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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 27/07/2020 à 13:12
» Dernière mise à jour le 09/09/2020 à 17:38

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 4 : Sauvetage
Je titubais comme un zombie, à quatre pattes dans un fossé.

C'est à peu près tout ce dont je me souvenais des nombreuses minutes qui suivirent mon départ du lac Vérité. La réalisation que je venais de tuer un pokémon me heurta encore et encore, bombardée sur mes rétines, comme si je devais l'assimiler, que je devais l'accepter. Mon regard écarquillé était braqué sur la terre et j'étais heureuse que personne ne puisse me voir ainsi.

Peu à peu, mon esprit absorba le traumatisme. A grand renfort de profondes inspirations, ma vue se fit plus claire. Je n'étais plus paralysée par le choc et je pus me redresser sur mes jambes, mais seulement pour m'asseoir. Mon estomac était encore noué et je n'osais pas me retourner vers le lieu de mon crime. Je ne voulais pas revoir la scène de ce meurtre ignominieux.

La scène se rejouait toujours devant mes yeux, mais juste par bribes décousues. Je ne voulais plus la voir, mon inconscient refoulait les parties les plus choquantes. C'était comme si je me forçais à enfermer ce souvenir et à me focaliser sur les leçons que je pouvais en tirer.

C'est ça ...

Je ne devais plus penser à l'acte en lui même, mais comprendre ce que j'aurais du faire et ... ce qu'il faudrait faire pour ne plus qu'une telle chose se produise.

J'avais été trop violente, entraînée par mon excitation. J'avais été incapable de mesurer l'écart de force entre mon Tortipouss et ce Keunotor. J'avais demandé à mon pokémon d'utiliser tout ce qu'il pouvait donner sur une victime. Je ne pouvais pas savoir que ce Keunotor ne pourrait supporter un coup donné dans un point vital fragile, mais j'aurais du faire preuve de prudence en tâtant le terrain.

Amazonas aurait sans problème pu encaisser plusieurs coups, me permettant de tester les défenses de ma cible. J'aurais pu agir différemment, ce n'est pas comme si j'agissais dans l'urgence absolue. Mais je ne voulais pas non plus mettre Amazonas en danger inutilement.

A ce moment, un doute m'envahit, alors que je regardais Amazonas.

Il me rendit mon échange silencieux, penchant la tête sur le côté, l'air absent. Il frotta son petit museau contre moi, comme pour me rassurer et m'aider à aller mieux. Ensuite, il regarda près de mon poignet droit qui écrasait les mauvaises herbes.

- Pouss … piaffa mon compagnon, arrachant calmement des feuilles de pissenlit à l'aide de son bec cornu, s'en régalant.

Je ne sais pas ce qu'il voulait dire, mais apparemment, mes états d'âme n'étaient rien pour lui.

Et c'était sans doute vrai.

Pour lui, il ne faisait que se battre. Le motif était futile. Nourriture, territoire, menace, partenaire … il s'en moquait. Il avait juste cogné un autre animal et les conséquences étaient absolument négligeables. Mon compagnon ne s'embarrassait absolument pas des considérations morales qui me tétanisaient. Au contraire, une fois rassasié, il me fixa, comme si j'étais une incongruité.

En face de ce petit être à l'aube de sa vie, je ne pouvais m'empêcher d'être craintive. Serait-il la prochaine victime de ma cruelle soif d'aventure ?

Ses yeux et son expression curieuse m'attendrirent. Je ne savais pas si je pourrais risquer encore sa vie. Du moins, pas après ce que j'avais vu.

Je regardai la route menant vers la maison, hésitante. A ce moment, je fus envahie par l'envie d'abandonner. Je ne voulais pas que le sang coule davantage, que d'autres pokémon souffrent inutilement. Cependant, à mesure que je pensais à cette solution de facilité, une crainte m'envahit. Que dirait maman en me voyant revenir comme une lâche ? Que penserait-on de la dresseuse n'ayant pas osé quitter son village natal ? Pourrais-je me regarder dans un miroir si je capitulais à la première difficulté ? Est-ce que les regrets de ma carrière prématurément close ne finiraient pas par prendre le dessus sur les remords ?

