humaine, si tu es assez brave pour l'aider alors tu n'es pas assez souiller pour le faire.
Kronnos s'agenouilla et colla cette fois son arme sous la mâchoire du mercenaire. Il le fixa dans les yeux, et les mots sortirent sans même qu'il ne s'en rende compte.
-J'ai tué plus d'hommes dans ma vie que toi. Des femmes et des enfants même. Peux tu affirmer ça ? Peux tu ne serait ce qui penser sans dégoût ?
Il reprit immédiatement ses esprits et se tourna vers Sylvestra pour constater qu'elle n'avait visiblement pas entendue, trop occuper à respirer pour vivre. Ce petit moment de surprise fut celui auquel le mercenaire s'accrocha.
-Même, tu ne le feras parce qu'elle est là. Et pour autre chose aussi.
-Quoi ?
-Parce que ça ne te laisserais pas le temps de courir.
L'homme ouvrit son manteau et dévoila des explosifs attachés partout sur son corps. Même si Kronnos ne voyait pas de quoi il s'agissait, un vieux réflexe lui ordonna de partir en courant. Il se leva, lâcha l'arme, prit Sylvestra, et la porta à bout de bras hors de la maison. Il s'enfuit et… rien. Incrédule, il se retourna pour découvrir le mercenaire dans l'encadrement de la porte, le menaçant avec son arme.
-Tu ferais un mauvais joueur de poker mon gars. Maintenant retourne toi qu'on en finisse.

Drew et Yuri étaient en train de monter une structure en bois alors qu'ils étaient observés par des enfants sales et silencieux.
Drew se sentait coupable à chaque fois qu'il leur lançait un regard. Mais d'un autre côté, ils étaient déjà pauvres et abandonnés par la société avant son arrivé.
-Je sais à quoi tu penses. lança Yuri tout en forçant pour soulever une poutre. Mais grâce à toi ils se réintègrent dans la société. C'est un bon point. Bien sur le monde sera dur avec eux et les rejettera, mais ils seront à l'air libre, entouré par un monde plein de possibilités. Tu leur as ouvert un nouveau chemin.
Avant que Drew ne puisse répondre, Cynthia arriva, les mains derrière le dos, ayant l'air de superviser toute l'opération.
-Yuri a raison. Les souterrains n'étaient pas non plus un paradis. Les maladies se rependaient vite et la qualité de vie était basse. Ils étaient les pauvres de cette société, à part la reine, ils le sont restés. La Ligue prend en compte financièrement leur réintégration. Ils seront logés dans des bâtiments, entassés entre eux c'est vrai, avec tout juste l'eau courante, mais nous ne pouvons pas faire mieux. La vie reprendra son cours au bout d'un moment. Les enfants iront à l'école et toute cette société se renouvellera. Félicitation pour ton acquittement au passage.
-Ce n'est pas un acquittement, juste une suspension.
-Ça ne change rien, tu t'en sortiras. Ils sont réticents mais les choses vont changer à une vitesse folle. Je suis juste préoccupée par ce Clan des Ombres.
-Qui sont ils ? Interrogea Yuri, lui aussi intrigué par ce mouvement.
-Une secte. répondit la blonde. Ils veulent se faire passer pour une organisation criminelle comme la Team Rocket ou les autres qui ont sévies dans le monde, mais ce n'est pas ça. Ils vénèrent leur commandante comme une déesse, et elle leur récite ces prophéties de mondes meilleurs. Ils la suivent aveuglement et ne sont pas motivés par l'argent mais par des reliques. Si ce n'est pas un mouvement religieux, alors je ne sais pas ce que c'est.
-Et cette… River Song ? Questionna l'adolescent.
-Apparue il y a environ six mois. répondit cette fois Drew. Aucun passé connu, il est probable que ce soit un pseudonyme, ou alors elle a effacée toutes données la concernant. Quoi qu'elle veuille changer dans son passé, c'est pas jolie.
-Mais on a la pokéball de ténèbres, donc c'est bon non ?
-Je te rappelle jeune Yuri, qu'il y a dans ce monde trois pokéballs ultimes. Il en reste encore deux que toi et Drew allaient devoir trouver pour capturer Deoxys et Darkrai. Mais ce n'est pas pour tout de suite. La priorité est Celebi, il faudra nous y mettre le plus tôt possible.
-En attendant, aide nous un peu non ? Lança Drew à sa patronne en lui tendant une poutre.
