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» Auteur : Raidemo - Voir le profil
» Créé le 09/12/2007 à 17:15
» Dernière mise à jour le 10/12/2007 à 15:23

» Mots-clés :   Hoenn   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Science fiction   Suspense

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2 - Mérouville
Chapitre 2 : Mérouville
Joachim ne pouvait détourner les yeux de l'édifice. Le manoir Loki était immense, du moins aux yeux du garçon qui n'avait jamais vu ce genre de bâtiment qu'à travers des livres illustrés, n'ayant jamais quitté les souterrains de la Maison. La façade, victime du temps, offrait à la vue quelques brèches peu profondes qui n'entachaient en rien sa beauté noble et séculaire. Des fenêtres étroites aux carreaux petits et innombrables s'alignaient sur quatre étages, entourées de pierres apparentes d'un ton pourpre qui ressortait sur l'ocre des murs extérieurs. La porte d'entrée, à double battant, semblait faite en chêne massif, et renforçait encore le sentiment de solennité qui se dégageait de la vieille bâtisse. Partout autour s'étendait la forêt, sombre et dense. Face à elle, les jardins, simples, formés d'un gazon docilement taillé et de l'allée de gravillons sur laquelle Joachim se tenait, immobile.
Orion avait du mal à cacher sa réticence et son anxiété. Son regard partait de droite à gauche, puis de gauche à droite, attiré par le moindre bruissement d'herbe ou de feuille, le moindre crissement de gravier. Deux semaines d'apprentissage des us et coutumes du monde extérieur n'avait pas suffit à les préparer à ce genre de choses. Joachim sentait monter en lui cette excitation qu'il ne croyait pas possible avant cela : toutes ces odeurs, tous ces sons inconnus, et par-dessus tout… toutes ces formes, ces couleurs, cette vision d'un monde auquel il venait de s'ouvrir.
Le jeune homme sentit une faille naître en lui : maintenant qu'il avait connu… maintenant qu'il avait vu tout ceci, jamais plus il ne pourrait vivre au fond des souterrains de la Maison Loki, loin de ce que ses yeux avaient toujours voulu voir.
- Les sacs sont prêts.
- On peut y aller.
Les jumeaux Azazello s'avancèrent vers eux, leurs sourires docilement retranchés en coin, et tendirent un sac à Joachim. Orion fronça les sourcils, et poignarda les frères de son regard de rapace. Mais ceux-ci secouèrent la tête d'un air amusé.
- Toi, mon gros, tu n'as pas droit à ça, expliquèrent-ils d'une seule voix.
- C'est pour les humains, affirma Tobe.
- Les Pokémon ne portent pas de sac, renchérit Yabe.
Et derrière eux retentit un grognement agacé. Un Ursaring énorme, l'air mécontent, et un Tauros calme et silencieux s'avancèrent jusqu'au petit groupe. Ils étaient suivis du vieux maître Liguam, et d'un homme inconnu à Joachim.
- Bien, très bien, sourit Liguam. Freyja Vanes et Surt Bifröst vous accompagnerons. Tobe et Yabe Azazello seront leurs dresseurs.
Freyja, l'Ursaring femelle, semblait loin d'être enchantée par cette décision, mais elle ne fit aucune remarque et se contenta de croiser ses bras larges comme des colonnes en toisant les jumeaux. Surt, quant à lui, salua posément le vieux maître et alla rejoindre les quatre novices, sans un mot. Liguam s'approcha de Joachim, posa une de ses mains fragiles aux longs doigts sur l'épaule du garçon, et lui chuchota :
- Je sais que c'est une épreuve difficile pour toi, mon garçon. Je veux que tu saches que je ferais en sorte d'accélérer ton entraînement.
Si Joachim avait été plus habitué aux sentiments humains, peut-être aurait-il décelé dans les yeux noirs du vieux maître cette ombre de remord, et de culpabilité.
Le jeune homme ne dit rien, ses yeux mornes fixèrent le vieillard sans vraiment le voir, et il hocha la tête. Ses cheveux blancs glissèrent devant ses yeux. Quelque part, au fond de sa gorge, quelque chose se noua : il venait d'avoir réponse à ses craintes, et les paroles du vieux maître lui apportaient la preuve qu'au retour de sa mission, il serait à nouveau enfermé pour terminer son apprentissage. Même si Liguam jouait en sa faveur et faisait en sorte d'accélérer le processus, Joachim était certain qu'il ne sortirait pas d'ici avant d'avoir atteint sa vingtième année. Jusqu'à ce jour, à nouveau, il devrait vivre dans l'ombre des souterrains.
