Les Chroniques des Univers: [Tome 1] La légende des deux Orbes de imhotep43

Mes espoirs s'évanouissaient un à un à mesure que je savais ma vie en danger. Un combattant "no-limit" n'aurait sans doute pas ressenti une sensation différente. Si mon imagination était sans limites, je savais maintenant que même la plus puissante des attaques ne ferait qu'accélérer l'effondrement programmé de notre prison de pierres.

Bizarrement, depuis que Pierrick avait annoncé que nos soucis commençaient, Lilian était devenu plus méthodique, plus calme que lorsque Aurore et lui s'étaient envoyé leurs longues tirades de rancœur à la figure. Ces quelques jours passés à Hoenn l'avaient réellement transformé, mais ce n'était peut-être pas aussi mauvais que ce que l'on croyait. Ce qui confirma que ce que je ressentais était la bonne peur, celle qui donne des ailes. Mais c'était de la peur quand même et il n'y avait rien de plus frustrant que d'être immobilisé par ses craintes. Et puis la lueur bleue qui se tenait dans mon esprit se mit à pulser à nouveau. Bien que mes yeux soient fermés, je savais que le temps s´était à nouveau arrêté, mais cette fois-ci, ce n´était pas moi qui l´avait voulu, du moins pas consciemment.

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La sphère de lumière se mit à me parler:
"Allons, Sorbier, pour selon que tu as été choisi pour être l´élu, je suis plutôt déçu...
-Désolé, répondis-je, mais là je dois avouer que je me suis laissé prendre au dépourvu. Je pense que si je t´avais consulté quand j´avais des doutes, tu aurais peut-être pu nous épargner celà.
-Voyons Sorbier, ne désespère pas, effectivement j´aurais pu te prévenir, mais tu ne m´as pas demandé d´aide et j´ai de mon côté assez de choses à faire... Mais ce n´est pas ça le problème. Tu ne maîtrise pas assez le temps pour revenir en arrière, c´est pour cà que quand tu as pensé à trois mois dans le passé, Lilian s´est retrouvé trois mois dans le futur.
-Voilà une explication logique, mais continue, tu voulais me dire quelque chose.
-Oui, c´est vrai. Le temps n´est plus aux regrets, il est à l´action. Lorsque Pierrick aura fini avec l´écoute des pierres, il te dira qu´il reste une douzaine de minutes. Je t´épargnerais les crises cardiaques en te disant qu´il vous reste précisément treize minutes et dix-sept secondes. Voilà le temps qui t´es imparti pour trouver une solution."

Encore un compte à rebours mortel, ca commençait à devenir énervant.

"Et je dois faire quoi ? demandai-je un peu agacé à mon tour par ces paroles sibyllines
-Allons, Sorbier, et la boule éclata de rire, ne t´énerve pas. Et puis, qui te dis que c´est à toi de faire tout le travail ? Tu n´es plus seul maintenant, vous êtes deux élus....
-Vous pensez que Lilian peut y´arriver ?
-Seul, certainement pas, mais avec quelques conseils, qui sait ?
-Et ensuite ?
-Ca, Sorbier, c´est à toi de régler ce problème..."

La lueur disparut, j´eus un coup d´oeil à ma montre, 19h 46 minutes et 43 secondes. Un bref calcul m´apprit que la falaise devait s´effondrer à huit heures pile à ma montre. Ironie du sort ou pas, il était venu le moment de faire quelque chose avant la fin de ce délai. Et le temps reprit sa course folle.

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Je savais que le temps était précieux, encore une fois. Aussi je pris la tête des opérations, après avoir pris le temps de clarifier la situation dans ma tête.

Pierrick nous annonça:
"D´après mon étude, il nous reste...
-Une douzaine de minutes, je sais, coupais-je. Ne me demandez pas comment je le sais. Je peux même vous dire qu´il nous reste juste un peu plus de treize minutes. Ne me demandais pas comment je sais tout ça, répétais-je, il est temps de sortir d´ici.
-Et comment comptez vous faire professeur ? demanda Pierrick encore surpris de ma prémonition.
-Moi, répondis-je, je ne ferais rien, mais Lilian, c´est à toi d´agir..."

Le jeune homme se releva en trombe, même si manifestement il ne savait pas plus que nous ce qu´il devait faire...

"Professeur, comment voulez-vous que j´aille dans un endroit où je ne suis jamais allé. Je ne fonctionne que par une vision précise de l´endroit où je dois atterrir.
-Je ne pense pas que ce soit ton seul moyen d´utiliser ce pouvoir, expliquais-je, sinon, j´aurais déjà laissé tomber. Alors vous autres, cherchez et aidez moi à trouver des idées."

