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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 27/03/2021 à 00:04
» Dernière mise à jour le 27/03/2021 à 00:04

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 28 : Chasse
La poussière flottait dans l’air, formant un voile dissimulant les formes des deux combattants qui échangeaient des coups depuis deux minutes.

- Maintenant ! criais-je en comptant les secondes, alors que Myrtille bondissait par dessus le rideau de sable qui retombait sur le Roselia ennemi.

Mon Evoli porta un violent coup de tête dans le ventre de l'arbuste, avant de se rattraper avec ses petites griffes, qui lacérèrent une des feuilles de Roselia. Les nombreuses épines sur un des flancs furent éjectées, mais ce mécanisme défensif instinctif rata Myrtille. Mon pokémon se laissa tomber sur la terre glaise, soulevant un peu de poussière ocre à chaque bond, avant de repartir à l’attaque.

Sa cible disparut dans un éclat de lumière rouge, alors que Robin adressa quelques compliments à sa pokéball. Il regarda mon pokémon qui s’ébroua pour chasser la poussière de son pelage.

- Ouah … il est bon ton Evoli ! s'émerveilla t-il. Tu l’as depuis quand ?

- Deux semaines, presque trois. D’ailleurs, c’est une femelle, dis-je alors que Madame sautillait en me regardant, pour que je la complimente.

Je ne pus lui refuser cette récompense, accompagnée d’une caresse sur la tête.

- Elle progresse vite et bien ! reconnut Robin. Après, je dois avouer que Rosie n’est pas mon meilleur pokémon, mais quand même … t’as encore réussi à me battre. Je pense que je dois repenser toute ma stratégie.

- Ton problème est surtout tactique, tu n’as pas assez de couverture de types. Remarque, je te dis ça, mais Myrtille est probablement la pire dans ce cas. Elle ne connaît aucune attaque spéciale. Je suis en train d’essayer de la former, mais ça prend du temps.

Il hocha la tête, ravalant un peu sa fierté.

- En tout cas, je suis content de voir qu’on est à peu près au même point, ça me rassure un peu. Mais bon, arrêtons de parler de ça. Tu vas d’abord aller à Voilaroc ou à Verchamps ?

- Voilaroc, confirmais-je, avant qu’il ne m’annonce qu’il comptait faire l’inverse et explorer les régions marécageuses d’ici peu.

- On verra bien ce que ça va donner, alors ! piaffa t-il. J’ai hâte de voir ce que je peux découvrir dans les marais ! Je suis certain que je vais pouvoir capturer des pokémon super rares !

Je toussotais un peu, chassant de la poussière qui maculait la manche de ma veste.

- Avant que tu ne files, l’interpellais-je alors que je le voyais resserrer ses lacets, j’aimerais qu’on se fasse une chasse sur la route 209. Tu sais, murmurais-je en ayant le regard humide, une petite chasse comme on faisait au lac Vérité, quand on cherchait à voir des pokémon plus rares.

Son regard bleu se teinta d’intérêt.

- Ca me va ! On fouille discrètement les herbes au hasard ? Il y en a plein autour de nous.

- C’est une chasse. On essaye de trouver les meilleurs indices et on capture le premier rencontré. Enfin, il faut bien commencer au hasard.

Il avait de nouveau ce regard compétitif. Je pouvais sentir que son envie de compétition était toujours là, prête à ressurgir. Sa volonté semblait ardente, comme un incendie qui ressurgissait à chaque fois qu’on tentait de l’étouffer.

Nous nous éloignâmes chacun de notre coté, afin de chercher un spécimen de plus à inclure dans notre équipe. Je rampai dans l’herbe, comme d’habitude. L’herbe était d’un vert pâle, commençant à tirer vers le jaune. L’été commençait à faire son arrivée, plus tardivement que d’habitude. Il fallait être prudent, car l’herbe sèche craquait facilement sous les pieds et les genoux.

Rester près des routes était le meilleur moyen de ne pas trouver quelque chose d’intéressant, la plupart des pokémon étaient craintifs et s’éloignaient des lieux habités par des humains. Il fallait s’enfoncer hors des sentiers, dans les endroits rarement parcourus pour trouver les spécimens sauvages. C’était cependant une tâche ardue. Ne pas voir de pokémon ne signifiait pas que c’était réciproque. Je restais plaquée au sol, avançant d’un centimètre à chaque mouvement, jaugeant le bruit que je faisais.

