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Sang Royal - Tome 1 : Trahison de groudonvert
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» Auteur : groudonvert - Voir le profil» Créé le 30/03/2021 à 17:48
» Dernière mise à jour le 27/04/2022 à 21:46
» Mots-clés : Action Drame Policier Sinnoh Suspense
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Chapitre 17 : Une après-midi en ville
Une véritable marée humaine remplissait le centre-ville de Rivamar. Ce n’était pas inhabituel, car les combats de rue y étaient nombreux. Mais ce jour-là, un affrontement spécial allait s’y dérouler.
Au centre de cet attroupement se faisaient face un quadragénaire et une jeune femme de vingt ans sa cadette, un homme grisonnant contre une brunette en fin d’adolescence. La demoiselle était accompagnée d’un oiseau frêle, mais visiblement déterminé, son adversaire sortit un Mysdibule pour l’affronter.
- Après ma défaite de la dernière fois, je l’ai entraîné, souligna-t-il.
- Ooh ? répondit son adversaire, visiblement amusée. Très bien, montre-moi de quoi tu es capable, alors.
Le poignet du grisonnant brilla d’une lumière violette. Relevant la manche de son manteau hivernal, il appuya sur le bracelet qui émettait cette étrange luminosité. À son contact, son Pokémon se vit entourer d’une boule luminescente. Lorsqu’elle disparut, la créature avait changé d’apparence. Au lieu d’une mâchoire, elle en avait deux. Elle avait grandi de plusieurs centimètres, le rose de ses cornes géantes s’étaient accentué avec son impressionnante métamorphose.
- Un Méga-Mysdibule chromatique, sourit son adversaire.
À son regard vert et déterminé, on pouvait voir que le challenge proposé semblait la passionner. Le public autour d’eux poussa des cris d’excitation à l’idée de les voir s’affronter. D’un signe de la main, la jeune femme indiqua à son adversaire qu’elle le laissait attaquer en premier.
- Tête de Fer ! ordonna-t-il.
À l’aide de toute la force de ses jambes, le Pokémon Trompeur se jeta en arrière. Ses cornes brillèrent d’un éclat argenté, ses gigantesques mâchoires prêtes à claquer. Xatu s’écarta de lui au dernier moment. Il s’était simplement écarté, mais d’un mouvement si vif, que l’on aurait pu penser qu’il n’avait pas bougé. Comme si son adversaire avait mal calculé la trajectoire de son bond. Il se réceptionna, avant de se jeter en avant, avec une autre Tête de Fer. L’oiseau psychique s’effaça une nouvelle fois.
Le Pokémon aux multiples bouches renouvela ses tentatives plusieurs fois, chacune d’elle manqua sa cible de la même manière. Les badauds qui assistaient au match commençait à s’impatienter. Les deux créatures se livraient plus à une démonstration de danse qu’à un véritable affrontement. D’autant que la jeune femme ne contrattaquait pas.
- Vous ne comptez pas attaquer, Clara ? demanda le quadragénaire, un peu étonné.
- Si j’attaque, vous utiliserez Coup-Bas, n’est-ce pas David ? répondit-t-elle avec un sourire amusé.
- En effet, grogna-t-il, visiblement déçu que son adversaire l’ait percé à jour.
Comprenant qu’il n’allait rien se passer d’intéressant, le public commença à les siffler tous les deux. Clara ne broncha pas aux moqueries et se contenta de lever la main :
- Très bien. Si vous voulez une démonstration, vous allez en avoir une. Xatu, Balle-Neige ! ordonna-t-elle à son Pokémon.
Les yeux du Pokémon Mystique bleuirent, tandis que sept boules de neige s’élevèrent dans les airs.
- Coup-Bas ! ordonna David.
Le Méga-Pokémon fléchit les jambes pour s’élancer, mais rien ne se passa. Les sept boules de neige se fracassèrent sur son corps, mais il en broncha à peine. L’attaque Glace n’avait que peu d’effet sur les Pokémon Acier.
- J’ai bien peur que Coup-Bas ne fonctionne que sur une attaque directe, expliqua Clara. Il va te falloir trouver autre chose.
Quatorze nouvelles boules de neige se formèrent, sans attendre un ordre quelconque, elles se jetèrent toutes en même temps sur le Mysdibule. Mais, s’aidant de ses mâchoires géantes, il en renvoya la moitié à son adversaire, tandis qu’il encaissa les autres sans trop de difficulté. Puis il se jeta une nouvelle fois sur le Xatu, armé d’une nouvelle Tête de Fer.
Le renvoi de sa propre attaque s’était fait avec une telle puissance que Xatu ne put les contrôler avec ses pouvoirs psychiques pour les arrêter. Il en créa alors de nouvelles pour contrer les précédentes. Toutes explosèrent en poudreuse, aveuglant le public. Lorsque le Pokémon Trompeur traversa la mini-tempête, il ne trouva personne.
C’est alors qu’une nouvelle boule de neige, unique, arriva. Il ne l’esquiva pas, préféra l’encaisser comme toutes les autres. Mais à l’impact, il poussa un cri de douleur, lorsque la Ball’Ombre qu’elle cachait le percuta.
- Votre Xatu est très rapide, nota son adversaire, impressionné.
- Il est plus lent que votre Mysdibule, sourit-elle, énigmatique.
Une ombre passa au-dessus de la foule. Une femme poussa un cri de surprise, avant que le public ne levât les yeux pour comprendre ce qui se passait : toute la neige, que les chasse-neiges avaient déblayée en début de journée et accumulée dans un coin non de la place, se déplaçait dans les airs. Tel un capitaine d’un bateau apercevant un iceberg qui s’apprêtait à le percuter, Mysdibule se figea, les yeux écarquillés. Malgré son type Acier et sa résistance aux attaques physiques améliorées grâce à la Méga-Évolution, la créature chromatique savait qu’elle sentirait le coup passer.
- Luminocanon ! lança David, sans réfléchir.
Le quadragénaire semblait oublier qu’exploser ce gigantesque amas de neige allait mettre en danger les spectateurs. Mais son Pokémon n’eut pas le temps d’exécuter son attaque : une force invisible le souleva. Avec un cri de surprise, il se retrouva gueule-à-bec avec Xatu.
- Hypnose ! ordonna Clara.
Forçant le Pokémon Trompeur à le regarder droit dans les yeux, le Pokémon Mystique se servit de ses pouvoirs pour l’endormir.
- À présent, Dévorêve.
Il ne sembla rien se passer pendant quelques secondes avant qu’un hurlement ne s’échappât de la bouche du Méga-Pokémon. Il s’effondra, inerte. Une fois son travail accompli, Xatu remit le tas de neige à sa place, sous les acclamations du public, impressionné par ses capacités ; il n’avait encaissé le moindre coup de son adversaire, malgré ses nombreuses tentatives.
David rappela son Pokémon avant de s’avancer vers son adversaire. Cette dernière s’agenouilla près de son Pokémon et lui parla gentiment pour le féliciter. Sa main droite se posa avec sur le crâne vert du Xatu qu’elle caressa avec tendresse.
- Impressionnant. Je pensais augmenter mes chances avec la Méga-Évolution, mais vous êtes toujours aussi forte.
- Désolée pour ça, répondit Clara, amusée. J’avais envie de m’amuser un peu avec Xatu.
- J’espérais affronter votre Draco, reprit-il. Lorsque vous m’aviez dit que j’avais presque réussi à vous battre, je me suis renseigné. J’ai ainsi appris que l’attaque Croc Feu que mon Mysdibule avait utilisé sur sa queue aurait pu paralyser votre Pokémon. En me basant sur ça, j’ai…
- Oooh ? souffla-t-elle, visiblement impressionnée.
Elle ne rajouta rien tout de suite. David continua à expliquer avec emphase la stratégie qu’il avait mis au point pour vaincre son Draco. La jeune femme l’écouta distraitement avant de répondre lorsqu’il eut terminé :
- Je suis surprise que vous ayez découvert le point faible de mon Pokémon. Mais évitez de décrire vos stratégies à vos adversaires avant de voir si elles fonctionnent, souligna-t-elle.
