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Au fond de l'abysse imaginaire de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 21/02/2021 à 11:21
» Dernière mise à jour le 21/02/2021 à 11:21

» Mots-clés :   Aventure   Fantastique   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 1 : Opération mystérieuse
- Il faut absolument que je parvienne à régler ma dette…

Harris Elton savait qu’il devait couper les ponts avec cette maudite Hildegarde Linday au plus vite. Cette dernière continuait de le mettre dans des situations très inconfortables juste pour son plaisir personnel, sachant très bien qu’il ne pouvait pas refuser à cause de la quantité astronomique d’argent qu’il devait encore lui rembourser. Le trentenaire n’avait pas oublié, par exemple, la fois où il s’était retrouvé piégé dans une simulation virtuelle qui aurait dû se passer sans le moindre problème.

Le professeur ne manqua pas de soupirer en posant son regard sur la vitre arrière de la voiture. Lui qui espérait vivre une journée ordinaire avait été récupéré le matin même par l’aristocrate démoniaque responsable de ses tourments. Il ignorait encore où ils se rendaient mais se doutait bien qu’il ne s’agissait pas d’une simple promenade en extérieur pour respirer l’air frais. Connaissant Hildegarde, il s’attendait au pire et restait donc sur ses gardes.

- Tu n’es vraiment pas curieux ? demanda la femme d’affaires avec son sourire malicieux aux lèvres. Bien sûr, tu n’étais pas invité à la base, c’est seulement à moi que l’on a demandé de venir. Mais je me suis dit que ça te changerait les idées.

- Évidemment, soupira Harris sans détourner ses yeux du paysage qui défilait alors que son interlocutrice lui donnait des petits coups dans le bras. Nous allons encore finir enfermés à l’intérieur d’une réalité virtuelle, je suppose ? Téléportés à l’autre bout du monde sans pouvoir revenir immédiatement ? Finir dans l’espace ? Ou bien carrément finir dans une autre dimension ? Avec toi, je m’attends à tout…

- Comment tu as deviné ? s’étonna Hildegarde, qui paraissait sincère.

Harris lâcha un autre soupir. Détective à ses heures perdues, il était cependant incapable de lire entre les lignes avec sa diabolique bienfaitrice et n’aurait su dire si elle était sérieuse ou non. Il préférait ne pas y penser et conserver le maigre espoir que cette visite n’aurait aucune conséquence. Il en doutait fortement mais après tout, l’espoir faisait vivre. Il préféra penser au bon côté des choses, il avait demandé à Hildegarde de supprimer deux zéros du montant de sa dette s’il acceptait de l’accompagner.

Professeur pour une école de dresseurs qui fut frappé autrefois par un incendie, le commerce de ce pauvre Harris ne fonctionnait malheureusement plus. Il n’avait conservé que trois élèves fidèles, la plus jeune venant d’atteindre la majorité. Le trentenaire brun avait l’intention de fermer boutique une fois qu’ils partiraient vers d’autres horizons et se chercherait une nouvelle vocation, l’un d’entre eux l’ayant déjà trouvée. Son dernier obstacle serait de rembourser celle qui avait restauré son bâtiment après le drame.

Hildegarde Forvedge Alberta Linday de Fravière représentait l’une des plus grosses forces économiques de la mégapole d’Ebravia. Elle revenait de loin, son frère aîné s’étant approprié l’héritage familial après le décès de son père. Finalement, elle avait su rebondir et se créer son propre réseau et disposait maintenant de nombreuses parts dans les plus puissantes sociétés de la zone. En vérité, elle se fichait de la dette qu’Harris lui devait, elle en profitait juste pour passer du temps avec lui et le torturer amicalement.

- Quand nous serons arrivés Arceus sait où, tu en profiteras pour regarder dans le coffre de ta limousine, se contenta d’ajouter Harris.

- Tu m’as réservé une surprise ? s’enquit Hildegarde, amusée. Il ne fallait vraiment pas, je t’assure.

- Disons que la surprise s’est invitée d’elle-même…

La femme d’affaires ne renchérit pas, restant dans l’incompréhension. Elle accorda un regard interrogateur vers Amaryllis, assise à l’avant du véhicule en compagnie de son chauffeur personnel. Mais l’intelligence artificielle qui lui servait de majordome ne semblait pas avoir la réponse à sa question non plus. Encore une fois, le talent d’enquêteur d’Harris lui permettait d’apercevoir des éléments qui échappaient aux personnes les plus étourdies.