Je regardais ma montre, douze minutes... Une sinistre impression de déjà-vu s´emparait de moi. Sauf que la dernière fois j´avais échappé de peu à la mort par un concours de circonstances... Ici, il n´y aurait pas de demi-mesure. Ou nous sortions de ce guépier, ou nous finirions ensevelis...

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Pendant de longues minutes, nous cherchâmes tous les cinq un moyen de sortir. Lilian refusait en bloc toutes nos théories. Il n´avait pas assez vu la grotte pour la définir précisément et il ne voulait pas nous envoyer dans un mur ou pire... Alors que toutes nos idées tombaient à l´eau l´une après l´autre, ce fut finalement Aurore qui sortit de sa léthargie boudeuse pour nous proposer une solution.

"Et si tu ne visualisais pas la destination ? Si tu exprimais cette destination en fonction de l´endroit où l´on est ?
-C´est à dire, demanda Lilian (bon sang, déjà plus que huit minutes ?), tu veux dire quoi ?
-Et bien, quand on n´exprimes pas un nombre par une série de chiffres, on l´exprime avec des inconnues. Par exemple 10x ou 5+y, si nous faisions pareil ? Je veux dire, on calcule notre trajectoire en fonction de notre point de départ....
-Je crois comprendre fit Pierrick, tu veux fonctionner comme un GPS ? Par exemple, on se dit que la sortie de la grotte, celà correspond à "ici + dix mètres vers le nord" ou "ici + 5 mètres vers le sud-est..." comme le font les GPS pour se repérer, par rapport à la position des satellites.
-Exactement, fit Aurore, alors, Lilian tu as compris ?
-Oui, je crois que c´est clair.
-Et alors, s´inquiéta t´elle, c´est possible oui ou non !
-Il reste sept minutes, fit-je remarquer..."

Lilian semblait réfléchir intensément, avant de finalement lâcher sa réponse:
-Il faut croire que c´est possible car je ne suis jamais allé aussi loin dans ces théories de téléportation. Je suis déjà en train de me créer une position de notre sortie. Pierrick, par où est la sortie, et à combien de mètres seront nous sûrs d´être en sécurité ?
-Par là, fit Pierrick en montrant une paroi du doigt, et vingt mètres suffiront amplement. Ne nous envoie pas plus loin sinon, nous allons nous trouver dans le mur même de la grotte."

Lilian ouvrit de grands yeux, et nous annonça:
"Prenez tout ce que dont vous avez besoin sur vous, et écartez vous les uns des autres, je commence par vous professeur."

Plus que six minutes.... Six interminables minutes.

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Lilian referma ses yeux et mit du temps à faire venir à lui l´image qu´il voulait. Je regardais ma montre toutes les dix secondes par pur stress.

Puis Lilian m´interrompit:
"Bon sang, professeur, tenez vous tranquille c´est déjà assez dur comme ça !"

Sans un mot, j´obéis. Au dernier pointage, il nous restait tout juste cinq minutes. Je me tins droit et fixe, je retins ma respiration et je sentis les vibrations d´énergie émaner tout autour de moi. Progressivement, je perdis toute sensation physique. Mon esprit carburait à 200 % mais mon corps ne sentait plus rien. Normal, vu qu´à la place de mon corps, ne se tenait plus qu´une boule d´énergie. Puis, bien malgré moi, je pris la direction du mur, de plus en plus vite (je vais m´écraser contre les pierres, ça ne va pas passer !) et j´ai traversé la roche. Sensation étrange que de ne plus avoir de sensations. De l´autre côté, mon corps se rematérialisa progressivement plus loin. J´étais sauvé. Je regardais à nouveau ma montre: 4 minutes 32... Ca allait être juste pour les derniers...

J´entendis crier Aurore:
"Professeur, c´est bon ? Vous êtes bien arrivé ?
-Affirmatif, je suis de l´autre côté, répondis-je. Dites à Lilian de ne rien changer, le point d´arrivée est parfait."

Pendant que je lançais ces propos, une deuxième vague d´énergie traversa peu à peu la pierre. Je remarquais avec amusement que la forme était verte alors que celle de Lilian avait été blanche. Je me demandais quelle couleur j´avais pris en me dématérialisant et cela me détendit un peu.

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Je reconnus la silhouette d´Antoine lorsque son corps réapparut de mon côté. Il se mit très vite à côté de moi afin de dégager la zone "d´atterrissage". Ma montre m´indiquait que le temps s´égrénait presque plus rapidement que la normale. Deux minutes vingt, et il restait encore trois personnes à faire sortir.

