Smirnoff, 2ème recueil de Domino

« Il y a un passage dans l'enfance où l'on devrait noter tout ce que l'on dit, car tout est sage et lumineux »
(Philippe Labro)
Un homme. Dans une publicité. Les yeux gris-verts semblent éprouver une grande fascination. Il admire le corps, les courbes, les formes, les rondeurs…
-Norbert !
L'adolescent ferma le… programme télé.
-On mange, chéri !
-Oui maman !
Il se mit à table avec sa mère.
-Ton père est en mission au Panama… Je suis sur que tu ne sais même pas ou c'est.
-En… Amérique ?
-Amérique centrale. Il appellera ce soir.
-Cool.
-Norbert, on n'utilise pas ce genre de termes à la maison !
-Oui m'man. Pardon.
-Ca se passe toujours bien à la chorale ?
-Oui maman, très bien.
-Oh, et au fait, les parents de Wendy t'attendent pour diner ce soir.
Norbert regarda sa mère, intrigué.
-Diner ?!
-Eh bien oui, ils ont remarqué que… vous vous tourniez autour.
Norbert haussa un sourcil de plus en plus intrigué.
-Oh voyons Norbert, tu as quinze ans, je me doutais que ce genre de choses arriverait…
Norbert sembla offusqué de cette intrusion dans ses affaires privées. Si tant est qu'elles en soient…

VOL 314 A DESTINATION DE NEW YORK – ARRIVEE DANS DEUX HEURES.

-J'arrive pas à croire qu'on y soit déjà…
Norbert regarda Eddy.
-Tout arrive !
Les deux regardèrent Kenneth et Judith.
-Et merci à vous de nous avoir accompagnés…
-…et d'avoir payé le voyage, marmonna Eddy.
-C'est naturel voyons… on traverse tous une phase difficile, si je peux aider… En plus c'est pour adopter un enfant, ça ne va pas être très simple moralement à accepter… alors autant que je vous aide. Et puis c'est l'occasion pour Judith et moi de passer beaucoup de temps ensemble !
-Exactement !
-Au fait vous comptez vous… marier là bas par la même occasion ?
Norbert et Eddy se regardèrent, étonnés.
-Euh…
-Bah…
-On n'aura pas l'enfant tout de suite, on veut juste lancer la procédure !
-Oui voilà !
Judith s'étonna.
-Pourquoi ne pas vous marier dans le même temps ?!
Norbert et Eddy se regardèrent, étonnés.
-Euh… On…
-C'est-à-dire que…
Kenneth regarda le couple, un sourire intrigué aux lèvres.
-Ca vous fait peur ?
Norbert regarda Kenneth.
-Et vous alors ? Pourquoi vous n'en profitez pas pour vous marier loin d'Etienne ou juste comme ça en vitesse ?
Kenneth s'étonna.
-Bah… parce que nous, on peut le faire n'importe où !
Judith frappa Kenny.
-Aouch ! Quoi ?!
-C'est pas gentil ce que tu viens de dire !
-Mais c'est vrai ! En plus, je tiens à ce qu'Etienne et nos familles respectives soient à notre mariage !
Norbert soupira.
-En ce qui me concerne on peut faire ça n'importe où ou c'est légal je m'en fiche. Avec ou sans les proches.
Eddy s'étonna mais ne dit rien. L'hôtesse arriva.
-Désirez-vous quelque chose ?
-Euh, oui une robe…
Eddy se ravisa. Kenneth éclata de rire. Norbert grimaça. Judith sembla surprise.
-Pardon, un… un verre de champagne, s'il vous plait !
-Je vous apporte ça.
Eddy se rassit et regarda ses trois co-passagers.
-J'ai fait un lapsus !
-Sacré lapsus ! ricana Kenneth.
-Mais enfin Eddy, qu'est-ce qui t'a pris ?! s'étonna Norbert.
-Désolé… Mariage pour moi ça évoque des tas de trucs de ce genre ! Ma tante Aretha était organisatrice de mariage ! Alors forcément…
-Rassure-toi, il est hors de question que l'un de nous deux porte une robe si mariage il doit y avoir !
-Organisatrice de mariage ? On peut faire appel à elle ?! demanda Judith.
-Elle… est morte il y a quatre ans !
-Oh… Pardon, désolée !
Judith se ravisa, embarrassée. Kenneth la regarda, surpris.

