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Entre infini et au-delà de Cyrlight



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Informations

» Auteur : Cyrlight - Voir le profil
» Créé le 26/03/2014 à 11:17
» Dernière mise à jour le 26/03/2014 à 11:21

» Mots-clés :   Action   Drame   Fantastique   Mythologie   Suspense

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Chapitre 218 : Silence
Silence - Lara Fabian


Cassy n'avait pas choisi l'hôtel le plus luxueux de Voilaroc, toutefois il leur convint parfaitement. Elle occupait une chambre au même étage qu'Esméralda, bien qu'à l'opposée l'une de l'autre, et Marion résidait à l'étage supérieure afin d'éviter de nourrir des soupçons à leurs égards.

Les premières journées ne donnèrent aucun résultat tangible. Elles eurent beau patrouiller dans le ciel et sur la terre ferme, rien n'attira leur regard sur la présence d'un glyphe quelconque. De surcroît, vu que l'hiver approchait à grands pas, les gens portaient tous des manches longues ou des écharpes, ce qui rendait leur peau invisible. Elles n'arriveraient jamais à distinguer un quelconque symbole de la sorte.

- Finalement, nous aurions dû emmener Yohanna avec nous, déclara la Ranger qui venait de passer son après-midi au casino. Elle aurait pu faire briller le soleil sur la ville et tout le monde se serait mis en T-shirt.
- Cela nous aurait facilité la tâche à condition que la marque soit apparue. Si la personne que nous recherchons n'a jamais été frappée par un pokémon, cela ne servirait pas à grand-chose non plus. Nous allons devoir nous fier à notre instinct.
- Comment cela ?
- Nous avons tous une qualité essentielle du glyphe auquel nous sommes liés. Il faut chercher quelqu'un qui partage des points communs. Par exemple, le type combat nous a échappé à Safrania, mais il s'agissait d'un spécialiste en arts martiaux. Chloé possède l'eau et elle est nageuse professionnelle. Sven a les ténèbres et... Cela se passe de commentaires.
- Nous ne pouvons pas apprendre à connaître un par un tous les habitants de cette ville jusqu'à émettre une simple intuition sur l'un d'entre eux, qui a d'ailleurs de fortes chances d'être erronée.
- Non, mais dresser une liste potentielle, qu'Esméralda réduira ensuite en usant de son don de projection astrale. Nous allons juste devoir changer notre angle d'approche. A présent, au lieu d'observer la foule, il faut nous y mêler. Trouver un moyen de communiquer avec les gens. Toutes les méthodes sont bonnes à prendre. Demain matin, Marion, vous irez faire du porte à porte chez les gens. Faites vous passer pour une enquêtrice et posez leur des questions sur le type de pokémon qu'ils aimeraient élever, ce genre de choses. N'oubliez pas de prendre des notes.
- D'accord. Je commencerai par l'avenue d'Unionpolis.
- Et moi, je m'efforcerai d'entendre les pensées des gens qui m'entourent, surenchérit la gitane. Cependant, plus la foule est dense et moins je parviens à me concentrer. Je manque cruellement d'entraînement.
- Je sais que vous ferez de votre mieux. Maintenant, vous devriez regagner votre chambre avant que quelqu'un ne remarque votre présence ici.

Elles se trouvaient dans la petite chambre de Cassy. Esméralda était assise sur le lit, Marion sur l'unique tabouret et la jeune femme sur le bureau qui faisait l'angle, les jambes pendantes dans le vide. Elle leur rendit leur perruque, puis ses consoeurs prirent congé après lui avoir souhaité de passer une bonne nuit.

Elle conserva le détecteur avec elle. Elles le gardaient à tour de rôle afin de brouiller les pistes, bien qu'elles n'aient pour l'instant pas l'impression d'être épiée par quiconque. Ce soir-là, étendue sur son matelas, elle alluma le GPS que Régis y avait intégré. Il clignota, et le radar indiqua une direction. Lorsqu'elle se redressa pour le pointer sur la fenêtre, il changea de position du tout au tout.

Elle s'en voulut de ne pas pouvoir corriger elle-même ce défaut de précision, sans quoi elle aurait pu réduire la zone à couvrir car il était impossible que la personne qui porte le glyphe ne se déplace aussi vite dans Voilaroc, à moins d'utiliser Téléport toutes les vingt secondes.

