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Aide-toi et le ciel t'aidera de Kydra



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Informations

» Auteur : Kydra - Voir le profil
» Créé le 01/09/2011 à 11:46
» Dernière mise à jour le 22/01/2013 à 16:09

» Mots-clés :   Aventure   Présence d'armes

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Chapitre 13 : Eclair Fou
Le vent se leva progressivement dans l'après-midi, en même temps que le ciel se voilait. L'air tournoyait, emportant feuilles et poussière. En quelques heures, de gros nuages apparurent. Noirs et chargés, ils semblaient avoir réduit la hauteur du ciel de moitié. Je me sentais oppressé par le poids de cette atmosphère étouffante. Les feuilles des arbres s'agitaient, possédées par les vents. Elles entraînaient les branches avec elles, dans un bruissement effroyable. A chaque rafale, je les voyais s'arracher à leur attache. Pourtant, elles tenaient, elles ne faisaient que vibrer et craquer. Dans la pénombre grandissante, elles me rappelaient les Pokémon spectres qui hantaient les lieux maudits. La température avait considérablement baissé à cause du souffle violent. L'énervement me gagnait, alors que Vassili, lui, ne semblait pas affecté par cet environnement stressant. L'orage n'allait pas tarder à éclater. Le couvert des arbres se transformerait en menace dans peu de temps. Il nous fallait faire vite.

Heureusement, notre objectif n'était pas bien dissimulé. Si je n'avais pas eu la mémoire du lieu, j'aurais pu croire qu'ils n'avaient pas avancé. Leur campement semblait rebâti à l'identique, quelques kilomètres plus loin. La seule différence résidait dans sa population. Les lieux étaient, à ce moment, presque vides. Seuls quelques gardes patrouillaient autour des installations. Les caisses aussi, étaient toujours là. Dynavolt n'était pas encore parti en mer, à notre grand soulagement. Vassili regardait le camp avec effroi. Rien que dans ses yeux, je comprenais son problème. Nous ne pourrions jamais y pénétrer. Ouvrir une seule de ces caisses sans attirer l'attention relevait du miracle. Il nous fallait en plus trouver la bonne. Mais je voyais aussi de la détermination dans ces mêmes yeux. J'avais remarqué, depuis la première fois déjà, que cet humain n'abandonnait rien. Il suivait ses idées, toujours avec la même motivation, quoiqu'il arrivât, tout comme moi, en somme. Je ne pouvais que l'admirer pour cette qualité. Il était un peu le double d'Obscur-Balafré. A l'image du Medhyena, il devait foncer des fois sans réfléchir.

La pluie se mit à tomber d'un coup. De grosses gouttes nous trempèrent en quelques instants. Les éclairs zébraient le ciel noir, suivis de la détonation violente du tonnerre. A chaque grondement, l'énervement montait en moi. Il se muait progressivement en panique. Notre chance était là. Le bruit de l'orage pourrait couvrir notre approche pour un temps. Je doutais pourtant que ce fût très efficace si nous devions chercher trop longtemps. Seulement, j'étais sûr que Vassili ne partirait pas avant d'avoir tenté quelque chose. Nous nous approchâmes donc, choisissant pour passer un moment où le garde s'éloignait. Les caisses étaient au centre du campement, surveillées par un autre humain, adossé contre elles. Il regardait le ciel sans prêter attention à nous. Profitant d'un coup de tonnerre, Vassili se glissa derrière lui, sa lame à la main. Il pressa la patte avant sur la bouche puis enfonça le métal à l'arrière du cou. La victime se contracta soudainement, mais se relâcha une fraction de seconde plus tard. Mon compagnon laissa retomber le corps doucement. La paroi de la caisse contre laquelle il l'avait appuyé était déjà tachée. Le sang coulait sur le sol. Nous n'aurions pas beaucoup de temps. Les autres allaient bientôt apercevoir la flaque rouge qui se répandait dans l'herbe, entraînée par l'eau de la pluie.

Les Pokémon des caisses ne bougeaient pas, ne criaient pas. J'ignorais ce qu'on avait pu leur administrer pour les garder aussi calmes. Effaré, Vassili regardait les boîtes. Il fallait les ouvrir en silence. Un éclair illumina la figure trempée de Vassili. Le tonnerre gronda. Au même moment, mon compagnon leva son bâton à capacités, à l'envers. D'un coup, il brisa ce qui retenait l'ouverture. Le bruit fut à peine couvert par le phénomène naturel. Un humain bougea dans le camp, de l'autre côté. Il ne nous vit pas, heureusement. Je glissai ma lame sous le couvercle, que je soulevai avec précaution. Un Linéon se tenait à l'intérieur, la bouche ficelée, les pattes liées entre elles. Je pensai à le détacher. Seulement, si je le faisais, il attirerait les regards en fuyant. J'attendis donc encore un peu. L'éclair suivant arriva, enfin. La deuxième fermeture sauta sous le coup. A nouveau, j'ouvris la caisse. Il y avait un Floravol, entravé de même. J'entendis une voix qui s'exclamait. Cette fois, le bruit du tonnerre n'avait pas suffisamment couvert notre action. Vassili poussa hâtivement la boîte qu'il venait d'ouvrir. Il s'occupa d'une troisième, la patte tremblante. Dynavolt apparut quand il souleva la partie supérieure. A l'aide de ma lame, je tranchai les liens. Mon partenaire prit le petit dans ses pattes et se retourna. Nous allions être bientôt encerclés.