Le public rit à cette plaisanterie. Clara salua son adversaire d’une poignée de main avant de s’éclipser. Xatu s’envola et flotta au-dessus d’elle. Cependant elle ne put faire que quelques pas avant d’être interceptée par une journaliste et son caméraman.
- Bonjour Mademoiselle Galano, accepteriez-vous une interview ?
- Avec plaisir, répondit-elle après un instant de réflexion.
Son Pokémon se posa juste à côté d’elle, les ailes en l’air, en position de garde, il semblait prêt à défendre sa maîtresse en cas d’agression.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Rivamar était une grande ville, pleine de gens de différents horizons, de Pokémon du monde entier. Mais pour assurer la sécurité d’une telle métropole, rien ne valait le courage et l’abnégation de sa police.
De ça, l’Inspecteur Mattz en était intimement convaincu. Il avait construit sa vie tout autour de ça, oubliant tout semblant de vie de famille, il s’était consacré exclusivement sur sa vocation de policier. Il avait quitté les rangs de la police de quartier pour rejoindre ceux de la police scientifique. Avec son aide, la Police Internationale, aussi appelée Poké-Agent, était parvenue à arrêter le Bloody Night Killer, un célèbre tueur en série.
Mais désormais, il devait faire face à une affaire autrement plus complexe : celle des Dresseurs victimes d’assassinat et d’amnésie. Il avait sollicité l’aide de l’agence internationale, mais elle lui avait ri au nez, l’informant qu’elle avait des enquêtes bien plus importantes à mener.
Mattz n’avait eu d’autres choix que de se remettre à l’aide que lui avait proposé Clara Galano, l’actuelle Championne Ultime. L’ancienne Championne l’avait aussi aidée à mettre la main sur le tueur en série après tout. Même si l’idée le répugnait toujours de s’en remettre à des civils, il devait bien reconnaître leur utilité.
Ainsi, l’Inspecteur avait informé Clara Galano sur le dossier scellé du Dracolosse assassiné. Mais il avait omis de lui préciser qui s’en était chargé. Quelle ne fût sa surprise quand elle lui informa qu’elle avait découvert qui était le meurtrier et qui avait fermé le dossier et surtout le pourquoi. Il l’avait peut-être sous-estimée.
- Patron ?
Il releva les yeux du dossier qu’il étudiait, avisant la gendarmette qui lui avait parlé.
- Oui ? répondit-il, d’un ton sec.
- On nous a signalés la disparition d’un jeune homme.
- Qui donc ?
Elle lui tendit un dossier qu’il feuilleta quelques instants. La victime ne lui disait rien, elle ressemblait à un adolescent lambda et ne semblait pas être quelqu’un de connu. Un Dresseur de passage ? Il s’attendait presque à ce qu’on lui annonçât son décès.
- Il a simplement disparu ? On n’a pas trouvé son corps ?
- On nous a signalé son silence radio depuis deux jours. On l’a vu pour la dernière fois il y a deux jours au Chemin Source.
- Près du Lac Courage, songea-t-il. Bien, fouillez immédiatement les lieux de fond en comble.
- Vous ne pensez pas qu’il est…
- Non. Mais il ne peut s’agir d’une coïncidence.
Ayant donné ses ordres, il fit signe à sa collègue de s’en aller. Il voulait passer un coup de téléphone, mais il n’avait guère envie qu’on apprît à qui il parlait. Une fois certain d’être seul, il décrocha le combiné, chercha dans les favoris et effectua l’appel.
- Inspecteur ! Inspecteur ! s’écria-t-on à la porte de son bureau.
Il raccrocha immédiatement, sans savoir si la jeune Championne était occupée ou non. Son adjointe, l’Inspectrice Gesétou entra dans le bureau sans attendre qu’il lui permît d’entrer.
- Quoi ? grogna-t-il, exaspéré.
- Nous avons découvert un cadavre.
C’était rapide. Il ne s’attendait pas à ce qu’un corps soit aussi vite découvert.
- Le disparu ? s’enquit-il.
- Non, quelqu’un d’autre. Des promeneurs ont découvert un pendu près des Sources Adieux.
- Un suicide, la belle affaire. Nous enquêtons sur une affaire de meurtres en série.
- Mais pourquoi irait-on se pendre là-bas ? répliqua son adjointe. Ça ne peut pas être une coïncidence.
- Aucun Dresseur n’a été tué par pendaison, lui rappela-t-il.
Mais cela l’intriguait aussi. Rien n’était logique dans cette affaire de toute façon : aucun suspect, aucun mobile déclaré, aucun indice probant menant à un quelconque assassin. Peut-être ce nouveau corps lui apporterait de nouvelles informations.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
- Vous possédez un Pokémon extrêmement rare, souligna la journaliste.
- Rare je ne sais pas, pour moi la rareté n’a aucune espèce d’importance, répondit Clara, souriante.
L’interview avait commencé par quelques questions banales pour mettre la Championne Ultime à l’aise.
- Pourtant à notre connaissance, vous faites partie des rares à posséder un Xatu. Clément du Conseil 4 de Johto et Tatia, championne de Hoenn, sont les deux seuls autres Dresseurs connus à en avoir un.
- Je l’ignorais.
Elle jeta un œil pétillant à son Pokémon avant de lui lancer en riant :
- Tu entends ça ? Tu es un Pokémon très rare.
Le Pokémon ne répondit pas, se contentant de garder la tête basse. La caméra ne put qu’enregistrer la surprise de la propriétaire devant le manque d’entrain de son Pokémon. Pensait-elle qu’il allait rire de sa blague ?
- Comment l’avez-vous capturé ? reprit la journaliste.
- Mon père me l’a offert quand j’étais petite, répondit-elle en fixant de nouveau l’objectif.
- Votre père est Xavier Galano n’est-ce pas ?
- Lui-même.
- Avez-vous une bonne relation avec lui ? Ses interviews télévisés laissent penser que c’est un homme froid et distant.
- Je me suis toujours très bien entendue avec mon père, répondit-elle sur un ton qui laissait entrevoir que la question la dérangeait.
- Sur un autre registre, nous avons appris que le Pokétuber de renom Méga-Libégon allait vous affronter mardi prochain. Que pensez-vous de Florian Rubert ?
- Je ne connais pas ce jeune homme, répondit-elle. Mais j’irai me renseigner un peu sur lui. J’imagine que lui aussi doit faire de même.
Elle souriait à nouveau à la caméra, signe que l’interview lui plaisait de nouveau.
- Avez-vous un autre adversaire de renom sur votre liste ?
- Il n’a pas de vraie renommée, mais juste après ce Florian Rubert, je vais affronter mon frère en combat total.
- Un combat total ? Vous en faites souvent ?
- Non, répondit-elle avec amusement. Mon dernier combat total remonte aux sélections du Champion Ultime. Même si je ne suis pas sûre que l’on puisse vraiment appeler ça un combat total.
- Comment ça ? s’étonna la journaliste.
- Le petit gars que vous voyez ici a vaincu tous mes adversaires… sans prendre le moindre coup.
Une exclamation d’incrédulité monta de toutes les personnes qui écoutaient l’interview. L’expression de la Championne Ultime montrait toute la fierté qu’elle éprouvait pour Xatu. Ce dernier n’avait pas réagi.
- Pourquoi avoir utilisé Balle-Neige sur un Pokémon Acier s’il est si fort que ça ? demanda la journaliste. Vous auriez pu finir le combat beaucoup plus vite.
- J’avais envie de revenir à mon enfance, à l’époque où j’ai appris à Xatu à utiliser ses pouvoirs psychiques. Quel qu’aurait été le Pokémon, je l’aurais fait.
- Vous vouliez que votre Pokémon s’amuse un peu.
- En effet, confirma Clara avec espièglerie.
La journaliste regarda posément son collègue un instant avant d’approuver d’un signe de tête. Quelle serait leur prochaine question ?