Si Harris ne la connaissait pas personnellement, il aurait du mal à prendre Hildegarde au sérieux. Elle avait beau approcher lentement de la trentaine, elle ressemblait toujours à une gamine de quinze ans. Seul son accoutrement clairement pas réservé aux personnes de classe modeste permettait de la différencier de simples étudiants qui se rendraient au lycée. Pour avoir rencontré par hasard la petite sœur de Hildegarde à l’entrée d’une pizzeria, le détective pouvait affirmer que ce problème n’était pas de famille.

- Alors ? Qu’est-ce qui se trouve dans le coffre ? insista l’aristocrate sur un ton presque suppliant. Mon anniversaire était le mois dernier, c’est un cadeau en retard ?

- Loin de moi l’idée de t’offrir quelque chose, crois-moi.

- Ne sois pas comme ça, nous sommes les meilleurs amis du monde.

Sans prendre la peine de surenchérir après une telle déclaration, Harris se contenta de lui donner un coup sur la tête avec le plat de sa main. Le béret bleu marine que portait Hildegarde, habituellement penché légèrement sur le côté sans tomber, ne manqua pas de se séparer de la chevelure blonde brillante de sa propriétaire pour tomber sous le siège avant du conducteur. La femme d’affaire lui fit une grimace indigne d’une personne de son âge, comprenant qu’elle allait devoir attendre l’arrêt de la voiture pour le récupérer.

Le professeur nota qu’ils venaient de quitter Ebravia, ce qui le surpris. Il ignorait toujours leur destination et au vu du comportement puéril de sa voisine de siège, elle ne lui répondrait probablement pas si lui-même ne lui avouait pas que ses deux fidèles élèves étaient entrés discrètement dans le coffre lorsque Hildegarde était venu le chercher à son école de dresseurs. Ce n’était pas la première fois qu’ils agissaient de la sorte, ils s’étaient retrouvés impliqués dans l’affaire Amaryllis alors qu’ils n’y étaient même pas invités à l’origine.

Harris ne doutait pas qu’Amaryllis soit de son côté depuis le début et feignait simplement l’ignorance. Aucune chance qu’une intelligence artificielle comme elle ne soit pas capable de détecter la présence de multiples êtres humains autre que le professeur et l’aristocrate à seulement quelques mètres d’elle. Même si elle était à tout jamais redevable à Hildegarde pour la vie qu’elle lui avait accordé, Amaryllis était de nature joueuse et n’hésitait jamais à défendre Harris quand il le fallait.

Difficile de croire que seulement trois ans auparavant, Amaryllis n’était qu’une suite de lignes de code qui s’était approprié le projet de jeu en réalité virtuel conçu par la société Kaminsky Corporation. Piégé à l’intérieur pendant la phase de test, Hildegarde, Harris et son trio d’étudiants avaient eu la frayeur de leur vie mais ont su se montrer capables de convaincre Amaryllis de les laisser retourner dans le monde réel. Par la suite, Hildegarde a discrètement récupéré une copie du code de l’IA avant qu’elle ne soit supprimée.

Grâce à son réseau de connaissance, Hildegarde avait pu entrer en contact avec l’entreprise de robotique Phoenix System, spécialisée dans les robots ménagers. Son directeur, le mystérieux et charismatique Mister Phoenix, adorait s’adonner à la création de cyborgs sur son temps libre. C’est en mélangeant le code produit par Kaminsky Corporation et la technologie fournie par Phoenix System que le miracle appelé Amaryllis avait pu voir le jour.

- Nous allons bientôt arriver, prévint cette dernière après avoir passé sa tête en dehors de la limousine, se prenant le vent puissant en plein visage.

Une personne extérieure à l’entourage de Amaryllis ne pourrait jamais la différencier d’un humain normal au premier regard. Les derniers cyborgs officieusement créés par Phoenix System fonctionnaient grâce à un système partiellement organique. Si le cerveau était remplacé par un disque dur ultra performant, la présence de particularités du corps humain permettait à Amaryllis de produire des émotions. D’après les informations de Hildegarde, sa majordome n’était que le deuxième de ce type produit par l’entreprise.