Une fois arrivé à l'aéroport, ils vinrent récupérer leurs bagages à la réception.
-Hi, we're… Group fifty-seventh B !
Le type regarda leur carte.
-Oh, vous venez de Poképolis ? J'y ai habité pendant un temps. Vos bagages sont là.
Kenneth s'étonna.
-Vous viviez où ?
-Hoenn, Mérouville
Kenneth s'étonna.
-Quelle coïncidence… Je suis Kenneth Heine, vous avez peut-être entendu parler de mes parents ?
-Les Heine… Oui, moi j'étais Rue Salaison. Je suis Trevor Linton.
-Linton… Ce n'est pas votre mère qui était…
-Agent commercial pour les pompes funèbres, si, elle l'est toujours d'ailleurs.
-Oh… Je… Je suis retourné à Mérouville récemment pour un enterrement…
-Alors elle a surement dû s'en occuper, mais elle ne s'occupe plus que de la réception des commandes.
-Et toi tu es bagagiste ici alors…
-Non, je suis cogérant de cet aéroport ! Mais j'aime bien venir en bas pour apprécier la fièvre travailleuse qui règne !
-Ah ! Eh bien… bon courage !
-Vous aussi, bon séjour à New York ! Vous êtes là pour…
-Euh… Je suis avec ma petite amie et on accompagne un couple gay pour qu'ils adoptent un enfant !
Trevor regarda Kenneth intrigué. Il regarda Judith.
-Ta petite copine est très jolie.
-Merci… On va bientôt se marier, même si… ça ne fait que cinq mois.
-Cinq mois c'est déjà beaucoup. Non ?
-Euh… Ouais…
-Si tu hésites, c'est que tu n'y crois pas !
Kenneth s'étonna, puis prit ses bagages.

-Ok, nous on va dans un orphelinat, et vous…
Judith regarda Kenneth.
-On pourrait vous accompagner ?! demanda Kenneth.
-Moi ça m'embête pas… Eddy ?
-Ca serait pas mal en effet…
-Euh, Kenny…
-Quoi, trésor ?
Judith regarda Kenneth, gênée.
-C'est juste pour passer un peu de temps ensemble, chérie… si ça ne te convient pas…
-Ok, ok, on les accompagne… Ok !
Norbert et Eddy regardèrent Judith, surpris. Kenneth passa devant.
-Un souci ?! s'étonna Norbert.
-Non, tout va bien… Tout va très bien.
-Bon…

Norbert se préparait pour chanter dans son chœur. Le père qui s'occupait de la chorale vint le voir.
-Finsbury, une fille qui veut te voir.
-Hm…
-Ca avait l'air important !
-Oui mais là je me prépare…
Les autres garçons regardèrent Norbert, intrigués. Ce dernier lâcha sa cravate et se dirigea vers la porte.
-Wendy… Bonjour…
-Norbert, je suis si contente que tu viennes diner ce soir à la maison !
-Oui… oui moi… moi aussi.
-Ma mère va faire du chou et aussi un pain de viande.
-Super, euh…
Wendy serra Norbert contre elle et l'embrassa. Norbert la regarda, étonné.
-Je suis tellement contente que tu soies mon petit copain !
Norbert regarda la fillette partir et s'en retourna à sa cravate.
-Stupide cravate…
Il regarda la partition.
-Stupide chanson… Stupide diner…
On lui prit les épaules et deux mains habiles l'aidèrent à faire son nœud de cravate.
-Oh… Euh, merci !
-Stresse pas. On est tous dans la galère. Et moi, plus particulièrement puisque je viens d'arriver !
Norbert sourit et regarda l'adolescent qui l'aidait. Brun, yeux bleus…
-Je suis Tony Jilkovitz. Enchanté…
-Norbert. Norbert Finsbury.
Ils échangèrent un sourire.