Tandis que l'homme inconnu répétait et vérifiait la totalité du plan, le parcours, les dates et les heures de la mission, Joachim observait avec un délice savamment dissimulé l'herbe bruissante, la route, la forêt, et les montagnes immenses qui se dressaient au loin, leurs cimes enneigées dépassant des plus hauts sapins eux-mêmes visibles derrière le manoir. D'un geste lent et presque involontaire, le garçon passa une main rêveuse sur son implant, caché sous ses mèches souples et soyeuse, derrière son oreille droite.
- Jo, murmura Orion à ses côtés.
Joachim tourna vers lui un regard encore songeur. Le Mangriff semblait troublé, mais faisait tout son possible pour le cacher.
- Une fois là-bas nous devrons éviter de nous parler. C'est ce que le vieux maître nous a dit.
Le jeune homme hocha la tête et fronça les sourcils, se doutant du point qu'Orion voulait aborder.
- Il faudra communiquer comme ils le font tous…
Disant cela, le Mangriff désigna les jumeaux et les deux Pokémon d'un geste du menton. Joachim les observa un instant, s'ouvrit aux paroles de son traducteur : Freyja déployait un très sincère sentiment de fierté à l'égard de sa mission, mais ces effluves de dignité étaient assombries par une colère sourde née de la honte du rôle qu'elle devait jouer. Nul besoin de paroles pour interpréter les ondes qu'il recevait à travers son traducteur. Surt était enveloppé d'un silence digne et serein, des ondes prospères comme les eaux d'un lac en été. Les jumeaux étaient entourés d'une aura sombre, austères, ornée de raillerie, de dégoût et d'orgueil, et Joachim entendait presque leurs moqueries basses et leurs insultes alors qu'ils restaient là, souriant et acquiesçant face à l'inconnu qui leur dictait les dernières recommandations.
Le jeune homme fit part de sa lecture au Mangriff, et celui-ci hocha la tête.
- Tu es un bon interprète, Jo, confirma Orion. Malheureusement, si nous en connaissons la lecture, j'ai bien peur que ni toi ni moi ne sachions parler cette langue, siffla-t-il dans un murmure amer.
Joachim ne répondit pas, et baissa les yeux. Le Mangriff avait raison, il le savait. Mais ses paroles le rassurèrent quelque peu : il n'était pas seul à vivre cloîtré derrière cette barricade invisible.

Les rumeurs de la forêt s'estompèrent bientôt, alors que le petit chemin de terre s'élargissait pour laisser place à une route bien plus pratiquée. Les pavés remplacèrent les graviers. Le bruit des sabots des deux lourds Galopa et de Surt Bifröst qui marchait à leur côté se fit plus sec et résonnant. La calèche bringuebalait et sautait. Yabe Azazello, aux rênes de l'attelage, discutait avec le Tauros sur des sujets tels que son rang et ses entraînements. Surt répondait tranquillement, avec le minimum de mots. Dos à son frère, sur l'un des sièges arrières, Tobe Azazello fixait Freyja Vanes de ce regard faussement souriant. Cette dernière, assise à côté d'Orion, poussait d'inlassables soupirs agacés, comme si le garçon à la crinière sombre et aux yeux de brasier n'avait été qu'un insecte insupportable qu'elle n'avait pas le droit d'écraser. Orion préférait garder les yeux fermés, faisait semblant de dormir, mais tendait l'oreille, à l'affut de chaque mot prononcé.
Joachim les ignorait tous. Rien n'avait d'importance, rien d'autre que le paysage défilant sous ses yeux, que chaque brin d'herbe frémissant, que chaque pavé de pierre, que le bleu rougeoyant du ciel au crépuscule. Là-haut, perdu dans l'étendue vibrante qui s'assombrissait, le cri sec et aigu d'un Goelise retentit. Sa silhouette frêle et lointaine avançait lentement, d'un vol fixe et constant, parfois ponctué d'un battement d'ailes délicat.
Ils croisèrent un groupe d'enfants qui s'empressaient de rentrer, mais prirent le temps d'aller caresser les Galopa en marche, et trois ou quatre personnes qui étaient certainement des dresseurs.
Une brise froide s'était levée, et bientôt chacun dû s'envelopper d'une couverture en peau de Cerfrousse.
- Yep ! aboya Yabe en tirant sur les rênes.
Les Galopa hennirent, secouèrent leur large encolure, et s'arrêtèrent. La secousse repoussa Joachim au fond de son siège. Orion ouvrit les yeux.
- Bien, c'est ici qu'on vous abandonne, déclara Tobe en descendant de la calèche, toujours enveloppé dans sa couverture. Mérouville n'est plus qu'à dix minutes de marche.
