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Lorekeeper de Marushium



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Informations

» Auteur : Marushium - Voir le profil
» Créé le 26/08/2020 à 01:33
» Dernière mise à jour le 09/10/2020 à 13:40

» Mots-clés :   Hoenn   Kalos   Mythologie

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Les responsabilités de la prêtresse...
La nuit commençait à tomber, alors que les torches du village du Météore éclairaient le lieu d’une aura presque mystique.

L’organisation du village était simple, mais très efficace. Les habitations étaient organisées en cercles concentriques, allant des extrémités vers le centre. Les agriculteurs vivaient généralement en périphérie, à proximité des terres les plus abondantes, au détriment de huttes plus petites et précaires souvent proies aux intempéries et aux Pokémon environnants. Les plus aisés, quand à eux, préféraient vivre le plus près possible du centre du village et de ses activités religieuses, dans des habitations plus prospères, mieux vues par le consensus général.

Naturellement, la hutte de la doyenne était le noyau du village. Bien plus grande et plus robuste que la moyenne, remplaçant l’habituelle paille et terre cuite par des pierres taillées et des ornements végétaux. A l’intérieur, diverses statues, vitraux et peintures flamboyantes en l’honneur de Rayquaza recouvraient les murs, donnant au lieu une ambiance de musée, difficilement considérable comme un lieu de vie. Ce bâtiment était le pilier du village et inspirait à tous ses villageois calme, sérénité et sécurité.

C’était ici qu’une doyenne angoissée faisait les cent pas, visiblement très inquiète.

°~°

L’ancienne fixait ses ongles. Ils étaient grossiers, rongés et meurtris par le stress. Ses muscles étaient tendus, ses yeux cernés. Elle prit une inspiration profonde et tenta de se remettre les idées en place :

- “ Ô grand Rayquaza, donnez moi la force de continuer à reposer sur vous. “ énonça la doyenne, d’une voix solennelle.

La simple diction de cette phrase suffit à évaporer ses tourments. Elle n’était pas en mesure de l’expliquer, mais elle se sentait rassurée. Elle ne cherchait même pas à trouver d’explication, la sérénité immédiate de se savoir protégée d’un simple appel lui suffisait à croire en l'existence de la déité de jade protectrice. Elle ne se préoccupait pas du pourquoi, tant qu’elle arrivait au résultat escompté.

Son court silence fut brisé par un léger rire nerveux. Cette vision du monde était quelque chose que sa fille aurait violemment contredit une fois de plus.

°~°

Le comportement antisocial et dissident d’Amaryllis avait inquiété sa mère plus d’une fois, et cela ne faisait qu’empirer année après année. Peu importe comme elle s’y prenait, Amaryllis refusait de croire et s’isolait de toute personne tentant de l’approcher. Faire de la seule impie du village la fille unique de la doyenne était presque une blague du destin, mais elle n’avait jamais perdu espoir et continuait malgré tout à former Amaryllis, à son insu.

Elle était dure, sévère avec sa fille, mais ce n’était jamais à ses dépens. Elle faisait de son mieux pour la préparer à ses futures responsabilités malgré ses états d'âmes, espérant que sa descendante sortirait de cette phase et gardera le village entre de bonnes mains le jour ou elle quittera ce monde.

Elle aimait profondément Amaryllis, mais tous ses efforts étaient toujours destinés au bien global de tous ses villageois, c’était ainsi que la doyenne du village du Météore fonctionnait.

°~°

La doyenne soupira et se dirigea vers l’arrière de sa demeure. Derrière la multitude d’objets de culte et d’ornements se cachait une porte. Celle-ci n’était pas bien grande et se fondait parfaitement dans le décor, la rendant difficile à remarquer même pour un habitué. Cette porte donnait l’accès à un profond escalier qui devait s’enfoncer sur huit à dix bons mètres de profondeur.

La descente de ces marches était le témoignage de l’épreuve du temps sur la cheffe du village. Après avoir douloureusement descendu l’escalier, elle se tenait devant la cave de la hutte. La doyenne s’approcha et alluma une torche pour éclairer ses environs. La cave était remplie de grands sacs de cuir empilés les uns sur les autres, chargés de météorites. Cependant, une bonne partie d’entre eux n’étaient qu'à moitié-remplis, voire vides, inquiétant la doyenne.

- “ Espérons que ce soit suffisant... “ murmura-t-elle, peu convaincue par ses dires.

Au sol, elle reconnut le sac d’Amaryllis, rempli à presque ras-bord, et ne put s’empêcher d'esquisser un léger sourire, satisfaite des efforts que fournissait sa fille. Cette joie ne fut que de courte durée et devant cette montagne de fragments de ciel, la doyenne porta ses doigts au niveau de sa bouche et se rongea les ongles.