-Le bureau des admissions homoparentales est au cinquième.
-Cinquième étage ?! soupira Norbert.
-Je prends l'ascenseur, c'est trop pour moi ! soupira Judith.
-Moi aussi, faut pas rêver ! marmonna Norbert.
-D'accord, on va prendre l'ascenseur ! soupira Kenneth.
Le groupe se dirigea vers les ascenseurs.
-Quoi ?! « Souci de surcharge, pas plus de deux personnes ?! » C'est de la folie ! soupira Norbert.
-Allez-y, ça m'embête pas de monter à pied ! annonça Eddy.
-Moi non plus. Montez et on s'attend là haut ! sourit Kenneth.
Judith regarda Norbert qui hocha la tête.
-Après vous !
-Merci !
Kenneth et Eddy montèrent les escaliers.
-Pas trop stressé ?! demanda Kenneth.
-Un peu, si… Je… On va peut-être trop vite ! soupira Eddy.
-Vaut mieux commencer tôt. Les procédures sont très lentes, même aux Etats-Unis.
-J'aurais aimé qu'on n'en arrive pas à cette extrémité… Vous avez de la chance de pouvoir avoir des enfants par vous-même.
-J'avoue, je n'aimerais pas avoir à adopter un jour. Les procédures sont tellement lourdes et vous êtes jugés…
-Et quand vous êtes gays faut faire de la grimpette !
-Ouais… Ca aussi c'est une chance…

Norbert regardait Judith qui était de plus en plus anxieuse. Le doyen soupira.
-Ok, je conçois que ce n'est pas vraiment le voyage à New York dont vous rêviez… mais après ça on aura tout notre temps et vous pourrez même vous éloigner de nous !
Judith regarda Norbert.
-Ca n'a rien à voir avec vous et Eddy ou avec le fait que vous… alliez vous marier et avoir des enfants.
-Ah… Vous ne supportez pas les orphelinats ?!
-Pas vraiment, non.
Norbert hocha la tête. A cet instant, l'ascenseur se bloqua. Judith appuya sur le bouton. Norbert s'étonna. Lorsqu'un voyant « Ascenseur bloqué » s'alluma, les deux soupirèrent en même temps.
-Oh le vieux cliché de merde… jura Norbert.
-J'allais le dire ! soupira Judith.

Eddy et Kenneth s'étonnèrent de ne pas voir arriver l'ascenseur. Jusqu'à ce qu'ils voient arriver des types en bleu de travail.
-Excusez-nous, messieurs ! Réparations !
Kenneth et Eddy se regardèrent.
-Han ce vieux cliché à la con… soupira Kenny.
-Qui peut inventer des trucs aussi nuls ! soupira Eddy.

Gigantesque moment de solitude pour Norbert. Comment avait-il pu en arriver LA ?!
-Et après, on a été faire les magasins. Mary-Jane a choisi une écharpe jaune qui va à ravir avec son manteau rose !
-Oh, fantastique !
-Magnifique ma chérie ! Et toi, Norbert ?
Le blondinet regarda les parents de sa « Petite amie ».
-Euh… blanche.
Wendy et ses parents regardèrent Norbert, étonnés.
-Une… écharpe blanche irait mieux avec un… manteau rose.
Les parents s'étonnèrent. Wendy ricana.
-Bien sur, Norbert, bien sur… Euh… Ensuite nous avons été au café français.

Wendy raccompagna Norbert dehors.
-C'était une super soirée. Je te raccompagne chez toi ?
-Ca… ira, Wendy.
-Ca ne va pas, Norbert ?!
-Wendy, je… Je voudrais qu'on rompe.
La jeune fille s'étonna.
-Quoi ?
-Tu… Tu es très gentille, une fille très bien, mais… je… Je sais pas, je n'aime pas ça… être avec toi, parler avec tes parents, te serrer dans mes bras, ça… Ca ne me plait absolument pas.
-M… Mais…
-Ca n'est pas une question de… toi ou de qui que ce soit d'autre… C'est juste que… ça me déplait ce genre de choses.
-C'est mes parents, c'est ça ?! Ils sont cons, je sais…
Norbert regarda Wendy, dégoûté.
-Pas du tout enfin ! Tes parents sont très bien ! Ne parle pas d'eux comme ça ! Tu te rends compte ?!
-Mais je t'aime, Norbert !! Et ne joue pas les grenouilles de bénitier avec moi ! Je t'aime !
Norbert se tourna vers Wendy, embarrassé.
-Moi non. Désolé.
Norbert repartit seul chez lui, laissant une Wendy dévastée.

