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Secret Défense de Oustikette



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» Auteur : Oustikette - Voir le profil
» Créé le 24/02/2019 à 19:18
» Dernière mise à jour le 24/02/2019 à 19:18

» Mots-clés :   Action   Présence d'armes   Présence de personnages du jeu vidéo   Romance   Suspense

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Chapitre 10 : Sous la protection des anciens
Semblant mal comprendre ce que venait de demander sa cousine, Coleene fronça les sourcils. Elle n’avait tout de même pas recommencé ?

Voyant son incompréhension, Marie-Kate se justifia aussitôt.

— Non, c’est pas ce que tu crois. On a eu un souci avec l’alimentation électrique de l’abri, alors Sophia est partie voir ce qui clochait. Comme le courant est revenu, vous auriez pu la croiser.
— Nope, confirma la fille d’Edgar, un peu soulagée. On a vu personne.

Sur ce, la blonde les fit entrer. L’abri 816 faisait partie d’un réseau d’abris souterrains construits il y a de cela plus de soixante-dix ans, afin de protéger la population des bombardements durant de la seconde guerre mondiale. Ils n’avaient été récupérés, puis rénovés par la résistance pro-mutante que bien des années plus tard. Ils servaient de pied-à-terre pour les individus recherchés par la M.E.A.

Cet abri était un cylindre aplati aux parois d’acier ondulé, de quatre mètres de large pour quinze de long. On pouvait le diviser en trois sections.
D’abord, le couchage, avec pas moins de quatre lits de chaque côté.
Ensuite, la salle, qui n’était en soit qu’une table ronde entourés par des chaises sous un néon un peu jaunâtre. C’est d’ailleurs là que se trouvaient les jumeaux, qui ne manquèrent pas de saluer les nouveaux arrivants. Brian pianotait sur son ordinateur, tandis qu’Arthur examinait une vieille carte de la région.
Enfin, le stockage, des grosses armoires contenant des quantités impressionnantes de denrées non-périssable, de médicaments et de produits d’hygiène en tout genre.
À noter aussi, une échelle au fond qui devait probablement remonter à la surface.

— Posez vos sacs là ! commenta la blonde en désignant un des matelas.

Marie-Kate se réinstalla autour de la table. Après avoir laissé leurs affaires, Samuel et Coleene firent de même. Immédiatement, cette dernière ne put s’empêcher d’étendre ses jambes sur une des chaises libres.

— Tu m’excuseras d’avoir pris le commandement pendant ton absence, Coleene.
— Au contraire, t’as bien fait. Je te le laisse si ça te fait plaisir. Ces histoires de hiérarchie me font plus chier qu’autre chose.

Sa cousine haussa les épaules.

— C’est pas que ça me fasse ‘plaisir’, mais bon, il faut bien que quelqu’un se dévoue. Non ? Après tout, c’est ton père qui tient à cette hiérarchie.
— Ouais, ouais, je sais…

La mutante de feu s’étira en écartant les bras, manquant de peu par ailleurs de mettre une claque au sinnohïte.

— … Abordons les sujets qui fâchent : Vous avez décidé quel plan suivre ?
— Nan, pas encore, répondit Brian sans quitter des yeux son écran. On pensait attendre la nuit pour voir comment l’affaire évoluait médiatiquement.

Arthur intervint à son tour.

— L’institut avait beau nous couvrir depuis tout ce temps, je ne pense pas qu’ils aient pu faire quelque chose contre les perquisitions de nos dossiers. Ce qui est le plus probable…
— C’est que la M.E.A lance un avis de recherche régional, le coupa la fille d’Edgar, comprenant où il voulait en venir. Surtout qu’ils auront des photos récentes de nous cinq. On aurait donc tout intérêt à se barrer de la capitale le plus vite possible, pendant qu’on peut encore en sortir.
— Parfaitement d’accord. C’est bien pour cela que j’essaye de trouver le meilleur itinéraire.

