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Team Rocket X-Squad de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 26/07/2020 à 08:16
» Dernière mise à jour le 26/07/2020 à 08:16

» Mots-clés :   Action   Fantastique   Organisation criminelle   Présence d'armes   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 386 : Eryl et Erend
Bertsbrand se trouvait dans le bureau de la Reine Eryl, avec la reine en question, la Boss Estelle et le général Tender. Anna aurait pu venir elle aussi, mais étant donné la personne qu'ils allaient recevoir, le commandant de la X-Squad avait jugé plus prudent qu'elle demeure sur le Giovanni. Prudent pour la convenance et pour avoir une discussion poli.

- Faite-le entrer, ordonna Eryl.

Deux gardes Rockets escortaient un troisième individu portant l'uniforme typique des hauts gradés du Grand Empire. Bertsbrand l'avait déjà rencontré – et lui avait au passage donné un geste de sa considération en l’assommant en bonne et due forme – mais maintenant qu'il le voyait en présence d'Hegan Tender, il ne pouvait pas ignorer la ressemblance entre les deux frères.

- Général-en-chef Kasai Tender, du Grand Empire de Johkan, énonça Eryl. Vous étiez en direct mondial il y a deux jours encore, et voilà qu'on vous surprend en train de traverser la frontière de Johto depuis le nord, seul et avec un petit pistolet seulement pour vous défendre. Vous vous êtes rendu sans résister à la première patrouille Rocket que vous avez croisé. Si je sais encore additionner un et un, j'en conclus que le nouveau régime du Grand Empire ne vous satisfait pas.

Hegan ne dit rien mais regarda son jeune frère avec un profond mépris. Il ne l'avait jamais aimé, même quand ils travaillaient tous deux pour le Boss Giovanni. Puis Hegan avait était l'un des premiers à se rebeller contre la prise de pouvoir de Lady Venamia, alors que Kasai avait été un de ses plus fidèles soutient. Après la bataille de Doublonville il y a trois mois, Kasai avait été fait prisonnier, mais était parvenu à se libérer en profitant du chaos qui a suivi le génocide à Veframia et l'arrivée de l'Armée des Ombres. Et voilà que maintenant, il désertait carrément son propre camps. Ça commençait à faire beaucoup.

- J'aurai pu jurer allégeance au garçon, s'il n'y avait pas eu cet opportuniste en armure noire derrière lui qui doit passer le plus clair de son temps à lui murmurer Arceus sait quoi aux oreilles, se justifia Kasai. Je n'accepte pas que l'homme qu'on a tant combattu durant la guerre puisse aujourd'hui nous diriger sans que personne n'y trouve à redire ! Ils se sont tous laissés berner par la puissance apparente d'Igeus et le nom de Julian, abandonnant la fierté du Grand Empire pour un semblant de sécurité et de légitimité. Je ne veux plus rien avoir à faire avec ces lèches-bottes sans honneur !

- Hum-hum, fit son frère avec ironie. C'est vrai que question retournement de veste, tu es un sacré connaisseur.

Kasai Tender toisa Hegan Tender en plissant les yeux.

- Je ne suis pas un tourne casaque. Quoi que tu puisses avancer comme justification, c'était Lady Venamia qui était la dirigeante légitime de la Team Rocket. Le traître, c'était toi et ta bande.

- Laissons le passé derrière nous, intervint Eryl avant qu'Hegan puisse répondre. La question maintenant est : qu'est-ce que vous avez prévu en revenant à Johto ?

- Rien, admit Kasai. Remettez-moi dans ma cellule si vous voulez ; je vous promet que j'y resterai bien sagement cette fois.

- Tu m'étonnes, ricana Bertsbrand. Igeus n'a plus trop l'air d'accepter la désertion comme il l'aurait fait avant maintenant. S'il vous retrouve, vous ne ferez pas de vieux os.

- Je me fiche de vivre ou non, répliqua Kasai. Vous devriez le savoir, commandant Bertsbrand ?

