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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 26/09/2020 à 14:08
» Dernière mise à jour le 26/09/2020 à 14:08

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 14 : La crise des Eoliennes
Alors que l'effervescence régnait sur la place de la ville, notamment sur la place fleurie du poste de garde, j'étais à l'affût de la moindre nouvelle. Je me comportais comme ces badauds sans la moindre subtilité, tendant le cou et passant la tête entre les épaules des Florasiens, dès qu'elles étaient un tant soit peu écartées. Quand je pense que je critiquais parfois avec mépris ces foules, voilà que je me comportais comme ces gens que j'étais prompte à dédaigner.

De ce que je pus entendre, les nouvelles étaient plutôt encourageantes. Après mon action irréfléchie de ce matin, plusieurs habitants avaient été galvanisés. J'avais neutralisé une partie des braconniers et mes actes avaient inspiré quelques personnes. De courageux individus avaient affronté des sbires sur la route 204, dégageant la voie pour permettre d'aller chercher des secours auprès du poste de secours de Féli-Cité. Au moins, cela permettrait de faire appel à des forces de police dans de brefs délais.

Si des renforts suffisants arrivaient dès demain, cela permettrait de libérer la ville. Je voulus rester optimiste, je voulus me dire que je n'avais plus trop de soucis à me faire. Dès demain, la situation devrait revenir à la normale et je n'aurais plus à me mêler de cette affaire dangereuse qui me dépassait.

Cette ville était belle, elle méritait la paix. Les paysages révélaient une beauté différente à chaque heure, mais j'aurais aimé pouvoir la visiter dans d'autres circonstances. Peut-être que demain, les choses se seraient arrangées.

Avec cet espoir un peu trop naïf qui m'aveuglait, je me dirigeai vers le centre pokémon pour savoir s'il était désengorgé, lorsque le destin s'amusa avec moi une fois de plus. Un autre dilemme me fut proposé par le sort, comme si un dieu sadique s'amusait à me placer devant des choix cruels et observait mes réactions.

Le choix en question ne se présenta pas sous la forme d'une armée de sbires de la Team Galaxie. Au contraire, il prit l'apparence la plus innocente possible.

Je vis une petite fille en larmes geindre sur la route. Elle errait dans le village, perdue et paniquée. A première vue, elle devait avoir environ cinq ou six ans. L'enfant était presque un cliché de l'insouciance, vêtue d'une jolie robe jaune tandis que ses cheveux sombres étaient retenus par un serre-tête écarlate.

L'adorable enfant pleurait et je ne pus m'empêcher d'être affectée par son chagrin. Je ne pouvais décemment pas la laisser seule et en détresse.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? lui demandais-je, me mettant sur un genou pour la regarder en face et lui faire un sourire faux, mais se voulant rassurant.

- Aidez-moi ! gémit-elle de tout ses poumons, sanglotant. On m'a pris mon papa !

Je pris un mouchoir, essuyant un tant soit peu ses joues et son visage morveux.

- Là … là … je vais t'aider, dis-je sans vraiment savoir dans quoi je m'impliquais. Il est ou ton papa ?

La petite renifla un filet blanchâtre, se calmant un peu.

- Ben, mon papa et moi, ben on vit dans la maison près des éoliennes. Mais … mais ce matin, bégaya t-elle en renâclant, y'a des gens qui sont venus … ils ont ouvert la porte de force et ils ont emmené mon papa. J'ai voulu les suivre, mais ils m'ont jeté dehors.

- Est-ce que tu sais à quoi ils ressemblaient ? tentais-je de lui faire dire.

- Oui, à des gens bizarres qui vont dans l'espace. Papa dit que c'est des cos… euh, des comos … des cosmonautes … hésita t-elle.

La Team Galaxie. Comme c'était surprenant, ironisais-je mentalement.

Oser traumatiser une gosse et la jeter hors de chez elle …

Ils me mettaient hors de moi. Chaque acte de ces malfrats me donnait envie d'en découdre davantage avec ces criminels.

S'ils n'avaient aucune décence, je n'aurais aucune pitié avec ces raclures.

Mon regard se porta sur les éoliennes, avant de revenir à l'enfant éplorée. J'inspirai un grand coup pour me calmer un peu et ne pas être trop vindicative.

