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Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution ! de FaNhistoria



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Informations

» Auteur : FaNhistoria - Voir le profil
» Créé le 05/09/2020 à 19:10
» Dernière mise à jour le 05/09/2020 à 19:10

» Mots-clés :   Action   Alola   Amitié   Kalos   Présence de shippings

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Après la nuit (chapitre final)
« Quoi ? Non... ! »

 Manon cligna des yeux, une fois, deux fois avant de s'écrier, effarée :

- A-Alain !?

La tête inclinée en avant, Marisson blotti sur ses genoux, Alain émergea lentement et posa sur elle un regard endormi.

- Euh... Manon ?

Bouche bée, la jeune fille lutta pour aligner des paroles cohérentes :

- Où... !? Et depuis quand... !?

Désormais pleinement éveillé, Alain répondit en souriant :

- Je suis rentré ce matin.

- Oui mais... ! mais... !

Les larmes aux yeux, Manon allait se précipiter vers son compagnon de voyage pour l'enlacer lorsqu'un détail retint son attention :

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en désignant l'attelle noire qui lui enveloppait tout le bras.

- Double fracture, rétorqua simplement le jeune homme.

Préoccupée, Manon s'avança pour inspecter le dispositif.

- Ça fait vraiment très mal ? s'enquit-elle, peinée.

Mais à peine se fut-elle penché sur le bras malade qu'on lui releva la tête d'une pichenette sur le front.

- Hé !

La jeune dresseuse se redressa instantanément pour se retrouver face à un sourire narquois.

- Affreusement, fit Alain d'un air moqueur.

Consternée, Manon croisa les bras et se détourna, la mine boudeuse.

- Moi je m'inquiète et toi, tu trouves rien de mieux à faire que de te ficher de moi... oh !

Sa colère oubliée, la jeune fille ne tarda pas à s'enthousiasmer pour une autre raison :

- Aha ! Tu l'as enfin mise ! Je savais bien qu'elle te plaisait au fond !

Hilare, Manon observa le visage de son camarade se teinter de confusion puis, se décomposer. Étrangement, l'idée que le très méticuleux Alain ait pu enfiler une chemise hawaïenne multicolore à son insu rendait la scène d'autant plus comique.

Alain rougit légèrement et toussa pour dissimuler son malaise.

- C'était ce qu'il y avait de plus simple à mettre, ok ?

Pleine d'espoir, Manon se permit d'ajouter :

- Ça veut dire qu'on en rachète une ?

- Certainement pas pour moi ! Après, libre à toi de t'habiller comme tu veux...

- Oh, mais j'en porterais moi, Monsieur !

- Tu m'étonnes...

- Ha ha !

- Mademoiselle ?

Absorbée par la discussion, Manon n'avait même pas entendu l'infirmière entrer. Saisie d'un mauvais pressentiment, la rouquine se rapprocha inconsciemment de ses deux amis.

- Oh, vous avez de la visite ?

L'infirmière, une femme d'une quarantaine d'années aux cheveux auburns, se tourna vers Alain et sourit :

- Est-ce que je peux vous l'emprunter un instant ?

« Non ! Pourquoi devaient-ils déjà se séparer alors que... !»

Manon jeta un regard désespéré à son camarade.

Remarquant son trouble, la femme ajouta gentiment :

- C'est l'affaire d'une petite heure.

- Vraiment... ? fit Manon, dépitée.

À son grand désarroi, Alain se leva et lui tapota l'épaule.

- On se voit après.

- Promis ?

- Promis.

------

À nouveau seul, Alain avait néanmoins pu récupérer un peu d'énergie. Ses quelques heures de sommeil à l'infirmerie et la prise de nouveaux antidouleurs l'avaient remis d'aplomb et le dresseur se sentait enfin prêt à entamer les préparatifs du retour pour le lendemain. En plus de ses effets personnels, le jeune homme devait également s'occuper de ramener la commande d'Ultra Ball du professeur, ce qui impliquait également un détour par le labo responsable de leur production.

Mais avant toute chose, Alain décida de se rendre à la réception du Paradis Æther pour prendre des nouvelles de son équipe Pokémon. Sur indication du personnel de la fondation, le dresseur avait fini par trouver l'ascenseur principal menant au rez-de-chaussée. Le chemin à parcourir fut bref et Alain trouva le grand hall d'entrée quelque peu changé :

En vingt-quatre heures à peine, l'espace habituellement net et épuré s'était couvert de piles de cartons éparses, probablement entreposées là dans l'attente d'être acheminées jusqu'à l'embarcadère par les nombreux employés courant d'un bout à l'autre de la salle.