Ce dernier n'avait en effet pas oublié comment Kasai, alors colonel à l'époque, avait voulu se suicider après avoir donné sa reddition. C'était à ce moment que Bertsbrand l'avait assommé, l’empêchant de se donner la mort, principalement pour ne pas avoir à annoncer à Anna la mort de son père. Elle faisait mine de le détester et de se contrefiche de lui, mais Bertsbrand pouvait se targuer de savoir lire entre sa froideur ironique apparente.

- Voudriez-vous servir la Team Rocket à nouveau ? Proposa Estelle. Abandonner l'uniforme du Grand Empire pour revêtir celui du R rouge sous mes ordres, et combattre l'armée maléfique qui déferle actuellement sur Kanto ?

Le seul surpris fut Kasai Tender lui-même. Tous les autres avaient été mis au courant avant de l'idée de la Boss et l'avaient plus ou moins accepté, avec quelques réserves cependant, surtout de la part d'Hegan. Mais Kasai Tender était un militaire compétant, et un Rocket de la première heure. Ce ne serait pas le premier à déserter le Grand Empire pour rejoindre Estelle. Sa propre fille avait fait pareil. Et Eryl y avait vu là le moyen de commencer à miner le sérieux du nouveau régime du Grand Empire en s'affichant aux côtés de son ancien général-en-chef quelques jours seulement après le couronnement de Julian.

- C'est une proposition inattendue, admit Kasai. Et surprenante d'indulgence. Qu'est-ce que ça cache ?

- L'existence même de la FAL est basée sur la réconciliation et le rassemblement, répondit Estelle. Et la Team Rocket est désormais le bras armé de la FAL. Vous avez bien servi mon père autrefois. Je ne peux pas vous en vouloir de vous être égaré dans les bras de Venamia si vous l'avez fait par loyauté et idéal. J'aimerai vous offrir cette chance. Vous serez toujours considéré comme prisonnier de guerre, mais il se peut fort bien que votre procès, une fois la paix rétablie, débouche sur un non-lieu si votre contribution s'avère satisfaisante.

- En revanche, faut que vous sachiez, intervint Bertsbrand, que j'autoriserai Anna à vous descendre elle-même si on a la moindre suspicion de trahison de votre part. Et je ne doute pas qu'elle y prenne un grand plaisir.

Hegan soupira, comme s'il aurait préféré pouvoir se charger de ça. Kasai les dévisagea à tour de rôle, et ne trouvant aucune tromperie dans leurs regards, finit par déposer les armes.

- Soit. Je ne suis pas politiquement d'accord avec ce que vous avez fait de la Team Rocket, mais j'accepte de vous servir et vous reconnaît comme Madame Boss, dit-il à Estelle. Je n'ai rien de mieux à faire, et si ça implique de combattre Igeus à nouveau un jour, ça me va.

- Le Grand Empire attendra. Il y a plus urgent actuellement.

- Bien sûr... Bon, je suppose que vous allez me faire subir un interrogatoire en règle avec des Pokemon Psy comme détecteurs de mensonge pour en apprendre le plus possible sur les forces actuelles du Grand Empire ?

- Nous ferons ça oui, dit Eryl. Mais d'abord, vous allez vous changer, revêtir une des nouvelles uniformes Rocket avec le symbole de la FAL, et vous tenir à côté de moi tandis que nous allons contacter Duttvriff. Il est temps que je présente mes respects au nouvel empereur... et à son conseiller.


***


- Liaison établie dans une minute, Votre Majesté, annonça Esliard.

Julian, assit devant le grand écran qui allait établir le contact avec le QG de la FAL à Doublonville, hocha nerveusement la tête. Outre Esliard qui s'activait devant la console des fréquences – un appareil vétuste mais seul capable d’interagir avec les infrastructures primitives et limitées de Lunaris – il y avait Erend qui se tenait derrière lui, et Patrick Pierce qui se demandait toujours ce qu'il fichait ici. Après que Kasai Tender eut fuit le pays, il avait été naturellement nommé commandant-en-chef des forces armées du Grand Empire ; un poste qu'il n'arrivait pas à concevoir du fait de son jeune âge et de son précédent grade.