- Bon, dis-je avec un grondement dans la voix, que j'essayai tant bien que mal de calmer pour ne pas l'effrayer davantage. Ca va aller, ça va bien se passer. Tu sais ce qu'on va faire, petite ? lui demandais-je avec un sourire.

- Non, M'dame la dresseuse, dit-elle en cessant de pleurer, renâclant une dernière fois.

- Tu vas aller au centre et raconter tout ça à la gentille infirmière, pour qu'elle s'occupe de toi. De mon coté, je vais aller voir ces individus et … les obliger à te rendre ton papa. Tu me fais confiance ?

L'enfant hocha de la tête, un peu calmée.

- Beuh … oui m'dame ...

- Bien, lui dis-je en lui donnant un mouchoir propre. Maintenant, je vais aller sauver ton papa.

Mon équipe était en forme, mon sac était bardé de potions … je pouvais me lancer.

La centrale des éoliennes était située au pied de la montagne, dans la vallée venteuse. Le bâtiment n'était pas très éloigné de la ville. En fait, en une petite heure de marche, c'était fait.

Le gros problème, c'est qu'entre ce que disaient les guides durant un voyage normal et cette réalité, il y avait un grand pas. Le pont menant vers Vestigion était bloqué par des sacs de sable et un cordon de sbires portant le « G » doré de leur groupe. Ces types vigilants scrutaient toute la route, prêts à intercepter les fuyards. Ils n'étaient pas discrets, au contraire du groupe de braconniers ayant attaqué la forêt.

J'avais conscience de mes limites. Je n'étais pas capable d'affronter une dizaine de criminels en combat. Je savais bien que ce serait totalement stupide de les attaquer en masse. Même s'ils étaient aussi lâches et mal équipés que le groupe du bois, ce serait trop épuisant pour mes quatre pokémon de devoir enchaîner des luttes … à supposer que les brigands combattent gentiment un par un, ce qui serait très surprenant pour des crapules de leur genre.

Prudemment, je fis le choix de contourner la route, en passant par le massif situé au sud, dont les bois touffus rendaient invisible la montagne. Avec prudence, je me mis à ramper sous le couvert végétal pour me dissimuler. J'avais un excellent regard sur la scène du pont, à détailler ces criminels. Ils semblaient un peu nerveux, l'un d'eux tapait même sur un poste de radio portable.

Ces énergumènes se bornaient à bloquer la route, mais ils ne pouvaient pas déployer leurs sbires pour quadriller toute la montagne. Ils n'avaient probablement pas les effectifs nécessaires pour tout surveiller. Je pouvais supposer que leur dispositif d'encerclement était probablement organisé comme un collier de perles, avec des points renforcés et des espaces plus faibles.

Une fois arrivée près de la centrale, il me fallait encore descendre de la falaise et c'est là que je réalisai que la pente était raide. Il n'y avait que cinq ou six mètres, ce qui était très impressionnant lorsqu'on les voyait en dessous de mes pieds, à pic. Il y avait bien quelques prises pour escalader près des arbres, afin d'approcher par surprise, mais rien de très sécurisé.

La descente fut plus ardue, mais j'y parvins à peu près, profitant des nombreuses anfractuosités disponibles dans la roche. Doucement, je descendis dans la petite combe, me cachant dans les hautes herbes et les arbres, me permettant d'avancer vers le bâtiment.

Après quelques mètres, un clapotis me surpris. Je me tendis, nerveuse, les poings serrés et une jambe en l'air, avant de desserrer les dents.

Les hautes herbes masquaient des trous vaseux et ma chaussure droite s'était enfoncée dans une flaque d'eau.

- Fait suer, jurais-je à voix basse. J'en ai plein les pieds !

Mes orteils macéraient dans l'eau qui s'était infiltrée à travers la toile de mes chaussures. Le sentiment n'était pas des plus agréables, mais je pouvais l'éviter en prenant garde à l'endroit ou je mettais les pieds.

A force d'éviter les mares et les petits creux emplis des restes de pluie stagnants, je découvrais un trou vaseux habité. Un Sancoki se trouvait dans le reste d'une mare, profitant du fond d'eau trouble pour garder son corps humide. Le pokémon me regarda, hésitant, comme s'il essayait de déterminer si j'étais une menace. S'il faisait du bruit, je serais repérée et c'était une chose que je ne pouvais pas me permettre. Son expression changea, ne m'inspirant pas confiance.

Je n'avais pas le choix. Il fallait que ça passe...

