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Les Apôtres d'Erubin de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 07/06/2020 à 08:19
» Dernière mise à jour le 27/09/2021 à 18:05

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

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Chapitre 26 : Sombres avenirs
- T'as vu ça, Dududush-Kloën ! Cet être subliminal du cosmos profond me regarde avec un drôle d'air ! Impossible... Aurait-il détecté l'Auge Allwisend sommeillant en moi ?!

Dan tourna à peine le regard vers Leslia et le Pokemon qu'elle observait.

- C'est un Castorno. Ils ont toujours cet air surpris. Me dis pas que t'en as jamais vu ? Ils sont originaires de Sinnoh, pourtant…

- Il n'y a pas d'êtres de ce type dans l'Aire de Détente, certifia la jeune femme. Juste quelques Pokemon aquatiques vivant dans nos petits lacs... Comment se fait-il qu'il y en ait autant ici en liberté en pleine ville ?!

Ils venaient d'arriver à Bonport par bateau, et Leslia ne cessait de s'émerveiller des plus simples Pokemon qui erraient dans les rues et allées à la grande indifférence des autres passants.

- C'est Almia ici, ma belle, dit Dan. La capture des Pokemon est interdite, et ils le savent. Ils se sont donc installés partout, même à côté des humains. Nos deux races vivent en parfaite harmonie et symbiose, ici.

Dan était ravi de pouvoir retrouver la terre ferme après trois jours de bateau depuis Sinnoh. La mer et lui, ça n'avait jamais été trop ça. Mais c'était obligatoire pour aller à Almia. Il n'y avait aucun aéroport sur dans la région. Les habitants n'en voulaient pas, pour des raisons de défense de l'environnement et des Pokemon.

- Alors, alors, alors ? On va où ? Demanda Leslia en sautillant autour de lui. Directement chez Gelbzoranim, mon éternel promis, le Light Slayer, wer die trotz bringt ?

- On ira juste avant de partir. J'ignore combien de temps les profs de l’École Ranger voudront me garder. Et arrête de causer nukien, tu vas te faire remarquer, et en mal. Les habitants du Reich sont les bienvenus nulle part, sauf au Reich.

Leslia n'avait jamais mis les pieds dans le Saint-Empire Nuk bien sûr, mais elle avait de lointaines origines nukiennes. Sa famille était à la base des aristocrates du Reich, qui avaient été exilés pour cause de désaccord politique. Dan savait aussi que Leslia n'avait jamais appris à parler la langue rude du Saint-Empire ; elle avait seulement enregistré quelques mots précis pour les sortir quand elle donnait ses titres absurdes aux gens. Ça faisait probablement plus « style » en nukien.

Ils auraient pu prendre un taxi jusqu'à l’École Ranger, mais comme ils étaient à Almia, autant se déplacer comme les Top Rangers le faisaient. Il ouvrit le clapet de son Capstick et pianota jusqu'à activer la fonction de « taxi Etouraptor ». La Fédération Ranger en avait plusieurs, mis à disposition des Top Rangers, qui pouvaient les appeler grâce à un signal spécifique envoyé par leurs Capstick. Et en effet, dix minutes plus tard, deux de ces féroces Pokemon Vol atterrirent devant eux.

- Ohhhh ! S'exclama Leslia. Des messagers ailés du destin, venus nous amener jusqu'au lieu où nos âmes immortelles sont irrémédiablement attirées !

- Mouais... En fait, mon âme immortelle était loin d'être attirée par l’École Ranger. Je me suis toujours esquivé quand il s'agissait d'y revenir pour donner des cours ou animer des ateliers devant les gamins. L'enseignement, ça n'a jamais été mon truc. C'est pour ça que je n'ai jamais pris de d'apprenti Ranger avec moi d'ailleurs.