Julian aussi, tout empereur qu'il soit, était loin d'être à l'aise. Il allait converser avec la Reine Eryl – une femme qui, il y a peu, jouait avec lui et lui apprenait nombre de choses – ainsi que son probable état-major de la FAL. Son grand-père, Hegan Tender, serait là sans doute. Julian ne l'avait plus vu depuis un an, et il lui manquait. Tout comme oncle Mercutio, tante Galatea et sa grande tante Solaris. Même ce chevalier géant et bourru à la moustache rose qui avait été le protecteur de son père. Il avait envie les revoir, et être de leur côté. Mais il devait avant tout s'en tenir à ce qu'Erend avait décidé. La FAL devait comprendre que seul le Grand Empire était capable de sauver le monde. Eryl et les siens devraient se soumettre à lui.

- Tout ira bien, le rassura Erend en lui posant une main sur l'épaule. On a assez répété. Tu me laisseras parler la plupart du temps. De toute façon, c'est plus moi qu'Eryl voulait contacter que toi.

Cette remarque laissa transparaître un peu d'indignation sur le visage de Julian en dépit de son stress.

- C'est moi l'Empereur. Elle ne me prendrai pas au sérieux parce que j'étais un gamin il y a quelques mois encore ? Je devrais peut-être lui rappeler d'où elle vient ?

Erend s'amusa de la réaction de son protégé. En outre parce que, pour lui, Eryl et Julian étaient pareils : des pions qu'il avait modelés pour servir de porte-drapeau.

- Je crois que c'est surtout parce qu'elle ne comprend pas ma prise de position, répondit-il. J'ignore quel degrés d’influence ont ses conseillers actuels, mais on va bien vite la faire rentrer dans les rangs. Les autres huiles de la FAL ne pourront que la suivre, sous peine d'être désavouée. C'est le début de notre unification mondiale.

- Dix secondes, prévint Esliard.

Julian se servit de ce délai pour se redresser sur son trône et prendre son air le plus impérial. Quand la liaison fut faite, Erend analysa rapidement les personnes à l'écran devant eux. Si Eryl était bien au centre, il y avait à ses côtés Silvestre Wasdens et Brimas Atilus, et derrière eux, Estelle, encadrée par les deux frères Tender. Kasai qui portait désormais une uniforme de la Team Rocket avec le symbole de la FAL. Erend sentit une brève montée de colère devant ce qui était clairement une provocation de la part d'Eryl ; une façon de lui dire qu'elle lui avait volé une de ses pièces d'échecs. Il remarqua aussi autre chose qui le déstabilisa : le regard de la Reine de l'Innocence. Erend ne l'avait plus vue depuis un an. À l'époque, elle n'était encore qu'une reine fantoche quettant sans arrêt ses conseils. Mais il y avait désormais une dureté et une confiance en soi évidente dans ses yeux noisettes.

- Votre Majesté Julian, Erend... commença Eryl. Je tenais tout d'abord à vous dire que je suis soulagée et heureuse de vous savoir en vie.

Julian était visiblement attendri par le fait de revoir son grand-père et d'entendre la voix de sa vieille amie, mais il ne laissa rien transparaître dans sa voix.

- C'est réciproque, Reine Eryl, répondit-il. Il s'est passé beaucoup de choses depuis notre dernière rencontre.

- Je regrette de n'avoir pas su te protéger du Marquis, fit Eryl, évoquant le jour où Julian fut enlevé à Algatia et renvoyé à sa mère.

- Moi pas. Je ne serai pas là aujourd'hui sinon. Prendre la couronne impériale était mon destin, tout comme celui d'unifier le monde. C'est pour cela qu'on a accepté de vous parler aujourd'hui. Pour vous demander que votre Fédération des Alliances Libres soit dissoute, et que ses pays membres rejoignent mon Grand Empire.

Les réactions ne se firent pas attendre. Estelle prit un air indigné. Silvestre se retenait visiblement à grande peine d'intervenir pour protester, et Atilus pour les traiter d'hérétiques. Hegan Tender secoua la tête, sans doute éploré d'entendre ça de la bouche de son petit-fils adoré. Seul Kasai resta indifférent. Lui et Eryl.

