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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 29/08/2011 à 19:03
» Dernière mise à jour le 30/05/2012 à 20:55

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 12 : Reflet
Pas la moindre piste. Je commençais à penser que cet humain peureux nous avait lancé sur le mauvais chemin. Vassili aurait mieux fait de lui régler son compte, il l'avait mérité ! J'étais déchiré entre deux mondes. D'une part, mon compagnon qui cherchait le petit avec moi. Dynavolt comptait sans doute sur nous, s'il était bien chez ces chasseurs. Il y avait aussi ma forêt. Terreur-des-Hommes m'avait promis de régler les problèmes. Je n'aurais jamais mis sa parole en doute. Elle était donc sûre d'elle. Je devais la retrouver dans trois jours : environ le temps qu'il me fallait d'ici pour retourner chez moi. Quatorze ans de ma vie se battaient intérieurement contre quelques jours d'existence. Ces journées étaient pourtant parmi les plus intenses. Le dilemme persistait. Je devais choisir entre les deux options. Cette fois, tout le réconfort de Vassili ne suffisait pas à m'apaiser. D'autant plus que je devrais sans doute le laisser continuer seul : tous ses efforts me faisaient culpabiliser encore plus. Une fois que j'eus pris ma décision, les problèmes persistaient. Allais-je le quitter sans rien dire ou fallait-il que j'essaie d'apporter des explications ? Auparavant, j'aurais à coup sûr planté là l'humain. Maintenant, je ne pouvais me résoudre à partir sans en partager les raisons avec lui. Il se donnait bien du mal pour Dynavolt et moi.

Dans ma langue, le plus lentement possible, je m'expliquais. Notre collaboration devait durer dix jours. Après, la Migalos m'attendrait. Je devais rentrer parmi les miens. Les humains et les Pokémon ne devaient plus rester ensemble. Quand je dis cela, j'eus du mal à m'en convaincre. Vassili n'avait jamais essayé de se servir de moi, ni de Dynavolt. Il m'avait aidé comme mes amis le faisaient. Si nous ne devions pas rester avec ces créatures, ce dont je restais encore convaincu, celui que je fréquentais ne réagissait pas comme les autres. Mon argument ne tenait plus dans le cas présent. Il existait sans doute d'autres humains ressemblant à Vassili. Quand je me retrouverais à nouveau face à un ennemi, comment trouverais-je encore la force d'enfoncer ma lame dans son corps ? Je secouai la tête en plein milieu de mes justifications. Celui que j'avais accompagné était unique. Après toutes les histoires qu'on m'avait racontées, je ne devais pas douter de cela. Les adieux furent difficiles pour les deux partis, mais mon compagnon avait compris mes raisons. Nos chemins se séparaient à nouveau ici, comme cela devait être.

Je marchais sans réelle conviction en direction de la forêt. Trois jours, seul. Si le plan de Terreur-des-Hommes s'était déroulé comme prévu, je serais rentré avec Vassili. Seulement, il ne pouvait pas abandonner Dynavolt à son sort, je ne l'aurais de toute façon pas laissé faire. Mon amie ne devait pas s'attendre à ce qu'autant d'événements se produisissent en dix jours. Elle serait sans doute surprise d'entendre ce que je lui raconterais du comportement de mon compagnon. Ce changement de plan voulait aussi dire trois nuits sans dormir. Je ne pouvais pas prendre le risque de m'assoupir sans surveillance au milieu d'humains et de Pokémon qui pouvaient me vouloir autant de mal que de bien : j'ignorais encore si Protectrice-Colérique avait levé le bannissement. Je devais donc me préparer à arriver totalement lessivé. Aussi, il me fallait ne pas progresser trop vite, pour ne pas être épuisé en une journée. Je gagnerais du temps la nuit, puisque quelques déplacements prudents restaient possibles pour les Pokémon dans l'obscurité.