La jeune femme fut surprise, tout comme Yuri, l'agent montrait un semblant de bonne humeur, et remontait donc la pente. Ils sourirent sans rien dire et se remirent tous au travail.
Environ une heure plus tard, Yuri, épuisé, alla s'asseoir à une table qui avait été dressé pour l'occasion et prit une bouteille d'eau qu'il avait accrochée aux côtés de ses pokéballs. Cynthia vint s'asseoir devant lui.
-Ta réintégration dans ce monde m'étonne Yuri. Tu es très à ta place.
L'adolescent sourit, elle n'avait pas tort.
-Avant je détestais tout ça. Maintenant, je vois juste la vie différemment. Ce qui était une corvée devient un plaisir.
-Tu es bien trop mature pour ton âge.
-J'ai passé du temps dans l'Arena. Ça ne s'est pas ressenti sur mon apparence, mais mentalement si. J'imagine qu'à l'intérieur je suis plus vieux que j'en ai l'air.
-Tu restes jeune. Et efficace. Dans les missions comme… dans ce qu'on fait ici.
-Drew se débrouille pas mal aussi.
Ils regardèrent le jeune agent qui travaillait vraiment dur pour la réintégration du peuple des souterrains. Cynthia fut secouée d'un petit rire.
-Il sait très bien qu'avec toute la volonté du monde il ne finira pas cette nuit, mais il s'active quand même. Il devrait se sentir mieux après ça.
Yuri observa le regard de la jeune femme, étonné.
-Vous n'avez pas une relation de patron a employé. Il y a plus.
-Ahah ! Pas ce que tu penses. Mais j'ai connu Drew avant tout ça. C'est une longue histoire, mais je peux te dire que c'était peu avant que son père ne meurt. Il n'avait que dix neuf ans, et nous nous sommes tous trois retrouvés sur une enquête étrange… Aucun de nous n'a trouvé la clé du mystère. Dans les mois qui suivirent, j'ai fondé officiellement la Ligue, Drew est rentré dans la police, et son père est mort dans un accident, bien que Drew ne soit pas convaincu de cette version des faits.
-Cette enquête… C'était important ? Je veux dire, si c'était mystérieux, et si en plus le père de Drew travaillait dans la section de police s'occupant des disparitions…
-Non, ça n'avait aucun rapport avec l'Arena. C'est ce que j'ai cru au début, mais ce que nous avons tout trois vus, c'était totalement différent. Ca a changé nos vies. Ça m'a inspiré à continuer sur cette voix, ça a inspiré Drew a continué lui aussi, quand à Jonathan… Désolé Yuri, mais en plus du fait que le dossier soit classé confidentiel, je crois que si un jour tu veux vraiment entendre toute l'histoire c'est à Drew qu'il faut demander.
L'adolescent ne cacha pas sa déception, mais il était soudain empli de questions à propos de son partenaire. A la suite de ces évènements, il n'était plus à ses yeux ce type qu'on lui collait dans les pattes et qui n'y connaissait rien à ce qu'il combattait, mais bien quelqu'un de complexe lui ressemblant.
-Pourquoi ne pas l'avoir engagé immédiatement dans la Ligue ? Plutôt que de le laisser rejoindre ce service de police dont vous saviez très bien qu'il était dépassé par les vrais évènements.
-Je te rappel que c'est moi qui ai fait créer ce service quand j'étais encore maîtresse de la ligue. Ils ont formés Drew, ce n'est pas juste un département, c'est la police. Je connaissais son désir de marcher sur les traces de son père, et je l'aurais même laissé encore un peu si l'incident n'était pas arrivé.
-Un incident ?
Cynthia regarda Yuri, étonnée.
-Il ne t'en a pas parlé ? C'est allé tellement vite ces derniers temps que je ne pense pas qu'il en ait eu le temps. Il enquêtait sur trois disparitions : la tienne, celle d'un certain professeur Garen, et celle de deux frères, Draker et Karder Mosyra. Il s'est approché trop près de la vérité et un agent du Maître a tenté de l'assassiner. Je le suivais depuis un bon moment, et à cette époque nous travaillions sur un prototype de manipulation spatiale qui nous a permis de le sauver d'une mort certaine. Après quoi le prototype a grillé et vu le coût des matériaux… Mais je ne vois même pas pourquoi je te raconte ça alors que visiblement quelque chose que j'ai dit t'as choqué…
En effet, Yuri s'était tendu en entendant les noms que Cynthia avait prononcés.