- La FAL est née d'un désir commun des peuples démocratiques de s'unir pour affronter l'adversité, déclara Eryl. Elle est l'aboutissement de la Confédération Libre. Une confédération que tu as toi-même fondée, Erend.

Comme prévu, Eryl avait vite changé d'interlocuteur, se doutant très bien que le réel décideur ici était la personne derrière son armure et son masque noir.

- La Confédération Libre n'avait pas vocation à perdurer, répondit Erend via son vocalisateur qui rendait sa voix artificielle et froide. C'était seulement une alliance militaire pour contrer celle de Venamia. En faire un pays fédéral tout en permettant à chaque États-membres de conserver un semblant d'autonomie ne m'avait jamais traversé l'esprit. Oh, c'était du bon boulot que tu as fait avec Silvestre, j'en conviens. Mais ça ne marchera pas. Pour la simple et bonne raison que la démocratie ne peut pas gérer quelque chose d'aussi énorme. Des dissensions vont se créer. La bureaucratie va se démultiplier, et inévitablement, la corruption va se propager. Non, Eryl. Seul un régime fort et autoritaire pourra imposer la véritable paix éternelle !

Eryl, loin d'être impressionnée, secoua lentement la tête.

- On croirait entendre Venamia. À moins que ce ne soient les mots qu'Horrorscor vous a mis dans la tête pour vous faire croire que vous étiez dans le vrai ? Je peux voir ton œil rouge d'ici, Erend. Quand tu as tué Venamia, Horrorscor a quitté son corps pour entrer dans le tien. Tu le nies ?

- Laissons de côté les Pokemon et le paranormal, renchérit Erend.

- Comment pourrai-je faire ça, alors que c'est toi qui a fait de moi, aux yeux du monde, la Reine de l'Innocence, celle qui est censée éliminer Horrorscor à tout jamais ? Tu as besoin d'aide, Erend. Reviens à Johkan, et laisse-moi le purger de ton corps ! Il ne t'a peut-être pas suffisamment corrompu pour que ça te soit fatal.

Julian suivait la conversation sans comprendre. Évidement, il ignorait à peu près tout d'Horrorscor et de ses possessions. Ni Erend ni Venamia ne lui avaient parlé de lui. Il savait juste qu'il était l'espèce de dieu maléfique que le Marquis des Ombres vénérait.

- Nous n'avons plus besoin de ton mysticisme et de ta religion fanatique pour combattre la corruption, à présent, répondit Erend. Le Marquis a décidé de jouer franc-jeu en alignant toutes ses forces. Nous le vaincrons donc par la force des armes. Le Grand Empire de Johkan sera celui qui guidera tous les peuples de la Terre contre cette menace. La question est : te battras-tu avec nous ?

- Tous les ennemis d'Horrorscor sont mes alliés, du moins à court terme, répondit la reine. Mais si ta question sous-entendait que je doive jurer allégeance à Julian et faire en sorte que le Grand Empire absorbe la FAL, alors c'est non. Nous nous battrons en tant qu'alliés égaux, ou pas du tout. Et bien sûr, ce sera sans toi aux commandes, à moins que tu sois raisonnable et que tu me laisses détruire la part d'Horrorscor en toi. La FAL ne peut pas aller combattre l'armée d'Horrorscor avec à ses côtés un homme qui abrite Horrorscor lui-même.

Erend haussa les sourcils sous son masque. Eryl ne plaisantait pas. Elle lui tenait tête. Il s'était plutôt attendu à ce qu'elle remette tout entre ses mains, soulagée de le savoir en vie et pressée d'abandonner ses lourdes responsabilités. Oh, elle aurait bien traîné du pied un peu, histoire de donner le change devant ses conseillers et les Chefs d’État de la FAL, mais elle se serait rangé derrière lui. Voilà qui était embêtant, et très curieux. Pour sûr, la petite paysanne naïve qu'il avait transformé en reine avait changé.

- Tant pis alors, fit Erend en haussant les épaules. Le Grand Empire n'a pas besoin de vous. Nous détruirons le Marquis et ses troupes tout seul.