Nerveuse, je pris une pokéball et la lançai. Le pokémon surveilla l'orbe qui le toucha sur le dos, avant de se faire capturer. Un soupir émergea entre mes lèvres, alors que la petite Lucille rejoignit le laboratoire du professeur.

Finalement, après avoir progressé le plus longtemps possible à couvert, je fis face à l'entrée de la centrale. Un petit jardin bien entretenu entourait un bâtiment résidentiel accolé à la station de production.

Ici, j'étais hors de portée et de vue, cachée par le rideau végétal. J'allais devoir sortir de mon abri et avancer à découvert, ce qui ne me plaisait pas du tout. Une fois hors de ma cachette, je serais seule face à la Team Galaxie.

Mon esprit lista alors la longue série d'inconnues dans l'équation, alors que je n'aurais aucune possibilité de retraite. je ne savais pas ce qu'ils voulaient, ni même pourquoi les types du bois n'avaient pas le même uniforme. Je n'avais même pas pensé à demander l'information la plus basique à la petite fille, mais qui était aussi la plus essentielle. Je n'avais aucune idée de leur nombre, ce qui était la première chose que j'aurais du connaître avant d'intervenir.

- T'as peut-être fait une connerie, ma grosse, m'insultais-je en réalisant à quel point ma position était précaire.

Qu'est-ce que j'avais comme choix ? me dis-je pour me forcer à réfléchir. Soit je restais planquée, soit je remontais en m'exposant durant l'escalade. Soit je repartais, soit je passais à l'attaque. Sinon, je pouvais rester terrée des jours dans mon trou, en espérant qu'ils ne feraient aucune ronde dans ce coin.

La dernière possibilité était la pire, me laissant immobile à ne rien faire, dépendante des actions d'autres personnes, si tant est qu'elles arrivent vite et non dans trois jours. Je n'avais pas la patience d'attendre, alors qu'un sbire était devant la porte. Il semblait seul, la démarche ennuyée, alors qu'il fumait une cigarette.

Bon, quand il faut y aller … il faut y aller.

- Allez, tu peux le faire, me motivais-je. T'as fait une promesse à cette enfant.

Inspirant un coup, j'écartai les herbes vertes pour avancer vers la centrale électrique.

Le sbire de l'entrée me repéra et m'interpella de loin, une pokéball en main.

- Eh toi, la mioche ! aboya t-il. On ne passe pas ! Si tu fais pas demi-tour, j'te dégage par le force, morveuse !

Je sortis une pokéball, répondant silencieusement à son défi.

- Amazonas, à l'attaque, ripostais-je du bout de mes lèvres gercées.

Le criminel fit appel à un petit Chaglam, qui adressa un regard sombre à son dresseur.

- Hypnose ! ordonna le preneur d'otage, tandis que son chat fixa Amazonas.

Les yeux du félin scintillèrent, entourées d'une lueur bleutée, mais mon placide pokémon ne réagit pas. Ses pupilles semblaient braquées vers le sol et il poussa juste un petit bâillement.

Amazonas généra alors une rafale végétale, balayant le chat d'un seul coup. Il n'avait pas réagi, se laissant taillader par la vague végétale qui entailla sa chair et lui creva un oeil. Le pokémon s'écroula en tremblant, ses pattes agitées de spasmes musculaires.

- Woah ! s'exclama le sbire en rappelant son Chaglam, c'est quoi ce pokémon ?

Il me fixa avec une expression bâtarde, en un mélange de choc et de déception.

- Ok … j'me suis fait battre par une débutante. C'est vraiment la honte … mais j'avais pas un bon pokémon ! tenta t-il de se justifier.

Il fallait admettre qu'il ne maîtrisait pas son pokémon. Du peu que je pus constater durant l'introduction du matou, leur lien affectif semblait très ténu, voire inexistant.

Le sbire recula en souriant, ce qui n'était pas bon signe pour quelqu'un de vaincu. Il ouvrit la porte, avant de se cacher dans l'entrebâillement et de me narguer.

- Désolée pour toi, mais le coin grouille de renforts. Je passe l'appel et tu es foutue. C'est moi qui ai la clé !

Il sourit, satisfait, alors que je fis émerger Montagne.

- T'as la clé et des gonds d'un demi-centimètre, précisais-je. Moi, j'ai un Onix. Charge !

