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Misanthropie, mon Amour. de HamsterNoeliste



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Informations

» Auteur : HamsterNoeliste - Voir le profil
» Créé le 27/03/2011 à 16:42
» Dernière mise à jour le 05/04/2011 à 21:27

» Mots-clés :   Drame   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance

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Chapitre 12 : Némésis
~Corruption~
-The Legend of Zelda : Majora's Mask - Ikana Valley
-World of Warcraft : The Burning Crusade - The Burning Legion
-Metroid Prime 3 : Corruption - Title Theme

Dès que Kafei était revenu de son temps , Zelda n'oublia pas de repérer sa dague. Voulant la préserver de la pollution qui régnait sur l'île, Kafei s'empressa de la ranger à sa ceinture, cachant sournoisement son arme pour qu'elle ne pose aucune question.
-Qu'est ce qu'il y a ? Tu veux pas que je la voie ? C'est une dague, elle va pas me tuer, lança-t-elle sans se poser de question.
Kafei lui adressa un regard en coin en guise de réponse, en avançant dans la triste ville. Elle le suivait sans relâche, comme un enfant. Pour lui signifier sa soif de solitude, il leva violemment sa dague et la pointa vers Zelda, à un infime espace de sa gorge.
Elle resta muette.
-Bien, termina Kafei en rangeant sa lame à son emplacement.
Il la replaça, puis recouvrit sa ceinture par son écharpe pour la protéger. En effet, à la vue concrète et objective de cette île en son temps, il sentait le besoin de protéger son minimum d'honneur.

Au milieu des verrières se voulant modernes mais à l'architecture vaincues par le mauvais goût, siégeait un agglomérat de mercantilisme et d'autres bâtiments aux titres pompeux. Le Musée des Instituts Scientifiques et Anthropologiques Naturels Traduits pour l'Humanité Révolutionnaire Offrant la Préservation des Intérêts Environnementaux, arborant pourtant un titre porteur d'espoir, n'abritait que des bureaux disposés sans trop de logique, aux papiers gribouillées sans grandes traces de recherche.
Kafei trouvait cela dommage, sans plus. Pourquoi renouveler une île totalement dédiée à la recherche, si celle-ci se révèle futile et aseptisée ?
Il éprouvait une envie intense de prouver la valeur de sa dague. Les trois sortirent du musée, partageant à peu près le même ressentiment. Zelda fut la première à remarquer :
-Pas la peine de s'enfoncer plus là-dedans pour se retrouver confrontés à des désillusions, je suppose ?
Autant Kafei que Laël s'étonnèrent de cette réaction. La conversation, alors que selon le nihilisme de Kafei, elle aurait dû en rester là, ouvrit sur l'urbanisation de la région au dépens de la nature. Cette question, que Silver avait déjà soulevée face à son père, devenait maintenant une réalité. La population, ses cris et ses sacs de courses en plastique arborant fièrement les couleurs agressantes du consumérisme, s'entassait au milieu des immeubles génétiquement modifiés dont s'échappait une odeur irritante.

Plus il avançait, plus Kafei nourrissait sa misanthropie, tandis que Laël comme Zelda reconnaissaient de nombreux exemples. À l'horizon aussi distinguable que la clarté de cette ville, sur un terre-plein, trônait un semblant de cylindre grisâtre, dont l'imposant dôme se voulait original mais parfaitement inesthétique à leurs yeux. Si encore la laideur du bâtiment était la seule à dégoûter, cela aurait pu rester un objet tout à fait quelconque au point où Kafei, Zelda et Laël voyaient les choses. Mais l'eau de mer, reliée au dôme par des complexes de pompes aquatiques et de traitement plus que douteux, révélait la pollution qui bordait toute la région. Des détritus d'une pompe à vapeur s'entassaient, comme le faisait la nature humaine sur l'île, dans la nature alentour.
-Une usine. C'est quelque chose d'aussi con qui les a tués, déclara Kafei en vomissant sa haine.