Je savais qu'être dresseur pouvait être un chemin périlleux, que ce serait une aventure difficile et épuisante, tant sur le plan physique que mental. Je savais qu'il y aurait très probablement du sang versé, mais j'avais juste naïvement espéré que ça ne m'arriverait pas ... du moins pas de suite. Pourtant, j'aurais du me souvenir que l'inattendu pouvait frapper sans prévenir. J'avais lu les récits de Robinson Crusoé, de son aventure sur une île déserte après un naufrage, à dépecer des Krabby à la main, à abattre des Noadkoko. J'avais étudié les mémoires de Bob de Carmin sur Mer, de l'implacable usage de son Raichu pour tuer ses ennemis durant la guerre civile, ainsi que pour torturer des miliciens ennemis.

Sur le papier, c'était évidemment moins poignant que dans la réalité. Les mots avaient du sens, mais pour pouvoir appréhender leur signification profonde, il fallait parfois l'expérience qu'ils recouvraient. Au final, tous ces récits ne m'avaient pas préparée à affronter cela si tôt dans mon périple, à devoir le subir en personne. Je pensais savoir beaucoup de choses, mais au final, j'étais une naïve ignorante qui sortait à peine de chez-elle.

Une chose était certaine, une unique constante entourait mon voyage. La mort serait une réalité et elle m'accompagnait déjà.

Si seulement elle pouvait me lâcher les baskets un moment, ce serait agréable de sa part.

Je cherchai un moyen de changer de sujet, quelque chose qui serait un dérivatif percutant et durable.

Mes yeux se posèrent sur tout ce qui m'entourait, scrutant le sentier boisé menant vers le littoral. On pouvait distinguer l'océan dans le lointain, bien que le parfum iodé soit étouffé par l'odeur des pommiers et des plants de baies en fleurs.

Mon regard se tourna vers un fourré agité, les tiges vertes bougeant anarchiquement. Des ronces et des pousses de baies tomato sauvages encombraient les sous-bois d'ou émanait une plainte aiguë. Ma curiosité prit le dessus et je me dirigeai vers cette nouvelle curiosité. Après avoir écarté des branches épineuses du pied, je surpris une petite silhouette, qui gigotait auprès d'un arbre proche, l'observant désespérément.

Il s'agissait d'un petit Etourmi, qui avait probablement du tomber d'un nid. Je ne pus distinguer l'abri de ce jeune, mais je savais qu'il était condamné. Ses plumes grises et son cou encore nu trahissaient son tout jeune âge. Incapable de voler, il était encore dépendant de sa mère. Si sa mère ne venait pas le chercher rapidement, il ne ferait pas le poids au sol. Le premier prédateur venu pourrait faire un festin de ce poussin qui gazouillait faiblement.

Son appel déchirant me décida à agir. Je ne laisserais pas ce petit mourir. J'avais causé une mort irréparable, mais j'avais l'opportunité de me racheter. J'avais le pouvoir de sauver une vie.

Je pris une pokéball, que je lançais en sa direction. La sphère vola et projeta un faisceau rouge, qui happa l'oiseau, l'enfermant à l'intérieur.

Dès qu'il fut à l'abri, je le fis sortir, pour m'inquiéter de son état de santé.

Il tenait dans mes mains, fragile et vulnérable. Son bec cireux s'ouvrait désespérément vers moi. Sa grosse tête avait une tache brune, comme une châtaigne. Cela me donna de l'inspiration pour un surnom, mais j'avais une autre priorité : le nourrir.

Je fouillais dans mon sac, me rappelant comment soigner les jeunes oiseaux. Le centre pokémon de Littorella pourrait m'aider, mais je devais agir vite.

J'avais un fruit dans ma poche, une belle baie oran savoureuse que je gardais comme en-cas. Cependant, elle lui serait plus utile à lui qu'à moi.