- Pour conclure cette interview, une dernière question. Votre réputation dans cette ville n’est plus à faire et…
- Bien sûr, en tant que Championne Ultime, je m’attends à être reconnue par les habitants, répondit-elle tout de suite.
- Vous semblez fraîche et pimpante, concentrée comme jamais durant les combats, poursuivit-elle comme si de rien n’était. Vos problèmes d’alcoolisme seraient-ils derrière vous ?
Mais Clara n’eut pas le temps de répondre à la question :
- Merci, c’est ici que s’arrête l’interview, annonça une voix derrière la journaliste.
- Tanguy ! s’exclama Clara, en reconnaissant celui qui les avait interrompues.
Décontenancée, l’intervieweuse se pinça les lèvres, avant de reprendre :
- Merci Mademoiselle Galano pour cette interview.
- Avec plaisir, répondit cette dernière.
Les deux champions prirent alors congé des journalistes et se frayèrent un chemin à travers la foule. Le spécialiste des Types Électriques se pencha alors vers l’adolescente aux cheveux bruns, ses yeux gris étincelaient d'amusement :
- Tu m’en dois une de t’avoir sortie de cette situation embarrassante.
- Embarrassante pour elle, devrais-tu dire. Alors Tanguy ? De quoi voulais-tu me parler ?
Dans la foule, une personne encapuchonnée, vêtue de la tête aux pieds de noir, les regarda se diriger vers le Centre Pokémon.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
En arrivant sur les lieux, l’Inspecteur Mattz avisa de suite le cadavre, étendu au sol dans la neige. La police scientifique avait dû le décrocher avant son arrivée. En levant les yeux, il aperçut la corde où il s’était pendu. Elle était attachée à une branche d’un arbre, recouvert de neige. Une échelle avait été posée contre le tronc pour atteindre le corps.
- Les nouvelles ? demanda-t-il.
- Ça devra être confirmé par l’autopsie, mais la victime est morte par strangulation.
Sans rire ? On l’a retrouvée pendue à un arbre. Y a-t-il vraiment besoin d’une autopsie pour confirmer une chose pareille ?
- Autre chose ?
- Le corps n’a pas les lignes de Yoshikawa et…
- Les marques de Yoshikawa ? l’interrompit l’Inspecteur Mattz.
- Eh bien… lorsque quelqu’un se fait étrangler, il tente de se dégager en agrippant la corde autour de son cou. Les marques perpendiculaires à la blessure mortelle sont appelées les lignes de Yoshikawa, du nom du professeur qui les a découvertes.
- Donc vous pensez à un suicide ? demanda-t-il, ennuyé.
Pourquoi tous ces scientifiques devaient utiliser des termes compliqués et incompréhensibles ?
- L’enquête devra le déterminer. Le cadavre est complètement gelé par le froid, ajouta le légiste. Il sera extrêmement difficile d’estimer l’heure du décès.
- C’est-à-dire ?
- Eh bien… il aurait très bien pu mourir hier comme il y a deux mois, répondit-il.
- Je vois.
Il se releva et le laissa à son travail. Tout laissait croire à un suicide, mais le fait que la victime se pendît à un tel endroit, sans échelle et que son cadavre avait visiblement été laissé au froid… Pourrait-il s’agir d’une tentative pour entraver la police ?
- Comment s’appelle notre perdant au Pendu ? demanda-t-il à ses enquêteurs.
Aucun ne releva sa mauvaise blague avec le jeu du même nom. Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose, songea l’inspecteur.
- Il n’y avait aucune pièce d’identité sur lui, répondit Gesétou. Toutefois, nous avons trouvé ça en fouillant ses poches.
Son adjointe lui tendit un bout de feuille chiffonné. En dépliant le papier, Mattz y vit une écriture hésitante, brouillonne, avec quelques taches étranges.
- On dirait qu’il a pleuré en écrivant cette lettre, ajouta-t-elle.
Il lut attentivement la lettre. Son visage ridé s’éclaira de plus en plus à la lecture de son contenu.
- Nous tenons enfin une des clés du mystère.
- Comment ça ? s’étonna son adjointe.
- Cette lettre nous explique tout. Il s’est suicidé parce que…
- Inspecteur !
Exaspéré qu’on l’interrompît encore une fois, il jeta un regard aussi glacial que l’hiver qu’ils avaient vécu au nouvel arrivant :
- Qu’est-ce qui se passe encore ?
- Un autre corps a été découvert.
- Pendu lui aussi ?
- Non, le meurtrier habituel et… je crois que c’est notre disparu.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Des gens étaient venus en nombre s’abriter du froid au Centre Pokémon. Nombres d’entre eux venaient soigner leurs Pokémon, quelques-uns venaient pour les magasins situer à l’étage, mais seule une femme buvait un verre au comptoir du bar. Le barman nettoyait ses verres à quelques mètres d’elle.
Deux nouveaux arrivants pénétrèrent dans les lieux. Le grand aux cheveux blonds grisonnants à la tenue électrique indiqua le comptoir de la main, mais sa compagne aux cheveux bruns lui tombant aux épaules lui répondit :
- Je vais faire soigner Xatu, je te rejoins.
L’homme répondit par un signe de tête avant de se frayer un chemin vers le bar. La femme s’en étant allée, il était à présent désert, seul son verre – vide – indiquait qu’elle avait été présente à ce moment-là. Quelques minutes plus tard, la jeune compagne le rejoignit et s’assit à côté de lui.
- Déjà commandé ? demanda-t-elle.
Il sursauta, surpris. Elle avait dû se montrer très discrète.
- Pas encore, je t’attendais. Comment va Xatu ?
- Il doit passer des tests de santé la semaine prochaine, mais pour l’instant ça va, répondit-elle.
- Je te parlais du combat que tu avais fait, rit-il.
- Ah oui, il s’en est très bien sorti.
Pendant ce temps, le barman leva soudainement les yeux de son torchon, tourna la tête de droite à gauche, semblant chercher quelque chose. Lorsqu’il eut trouvé, il prit une bouteille et versa une partie de son contenu dans un nouveau verre, avant de l’apporter à la jeune femme.
- Hum… merci, mais je n’ai rien commandé, lui répondit-elle, interloquée.
- Cadeau de la maison, répondit-il, le visage dur.
Elle le regarda s’éloigner avant d’hausser les épaules et de prendre une gorgée… qu’elle recracha.
- Hey ! C’est dégueulasse, servez-moi un autre verre ! s’écria-t-elle de rage.
Tout le Centre Pokémon se tourna vers eux, surpris de cet accès de colère, avant de retourner à leurs occupations en reconnaissant la femme au comptoir. Le barman se précipita vers eux avec un autre verre qu’il tendit en s’excusant. L’homme blond ne put s’empêcher de sourire en voyant la scène se dérouler devant ses yeux.
- Une bière pour moi, s’il vous plaît, demanda-t-il.
Tandis qu’il s’éloignait pour exécuter sa commande, la jeune femme, qui s’était calmée, reprit doucement, peut-être pour éviter d’attirer de nouveau l’attention :
- Dis-m’en plus sur cette Eryl, s’il te plaît.
Un peu plus loin, quelqu’un surveillait les deux personnes au bar. L’ombre masquait son visage, mais ses dents blanches serrées cachaient mal sa colère.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Sur la place de Rivamar, toujours aussi noire de monde, deux Pokémon, un chien et un serpent bleu et blanc, vinrent se mêler à la foule. Ils scrutaient tour à tour les visages des personnes présentes, visiblement à la recherche de quelqu’un. Ils finirent par se diriger vers le Centre Pokémon, d’où en sortirent une jeune femme et un homme d’âge mûr, un oiseau sur les talons.
- Draco, Démolosse ! Où étiez-vous passés ? s’exclama-t-elle.
Le Dragon s’envola aussitôt dans la direction opposée, tandis que le chien des ténèbres s’empressa alors de mordre le bas de sa manche, lui tirant dessus pour lui intimer de les suivre. Leur patronne obtempéra, tout en ayant un dernier mot pour l’homme qui l’accompagnait.
- Tanguy, je te recontacterai… et merci.