-Je les connais tous. Anton Garen était possédé par les ténèbres et m'a affronté, Draker je l'ai côtoyé pendant toute mon aventure, et Karder…
-On sait pour lui, tu nous a déjà expliqué comment tu t'étais enfui de l'Arena, tu t'en souviens ? Mais je n'avais pas pensé que tu pourrais tous les connaitre… Je ne saurais pas dire si c'est le hasard ou s'il y a quelque chose de cacher là-dessous…
-C'est comme si le Maître me disait « je connais tout de toi, et c'est moi qui contrôle ta vie ». J'ai l'impression que c'est le message qu'il veut faire passer.
-Hey ! Il y en a qui ne prennent pas de pauses ! Cria soudain Drew à l'encontre de ses deux collègues.
Ceci les coupa dans leur réflexion, et d'un commun accord ils revinrent à des choses plus simples.
L'aube était presque là.

Et pourtant le crépuscule régnait ailleurs. Eternel, il semblait plus sombre que jamais alors qu'il se déployait au dessus du mercenaire armé et de ses futures victimes. Kronnos, fatigué, et Sylvestra, au bord de l'inconscience.
-Dommage pour toi, ta détermination est admirable, mais tu fais un piètre psychopathe. Je ne suis qu'un mercenaire, tout droit envoyé de l'Arena, mais avant j'habitais une petite maison de campagne dans un petit coin appelé « Provence ». Une vie bien rangée, gâchée par cette envie constante de sang. Envie que j'ai pu assouvir ici. Mais jamais je n'ai eu envie de faire du mal à des enfants, parce qu'il n'y a aucun moyen pour qu'ils représentent une quelconque menace. La façon dont tu me l'as dit… Tu l'as fait pour le simple plaisir n'est ce pas ?
Kronnos était au bord des larmes alors qu'il faisait toujours dos à son ennemi.
-Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça ! Je ne me rappel pas de ma vie, mais ce n'est pas le genre d'homme que je suis ! J'ai dû dire ça pour intimider…
-MENTEUR ! Peut être que tu ne t'en souviens pas effectivement, mais personne ne dis ça juste pour impressionner. Tu as réduits ma jambe en bouillie, c'est devenu personnel. Je veux te faire craquer psychologiquement avant de t'exploser le cerveau.
Sylvestra ne faisait pas attention à la conversation, étant loin de se doute de ce qu'il se disait. Elle concentrait toute ses forces sur un mouvement de bras vers une pokéball. Après une courte bataille contre elle-même, elle en agrippa finalement une.
-Maintenant je vais te tuer. Et je veux que la dernière image que tu es en tête, ce soient ces enfants que tu prétends avoir massacré. Ensuite ce serait au tour de la fille.
Kronnos ferma douloureusement les yeux, attendant le baiser fatal dans sa nuque, ce qui n'arriva pas.
A la place, un Mackogneur avait plaqué au sol le tueur. Il avait eu beau tirer, cela n'affectait pas le golem de pierre qui le maitrisait complètement. Kronnos se retourna, comprit vite la situation, posa Sylvestra à terre, et se jeta aux côtés du pokémon pour prendre l'armer, avant de la jeter au loin.
-C'est fini cette fois. Heureusement que Sylvestra arrive à se souvenir de l'existence des pokémons.
-Pfeuh. Dommage pour moi on dirait. Si c'est vraiment fini, alors je me retire…
-Quoi ?
Un énième sourire s'afficha sur le visage du mercenaire avant qu'une aura sombre l'entour et qu'il disparaisse dans les ténèbres.
Kronnos ne chercha pas à comprendre et se jeta sur Sylvestra qui avait perdu connaissance pour de bon. Il se tourna vers son pokémon.
-Va chercher de l'aide.
Alors il s'exécuta. Le temps se remit à passer, la cité se réveilla. On découvrit avec horreur le presque meurtre. Kronnos emmena Sylvestra jusque dans la maison de Thomas. Le vieil homme paraissait penné de la voir dans cette état, et appliquait ses soins avec un air grave. Au bout de quelques heures, elle se réveilla, faisant face au vieillard.
-Ah. Tu émerges enfin. Je n'ai que des bonnes nouvelles à te donner, un peu de repos et tu seras sur pieds.
-Qu… Qu'est ce qu'il s'est passé ?