Sur le chemin du retour, Norbert croisa Tony.
-Hey ! Mais c'est celui qui ne sait pas mettre ses cravates correctement ! Ca va ? Tu fais quoi dehors en pleine nuit ?!
Norbert soupira.
-J'étais… chez ma… chez une copine.
-Oh… batifolage !
-Loin de là. Toutes les filles sont aussi chiantes ?!
-Certaines oui. D'autres sont bien mais parfois ça ne suffit pas.
-J'ai parfois l'impression que… j'aime pas les filles. Mais ça se peut pas !
Tony haussa les sourcils.
-Comment ça, ça se peut pas ?!
-Bah… Si j'aime pas les filles, j'vais aimer quoi, moi ?!
Tony se plaça devant Norbert, en pleine rue, la nuit.
-Les garçons, peut-être ?
-…Hein ?!
Tony embrassa Norbert. Lequel rivalisa de surprise. Il s'écarta.
-T… Tu fais quoi ?!
-T'as aimé ?
-Là n'est pas la question enfin ! T'es… fou ! C'est des choses qui ne se font pas !! C'est… pas bien !
-Bah voyons. T'as aimé ?
Norbert regarda Tony, embarrassé.
-Bah… C'était… sympa, ouais…
-On recommence ?!
Norbert regarda Tony.
-Nan. J'ai… On a chorale demain. Tâche d'être à l'heure !
Tony laissa Norbert partir, un sourire aux lèvres. Aucun des deux n'avait remarqué la fillette qui les suivait, dans l'espoir de récupérer un petit ami perdu ce soir là…

Judith et Norbert étaient assis à attendre. Norbert avait sorti Floper qu'il caressait. Judith avait son Zigzaton contre elle.
-Quelle situation ridicule…
-Je ne vous le fais pas dire… soupira Norbert. J'imagine qu'ils doivent s'inquiéter, là haut.
-Oh, c'est surement en train d'être réparé… marmonna Judith.
-Vous avez vraiment envie de sortir de cet ascenseur ?
Judith s'étonna.
-Vous avez envie d'y rester ?!
-Non, mais vous n'avez pas l'air de vouloir en partir. On dirait même que cette situation vous arrange.
Judith soupira.
-Je n'ai pas le droit de détester les orphelinats ?!
-Il y a bien une raison !
-Et vous voulez la connaître ?
-Tant qu'on est là…
Judith soupira.
-C'est personnel et intime. Je ne raconterais pas ça à n'importe qui.
-D'accord. Je suis né à Unionpolis le 6 juin 1974 à 6h30, faisant la fierté de mon père car j'étais né exactement trente ans après le débarquement américain en Normandie ou son propre père avait été un héros. J'ai vécu dans une famille religieuse rigoriste élevé par un père militaire et une mère femme au foyer témoin d'Arceus et passant une jeunesse heureuse et insouciante. A quinze ans, je prends conscience de mon homosexualité, et à seize ans ma mère me quitte délibérément après m'avoir surpris au lit avec un homme. Puis j'accompagne mon père dans ses multiples voyages, c'est un vieux connard qui n'a jamais été heureux dans sa vie et qui me le faisait bien payer. Ensuite j'ai rencontré un homme, Lionel, avec qui j'ai décidé de passer cinq années merveilleuses, mais qui n'ont malheureusement pas suffi à nous unir complètement. Et ensuite après avoir passé mon diplôme j'ai réussi à me faire engager à Doublonville, j'y ai rencontré des gens merveilleux dont Eddy qui partage ma vie depuis bientôt un an.
Judith hocha la tête.
-Voilà. Nous sommes assez intimes ?!
Judith releva la tête en arrière.
-Je sais pas si je peux en parler.
-Ce n'est pas en tergiversant que vous allez vous détacher de ça.
Judith hocha la tête.

Kenneth et Eddy voyaient passer des couples avec des enfants. Eddy soupira. Kenneth le regarda.
-T'as vraiment envie d'avoir des enfants ?
Eddy hocha la tête.
-Bien sur. J'ai vécu entouré d'enfants. Bien sur que je veux des enfants. En élever, du moins.
-J'ai toujours voulu avoir des enfants, moi-même. Bien que je me demande si je ferais un bon père, mais… Si je pouvais avoir des enfants avec Judith ce serait merveilleux.
Eddy hocha la tête.
-C'est marrant, je trouve que vous allez bien avec elle. Avec Miranda, vous aviez l'air d'être avec une fille trop bien pour vous.
-Hm. C'est ce que je me disais un peu aussi… En fait je crois plutôt qu'elle ne m'allait pas vraiment.
-Ouais… Ils en mettent, un temps…
Kenneth regarda les ouvriers mexicains. L'un mangeait un sandwich, l'autre regardait béatement l'ascenseur en parlant avec son collègue.
-Je rêve ou quoi ! Eh !! Vous pourriez vous dépêcher ?!
-Qué ? Si ?!
-Vous parlez espagnol Eddy ?!
-Un peu… Euh… Cuando terminar el trabajo, por favor ?
-¿ Qué ? No comprendo…
-Podéis ándale mucho rápido por favor ? tenta l'intendant.
-Speak english ? demanda l'autre.
Eddy et Kenneth se regardèrent, excédés.

