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Kaminari no Kage de Raidemo



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Informations

» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 11/08/2005 à 21:23
» Dernière mise à jour le 12/08/2005 à 21:35

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Chapitre
Basho restait figé, totalement terrorisé. C'était à son tour. L'homme avait déjà fait appel à son pokémon : un énorme Flagadoss. Le monstre avait l'air aussi long à la détente que le combattant précédent, mais il cachait sans doute aussi une grande puissance. De plus, Basho n'avait jamais assisté à un match avant ce jour, il ne connaissait absolument rien aux combats. Buson le fixait.
Il le savait. Il sentait le regard pesant de son ami lui transpercer le dos. Qu'attendait-il de lui ? Une nouvelle vague de terreur monta en lui. Il se mordit la lèvre jusqu'à se faire saigner pour retenir ses larmes.
_ Et bien ? s'impatienta l'homme à la veste. Qu'attends-tu ?
A contrecoeur, Basho tendit la main vers la pokéball cachée dans la poche de son pantalon. Il la jeta en avant, d'un geste tremblant. La sphère s'ouvrit, et Onix en sortit. A la surprise du jeune garçon, le serpent était calme, prêt au combat. Son corps lourd flottait de droite à gauche dans un bourdonnement presque inaudible. Il toisait son adversaire d'un air serein. Soudain,
Flagadoss sembla sortir de sa torpeur.
_ Choc Mental !
Un flash bleuté emplit la pièce, suivi d'un son étrange qui ressemblait au chant des hautbois. Basho resta paralysé. La peur ne lui permis pas de réagir. Onix s'écroula bruyamment au sol. De gros éclats de roche s'envolèrent. Mais le serpent ne s'avouait pas vaincu. Sa large tête de pierre se redressa lentement sur son corps vacillant. A nouveau il fixa l'adversaire, sa respiration était
lourde et douloureuse.
_ Vas-y ! s'écria Buson dans son dos. Il attend tes ordres ! Dis quelque chose !
Mais le garçon ne savait pas quoi dire.
_ Psyko !
Un choc plus violent que le précédent frappa le monstre de pierre. Son corps entier grinça sous l'effet de l'onde psychique. Son crâne sembla se broyer. Un long râle s'échappa de sa bouche entrouverte, puis il s'effondra dans un brouhaha monstrueux.

Le camion sautait, cahotait, comme à leur arrivée dans ce lieu sinistre. La plupart des gosses semblaient heureux. Des murmures suivis de petits rires s'échappaient de leurs sourires joyeux. Beaucoup dormaient, comme Miko. Il s'était endormi sur les genoux de Basho. Son corps sautait en même temps que les roues du camion sur cette route détériorée. Buson dormait. Ou peut-être
faisait-il semblant. Il n'avait plus lâché un mot depuis leur brève entrevue avec cet homme, Mikaël. Il avait dit s'appeler ainsi, mais comment être sûr.
Basho ouvrit la bouche, mais rien n'en sortit.
_ Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es malade ?
Basho leva la tête vers son ami. Ses yeux bleu clairs étaient fixés sur lui.
_ N... Non. Je pensais.
Buson lui sourit. Un sourire simple, sans tendresse, mais un sourire quand même. C'était ce que Basho pouvait espérer de mieux.
_ Alors, tu me fais pas la tête ?
_ Pourquoi ?
_ Parce que je sais pas me battre.
_ Peuh, moi non plus je sais pas me battre.
_ Mais, tu m'as dit...
_ Oublis. Tout ça c'est de l'impro. Je connais plein d'attaques mais ça s'arrête là.
_ Pourtant...
Le garçon se tut. Miko tremblait malgré la chaleur atroce que retenait la bâche du camion. Son teint pâle ressortait sur les vêtements sombres dont les hommes les avaient affublés.
_ Il va mourir.
Cette foi-ci, Basho s'énerva.
_ Pourquoi dis-tu ça ? Comment peux-tu le dire de façon si froide ? Tu t'en rends compte ?
_ Et toi ? Tu te rends compte à quel point tu es stupide ? Ce gosse était prédestiné à mourir. Pourquoi crois-tu qu'ils ne lui ont pas donné d'équipier ?
Basho se figea. C'était pourtant vrai, il n'avait jamais vu Miko en compagnie de quelqu'un d'autre que lui.
_ Mais... c'est injuste...
Le gamin blond hocha les épaules.
_ Où as-tu vu que l'injustice n'existait pas ? De toute façon ça ne changera rien. Il n'était pas le seul. Nous sommes tous destinés à mourir. Maintenant ou plus tard.
_ Oui mais... pas comme ça...
Pour la première fois, le jeune garçon lança un regard de mépris à son ami. Le même regard que ce dernier avait affiché aux mômes qui l'avaient fui comme la peste. Buson parut surprit, ses yeux s'écarquillèrent.
_ Qu'est-ce que t'as ?
_ Pourquoi es-tu comme ça ? D'où viens-tu bon sang ? Quel âge as-tu ? T'as pas le droit de parler comme ça ! Tu parles comme eux !
_ Je parle comme je veux.
_ Tu parles comme un adulte... t'as pas le droit...
Le jeune garçon se mit à sangloter. Son compagnon l'observa mais ne dit rien.
Un silence écrasant s'installa entre eux, tandis que les enfants regroupés à leurs côtés continuaient de bavarder gaiement.

Ils approchaient. L'homme dont les cheveux étaient aussi gris que son vêtement afficha un sourire satisfait. Le conducteur tourna tête, cet homme le mettait vraiment mal à l'aise. Le camion cessa soudain ses cahotements agaçants. Le chemin de terre s'élargit.
_ On arrive patron, souffla le sbire.
_ Bien, très bien. C'est la saison des pluies, ils vont se rassembler. Il sera là, j'en suis sûr.
_ Et s'Il ne vient pas ? Qu''est-ce qu'on fait ?
_ Il viendra. Pourquoi me serais-je préoccupé de simples mioches inutiles si ce n'est pour Le voir ?
_ Mouais. J'espère quand même que ça se terminera mieux que la dernière fois...
_ Nous n'avons rien à craindre. Ce sont les gosses qui L'intéressent. Ils nous serviront de protection.
_ ...
Quelques minutes encore, et de gros nuages noirs recouvriraient le ciel limpide. Ils seraient là, sur la plaine, attendant leurs proies. Quelques minutes encore, et un silence sépulcral remplacerait les rires naïfs du bétail sacrifié.