-D'après la version de Kronnos, l'homme qui en voulait à ta vie a disparu dans les ténèbres. Il disait venir de l'Arena. Mais ça n'a pas de sens. Ce monde est coupé en deux, notre cité et l'Arena ne peuvent interagir !
La jeune fille reprit bientôt le contrôle complet de ses pensées et les théories pressèrent dans sa tête.
-Thomas ! Il y a un traître au conseil. Quelqu'un qui veut me faire tomber. Si celui qui a voulu me tuer a disparu dans les ténèbres, alors peut être même que le Maître est impliqué… Ce n'est pas possible…
Thomas regardait le vide d'un air désabusé.
-J'ai toujours su que ma cité me glissait entre les doigts, mais à ce point… Nous qui sommes à la base des rebelles, des rescapés… Heureusement que je peux compter sur toi et Kronnos. Ces vautours me dévoreraient vivant.
-Kronnos ! réalisa la jeune fille. Il va bien ?
-Oui, un peu chamboulé… Il est chez lui, il m'a demandé de te dire de ne pas venir le voir avant quelques jours… Pauvre garçon. Quand à toi, je peux te ramener chez toi si tu veux.
-Oui… Merci…
Elle prit appui sur l'épaule de Thomas et commença une marche difficile.
-Il y a autre chose d'étrange… Pendant toute la « chasse », le temps était comme suspendu. A par moi et Kronnos, vous dormiez tous !
-Etrange en effet. Celui qui est derrière tout ça est haut placé. Je ne parle pas du conseil je parle de quelqu'un qui a de vrais pouvoirs dans cette ville, pas que politiques…
-Est-ce que Léokroft a de tels pouvoirs ? Questionna Sylvestra.
-…J'en ai bien peur…

Nega se releva. Le vent était derrière lui. Devant, Draker.
-Ça fait longtemps, Oloenthas. Mais d'après ce qu'on m'a dit ce n'est pas toi ?
-J'ai vu il y a bien longtemps déjà cet idiot de Yamaguchi se faire battre par toi, parce qu'il n'avait pas le cran de faire appel à moi. Mais ça ne change rien. Tu as battus ce corps trop de fois. Il est temps de changer la donner.
Dans son dos, Draker préparé une pokéball et un bâton. Un grand sourire s'afficha sur ses lèvres.
-Je n'attends que ça…

Yuri et Drew s'assirent dans l'herbe, contemplant la structure des trois premiers étages de l'immeuble qu'ils avaient mis la nuit à assembler. Les ex habitants des souterrains se réveillaient à la lumière du jour, sortant de leurs tentes pour admirer le travail.
-Nous n'avons presque rien accompli… Soupira Drew.
-Mais c'est le geste qui compte. Le message. Ils savent qu'ils ne vont pas être abandonnés. J'ai vu des enfants, et même des adultes, voir les lumières de la ville pour la première fois, et ils étaient émerveillés. Grâce à toi ils sont sortis de l'emprise d'une femme mégalo qui croyait faire le bien en stigmatisant.
-Joli discours Yuri, mais tout ça ne sert à rien si on n'arrête pas le Maître.
L'adolescent soupira.
-C'est vrai. Retour à la routine hein ?
-Si on peut appeler ça comme ça…
-Alors ça y est, tu as surmonté tout ça maintenant ?
Drew sourit.
-Ce n'est pas aussi simple Yuri. Oui, cette nuit m'a aidé à l'accepter. Mais ça ne part pas comme ça. Le seul et unique remède contre les blessures de l'âme, c'est le temps. C'est là qu'on voit que tu es encore jeune.
Yuri prit la pique assez bien, et regarda la ville en face de lui s'activer.
Tout un monde à sauver…

Elle avait étudiée. Pendant des heures, des années.
Elle était piégée à amasser des connaissances quand les autres se battaient pour sauver l'univers. Mais c'était très bien comme ça.
Laissée en arrière, oubliée par le temps lui-même, Lily Farund allait sauver l'univers.
Elle se tenait sur une plaine, la même plaine, la seule, celle qui voyait se dérouler toutes les aventures.
En face d'elle, rien. Elle cligna des yeux, et Quarante-Deux était là.
-Tu es venue.
-J'ai su lire entre les lignes. Je ne peux rien faire à part collecter des informations pour quand ils me retrouveront. J'ai compris qu'en ce lieu précis le Maître ne peut pas nous voir.
