Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Entre infini et au-delà de Cyrlight



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 04/06/2014 à 11:06
» Dernière mise à jour le 04/06/2014 à 11:08

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 248 : Je suis deux
Je suis deux - Candice


- Je n'arrive pas à y croire, murmura Chloé.

Elle tendit un verre d'eau à Cassy, assise sur son lit, le dos appuyé contre le mur, une couverture tirée jusqu'au menton. Elle la remercia, puis la nageuse prit place entre Marion et Yohanna, qui lui tenaient compagnie.

- Elle semblait tellement forte... souffla la Ranger.
- Rien de tout cela ne se serait produit si elle n'avait pas croisé le regard de Créhelf.
- Comment cela a-t-il pu se produire ? questionna la religieuse.
- A mon avis, elle s'est retrouvée nez à nez avec la Team Galaxie et ils ont dû s'affronter. Créhelf a probablement été alerté par le bruit des combats. Toujours est-il que nous n'avons rien entendu dans le sanctuaire.
- Comment es-tu certaine que les choses se sont déroulées ainsi ?
- Je le suppose. Giratina a repêché Vlad dans le lac, une branche d'arbre en guise de pieu dans la poitrine. Eric et ses hommes l'ont tué avant qu'il ne puisse donner l'alerte.
- Lilith sera furieuse lorsqu'elle apprendra la mort de l'un de ses Gijinkas, non ?
- Pas sûre. Enfin, elle n'appréciera certainement pas de perdre un soldat à ses ordres, néanmoins je doute qu'elle attache vraiment une réelle importance à leur vie.

Le silence retomba sur la chambre. Elles entendaient vaguement l'eau couler dans la salle de bain, où Tina prenait une douche. Elle avait été elle aussi bouleversée par la nouvelle, cependant elle s'était montrée étonnamment forte, contrairement à d'habitude, quand elle laissait ses sentiments prendre le dessus sur sa raison.

- Nous allons te laisser te reposer un peu, d'accord ? informa Chloé. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à nous appeler. Nous viendrons.
- Merci, c'est gentil, mais je crois que je vais simplement essayer de m'endormir. J'ai un peu mal à la tête.
- Avec une commotion cérébrale, ça n'a rien de surprenant.

Elles lui adressèrent un sourire qui se voulait encourageant, mais qui ressemblait pourtant davantage à un rictus crispé. Marion, qui fut la dernière à sortir, referma la porte sans bruit derrière elle et éteignit la lumière.

Cassy se sentait mieux dans l'obscurité, car l'ampoule au-dessus de son lit l'éblouissait. Elle glissa le long du mur pour s'étendre sur son matelas et arrangea son oreiller sous sa tête. A condition de ne pas trop s'agiter, elle se sentait presque dans un état normal.

Elle s'assoupit pendant environ deux heures, avant d'être réveillée par un coup discret frappé contre le battant clos. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre de quoi il en retournait : son esprit était encore embrumé. Finalement, elle invita la personne à la rejoindre.

Yohanna franchit le seuil de la pièce, un plateau à la main. Il supportait un bol de soupe fumant ainsi qu'une coupelle de fromage blanc nature. A force de se charger de la cuisine à la place de tout le monde, elle avait retenu que sa consoeur ne sucrait jamais ses aliments.

- Je ne savais pas si tu aurais faim ou pas, alors je t'ai préparé un petit quelque chose. Nous avons déjà dîner.
- Oh, il ne fallait pas. Je serais venue chercher quelque chose.
- Je te le met sur la table de nuit ?

Cassy acquiesça tout en poussant son réveil pour lui laisser la place. Une fois que la religieuse se fut débarrassée de son fardeau, elle s'assit sur le rebord du matelas, tandis qu'elle-même se redressait afin de prendre le bouillon.

- Délicieux, déclara-t-elle après avoir effleuré sa texture veloutée du bout des lèvres.

Le potage n'était pas aussi chaud qu'elle l'aurait imaginé, raison pour laquelle elle put avaler plusieurs lampées successives sans craindre de se brûler la langue. Elle en était presque à la moitié lorsqu'elle s'empara de la serviette en papier pour tapoter les coins de sa bouche.

- C'est étrange... déclara-t-elle en humant la soupe. En fait, je trouve qu'elle a un arrière goût.
- Tu permets ?

Yohanna lui prit doucement le bol des mains et, à l'aide de la cuillère qu'elle n'avait pas utilisé, en préleva une portion. Elle approfondit avec soin au moment d'avaler, puis haussa les épaules.

- Non, je ne trouve pas. Enfin, j'ai peut-être un peu abusé des fines herbes, mais...

Elle s'interrompit en voyant son amie porter une main à ses lèvres, le teint livide. Elle allait lui demander ce qui n'allait pas, mais elle la devança en lui demandant d'une voix rauque :

- Tu pourrais me ramener une bassine, s'il te plaît ?

Comprenant qu'elle souffrait de nausées, la porteuse du glyphe glace ne se le fit pas répéter. Elle partit en courant pour revenir moins d'une minute plus tard avec un seau en plastique. Il s'agissait vraisemblablement de la première chose qu'elle venait de trouver.

A peine l'eut-elle tendu à Cassy que celle-ci s'y agrippa pour vomir. Son visage blafard prit alors une teinte rougeâtre sous l'effort. Yohanna lui servit un verre d'eau, car elle suffoquait par instant. La gorge en feu, elle avala le liquide d'une traite, pour le recracher presque aussitôt.