Son sourire disparut immédiatement, alors que mon colosse donna un coup de tête dans la porte. Onyx la plia comme du carton, arrachant les charnières avant de l'envoyer valdinguer dans le couloir.

Je me ruai à la suite du sbire, pour le voir disparaître dans l'ombre d'un hall aux murs de béton et de métal, criant au secours.

Je fis rentrer Montagne, car je n'avais pas l'intention de démolir le bâtiment, avant de courir à sa poursuite, Fernando à mes côtés.

Deux olibrius tentèrent de me barrer la route, mais je n'eus même pas à freiner. Les éclairs de mon pokémon grillèrent instantanément leurs Nosferapti, avant que je ne les bouscule sans ménagement.

Je rattrapai le lâche dans les escaliers, parvenant à le voir rejoindre la salle de contrôle de la centrale.

Le seul autre garde céda après une seule attaque de ma grosse tortue. Je n'avais pas de temps à perdre et son Racaillou tomba K.O. presque au moment ou il se matérialisa hors de sa pokéball.

La sécurité était vraiment minime ici, il n'y avait pas grand monde. Soit c'était un piège, soit leurs effectifs étaient concentrés sur leurs barrages, comptant sur le fait que les habitants ne représenteraient pas une grande menace pour leurs desseins machiavéliques.

La salle de contrôle était occupée par deux techniciens en blouse, placés sous la supervision d'une rousse qui se démarquait des autres. Elle donnait les ordres, d'une voix claquante, observant la console avec un tapotement nerveux de ses doigts sur le rebord de métal.

- Bon vous vous dépêchez ? menaça t-elle.

- Vous voulez que ça aille vite, ou vous voulez que ça fonctionne ? provoqua en retour le scientifique à la peau grasse.

- Les deux ! Bouge-toi ou tu vas t'en remanger une !

Cette femme portait un uniforme de la team Galaxie, mais son attitude confiante, ainsi que sa coiffure écarlate en pointe différente de celles de ses sbires, laissait entrevoir une sorte de grade supérieur.

Dans tous les cas, elle était la chef de ce groupe. C'était donc elle que je devais défaire, telle l'héroïne que cette enfant voyait en moi. J'avançai vers elle, une expression sérieuse et déterminée sur mon visage.

- Bon, je vous explique, la menaçai-je d'un ton forcé. Soit vous dégagez de votre plein gré, soit c'est mon équipe qui vous fait dégager.

- Sais-tu à qui tu parles, dresseuse ? me menaça t-elle avec un timbre rauque et claquant. Je suis Mars, un des neuf commandants de la Team Galaxie. Nous voulons créer un monde meilleur, mais les gens ne sont pas très compréhensifs. Je suppose que tu ne comprends pas non plus, c'est triste de voir des gens si fermés à de nouvelles perspectives.

Elle semblait croire en sa cause, sa voix était habitée par son idéal.

- Je déteste être forcée et vous êtes incapable de me convaincre de la justesse de votre cause, me contentais-je de rétorquer en haussant les épaules. Je ne vois que des voleurs et des bandits.

- Alors battons-nous pour décider de ce que l'on fera après, trancha t-elle. Je ne t'épargnerais pas parce que tu es une gamine.

- Je n'y comptais pas, déclarais-je en laissant Fernando partir au combat.

Il électrisa sans problème son Nosferapti, le faisant tomber au sol aussi pathétiquement que ceux de ses hommes de main. Il me regarda l'air déçu et cracha, le poil hérissé, comme si je l'insultais à ne pas lui offrir de vrai défi.

En fait, j'étais face à une personne disposant de pokémon à peine plus forts que ceux des autres. Ce n'est pas vraiment avec ça qu'elle pourrait avoir une véritable autorité.

- D'accord gamine, siffla t-elle entre ses dents. Je vais écraser tes pokémon. Chaffreux, éclate-le !

Ca, c'était autre chose. Le pokémon était imposant et musclé, avec une expression arrogante et déstabilisante.

Fernando voulait se battre. Pour autant, je ne le sentais pas capable de gagner. Le gros chat à l'air mauvais était trop massif, sa couche de graisse et de poils empêcherait Fernando de le mordre sérieusement. De plus, même s'il affichait la confiance, il avait déjà foudroyé pas mal de pokémon et bien entamé ses réserves d'énergie en peu de temps.