- Vous délirez, Igeus, cracha Kasai Tender. Je connais l'état des troupes du Grand Empire. Même avec l'appui de Galar et du Saint Empire Nuk, vous serez à un contre dix face à ce qui arrive à Johto.

- Tiens, général Tender, fit mine de le remarquer Erend. Je vois que vous n'avez pas tardé à vous trouver un nouvel employeur. Mais permettez-moi de vous détromper. J'ai de quoi exterminer l'Armée des Ombres sans trop de difficulté ni de perte. Le monde verra alors que seul le Grand Empire peut être son sauveur, et fera bloc derrière lui et Sa Majesté Julian. La FAL n'aura d'autre choix que de plier le genou, ou se faire anéantir.

Les interlocuteurs d'Erend semblèrent accablés par ses paroles. Même Julian lui jeta un coup d’œil perplexe, comme si il s'était attendu à négocier avec Eryl plutôt que de sortir les menaces d'extermination.

- Erend, est-ce que vous vous entendez parler ? Lui demanda Silvestre Wasdens. Ce n'est pas vous, ça...

- Au contraire, c'est bien moi. Le VRAI moi. Sans filtre, sans langue de bois. La situation actuelle ne se prête plus au politiquement correct et à l'illusion de l'humanisme, Silvestre. Elle requiert pragmatisme et fermeté. JE suis le Sauveur du Millénaire. C'est mon destin de sauver ce monde, et je le ferai, avec ou sans vous, et ce quelque soit les moyens à mettre en œuvre pour cela.

Il fit un signe de tête à Esliard pour couper la transmission, ce qu'il fit avec un air d'adoration après les paroles d'Erend. L'écran s'éteignit sur l'air déboussolé et malheureux d'Eryl. Mais c'était sa faute. Elle s'était montrée trop butée, trop fière. Julian resta silencieux un moment, puis se leva et se tourna vers son mentor en quête d'explication.

- Pourquoi avoir réagi comme ça ? Demanda-t-il d'un air plaintif. Nous aurions pu négocier...

- Cette entrevue n'avait pas pour but une négociation, Votre Majesté, lui rappela Erend. C'était uniquement pour offrir une chance à Eryl et aux autres de se ranger derrière nous. Ils l'ont refusée. C'est regrettable, mais pas important. Comme je l'ai dit, nous vaincrons l'Armée des Ombres sans eux. Et alors, ils n'auront pas d'autre choix que d'admettre la toute puissance du Grand Empire.

- Mais... quand même... protesta l'empereur. On avait l'air de passer pour les méchants à leurs yeux.

- Peu importe pour qui on passe ou l'état de notre popularité. Nous avons un devoir, et nous l'accomplirons.

- Et ce qu'Eryl a dit... à propos de cet Horrorscor qui serait en toi... C'est un mensonge, n'est-ce pas ?

Erend fit un geste de la main, comme pour montrer son désintérêt total du sujet.

- Eryl est aveuglée par sa nature paranormale et la religion que nous avons crée pour elle. Et ce fanatique de Brimas Atilus ne cesse de lui murmurer ses délires rigoriste sur l'Innocence à l'oreille, ce qui n'arrange pas les choses. Elle en est venue à voir la Corruption partout, ou peut-être même à avoir des hallucinations. Nous n'avons aucune preuve de l'existence de ce Pokemon. À mon avis, il est seulement une vue de l'esprit. Tous ceux qui ne suivraient pas le juste chemin qu'Eryl a tracé est possédé par Horrorscor. Du coup, elle n'a pas besoin de s’embêter de débattre. Son opposant est clairement maléfique. Pratique hein ?

- Ah. Oui.. c'est sûr, vu comme ça...

Julian avait gobé les paroles d'Erend et paraissait soulagé. Mais bien sûr, il y avait quelque d'autre dans la pièce, en dehors d'Esliard, qui ne pouvait pas être leurré de la sorte.

- Seigneur Igeus, j'aimerai vous parler en privé...