Marie-Kate fit la moue, inquiète.

— Mouais, faudrait déjà que Sophia revienne.

==

Pendant ce temps, Sophia revenait justement de la salle du transformateur. L’abri n’était pas à proprement parler relié au réseau électrique. Ceux qui l’avaient rénové s’étaient contenté de le connecter illégalement, et par un système artisanal, au répartiteur le plus proche. Ce qui parfois causait quelques problèmes d’alimentation, mais rien d’insurmontable même pour une non-initiée.

Alors que la jeune femme marchait le long du canal, son téléphone se mit à sonner. Une mélodie particulière qu’elle reconnu aussitôt, bien que le numéro soit masqué.

— Allô Sophia !? C’est moi, Jack ! Se présenta immédiatement l’autre au bout du fil
— Qu’est-ce que tu veux ? Je suis occupée là, à cause de vous d’ailleurs.

L’homme sembla gêné.

— Oui, je sais. Justement. J’aurais besoin que tu me dises où vous vous trouvez, et où vous comptez aller.
— Je ne vais sûrement pas te le dire. Je te rappelle que nous sommes censés être ennemis.

Dans le haut-parleur, on l’entendit pester.

— S’il te plaît, Sophia. J’en ai vraiment besoin. Les filles Dorgman sont une priorité absolue pour le commandant.

C’en était trop pour la rousse. Il la suppliait pour qu’elle trahisse ses amis, ses frères de sang. Même pour tous les flacons de sérum du monde, elle ne pourrait pas le faire. Elle avait ses limites. Elle eut beau serrer les poings de toutes ses forces pour contenir sa colère, elle ne put s’empêcher de hurler.

— POUR QUI ME PRENDS-TU, JACK ?… Je ne suis pas une traîtresse ! Je ne travaille pas pour vous ! Mets-toi bien ça dans le crâne !… Notre accord ne concerne que l’élaboration du sérum, rien de plus. Cela ne concerne que moi, et moi seule. Il n’a jamais été question que je vous aide à traquer mes frères !

Un instant, Jack sembla surpris. Puis son air suppliant disparut pour un air plus sombre.

— Ah oui ? Écoute, ce jour-là si je t’ai laissée libre, c’est parce que je te faisais confiance. Tu étais la première à être volontaire pour les tests. Mais très bien, tu veux la jouer comme ça ? Alors n’attends plus aucun traitement de faveur de ma part. Tu subiras les mêmes protocoles que tous tes ‘frères’… D’ailleurs, tu aurais dû me dire depuis le début que ta chère pension servait de planque aux filles Dorgman…

L’agent de la M.E.A soupira.

— … Bref, je pense avoir assez perdu de temps. Je te donne rendez-vous au bout de nos canons…

Il s’apprêtait à raccrocher, quand elle le stoppa. La jeune femme avait fini par craquer. Cela lui brisait le cœur, mais ce type représentait son seul espoir de pouvoir s’en débarrasser un jour. On sentit immédiatement l’abattement dans sa voix.

— Attends s’il te plaît ! Excuse-moi. Je te dirai ce que tu veux.

==

Dans l’abri, Samuel se décida enfin à poser une des questions qui lui occupaient l’esprit depuis son départ de la pension.

— Excusez-moi vraiment de pas être à la page mais : pourquoi la M.E.A a mobilisé autant d’hommes pour tous vous capturer ?
— Ils ne voulaient pas nous avoir tous, se dévoua la blonde, bien que fatiguée. C’est nous deux : Coleene et moi, qu’ils voulaient en particulier. Nos parents… nos pères surtout, sont les piliers centraux de l’armée mutante libre. Alors l’agence s’est dit qu’il serait intéressant de nous capturer pour les faire chanter.