Il fallait croire que face à l'ampleur de la tâche, même le Paradis Æther pouvait prendre des airs de ruche désorganisée...

Tout en slalomant entre les convois, Alain parvint à la réception, où on lui annonça que son équipe serait remise sur pied très bientôt et qu'il pourrait passer la récupérer un peu plus tard. Rassuré, le jeune homme prit le chemin de son second objectif. Ce dernier fut rapidement rempli, et c'est donc une valise d'Ultra-Ball en main qu'Alain laissa à nouveau ses pas le guider jusqu'au Parvis du Manoir. Contrairement au bâtiment principal en effervescence, l'extérieur était calme ; la brise y était douce et seule la clameur des vagues brisées par les côtes de l'île venait y troubler le silence.

Debout derrière la balustrade, le jeune homme laissa ses yeux dériver sur les trois poteaux en bois brisés et sur le terrain d'entraînement en contrebas qui portait encore les stigmates de son match avec Gladio.

« Cinq jours... »

Cinq jours seulement s'étaient écoulés depuis.

À cours d'occupation sur laquelle se concentrer, Alain se sentit à nouveau sombrer malgré lui, entraîné par le poids du remord.

Non... ! Il devait partir d'ici, replonger dans une agitation autre que la sienne et surtout ne pas penser, ne plus penser du tout...!

- Hé.

Pris par surprise, le dresseur fit volte-face.

Sans dire un mot, Gladio soupira et s'adossa contre la barrière.

- Qu'ils sont fatigants...

Face au visage familier, Alain se détendit.

Il n'était pas vraiment d'humeur à faire la conversation, mais après tout, Gladio n'était pas non plus du genre bavard. Les deux jeunes hommes demeurèrent ainsi, à profiter d'un silence confortable, chose rare qu'aucun d'eux n'avait eu le luxe d'expérimenter lors de ces derniers jours. Au calme mais plus seul, Alain trouva la force de repousser ses idées noires pour se focaliser entièrement sur le paysage devant lui.

- Ton bras ?

La soudaine prise de parole le fit presque sursauter, pourtant elle ne le dérangea pas plus que ça.

- Une collision avec un rocher et... probablement plein d'autres choses.

Gladio acquiesça et rit d'un air désabusé.

- Qu'est-ce qu'on y peut hein ?

Frappé par l'épuisement contenu dans ces quelques mots, le Kalosien tourna la tête pour examiner l'autre dresseur :

Les épaules affaissées, l'adolescent soutenait sa tête d'une main et l'œil que sa frange laissait entrevoir semblait cerné et vitreux.

- Eh, ça va ?

Ce fut au tour de Gladio de sursauter. Le jeune président de la fondation Æther cligna des yeux plusieurs fois et reporta son attention sur lui.

- Ouais, c'est juste que... j'ai pas eu une minute de repos depuis le début de cette situation infernale. Mais bon, c'est encore pire pour Vicky alors... et pis de toute façon, t'es pas venu ici pour m'entendre geindre comme un gamin...

L'éclair d'hésitation qu'il aperçut dans le regard du jeune homme témoignait du contraire. Aussi, Alain acquiesça doucement pour l'inviter à poursuivre.

- Ok...

Gladio se détourna de lui pour faire face à la mer.

- C'est qu'avec tout ça, les prochains temps s'annoncent plus que pénibles... La Fondation Æther sera appelée à prendre une place prépondérante dans la reconstruction des zones touchées par l'invasion et surtout dans les soins à octroyer aux blessés, qu'ils soient humains ou Pokémon. Mais en parallèle, nous devrons aussi répondre de nos actes ; nous ne sommes pas uniquement les bienfaiteurs dans cette histoire...

- Saubohne... releva Alain.

L'adolescent secoua la tête.

- Quoi qu'on en dise, Saubohne a agi dans le cadre de ses fonctions et en présence d'un supérieur hiérarchique. C'est donc la responsabilité de la Fondation qui est engagée et non la sienne. Évidemment, personne ne pourra affirmer que la Team Rainbow Rocket ne serait pas passée à l'attaque de toute façon, mais il est clair qu'en fragilisant la frontière entre les dimensions, nous leur avons grandement facilité les choses. Aargh...

- Et toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Si tu savais à quel point j'ai envie de tout plaquer... ! fit Gladio en frappant la barrière à deux poings. Parfois, j'aimerais pouvoir revenir en arrière et retrouver ma pleine liberté d'avant. Même si tout était loin d'être idéal, ma vie était tellement plus simple. Pas de responsabilités, pas d'attentes à remplir, juste mes Pokémon, la route et moi...