- C'est un grave manquement, Maître de la Pureté, renchérit Leslia. Transmettre aux jeunes est l'essence même du renouvellement. Je sais d'ailleurs que mon Honorable Mère attend de toi que tu prennes au plus vite un disciple parmi nos Gardiens de l'Innocence en devenir, ainsi que je l'ai fait.

Dan grimaça. Il était effectivement de coutume qu'un Gardien attitré et expérimenté prenne à ses côtés un des quelques enfants qui se destinaient à Erubin, pour lui enseigner la voie de l'Innocence et les missions qui en découlaient. Ils étaient le plus souvent des enfants de Gardiens, mais parfois, ça arrivait qu'un Gardien en mission rencontre de jeunes dresseurs ou coordinateurs qui souhaitaient rejoindre l'organisation. Actuellement, il y en avait quatre, au manoir Divalina. Leslia n'avait pas hésité à en prendre un ; une adolescente de quinze ans, coordinatrice de Sinnoh, nommée Johanna. La pauvre fille faisait souvent les frais des fantasmes imaginatifs de Leslia. C'était un miracle qu'elle n'ait pas perdu l'esprit ou supplié les Apôtres de changer de formateur.

- Je ne me vois pas aller risquer ma vie en affrontant je ne sais quel Agent de la Corruption en amenant un gamin avec moi, répliqua Dan. Je suis un Gardien d'action.

- Tout comme moi. Et je n'ai pas amené ma schüler des lichts quand nous sommes partis à Unys affronter Verelosius. Ça ne m’empêche pas de lui apprendre tout un tas de trucs quand je suis au manoir.

- Ouais, je suis sûr qu'elle en appris bien plus qu'elle désirait savoir avec toi...

Dan savait qu'elle avait raison, bien sûr. Tous les futurs Gardiens ne se prédestinaient pas au combat. En fait, la plupart des Gardiens ne faisaient que vivre leur foi, loin de la base et de toutes activités dangereuses. Ils vénéraient Erubin et tâchaient de vivre leur vie éloignés de toute corruption, et parfois en enseignant ça autour d'eux. Les Gardiens de l'Innocence, étaient, après tout, censés être pacifiques. Ceux qui, comme Dan, Leslia ou encore Togesplit, luttaient activement contre les Agents de la Corruption, étaient fort peu nombreux.

Durant leur vol à dos d'Etouraptor, Dan dut constamment vérifier que Leslia le suivait bien, et surtout que le Pokemon ne l'avait pas fait tomber en cours de route. Non pas que la jeune femme ne se tenait pas bien, mais elle ne cessait de lui crier des choses diverses et variées aux oreilles, comme quoi il serait Der geflügelte Tod, la Mort-Ailée qui avait combattu aux côtés de la trois-cent quinzième détentrice de l'Auge Allwisend contre les êtres impurs des frontières du néant matériel. Dan craignait donc que l'Etouraptor en ait marre et la largue en plein vol. Mais ce serait bien sûr mal connaître le dressage hautement professionnel que les Rangers de la Fédération pratiquaient sur ces Pokemon Vol.

Une vingtaine de minutes plus tard, ils étaient à l’École Ranger. Dan ne se priva pas bien sûr de faire sensation en sautant de sa monture pour atterrir dans la grande cours devant quelques élèves. Et immédiatement, ce fut un tohu-bohu sans nom. Les adolescents se précipitaient sur lui pour demander son autographe, les élèves en cours sortaient en courant sans attendre l'autorisation de leurs professeurs, certains même en passant par les fenêtres. Dan signa au hasard avec tout ce qui lui passait par la main, dont quelques fois avec du rouge à lèvre. Et quand les professeurs sortirent enfin, il n'eut droit qu'à divers regards noirs.

Dan retint un sourire. Il n'avait pas fait ça pour les contrarier, mais il se sentait obligé de profiter pleinement de sa popularité, alors qu'il était là un peu contre son gré. Et puis de toute façon, Dan avait tellement était un élève turbulent prompt à inventer mille et unes bêtises que pas beaucoup de professeurs de l'époque ne devaient garder de lui un bon souvenir. Il n'y en avait qu'un qui s'avança vers Dan avec un sourire sincère, et c'était le proviseur Dumont en personne, dit le Magnifique.