- De rien Clara… J’espère que tu y vois plus clair, maintenant.
- Je sais pas. J’ai toujours pas compris ce que cette Eryl est venue faire ici.
- Si je la croise à nouveau, je te redirai, promit-il.
Sans dire un mot de plus, Clara s’en fut rejoindre ses Pokémon. Elle traversa rapidement la foule avant de les suivre dans le dédale des ruelles de la ville. La jeune fille semblait ignorer où ils l’emmenaient. Elle jetait des regards suspicieux à chaque angle. Après plusieurs minutes d’errance, elle finit par arriver à destination.
- Lou ! s’écria-t-elle.
Affaissée contre le mur, les yeux grands ouverts, une jeune fille au visage émacié, la poitrine recouverte de sang, y gisait.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? se demanda-t-elle, sachant pertinemment que ses Pokémon ne sauraient lui répondre. Pourquoi s’en est-on pris à elle ?
Du regard, elle fouilla la scène de crime, à la recherche d’indices. En avançant d’un pas, elle donna un coup de pied involontaire dans un étrange caillou qui roula jusqu’au corps de la jeune fille. Elle baissa les yeux et s’accroupit pour l’examiner.
- C’est… son cœur ? murmura-t-elle.
Son ton était froid comme la glace. Son visage dur masquait toutes les émotions qu’elle ressentait. La jeune femme semblait s’être changée en machine, ignorant toutes les douleurs, afin de découvrir comment la pré-ado avait été tuée.
Des cliquetis de serres qui se posent sur des pavés retentirent derrière elle. En se retournant, elle déclara au nouvel arrivant en souriant gentiment :
- Désolé, Xatu, tu dois être épuisé. Je te fais courir dans toute la ville. Promis on rentre dans quelques…
Elle s’interrompit. Ses trois Pokémon s’entreregardèrent, visiblement inquiets, aucun d’eux ne bougea, tandis que la main de la jeune femme se porta à son menton. Les poils de sa nuque se hérissèrent, tandis que son corps commençait à trembler. De peur ? D’excitation ? Impossible à dire.
Sûre d’elle, elle tapota quelques instants sur l’étrange montre blanche qu’elle portait au poignet. Puis elle la porta à sa bouche pour parler.
- Julie ? C’est Clara. Excuse-moi de te déranger. Tu te souviens de la soirée où j’étais malade ? Mmmh, oui. Non je ne veux pas que tu me racontes ta vie, j’ai juste besoin que tu me confirmes une chose.
Elle inspira profondément avant de reprendre, d’un ton calme, presque résigné :
- C’est bien Élodie qui m’a préparé ce thé ?
- Oui, répondit la prénommée Julie.
Clara raccrocha immédiatement, avant de pianoter à nouveau sur sa montre pour un nouvel appel. Mais ce dernier resta sans réponse. Après avoir poussé un profond soupir, elle raccrocha. Un instant plus tard, une sonnerie retentit dans l’atmosphère, vite interrompue.
- Désolée Inspecteur Mattz, c’est pas vraiment le moment. Si c’est important, vous me rappellerez.
Non loin de là, à l’angle de la ruelle, une ombre observait celle qui étudiait la scène de crime.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Une fois la seconde de crime inspectée, l’Inspecteur Mattz était retourné à son bureau. La journée avait été longue : un suicide et un meurtre dans la même journée. Il s’adossa à son fauteuil, les yeux fixés vers le plafond.
- Une affaire de résolue, mais je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé à tous ces dresseurs. Qu’est-ce que le meurtrier leur veut à la fin ?
Lorsque quelqu’un toqua à la porte, il se rassit aussitôt correctement. Il rajusta sa cravate avant de signifier que la personne pouvait entrer.
- Inspecteur, on a du nouveau sur la deuxième victime. Des témoins l’ont vue partir avec quelqu’un.
- Très bien, montrez-moi ça.
Un sourire s’afficha sur son visage, après deux mois d’enquête, peut-être avait-il enfin un suspect. Son adjointe lui tendit une photo qu’il étudia attentivement, avant de demander :
- Un mobile ?
- Au premier abord non, mais notre expert informatique a trouvé quelque chose.
- Quand avez-vous trouvé ce suspect ? s’étonna-t-il.
- Dès que je vous ai parlé de sa disparition ce matin, patron.
Il nota l’information dans son calepin, avant de poursuivre :
- Et donc ? Quel est le mobile selon vous ?
- Le suspect est lié à la Fondation Galaxie, révéla-t-elle.
Il se souvenait que le Maître de Sinnoh avait mentionné que la Fondation Galaxie était le véritable nom de la Team Galaxie. Mais quel était le lien avec elle et cette affaire de meurtre ?
- Pour quelles raisons la Team Galaxie serait liée à toute cette affaire ? demanda-t-il.
- Les Pokémon de toutes les victimes avaient des piqûres à un endroit, comme pour une injection ou un prélèvement, rappela Gesétou.
- Vous êtes en train de me dire que ces types sont en réalité des vampires suceurs de sang ?
Un vent glacial traversa la pièce, tandis qu’il se rendait compte de l’absurdité de ce qu’il venait de dire.
- Le sang pourrait être l’objectif, mais et si tous ces Dresseurs étaient tués pour éviter qu’ils viennent contrecarrer un projet de plus grande envergure ?
- Quel meilleur moyen que l’Arène Ultime pour dénicher les meilleurs Dresseurs au monde, en convint-il. Et donc, en quoi notre suspect est-il lié à la Fondation Galaxie ?
- Regardez ceci, lui répondit-elle en lui tendant une tablette.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
En retournant à l’arène, Clara se dirigea immédiatement sur le terrain de combat. Ses trois Pokémon se déployèrent sur le terrain, Évoli qui dormait sur l’un des bancs de l’estrade réservé aux spectateurs vint les rejoindre.
Une sonnerie retentit, indiquant qu’elle avait de nouveau un appel. En voyant le nom de son correspondant, elle décrocha aussitôt :
- Salut Élodie.
- Qu’est-ce que tu m’veux Clara ? s’exclama-t-elle.
Sa sœur était toujours en colère contre elle, elle le comprenait bien, mais elle avait besoin d’entendre toute l’histoire.
- Désolée de te déranger Élo… souffla-t-elle.
- Oui ? répondit-elle plus calme.
Clara avait utilisé son surnom, elle ne s’en servait que dans les moments les plus importants.
- Est-ce que tu peux me raconter ce qui s’est passé ce soir-là s’il te plaît ?
Soudain, la queue de son Démolosse attira son attention. Elle se balançait de droite à gauche, signe qu’il avait trouvé quelque chose d’intéressant. Elle s’approcha de son Pokémon, qui s’empressa de s’écarter en aboyant joyeusement. Tout en écoutant ce que lui racontait sa sœur, elle se pencha…
- Je vois. Ce salopard est donc derrière tout ça, annonça fièrement l’Inspecteur Mattz. Gesétou, prenez plusieurs équipes et séparez-vous. Une va chez lui et les autres vont sur son lieu de travail et chez les membres de sa famille. Nous allons arrêter de notre suspect, ne le laissez surtout pas s’échapper !
Au même instant, l’Inspecteur Mattz et Clara Galano avaient les yeux fixés vers le bas. Tous deux se redressèrent, debout sur leurs deux jambes. Les mains dans les poches, le regard déterminé, un rictus satisfait s’afficha en même temps sur leurs deux visages, séparés par plusieurs kilomètres.
C’était le sourire de ceux qui avaient tout compris.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
La nuit était tombée, brisée par une pluie battante, Clara était profondément endormie. La jeune Championne s’était écroulée dans son lit, empreint d’un sommeil réparateur qu’elle n’avait plus connu depuis des mois. Un sourire béat s’affichait en permanence sur son visage d’adolescente. Ses Pokémon dormaient profondément dans leurs paniers, tout paraissait normal, malgré le tonitruant orage.