Erend se tourna vers Imperatus, arrivée à Duttvriff il y a seulement quelques heures. Elle avait quitté la FAL de son propre chef pour revenir à ses côtés. Mais à l'inverse d'Eryl qui avait preuve de puérilité en montrant bien Kasai Tender à ses côtés pour narguer Erend, ce dernier n'avait pas souhaité qu'Imperatus apparaisse sur l'écran, principalement parce qu'il savait que ça aurait été difficile pour la Pokemon. Julian, qui comprit qu'on voulait le mettre à l'écart, fronça les sourcils.

- Je peux entendre tout ce qu'on dit au Seigneur Igeus, répliqua-t-il.

- Naturellement, Votre Majesté, fit Imperatus en s'inclinant. Mais il ne s'agit là que d'affaires personnelles qui ne requiert aucunement que vous vous troubliez l'esprit pour cela.

Erend sut qu'il ne pourrait pas y échapper longtemps, donc autant que ce soit fait.

- C'est bon Julian. Comme le dit Imperatus, tu as bien d'autres choses à penser.

Sans attendre son autorisation, il fit signe à Imperatus de la suivre hors de la salle du trône, jusqu'à la coursive menant au grand hall, où il chassa les gardes. Imperatus attendit qu'ils soient seuls, puis commença :

- Erend, je suis revenu vers toi de mon plein gré, alors même qu'Eryl avait argumenté, supplié puis menacé pour que je reste. Je l'ai fait parce que tu es mon dresseur, mon ami et que je crois en toi. Mais cette confiance a besoin d'être réciproque. Alors j'aimerai entendre la vérité, pas les vagues allusions faites pour noyer le poisson que tu as servies à Julian. Es-tu oui ou non possédé par Horrorscor ?

Jadis, Imperatus aurait pu lire la vérité sur le visage d'Erend. Elle avait toujours été très douée pour déchiffrer ses expressions ou le moindre changement sur son visage. Mais désormais, ce n'était plus possible. Elle ne pouvait voir que ce masque noir, dont l'un des yeux derrière la visière réfléchissante était clairement rouge.

- Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Lui demanda Erend.

- Je pense que tu l'es. Mais je pense aussi – ou plutôt j'espère – que tu as encore toute ta tête et que tout ce que tu fais et que tu comptes faire est le fruit d'un plan précis qui bénéficiera au plus grand nombre, et non d'une influence néfaste d'Horrorscor.

- Alors à quoi bon en parler ? Les actes sont plus éloquents que les mots. Je vais anéantir l'armée d'Horrorscor et la corruption actuelle qu'il a jetée sur le monde, et j'unifierai la planète sous le règne de Julian, pour des années et années de paix. Je te le promets, Imperatus. Tout est clair dans mon esprit, jusqu'aux moindres détails de ce qu'il me faudra faire pour y parvenir.

- J'aimerai te croire, soupira Imperatus. Mais le fait est que tu as changé, même si c'est compréhensible après ce que Venamia t'a fait subir. Et le fait est aussi que Tender a raison : ce que tu as de l'armée du Grand Empire ne te permettra jamais de vaincre seul celle du Marquis.

- Je n'aurai pas besoin d'armée. Juste d'un équipage réduit, et d'une navette spatiale.

La Pokemon plissa ses grands yeux noirs en amande, avant de comprendre.

- Tu comptes utiliser Atlantis ? Ça m'étonnerait que Nuelfa soit d'accord.

Atlantis, la Cité Perdue Légendaire, était en réalité un vaisseau-ville géant bâti il y a des millénaires par une race humanoïde très évoluée: les Primordiaux. C'était également l'un d'entre eux qui avait forgé les Trois Dieux Guerriers, et quantité de technologies surprenantes. Il y a un peu moins de deux ans, avant que la Guerre Mondiale ne débute officiellement, Atlantis avait réémergé des étendues gelées de la région Bakan, là où Erend était né. La cité était alors sous contrôle d'êtres mécaniques surpuissants nommés les Akyr. Sous les ordres du Grand Forgeron Memnark, un Primordial fou et dévoyé, ils avaient tenté de conquérir la Terre. La Confédération Libre d'Erend s'était alors alliée à une Primordiale nommée Nuelfa pour combattre les Akyr, récupérer Atlantis et vaincre à jamais Memnark.