-Je… Je ne peux pas avoir d'enfant.
Norbert regarda Judith, surpris.
-J'ai… quand j'avais seize ans, on m'a mise enceinte, j'ai été obligé d'avorter sans que personne ne le sache, et l'ennui c'est que ça s'est… très mal passé médicalement… et depuis je ne peux plus… avoir d'enfants.
-Et donc…
-Et donc depuis presque dix ans je vis avec l'idée que je n'aurais jamais d'enfant à moi parce que j'ai voulu être une fille responsable et continuer mes études…
Norbert regarda tristement Judith.
-Je… suis désolé… Ce voyage ça doit être une gageure pour vous…
-J'espérais ne jamais avoir à venir dans un endroit pareil…
Norbert sembla intrigué.
-Kenneth n'est pas au courant, je suppose…
Judith secoua la tête, dépitée.
-Vous devez lui dire.
-Certainement pas.
Norbert s'étonna.
-Comment ça ?! Vous devez le lui dire !
-Pour devenir un rebut, c'est ça ?! Vous savez ce que c'est pour un homme, une femme avec qui il veut finir sa vie mais avec qui il ne pourra jamais avoir d'enfants ?!
-Oui je sais ce que c'est, mademoiselle ! Je couche avec des types desquels je n'arriverais jamais à créer quelque chose de stable et de tangible ! Ca n'a rien d'amusant de se dire que ses rapports sexuels n'aboutissent à rien ! Je sais ce que c'est. Pour vous les hétéros, le sexe c'est un espoir d'une vie meilleure, Pour nous, le sexe, c'est un shoot d'héroïne ! Pendant l'injection, on se sent super bien, et après on a un vide existentiel terrible ! C'est loin d'être amusant.
-Oui mais… vous ne pouvez pas changer pour quelqu'un avec qui ça aboutirait. Alors que Kenny pourrait. Une femme qui n'a pas d'enfant c'est un jouet cassé. La seule chose qu'on attend de nous, on est incapable de la faire pour l'homme qu'on aime.
-Kenneth vous aime, il… Je suis sur qu'il s'en fiche ! Il est resté presque un an avec sa précédente compagne, il n'a jamais exprimé le désir d'avoir un enfant !... à ma connaissance du moins, je dois avouer que je ne le connais pas très bien… mais je suis sur qu'il vous aime vraiment. Et il est au dessus de ces considérations sur les enfants, j'en suis certain.
Judith sourit.
-Vous êtes doué pour rassurer les gens. Je comprends ce qu'Eddy vous trouve.
-Ah… En fait parfois j'aurais bien besoin… d'être rassuré moi-même. J'ai… jamais vraiment eu de parents qui m'aimaient tout au long de ma vie. Ma mère qui m'a laissé, mon père qui est et a toujours été un salopard… Finalement je m'occupe des soucis des autres… sans chercher à résoudre mes propres problèmes.
-C'est triste. Vous n'avez jamais ce que vous voulez… toujours avec des soucis.
Norbert hocha tristement la tête.

-Je t'ai vu !
Norbert regarda Wendy, intrigué.
-Evidemment que tu m'as vu ! J'étais chez toi hier. Je croyais avoir été assez clair, non ? On a rompu !
Wendy hocha la tête et partit. Norbert regarda ses amis de l'académie de Bonville.
-Elle est folle cette nana…
-Tu traites Wendy Cartwright de folle ?! Norbert, toute l'académie voudrait se faire cette fille !
-J'vous la laisse. Elle est super chiante.