Le jeune homme haussa un sourcil, surpris. Il observa d’un œil étonné sa camarade assise à côté de lui, et tout devint clair. Coleene Dorgman, fille d’Edgar Dorgman, le général américain à la tête de la résistance. Il en avait entendu parler aux infos. Pourquoi n’avait-il pas fait le rapprochement avant. Cela expliquait d’autant plus la vigueur avec laquelle la jeune fille cherchait à protéger ceux de son espèce.

Sophia entra à ce moment-là. Son teint était devenu livide. Ses yeux brillaient d’une lueur froide. Elle semblait avoir tout perdu.

Quand son regard croisa celui du sinnohïte, tout son visage se réchauffa en un instant. Son cerveau mit plus d’une seconde avant de réaliser que, justement, il n’avait rien à faire ici. La surprise et la gêne reprirent alors le dessus.

— Mais, qu’est-ce que tu fais là, Sam ?!

Gêné lui aussi, le jeune homme se gratta l’arrière du crâne.

— Eh bien, j’ai été embarqué…
— Simple mesure de sécurité, le coupa Coleene, sur un ton sec.
— Ah OK… Mais, du coup, tu es au courant pour nos mutations ?

Samuel hocha la tête.

— Ouais. Vous l’êtes tous ?

Les cinq acquiescèrent de concert. Cependant, de la tristesse se lut instantanément sur le visage de la rousse.

— T’es le seul homo sapiens ici, confirma Arthur, ironique.

D’un coup, ses mains et ses avant-bras triplèrent de volume, avant de se couvrirent du courte fourrure jaune rayée noir. Pour peu, on aurait pu les prendre pour ceux d’un Elekable. Parallèlement, ses yeux devenus rouges sur fond noir, s’entourèrent d’une fourrure tout aussi sombre. Enfin, deux queux ressemblant à des câbles électriques apparurent dans son dos.

— À mon tour, s’enjoua Marie-Kate, se prenant au jeu de montrer sa mutation à Samuel.

Elle bondit aussitôt sur sa chaise et activa sa forme mutante.

Sous celle-ci, la blonde avait le teint légèrement plus bronzé qu'à l'accoutumée. Une double rangée de piques rocheux partait de la base de son cou jusqu'à la base d'une queue, -un peu plus large que celle de Coleene- , qui se terminait par une corolle de piques. Aussi, des petites griffes venaient rallonger ses doigts. Une mutation de Tyranocif donc.

— Donc Coleene et toi n’avez pas la même mutation !
— Ouais, lui expliqua la fille aux cheveux de jais, bien que pas motivée à le faire. Si les deux parents sont mutants, l’espèce du gosse est directement celle de la mère.

Tous se tournèrent alors vers Sophia, qui se sentit soudain acculée.

— C’est quoi le principe de ça ? s’énerva la rousse, voyant que c’était censé être son tour. On a d’autres choses plus importantes à faire, qu’exhiber nos mutations comme si c’était le concours de celui qui a la plus grosse !

La blonde tenta de la calmer.

— On ne te forçait pas, t’inquiète. On sait.

Ce coup de nerf provoqua un blanc, que personne sembla vouloir combler.

— Je suis parfaitement d’accord avec toi, Sophia, intervint subitement Coleene, agacée.

Choquée, sa cousine fit les yeux ronds.

— Ah bon, depuis quand ? T’es pourtant la première à participer à ce genre de choses !
— Je ne parlais pas de ça, idiote ! Je suis d’accord avec elle sur le fait qu’on a des trucs plus urgent que ça à régler…

Elle croisa les bras.

— .. Je pensais notamment à la voiture. Quoi il se passe, il nous en faut une.
— Ça, je m’en charge ! s’imposa la mutante de roche. On aura qu’à en fracturer une du service d’auto-partage de la gare.
— OK, bonne idée. Mais pas sûr que ce soit le genre à se démarrer aux fils…

Lui vint alors une comme une illumination. Contre toute attente, la fille d’Edgar se retourna vers Samuel.

— … Au fait l’immigré, vu que tu t’y connais en informatique, tu pourrais hacker le système d’allumage d’une voiture ?