Un éclair transperça le ciel, éclairant soudainement une fenêtre légèrement entrouverte. Une créature invisible que la lumière avait révélée s’y tenait. Encapuchonnée et vêtue de noir, elle s’avança vers le lit King Size de la Championne, inconsciente du danger qui s’apprêtait à lui tomber dessus.
À SUIVRE
Au centre de cet attroupement se faisaient face un quadragénaire et une jeune femme de vingt ans sa cadette, un homme grisonnant contre une brunette en fin d’adolescence. La demoiselle était accompagnée d’un oiseau frêle, mais visiblement déterminé, son adversaire sortit un Mysdibule pour l’affronter.
- Après ma défaite de la dernière fois, je l’ai entraîné, souligna-t-il.
- Ooh ? répondit son adversaire, visiblement amusée. Très bien, montre-moi de quoi tu es capable, alors.
Le poignet du grisonnant brilla d’une lumière violette. Relevant la manche de son manteau hivernal, il appuya sur le bracelet qui émettait cette étrange luminosité. À son contact, son Pokémon se vit entourer d’une boule luminescente. Lorsqu’elle disparut, la créature avait changé d’apparence. Au lieu d’une mâchoire, elle en avait deux. Elle avait grandi de plusieurs centimètres, le rose de ses cornes géantes s’étaient accentué avec son impressionnante métamorphose.
- Un Méga-Mysdibule chromatique, sourit son adversaire.
À son regard vert et déterminé, on pouvait voir que le challenge proposé semblait la passionner. Le public autour d’eux poussa des cris d’excitation à l’idée de les voir s’affronter. D’un signe de la main, la jeune femme indiqua à son adversaire qu’elle le laissait attaquer en premier.
- Tête de Fer ! ordonna-t-il.
À l’aide de toute la force de ses jambes, le Pokémon Trompeur se jeta en arrière. Ses cornes brillèrent d’un éclat argenté, ses gigantesques mâchoires prêtes à claquer. Xatu s’écarta de lui au dernier moment. Il s’était simplement écarté, mais d’un mouvement si vif, que l’on aurait pu penser qu’il n’avait pas bougé. Comme si son adversaire avait mal calculé la trajectoire de son bond. Il se réceptionna, avant de se jeter en avant, avec une autre Tête de Fer. L’oiseau psychique s’effaça une nouvelle fois.
Le Pokémon aux multiples bouches renouvela ses tentatives plusieurs fois, chacune d’elle manqua sa cible de la même manière. Les badauds qui assistaient au match commençait à s’impatienter. Les deux créatures se livraient plus à une démonstration de danse qu’à un véritable affrontement. D’autant que la jeune femme ne contrattaquait pas.
- Vous ne comptez pas attaquer, Clara ? demanda le quadragénaire, un peu étonné.
- Si j’attaque, vous utiliserez Coup-Bas, n’est-ce pas David ? répondit-t-elle avec un sourire amusé.
- En effet, grogna-t-il, visiblement déçu que son adversaire l’ait percé à jour.
Comprenant qu’il n’allait rien se passer d’intéressant, le public commença à les siffler tous les deux. Clara ne broncha pas aux moqueries et se contenta de lever la main :
- Très bien. Si vous voulez une démonstration, vous allez en avoir une. Xatu, Balle-Neige ! ordonna-t-elle à son Pokémon.
Les yeux du Pokémon Mystique bleuirent, tandis que sept boules de neige s’élevèrent dans les airs.
- Coup-Bas ! ordonna David.
Le Méga-Pokémon fléchit les jambes pour s’élancer, mais rien ne se passa. Les sept boules de neige se fracassèrent sur son corps, mais il en broncha à peine. L’attaque Glace n’avait que peu d’effet sur les Pokémon Acier.
- J’ai bien peur que Coup-Bas ne fonctionne que sur une attaque directe, expliqua Clara. Il va te falloir trouver autre chose.
Quatorze nouvelles boules de neige se formèrent, sans attendre un ordre quelconque, elles se jetèrent toutes en même temps sur le Mysdibule. Mais, s’aidant de ses mâchoires géantes, il en renvoya la moitié à son adversaire, tandis qu’il encaissa les autres sans trop de difficulté. Puis il se jeta une nouvelle fois sur le Xatu, armé d’une nouvelle Tête de Fer.
Le renvoi de sa propre attaque s’était fait avec une telle puissance que Xatu ne put les contrôler avec ses pouvoirs psychiques pour les arrêter. Il en créa alors de nouvelles pour contrer les précédentes. Toutes explosèrent en poudreuse, aveuglant le public. Lorsque le Pokémon Trompeur traversa la mini-tempête, il ne trouva personne.
C’est alors qu’une nouvelle boule de neige, unique, arriva. Il ne l’esquiva pas, préféra l’encaisser comme toutes les autres. Mais à l’impact, il poussa un cri de douleur, lorsque la Ball’Ombre qu’elle cachait le percuta.
- Votre Xatu est très rapide, nota son adversaire, impressionné.
- Il est plus lent que votre Mysdibule, sourit-elle, énigmatique.
Une ombre passa au-dessus de la foule. Une femme poussa un cri de surprise, avant que le public ne levât les yeux pour comprendre ce qui se passait : toute la neige, que les chasse-neiges avaient déblayée en début de journée et accumulée dans un coin non de la place, se déplaçait dans les airs. Tel un capitaine d’un bateau apercevant un iceberg qui s’apprêtait à le percuter, Mysdibule se figea, les yeux écarquillés. Malgré son type Acier et sa résistance aux attaques physiques améliorées grâce à la Méga-Évolution, la créature chromatique savait qu’elle sentirait le coup passer.
- Luminocanon ! lança David, sans réfléchir.
Le quadragénaire semblait oublier qu’exploser ce gigantesque amas de neige allait mettre en danger les spectateurs. Mais son Pokémon n’eut pas le temps d’exécuter son attaque : une force invisible le souleva. Avec un cri de surprise, il se retrouva gueule-à-bec avec Xatu.
- Hypnose ! ordonna Clara.
Forçant le Pokémon Trompeur à le regarder droit dans les yeux, le Pokémon Mystique se servit de ses pouvoirs pour l’endormir.
- À présent, Dévorêve.
Il ne sembla rien se passer pendant quelques secondes avant qu’un hurlement ne s’échappât de la bouche du Méga-Pokémon. Il s’effondra, inerte. Une fois son travail accompli, Xatu remit le tas de neige à sa place, sous les acclamations du public, impressionné par ses capacités ; il n’avait encaissé le moindre coup de son adversaire, malgré ses nombreuses tentatives.
David rappela son Pokémon avant de s’avancer vers son adversaire. Cette dernière s’agenouilla près de son Pokémon et lui parla gentiment pour le féliciter. Sa main droite se posa avec sur le crâne vert du Xatu qu’elle caressa avec tendresse.
- Impressionnant. Je pensais augmenter mes chances avec la Méga-Évolution, mais vous êtes toujours aussi forte.
- Désolée pour ça, répondit Clara, amusée. J’avais envie de m’amuser un peu avec Xatu.
- J’espérais affronter votre Draco, reprit-il. Lorsque vous m’aviez dit que j’avais presque réussi à vous battre, je me suis renseigné. J’ai ainsi appris que l’attaque Croc Feu que mon Mysdibule avait utilisé sur sa queue aurait pu paralyser votre Pokémon. En me basant sur ça, j’ai…
- Oooh ? souffla-t-elle, visiblement impressionnée.
Elle ne rajouta rien tout de suite. David continua à expliquer avec emphase la stratégie qu’il avait mis au point pour vaincre son Draco. La jeune femme l’écouta distraitement avant de répondre lorsqu’il eut terminé :
- Je suis surprise que vous ayez découvert le point faible de mon Pokémon. Mais évitez de décrire vos stratégies à vos adversaires avant de voir si elles fonctionnent, souligna-t-elle.
Le public rit à cette plaisanterie. Clara salua son adversaire d’une poignée de main avant de s’éclipser. Xatu s’envola et flotta au-dessus d’elle. Cependant elle ne put faire que quelques pas avant d’être interceptée par une journaliste et son caméraman.