Lothaire Finsbury lisait le journal sur son porche. Wendy arriva.
-Bonjour, Mr Finsbury !
-Tiens ! Wendy Cartwright. Comment vas-tu ?
-Bien, à part que votre fils Norbert m'a largué !
Lothaire s'étonna.
-Pour quelle raison ?!
-Bah, il est pédé !
Lothaire écarquilla les yeux.
-Hein ?!
-Oui oui ! Je l'ai vu embrasser un garçon. Et il a aimé ça !
-…
-Ca va pas être très joli quand ça va se savoir !
Lothaire posa son journal et approcha de l'adolescente. Il s'accroupit devant elle et lui saisit les épaules.
-M… Ma petite Wendy…
-Si vous voulez me faire du chantage c'est raté ! Je vais le dire à tout le m…
Lothaire étrangla la jeune fille. Une étreinte nette, forte. Elle était paralysée, muette. Lothaire la regarda avec des yeux de fou.
-Ecoute-moi bien, espèce de sale petite trainée sans cervelle. Si jamais tu t'avises encore de parler comme ça de mon unique et bien-aimé fils, je te jure qu'à notre prochaine rencontre je t'explose ta sale petite gueule de fouine, je te défonce la tête à coups de genou et je te découpe bras et jambes pour te les enfoncer dans divers orifices de ton corps. Si je me suis bien fait comprendre et si tu vas fermer ta petite bouche de garce, cligne une fois des yeux.
Wendy, terrorisée, cligna des yeux, yeux d'où les larmes s'écoulaient.
-Très bien. Maintenant rentre chez toi et n'approche plus JAMAIS de mon fils ou de cette maison. Compris ?
Wendy hocha la tête. Lothaire la lâcha et elle partit en sanglotant. Lothaire soupira et retourna s'asseoir devant sa maison. Norbert revint de cours.
-Salut papa !
-Bonjour, fiston.
Lothaire regarda son fils, l'œil mauvais.
-Ca va ?! T'as l'air… énervé ?
Lothaire se leva et regarda son unique fils.
« Non… Non il… Il ressemble pas à un de ces… détraqués… Mon fils ne peut pas… être un de ces monstres… »
Le père, d'ordinaire peu affectueux, serra son unique enfant dans ses bras.
-P… Papa ?!
-Je t'aime, fiston, tu le sais, hein ?
-B… Bien sur, papa ! Mais… Papa enfin… Je suis content aussi que tu sois de retour mais…
-Rentre à la maison, Norbert. Maman nous fait de la purée de poisson. C'est vendredi, hein ?
Norbert hocha la tête, intrigué par la candeur excessive de son père. L'adolescent rentra, surpris. Il salua sa mère puis monta dans sa chambre.

-Tu voulais me voir ?
Norbert hocha la tête. Tony le regarda.
-T… Tu es… Tu es un pédé c'est ça ?
-Je préfère dire un homosexuel, mais si tu préfères…
Norbert baissa la tête.
-Je suis pas comme ça, alors… tu dois arrêter de me…
-Je dois ? Et toi ? Tu me donnes rendez-vous en pleine nuit dans un parc pour me voir, et pour me dire que tu ne veux plus me revoir, mais tu donnes un rendez-vous !
Norbert soupira. Tony approcha et prit Norbert par les épaules.
-Tu es homo, Norbert.
-Nan…
-Il n'y a pas de honte.
-Si… Quelque part, si…
-Bien sur, ça n'est pas la voie que tes parents t'ont enseignée. Mais c'est ta voie. Tu aimes…
Les mains de Tony se baladèrent sur le corps de Norbert qui ferma les yeux, savourant.
-Tu aimes que mes mains te touchent. Tu aimes le contact de mes lèvres sur les tiennes. Tu aimes… me regarder. Me toucher aussi.
Norbert regarda Tony droit dans les yeux. Un tendre baiser eut alors lieu.
Il y en aurait des milliers d'autres.