Ne s’attendant visiblement pas à ce qu’elle l’interroge, il sembla pris de court.

— Euh… Ouais bien sûr ! Je peux même hacker leur système de verrouillage, si tu me laisses assez de temps.
— Il t’en faudrait combien, à peu près ?

Le jeune homme réfléchit un instant, puis fit couci-couça avec sa main.

— À vue de nez, je dirais environ dix minutes. Mais ça dépend grandement du firewall qu’ils utilisent.
— Nickel ! sembla pour une fois ravie la mutante. C’est donc à toi qu’on confie cette mission. Marie t’accompagnera.
— Bien reçu, chef !

Coleene leva les yeux au ciel.

— Si tu pouvais éviter ce genre de connerie, Marie, ça serait sympa.

==

À la nuit tombée, Marie-Kate et Samuel sortirent de l’abri par la trappe menant directement à l’extérieur. Ils arrivèrent ainsi dans une ruelle étroite, en face de la porte de la route 16, dans le cœur historique d’Illumis. Un peu plus à l’est, se trouvait la gare centrale. Un bâtiment ancien, fait de grès et de verre.

À une heure pareille, il n’y avait plus grand monde dans les parages. Seul le clapotis de l’eau de la fontaine au centre du parvis venait troubler ce silence assez pesant.

Tenant son P.C portable fermement contre lui, le jeune homme était anxieux. Ce n’était certes pas son premier rodéo hacking en milieu sauvage, mais le dernier en date lui avait laissé de lourdes séquelles. Ce qu’il avait fait cette fois-là hantait encore et encore régulièrement ses pensées.

Voyant que son camarade était aux abonnés absent, la blonde sûre d’elle le tracta par le bras.

— Qu’est-ce tu fous, Sam ? Viens !…

Tout à coup, une patrouille de la M.E.A sortit du bâtiment de la gare, armée de mitrailleuses.

Marche arrière. Par réflexe, la mutante roche repoussa le brun dans l’obscurité de la ruelle. Sans avoir le temps de se rétablir, il percuta une benne à ordure. Son dos heurta la poignée, lui arrachant un cri.

— Crotte, tu t’es pas fait mal ?
— Nan, c’est bon, la rassura-t-il immédiatement, en se relevant. Je me suis déjà fait bien pire.

Effectivement, il n’avait pas eut si mal. Mais le choc sembla lui faire oublier ses démons assez longtemps pour lui redonner ses pleines capacités.

Les soldats partis au loin, le duo traversa l’avenue déserte jusqu'au parvis de la gare.

Réalisant soudain quelque quelque chose d’important, Marie-Kate jeta des regards autour d’elle. Il n’y avait pas une voiture à l’horizon. Non, pas une. Pourtant, c’était bien ici qu’elles devaient être : il y a avait le logo du service sur les places où la jeune fille venait de se stopper.

Une grosse goutte de sueur perla sur son front déjà humide. Ils étaient cuits.

Cependant, sans se soucier des inquiétudes de son amie, le brun s’installa par terre avec son P.C, quasi à ses pieds. Un programme particulier activé, il dé-clipsa la SuperBall de Gallame et la Pokéball anthracite de sa ceinture. Il connecta aussitôt cette dernière à son ordinateur. La première, il la lança bien haut. Le pokémon psy apparut aux aguets, directement sur le toit de la gare.

— Qu’est-ce que tu fais ? l’interrogea-t-elle, dubitative, en se penchant vers l’écran.

L’ordinateur poussa un petit cri robotique. L’information ‘CyberBall détectée’ s’afficha alors à l’écran.

— Ce que je fais ? se contenta d’abord de répondre le brun, . Je fais ce que m’a chargé Coleene, je nous trouve un véhicule. Gallame sert juste de sentinelle au cas-où la patrouille reviendrait trop vite.
— Mais comment tu comptes faire ? Tu vois bien qu’il n’y en a pas ?