Zelda rentra à l'intérieur de cette usine, en compagnie de peu d'espoir, mais pour savoir s'il existait seulement quoi que ce soit de positif. Elle revint avant que les deux restant n'aient pu faire le tour.
-Des tuyaux, des gens, des poissons leurs intestins étalés sur les tapis roulants de la connerie humaine. Des fabriques de cosmétiques, et même des embryons à peine traités destinés à être clonés. Au profit de quoi, tu veux ? Ces gens-là tu peux pas leur parler.
Kafei restait quelque peu étonné de cette lucidité.
-Dis-moi, tu sembles avoir pris un petit brin de raison sous ton aile, remarqua-t-il après un bref silence.
-L'inverse. La raison m'a pris sous son aile. Elle commençait à m'être nécessaire. C'est un bon début, non ?
-Oui, soupira-t-il en fixant sa dague droit devant lui.
Zelda regarda la lame sans plus rien dire.

Pour chercher fatalement d'autres illusions, ils traversèrent l'île en direction de l'Arène. L'avancement de leurs badges n'avait désormais plus d'importance, mais puisqu'il fallait s'imaginer un but, autant continuer. Tous savaient que jadis, l'île était dédiée à la noble cause de la recherche, et que la rencontre d'un Champion n'allait rien leur apprendre de plus. Lorsqu'ils entrèrent par la porte s'ouvrant aussi bruyamment qu'elle se fermait, Zelda remarqua que l'harmonie n'avait plus rien à voir avec ce que son père put connaître.
Les questions culturelles, ainsi que les Dresseurs prêt à lancer un défi intellectuel ou stratégique, avaient été remplacés par un simple labyrinthe aux parois en métal assez brillantes pour cacher l'insipidité du décor, si décor il y avait. Mais, plus on avançait, plus leurs couleurs devenaient chaudes, jusqu'à arborer des motifs ardents, de rouge et de bleu flambant.

Une fois traversé, sans aucun autre challenge que celui de penser au bout de ce tunnel, la salle était complètement fermée et les murs rouge sang. Un jeune homme aux traits juvéniles et aux longs cheveux violacés se tenait en compagnie d'un ardent Arcanin, qu'il caressait précautionneusement à l'aide de gants en cuir noir. Laël, Kafei, et Zelda se tinrent face à lui. Laël regarda d'abord Arcanin qu'elle rêvait de caresser, jusqu'à ce que le Champion adresse à la jeune femme un sourire discret mais charmeur. Il semblait exercer sur elle un désir non dénué de sens.
Kafei resta figé. Pris d'un doute cruel, il leva sa dague, dans le soin réfléchi que sa lame et son regard croisent les yeux de son avéré rival : Ikau.
Il ne se trouvait aucun scrupule à mépriser son nom, avant que lui-même n'ait pu se présenter :