- Nous allons nous installer ici, continua Yabe en caressant la croupe des gros équidés. Nous surveillerons les alentours en attendant minuit.
- A ce moment nous rejoindrons le Centre pour vous attendre, termina Tobe.
Et les jumeaux hochèrent la tête en cœur. Freyja grogna et descendit de son pas lourd, en marmonnant qu'elle mourait de faim. Joachim et Orion descendirent à sa suite, abandonnant à regret le poil rêche mais chaud de Cerfrousse. Après quelques dernières instructions destinées à vérifier que les deux novices en mission avaient retenu la façon dont ils devaient se comporter en ville, les frères Azazello leur accordèrent un sourire cruel.
- Bonne chance, ô favoris, ricanèrent-ils d'une même voix.
Joachim les ignora, envoya son sac sur son épaule. Orion vint à ses côtés. D'un bref signe de tête, ils saluèrent Freyja et Surt. Ce dernier leur rendit leur salut. Le jeune homme et le Mangriff se détournèrent, et partirent vers la ville.
Le chemin était court, mais Joachim se débrouilla pour ralentir leur allure, et profiter de sa première marche en liberté dans ce monde totalement inconnu.
- Nous ne devons pas trop traîner, fit remarquer le Mangriff.
- Je sais… mais il nous reste un peu de temps. Laisse moi en profiter…
Cette fois, les longues oreilles d'Orion s'abaissèrent sur les côtés. Son regard se fit soucieux.
- Jo… Nous devons remplir cette mission… C'est tout ce qui compte. Après ça… nous retournerons au manoir poursuivre notre entraînement.
- Je sais, acquiesça le garçon aux cheveux blancs.
Le Mangriff serra les dents, et s'apprêta à répartir à nouveau mais Joachim reprit avant lui :
- Dis-moi Orion. Pourquoi Maître Liguam t'a-t-il choisi pour être mon compagnon ?
La question prit de court le félin qui écarquilla ses yeux jaunes en fixant le visage baissé du garçon. Ses oreilles étaient à nouveau dressées comme deux points d'exclamation, trahissant sa surprise, et rapidement son embarras.
- Je n'en sais rien, Jo… , murmura finalement le Pokémon.
Joachim n'insista pas. Et devant eux se dressèrent bientôt les premiers réverbères. Les pavés devinrent mieux entretenus, assemblés de façon plus artistique, et moins chaotique. Joachim et Orion s'engagèrent sur les trottoirs de la ville. La nuit était d'un noir profond, les rues éclairées d'une lumière jaune. Le son de plusieurs calèches résonnait entre les murs des grandes bâtisses. Si grandes.
Le jeune homme ne se lassait pas de les détailler sous tous leurs angles, observant leurs porches ornés de poutres apparentes, leurs murs de pierre et de bois, les enseignes métalliques et grinçantes au bout des potences. Sous ce ciel nocturne, la ville était d'un gris triste et délavé. Les routes s'éclaircissaient en leur centre, usées par le passage incessant des sabots qui s'y abattaient. Mais Joachim n'y voyait aucune tristesse, aucune laideur ; cette grisaille uniforme était pour lui aussi belle que si Mérouville avait été parsemée de couleurs chatoyantes.
Au loin sonnèrent les cloches d'une église.
Orion fit claquer sa langue sur son palais, et le garçon tourna les yeux vers lui. Le Mangriff tendit une griffe allongée vers un porche éclairé. L'enseigne gémissait doucement, balancée par le vent au bout de ses chaînes. Elle représentait la silhouette d'un Tarinor, et sur le fer était gravé « Auberge Nosepass ». Les fenêtres en arches découpaient sur le sol leurs jumelles lumineuses, nappées d'une lumière safran.
Joachim hocha la tête, et s'y dirigea, Orion sur les talons. Lorsqu'il poussa la porte, le son d'un carillon léger emplit le hall étroit. Derrière le comptoir en bois, une femme d'âge mûr leva les yeux. Ses cheveux bruns étaient noués en chignon, et sur ses fines lunettes se reflétait l'éclat de la petite lampe posée près d'elle.
- Bonsoir, je suis Joachim Frey, annonça le jeune homme de sa voix atone en s'approchant du comptoir.
- Ah oui, je vois, répondit la femme en baissant les yeux sur ses registres.
Joachim observa ses pupilles survoler les noms. La lumière jaune donnait à ses yeux sombres une couleur irréelle et envoûtante.
- Très bien, annonça-t-elle. Chambre 23. Deuxième étage. Le gouverneur vous attend.