"Lilian, hurlais-je, dépèche-toi, il ne nous reste plus beaucoup de temps !
-Merci de l´info, professeur, l´entendis-je répondre, mais je fais de mon mieux. Pierrick est en train de vous rejoindre. Aurore suivra."

Effectivement, une aura bleue commença à percer le tumulus pour se joindre à nous. Pour passer le temps, je demandais à Antoine de quelle couleur j´étais quand je m´étais téléporté.

Ce à quoi il répondit:
"Aussi blanc que Lilian la fois ou il est parti pour Hoenn, pourquoi, on a le choix des coloris ?
-Comme tu le vois, Pierrick est une énergie bleue et toi tu étais vert, pour information.
-Ca ne m´étonne pas, le vert c´est la couleur de l´espoir. Et j´ai toujours eu "çà" au plus profond de moi, depuis que je suis tout gamin."

La théorie d´Antoine sur les valeurs des couleurs me plaisait. Elle paraissait même logique si l´on considérait que Lilian et moi partagions la couleur blanche, celle des élus. Les significations des couleurs que j´avais appris il y´a longtemps, bien avant mes études sur les pokémons, me revenaient. Le bleu symbolisait la persévérance, la tranquillité. Et aux dernières nouvelles Pierrick n´était pas le plus excité des champions de Sinnoh, calme et imperturbable comme les pokémons de roche qu'il entraînait. Celà me distrayait de donner des caractères à chacun de mes amis. Et ca m´empéchait de penser à ce fichu temps qui s´écoulait...

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D´ailleurs, en parlant de ça...

"Bon sang ! Plus qu´une minute dix !"

Pierrick nous avait rejoint et Aurore n´arrivait toujours pas. Je me maudissais de ne pas avoir initié plus tôt Lilian à son pouvoir. S´il avait eu un jour de plus pour le maîtriser, il aurait peut-être pu aller plus vite.

55 secondes. Mais que faisait Aurore ?

"Professeur, la voilà ! fit remarquer Pierrick."

En effet, une volute se dirigeait enfin vers nous, une fumée de couleur rouge. Je regardais Antoine et nous eûmes la même réaction... Rouge passion... Aurore avait toujours été une passionnée. De pokémons, de savoir, et ce n´était certainement pas son petit ami qui allait dire le contraire. Je regardais une autre fois ma montre. Trente secondes et Aurore se métérialisait tout juste. Les pierres commençaient à craquer de plus en plus bruyamment, une fissure était même apparue au plafond du dôme après le départ d´Antoine si j´en croyais Pierrick. Vingt-deux secondes. Ca y´est, Aurore était parmi nous. Plus que Lilian et c´était bon. A supposer qu´il y´arrive...

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"C´est la fin du monde là dessous, nous expliqua Aurore, tremblante. Les pierres commencent à craquer de partout, Il y´en a même qui se sont effondrées sous le poids des autres. Il doit y´avoir une couche de poussière de dix centimètres au moins... J´ai peur qu´il n´ait pas le temps."

A ma montre, il ne restait que huit secondes. Les fissures sommençaient à être visibles de notre côté, signe que le toit de la grotte allait bientôt s´écrouler dans le dôme comme dans un entonnoir géant.

Six secondes, les pierres avaient l´air de trembler comme des feuilles sous les poids de celles situées juste au dessus d´elle. Plusieurs rochers se morcelaient déjà et tombaient en miettes.
Quatre secondes. Un premier effondrement extérieur, la terre allait bientôt lâcher... Et Lilian qui ne revenait toujours pas !

Trois secondes à ma montre. Mes yeux ne faisaient que des allers-retours entre le cadran et les rochers...

Deux secondes... Je réalisais subitement que si j´avais arrêté le temps, nous aurions tous pu sortir en sécurité. Bon sang, Sorbier quel idiot !

Dernière seconde. On n´entendait plus que les pierres qui mençaient plus que jamais de s´effondrer. Ma respiration n´était plus. Je retenais mon souffle et j´espérais de tout coeur que Lilian allait sortir... MAINTENANT !

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A ma montre, il était huit heures pile. Comme si l´effondrement avait été un spectacle de pyrotechnique programmé à la seconde près, les rochers s´effondrèrent au moment ou les aiguilles de ma montre se superposèrent. Dans un grand fracas, ce qui était une prison de pierres se transformait en un accordéon de papier, et la poussière inonda la grotte. Antoine sortit son Etouraptor de sa ball pour dissiper le brouillard de particules avec une Anti-Brume, mais ce que nous vîmes était bien plus douloureux que la pire des tortures.


Les rochers s´étaient tous écroulés et là où se trouvait notre geôle minérale, il n´y avait maintenant plus qu´un tapis de pierres. Et Lilian n´était pas dehors...