Ca ne lui plairait pas, mais sa survie était ma priorité. D'un coup d'index, j'appuyai sur l'interrupteur de ma pokéball, dématérialisant Fernando. Son regard trahi m'affecta, mais Amazonas était le seul qui pourrait encaisser de violents coups.

Le chat se rua vers la tortue, lui assénant un violent coup de griffes, laissant de profondes entailles sur la joue de mon lourd compagnon. Les griffes semblaient avoir été dotées de petits ergots d'acier affuté. Quel genre de taré infligerait une telle modification à son pokémon pour le transformer en arme ? C'était ignoble !

Boskara s'avança à son tour, esquivant un autre coup de griffes acérées, pour mordre la patte arrière droite du Chaffreux. Son bec s'enfonça dans le biceps, raclant contre le tibia, faisant miauler de douleur le lourd monstre.

Le félin angora cracha et tenta de mordre, mais n'avait apparemment aucune attaque pouvant toucher à distance. Une fois au contact, son seul espoir était de blesser grièvement son ennemi avec ses crocs et ses griffes.

Chaffreux se contorsionna d'une façon difficilement imaginable pour un animal de cette masse, donnant des coups de griffe sur la carapace couverte de lichens. Ses mouvements effrénés et ses miaulements manifestaient sa rage et sa douleur, alors que Mars piaillait comme une hystérique, donnant des ordres en hurlant pour couvrir les feulements du félin.

- Tranch'Herbe, maintenant ! indiquais-je pour donner le coup de grâce.

Amazonas secoua ses buissons, décrochant des feuilles affûtées qui entaillèrent le flanc et le museau du gros pokémon. Chaffreux tenta le tout pour le tout, frappant la tête d'Amazonas de ses queues, en un mouvement dérisoire.

Mon reptile ne lâcha pas, closant ses paupières face à ce qui tenait plus de la nuisance que de l'attaque. Le bec continua de serrer, brisant l'os en produisant un craquement sec, comme si j'avais mordu un biscuit.

Chaffreux poussa une plainte faible et la dénommée Mars le rappela.

- Tu … c'est impossible, j'ai … perdu ? ânonna t-elle. Espèce de … sale petite putain !

Elle leva le poing, le visage ravagé par la hargne et poussa un grognement peu féminin, avant de voir Amazonas faire un pas de plus vers elle. La rousse recula, moins agressive, réalisant qu'elle était dans de beaux draps.

- Merde, j'ai raté mon coup ! paniqua t-elle, avant de se calmer. Mais au moins, c'était un beau combat.

- Non, ce genre de techniques de caïds de cités est ignoble, coupais-je.

Elle sembla mal le prendre, mais ne releva pas l'insulte.

- Tu te débrouilles bien et ... sais-tu que tu pourrais avoir une bonne place dans la Team Galaxie ?

L'offre semblait sincère, mais me répugna. Elle avait perdu et tentait de marchander. Etait-elle tombée si bas ? Ou … était-elle en train de planifier quelque chose ?

Le scientifique à sa droite, un homme en surpoids aux grosses lunettes, redressa ces dernières d'un doigt.

- Tu as mal évalué la situation et ton pokémon était absolument incapable de se dégager. Résultat, ce moucheron t'a battue à plate couture. Enfin peu importe ta lamentable défaite, nous avons fait le plein et détourné toute l'électricité nécessaire.

- Attendez, m'exclamais-je avec stupéfaction. Vous avez fait tout ça juste pour ne pas payer vos factures ? Mais un acte terroriste n'est-il pas plus sévèrement réprimandé qu'un délit ?

Les deux commandants de la Team Galaxie ne cherchèrent pas à expliquer cette logique fumeuse.

- Allez Mars, il est temps de partir, déclara le savant complice. Mes expériences sont un franc succès.

- La ferme vieux croûton ! s'enflamma la commandante. Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi ! Tu nous as rejoint récemment, alors tu ferais mieux de filer doux ! Rappelle-toi de ta place !

- Et toi, riposta l'homme au sommet du crâne dégarni, souviens-toi que le patron révère mon génie.

La femme surnommée Mars partit avec son complice, mais elle m'adressa un dernier regard par-dessus son épaule.

- Fais attention, dresseuse. Tu as attiré l'œil de la Team Galaxie, nous te ferons payer très chèrement ta prochaine incartade.

Le seul savant restant soupira de soulagement, avant de se laisser tomber sur une chaise ronde à roulettes. Il épongea son front ruisselant de sueur, s'asseyant en tremblant encore.