Le lendemain matin, elle s'éveilla aux alentours de huit heures. Depuis qu'elle était dans cette ville, elle avait pris l'habitude de s'habiller, puis de se rendre dans une boulangerie située à deux rues de son hôtel. Faisant également office de salon de thé, elle était déjà bondée, même si tôt.

Une délicieuse odeur de pain grillé mélangée à aux effluves sucrés des gâteaux vinrent la faire saliver dès qu'elle poussa la porte vitrée. Un carillon se déclencha dans l'arrière boutique. Sous la lumière des néons, dans cette pièce à l'apparence sphérique où une demi-douzaine de clients occupaient les tables rondes, une femme bien en chair fit son apparition de l'autre côté du comptoir.

- Bonjour ma petite dame, qu'est-ce que je vous sers ?
- Je voudrais un croissant au beurre et une brioche avec des pépites de sucre, s'il vous plaît.
- Ce sera tout ? Cela vous fera trente pokédollars.

Cassy sortit un billet froissé de sa poche et le posa à côté de la caisse enregistreuse. La vendeuse lui emballait sa commande dans un petit sac en papier lorsqu'elle remarqua l'affiche scotchée contre le présentoir en plexiglas.

- Vous recherchez une serveuse ?
- Oui. Malheureusement, notre garçon de salle s'est foulé la cheville l'autre jour. Un accident de vélo, rien de très grave, mais nous avons besoin de quelqu'un pour le remplacer durant deux semaines au moins.
- Il vous faut des compétences particulières ou n'importe qui pourrait avoir le poste ?
- J'aurais préféré une personne avec un minimum d'expérience, mais vu que les propositions ne se bousculent pas, je suis prête à faire un essai avec celui ou celle qui le désire. Pourquoi ? Vous êtes intéressée ?
- Oui, beaucoup. Je suis arrivée à Voilaroc depuis peu et j'avais justement l'intention de trouver un petit boulot.
- Qu'êtes-vous venu faire ici ?
- Oh... Euh... Mon petit ami travaille dans le secteur, alors j'ai voulu me rapprocher de lui.
- Ah bon ? Que fait-il comme profession ?
- Il est... Hum... Topdresseur.
- Vraiment ? Mon fils étudie actuellement à Féli-cité afin de pratiquer ce métier.
- C'est... passionnant. Mon ami vient de Mauville, lui. Excusez-moi, mais pourrions-nous en revenir à ce poste de serveuse, s'il vous plaît ?
- Oui, bien sûr. Vous n'aurez qu'à revenir à treize heures. Ma collègue vous expliquera ce qu'il y a à savoir. Tenez, en attendant, voici une copie de la carte du salon. Je vous conseille de bien l'étudier avant, c'est toujours un avantage de la connaître lorsqu'un client réclame une boisson ou une pâtisserie.
- Je vous remercie. Je reviendrai à l'heure convenue.

Le coeur de la jeune femme battait la chamade. Voila la raison pour laquelle elle redoutait de se mêler aux habitants de Voilaroc : elle ne pourrait échapper à ce genre d'interrogatoire, or elle risquait de ne pas s'en sortir avec tant d'habilité à chaque fois.

Tout en mangeant sa brioche d'une main, elle déplia le menu de l'autre. Il ne comportait qu'une trentaine d'articles en tout, qu'il lui serait facile d'assimiler avec un peu de travail. Si l'emploi ne l'intéressait aucunement, elle avait vu en lui une occasion d'être au plus près des gens, d'entendre leurs conversations, et ainsi peut-être repérer un détail qui lui permettrait d'identifier un glyphe.

Elle s'apprêtait à retourner à l'hôtel afin d'étudier tranquillement lorsqu'un courant d'air froid vint agiter sa perruque. Heureusement, elle eut le réflexe de la retenir à temps avant qu'elle ne s'envole. Une mèche brune s'échappa cependant de sous ses boucles rousses et elle dut la caler à l'aide de la branche de ses fausses lunettes afin de la faire disparaître.