°~°

Amaryllis était épuisée. Elle venait de passer quatre bonnes heures à se faire pouponner par des dizaines de villageoises en tenue de prière avant de se faire jeter dans un bateau sans avoir la moindre idée de sa destination. Sa robe bouffante, beaucoup trop grande pour elle, empêchait toute tentative de mouvement souple, les lourdes parures sur son cou étaient à deux doigts de lui briser les clavicules et la poudre de son maquillage lui irritait la peau.

- “ Qu’est ce que je suis en train de faire… “ soupira la jeune femme.

Elle repensait à sa fille qu’elle avait dû laisser au village, à tout le temps qu’elle aurait pu passer à s’occuper d’elle ou à labourer ses champs si elle n’avait pas été forcée à assister à cette foutue cérémonie.

L’une des jeunes femmes chargées de s’occuper de sa tenue se tenait à quelques mètres d’elle, et Amaryllis ne put s’empêcher de l’observer pour faire passer le temps. Bien que les deux jeunes femmes étaient du même village et s’étaient donc forcément croisées au cours de leurs vies, la jeune prêtresse n’avait ni son nom, ni son visage en mémoire et pour être franche, elle s’en fichait royalement. Cependant, la lueur de son regard sauta aux yeux d’Amaryllis : elle cachait difficilement son grand sourire et son bonheur était presque palpable. L’origine de cette joie était au delà de l’esprit d’Amaryllis. Comment pouvait-on être heureux à prier des déités qui pourraient tout aussi bien être fictives plutôt que de combler ses propres besoins ou s’occuper de sa famille ?

- “ Quelle perte de temps… “ pensa-t-elle.

La violente secousse du bateau qui venait de s’amarrer tira Amaryllis de ses pensées. Elles étaient arrivées à destination.

°~°

La nuit venait de tomber, la lune était haute et éclairait de sa lumière spirituelle l'immense monument qui se tenait sous les yeux d’Amaryllis.

Le bateau venait d’amarrer sur une petite île, d'à peine deux kilomètres de largeur sans aucun élément particulier pour la démarquer des autres, si ce n’était pour l’immense tour qui y avait été construite. La tour devait faire une bonne centaine de mètres, mais ce qui sautait aux yeux, c’était sa forme parfaitement triangulaire, comme si l'édifice n’était qu’un seul, immense pilier. Cette architecture atypique aurait surement attiré l’attention de la jeune femme si elle n’était pas si occupée à lire ses antisèches.

Après avoir manqué de se vautrer lamentablement dans sa robe une bonne dizaine de fois, la prêtresse, traînant des pieds, venait d’escalader la tour et se tenait en son sommet, accompagnée de ses fidèles, devant l’immense ciel étoilé.

Sans perdre une seconde, la doyenne attrapa sa fille et la disposa au centre de la plateforme triangulaire, pendant que des villageoises disposaient toutes les météorites en cercle autour de leur nouvelle prêtresse. L’une d’entre-elles était accompagné d’un petit Caninos qui l’aidait à allumer et disposer des bougies aux trois extrémités de la tour.

Tout était prêt. La prêtresse était au centre de tous les regards, sous l’attention toute particulière de la doyenne qui encourageait sa fille du mieux qu’elle pouvait. Les bras ballants, Amaryllis révisa une dernière fois son texte pour occuper son esprit et éviter de se demander ce qu’elle faisait ici. Au signal de sa mère, elle s’éclaircit la gorge et prit une voix solennelle.

- “ Ô grand seigneur Rayquaza, votre peuple s’abandonne à vous. Ces fragments de ciel sont gage de notre foi. Prouvez nous que nous avions raison de vous faire confiance. Écoutez nos prières, ayez pitié de nous et descendez apporter prospérité à nos jours futurs ! “ somma Amaryllis, récitant sa tirade comme une poésie.

Amaryllis n’aurait jamais pu inventer et déblatérer autant d’idioties d’une seule traite, et elle bénissait sa bonne mémoire à cet instant précis, à défaut de devoir se laver la langue à l’instant où elle rentrerait chez elle par pur honneur. Rentrer chez elle, c’était tout ce qu’elle voulait, maintenant qu’elle avait rempli sa part du marché.

Au grand dam de la prêtresse, l’ensemble des villageoises du peuple du Météore restèrent encore plusieurs secondes à fixer les cieux, espérant un signe de la divinité de jade.

Plusieurs minutes...

Plusieurs heures...

Les premiers rayons de soleil commençaient à illuminer les ténèbres de la nuit, alors que les maigres espoirs restants s’effondraient.


Personne n’était venu.