Elle fixa Orion d'un air réprobateur alors qu'il s'engageait dans l'escalier en noyer à la suite de Joachim. Ce dernier respira profondément l'odeur du bois en s'enfonçant dans les ténèbres des étages. Il ne pensa pas à allumer les petites lampes murales, et le garçon et le Mangriff s'avancèrent silencieusement dans les couloirs plongés dans le noir le plus total.
Comme à l'entraînement, ils avançaient lentement, chacun de leur pas aussi silencieux que s'ils avaient lévité au-dessus du sol. Aucune planche ne craqua. Les murs qu'ils frôlaient se taisaient. Joachim sentit néanmoins une tension aigue envelopper son cœur et ses poumons. Ce noir… ce noir total… Il avait soudain l'impression d'être revenu dix années auparavant, alors qu'enfant il déambulait dans les couloirs du manoir souterrain, terrifié à l'idée d'être perdu, à la recherche du moindre indice qui pourrait l'informer sur l'endroit où il se trouvait.
Les minutes lui parurent des heures avant qu'ils atteignent la porte marquée d'un 23 doré. Le soulagement fut accompagné d'un résidu de satisfaction. Même s'il ne s'agissait pas d'un véritable entraînement, le garçon s'était prouvé à lui-même qu'il était capable de réaliser ces mouvements difficiles dans ce monde qui s'ouvrait un peu plus à lui à chaque pas qu'il faisait.


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Fiche I - L'organisation Ouroboros (2/2)
Description : L'organisation Ouroboros est constituée de trois grands clans, et chaque membre de la famille appartient à l'un de ces clans. Les enfants sont reconnus à leur naissance et les (rares) nourrissons qui naissent à l'écart de la famille sont contraints d'être abandonnés et de ne jamais avoir affaire aux clans, quels qu'ils soient. Ainsi, pour vérifier ce genre de choses, chaque clan, même s'il est en froid, garde toujours un contact avec les autres.
Chaque clan est appelé Maison, et porte le nom de son créateur, ainsi que sa spécialité.
La Maison Odin est constituée principalement de chercheurs et de scientifiques spécialisés dans la médecine et les avancées technologique. Ce sont des professionnels du marchandage, et ils pratiquent souvent le marché noir.
La Maison Thor est constituée de combattants adeptes de toutes les formes de combat existantes. Ils cherchent sans arrêt à découvrir de nouvelles techniques et à perfectionner les anciennes. Ils agissent aussi comme tueurs à gage moyennant des sommes très importantes.
La Maison Loki est constituée d'espions. Ses membres sont entraînés à vivre et se mouvoir sans un bruit, dans le noir le plus total, et à faire appel à tous leurs sens. On les emploie régulièrement pour enquêter sur certaines affaires ou pour dérober ou récupérer des données importantes. Cette Maison renferme beaucoup de pirates informatiques.

Détails : Le nom Ouroboros n'est pas celui de la famille qui est à l'origine de cette organisation, ce dernier ayant été perdu à travers les siècles. Le nom Ouroboros lui a été donné un siècle avant l'époque actuelle, par le chef de gouvernement en place à ce moment, et qui considérait l'organisation comme un espoir important dans la passe difficile à laquelle Hoenn devait faire face.
Les clans sont aussi appelés Maison car chacun d'eux, même si les membres qui ne sont plus novices vivent souvent dans le monde normal tout en continuant leurs activités, possède une base où sont élevés et entraînés tous les enfants sans exception. Ces bases peuvent avoir différentes formes, mais on sait par exemple que celle de la Maison Loki est située sous un manoir à l'ouest de Hoenn. Le manoir sert alors de couverture et est dirigé par le chef de clan et sa famille proche, comme un manoir ordinaire.
Ce que les membres de la famille appellent le « broyeur » est une salle particulière qui existe dans toutes les bases et qui est en réalité une sorte de décharge dans laquelle on amasse puis détruit tous les documents et autres objets qui ne doivent pas tomber entre les mains d'autres personnes. Cette pièce est souvent évoquée avec crainte car, pour les novices, être envoyé là-bas est signe de punition, car le travail que l'on doit y fournir est titanesque, et se déroule dans des conditions difficilement supportables : la pièce est grandes, et en son fond se dresse un four immense chargé de détruire tous ce qui doit être détruit ; la pièce est donc plongée dans une chaleur suffocante à longueur de temps, et les personne qui y travaillent sont souvent des membres de la famille désavantagés par un handicap quelconque. Les plus jeunes la craignent aussi car elle est à l'origine de nombreuses rumeurs et légendes morbides.