Je croquai une petite bouchée du fruit à la chair bleutée, que je mâchonnai. Le goût sucré ne me fit pas oublier que j'allais devoir faire quelque chose que beaucoup de gens trouvaient peu ragoûtant. Moi-même, je trouvais ça un peu répugnant, aussi me forçais-je à le faire en fermant les yeux au moment fatidique.

Doucement, je crachai le mélange de fruit malaxé et de salive dans le bec de Châtaigne, laissant la pâte azurée glisser dans son gosier.

Il déglutit, mais continua de piailler, en redemandant. Il devait avoir passé plusieurs heures à piaffer désespérément, sans que sa mère ne vienne à son secours.

Je dus le nourrir ainsi à trois reprises, crachant la bouillie dans son gésier pour qu'il cesse de quémander. Une fois rassasié, il coucha son cou et ferma les yeux, avant de se blottir contre moi.

Au moins, il avait un peu mangé. Cependant, je devais m'assurer de son état de santé auprès d'un professionnel.

J'avisai la moitié de la baie Oran restante et je la mis dans ma main, à proximité d'Amazonas.

Mon ami s'avança en trottant. Il tendit son bec, avalant le fruit d'un trait, sans même le mâcher.

Il poussa un petit glapissement enroué, les yeux clos. La façon dont il dodelinait de la tête était un peu reposante.

Cependant, ce goûter improvisé avait attiré un Keunotor, qui semblait un peu jaloux de toutes ces gourmandises. Amazonas le regarda dans les yeux, avec ce qui semblait être un réflexe protecteur envers son garde-manger.

Ni une, ni deux, Amazonas trotta et frappa le rongeur dans le ventre, le dissuadant de revenir. L'avertissement s'avéra efficace, puisque le Keunotor s'enfuit précipitamment dans les fourrés.

Au moins, celui-ci n'était pas si fragile et avait encaissé l'attaque de mon compagnon.

Je décidai de marcher seule, faisant rentrer mon pokémon dans sa ball pour ne pas perdre de temps. Il pouvait trotter quand il le voulait vraiment, mais sinon, Amazonas se laissait aller, avançant à son rythme indolent.

Litorrella était proche de Bonaugure, mais lorsqu'on empruntait la route mal entretenue, les choses devenaient plus difficiles. Je fus agressée à au moins deux reprises par un Etourmi audacieux, ainsi que par un Keunotor. Les pokémon du coin étaient vraiment peu farouches, habitués à voir des humains et à quémander leurs restes.

Amazonas chassa les gêneurs et je remarquai qu'il donnai des coups avec le milieu de son crâne. Il semblait moins ressentir le contrecoup, puisqu'il frappait de façon à ce que le choc soit aligné avec sa colonne vertébrale. Il comprenait instinctivement comment se faire mal le moins possible.

Une fois arrivés à la ville, je courus vers le centre pokémon. Il y avait peu de monde à cette heure. Une jeune fille aux cheveux roses berçait un Rozbouton, tandis qu'un homme à la haute stature veillait un Kokiyas à la carapace ébréchée.

- Bonjour, saluais-je de ma voix essoufflée, tenant la pokéball dans ma main tremblante. J'ai besoin d'aide pour un Etourmi.

Pour preuve, je fis sortir mon petit poussin au duvet grisâtre devant-elle, qu'elle puisse l'examiner.

L'infirmière observa l'oiseau qui pépia, demandeur. Puis, elle me regarda, avec une expression de malaise.

- Vous savez que vous êtes irresponsable ? commença t-elle d'un ton franchement réprobateur. Etre jeune dresseuse n'excuse pas le fait de capturer un poussin.

- Je l'ai trouvé tombé de son nid ! ripostais-je, blessée et agacée de son jugement, surtout que mon état physique et mental limitait fortement ma patience. Il était abandonné, il avait faim et était en danger. Je lui ai donné la becquée avant de l'amener ici. Je n'avais pas le choix.