Je suivis les projets que j'avais faits. Je progressais calmement une journée entière, me ménageant le plus possible. Je multipliais les arrêts mais je ne me couchais jamais, pour être sûr de rester éveillé. La nuit arriva plus rapidement que je ne l'eusse imaginé. Je passais par un petit terrain légèrement boisé, que je savais toujours inoccupé. Mais pour cette fois, je me trompais. Des tentes humaines se tenaient à l'abri des arbres. Ils surveillaient leurs caisses. Au début, je pensais qu'il s'agissait des mêmes que celles que nous avions croisées quelques jours auparavant. J'avais encore une fois tort. En m'approchant un peu, je constatais qu'elles étaient de tailles et de conceptions inégales. Certaines étaient construites en bois, d'autres en métal. Il n'y avait aucun humain du Nord. J'avais donc retrouvé la trace des échangeurs. Ils avaient probablement enfermé Dynavolt dans l'une de ces caisses. Je doutais que ces humains se fussent séparés. S'ils avaient capturé le petit, il était donc ici. Je ne pouvais intervenir seul. Je pensais aller chercher des Pokémon dans la forêt. Ensemble, nous aurions peut-être pu les libérer. Seulement, je n'étais pas sûr qu'ils ne prissent pas la mer, le temps que je fisse l'aller-retour. Il restait aussi la possibilité que Terreur-des-Hommes eût échoué. Dans ce cas, personne ne se rallierait à moi.

Vassili avait marché trop loin. Il s'écartait d'ailleurs encore de plus en plus de la route. Soit l'itinéraire avait changé, soit ses informations étaient erronées, en tout cas, il ne les croiserait pas. Je pouvais aller le prévenir. Dans ce cas, mon rendez-vous avec Terreur-des-Hommes était compromis. Je devais prendre encore une fois une décision capitale. Cette pression constante me pesait énormément. A peine je choisissais ma voie, des éléments supplémentaires m'obligeaient à revoir mon jugement. Je me dis que la Migalos pouvait bien attendre un peu. Je finirais bien par la trouver en rôdant aux abords de la forêt, même si c'était risqué. Je ne pouvais pas laisser Dynavolt partir de l'autre côté de la mer et Vassili le chercher en vain. Je repartis donc en sens inverse. Par leur position, je me doutais de l'itinéraire futur des geôliers du petit. Seulement, nous nous étions trompés une fois, une deuxième erreur pouvait survenir. Après réflexion, je décidai que je devais tout de même tenter. Je ne pouvais pas me retourner une fois mon opinion arrêtée, je ferais alors tout rater.

Je courrais aussi vite que mes pattes le pouvaient. Plus vite je rejoindrais Vassili, plus il serait facile de retrouver la trace de ces humains. Comme je n'avais pas marché trop vite, je pouvais encore revenir à mon point de départ bien avant la fin de la nuit. Mes muscles ne tardèrent pas à me faire souffrir. J'étais conscient d'aller au bout de mes forces, mais je devais gagner du temps. Je prenais même des risques, en coupant parfois à travers des zones à découvert. Je ne tardais pas à le regretter. Un Roucoups me suivait depuis un moment, ayant la vue dégagée pour me pister. Il décrivait des cercles au-dessus de ma tête. Je m'arrêtai soudainement, pour me préparer à l'affrontement imminent. Mon poursuivant avait dans l'idée de me transformer en nourriture, ce qui ne me plaisait pas vraiment. Je me demandais même si, bien qu'éloigné de la forêt, il ne me chassait pas aussi pour d'autres raisons. J'eus à peine le temps de préparer une Danse-Lames. L'oiseau fondait déjà sur moi, il avait sans doute perçu la menace.

Je pensais avoir le temps d'esquiver son assaut. Cependant, il s'avéra plus rapide. Sa lenteur première était une feinte. Au dernier moment, juste avant l'impact, il accéléra d'un coup. Décontenancé, je ne pus que subir sa charge. Je ne devais pas rester sur cet échec. Si j'arrivais à me ressaisir, rien n'était encore perdu. Ma lame fendit l'air et frappa le Roucoups à l'aile. Ce dernier tenta de décoller pour se mettre hors de portée. Il n'y parvint pas, déséquilibré par la douleur. Je profitai du moment où il retombait au sol pour placer une deuxième attaque. Mon adversaire n'avait pour autant pas dit son dernier mot. Je reçus un puissant coup de bec dans les flancs, qui m'arracha un hurlement. Après la frappe, le bec repartit si vite que je ne pus pas riposter, encore une fois. Je m'envolai à mon tour, suivi de près. Je ne pouvais pas rester longtemps en l'air : j'étais trop lourd pour mes petites ailes. Je profitais des quelques instants pendant lesquels je ne touchais plus le sol pour foncer sur mon adversaire. Son handicap ne l'avait pas quitté, mon coup toucha à nouveau son aile endolorie. Je repris ma place au sol. Une griffe arriva sur moi. D'un saut sur le côté, j'esquivai. Je me retrouvai alors à portée du flanc de mon adversaire, dans son dos. Il me restait les quelques secondes, celles pendant lesquelles il allait se retourner, juste le temps d'utiliser Aéropiqué. Roucoups s'effondra au sol.