- Bonjour Mademoiselle Galano, accepteriez-vous une interview ?
- Avec plaisir, répondit-elle après un instant de réflexion.
Son Pokémon se posa juste à côté d’elle, les ailes en l’air, en position de garde, il semblait prêt à défendre sa maîtresse en cas d’agression.
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Rivamar était une grande ville, pleine de gens de différents horizons, de Pokémon du monde entier. Mais pour assurer la sécurité d’une telle métropole, rien ne valait le courage et l’abnégation de sa police.
De ça, l’Inspecteur Mattz en était intimement convaincu. Il avait construit sa vie tout autour de ça, oubliant tout semblant de vie de famille, il s’était consacré exclusivement sur sa vocation de policier. Il avait quitté les rangs de la police de quartier pour rejoindre ceux de la police scientifique. Avec son aide, la Police Internationale, aussi appelée Poké-Agent, était parvenue à arrêter le Bloody Night Killer, un célèbre tueur en série.
Mais désormais, il devait faire face à une affaire autrement plus complexe : celle des Dresseurs victimes d’assassinat et d’amnésie. Il avait sollicité l’aide de l’agence internationale, mais elle lui avait ri au nez, l’informant qu’elle avait des enquêtes bien plus importantes à mener.
Mattz n’avait eu d’autres choix que de se remettre à l’aide que lui avait proposé Clara Galano, l’actuelle Championne Ultime. L’ancienne Championne l’avait aussi aidée à mettre la main sur le tueur en série après tout. Même si l’idée le répugnait toujours de s’en remettre à des civils, il devait bien reconnaître leur utilité.
Ainsi, l’Inspecteur avait informé Clara Galano sur le dossier scellé du Dracolosse assassiné. Mais il avait omis de lui préciser qui s’en était chargé. Quelle ne fût sa surprise quand elle lui informa qu’elle avait découvert qui était le meurtrier et qui avait fermé le dossier et surtout le pourquoi. Il l’avait peut-être sous-estimée.
- Patron ?
Il releva les yeux du dossier qu’il étudiait, avisant la gendarmette qui lui avait parlé.
- Oui ? répondit-il, d’un ton sec.
- On nous a signalés la disparition d’un jeune homme.
- Qui donc ?
Elle lui tendit un dossier qu’il feuilleta quelques instants. La victime ne lui disait rien, elle ressemblait à un adolescent lambda et ne semblait pas être quelqu’un de connu. Un Dresseur de passage ? Il s’attendait presque à ce qu’on lui annonçât son décès.
- Il a simplement disparu ? On n’a pas trouvé son corps ?
- On nous a signalé son silence radio depuis deux jours. On l’a vu pour la dernière fois il y a deux jours au Chemin Source.
- Près du Lac Courage, songea-t-il. Bien, fouillez immédiatement les lieux de fond en comble.
- Vous ne pensez pas qu’il est…
- Non. Mais il ne peut s’agir d’une coïncidence.
Ayant donné ses ordres, il fit signe à sa collègue de s’en aller. Il voulait passer un coup de téléphone, mais il n’avait guère envie qu’on apprît à qui il parlait. Une fois certain d’être seul, il décrocha le combiné, chercha dans les favoris et effectua l’appel.
- Inspecteur ! Inspecteur ! s’écria-t-on à la porte de son bureau.
Il raccrocha immédiatement, sans savoir si la jeune Championne était occupée ou non. Son adjointe, l’Inspectrice Gesétou entra dans le bureau sans attendre qu’il lui permît d’entrer.
- Quoi ? grogna-t-il, exaspéré.
- Nous avons découvert un cadavre.
C’était rapide. Il ne s’attendait pas à ce qu’un corps soit aussi vite découvert.
- Le disparu ? s’enquit-il.
- Non, quelqu’un d’autre. Des promeneurs ont découvert un pendu près des Sources Adieux.
- Un suicide, la belle affaire. Nous enquêtons sur une affaire de meurtres en série.
- Mais pourquoi irait-on se pendre là-bas ? répliqua son adjointe. Ça ne peut pas être une coïncidence.
- Aucun Dresseur n’a été tué par pendaison, lui rappela-t-il.
Mais cela l’intriguait aussi. Rien n’était logique dans cette affaire de toute façon : aucun suspect, aucun mobile déclaré, aucun indice probant menant à un quelconque assassin. Peut-être ce nouveau corps lui apporterait de nouvelles informations.
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- Vous possédez un Pokémon extrêmement rare, souligna la journaliste.
- Rare je ne sais pas, pour moi la rareté n’a aucune espèce d’importance, répondit Clara, souriante.
L’interview avait commencé par quelques questions banales pour mettre la Championne Ultime à l’aise.
- Pourtant à notre connaissance, vous faites partie des rares à posséder un Xatu. Clément du Conseil 4 de Johto et Tatia, championne de Hoenn, sont les deux seuls autres Dresseurs connus à en avoir un.
- Je l’ignorais.
Elle jeta un œil pétillant à son Pokémon avant de lui lancer en riant :
- Tu entends ça ? Tu es un Pokémon très rare.
Le Pokémon ne répondit pas, se contentant de garder la tête basse. La caméra ne put qu’enregistrer la surprise de la propriétaire devant le manque d’entrain de son Pokémon. Pensait-elle qu’il allait rire de sa blague ?
- Comment l’avez-vous capturé ? reprit la journaliste.
- Mon père me l’a offert quand j’étais petite, répondit-elle en fixant de nouveau l’objectif.
- Votre père est Xavier Galano n’est-ce pas ?
- Lui-même.
- Avez-vous une bonne relation avec lui ? Ses interviews télévisés laissent penser que c’est un homme froid et distant.
- Je me suis toujours très bien entendue avec mon père, répondit-elle sur un ton qui laissait entrevoir que la question la dérangeait.
- Sur un autre registre, nous avons appris que le Pokétuber de renom Méga-Libégon allait vous affronter mardi prochain. Que pensez-vous de Florian Rubert ?
- Je ne connais pas ce jeune homme, répondit-elle. Mais j’irai me renseigner un peu sur lui. J’imagine que lui aussi doit faire de même.
Elle souriait à nouveau à la caméra, signe que l’interview lui plaisait de nouveau.
- Avez-vous un autre adversaire de renom sur votre liste ?
- Il n’a pas de vraie renommée, mais juste après ce Florian Rubert, je vais affronter mon frère en combat total.
- Un combat total ? Vous en faites souvent ?
- Non, répondit-elle avec amusement. Mon dernier combat total remonte aux sélections du Champion Ultime. Même si je ne suis pas sûre que l’on puisse vraiment appeler ça un combat total.
- Comment ça ? s’étonna la journaliste.
- Le petit gars que vous voyez ici a vaincu tous mes adversaires… sans prendre le moindre coup.
Une exclamation d’incrédulité monta de toutes les personnes qui écoutaient l’interview. L’expression de la Championne Ultime montrait toute la fierté qu’elle éprouvait pour Xatu. Ce dernier n’avait pas réagi.
- Pourquoi avoir utilisé Balle-Neige sur un Pokémon Acier s’il est si fort que ça ? demanda la journaliste. Vous auriez pu finir le combat beaucoup plus vite.
- J’avais envie de revenir à mon enfance, à l’époque où j’ai appris à Xatu à utiliser ses pouvoirs psychiques. Quel qu’aurait été le Pokémon, je l’aurais fait.
- Vous vouliez que votre Pokémon s’amuse un peu.
- En effet, confirma Clara avec espièglerie.
La journaliste regarda posément son collègue un instant avant d’approuver d’un signe de tête. Quelle serait leur prochaine question ?
- Pour conclure cette interview, une dernière question. Votre réputation dans cette ville n’est plus à faire et…
- Bien sûr, en tant que Championne Ultime, je m’attends à être reconnue par les habitants, répondit-elle tout de suite.
- Vous semblez fraîche et pimpante, concentrée comme jamais durant les combats, poursuivit-elle comme si de rien n’était. Vos problèmes d’alcoolisme seraient-ils derrière vous ?
