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Misanthropie, mon Amour. de HamsterNoeliste



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Informations

» Auteur : HamsterNoeliste - Voir le profil
» Créé le 16/02/2011 à 16:17
» Dernière mise à jour le 14/08/2011 à 16:26

» Mots-clés :   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance

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Hors-Série #4 : Retour vers le passé postérieur
Outatime :
-Metroid Prime - Prologue
-Back to the Future III - Main Title
-World of Warcraft: The Burning Crusade - Taverns

Tandis que les filles avaient posé le pied dans la ville, Kafei contemplait son ocarina, droit devant lui, cachant la cité et les nuages de pollution qui se dégageaient des édifices. Il sentait la fumée en sortir, obscurcissant jusqu'à l'horizon de la ville. Ses yeux se fermaient presque, mais il tâchait de les ouvrir.
-Un peu de musique, se lança-t-il en portant son instrument à la bouche. Revenons à de bonnes valeurs, ce rêve m'a étrangement rappelé Termina. Ou Hyrule. Je ne sais pas pourquoi. Dommage que cette série se soit arrêtée au remake de Link's Awakening sur la 4DSi Lite XL ; seulement deux donjons et un combat de quatre minutes contre l'unique Boss, c'était trop dur pour les joueurs. Bien. J'vais jouer un bon vieil air bien rétro. Enfin, là d'où j'viens c'est un bon vieil air bien rétro.

Il joua le Chant du Temps esthétiquement, inspiré par l'art qui était sien. Déjà envoûté par la musique, il se rendit compte qu'il connaissait depuis le début toutes les notes de la suite de la mélodie bien qu'il ne les ait pas répétées depuis des années. Il continua à jouer de plus en plus de notes, de secondes, de minutes, son jeu était de plus en plus intense, tout l'art lui venait intuitivement, il était en transe jusqu'à ce que tout à coup il s'arrache son ocarina violemment, puis expire en déclarant intérieurement :
-Mon Dieu je ne sais plus ce que je fais. Je ne peux pas jouer aussi spontanément, je ne sais même pas le sens de ce que je joue ! Tout de même, je ne suis pas Zelda ! Je ne suis plus Zelda ! Bien.

Il se remémora la mélodie et sa signification à travers le temps ; il porta plus lentement son ocarina à la bouche et joua calmement. Mais il s'arrêta au bout de quelques clefs à peine.
-C'était si beau la première fois. Là pourtant, ça n'a aucun intérêt, c'est lent et vide. Ce n'est pas la peine de suivre une partition. Ce n'est plus la peine de suivre une partition.
Il se demanda s'il ne réfléchissait pas trop, si sa raison ne s'était pas déjà fait la malle. Il ferma les yeux et se remit à jouer, après avoir déclaré :
-Là où on va, on a pas besoin de route.

Il joua tout aussi intensément que la première fois, jusqu'à ne plus savoir du tout ce qu'il jouait. Bien qu'il ne se préoccupât pas de la nature humaine alentour, ceux qui passaient sur le quai étaient séduits, au point de rester durant toute la durée du morceaux en jetant des pièces à ses pieds. Alors que ces derniers venaient encore l'applaudir, sans prévenir, Kafei s'évanouit.

Il se sentait alors bien plus léger et calme. Il se réveilla, rouvrit les yeux, puis se releva doucement, tentant d'émerger sur une île qu'il lui semblait avoir déjà vu. Mais il ne pouvait absolument pas définir quand.
La forme lui rappelait Cramois'Île, mais étrangement sans la pollution ni l'étalement mercantile des édifices. Pour tenter de se repérer, il se releva tout d'abord, leva son ocarina de sa ceinture, puis le contempla encore une fois, droit devant lui. Il lui semblait avoir perdu son éclat, sa brillance des premières minutes. Plus encore, il dégageait une odeur profonde, presque acide. Mais il se réjouissait qu'il pût encore jouer de la même façon.
Il joua alors aussi sombrement que calmement la Nocturne de l'Ombre, lorsqu'à la fin de son jeu, un homme en apparence mature, aux cheveux aussi foncés que l'ocarina et à l'esthétique soignée s'approcha. Il portait, comme le faisait Kafei à sa ceinture en cuir, une dague sobre et argentée.
-C'est bien sûr toi.
Kafei le fixa des pieds à la tête, avant de se dire à lui-même :
-J'ai déjà vu ça quelque part.
L'homme le regarda de même, puis soupira. Il l'invita à rentrer dans une maisonnette, toute en bois et ornée de fenêtres en verre, avec vue sur la mer poissonneuse. Tandis que son hôte se réjouissait de cette cohésion avec la nature, il lui annonça :
-Je sais, c'est pas le pied.
-Mais ? Mais qu'est ce que c'est que cette histoire de pied ?
-Non, rien. Tu oublieras. Bref, ne perdons pas de temps ; je m'appelle Ikau. Je vis de passions ardentes dans cette péninsule ravivée. Je vis également en cet hiver 2041, pourtant on a une bonne température. Étonnant non ?
-Nom de Zeus, je suis de retour vers le futur, soupira Kafei. Je suppose donc qu'on va encore m'abattre, en m'annonçant que quelqu'un veut m'aimer, que j'ai perdu ma raison dans une société qui n'en a pas, que je suis devenu un vieux con et que j'ai des gosses ?
-De retour ? Encore ? Comment cela, encore ?