Le jeune homme soupira et se redressa lentement.

- Mais je ne peux pas. Partir maintenant en déléguant le sale boulot à Vicky et aux autres ce serait... égoïste. Et puis quand bien même, pour aller où ? Alola n'a plus rien d'exaltant ou de nouveau pour moi ; à quoi ça rime de parcourir les mêmes routes encore et encore...

En temps normal, la maturité de Gladio parvenait presque à faire oublier son jeune âge. Alain eut de la peine pour ce garçon d'à peine quatorze ans, coincé dans une vie dont il n'avait jamais voulu. Le jeune homme ne savait que répondre à cela. Certes, il avait déjà dû suivre des ordres peu appréciables mais il n'avait jamais été vraiment contraint d'y obéir ; Gladio lui, n'avait jamais eu ce choix. Alors que le Kalosien luttait pour trouver un semblant de parole réconfortante, le jeune président de la Fondation Æther recula et annonça :

- Je devrais y aller. La réunion est pour bientôt et nos relations avec le Pôle Lié aux Opérations Ultra-Chimère ne sont plus au beau fixe ; il vaudrait mieux leur montrer que j'en ai quelque chose à faire...

Alain n'avait aucun doute quant à l'origine des tensions entre les deux organisations.

- C'est moi qui devrais y aller. J'étais là quand Beladonis a ouvert la brèche et si je n'avais pas égaré notre seule chance de neutraliser Engloutyran, il n'aurait jamais eu à... !

- Hé ! le coupa Gladio. Beladonis n'est pas le premier à disparaître dans une Ultra-Brèche et ne serait pas non plus le premier à réapparaître.

En disant cela, le regard du jeune homme s'était teinté de mélancolie.

- Il est vrai qu'à leur retour, certains ne sont plus tout à fait les mêmes mais... tout espoir n'est pas perdu, ok ?

Ne sachant comment prendre la nouvelle, Alain était resté muet.

« Il est en vie... peut-être. »

Rien n'était certain, mais pourtant, en suivant ce que sa conscience avait lâchement choisi de croire, le dresseur avait aussitôt senti son cœur s'alléger un peu.

-------

- Repose-toi bien et surtout ne fais pas de folie, d'accord ? fit Linda, l'infirmière en raccompagnant Manon jusqu'à la porte.

La rouquine acquiesça, pressée d'échapper à cette surmédicalisation inutile ! Ok... peut-être pas si inutile que ça, mais par Arceus, si elle voyait encore ne serait-ce qu'un sparadrap elle allait craquer !

La jeune fille prit enfin congé de Linda et de tous ses petits amis en blouse blanche et se dirigea vers la réserve pour y retrouver Alain comme convenu. Elle emprunta la plateforme mobile jusqu'au premier étage du bâtiment et se retrouva rapidement dans une atmosphère humide et tropicale.

Manon avança sur la passerelle, à l'ombre des palmiers et s'arrêta à la première intersection qui offrait, selon elle, le meilleur point de vue sur la plus belle partie de la réserve : le parc Corayon.

Les adorables petites boules roses pataugeaient gaiement dans l'eau claire. Certaines dévalaient la cascade artificielle et atteignaient le bassin dans une réception plus ou moins contrôlée tandis que d'autres se regroupaient déjà dans l'eau peu profonde pour se préparer à la nuit.

« Qu'ils sont mignons ! », songea la jeune dresseuse attendrie.

Elle aurait aimé avoir une meilleure vue sur les formations de Pokémon coraux, mais même depuis son emplacement actuel, cette partie du parc était peu visible ; un grand roc en dissimulait la plupart.

C'est alors qu'elle fut traversée par une idée saugrenue : à cette distance, la pointe du rocher était plus qu'accessible ! Il lui suffisait de se hisser sur la barrière pour l'atteindre et elle n'aurait plus qu'à ramper prudemment jusqu'au plat du roc.

- Tu viens ? dit-elle à Marisson en l'invitant à monter sur ses épaules.

Le premier réflexe du Pokémon fut de grimacer face à cette nouvelle entreprise déraisonnable. Toutefois, il n'avait plus la force de protester. Après tout, cette petite escalade ne comportait que peu de risque.

 Le hérisson prit place sur son dos et Manon examina rapidement les alentours : pas d'employés en vue.

Elle grimpa.