Mais Clara n’eut pas le temps de répondre à la question :
- Merci, c’est ici que s’arrête l’interview, annonça une voix derrière la journaliste.
- Tanguy ! s’exclama Clara, en reconnaissant celui qui les avait interrompues.
Décontenancée, l’intervieweuse se pinça les lèvres, avant de reprendre :
- Merci Mademoiselle Galano pour cette interview.
- Avec plaisir, répondit cette dernière.
Les deux champions prirent alors congé des journalistes et se frayèrent un chemin à travers la foule. Le spécialiste des Types Électriques se pencha alors vers l’adolescente aux cheveux bruns, ses yeux gris étincelaient d'amusement :
- Tu m’en dois une de t’avoir sortie de cette situation embarrassante.
- Embarrassante pour elle, devrais-tu dire. Alors Tanguy ? De quoi voulais-tu me parler ?
Dans la foule, une personne encapuchonnée, vêtue de la tête aux pieds de noir, les regarda se diriger vers le Centre Pokémon.
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En arrivant sur les lieux, l’Inspecteur Mattz avisa de suite le cadavre, étendu au sol dans la neige. La police scientifique avait dû le décrocher avant son arrivée. En levant les yeux, il aperçut la corde où il s’était pendu. Elle était attachée à une branche d’un arbre, recouvert de neige. Une échelle avait été posée contre le tronc pour atteindre le corps.
- Les nouvelles ? demanda-t-il.
- Ça devra être confirmé par l’autopsie, mais la victime est morte par strangulation.
Sans rire ? On l’a retrouvée pendue à un arbre. Y a-t-il vraiment besoin d’une autopsie pour confirmer une chose pareille ?
- Autre chose ?
- Le corps n’a pas les lignes de Yoshikawa et…
- Les marques de Yoshikawa ? l’interrompit l’Inspecteur Mattz.
- Eh bien… lorsque quelqu’un se fait étrangler, il tente de se dégager en agrippant la corde autour de son cou. Les marques perpendiculaires à la blessure mortelle sont appelées les lignes de Yoshikawa, du nom du professeur qui les a découvertes.
- Donc vous pensez à un suicide ? demanda-t-il, ennuyé.
Pourquoi tous ces scientifiques devaient utiliser des termes compliqués et incompréhensibles ?
- L’enquête devra le déterminer. Le cadavre est complètement gelé par le froid, ajouta le légiste. Il sera extrêmement difficile d’estimer l’heure du décès.
- C’est-à-dire ?
- Eh bien… il aurait très bien pu mourir hier comme il y a deux mois, répondit-il.
- Je vois.
Il se releva et le laissa à son travail. Tout laissait croire à un suicide, mais le fait que la victime se pendît à un tel endroit, sans échelle et que son cadavre avait visiblement été laissé au froid… Pourrait-il s’agir d’une tentative pour entraver la police ?
- Comment s’appelle notre perdant au Pendu ? demanda-t-il à ses enquêteurs.
Aucun ne releva sa mauvaise blague avec le jeu du même nom. Ce n’était peut-être pas une mauvaise chose, songea l’inspecteur.
- Il n’y avait aucune pièce d’identité sur lui, répondit Gesétou. Toutefois, nous avons trouvé ça en fouillant ses poches.
Son adjointe lui tendit un bout de feuille chiffonné. En dépliant le papier, Mattz y vit une écriture hésitante, brouillonne, avec quelques taches étranges.
- On dirait qu’il a pleuré en écrivant cette lettre, ajouta-t-elle.
Il lut attentivement la lettre. Son visage ridé s’éclaira de plus en plus à la lecture de son contenu.
- Nous tenons enfin une des clés du mystère.
- Comment ça ? s’étonna son adjointe.
- Cette lettre nous explique tout. Il s’est suicidé parce que…
- Inspecteur !
Exaspéré qu’on l’interrompît encore une fois, il jeta un regard aussi glacial que l’hiver qu’ils avaient vécu au nouvel arrivant :
- Qu’est-ce qui se passe encore ?
- Un autre corps a été découvert.
- Pendu lui aussi ?
- Non, le meurtrier habituel et… je crois que c’est notre disparu.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Des gens étaient venus en nombre s’abriter du froid au Centre Pokémon. Nombres d’entre eux venaient soigner leurs Pokémon, quelques-uns venaient pour les magasins situer à l’étage, mais seule une femme buvait un verre au comptoir du bar. Le barman nettoyait ses verres à quelques mètres d’elle.
Deux nouveaux arrivants pénétrèrent dans les lieux. Le grand aux cheveux blonds grisonnants à la tenue électrique indiqua le comptoir de la main, mais sa compagne aux cheveux bruns lui tombant aux épaules lui répondit :
- Je vais faire soigner Xatu, je te rejoins.
L’homme répondit par un signe de tête avant de se frayer un chemin vers le bar. La femme s’en étant allée, il était à présent désert, seul son verre – vide – indiquait qu’elle avait été présente à ce moment-là. Quelques minutes plus tard, la jeune compagne le rejoignit et s’assit à côté de lui.
- Déjà commandé ? demanda-t-elle.
Il sursauta, surpris. Elle avait dû se montrer très discrète.
- Pas encore, je t’attendais. Comment va Xatu ?
- Il doit passer des tests de santé la semaine prochaine, mais pour l’instant ça va, répondit-elle.
- Je te parlais du combat que tu avais fait, rit-il.
- Ah oui, il s’en est très bien sorti.
Pendant ce temps, le barman leva soudainement les yeux de son torchon, tourna la tête de droite à gauche, semblant chercher quelque chose. Lorsqu’il eut trouvé, il prit une bouteille et versa une partie de son contenu dans un nouveau verre, avant de l’apporter à la jeune femme.
- Hum… merci, mais je n’ai rien commandé, lui répondit-elle, interloquée.
- Cadeau de la maison, répondit-il, le visage dur.
Elle le regarda s’éloigner avant d’hausser les épaules et de prendre une gorgée… qu’elle recracha.
- Hey ! C’est dégueulasse, servez-moi un autre verre ! s’écria-t-elle de rage.
Tout le Centre Pokémon se tourna vers eux, surpris de cet accès de colère, avant de retourner à leurs occupations en reconnaissant la femme au comptoir. Le barman se précipita vers eux avec un autre verre qu’il tendit en s’excusant. L’homme blond ne put s’empêcher de sourire en voyant la scène se dérouler devant ses yeux.
- Une bière pour moi, s’il vous plaît, demanda-t-il.
Tandis qu’il s’éloignait pour exécuter sa commande, la jeune femme, qui s’était calmée, reprit doucement, peut-être pour éviter d’attirer de nouveau l’attention :
- Dis-m’en plus sur cette Eryl, s’il te plaît.
Un peu plus loin, quelqu’un surveillait les deux personnes au bar. L’ombre masquait son visage, mais ses dents blanches serrées cachaient mal sa colère.
*_*_*_*_*_*_*_*_*
Sur la place de Rivamar, toujours aussi noire de monde, deux Pokémon, un chien et un serpent bleu et blanc, vinrent se mêler à la foule. Ils scrutaient tour à tour les visages des personnes présentes, visiblement à la recherche de quelqu’un. Ils finirent par se diriger vers le Centre Pokémon, d’où en sortirent une jeune femme et un homme d’âge mûr, un oiseau sur les talons.
- Draco, Démolosse ! Où étiez-vous passés ? s’exclama-t-elle.
Le Dragon s’envola aussitôt dans la direction opposée, tandis que le chien des ténèbres s’empressa alors de mordre le bas de sa manche, lui tirant dessus pour lui intimer de les suivre. Leur patronne obtempéra, tout en ayant un dernier mot pour l’homme qui l’accompagnait.
- Tanguy, je te recontacterai… et merci.
- De rien Clara… J’espère que tu y vois plus clair, maintenant.
- Je sais pas. J’ai toujours pas compris ce que cette Eryl est venue faire ici.
- Si je la croise à nouveau, je te redirai, promit-il.