J'attrapai les plumes de sa queue pour le tirer à l'abri des regards. Des battements d'ailes m'annonçaient l'arrivée d'autres Pokémon volants. Je levai les yeux, inquiet. Un groupe de Roucool fonçait dans ma direction. J'aurais parié qu'ils venaient à la rescousse de leur aîné. Je lâchai immédiatement mon fardeau. Je n'avais ni le temps, ni la force d'affronter autant d'adversaires. J'espérais seulement courir plus vite qu'eux. Le combat s'était ajouté à ma fatigue. J'avais l'impression de forcer comme jamais, pourtant, le paysage défilait anormalement lentement. D'habitude, je pouvais sans problème semer une bande de volatiles de ce genre. Seulement, cette fois, je n'arrivais pas à mettre de la distance entre eux et moi. Leur technique de chasse était pour le moins efficace, ils avaient choisi la bonne proie, la plus épuisée. Ils commençaient à gagner du terrain. Si je ne trouvais pas rapidement un moyen de me débarrasser d'eux, ils arriveraient sur moi sous peu.

Je tenais mon idée. De petits Pokémon comme ceux-là étaient plutôt peureux. Je me retournai face à eux. Reflet me permis de me dédoubler à leurs yeux. En même temps que je créais des illusions, j'agitais mes lames et criais. Surpris, les Roucool reculèrent. J'espérais qu'ils allaient fuir. Si ce n'était pas le cas, le combat me serait de nouveau inévitable. La force me manquerait alors cruellement, d'autant plus que l'utilisation de Reflet requérait beaucoup d'énergie. Le groupe d'oiseaux hésitait à s'avancer ; ils ne reculèrent pourtant pas plus. Je fis mine de les charger, tout en conservant mes doubles. Enfin, je parvins à leur faire prendre la fuite. Dans des claquements d'ailes bruyants, le nuage désordonné de Pokémon repartit. Je pouvais me remettre en route, encore plus épuisé.

Je ne fis pas de pause, malgré ma fatigue. Je rejoignis le lieu où Vassili et moi nous étions quittés peu après la tombée de la nuit. Je pris la direction de la mer, sans même prendre le temps d'examiner les traces. Toute la nuit, je cherchais mon humain. Je ne parcourais pas une grande distance par rapport au point de départ, mais je m'assurais de couvrir la plus grande surface. Avant l'aube, je le localisai. Il était lui aussi en route. Je supposais qu'il avait fait le même choix que moi au sujet du sommeil. Je n'eus pas de mal à le rattraper. Quand j'arrivais à proximité de lui, il fut surpris. D'un geste rapide, il me pointa de son bâton à capacités. Il se détendit immédiatement en me reconnaissant. Je n'eus aucun mal à lui faire comprendre que Dynavolt se trouvait en arrière, d'après ce que j'avais vu. Nous allions donc reprendre notre route ensemble. Surtout, nous pouvions consacrer quelques heures à notre repos. Notre sommeil fut court ; nous avions tout de même repris assez de forces pour continuer à un rythme assez soutenu le lendemain.

Notre progression fut aussi épuisante que ma course de la veille. Nous dûmes même faire un détour pour trouver un point d'eau. Avec Vassili, je ne pouvais couper le parcours. Il était trop facile à repérer pour les Pokémon et bien plus surveillé par les humains que je ne l'étais. Surtout, nous ne devions pas trop nous éloigner du chemin que les échangeurs empruntaient. Il n'était pas question de les laisser filer une troisième fois. Mon compagnon courait de plus en plus lentement au fil de la journée. Quand nous nous arrêtâmes, au zénith, pour reprendre notre souffle, il ne sortit presque rien à manger. Je ne pouvais pas prendre le temps de cueillir des baies, nous nous contentâmes de ce qu'il avait. Tout dépendait du chemin parcouru par les chasseurs, mais j'espérais les trouver avant la tombée de la nuit. J'ignorais par contre ce que nous pourrions faire après. L'obscurité ne nous aiderait en rien, surtout que Vassili ne pouvait pas en tirer parti.