L'expression de l'infirmière se fit plus douce, comme si elle s'en voulait d'avoir gaffé. Elle me présenta des excuses rapides, avant de prendre une petite seringue pour la remplir d'un gruau peu appétissant et de plonger l'embout dans le gosier du poussin, lui faisant avaler un repas complet. Il y avait à peine de quoi remplir deux cuillères à soupe, mais pour ce fragile petit être, c'était un repas complet.

- Votre pokédex contient de nombreuses données pour soigner au mieux votre pokémon. Il y a une page sur l'éducation, mais aussi sur la nutrition, me conseilla t-elle.

En même temps qu'elle parlait, je fis défiler les données de mon encyclopédie électronique. Le professeur Sorbier et ses collègues avaient fait un grand travail de compilation de données. Je pus consulter un résumé des recherches de l'ornithologue Dean Amadon, qui avait fait un excellent travail dans ses études sur Etourmi et ses évolutions.

- Au moins, il ne sera pas difficile, constatais-je en parcourant la variété de ses menus. Un omnivore semble bien plus facile à élever. En temps de disette, Etouraptor consomme des charognes, voire ses propres petits. C'est … charmant.

Châtaigne était blotti contre moi, ses ailes couvertes par son duvet juvénile, collé à sa mère qui le nourrissait.

- Il devrait commencer à avoir ses plumes d'ici deux semaines, m'expliqua l'infirmière. Il pourra manger de la nourriture solide dès que son duvet sera tombé. Ne l'entraînez pas au vol avant un mois, il n'en serait pas capable, à moins qu'il n'essaye de lui-même.

J'écoutais et prit note des instructions de la soigneuse, qui savait comment soigner les pokémon communs des environs. Elle me donna tous les conseils pour les laver et même entretenir la carapace d'Amazonas contre les tochusako qui infestaient les Paras.

Je la remerciai avant de partir. Je n'allais pas aller de suite vers le nord, il commençait à se faire tard. Je n'étais pas pressée, j'allais profiter de mon voyage le plus possible et je décidai de faire une petite promenade sur la grève. J'allais passer un peu de temps sur le rivage, pour me détendre.

Je tenais toujours Châtaigne dans mes bras, tandis qu'Amazonas restait sur mon épaule droite. La plage se trouvait à quelques centaines de mètres de la ville, ses accès balisés avec des clôtures entourant des dunes, tandis que j'arpentais le chemin entre les dunes plantées d'oyats. Mes chaussures laissaient des traces dans le sable, alors que j'observais la mer qui s'étendait au-delà.

Le soleil miroitait sur l'eau salée, qui s'étendait à perte de vue. Les vagues s'écrasaient doucement sur le sable, laissant de l'écume qui s'estompait en quelques secondes. C'était un éternel recommencement, un métronome qui battait la mesure du temps qui s'écoulait inlassablement. Lorsque les vagues se retiraient, les grains scintillants glissaient dans l'onde, disparaissant dans le fond de la mer.

J'étais attirée par cet inconnu, par l'idée de pouvoir m'aventurer dans ces lieux jamais vus. Une part de moi aimait l'idée de pouvoir atteindre un lieu jamais vu par nul autre auparavant. Je voulais ressentir ce frisson, savourer cet honneur d'atteindre le lieu vu par nul autre que moi.

Ma mélancolie et mes doutes de la matinée m'avaient totalement quittés, alors que je contemplais ce beau paysage, comme un immense mur liquide qui attendait d'être franchi. Je savais que Kanto se situait vers le sud, au-delà de l'océan, invisible depuis nos côtes. J'avais l'impression qu'un jour, je franchirais cet obstacle à dos de pokémon.

C'est drôle, mais cette merveille devant laquelle je m'extasiais venait subitement d'être réduite au rang d'obstacle. Mais, est-ce que les deux étaient vraiment antinomiques ?

Châtaigne pépia doucement, restant blotti contre mon torse. Je le caressais doucement, craignant même de lui faire mal. L'effleurer me semblait presque trop, tant il était fragile.