A bien tendre l’oreille, je pus entendre les pokémon se trahir. Un petit battement d’aile à ma droite, un bond plus loin. Ils étaient là. Ils vivaient autour de moi. Je ne savais pas qui ou quoi, mais ils ne m’avaient pas vue.

Vint alors le moment le plus insupportable, celui d’attendre quelque chose de différent.

Je n’avais pas envie de lever la tête pour capturer un pokémon volant. J’avais encore un pincement au cœur suite à ce qu’il s’était passé. De petits pas précipités s’agitaient à proximité, trop légers pour être des Keunotor, mais différents de ceux d’insectes, en raison de l’absence du son de la chitine éraflant les herbes. Je connaissais ce grattement par cœur, ayant entendu des dizaines d’insectes bouger dans les fleurs plantées sous la moustiquaire de ma chambre. Je fermai les yeux, immobile. L’air tiède et la douce brise me donnait envie de me mettre sur le dos et de somnoler, mais je devais rester attentive.

Après une vingtaine de minutes, un nouveau bruissement me tira de mon état. Les pas semblaient étranges, bien différents de ce que je pouvais capter. On aurait dit qu’un pokémon sautillait, mais qu’il était bien plus massif qu’un petit oiseau. C’était quelque chose qui ne m’évoquait rien de familier. En levant la tête, je vis une masse ovale et rose passer. Le pokémon joyeux poussait une chanson, semblable à un carillon à la teinte cristalline. Je redressai un peu plus la tête pour en apprendre un petit peu plus. Le gros animal portait un petit œuf entre ses pattes avant, qu’il caressait avec une affection évidente.

Je n’en croyais pas mes yeux. C’était bien ma chance … un pokémon rarissime que je n’avais pas du tout l’intention de capturer. Je n’avais même pas l’espoir de pouvoir en voir un en vrai. J’enregistrai la scène, me refusant à capturer ce pokémon. Je voulais juste le voir, l’observer. Je reculai, filmant sa démarche de culbuto, juste pour garder une preuve sentimentale de ce dont j’avais été le témoin impuissant et émerveillé.

Le Leveinard me regarda, avec une certaine méfiance instinctive, comme si hommes et pokémon étaient destinés à se séparer. C’était idiot, même si nous étions différents, nous étions des êtres vivants … Je ne savais pas comment l’exprimer. Les idées s’embrouillaient en ma tête, alors que nous nous regardions dans les yeux.

- Je … je vais te laisser, murmurais-je en faisant un pas en arrière.

Je lui tournai le dos, sachant bien que les Leveinard n’étaient pas des prédateurs agressifs. Il n’allait pas m’attaquer dans le dos, ce n’était pas dans leur nature et c’était un bon moyen de montrer que je n’avais pas envie de l’attaquer. Je ne l’aurai jamais fait s’il s’était agi d’un Luxio ou d’un Ursaring.

Après quelques pas, rien ne m’était arrivé. Je pouvais me féliciter de ma réaction et je tentai un léger coup d’œil en arrière. Le pokémon rose et rondouillard s’était éloigné et se penchait sur un terrier. Il devait probablement s’occuper de pokémon blessés et je ne pus m’empêcher de filmer toute la scène.

En retrait, je pus voir le généreux pokémon tendre un œuf devant le terrier. Ce bel œuf blanc devait être empli de nutriments, c’était un beau présent. Un petit museau violet émergea de la cavité, reniflant la main qui lui tendait à manger. Les petits Moufouette qui se pressaient étaient encore dépourvus de poils. Ils étaient très jeunes, les paupières à peine développées. Les parents auraient du être présents à proximité pour s’en occuper, la mère n’aurait jamais laissé ses petits sortir.

Pourtant, c’était ce Leveinard qui nourrissait la portée. L’hypothèse la plus pessimiste était que ce guérisseur s’occupait de la portée car les parents étaient incapables de le faire. Si j’avais capturé ce Leveinard, les petits n’auraient pas été capables de se nourrir et auraient été condamnés à une mort certaine.

Je vérifiai une chose, cherchant dans mon petit manuel écorné répertoriant les principales règles. Selon l’annexe 4, les Leveinard étaient répertoriés comme protégés et je n’avais pas les six badges nécessaires pour en capturer un.