-Un léger bug dans l'Arena, une faille si insignifiante qu'il s'en moque. J'ai caché dans la bibliothèque les informations pour qu'on se retrouve ici, et tu as tout compris.
-Je n'avais que ça à faire. En lisant chaque mot en diagonale de la première page des quarante deux premiers volumes de la bibliothèque, on trouve votre message. Comme moi vous allez me dire comment sauver Yam.
-Comment tu as trouvés ça au fait ?
-Le hasard. Je lisais trois livres en même temps et en m'assoupissant mon regard a changé d'angle, et le tout s'alignait. Mais je ne vois pas le rapport. Comment sauver Yam ?
-Et bien, je ne suis pas sûr que ça puisse vraiment le sauver, mais je peux te dire toute la vérité sur les mages. C'est bien plus qu'une légende, et je crois que ça peut aider.
Lily était plus attentive qu'elle ne l'avait jamais été de toute sa vie.
-Il y a très longtemps, peut être avant même la création des univers, ou alors juste après, des entités d'un autre monde sont descendus dans cet univers, et dans un autre, celui de nos origines pour la plupart. Le tien en somme. Ces entités étaient nommées Mages car ils contrôlaient la nature. Parmi les plus puissants se trouvaient le surpuissant Ignis, la douce Aqua ou encore la sauvage Sylvestra. Ces êtres façonnèrent les mondes par leurs pouvoirs, et plus particulièrement la Terre sur laquelle ils s'installèrent une fois leur tâche accomplie. Cependant, il vivait deux Mages plus puissants qui terrifiaient les autres. Ils se nommaient Ténèbres et Lumières. Les Mages Fragmentèrent ces deux entités rivales dont la bataille allait détruire l'univers, en une puissance enfouie de crépuscule et une d'aube. Quand les deux se rencontreront, la plus puissante prendra le dessus et le Mage reviendra, crépuscule étant plus proche de Ténèbres et aube de Lumière. Mais après ça, les Mages se rendirent comptes de leur trop plein de puissance. L'humanité et les pokémons commençaient à naitre partout dans l'univers, et leur temps était passé. Leurs corps disparurent, mais leurs âmes errèrent. Il faut comprendre que leur disparition entraina une vague de magie qui se répandit à chaque être humain et ce pendant de nombreuses générations, avant que l'effet ne s'estompe lors de ce qui est désormais l'an 0 du calendrier des mages. Les mages traversèrent les époques et, approximativement tous les trois milles ans, bien qu'elles ne soient pas très ponctuelles, une âme de mage rentre dans un corps humain. Ignis a possédé un nouveau né du nom de Yamaguchi dès sa naissance, alors que Sylvestra a attendu dans la forêt cette petite fille sans nom pour lui donner un sens. Enfin, tu as compris le topo.
Lily commençait en effet à comprendre la vérité.
-Vous voulez dire… Que Yuri, Yamaguchi, Sylvestra… Ils ont DEUX âmes en eux ?!
-En effet. La leur est reliée à celle des entités magiques. C'est de là que viens la magie. Ce n'est pas un procédé chimique étrange, pas un don, mais bien quelque chose de vivant.
-Attendez, mais Yam n'a pas deux, il a trois âmes en lui !
-Et c'est pour ça qu'il est peut être encore sauvé. Son âme fissurée a pu immédiatement se reconstruire dans celle d'Ignis. C'est également comme ça que Nega est né, un véritable triangle a été formé entre l'âme de Yamaguchi, celle d'Ignis et la partie sombre qui allait devenir Nega. Rien n'arrive par accident, tout a une explication.
-Mais alors Yamaguchi est toujours là ! Il est juste en train de se reconstruire ! Et si je bouscule Nega assez fort… Et par là je veux dire lui arracher la tête avec mes ongles… Alors ça le réveillera peut être ! Je dois y aller, merci mille fois Quarante-Deux !
La jeune fille partit en courant, laissant l'entraineur seul, et dévoilant également derrière lui Hel, le numéro dix.
-Voilà qui va mettre un peu de piquant là dedans.
-Le Maître ne voulait pas qu'elle sache. Pourquoi as-tu fais ça Hel ?
Il rit. Un rire simple et pourtant glaçant d'effroi.
-Parce que c'est drôle ! Et puis ça fait un petit moment que rien n'est révélé, c'était ce secret ou le tiens.
Quarante-Deux soupira.
-Et maintenant ?
-Maintenant… Assis toi confortablement et regarde... Oh oui, regarde le monde brûler!