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Firmament [O.S.] de Kibouille



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Evaluation de Ramius

Expression


Autant que je puisse en juger, tu as adopté jusqu’au style de récit de la Grèce antique, ce qui est franchement assez impressionnant. Le principal désavantage est que ton O-S serait au mieux de sa forme s’il était déclamé par un poète, et de mémoire.

Il n’y a pas grand-chose de plus à dire de ce côté-là, tu maîtrises entièrement cet aspect du texte. J’ai remarqué quelques passages où une répétition pourrait être enlevée et une poignée de sauts de lignes oubliés. Il y a un Arbre-Mère dans la narration qui n’a pas pris les guillemets, juste avant l’entrée de la Matriarche, et j’ai un doute sur le verbe zinzuler, j’ai toujours entendu zinzinuler. Enfin, lors de la crise de fureur de la même Matriarche, tu passes soudainement au présent puis au futur, avant de revenir au passé qui compose le reste du récit ; j’aurais tendance à croire ça volontaire, mais c’est très déconcertant.

Histoire


La quête de Médènagan met en lumière des motifs dans la société de l’Arbre-Mère, qui pour le coup porte assez bien son nom. Cela se traduit par un ensemble de thèmes récurrents dans le texte, que tu arrives à aborder avec un peu de nuances malgré l’état d’esprit plutôt ferme de l’Étourvol. Je relève par exemple l’opposition entre la présence oppressive de la Matriarche et les envies despotiques de Médènagan : on a un affrontement entre les deux, mais aussi des rebutes plus discrètes un bon moment avant, qui suggèrent que les deux approches ont leurs défauts. La scène des compagnes notamment donne une seconde lecture assez ambiguë à ce niveau-là, parce qu’à voir le comportement et les stades d’évolutions des personnages on ne sait pas bien si la société tombe vraiment dans les cases d’un matriarcat ou un patriarcat. Il y a des nuances des deux, et du coup l’histoire s’écarte un peu d’une métaphore « à la grecque ».

Sur d’autres aspects, l’opposition est moins subtile, en particulier la volonté de Médènagan de quitter le nid. C’est assez normal vu que les personnages argumentent ouvertement les uns avec les autres, et n’ont qu’un seul sujet à traiter au contraire de la confrontation avec Copidonarkégos. Du coup, le passage où Médènagan reconnaît qu’il court à sa propre mort est plutôt indispensable, il permet de souligner le fait que son jugement n’est pas universel : même un frère de nichée comme Oïdoukédos ne peut pas tout simplement le reprendre à son compte. Avec la nature très métaphorique du texte, c'est une bonne chose qu’il y ait un tel passage pour interpeler le lecteur et le pousser à questionner les arguments présentés de son côté.

De fait, comme le texte est bien ancré dans son style inattendu, on cherche naturellement à s’expliquer ses métaphores. De ce côté-là les références régulières à l’Antiquité engendrent quelques comparaisons délicates, et ce d’autant plus que son sujet principal, le besoin d’air de Médènagan et l’oisiveté de la société qui en est responsable, sont eux des thématiques bien contemporaines.

Personnages


C’est du point de vue des personnages qu’on ressent le plus l’atmosphère antique du récit, parce qu’ils ont la passion de quatre, les tirades de six et les problèmes de douze. À les en croire. Ils sont tous exaltés, ce qui peut s’avérer déroutant lorsqu’on rencontre Médènagan et qu’il change d’humeur du tout au tout dans l’introduction : c’est par ce moyen que les dieux, ou ancêtres (et la société), peuvent s’exprimer par la bouche des mortels. D’un autre côté, tu retranscris précisément les mouvements de leurs émotions. On sait que Médènagan ne se bat pas tant contre la Matriarche et une paire d’armoires à glace que contre lui-même, et son désir pas encore tout à fait mort de rester dans l’Arbre-Mère et de se faire dorloter. Ce dernier est exprimé clairement dès l’ouverture, et souligne la radicalité du discours où l’Étourvol explique son intention de partir : il est décidé à extriquer le confort de l’Arbre-mère de sa vie, et on sait qu’il touche déjà au but. De fait, lorsqu’il est trop triste pour voler, on peut supposer qu’il a aimé Antropozéto et qu’il conservera d’elle un souvenir de dégoût : pas étonnant que ça lui coupe les ailes.

Avis


Entre son style imposant et ses thèmes plutôt intimidant, ce n’est pas une histoire qui cherche à plaire au lecteur. L’exercice de style force le respect, et globalement je suis assez convaincu par les personnages : je dirais donc que les aspects que tu peux encore creuser sont plutôt du côté des concepts abordés. Mais ils sont déjà traités efficacement, et je t’avoue que je ne vais pas pouvoir te conseiller grand-chose de plus ! C’est déjà un O-S solide et bien bâti.

1 chapitres lu, évalué en 03/2023

Note : 16.4 / 20