La jeune fille atteignit rapidement le sommet et contempla le splendide paysage en contrebas avec satisfaction.

Les berges entourant le bassin des Corayons étaient agrémentés de fleurs en tout genre et un impressionnant massif d'« oiseaux de paradis » ornait les abords de la cascade, désormais désertée. Avec un sourire amusé, Manon observa les Corayons retardataires prendre place auprès de leurs camarades.

Si elle avait eu son carnet de croquis avec elle, elle aurait sans doute dessiné la formation de Pokémon eau...

Bien vite, Manon se laissa gagner par la morosité. Il s'agissait de sa dernière soirée ici. Elle avait du mal à y croire. Enfin... il faut dire qu'elle n'avait plus vraiment la tête à intégrer quoi que ce soit : la dresseuse avait le sentiment d'être passée dans un lave-linge géant, essorage compris.

Happée par une tristesse qu'elle ne comprenait pas vraiment, la jeune fille laissa Marisson prendre place sur ses genoux et le serra dans ses bras. Peut-être était-ce dû au fait qu'elle avait espéré autre chose. Les jours précédents auraient dû être remplis de bons moments ! toutes les conditions étaient réunies pourtant, les gens, les superbes paysages, les Pokémon ! Mais au lieu de cela, elle se retrouvait avec des images terrifiantes plein la tête et un sentiment de vide dans la poitrine.

Le bilan était plus qu'amer.

Quelque part au fond d'elle, Manon savait qu'elle aurait dû se montrer reconnaissante, car aux dernières nouvelles, tout allait bien chez elle. Il n'était pas question de blessures graves et son imprégnation temporaire ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir ; elle s'en sortait même plutôt bien. Ce constat la ramena aussitôt à certains de ses camarades moins chanceux qu'elle. Elle devrait passer prendre des nouvelles de Nikolaï au plus vite...

Sentant poindre un flot d'images indésirables, Manon détourna les yeux pour concentrer son attention sur la passerelle derrière elle, dans l'espoir d'y apercevoir un visage familier, sans succès hélas ; il n'y avait pas l'ombre d'un Miaouss...

Le cœur lourd, la jeune fille soupira de déception.

- Il est en retard...

- Ohé !

Manon sursauta et porta son regard sur la passerelle d'en face pour y apercevoir Tili qui l'appelait à grand signes. Étrangement soulagée, Manon sourit et répondit à ses appels avec enthousiasme. Sans perdre une minute, le garçon traversa l'appontement en courant pour s'arrêter au pied du grand rocher à bout de souffle.

- Tu m'fais une place ? lui demanda-t-il en souriant.

- Bien sûr !

Tili hocha la tête et prit de l'élan avant de s'élancer contre la paroi.

- Eh hop là !

En moins de deux, le dresseur se retrouva à sa hauteur. Il rampa jusqu'au bord du roc et laissa pendre ses jambes dans le vide d'un air décontracté.

- Waouh ! La vue de ouf ! s'exclama Tili. Faudra que je me rappelle de l'endroit.

- Ma ! acquiesça Marisson.

Amusé, le garçon ébouriffa gentiment l'épi du hérisson, avant de demander :

- Alors c'est vrai, vous partez demain ?

Manon hocha la tête et hésita avant de poser la question qui la taraudait :

- Et je... Ça va aller pour vous ? Qu'est-ce qui se passerait si des Ultra-Chimères continuaient à apparaître... ?

Tili n'eut pas l'air effrayé le moins du monde. Il secoua la tête d'un air désinvolte et rétorqua :

- Qu'elles reviennent ! Avec Papé et Gladio on leur a donné une bonne leçon hier ! Et crois- moi je suis prêt à recommencer, même si selon cet aigri de Saubohne, la frontière entre les dimensions serait en voie de stabilisation... C'est pas que je fasse confiance au bonhomme hein, mais apparemment il est pas le seul à le dire, alors on verra bien, hé hé !

Malgré toute sa bonne volonté, Manon devait tirer une sacré tête, car lorsqu'il se tourna vers elle, Tili cessa aussitôt de rire.

- Je... excuse-moi, fit-il l'air concerné, je sais que ces moments n'ont pas été simples pour toi et je voulais surtout pas te faire croire que je prends pas le truc au sérieux ou quoi... !

- Non ! s'empressa-t-elle de le rassurer. Ne t'en fais pas, je ne pense pas ça du tout.

- Ouf... alors tant mieux, lui sourit-il soulagé.

