La recherche d'un rival : À l'aube d'un rêve de Moriarty

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Evaluation de Icej

Expression

Dans l’ensemble, ton écriture est tout à fait correcte. De grosses fautes subsistent cependant à certains endroits, comme “une vois murmura derrière lui” au chapitre 16 ou “ils le prenait” au chapitre 21. En outre, ton style a quelques lacunes : il est parfois imprécis, maladroit, et sec.

L’imprécision est visible durant certains combats, où l’on a du mal à suivre l’action, comme le combat de Nostenfer contre Nostenfer, au moment où Moriarty affronte la Ligue de Kanto. Cela empêche le lecteur de s’immerger pleinement dans ton histoire. De plus, ton écriture est parfois maladroite, notamment dans les dialogues. La plupart de tes personnages s’expriment de manière très guindée, comme des profs de littérature cinquantenaires un peu froids, ce qui est particulièrement étonnant quand il s’agit d’enfant comme Bane. Si tous tes personnages parlent de la même manière, on a beaucoup plus de mal à les distinguer. Cette manière d’écrire est finalement peu réaliste.

Le plus gros souci, selon moins, reste que ton style est trop sec, et que tu ne retranscris pas bien les émotions des personnages. Tout au long de ta fic, tu décris principalement les actions de Moriarty d’un point de vue externe, telle que dans cette phrase au chapitre 28: “Armand l'avait regardé, couvert de sueur, aplati sur le sol, convulsé, comme étranglé”. Ce choix de point de vue nous maintient à distance du personnage et nous empêche de le comprendre. Si le lecteur/la lectrice ne ressent pas d’émotion en suivant tes personnages et leur péripéties, alors ils ne ressentiront qu’une envie limitée de lire tout court.

Histoire

L’histoire riche en rebondissements est certainement le point fort de ta fanfic. Je suis contente de voir que tu as donné de l’envergure au destin de Moriarty, en créant une nouvelle Ligue, une nouvelle région, une nouvelle Team… J’étais bien incapable de prédire où le chemin de Moriarty nous emmènerait, et chaque chapitre apportait son lot de découvertes.

En revanche, certains événements sont peu crédibles et nous empêchent d’apprécier pleinement le monde que tu as créé. Par exemple, comment est-ce possible que le président Saho ait interdit les Pokémon à Simmeroh ? Serait-il possible d’interdire les animaux en France ?

Un autre problème surprenant : les Pokémon dans ton histoire sont comme des robots sans âme, et tous les personnages s’en servent comme des objets. “En effet, maître. Tant que je serai dans votre pokéball, je ne pourrai que vous obéir,” déclare Porygon-Z au chapitre 20. Cela pourrait résumer la vision des Pokémon dans ton histoire, et pourtant, Ectoplasma a été capable de vampiriser son maître. Cette trahison semble suggérer un rapport beaucoup plus complexe entre humains et Pokémon, qui n’est jamais exploré, et cela est fort dommage.


Enfin, d’un point de vue structurel, il semble que ton histoire ait un problème de rythme. Moriarty bat un champion de Kanto par chapitre, et puis défait le conseil des quatre en un seul chapitre. En bref, les difficultés sont présentées et résolues en un même temps. Cette phrase du chapitre vingt-six en est un exemple parfait: “bientôt, ce ne fut plus les plus forts, mais bien tous les pokémon qui se mêlèrent à ce combat dont ils sortirent heureusement vainqueurs.” C’est beaucoup trop simple de prendre contrôle du palais présidentiel !

Personnages

Moriarty est ton personnage principal. Il change énormément au cours de l’histoire, oscillant entre amour et haine. Le fait qu’il choisisse de pardonner Armand est un très bel exemple de son évolution mentale. Mais le choix de narrer ses actions d’un point de vue externe, comme mentionné plus haut, nuit à notre compréhension du personnage. Comment se fait-il qu’il devienne “méchant” aussitôt passé par le manoir de ses parents ? Pourquoi retourner dans le passé pour se moquer de Bane ? La transition psychologique est assez mal amenée, alors même que l’on sent que tu y accordes beaucoup d’importance. Cela rend le chapitre 65 beaucoup moins touchant.

Les autres personnages sont aussi victimes d’incohérences. On ne comprend pas pourquoi Brynne n’est pas gêné par la mort de son père, et Moriarty ne se pose pas plus de question à ce sujet, donc on explore peu la personnalité de ce champion. Tu créés beaucoup de personnages peu mémorables, qui sont présentés davantage par leur aspect physique (les champions siamois…) que par leur psychologie. Et c’est particulièrement criant quand il s’agit des quelques femmes de ton histoire.

Émilie et Ecella sont toutes les deux des femmes “pures” (concept flou), sans trop de personnalité. Eccela est supposée vivre à Célesta avec ses grand-parents, et pourtant traîne sur cette falaise de Litorella comme si elle n’avait rien d’autre à faire que d’attendre Bane. Finalement, elle ne fera que suivre son amant jusqu’au bout, et veut encore reconquérir son amour au chapitre 65. Elle n’existe que par cet amour.

Avis

Cette fanfic a dû accaparer plusieurs années de ta vie, et c’est très admirable de l’avoir menée à bout. Je t’encourage à sortir du format de voyage initiatique auquel tu es habitué. Un bon exercice pourrait être d’écrire une fanfic très courte (trois ou quatre chapitres) autour d’un personnage ordinaire, pour explorer ses émotions, son quotidien, ses rêves. En somme, moins d’événements incroyables, mais une psychologie plus complexe.

65 chapitres lus, évalué en 03/2019

Note : 12.8 / 20