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Informations

» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 09/02/2021 à 00:44
» Dernière mise à jour le 09/02/2021 à 00:44

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 25 : Retrouvailles

De retour au centre pokémon, je pus récupérer mes chers compagnons. L’infirmière me rendit les pokémon, y compris l’Evoli. Le petit était définitivement mien.

- Soyez prudente, jeune dresseuse. Votre pokémon n’est pas habitué à vous et sera probablement effrayé et intimidé. Il peut développer des comportements extrêmes, comme de l’agressivité ou de la soumission. Tout ce qu’il vous faudra, ce sera de l’affection, de la douceur et beaucoup de patience.

- Pensez-vous qu’il tentera de fuguer ? l’interrogeais-je avec appréhension.

- Elle, insista l’infirmière. Mais pour répondre, je ne peux le dire avec certitude. Nous avons affaire à des êtres vivants, pas des machines. Les statistiques et les formules ne sont pas des absolus. Mais si vous craigniez une réaction disproportionnée, essayez de voir comment elle réagira avec vous seule dans une pièce.

C’était un conseil des plus sages et je me mis dans une petite chambre voisine, juste pour pouvoir expérimenter.

Nerveuse, je pris la petite sphère et libérai Evoli au sol, à deux mètres de moi.

Instantanément, elle me regarda avec nervosité. Son regard était fixe, comme celui d’un prédateur. Au moindre mouvement de ma part, elle montra les crocs, la fourrure gonflée.

- Doucement, appelais-je en m’asseyant, pour ne pas sembler trop imposante.

Elle recula, m’observant de loin, scrutant la pièce sans issue et verrouillée. Il ne fallait pas que je la terrifie. Au contraire, je pouvais lui montrer que je n’étais pas obsédée par elle. Je restai assise, avant de tourner la tête, essayant de la duper en feignant de ne pas la voir.

L’Evoli sans nom resta méfiante, cachée derrière un pied de lit, m’observant en grognant.

Je me tournai vers elle, une main tendue. A part un feulement et un coup de griffe, je n’eus aucun retour positif.

Peut-être que cette petite farouche serait mise en confiance si je sortais un pokémon. Mais au vu de leur taille, je ne savais pas si ce serait réellement positif. Mais ne rien faire ne m’avancerait pas.

J’attendis un peu, mais l’Evoli semblait toujours me craindre.

Je sortis Amazonas de sa pokéball, car il était le plus doux de mes compagnons. Planck était plus petit mais … ne communiquait que peu avec les autres.

Mon grand chéri sortit, avec un petit grondement. Il se retourna vers l’Evoli, qui recula pour se cacher au fond du lit. Amazonas la regarde quelques secondes, avant de copieusement ignorer le petit mammifère, jugeant qu’elle n’était pas une menace.

Je complimentai mon gros pépère, avec moult caresses et compliments, avant de sortir une boîte contenant un assortiment de baies.

Amazonas voulut se jeter dessus et je dus tenir les fruits hors de portée de son bec vorace pour ne pas qu’il les engloutisse d’un seul tenant.

- Un à la fois, glouton ! dis-je en lui donnant une mangue, qu’il avala goulûment, faisant gicler du jus sur le linoleum.

Je tendis une baie repoi en direction de l’Evoli, qui sembla bouger un peu. La méfiante créature s’approcha, tout en restant sous le lit. Elle n’osait pas sortir de son abri et regardait tout avec méfiance.

Je fis rouler la poire vers elle, pour lui montrer que je n’avais pas d’intention mauvaise. Les pokémon et les humains partageaient leur repas pour montrer leur rapprochement, c’était un geste partagé par toutes les créatures qui avaient besoin de se nourrir régulièrement.

La petite patte poilue attrapa maladroitement le fruit vert, le faisant rouler sous le lit, avant de le manger. Les petits grognements de satisfaction m’indiquèrent que ce repas semblait lui plaire.

Ma petite pokémon semblait vraiment traumatisée par son précédent dresseur. Même manger était une source de crainte. Au vu de la vitesse où elle mangeait, elle craignait qu’on lui vole son repas.

Je donnai quelques baies à Amazonas, qui mangea joyeusement dans le creux de ma main, pour montrer à Evoli qu’il n’avait rien à craindre de ma part. Il y en avait assez pour tout le monde.

Ce fut peine perdue. Elle voulut rester loin de moi.

Peut-être que cette nuit, lorsqu’elle verrait les autres, elle serait moins inquiete de voir d’autres pokémon en plus de moi.