- Me … merci jeune fille, réussit-il finalement à articuler. Ces types étaient vraiment cinglés et fanatisés. Ils débitaient des élucubrations sans queue ni tête. Ils disaient vouloir rassembler l'énergie et les pokémon. Ils parlaient d'un nouvel univers.

C'était sûrement métaphorique, ils parlent probablement de changer les rapports entre humains et pokémon. Je n'en savais pas grand chose et à vrai dire, je m'en fichais.

L'homme se confondit en remerciements et j'eus du mal à l'interrompre.

- Votre fille est au centre pokémon, l'avertis-je. Elle est très inquiète et nous devrions y aller pour ne pas l'inquiéter davantage.

Le trajet fut plus rapide qu'à l'aller, il fallut à peine une petite demi-heure de marche rapide pour remonter la colline vers Floraville.

Dès que nous atteignîmes le centre, de petits pas résonnèrent dans les couloirs du bâtiment surpeuplé.

La petite fille de tout à l'heure trotta vers nous et elle se jeta dans les bras de son père, enfouissant son visage inquiet dans sa blouse trempée de sueur.

Je les laissai en paix, qu'ils puissent profiter de leurs retrouvailles.

Je me dirigeai vers le comptoir, pour faire soigner mon Boskara, afin de désinfecter les griffures sur son visage. L'infirmière se chargea de mes coéquipiers, donnant un tonifiant musculaire à Fernando, pour que ses muscles rejouent leur rôle dans la production d'électricité.

- Eh dresseuse ! Je te reconnais ! s'exclama alors un des habitants en m'interpellant de loin. C'est toi la fille qui les a fait décamper au bois ! Tu nous as vraiment été d'un grand secours.

- Ce n'était rien, tentais-je humblement. J'ai juste voulu chasser ces criminels. On a tous essayé de faire quelque chose.

- En tout cas, je t'en dois une, ajouta le vieil homme que j'avais rencontré, avant de me tendre un gros pot de miel qu'il conservait dans son sac. Prends ceci, c'est tout ce que j'ai de valeur. J'espère que tu le savoureras.

C'était gentil de sa part. Un peu de miel sur les tartines serait un beau petit plaisir gustatif. Les fleurs locales devaient produire un pollen très riche, ce serait certainement un délice et j'en salivais d'avance.

Je me posai sur un banc, soufflant un bon coup, pour me remettre de ma journée à affronter à la fois des braconniers et la Team Galaxie.

Après quelques minutes, un policier et quelques personnes bousculèrent les portes, leurs mines ravies.

- Ils foutent le camp ! s'exclama un jardinier à la salopette terreuse. Je viens de les voir démonter leurs barrages sur le pont !

Les gens levèrent les poings, criant de joie. Pour eux, le calvaire s'achevait.

Dans mon coin, j'étais contente pour eux. Ils méritaient d'avoir une vie tranquille, sans soucis.

Satisfaite et fatiguée, je décidai de lire un peu pour pratiquer une activité saine et moins éprouvante physiquement. Etudier la biologie de mes pokémon, ainsi que celle des spécimens utilisés par la Team Galaxie serait très utile. Ces voleurs ne me pardonneraient pas d'avoir fait échouer leurs opérations, ils seraient davantage sur leurs gardes et me le feront regretter lors de notre prochaine rencontre. Je savais qu'il y aurait une prochaine rencontre. Si ces dingues devenaient plus actifs, je n'allais pas pouvoir les esquiver éternellement.

Ce n'est que le soir, que quelqu'un vint m'aborder, me dérangeant durant mon étude de l'anatomie de Chaglam et de ses évolutions. Il s'agissait de l'agent de la dernière fois, celui qui m'avait enseigné une leçon à Féli-Cité.

- Bonjour, inspecteur, déclarais-je en étant soulagée d'être dos au mur et dans un lieu fréquenté ou je pourrais appeler à l'aide.

- Je constate que vous avez joué un rôle dans cette affaire et non l'un des moindres, affirma t-il en me fixant de ses yeux noisette entourés de sombres lignes violacées.

- Inutile de vous raconter des bobards. C'est moi qui ai participé à les mettre en fuite, même si en réalité, ils avaient déjà bien progressé dans leur plan principal. Cependant, les habitants ont joué un rôle décisif dans l'affaire.

Il soupesa sa tête un instant, pensif.