Elle regarda les alentours dans l'espoir que personne ne l'ait remarquée, mais les passants ne faisaient même pas attention à elle. Elle se figea cependant lorsqu'elle remarqua à plusieurs mètres d'elle, devant l'étal d'une librairie ancienne, un adolescent qui lui tournait le dos, vêtu d'une combinaison moulante en cuir marron.

- Oh non... souffla-t-elle. Sylvain...

Bien qu'il soit trop loin pour l'entendre, il leva presque aussitôt les yeux de l'ouvrage qu'il feuilletait pour les tourner dans sa direction. Elle s'aperçut alors qu'elle était restée immobile et poursuivit sa progression, même si cela impliquait passer devant lui, en feignant un air naturel.

- Excusez-moi, lança-t-il au moment où elle parvint à sa hauteur.

Elle fut contrainte de se tourner vers lui tout en évitant de le fixer en face car elle craignait qu'il ne la démasque au travers de son regard. Avec un sourire franc comme lui seul en avait le secret, il déclara :

- C'est étrange, vous ne me semblez pas inconnue. Nous nous connaissons ?
- Non, répondit-elle avec un éclair de génie en prenant l'accent du sud de Hoenn qu'elle avait eu l'avantage d'entendre autrefois.
- Oh, pardonnez-moi de vous avoir importuné, mais pourquoi vous êtes-vous arrêtée, alors ?
- Je... Je ne suis pas d'ici. Je cherchais simplement mon chemin.
- Dans ce cas, je peux vous aider, peut-être ?
- Sauriez-vous où je peux trouver... une Boutique ? J'ai besoin de potion pour l'un de mes pokémon.
- Attendez, j'en ai toujours une sur moi. Tenez, j'espère que cela vous dépannera. Enfin, si vous voulez quand même aller à la Boutique, il y en a une à trois rues d'ici. Vous tournez sur votre gauche au second embranchement, puis vous continuez tout droit jusqu'à une petite place.
- Merci beaucoup. Vous êtes vraiment très obligeant.
- C'est la principal qualité d'un Topdresseur, mademoiselle. Je vous souhaite de passer une bonne journée.

Il lui adressa un sourire en lui glissant le spray mauve dans la main, auquel elle répondit malgré elle. Elle ne s'aperçut de son erreur que trop tard, car sa bouche était identique à celle d'Eric. Sylvain fronça les sourcils d'un air soupçonneux. Il l'observa avec insistance, puis finir par tourner les talons.

Elle passa le reste de la matinée à se demander s'il l'avait reconnu, ce qui ne l'aurait pas étonné. De tous les habitants de Voilaroc, elle devait tomber sur son cousin. Elle se mordit la lèvre en repensant à une telle malchance, et se promit à l'avenir de figer ses émotions de façon à ce que ce genre de situation ne se reproduise plus.

Elle ne parla pas de cette rencontre hasardeuse à ses consoeurs. Esméralda se serait inquiétée et Marion aurait à nouveau émis des doutes à son sujet car, pour elle, croiser le regard d'un sbire Galaxie était une marque de traîtrise, même s'il s'agissait d'un accident. Elle ne lui faisait toujours pas confiance par rapport aux relations qu'elle avait jadis entretenu avec eux, et cela ne changerait sûrement jamais.

Assise en tailleur sur son lit, la carte à la main qu'elle connaissait désormais par coeur, Cassy ne put s'empêcher de songer à la gentillesse dont Sylvain avait fait preuve avec une prétendue parfaite inconnue. Il était bon, elle le savait, et cela lui fendait le coeur de le voir rester auprès de son ignoble frère.

Il était loyale, honnête, en dépit de tout. Elle ne comprenait pas pourquoi il s'échinait à se battre du mauvais côté. Certes, elle ne disait pas cela au temps d'Hélio étant donné qu'elle respectait son point de vue d'une certaine manière. Cependant, Eric était malveillant, démoniaque, même. Comment pouvait-il demeurer avec lui alors que leurs personnalités semblaient si opposées ?

Pendant un instant, la question des camps lui revint à l'esprit, mais cette fois, elle ne doutait plus : elle était convaincue d'avoir choisi le bon, celui qui se dresserait contre la Team Galaxie, mais aussi contre Arceus.