Je pris la pokéball et visai la petite créature, avant de la dématérialiser et de la ramener vers moi.

- Ne t’inquiète pas ma petite. Ca va aller …

En sortant, je pris mon téléphone, remarquant une notification qui me fit sourire. Je tapai une réponse brève, qui fut vite lue et conclue.

Je voulais me détendre et me promener un peu. Je détestais être renfermée dans la même pièce, j’aimais sentir le vent et l’air s’agiter autour de moi.

J’allais m’autoriser une petite promenade pour me détendre. Il y avait un lieu qui m’attirait en particulier, une structure qui semblait s’élancer vers les cieux. Cette immense flèche qui surmontait une nef de pierre, c’était la cathédrale dédiée au culte d’Arceus. L’immense vaisseau de pierre était construit en étant aligné vers le sommet du Mont Couronné. Les tours de l’entrée étaient massives, servant de contreforts soutenant le dôme percé de nombreux vitraux. La façade était ornée d’un tympan qui représentait l’éclosion d’un œuf qui laissait émerger deux entités galactiques. Des motifs végétaux entouraient l’ensemble, alors que des figures prophétiques se dressaient. Leurs yeux de marbre et leurs barbes de granit les rendaient imposants, comme des guides du passé, qui cherchaient à aider les égarés dans leur périple.

Si l’extérieur dégageait une impression de majesté et de ferveur orgueilleuse, cette beauté n’était qu’un écrin au véritable joyau. L’intérieur était un testament de la foi et de l’amour des croyants pour le pokémon divin, celui qui était représenté comme une entité floue et dépourvue de visage. Le dieu était peint sur la coupole, auréolé d’un soleil à mille rayons, dont les rayons descendaient sous la forme d’arcs et de piliers jusqu’à atteindre le sol de dalles.

- L’esprit et matière. Rien de bon ne survient s’ils sont en déséquilibre, lus-je en regardant les lettres subtilement entrelacés autour de la coupole.

Les murs étaient percés de nombreux vitraux qui représentaient des scènes religieuses et la vie de plusieurs prophètes de l’Unique, dont une scène de la décapitation d’un martyr. Les losanges multicolores entourant ces scènes étaient plus clairs, jaunes et roses, permettant de faire entrer de la lumière, alors que les scènes multicolores dessinaient des tâches multicolores au sol, en un damier bleu, rouge, vert, jaune ou pourpre, formant comme des confettis sur le dallage de malachite et de marbre.

Quelques personnes étaient en train de prier ou de visiter les lieux. Une dame brûlait un petit bâton d’encens devant un tableau représentant un roi levant une épée, surplombant une foule.

- Si les puissants en font trop, ils freinent les autres, me chuchota la voix de Tommy Stuart.

Le brun regardait la scène, un peu fasciné, légèrement en retrait. Je ne voulais pas me retourner, ne pas montrer la peur qui gagnait mon visage, ne pas montrer que je savais qu’il était membre de la Team Galaxie.

Je me retournai avec un faux sourire.

- J’ignorais que tu serais ici, Tommy ! C’est une sacré coïncidence, mais en même temps … j’étais prévisible.

- Certes, mais passer par Unionpolis sans visiter ce lieu, c’est rater une belle occasion.

Silencieuse, je regardai un des piliers peint en pourpre.

- A quoi penses-tu vraiment ? Tu me cernes bien, mais j’ignore ce que tu penses, Tommy. Pour être honnête, une part de moi me fait douter et une autre tente de te comprendre.

- La frontière entre l’empathie et l’autoritarisme est mince. Il est vain de chercher à contrôler l’incontrôlable. Certains le désirent, mais découvriront tôt ou tard que leurs désirs sont voués à l’échec. Ce genre de désirs, c’est comme de l’eau salée. Plus on en boit, plus on a soif et on ne peut s’en satisfaire, ils finissent par nous obséder et nous dévorer. C’est ce que mon … oncle m’a souvent dit.

Un oncle. Ca m’avait tout l’air d’être un mensonge. Lorsqu’il passait sa langue sur la commissure de ses lèvres, c’est qu’il était nerveux.

Il pouvait probablement s’agir d’un de ses leaders ou un des idéologues de son groupe, puisque j’ignorais le fonctionnement interne de la Team Galaxie.

- J’aime bien me recueillir ici, continua t-il. Le temps panse certaines plaies, même si les cicatrices s’estompent sans totalement disparaître.