- Tu veux que j'appelle quelqu'un ? L'infirmière Joëlle pour lui demander des conseils ?
- Non, c'est bon. Léa a laissé un remède contre les nausées, heureusement qu'elle pense à tout.
- Je vais te le préparer, dis-moi simplement ce qu'il faut.
- La recette est dans le tiroir de ma table de nuit, et tu trouveras les herbes dans des bocaux étiquetés, rangés sur la dernière étagère du garde-manger.
- D'accord. Tu préfères rester seule ou je demande à l'une des filles de venir ?
- Je crois plutôt que je vais aller dans la salle de bain.

Elle mourrait d'envie de se brosser les dents pour éliminer le goût acide de la bile dans sa bouche, ainsi que de s'asperger le visage d'eau froide pour faire partir les quelques gouttes de sueur qui perlait à présent sur sa peau.

Elle se mit debout prudemment. Yohanna la soutint le temps qu'elle trouve son équilibre, un peu chancelant au début. Elles se séparèrent ensuite, une fois le seuil de la chambre franchi. Cassy fut soulagée de voir que ses consoeurs avaient sans doute toutes regagnées les leur, car elle n'en croisa aucune.

Elle était encore penchée au-dessus du lavabo, terminant sa toilette, lorsque la religieuse la rejoignit, la décoction de Léa à la main. Une vague odeur florale s'en dégageait, que la dresseuse put sentir en l'approchant de son nez.

Elle le but d'une traite. C'était un peu aigre, mais moins répugnant que certains remèdes qu'elle avait déjà pris par le passé. Elle s'apprêtait à rendre le verre à son amie lorsqu'elle s'immobilisa, le regard figé sur le calendrier accroché sur le flanc latéral de l'armoire à pharmacie.

- Oh non... Ce n'est pas vrai...

Accidentellement, elle laissa tomber le récipient qui vola en éclats sur le carrelage bleu clair de la salle de bain. Yohanna l'observa, inquiète, par crainte qu'elle ne souffre de malaise, mais elle semblait au contraire très concentrée.

- Nous sommes déjà au mois de mars, murmura-t-elle en comptant lentement une série de chiffres sur ses doigts.
- Euh... Oui... Mais tu sais, ce n'est pas grave si tu n'as pas la notion du temps. Moi aussi, j'ai souvent du mal à savoir quel jour nous sommes depuis que nous habitons ici.
- Non, ce n'est pas cela, le problème. Je pensais avoir simplement un peu de retard, sauf que j'en suis à sept semaines.

La porteuse du glyphe glace ouvrit des yeux ronds en comprenant qu'elle faisait référence à ses cycles menstruels. Cassy s'approcha du miroir, tremblante, et aplatit le T-shirt ample qu'elle portait pour dormir au niveau de son ventre. Elle était encore mince, rien à ce niveau ne semblait avoir changé.

- Tu penses... commença son amie avant de s'interrompre.
- ... Que je suis enceinte, oui.
- De Sven ?
- Sans nul doute.

Le visage entre les mains, la dresseuse alla s'asseoir sur la bordure fraîche de la baignoire et replia une jambe contre elle. Elle se sentait mal, tout à coup. Si cela s'avérait exact, quelles en seraient les conséquences ?

- Eh... murmura Yohanna en s'accroupissant pour glisser ses doigts contre les siens. Je suis là, d'accord ? Je vais t'aider, moi. Je sais ce que cela fait, alors ce n'est sûrement pas moi qui te jugerais.
- Ce n'est pas la question. J'ai éloigné Cynthia de la Confrérie afin qu'elle n'ait pas à encourir le moindre risque avec son bébé, et maintenant... Tu me vois, franchement, affronter mon frère sur un front et Arceus de l'autre enceinte de trois ou quatre mois ?
- Il te reste encore une alternative... Tu t'en es aperçue à temps pour avoir encore le droit d'être avortée.
- Je... Je ne sais pas. C'est vrai que je n'ai ni envie d'avoir une chose qui remue dans mon ventre et que Sven n'en voudra certainement pas non plus, mais... Mais... Qu'est-ce que je dois faire, d'après toi ?
- Il y a quelques années, j'aurais voulu que quelqu'un prenne cette décision à ma place. Cela m'aurait épargné mon erreur.

Tout en parlant, Yohanna posa une main sur sa joue et caressa sa peau du revers de son pouce dans un geste emprunt de tendresse, l'autre étant appuyée sur son genou. Elle plongea son regard dans celui inquiet de son amie.

- Aujourd'hui, je m'aperçois que finalement, personne d'autre que moi ne pouvais choisir ce qu'il convenait de faire. J'ai tué un enfant alors qu'il n'était qu'un foetus, et dans des conditions abominables. Je suis donc mal placée pour te donner des conseils, même si la morale voudrait que je t'empêche de commettre à ton tour un crime aussi odieux. Cependant, qui serais-je pour oser te dire que tu ne devrais pas avorter ? Qui pourrait même te le reprocher quand on sait que notre vie ne tient déjà qu'à un fil ?
- Je... Tu as raison. C'est à moi de voir.
- Quelle que soit ta décision, je te soutiendrai.
- Avant de la prendre, il faudra que je m'assure qu'il ne s'agit pas simplement d'une fausse alerte. Demain matin, j'irai au Centre Pokémon acheter un test de grossesse.
- Je t'accompagnerai.
- Merci.
- C'est inutile de me remercier. Je serais toujours là pour toi, et je te suivrais jusqu'au bout du monde si tu me le demandais.

Cassy lui adressa un sourire triste et Yohanna se releva afin de la prendre dans ses bras, pour lui offrir le réconfort d'une étreinte chaleureuse.