Pleinement concentré sur son programme, Samuel ne releva même pas la tête. Tout en parlant, il tapait des lignes de codes a une vitesse folle.

— Simple. Les chargeurs à inductions de ces places de stationnement communiquent avec toutes les voitures du service. Elles leurs transmettent des infos pas si vitales que ça. Mais si j’arrive à me connecter à celle sous nos pieds, je pourrais infecter tout le réseau en cascade. Véhicules, places, et toutes choses qui communiquent avec eux tomberont sous mon contrôle les uns après les autres, comme des dominos. Comme leurs voitures disposent du système de conduite autonome, je n’aurais alors plus qu’à faire venir à nous celle qui nous intéresse.

Les yeux bleus de la mutante s’illuminèrent de joie.

— J’aimerais te traiter de génie ! Mais c’est pire que ça ! T’es Rembrandt !
— Oh non, loin de là. J’ai passé des mois à coder cet utilitaire de prise de contrôle. Là, je ne fais que l’utiliser. Et je me contente de modifier les caractéristiques de la cible.
— C’est quand même pas donné à tout le monde !…

Pendant des minutes interminables, la jeune femme observa le sinnohïte en pleine concentration. Plusieurs fois, elle lança un regard à Gallame, perché tout là-haut, qui lui faisait signe que tout allait bien.

Quand il s’arrêta soudain de taper, un peu tendu, elle s’inquiéta .

— … Il se passe quoi ?
— Attends…

Quelques secondes passèrent avant que de nouvelles fenêtres ne s’ouvrent sur l’écran. Samuel sembla soulagé. Au fond, il avait eu peur que son programme soit devenu obsolète depuis le temps. Mais ce n’était définitivement pas ce genre de système quasi sans protection qui lui poserait problème.

— … Rien… Ça y est, j’ai le contrôle…

Le jeune homme se remit à pianoter un instant, avant de relever la tête vers sa camarade.

— … Tu as une préférence ? J’ai un break sept places devant le musée, il est libre de suite, ou une fourgonnette huit places en partance pour l’aéroport.
— Je ne sais pas, ricana Marie-Kate, amusé par la question. Disons la fourgonnette, on aura plus d’espace, surtout avec les jumeaux.

Samuel acquiesça avant de se retourner pour voir le numéro du bâtiment le plus proche de la ruelle.

— OK, c’est comme si c’était fait. Elle sera là dans dix petites minutes.
— Quoi ? T’as déjà fini ?!

Rangeant ses affaires, il haussa les épaules, comme si c’était logique.

— Ben ouais. J’avais annoncé dix minutes à Coleene, je devais m’y tenir.

Marie-Kate haussa un sourcil, surprise. Elle comprit alors qu’au fond, elle ne connaissait que trop peu ce jeune homme.

==

Le duo rentra à l’abri peu de temps après. Marie-Kate se faisant une joie de raconter ce qu’il s’était passé, en en rajoutant peut-être un petit peu. Mais l’essentiel était là : ils avaient leur stratégie de sortie. Si les jumeaux et Sophia s’étaient montrés surpris et intrigués, Coleene comme à son habitude, s’était contentée du minimum pour le remercier.

Après tout, quand elle avait interrogé Coralie sur ce qu’elle avait vu dans l’esprit du jeune homme, cette dernière lui avait parlé, tout en restant beaucoup trop vague, de capacités exceptionnelles en hacking. La mutante de feu n’était donc qu’à moitié surprise par sa performance.

Brian, toujours sur son PC, annonça soudain tout heureux :

— Mesdames et Messieurs, c’est officiel, nous sommes recherchés par la M.E.A !
— Il y a vraiment qu’un timbré comme toi, pour réagir comme ça, soupira Sophia, blasée.
— Même moi ? s’étonna Samuel, en se penchant vers l’écran.
— Eh oui mon petit ! Même toi. Ils te recherchent pour complicité avec l’ennemi public.

Le sinnohïte se mordit la lèvre. Comment avait-ils fait pour savoir ?