Vassili utilisa son bâton à capacités. Un premier humain tomba. Nous commençâmes à courir, protégés par les caisses. Je passai entre deux tentes. D'autres humains arrivaient à dos de Ponyta, à l'opposé de la direction dans laquelle nous fuyions. Sans doute avaient-ils été appelés. C'en était fini pour nous, ils venaient de mettre pied à terre, se positionnaient pour nous tuer. Nos adversaires utilisaient déjà leurs attaques. J'entendis la détonation derrière moi. Je fermai les yeux, tout en continuant à avancer. Jamais un Pokémon ne pouvait résister. A quatre contre nous, l'un d'eux atteindrait bien sa cible. La douleur ne vint pas, je ne tombai pas. Dynavolt avait sauté des pattes de son porteur. Des éclairs sortaient de tout son corps. La météo jouait en notre faveur, grâce à l'orage, ses pouvoirs électriques étaient décuplés. Il avait formé une barrière de foudre. Ignorant la douleur de la décharge, j'attrapai Dynavolt pour fuir. Nous étions hors de portée quand le petit s'évanouit entre mes lames, cessant immédiatement de produire des éclairs. Ses capacités m'avaient, moi aussi, épuisé. Je marchais à peine, traînant les pattes derrière l'humain qui courait encore.

Le petit me glissa entre les lames. Je faillis lui marcher dessus tant je manquais de réflexes. Heureusement, Vassili se retourna en entendant sa chute. Il le prit à son tour, puisqu'il le pouvait à nouveau. Un humain ne pouvait pas résister à des éclairs tels que ceux qu'il avait lancés. Je levai les yeux. Les gros nuages chargés de pluie continuaient à déverser sur nous leurs torrents. Les grondements du tonnerre ponctuaient sans relâche notre repos. Nous étions assis, dans l'herbe mouillée, nous aussi trempés jusqu'aux os. De la boue dégoulinait par endroits, autour de nous. Vassili gardait Dynavolt entre ses genoux, lui caressant le museau. Le petit avait les yeux clos. Bien que ce ne fût pas le cas, on l'aurait cru paisiblement endormi. De temps en temps, une de ses pattes tremblait, signe qu'il y avait encore de la vie en lui. Je n'espérais plus qu'une chose depuis notre fuite : que les chasseurs ne se fussent pas mis en tête de nous retrouver. Pourtant, je ne me faisais pas trop de soucis à ce sujet. La région était vaste, ces humains trop peu courageux. Ils ne nous traqueraient pas pour un seul Pokémon volé. Je regrettais tout de même de n'avoir rien pu faire pour les autres.

Nous attendîmes patiemment que le temps redevînt plus clément. Le ciel restait noir, l'obscurité de la nuit remplaçait peu à peu celle des nuages. J'utilisais le peu de forces qu'il me restait pour me traîner à l'abri de quelques arbres, suivi par Vassili et le jeune. L'humain n'était pas en meilleure forme que moi. Nous oubliâmes tous nos soucis pour une nuit. Personne ne pensa à monter la garde, trop pris par la fatigue. Je m'endormis contre mon compagnon, lui-même serré aux côtés de Dynavolt. La pluie nous avait laissés grelottants de froid.

L'aube me surprit dans mon sommeil. Vassili avait passé la patte au dessus de moi. Je n'osais pas me lever de peur de le réveiller. Nous avions tous mérité notre repos, je devais le laisser dormir encore. Je fixais donc les feuilles clairsemées qui nous servaient de toit, pour patienter. J'avais manqué mon rendez-vous avec Terreur-des-Hommes. J'ignorais si elle m'attendrait encore, une fois passés quelques jours. Je me demandais si j'allais tout de même essayer de retourner dans la forêt. Si elle avait échoué, ce serait courir à ma perte. Je pensais rester un peu aux alentours de ma demeure, pour tenter de la voir. Si elle passait, je pourrais m'approcher pour lui parler. Je ne pouvais pas la laisser sans nouvelle de moi. Elle avait tellement voulu tout tenter pour m'aider... Je regardai Dynavolt. Vassili ne serait plus seul grâce à lui. Ce petit Pokémon le suivait comme un Caninos et finalement, c'était bien ainsi. J'avais moins de scrupules à les laisser.