À ce moment, Laël, aussi mature et belle qu'à son premier voyage, s'approcha de Kafei avec intérêt et enthousiasme. Lorsqu'elle se retourna l'espace d'un instant, il fut frappé par la marque que la partie dorsale que son cou arborait. On l'avait entaillée sur la quasi-totalité de la longueur, laissant entrevoir une balafre restée avec le temps.
-Mon amour que j'aime, Laël. Tu t'en rappelles bien, fit remarquer Ikau.
-Ça. Pour m'en rappeler.
Laël le regarda tout en jetant un oeil sur ses notes d'expériences :
-Je te l'avais dit, ça a marché ! Avec du retard, mais c'est sûr que si ces événements ne m'avaient pas ralentie, tu aurais pu voyager ici avant l'hiver !
Elle griffonna ses résultats tout en jetant des coups d'oeil obsessionnels à sa montre.
-Mais, tu l'avais bien réussi la première fois, non ? s'étonna Kafei sans montrer une quelconque preuve d'affection.
-La première fois, c'est maintenant ! J'ai une carrière de maîtresse des Pokémons Feu, mes recherches scientifiques ne doivent pas me faire perdre de temps, et surtout, il y a cet assassin. C'était ta dague, Ikau.
-Oui, c'était ma dague. Mais ma dague n'est pas moi. Elle porte juste l'empreinte de quelqu'un qui a voulu t'assassiner par derrière. Mais une empreinte n'est pas quelqu'un.

Cette anecdote précéda un bref silence, tandis qu'Ikau contemplait sa dague comme Kafei son ocarina.
-La première fois que je suis venu ici, ou maintenant, ton monde était encore plus perverti qu'il ne l'était lorsque nous étions jeunes. Tu avais adapté les voyages dans le temps avec le Bloc Temporel, et Silver, ton père, m'a fait part de toutes les raisons, expliqua Kafei.
-Kafei, Silver est mort depuis plus de vingt ans, tout comme ton voyage a démarré à partir de ton ocarina.
-Non ! Oh mon Dieu non ! Tu veux dire que tu as fait de ma musique d'ocarina une machine à voyager dans le temps ?
-Quitte à voyager artistiquement, autant prendre un instrument qui ait de la gueule !
-Donc ce que j'ai vu la première fois ne s'est jamais produit dans ta réalité ?
-Bien sûr que non ! Ton avenir existe en fonction de tes expériences, de ce que tu as vécu, ce que tu vis, et enfin ce que tu vivras !
-Mais au moment où je suis parti, Silver n'est pas mort ! Il devrait juste être vieux !
Laël soupira avant de lui expliquer :
-Tu le sauras quand tu liras sa lettre. Si l'on te livre sa lettre.
-S'il existe vraiment une faveur à te demander, lança objectivement Ikau, ça sera de l'avoir laissé faire. Quant à toi, face à ton dégoût de la nature humaine, mais à ta passion de la nature terrestre, tu es devenu homosexuel, as trouvé refuge à Acajou, et écrit des œuvres littéraires inspirées de ta plume misanthrope humaniste. C'est d'ailleurs en partie grâce à toi que les actions humaines on été influencées ; sans tes critiques d'une société dévastée par l'honneur mercantile dont tu connais la chanson, Cramois'île serait encore ce qu'elle était. Tout comme dans ce même avenir, je suis marié à Laël, tout comme ton ancienne compagne de voyage Zelda s'est résolue à vivre seule. Mais inutile de te l'expliquer.

-Donc je suis libre, conclut Kafei. Libre de vivre mon futur ou mon passé comme je veux, libre de vivre ma liberté.
-Évidemment, sans aucun risque de créer une fracture irréversible dans le continuum espace-temps, répondit Laël aussi légèrement qu'à son habitude.

À ces mots, Ikau leva sa dague de sa ceinture. Il la regarda, réflexif mais mélancolique. L'ocarina de Kafei était dans son même champ de vision. Il lui déclara :
-Le temps n'existe pas. Alors peu importe si je te donne ma dague, elle est intemporelle. Je vois bien que tu la désires ; serais-tu prêt à renier ton ocarina pour une dague ? Si ça ne tient qu'à moi, ça ne m'importe que peu ; je n'ai pas d'honneur.
Kafei était convaincu qu'il devait concéder à cet échange. Il regarda une dernière fois son ocarina, puis le tendit à Ikau qui fit de même pour sa dague encore imprégnée de ses empreintes. Gravées dans l'argent, de chaque côté, on pouvait lire les inscriptions : Memento Mori, Memento Vivere.
Cette lame longue et fine ne portait encore aucun signe des affres du temps, bien qu'elle soit restée des années chez un homme qu'il ne connaissait qu'à peine. De même, Ikau ne perçut aucun des signes de corruption devenue inhérente à l'ocarina. Kafei fixa son précieux de ses deux yeux, puis cibla les deux personnes de la pièce.
-Bien. Je vais m'en aller dans ce cas, déclara-t-il. J'ai fait ce que j'ai à faire, je suis ravi de vous avoir connu, Ikau.
-Ne t'inquiètes pas, tu le connaîtras bien assez tôt, lui lança le sourire en coin de Laël.

À la vue de la procédure de retour qu'elle enclenchait, Kafei insista pour jouer lui-même le Chant à l'ocarina. Elle accepta sans condition et lui tendit l'ocarina encore imprégné de son souffle. Kafei joua en fermant une nouvelle fois les yeux.

Après, ou avant, quelques minutes, il se réveilla sur le quai où il s'était évanoui. Zelda et Laël, telles qu'il les connaissait, revinrent vivement le retrouver. Tandis que leur curiosité infiltrait son expérience privée, Kafei leva les yeux et soupira intérieurement :
-Et dire qu'il n'y a pas d'avenir.