Harris caressa sa barbe mal rasée en tentant d’analyser l’environnement extérieur. Lui qui vivait au sein de la mégapole n’était pas habitué à observer la campagne et se demandait réellement pourquoi Hildegarde avait rendez-vous ici à l’écart de tout. Et surtout avec qui elle pouvait bien avoir rendez-vous ici connaissant toutes les relations dont elle disposait au sein d’Ebravia. Comprenant que cela ne servait rien de se torturer l’esprit, il attendit que la voiture s’arrête avant d’ouvrir sa portière.



***


- Regardez qui voilà !

La première action entreprise par Hildegarde après être descendue de sa limousine fut de se diriger vers le coffre pour mettre un grand terme à ce mystère que Harris lui avait mis en tête pendant une bonne partie du voyage. Même sans être une excellente détective comme son compère, le fait que les deux élèves restants se soient incrustés dans l’excursion faisait partie de ces hypothèses. Elle aurait tout de même préféré que le professeur lui ait préparé une surprise d’anniversaire en retard.

Noctis et Aléria s’étaient serrés comme ils le pouvaient pour entrer à l’intérieur du coffre, qui même s’il était plus grand que la moyenne, ne suffisait pas pour faire rentrer confortablement une fille de taille moyenne ainsi qu’un garçon ayant dépassé le mètre quatre-vingt. L’aristocrate aurait certainement dû leur en vouloir de s’inviter de la sorte mais elle ressentait plutôt de la fierté. Elle-même était une sacrée professionnelle lorsqu’il s’agissait de se mêler de ce qui ne la regardait pas.

- Bonjour Mme Linday... intervint alors timidement Aléria pour briser le silence. Beau temps, vous ne trouvez pas ?

- Bien le bonjour, Aléria chérie, lui répondit Hildegarde, amusée, tendant une main vers elle pour l’aider à s’extirper de l’arrière du véhicule. Décidément, l’affaire avec Amaryllis d’il y a trois ans ne vous a pas suffit à ce que je vois ?

- C’était l’idée de Noctis…

Les disciples de Harris étaient tous très différents mais pourtant si complémentaires. Noctis Icelonne, le premier, était le plus malin. Ses talents de détective parmi la clique étaient ceux qui se rapprochaient le plus de ceux de son professeur. Hildegarde, qui aimait parfois donner des surnoms déplorables aux personnes de son entourage avec l’objectif de se moquer d’eux, adorait l’appeler « monsieur je sais tout », entraînant souvent la gêne du concerné.

La deuxième, Aléria Danelly était une fille qui manquait terriblement de confiance en soi. Elle n’aimait pas s’exposer et portait toujours des vêtements très lourds qui la dissimulaient, ce qui n’avait pas dû lui rendre service lors de cette intrusion dans la voiture. Elle s’était d’ailleurs empressée de se cacher derrière la capuche de son manteau une fois à l’air libre. La jeune fille représentait la faiblesse de l’aristocrate, qui n’arrivait vraiment pas à la titiller et se contentait de lui montrer de l’affection à la place.

Concernant le dernier qui se démarquait par son absence, Shingo Soralia fut un peu le cancre de la classe. Peu talentueux pour les enquêtes, souvent moins efficace qu’Aléria qui n’était pas une lumière non plus. Très croyant, il priait souvent Arceus pour lui donner la force de passer chaque journée. Après avoir réussi à se faire embaucher chez Kaminsky Corporation, à la surprise générale, il avait donc cessé d’être un élève de Harris depuis l’année passée.

- Monsieur je sais tout ne sait visiblement pas que la curiosité est un vilain défaut, nota Hildegarde, refermant le coffre après que les invités clandestins furent tous à l’air libre. Je ne l’ai même pas dit à Harris mais il se peut que l’opération du jour soit dangereuse, il n’aurait jamais accepté de venir autrement...

- Où sommes nous ? demanda alors Noctis sans aucune gêne, alors qu’Aléria faisait sortir son adorable Fragilady de sa Pokéball pour qu’elle puisse prendre l’air. Peut-être que vous en parliez pendant le voyage mais nous ne pouvions pas bien entendre votre conversation depuis le coffre.

Le garçon brun à lunettes commença à inspecter les alentours dans l’espoir d’obtenir une réponse, en vain. Ils se trouvaient bel et bien au beau milieu de nulle part, en dehors de la mégapole d’Ebravia. Le terrain paraissait vide, dépourvu de verdure ou d’une quelconque végétation. On pouvait sans aucune difficulté entendre le vent souffler pour rajouter à cette tristesse de paysage. Le seul élément notable était une espèce de bunker de petite taille, sûrement la raison de leur venue.