L’image lui revint en tête d’un coup : La hache posée contre la camionnette. Cela voulait donc dire que Dreak était vraiment à Kalos, travaillait pour la M.E.A, et avait réussit à le reconnaître ?

Non. C’était impossible. Pas avec son récent changement d’apparence. Ce n’était qu’une coïncidence. Le jeune homme en était certain.

— Fallait s’y attendre, soupira la mutante de feu, blasée. On ne peut plus faire grand-chose contre. Si ce n’est appliquer le plan prévu. Faut déjà attendre que cette foutue bagnole arrive !

==

Au même moment à la pension. Un jeune homme entra dans la chambre de Coleene.

Il était grand, mais assez maigre, ce qui lui donnait une silhouette élancée. Ses longs cheveux gris retombaient dans la capuche de son blouson. Ce n’était pas le genre de personne à avoir besoin de porter un uniforme de l’agence de la M.E.A pour être reconnu. Tout les soldats connaissaient le frère cadet du commandant : Tsubasa Pierce, âgé de vingt-deux ans.

Parcourant la pièce du regard, il finit par apercevoir le cadre couché qui était toujours sur la commode. Intrigué, il s’en approcha. Quand il le retourna, Tsubasa eut comme un pincement au cœur. Malgré tout ce qui était arrivé, elle avait gardé cette photo. Dernier témoin des magnifiques moments qu’ils avaient passés ensemble, à l’époque où elle effectuait son voyage initiatique.

— Elle l’a gardé, sourit le jeune homme, une lueur nostalgique dans le regard.

Une larme qui coula le long de sa joue força le jeune homme à retirer les lunettes qui lui couvraient en partie le visage. C’était exactement la même paire que l’on apercevait sur le cliché. Il ne s’en séparait jamais.

— Ne t’avise surtout pas d’interférer dans cette traque, Tsubasa !…

Surpris, l’adolescent se tourna vers la porte, le cadre à la main. Son colosse de frère était apparu dans l’embrasure.

— … N’oublie pas que si tu es toujours en liberté, c’est parce que tu es mon frère.

Tsubasa serra les dents, comme pour contenir sa colère. Lui répondre ne mènerait à rien, si ce n’est qu’à attirer son courroux.

— … Ta traîtrise a été pour moi la pire des humiliations que je puisse subir, renchérit le commandant, cherchant visiblement une faille chez son cadet. Tomber amoureux de la fille de notre pire ennemi : le chef de ces monstres. Quelle horreur !

Il eut beau se retenir, Tsubasa finit par craquer.

— Et toi, tu oublies que nous en sommes aussi ! Nous torturons et tuons des innocents !… Allons Dreak, dis-moi, qui est le plus proche du monstre ici-bas !?

Alors que le plus jeune laissait couler une larme, l’autre se rapprocha. Côte à côte, c’est là qu’on voyait la différence de corpulence entre les deux frères.

Dreak haussa alors le ton.

— Veux-tu que je te rappelle ce qu’[i]il[i] a fait, et les centaines d’autres comme lui ? Les mutants doivent disparaître. Ils représentent une trop grande menace… Je vois les milliers de vies que nous pourrions épargner en éliminant ce fléau.

Il marqua une pause, et soupira.

— … Bref, nous avons du pain sur la planche. Tu as assez perdu de temps ici. Tu vas me suivre ! C’est un ordre !

Le colosse rebroussa chemin. Contre son ordre, son frère ne le suivit pas de suite.

— Dreak !
— QUOI !?

L’intéressé tourna la tête. Tsubasa s’apprêtait à lui dire ses quatre vérités, à lui déverser tout sa colère, quand il croisa à nouveau le regard assassin de son aîné.

— Nan rien, je m’excuse, se ravisa-t-il aussitôt.
— J’aime mieux cela.

Puis, comme convenu, il le suivit, non sans glisser discrètement le cadre dans l’intérieur de son blouson.