-Ikau.
-Ouais, réagit-il étonné. C'est bien moi, je suis Ikau, Champion de Cramois'île depuis, bah, depuis la fin de mes études.
-Études de quoi ? lui demanda Läel.
-Pyrologie. Depuis que j'observe mon père, je suis passionné du Feu tout comme des Pokémons qui l'utilisent. Je ne vis que pour eux, pour leur flamme et ma passion.
-Je me spécialise aussi dans le Feu, lui dit-elle charmeuse.
-Quand vous aurez fini avec votre affectif, ça vous dirait d'expédier le combat ?
-Oh, on se calme, petit homme que je ne connais pas et qui ne me connais pas. J'ai pas le droit de faire connaissance ?
Kafei réfléchit à son retour vers le futur, puis lui lança sans la moindre trace d'affectif :
-Bien sûr que si.
Ikau, alors qu'il lui parlait, aperçut sa dague. Sa façon de parler se métamorphosa.
-Belle dague. D'où vient-elle ?
Kafei se retint de rire sournoisement.
-De l'expérience.
-Tout vient de l'expérience. Même les dagues. Lorsque j'étais gosse, mon père avait encore de l'honneur. Il se battait en Champion passionné, il a su mêler des études en mythologie et en pyrologie, inutile donc de dire que les miennes ne sont rien à côté de lui. À côté.
Il soupira, en tentant de le cacher aux autres, puis repris :
-Puis vinrent les jours durant lesquels je me suis retrouvé face à lui. Longtemps j'ai été jaloux de son Arcanin, de la passion ardente qu'il lui portait, pensant qu'il pouvait pourtant la porter pour moi, son fils ! Il était son destrier, son flambeau ; je me rappelle encore les jours où il rentrait à la maison, réussissant à le porter dans les bras en le caressant fièrement, encore baigné de sa joie d'avoir gagné, pour lui, son chien !
-Et donc ? le coupa Laël.
-Ta gueule.
Il laissa la place à un silence, puis se repris :
-Excuse-moi. Excuse-moi. Je reprends. Et donc, comme tu le dis, j'étais gosse, je pense que les conséquences coulent de source.
-Tu te trouves des excuses dans le passé... réagit Zelda.
-C'est déshonorable, je sais. Mais je n'ai plus d'honneur.
-Certes, mais tu as une dague, répliqua Kafei.
-Aucun rapport, mais ce n'est pas l'important, réagit-il.
-Certes, aucun rapport. Mais tu apprendras, répondit Kafei en le méprisant.
-Je peux continuer mon Histoire, non ? cria-t-il.
-Ton histoire, oui.
-Donc. J'ai reçu mon premier Pokémon à quelques années à peine de ma naissance, pour mon anniversaire. Je me rappelle encore, mon père m'avait ramené, fièrement, les mains derrière le dos, une Pokéball qu'il s'était procuré chez un éminent chercheur, une espèce qu'il avait réussi à préserver, Salamèche s'appelait-il à l'époque. Salamèche était mon premier Pokémon, il était doux, il m'accompagnait, il était un ami dans un monde déjà triste. Il était mon seul ami, d'ailleurs, je pense. Jusqu'à ce qu'un jour, sans que je ne l'aie calculé, il évolua. Reptincel, un style de lézard rugueux, bien plus agressif et devenu impossible à tenir dans les bras ; même, même s'il était toujours mon premier Pokémon, je ne pouvais pas retrouver la figure que je trouvais dans le visage souriant et chaud de Salamèche. Seulement chaud, pas ardent et rongé par la flamme du combat ; comme l'était Auguste. Mon père, pour qui jadis, avant même ma salamandre, j'ai donné mon affectif. Pour mon père !
-Mais ton père était un homme, son ardeur au combat était naturelle et différente, remarqua Laël dans la même veine. C'était son rôle de Champion !
-Oui, mais j'étais gosse ! Il avait beau être un père, aussi doux et affectueux eut-il été, je ne le voyais jamais ! Tout ce que je voyais de lui était sa vérité, celle d'un père honorable, pas d'un champion corrompu. J'aurais aimé le contraire. J'aurais aimé ! Moi, aimer !
-Donc, ton Reptincel te renvoyait l'image d'un père corrompu pendant le combat, mais inaccessible à toi ? ajouta Kafei.
-Bien joué. T'as fait des études de socio pour dire ça ? C'est que je pourrais commencer à t'apprécier. Je pourrais.
-Mais Auguste n'était pas un salaud ! Mon père l'a bien connu, il était même une des rares personnes qu'il a pu aimer, réagit Zelda dans le doute.
-Si l'expérience extérieure le dit, alors je veux bien. Mais, Reptincel était un Pokémon, et moi, j'étais un gosse, soupira Ikau.
-Et aujourd'hui, alors ? demanda Laël après le silence.
-Aujourd'hui je garde un Dracaufeu à ma ceinture et mon père est mort.

Un nouveau silence se fit entendre.
-Désolé de vous abreuver de ma soif de haine ; haine pour mon passé, pour ma jalousie, pour ma misérable petite personne sans plus d'honneur, conclut-il d'une voix sourde. Si tu y tiens alors, Kafei, alors expédions le combat. Prête-moi ta dague.