- Hildegarde, tu avais vraiment besoin d’emporter autant d’affaires avec toi ? pesta Amaryllis qui portait une montagne de sept valises sur ses bras. Je croyais pourtant que nous n’allions passer que quelques nuits ici tout au plus.

Lorsque l’on connaissait Amaryllis, la voir effectuer des actes demandant une certaine force physique sans problème n’était pas impressionnant. Pourtant, elle ne payait pas de mine avec sa silhouette menue et ses bras fins. Noctis, et Shingo quand il fut encore là, faisait régulièrement des compétitions de bras de fer avec elle mais ne parvenait jamais à la vaincre. Elle le forçait ensuite à faire ses tâches de servante auprès de Hildegarde à sa place. Intelligence artificielle infatigable ou non, elle savait se montrer fainéante.

- Comment ça, quelques nuits ? Ce n’est pas une simple visite ? demanda Noctis, surpris. Nous n’avons pas amené d’affaires de rechanges.

- Si les robes ne te dérangent pas, je veux bien t’en prêter, répondit Hildegarde avec sarcasme en donnant un petit coup dans la montagne de valises qui manqua de s’écrouler de peu. Estimez vous déjà heureux que cet endroit soit suffisamment grand pour que vous ne soyez pas obligés de dormir dehors.

Si le garçon brun eut un frisson désagréable parcourant son échine, Aléria remarqua rapidement le clin d’œil que lui fit la femme d’affaires. Nul doute que ce que transportait Amaryllis n’était pas uniquement prévu pour la demoiselle, elle avait anticipé bien des choses. Après que Harris eut passé un léger savon à ses élèves pour ne pas l’avoir écouté et être restés à l’école des dresseurs le temps de son absence, le groupe se dirigea vers le bunker.

La limousine repartit alors en direction d’Ebravia. Le chauffeur avait été uniquement payé pour les amener jusqu’ici et viendrait les chercher lorsque Hildegarde lui passerait un appel dans les prochains jours, ne pouvant pas encore déterminer la durée de sa visite. Aléria regarda le véhicule disparaître vers l’horizon d’un air pensif. Contrairement à son ami, elle aurait préféré rester dans la mégapole que de venir se perdre ici. Mais ne voulant pas rester toute seule là-bas, elle était devenue complice de leur opération d’intrusion.

- Alors ? demanda calmement Harris. Tu vas enfin cracher le morceau et nous en dire plus sur ce qui se trame ici et pourquoi on t’a demandé de venir ?

- Je finance beaucoup de choses, mon bon Harris. Les recherches effectuées dans cet endroit par exemple. C’est la chef des opérations qui a demandé ma présence pour une opération. J’aurais pu refuser mais j’aime le goût du risque, tu me connais.

- Est-ce que ça va être aussi dangereux que ce qui s’est passé à Kaminsky Corporation avec Amaryllis ? s’enquit Aléria, peu rassurée.

- Difficile à dire… avoua Hildegarde, sur un ton qui laissait clairement supposer qu’elle connaissait la réponse mais préférait ne pas la dire à voix haute. Dans le pire des cas, vous pourrez rester dans le bunker, je ne vais pas mettre vos vies en danger.

Harris lui lança un regard de reproche qui semblait vouloir signifier que mettre sa vie en danger à lui ne posait néanmoins aucun problème. Il lâcha simplement un soupir. Après tout, il avait l’habitude des expériences qui tournaient mal depuis que l’aristocrate était entrée dans sa vie. Il n’allait pas s’offusquer d’une autre en plus. Essayant de voir le bon côté des choses, il se disait qu’il préférait toujours cela à une vie morose et sans intérêt.

L’intérieur du bunker laissa tout le monde surpris, mis à part Hildegarde qui en savait la raison et Harris qui restait un fin observateur. Vide, entièrement vide. Il paraissait même plus petit par rapport à l’apparence qu’il renvoyait depuis l’extérieur. Amaryllis s’apprêtait à déposer ce qu’elle transportait à même le sol quand sa bienfaitrice repoussa la montagne de poussière surmontant l’entrée, révélant alors l’existence d’une trappe qui avait échappé aux détecteurs de l’intelligence artificielle.