Soudain, Tili parut se souvenir de quelque chose. Il fouilla dans la poche droite de son bermuda tout en déclarant :

- J'avais presque oublié, mais on m'a demandé de te remettre quelque chose, attends...

Le garçon lui tendit une petite boîte cubique, accompagnée d'une lettre, où le nom de la rouquine était inscrit en toutes lettres.

Perplexe, Manon jeta un regard interrogateur à son camarade.

- C'est Danh qui me l'a donné pour toi, expliqua Tili. Apparemment, Beladonis aurait laissé ça dans sa chambre en partant.

La jeune fille considéra la lettre avec une appréhension mêlée d'impatience. Certes, elle aurait préféré s'entretenir avec Beladonis personnellement, mais il fallait croire que la vie d'agent de Police Internationale ne laissait pas de places aux temps morts...

Manon glissa son pouce dans l'ouverture et déchira prudemment le haut de l'enveloppe. Elle en sortit un papier beige qu'elle déplia avec soin, avant de parcourir l'écriture manuscrite :

Chère Manon,

Si tu lis cette lettre, c'est que le devoir m'a appelé ailleurs avant d'avoir pu tenir ma promesse : celle de te donner les explications que tu attendais.

Ou peut-être n'ai-je tout simplement pas eu le courage de te révéler en face, la plus grande erreur de toute ma vie...

À l'heure qu'il est, je ne sais précisément ce dont tu as été témoin ou même comment tu as pu avoir accès à cette vision du passé, mais je prie pour que cela ne soit qu'une conséquence mineure de la perturbation entre les dimensions.

Quoi qu'il en soit, cette créature que tu as décrite, Engloutyran... je t'explique :

Ce monstre ou plutôt cette Ultra-Chimère, a échoué dans notre monde il y a de cela des années. Les ravages habituellement commis par cette espèce d'UC ont poussé le Pôle Lié aux Opérations Ultra-Chimère à se pencher sérieusement sur le cas de notre infortuné visiteur. C'est ainsi qu'une équipe d'agents a été rapidement dépêchée dans l'antre de la créature, avec le devoir de la neutraliser, quoi que cela veuille dire...

Comme tu t'en doutes, je comptais parmi les membres de cette escouade spéciale. Plus précisément, nous étions trois ce jour-là : l'agent Hand, répondant aujourd'hui au nom de Danh, le Doyen d'Ula-Ula, Sky, notre dernière recrue ayant la particularité d'être une « imprégnée » et moi-même.

Le plan était simple : en raison de son statut particulier, Sky devait servir d'appât et une fois la bête acculée au fond de la grotte, nous aurions dû l'achever en combinant nos forces.

Nous étions deux agents expérimentés et Sky, malgré son jeune âge, faisait preuve d'une débrouillardise qui compensait son inexpérience. Rien ne laissait présager l'échec et pourtant...

L'opération n'a pas tardé à prendre une tournure tragique, et cela par ma faute.

La jeune recrue que je m'étais juré de protéger a trouvé la mort sous mes yeux ce jour-là et j'en porte l'entière responsabilité.

Aujourd'hui encore, mes nuits demeurent hantées par le souvenir de ce moment d'égarement où, pris d'une pitié soudaine pour la bête en exil, j'ai renoncé à lui porter le coup de grâce.

Cette minuscule, insignifiante seconde d'hésitation a suffi à faire basculer mon existence et en sceller une autre.

Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de relater ici les circonstances exactes de la mort de Sky : tu sembles en avoir vu assez et je ne crois pas avoir la force d'en écrire plus.

Voilà, tu sais tout désormais.

S'il n'est pas excusable, sache néanmoins que mon geste était motivé par la certitude que ces créatures ne sont pas toutes mauvaises. Certaines d'entre elles ne sauraient être différenciées des Pokémon et possèdent des qualités tout aussi appréciables, alors je t'en prie, ne laisse pas la peur dicter ta conduite.

C'est parce qu'il existe des Ultra-Chimères extraordinaires que je souhaiterais te confier l'une d'entre elles.

Il me peinerait de céder ce petit être plein de vie à des laboratoires, là où sa place serait davantage auprès d'un dresseur attentionné.

Je suis convaincu que vous finirez par vous comprendre et par devenir des amies inséparables !

Je vous souhaite à toutes deux le meilleur.

Amicalement,

Beladonis.

« Une Ultra-Chimère... »


D'une paume timide, Manon effleura le couvercle de la boîte.

- Alors ? lui demanda Tili, les yeux brillants de curiosité.

Elle lui rétorqua en souriant :

- Un nouvel ami.