Sans dire un mot de plus, Clara s’en fut rejoindre ses Pokémon. Elle traversa rapidement la foule avant de les suivre dans le dédale des ruelles de la ville. La jeune fille semblait ignorer où ils l’emmenaient. Elle jetait des regards suspicieux à chaque angle. Après plusieurs minutes d’errance, elle finit par arriver à destination.
- Lou ! s’écria-t-elle.
Affaissée contre le mur, les yeux grands ouverts, une jeune fille au visage émacié, la poitrine recouverte de sang, y gisait.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? se demanda-t-elle, sachant pertinemment que ses Pokémon ne sauraient lui répondre. Pourquoi s’en est-on pris à elle ?
Du regard, elle fouilla la scène de crime, à la recherche d’indices. En avançant d’un pas, elle donna un coup de pied involontaire dans un étrange caillou qui roula jusqu’au corps de la jeune fille. Elle baissa les yeux et s’accroupit pour l’examiner.
- C’est… son cœur ? murmura-t-elle.
Son ton était froid comme la glace. Son visage dur masquait toutes les émotions qu’elle ressentait. La jeune femme semblait s’être changée en machine, ignorant toutes les douleurs, afin de découvrir comment la pré-ado avait été tuée.
Des cliquetis de serres qui se posent sur des pavés retentirent derrière elle. En se retournant, elle déclara au nouvel arrivant en souriant gentiment :
- Désolé, Xatu, tu dois être épuisé. Je te fais courir dans toute la ville. Promis on rentre dans quelques…
Elle s’interrompit. Ses trois Pokémon s’entreregardèrent, visiblement inquiets, aucun d’eux ne bougea, tandis que la main de la jeune femme se porta à son menton. Les poils de sa nuque se hérissèrent, tandis que son corps commençait à trembler. De peur ? D’excitation ? Impossible à dire.
Sûre d’elle, elle tapota quelques instants sur l’étrange montre blanche qu’elle portait au poignet. Puis elle la porta à sa bouche pour parler.
- Julie ? C’est Clara. Excuse-moi de te déranger. Tu te souviens de la soirée où j’étais malade ? Mmmh, oui. Non je ne veux pas que tu me racontes ta vie, j’ai juste besoin que tu me confirmes une chose.
Elle inspira profondément avant de reprendre, d’un ton calme, presque résigné :
- C’est bien Élodie qui m’a préparé ce thé ?
- Oui, répondit la prénommée Julie.
Clara raccrocha immédiatement, avant de pianoter à nouveau sur sa montre pour un nouvel appel. Mais ce dernier resta sans réponse. Après avoir poussé un profond soupir, elle raccrocha. Un instant plus tard, une sonnerie retentit dans l’atmosphère, vite interrompue.
- Désolée Inspecteur Mattz, c’est pas vraiment le moment. Si c’est important, vous me rappellerez.
Non loin de là, à l’angle de la ruelle, une ombre observait celle qui étudiait la scène de crime.
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Une fois la seconde de crime inspectée, l’Inspecteur Mattz était retourné à son bureau. La journée avait été longue : un suicide et un meurtre dans la même journée. Il s’adossa à son fauteuil, les yeux fixés vers le plafond.
- Une affaire de résolue, mais je ne comprends toujours pas ce qui est arrivé à tous ces dresseurs. Qu’est-ce que le meurtrier leur veut à la fin ?
Lorsque quelqu’un toqua à la porte, il se rassit aussitôt correctement. Il rajusta sa cravate avant de signifier que la personne pouvait entrer.
- Inspecteur, on a du nouveau sur la deuxième victime. Des témoins l’ont vue partir avec quelqu’un.
- Très bien, montrez-moi ça.
Un sourire s’afficha sur son visage, après deux mois d’enquête, peut-être avait-il enfin un suspect. Son adjointe lui tendit une photo qu’il étudia attentivement, avant de demander :
- Un mobile ?
- Au premier abord non, mais notre expert informatique a trouvé quelque chose.
- Quand avez-vous trouvé ce suspect ? s’étonna-t-il.
- Dès que je vous ai parlé de sa disparition ce matin, patron.
Il nota l’information dans son calepin, avant de poursuivre :
- Et donc ? Quel est le mobile selon vous ?
- Le suspect est lié à la Fondation Galaxie, révéla-t-elle.
Il se souvenait que le Maître de Sinnoh avait mentionné que la Fondation Galaxie était le véritable nom de la Team Galaxie. Mais quel était le lien avec elle et cette affaire de meurtre ?
- Pour quelles raisons la Team Galaxie serait liée à toute cette affaire ? demanda-t-il.
- Les Pokémon de toutes les victimes avaient des piqûres à un endroit, comme pour une injection ou un prélèvement, rappela Gesétou.
- Vous êtes en train de me dire que ces types sont en réalité des vampires suceurs de sang ?
Un vent glacial traversa la pièce, tandis qu’il se rendait compte de l’absurdité de ce qu’il venait de dire.
- Le sang pourrait être l’objectif, mais et si tous ces Dresseurs étaient tués pour éviter qu’ils viennent contrecarrer un projet de plus grande envergure ?
- Quel meilleur moyen que l’Arène Ultime pour dénicher les meilleurs Dresseurs au monde, en convint-il. Et donc, en quoi notre suspect est-il lié à la Fondation Galaxie ?
- Regardez ceci, lui répondit-elle en lui tendant une tablette.
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En retournant à l’arène, Clara se dirigea immédiatement sur le terrain de combat. Ses trois Pokémon se déployèrent sur le terrain, Évoli qui dormait sur l’un des bancs de l’estrade réservé aux spectateurs vint les rejoindre.
Une sonnerie retentit, indiquant qu’elle avait de nouveau un appel. En voyant le nom de son correspondant, elle décrocha aussitôt :
- Salut Élodie.
- Qu’est-ce que tu m’veux Clara ? s’exclama-t-elle.
Sa sœur était toujours en colère contre elle, elle le comprenait bien, mais elle avait besoin d’entendre toute l’histoire.
- Désolée de te déranger Élo… souffla-t-elle.
- Oui ? répondit-elle plus calme.
Clara avait utilisé son surnom, elle ne s’en servait que dans les moments les plus importants.
- Est-ce que tu peux me raconter ce qui s’est passé ce soir-là s’il te plaît ?
Soudain, la queue de son Démolosse attira son attention. Elle se balançait de droite à gauche, signe qu’il avait trouvé quelque chose d’intéressant. Elle s’approcha de son Pokémon, qui s’empressa de s’écarter en aboyant joyeusement. Tout en écoutant ce que lui racontait sa sœur, elle se pencha…
- Je vois. Ce salopard est donc derrière tout ça, annonça fièrement l’Inspecteur Mattz. Gesétou, prenez plusieurs équipes et séparez-vous. Une va chez lui et les autres vont sur son lieu de travail et chez les membres de sa famille. Nous allons arrêter de notre suspect, ne le laissez surtout pas s’échapper !
Au même instant, l’Inspecteur Mattz et Clara Galano avaient les yeux fixés vers le bas. Tous deux se redressèrent, debout sur leurs deux jambes. Les mains dans les poches, le regard déterminé, un rictus satisfait s’afficha en même temps sur leurs deux visages, séparés par plusieurs kilomètres.
C’était le sourire de ceux qui avaient tout compris.
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La nuit était tombée, brisée par une pluie battante, Clara était profondément endormie. La jeune Championne s’était écroulée dans son lit, empreint d’un sommeil réparateur qu’elle n’avait plus connu depuis des mois. Un sourire béat s’affichait en permanence sur son visage d’adolescente. Ses Pokémon dormaient profondément dans leurs paniers, tout paraissait normal, malgré le tonitruant orage.
Un éclair transperça le ciel, éclairant soudainement une fenêtre légèrement entrouverte. Une créature invisible que la lumière avait révélée s’y tenait. Encapuchonnée et vêtue de noir, elle s’avança vers le lit King Size de la Championne, inconsciente du danger qui s’apprêtait à lui tomber dessus.
À SUIVRE