- C’est sous terre que ça se passe, expliqua-t-elle. Nous ferions mieux de nous dépêcher, je suppose que Lucia attend notre arrivée avec impatience.



***


- Mme Linday, qu’est-ce que vous faites là ?

La propriétaire du réseau souterrain ne manqua pas de remarquer le groupe qui descendait l’échelle pour atteindre son domaine. Une femme donnant l’impression d’être dans la vingtaine, portant un uniforme gris. Jetant un regard dans son dos en prêtant bien attention à ne pas manquer une marche au risque de tomber, Harris put certifier n’avoir jamais rencontré cette femme auparavant. Par le passé, il avait certes pu approcher divers partenaires de Hildegarde mais la liste de ces derniers semblait interminable.

La première à poser les pieds sur la terre ferme, la petite femme blonde remit aussitôt son fidèle béret en place avant d’accorder un air accusateur à celle qui les accueillait. Hildegarde aurait pu penser qu’elle serait davantage surprise de voir descendre un nombre supérieur de personnes que prévu, n’ayant mentionné que la présence d’Amaryllis à ses côtés lors de la conversation téléphonique. Mais Lucia Siteris Novelia ne vivait pas dans le même domaine d’existence que les autres.

- Nous avons conversé il y a seulement trois jours et vous m’annonciez que vous disposiez enfin d’un accès au lieu que vous étudiez depuis plusieurs décennies, rappela Hildegarde, perplexe. Vous avez déjà oublié ce détail, Lucia ? Vous m’avez vous-même invité à conduire l’expérience à vos côtés.

- Oh, c’est pour ça que vous êtes là ? J’admets que je m’étais préparée à effectuer le voyage toute seule, qui sait ce qui nous attends une fois de l’autre côté… ces gens-là vous accompagnent ?

Les présentations furent faites rapidement. Lucia Siteris Novelia, chercheuse de son état, travaillait pour le compte de Hildegarde depuis quelques années, cette dernière ayant accepté de financer ses recherches. Elle ne donnait pas l’air de ressembler à une scientifique aux premiers abords, avec sa coiffure violette ridicule attachée en doubles couettes sur les côtés de son front. Harris lui-même se serait davantage attendu à un cinquantenaire avec une chevelure déjà blanchie.

Malgré l’obscurité dû à la profondeur, le seul éclairage plutôt maigre étant quelques lanternes accrochées le long du couloir, Amaryllis n’éprouvait aucune difficulté à observer les alentours, comme si elle se trouvait à l’air libre. Ainsi, elle pouvait noter des détails qui avaient échappé aux autres, tels les cernes impressionnantes qui ternissaient quelque peu le regard plein de vie de Lucia. Mais ce n’était pas l’élément qui perturbait le plus la cyborg.

Si personne d’autre ne s’était attardé dessus, Hildegarde venait clairement de dire que cette Lucia effectuait des recherches depuis une très longue période. Or les capteurs d’Amaryllis ne donnaient même pas vingt ans à la demoiselle, dix-huit ans précisément. A cette âge-là, quelqu’un qui souhaitait devenir un chercheur entamait seulement ses études à l’université. Et surtout, rechercher pendant plusieurs décennies était seulement possible si l’on avait vécu au moins deux décennies complètes.

- Hildegarde, pourrais-je avoir un éclaircissement concernant…

- Pas maintenant Amaryllis, coupa la concernée. Je me doute de la question que tu te poses mais nous en discuterons plus tard, nous avons tout le temps devant nous. En attendant, tu peux aller explorer le souterrain avec Aléria chérie et monsieur je sais tout.

Toujours aussi dubitative mais décidant de ne pas insister davantage pour le moment, l’intelligence artificielle commença à s’éloigner avec les deux disciples de Harris tout en continuant d’observer l’énigmatique Lucia avant qu’elle ne disparaisse de son champ de vision. La scientifique, qui n’avait même pas remarqué qu’Amaryllis n’était pas un simple être humain, se demandait sérieusement ce qui pouvait la tracasser à ce point.

- Bon, nous allons pouvoir parler affaires maintenant, décréta Hildegarde de son sourire malicieux, alors qu’elle se trouvait maintenant seule avec Lucia et Harris. Ce n’est pas tout les jours que l’on peut être le premier à visiter une autre dimension.