Vassili se réveilla en sursaut. Soudain redressé, il inspecta immédiatement Dynavolt. Il passa sa patte contre son flanc, lui secoua un peu la tête. Il ne s'était pas encore remis. Le deuxième regard fut pour moi. En réponse, je me levai. Pour venir en aide à notre blessé, nous devions trouver de l'herbe rappel. Je me souvenais à quoi ressemblait cette plante, étant donné que j'en avais ingurgité quelques jours auparavant. Vassili prit le jeune dans ses pattes et nous nous mîmes à la recherche du médicament. Dans les buissons, entre les arbres, nous devions vérifier attentivement si les petites feuilles ne s'y trouvaient pas. Je n'en avais jamais cueilli moi-même, je les connaissais mal. Il m'était donc difficile de savoir exactement où regarder. J'ignorais si elles poussaient à l'abri des arbres ou en plein soleil. Rien n'était pour autant perdu. Il suffisait de fouiller partout. Ce n'était qu'une question de temps. Les premières recherches de la matinée furent infructueuses. J'étais impatient, puisqu'une fois la précieuse plante trouvée, je prévoyais de rentrer chez moi.

Peu avant le zénith, il faisait une chaleur écrasante. Les intempéries n'avait été que de courte durée. J'avais trop peu mangé ces derniers jours, ce qui me donnait l'impression de ne pas réussir à tenir debout. Je faisais tous mes gestes au ralenti. Alors que ma tête tournait à chaque mouvement, Vassili demanda à faire une pause. J'accueillis cette idée avec grand plaisir. Pendant ce temps de repos, mon compagnon s'endormit. Je le laissais un moment, puis je le réveillai pour reprendre les recherches. Il tenta de se lever, en vain. Ses jambes ne supportaient plus son poids. La fatigue et la faim lui faisaient encore plus de mal qu'à moi. Il me lança un regard inquiet. Encore une fois, j'allais être ralenti. Mais avec tout ce qu'il avait fait pour Dynavolt et moi, la moindre des choses était bien de le nourrir à mon tour.

Je passais deux longues heures à cueillir des baies. Il y en avait bien trop peu pour trois affamés comme nous. Périodiquement, je revenais voir Vassili. Il essayait bien de venir m'aider, mais il ne le pouvait pas. Quand il se levait trop longtemps, je lui faisais signe de se rasseoir. Ce n'était pas utile qu'il se fatiguât pour rien. Je n'étais pas capable de grand-chose, alors lui, qui avait encore moins mangé que moi, devait faire le moins d'efforts possible, au risque de s'évanouir vraiment. Progressivement, le stock de baies s'agrandissait. Je mangeais au fur et à mesure que je cueillais, pour garder des forces. Mon compagnon, lui, avalait lentement tout ce que je lui apportais. Le soleil déclinait déjà quand nous avions à peine calmé nos estomacs. Encore faibles, nous recommençâmes nos recherches pour soigner Dynavolt.

Je ne savais même pas si Vassili savait exactement ce que nous cherchions. En tout cas, je ne voyais pas la moindre feuille de cette satanée plante guérisseuse. La nuit menaçait de tomber d'une minute à l'autre. Il nous faudrait alors abandonner, toujours à cause du manque de luminosité. La température avait baissé en même temps que le soleil déclinait, seul avantage de cette obscurité. Vassili m'arrêta alors que je me baissais pour regarder dans un buisson. Il me désigna le museau de notre protégé. Sa bouche bougeait, en effet. J'espérais de tout cœur que le petit allait se réveiller. Mon compagnon le caressait, avec le même espoir. Il chercha dans sa peau amovible quelques baies qu'il avait gardées. Il les plaça devant le nez de Dynavolt. L'effet fut immédiat. Toujours sans ouvrir les yeux, ce dernier écarta les crocs pour prendre la nourriture qu'on lui tendait. Il mâchait mollement le remontant. Progressivement, il se remettait. Il léchait la main de son ami humain, comme pour dire qu'il était bien de retour parmi nous. Enfin, il laissa échapper, les yeux encore clos et d'une petite voix :

...............- Vous êtes venus me sauver des humains pas gentils ?
...............- Oui, répondis-je. Ne t'en fais pas. Je suis là, avec Vassili. Tout va bien.
...............- Merci. Vous êtes mes meilleurs copains. La boîte... elle était minuscule, il faisait tout noir et je pouvais pas bouger.
...............- Chut... C'est fini maintenant. On en parlera plus tard si tu veux. Pour l'instant, repose-toi.


Cette nuit là, nous ne manquâmes pas à nos devoirs : il y eut un garde. Autant pour surveiller notre sommeil que la santé du petit, d'ailleurs.