Au moins, l'air marin et iodé ne pouvait pas lui faire de mal. Amazonas trotta dans le sable mou, observant sa pattes s'enfoncer légèrement dans le sable. Il reniflait avec précaution les mares ou subsistait un peu d'eau non évaporée, hésitant à goûter.

Cela me fit sourire et je le laissai expérimenter par lui-même. Amazonas fit sortir sa langue râpeuse et au moment ou le bout entra en contact avec l'eau salée, il eut un mouvement de recul. J'aurais presque pu imaginer une expression de surprise teintée de dégoût sur son visage.

- Pouss … grogna t-il en me regardant.

- Fais pas la tête, il faut bien que tu découvres, lui dis-je, amusée de sa réaction.

Il poussa un grognement, avant de revenir près de mes jambes. Sa curiosité resta refrénée à peine deux minutes, le temps qu'il ne s'intéresse à une carapace de Kokiyas vidée de son contenu charnu.

Notre petite promenade dura deux bonnes heures. Amazonas était infatigable, refusant toutes mes propositions de rentrer dans sa pokéball. La façon déterminée dont il secouait de la tête, ainsi que sa manière de grogner devant sa pokéball étaient explicites.

De toute façon, je n'allais pas le rappeler, je n'étais ni pressée, ni dans une situation urgente.

Alors que je profitais de ce moment de détente, ma rêverie fut brisée par un cri.

- Eh, mam'zelle ! C'est ça ton Etourmi ? C'est un échec ! me railla t-on subitement.

Je me retournai pour voir un gamin avancer vers moi. A vue de nez, il avait trois ou quatre ans de moins que moi. Avec son short effiloché, son maillot de sport et sa casquette, il était le un cliché vivant du sale gosse qui se prenait pour un caïd. Sa dégaine ridicule et forcée n'avait d'égal que son mauvais goût vestimentaire.

Le gosse avança, me montrant son propre spécimen. Il était gros et avec des plumes noires. Visiblement, il avait dépassé le stade de poussin.

- Ca c'est un Etourmi ! D'ailleurs, est-ce que t'es vraiment une dresseuse ? m'alpagua t-il avec dédain.

- Bien sûr que je suis une dresseuse !

- Wesh bien ! J'm'appelle Rachid. Si t'es dresseuse, alors on se bat. 60 pokéthunes de récompense.

Je gardais mon poussin dans mes bras, tandis qu'Amazonas avança vers le dresseur. Sa démarche était tranquille, tandis que l'Etourmi ennemi se posa sur le sable. Je tournai mes mains de façon à ce que mon oisillon puisse assister au combat.

- Pinson, vive-attaque ! cria le gosse au teint bronzé.

Son oiseau s'envola avec un clapotis disgracieux, avant de filer vers mon pokémon, qui se replia au dernier moment. Ce fut très juste, le bec de l'oiseau effleurant le sommet de la fleur de mon pokémon.

- Attends sa prochaine attaque et frappe au dernier moment ! ordonnais-je en sachant que je devrais attendre qu'il se pose pour pouvoir le frapper.

Tortipouss sembla entendre et suivit l'oiseau du regard. Le reptile resta immobile, comme une belle cible, attendant.

- Ta merde est trop lente ! s'écria mon adversaire, tandis que son oiseau fonçait.

Amazonas se replia et ressentit l'impact, lorsque l'oiseau percuta la carapace. Son ennemi tituba après l'impact et se posa au sol pour se ressaisir, un tremblement nerveux agitant ses ailes.

La tortue avait vu le moment propice. Moi aussi.

- Charge ! exigeais-je en précisant de viser sa tempe.

Je savais que les Etourmi disposaient d'un organe les rendant magnéto-sensibles, situé dans les deux tempes. Le pokédex me renvoyait vers plusieurs travaux et j'avais étudié la faune proche de la maison, par pure précaution. Frapper cet organe désorganisait l'oiseau et j'en eus bien vite la confirmation.