Nuelfa avait alors mis la Cité Légendaire en orbite autour de la Terre, le temps qu'elle accomplisse toute une série de réparations, afin de ramener Atlantis dans l'Empire Infini, la zone spatiale contrôlée par les Primoridaux. Si Imperatus doutait que Nuelfa accepte de préter à Erend la toute puissance d'Atlantis, c'est que les Primordiaux refusaient d'intervenir dans des conflits qui n'étaient pas les leurs, surtout quand ils concernaient des êtres moins évolués qu'eux, comme les humains ou les Pokemon.

- Nuelfa a une dette envers nous, répondit Erend. Et je ne compte pas me servir d'Atlantis contre mes rivaux, juste contre cette armée de zombis et de spectres qui est clairement une menace contre le monde entier. Elle ne pourra pas refuser. Juste un seul tir ou deux de son Lunaturion, son super-laser, depuis l'espace, et l'affaire sera pliée.

- Le Lunaturion est alimenté par l'énergie stockée dans le Lunacier de la cité, rappela Imperatus. Sans elle, Nuelfa mettra bien plus longtemps à faire les réparations nécessaires à un voyage spatial de grande ampleur...

- Nuelfa est restée bloquée sur Terre pendant des millénaires, lui rappela Erend. Elle n'est plus à un ou deux ans prêt. Nous lui avons repris Atlantis et nous avons éliminé Memnark, le plus grand criminel de sa race. Je crois qu'elle doit bien cela à la Terre.

Imperatus garda le silence un moment, n'ayant rien de plus à opposer à ce qui semblait un plan logique et raisonnable, mais l'attitude d'Erend l'inquiétait. Elle demanda alors à voix basse :

- Erend... C'est vraiment le Lunaturion que tu veux en allant sur Atlantis... ou bien la Source de l'Infini ?

Elle faisait référence à la plus grande création des Primordiaux, dissimulée au sommet de la pyramide d'Atlantis. Nuelfa la leur avait montré à eux seuls, avec pour consigne de ne jamais le dévoiler à personne. Le pouvoir de l'immortalité même.

- Je n'ai pas changé d'avis à ce sujet, rassure-toi. Et ce encore moins depuis que je suis bloqué dans cette fichue boite de conserve noire avec un corps diminué incapable de guérir complètement. Une éternité là-dedans, ça ne me dit pas grand-chose.

- Soit... Alors tu n'auras aucune objection que je vienne avec toi sur Atlantis, juste... pour dire bonjour à Nuelfa ?

- Pas la moindre, lui assura Erend. Viens donc, mon amie. Tu assisteras aux premières loges à l'accomplissement de mon destin de Sauveur du Millénaire !


***


Tout le monde garda le silence après qu'Igeus eut coupé la communication, attendant avec inquiétude la réaction de la Reine Eryl. Cette dernière garda le silence et la tête baissée un moment, comme si elle faisait le tri entre ses émotions. Quand elle releva la tête, son regard brillait d'une détermination certaine, et de son corps émana cette lueur blanche qui se montrait à chaque fois qu'elle éprouvait des sentiments forts.

- Brimas...

- Votre Majesté ? Fit le chef des Blancs Manteaux en s'inclinant.

- Je vous charge de me représenter au Haut Conseil de la FAL et de parler en mon nom et en celui de l'Innocence pendant que je serai absente.

- Vous... vous voulez dire que...

- Oui. Je pars en guerre. Nous n'avons visiblement rien à attendre ni à espérer du Grand Empire de Johkan. Il sera probablement un problème plus tard, mais d'abord, il faut nous occuper du Marquis. J'ordonne le lancement immédiat de toutes nos forces à l'Est de Kanto, et la destruction totale de l'Armée des Ombres. La dernière bataille entre l'Innocence et la Corruption va commencer. Mais elle ne s'achèvera réellement que lorsque nous aurons éliminé Erend Igeus, le dernier hôte d'Horrorscor.