Nous étions à deux, mais je me sentais incroyablement seule. Son amitié me semblait artificielle, comme un voile d’eau glacée que je ne pouvais pas chasser.

- Je ne sais pas trop que penser, dis-je en regardant le vitrail.

- Parfois, il vaut mieux ne rien dire. Le silence peut aider à réfléchir, amenant à la contemplation. Je te souhaite une bonne journée et … peut-être nos chemins se recroiseront-ils un jour.

Il retourna s’asseoir, observant l’autel, comme habité par une étrange torpeur. Son regard fixa le reliquaire, avant de se perdre dans une contemplation vague.

Mieux valait laisser chacun à ses réflexions, puisque j’avais moi aussi les miennes.

Est-ce que se complaire dans un passé révolu, ce n’est pas s’enfoncer dans un pourrissement ? Ne devrais-je pas me tourner vers l’avenir, croyant en le futur et en des lendemains qui chantent ?

C’était à moi de trouver mes réponses et de me faire ma propre opinion.

La lumière multicolore filtrée par les vitraux semblait fuir sous mes pas, alors que je quittais la cathédrale.

Consultant mon téléphone, je me dirigeai vers un petit restaurant situé à trois rues de là. C’était un établissement typique d’un pays étranger, avec une belle devanture ornée de caractères gothiques.

La brasserie avait l’air déplacée à Sinnoh, elle aurait été bien plus dans son élément si elle avait été située dans une région montagneuse d’Europe occidentale.

Quelques clients étaient assis à l’extérieur, profitant du retour des beaux jours, sur une terrasse qui s’arrêtait légèrement avant la chaussée. La plupart d’entre eux semblaient dîner et la vue des sauces, des bières, des frites et des entrecôtes, me fit saliver d’envie.

Assise à l’une des tables, je vis une silhouette familière. C’était cette agréable blonde avec un grain de beauté sur le front, au dessus du sourcil droit. Elle avait l’air toujours aussi confiante.

- Salut Marianne ! m’exclamais-je en la prenant dans mes bras. Comment te portes-tu depuis la dernière fois?

- Oh, tu sais, ça me fait plaisir de te revoir, Elizabeth ! T’as pas idée de la galère que j’ai vécue ! soupira t-elle en montrant un quatrième badge sur sa veste.

- Tu as battu Mélina ? constatais-je inutilement, alors qu’un serveur nous tendait les menus.

Elle hocha la tête, alors que nous regardions la carte et choisissions de quoi remplir nos estomacs.

- Elle est forte, dit-elle en me contant son combat, que j’écoutais avec attention.

Marianne se concentra surtout sur le récit des actions de ses pokémon, ne me confiant pas grand-chose sur le style de combat de la championne, que je pouvais étiqueter comme brutal. Entre deux bouchées, nous discutâmes un peu de choses plus banales, tel les vêtements et les accessoires.

- D’ailleurs, j’aurais un petit service à te demander, poursuivit-elle en essuyant ses lèvres.

- Hummm … Quoi donc ? m’enquis-je après avoir avalé une patate couverte de fromage.

- Tu connais les échanges de pokémon, mais connais-tu l’effet du transfert ? Sais-tu qu’ils altèrent les pokémon, d’une façon parfois très utile ? laissa t-elle planer.

L’information ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde.

- En fait, poursuivit-elle après avoir avalé un morceau de saucisse de Groret, il s’avère que durant l’échange, une puissante énergie dématérialise et transfère le pokémon, au point d’altérer ses schémas mentaux pour lui apprendre qu’il a un nouveau propriétaire. C’est un procédé très discutable, mais c’est le meilleur qu’on ait développé. Cette énergie peut parfois déclencher un mécanisme d’évolution chez certaines espèces, bien que les recherches échouent à identifier les causes de ce phénomène.

Elle poursuivit le dîner, tandis que j’essayais de comprendre.

- Tu veux procéder à un échange ? déduisis-je en prenant une gorgée d’eau.

- Machopeur, annonça t-elle. On fait un simple transfert et on échange en retour.

- D’accord. J’ai moi aussi un candidat à l’évolution. Je veux faire évoluer artificiellement Onix en Steelix à l’aide d’une pelisse de métal.

Elle poussa un petit sifflement.

- Ou l’as tu eu ? demanda t-elle, très curieuse.

- Durant un de mes voyages souterrains, éludais-je. Je vais voir si ces études sur l’évolution sont correctes.

J’eus un petit sourire énigmatique. Je me contentai de rester discrète sur mes fouilles. Tout ce que je voulais, c’était procéder à cet échange.