-Biggie ! Mitrapoing !!
Le Pokémon fonça vers le Lombre qu'il frappa. Les couples et orphelins autour étaient intrigués.
-Mais enfin qu'est-ce qui se passe ?! demanda une réceptionniste.
-Eddy, vous auriez pu me dire que « Bastard » c'était un gros mot !
-Bah quand même… soupira Eddy.
-On l'entend dans tellement de films, je croyais que c'était une locution pronominale ! geignit Kenneth.
-Euh… vous croyez qu'ils avaleraient cette excuse ?!
-Aidez-moi plutôt ! Relous ces mexicains avec leurs nénuphars !
-Je dois adopter un enfant ici ! Je ne vais pas me compromettre pour ça !
-Lotad, por favor ! Pistola Agua !
Un Nénupiot attaqua le Goinfrex de Kenneth. Les multiples Pokémon des mexicains attaquaient progressivement.
-Reccurente !!
Le Lombre lança des Balles Graines.
-Pistola agua, otra vez, si !
Les Nénupiot enchainaient les attaques. Goinfrex était surpassé par le nombre.
-Euh… J'fais quoi ?!
-Mais rien enfin ! Vous allez blesser quelqu'un ! On n'est pas dans une arène ici !! soupira Eddy.
-What's goin'on here ?!!
Une grosse dame noire arriva. Kenneth rappela Goinfrex.
-Euh… Sorry miss… Those people… insult us…
-Trabajando, por favor, señoritos !
-Si !
-Si, mucho, si !
La dame se tourna vers Kenneth et Eddy.
-So, you're a couple who want to get a child ?
Kenneth et Eddy se regardèrent.
-Non, euh… No I… Euh, we… Ou est Norbert quand on a besoin de lui !!
L'ascenseur s'ouvrit.
-Quand même ! soupira Eddy.
-Chéri ! soupira Norbert en allant enlacer son Eddy.
-Mon pauvre, une heure entière avec une femme dans une si petite pièce !
-Judith ! Tout va bien ?
Judith regarda Kenneth puis regarda Norbert qui hocha la tête.
-Tout va bien, Kenny.
Kenneth hocha la tête tandis que Norbert leva les yeux au ciel.

Norbert et Eddy se retrouvèrent devant la juriste française.
-Alors… Finsbury Norbert et Banks Edward… Bien nous allons constituer votre dossier… Depuis combien de temps êtes vous mariés ?
Norbert et Eddy se regardèrent.
-Ah c'est…
-Bien sur ! Nous ne pouvons pas accorder d'enfant à des couples non liés par une union civile.
-On… on n'est pas mariés, on arrive tout droit de Poképolis, on…
-Je vois. Voici un prospectus relatant de toutes les procédures…
-Mariés depuis au moins 3 mois… Hon…
-On… on habite ensemble depuis 9 mois, ça… peut jouer en notre faveur ? demanda Eddy.
-Vous avez un papier qui le confirme ?
Norbert fouilla dans ses factures. Il sortit une quittance de loyer réglée à leurs deux noms.
-Je vois vous partagez le loyer d'un appartement…
-Exactement !
-D'accord… Souhaitez-vous un garçon ou une fille ?
Norbert et Eddy se regardèrent, assez perturbés par la question si soudaine.
-Euh…
-On…
-Messieurs, vous êtes surs d'avoir réfléchi à la question ?
-Oui bien sur ! acquiesça Norbert promptement.
-Toi oui, avec Linus !
-Oh non, Eddy, tu ne vas pas mettre ça sur le tapis !
-C'est quand même dingue de voir que tu as plus parlé de ça avec lui qu'avec moi !
La juriste se leva sous les yeux étonnés du couple.
-Je vous propose d'aller directement en contact avec les enfants pour vous faire une idée.
Norbert et Eddy se regardèrent, étonnés.

-Nos enfants ont entre 2 et 7 ans. Ici nous nous occupons d'eux en attendant qu'ils trouvent une famille. Je vous rassure d'office, nous ne prédestinons aucun enfant à tel type de couple.
Norbert, Eddy et la juriste déambulaient au milieu des enfants. Kenneth et Judith observaient derrière la porte vitrée.
-Dire qu'un jour ce sera notre tour…
Judith regarda Kenneth, surprise.
-De ?!
-Bah d'avoir des enfants !
Judith hocha la tête.
-Oui…
-Tu en veux, n'est-ce pas ?
-Oui, oui, bien sur…
Kenneth serra Judith contre lui.
-J'espère bien. Parce que… j'ai vraiment envie qu'on fonde une grande famille toi et moi.
Judith sourit… amèrement.

-Eh bien nous revoilà partis ! sourit Kenneth.
Norbert et Eddy étaient sonnés de cette visite.
-On y retourne dans deux mois… Deux mois ! sourit Norbert.
-La meilleure grossesse qu'on aura jamais passée ! ricana Eddy.
Judith baissa les yeux.
-Bon, messieurs, j'imagine que vous allez passer à la casserole du mariage ?!
Norbert et Eddy hochèrent la tête. Kenneth se pencha vers le couple.
-Je comptais emmener Judith faire du tourisme et vous laisser un peu d'intimité au cas où…
-Oh… bien sur !
-Oui, oui…
-Bon !
Les deux couples se séparèrent. Norbert porta un regard sur Judith qui se retourna et lui renvoya un regard rempli d'inquiétude.