Lorsque Amazonas heurta Pinson, ce dernier recula et fit des mouvements erratiques et incohérents. Implacable, j'ordonnai de frapper dans le ventre pour ne pas laisser l'opportunité à mon adversaire de se ressaisir.

Le choc fut violent et repoussa l'oiseau, qui tomba sur le dos, les ailes écartées. Il ne se releva pas et je fis signe au dresseur de rappeler son pokémon.

Le gamin rappela son pokémon, déçu. Il me tendit ma récompense et repartit sans un mot. Son arrogance avait fait place à la déception et cela me servit de leçon. La plus grande confiance pouvait mener à perdre le sens de la réalité.

Mais j'avais quand même envie de lui faire regretter ses insultes envers mes compagnons.

- Adieu, racaille de bac à sable ! lui lançais-je, tête haute.

Je décidai de revenir à Littorella, pour me reposer au centre pokémon. Le repas était payant, tandis que la location de la chambre était gratuite pour ce soir. Je n'avais droit qu'à une seule location gratuite par semaine, afin de ne pas monopoliser la place et laisser un lit chaud à tous les dresseurs, mais je ne comptais pas non plus trop m'attarder dans le coin. Fort heureusement pour moi, il n'y avait pas grand monde en ce moment. La ville était assez excentrée des principales arènes et peu de dresseurs étrangers y passaient. Quant aux dresseurs locaux, ils retournaient chez eux, plutôt que de payer pour une nuit.

La petite pièce de location était une chambre simple, sans aucune trace personnelle. C'était un abri comme un autre, mais je ne m'y attarderais pas. Je ne me sentais pas vraiment à l'aise au milieu de tout ce blanc. La tapisserie de ma chambre, avec ses posters d'idoles et de pokémon rares me manquait.

Je me couchai, vêtue de ma nuisette bleue. Amazonas s'installa dans un recoin de la pièce, replié dans sa coquille jaune. Châtaigne s'installa dans mes cheveux, refusant de me quitter. Sans la moindre gêne, il agrippa mes mèches brunes, les tortillant en cercle pour faire un nid rond.

Aucune honte, songeais-je en le laissant faire. Cependant, au vu de ma tendance à bouger dans mon sommeil, il allait avoir une surprise durant la nuit.

Effectivement, il y eut une surprise le lendemain matin, mais pas juste pour Châtaigne.

Je me levai, pour remarquer que j'étais toujours dans mon lit, enveloppée dans le drap blanc comme un Coconfort. Lorsque je pris un miroir pour voir dans quel état j'étais, je remarquai que mes cheveux formaient une masse sur mon crâne, comme un gros chignon emmêlé. Et lui …

Lui … Ce petit malin … il était toujours dessus, agrippé à cette touffe. Il avait réussi à dompter ma masse capillaire, se faisant un lit. C'était bien joué.

Châtaigne avait l'air mécontent d'avoir été réveillé en plein sommeil. Il le fit savoir, piaillant en ouvrant le bec, tendant le gosier, signe qu'il avait faim.

- Allez, il est temps de manger, annonçais-je en me frottant les yeux.

A ce mot, Amazonas trotta vers moi, réclamant son premier repas de la journée, tandis que j'avais à peine commencé à nourrir Châtaigne.

Après un brin de toilette, je recoiffais mes mèches brunes en une queue de cheval. Mon poussin se posa sur ma queue haute, s'appuyant sur mon chignon, utilisant ses petites serres pour s'accrocher.

Je rappelai Amazonas, avant de ramasser mes affaires et de partir manger au rez-de-chaussée. L'infirmière présente n'était pas la même que celle d'hier et je la saluai, commandant des sachets de nourriture pour mes deux pokémon.

Heureusement, le pokédex contenait de nombreuses informations sur leur alimentation. Mes deux compagnons pouvaient aisément trouver de quoi se sustenter dans la nature. Ces sachets étaient juste là en cas de besoin, si vraiment ils n'avaient pas eu leur dose de nourriture du jour.

Je quittai finalement le centre, me tournant vers le nord.

- A nous deux, Féli-Cité !