- J'ai fais une petite enquête aux Eoliennes, annonça t-il. J'ai pu prélever des informations sur leurs projets et sur les rapports douteux de leurs filiales. Mais ce n'est pas de ces complexes ramifications dont je souhaiterais parler.

Il sortit un dossier cartonné, l'ouvrant pour me montrer une longue fiche de renseignements. La photographie affichée était un peu floue et était celle d'une rousse aux cheveux coupés à la garçonne, portant des lunettes de soleil sur le front et un couteau à la ceinture.

- C'est bien elle ! m'exclamais-je immédiatement en reconnaissant la femme dirigeant le commando. Elle se faisait appeler le « Commandant Mars. »

La fiche indiquait qu'elle se prénommait Martine Verdier et mes yeux descendirent un peu plus bas pour lorgner sur un long et précoce casier judiciaire.

Beladonis referma le dossier, m'empêchant d'en voir davantage.

- Je vois, merci de cette précision, se contenta t-il de formuler, avant de me poser des questions sur le combat mené contre elle.

Après quelques minutes à décrire notre lutte, je saisis le premier blanc pour inverser la situation.

- Dites-moi, vous avez une fiche sur moi ? insistais-je avec curiosité.

- Bien évidemment. Carrière, casier judiciaire, proches et profil psychologique, nous en avons sur tous les gens mêlés à nos enquêtes en cours. La votre est encore incomplète, bien-sûr. Après-tout, cela ne fait que peu de temps que vous êtes devenue dresseuse et encore moins de temps que vous vous soyez mêlée de choses ne vous regardant pas … malgré ma mise en garde.

Je baissai la tête, gênée de cette réprimande.

- Désolée, mais après avoir constaté le niveau déplorable des sbires à Féli-Cité, je me suis senti en confiance et je n'ai pas supporté de les voir s'en prendre à des pokémon, ni à des innocents.

- Même si votre sens de la justice est honorable, les choses auraient pu davantage mal tourner. Aucun civil n'a été blessé, mais quatre sbires de la Team Galaxie sont décédés et six autres ont été arrêtés.

Cette information ne suscita presque aucune indignation, ni aucun remords en moi. Ces types n'étaient rien de plus que des anonymes brigands, je fis tout mon possible pour les déshumaniser et ne pas me sentir coupable. Au vu de la façon dont ils agissaient, je n'avais pas trop de tristesse pour ces criminels, qui enlevaient les pokémon en masse et séquestraient les gens. Même s'ils avaient des familles, je n'avais rien fait. Je n'avais pas lancé les fûts de nectar attirant les Dardargnan. Ce n'était pas de ma faute, je n'étais pas responsable de leurs morts. S'ils n'avaient pas été des criminels, ils seraient encore en vie. Je n'étais pas coupable.

- Et les autres ? Les braconniers ? Ils ne semblaient pas être de la Team Galaxie. Ils avaient leur propre uniforme.

- Nous disposons de peu d'éléments à l'heure actuelle, nous soupçonnons une association enregistrée comme un club d'entomologistes, mais qui pourrait être lié à d'autres associations cultuelles. je ne peux rien révéler de plus, bien qu'il soit curieux de voir qu'ils aient pu s'associer avec une compagnie commerciale. Les sbires en fuite de la team Galaxie sont actuellement les plus dangereux.

- Vous allez vous charger de les arrêter alors ? me renseignais-je avec insistance.

- Ce sera délicat, divulgua l'agent. Je vais aller investiguer à Vestigion, la compagnie Galaxie S.A. y a installé un centre de recherches. C'est une filiale de Galaxium S.A.R.L. et même si la couverture ne trompe personne, elle est un bon outil légal pour les dédouaner et leur permettre de poursuivre leurs activités.

J'enrageais intérieurement, alors que ces types allaient probablement s'en tirer.

- Si vous allez à Vestigion, dresseuse, soyez sur vos gardes. Je me doute que vous risquez de vous retrouver mêlée à tout ça, soupira t-il, même si vous évitez leur centre de recherche. La Championne sera sans doute réceptive si je lui apporte assez de preuves.

Il me regarda, ses yeux noisette étant empreints de sérieux.

- Ne vous ruez plus à l'assaut de la Team Galaxie seule, ils vous attendront.

Je hochai de la tête, réceptive à son avertissement. Puis, un bâillement imprévu m'aida à mettre un terme rapidement à notre discussion.