Au final, mes états d’âme avaient été salutaires. Je n’avais aucun désir de violer la loi et le professeur Sorbier n’aurait pas couvert cette erreur d’inattention. Un telle crime aurait pu me valoir une révocation de ma licence et un an de prison.

Peu de temps après, je vis un autre individu se coucher dans les hautes herbes. L’homme aux cheveux courts et cachés par une casquette de tweed m’adressa un regard sombre.

- Recule, tu vas effrayer les pokémon, chuchota t-il sous sa moustache.

Je m’éloignai à pas de loup, avant de remarquer la fourrure de Moufflair à sa taille.

- Vous faites quoi avec ça ? Des vêtements ?

- Entre autres. Tu veux bien me lâcher ?

- Vous savez que des petits risquent la mort à cause de cette chasse ? fis-je avec un ton réprobateur, bien qu’il n’agissait pas de façon illégale.

- S’ils ne peuvent survivre, c’est la loi de la nature.

Son détachement était glaçant.

- Heureusement que le Le …

A ce moment, je me tus car l’éclat dans son regard le trahit. Mes dents se serrèrent, alors que je compris ce qu’il venait vraiment faire ici. Ce n’était pas les Moufouette qui l’intéressaient, mais les Leveinard qui venaient se porter au secours des orphelins.

- Vous n’êtes pas un chasseur, mais un braconnier !

- Tu vas fermer ta gueule ? Je vais t’apprendre à te mêler des affaires des autres.

Il fit appel à un Cizayox, un redoutable prédateur aux pinces acérées comme des cutters. L’animal fit claquer ses pinces, menaçant.

Alors que j’envoyais Fernando, le chasseur à la veste verte me pointa du doigt, repliant auriculaire et annulaire. Son pokémon obéit immédiatement, bien entraîné, bourdonnant en me chargeant.

Par réflexe, je me jetai au sol, entendant le claquement de la pince qui effleura mon oreille.

L’insecte pivota en une fraction de seconde, lorsqu’un violent éclair le foudroya. Les yeux sombres du pokémon se posèrent sur Fernando, qui me protégea de sa masse de poils ébouriffés par l’électricité statique. Les deux se jaugèrent deux secondes, avant de charger.

Fernando n’écouta pas mon ordre, il bondit sur le Cyzayox en passant au dessus d’une de ses pinces, qui claqua en tranchant les poils de l’extrémité de sa queue.

Le félin planta ses crocs dans la gorge, égratignant la chair de la mante géante en enfonçant le cartilage métallique. Le pokémon acier poussa un glapissement étranglé, alors que son maître le rappelait.

- Tu vas regretter ça, dit-il en voyant le sang qui maculait les crocs de mon fidèle protecteur.

- Non, vous allez me suivre jusqu’au poste d’Unionpolis.

Le chasseur ricana, à ma grande stupeur.

- Tu crois que ça marche comme ça, gamine ? Tu crois en Arceus ? blasphéma t-il en crachant. Je vais t’expliquer comment ça va réellement se passer. Tu n’as pas de preuve et de toute façon, je serais très vite relâché. Même si tu sens que tu auras joué à la petite justicière, ça ne changera rien. Au contraire … on saura bien se charger de ton cas un jour.

Sur ces mots, il saisit une autre pokéball qui brilla d’un éclat lumineux. Lorsque le flash cessa de s’imprimer sur mes rétines, il avait disparu.

- Putain … il a un pokémon avec téléport.

Je me ressaisis bien vite et contactai le professeur Sorbier, pour lui donner l’information.

Le visage ridé du vieil homme trahissait sa frustration. Il m’écouta tout raconter, partageant sa colère avec moi, faisant écho avec la mienne.

Après quelques instants, durant lesquels il plissa les paupières, il frotta la touffe de cresson blanchie sous son nez.

- Bon, je te remercie … je … je vais contacter des personnes pour essayer d’agir. En attendant, essaye de donner ton témoignage au commissariat le plus proche. Et … merci encore de ton courage pour sauver ces pokémon.

J’opinai, avant que nous ne mettions terme à la conversation.

- Ca ne sert à rien et tu le sais, dit la voix cynique en moi. Tu aurais du lancer Fernando sur la gorge de ce chasseur. Cela aurait eu le mérite de te débarrasser du problème et de t’éviter un nouvel ennemi.