Pourquoi on le surnommait le Magnifique ? La présidente Marthe lui en avait parlé, une fois. C'était le sobriquet qu'elle-même et le professeur Pressand lui donnaient dans leur jeunesse commune, en raison de son look toujours impeccable de gentilhomme. Il était autrefois un séducteur invétéré. Et bien que proche de la cinquantaine aujourd'hui, il était toujours très bel homme, avec son costume noir impeccable, son nœud papillon rouge et son visage de dandy qui semblait être sculpté dans le marbre. Dan lui serra la main en lui rendant son sourire.

- Dan Sybel, ça par exemple ! S'exclama Dumont. Doit-on nous inquiéter d'une possible catastrophe naturelle prochaine si vous en êtes venu à enfin nous rendre une petite visite ?

- Probablement deux-trois tsunamis, une ère glaciaire à Alola et peut-être même le retour de la Peste Grise, répondit Dan d'un air léger. Rien que je ne puisse pas gérer.

Dumont éclata de rire et tapa derrière le dos de Dan comme l'aurait fait un vieil ami. Le proviseur avait toujours été très débonnaire et familier, en dépit de son look de bourgeois de haute famille.

- Entrez, entrez... fit-il en désignant le bâtiment. Allons un peu discuter dans mon bureau, et après seulement je vous laisserai aux regards émerveillés de nos jeunes. Alors, comment ça se passe, dans votre belle région de Kanto ?

Dan commença à répondre, quand il y eut un murmure collectif et étonné de la part des élèves sur place. Leslia venait d’atterrir et s'émerveillait déjà de tout en donnant des surnoms étranges aux quelques Pokemon présents. Dan secoua la tête. Il avait presque oublié son amie. Il se dépêcha de dire à Leslia de l'attendre dehors, de visiter mais de ne rien faire ou dire de trop bizarre, et surtout, de ne pas invoquer Xivalori.

- Ton inquiétude insistante est une insulte, Dududush-Kloën, répondit la jeune femme. Sache que j'ai appris à parfaitement bien me comporter selon les standards des êtres matériels, à tel point qu'aucun d'entre eux n'a jamais su deviner que j'étais la détentrice de l'Auge Allwisend. Nul ne sait mieux se fondre dans la masse ignorante que moi !

Et bien sûr, elle avait dit cela à haute voix, devant tout un groupe d'élèves et de professeurs. Dan décida de laisser tomber.

- Ah, s'agit-il de votre chère et tendre, Dan ? Voulut savoir Dumont quand Dan l'eut rejoint.

- Euh... Pas vraiment. Enfin peut-être. Je veux dire... pas encore.

- Même si ce n'est pas le cas, je vous conseille de faire comme si, ricana le principal. Sinon, vous prenez le risque que votre cours ne soit qu'une remise constante de lettres d'amour de la part de nos jeunes étudiantes.

Dan jeta un coup d’œil rapide à l'attroupement d'élèves qui le suivaient du regard, en particulier les filles. La plupart d'entre elles étaient quasiment des femmes, et Dan lui-même n'avait que vingt-et-un ans. Étrange, comme ça lui semblait une éternité qu'il avait quitté ce lieu pour devenir un Ranger professionnel. Du coup, ça ne l'aurait pas foncièrement dérangé qu'une ou deux de ses adolescentes viennent lui faire les yeux doux. Mais avec les professeurs à côté et surtout Leslia, il vaudrait mieux pour lui ne pas encourager cela.

Pendant deux secondes, son regard croisa celui d'une des étudiantes, une jeune fille aux longs cheveux noirs et aux grands yeux noisettes. Elle était entourée de deux garçons qui semblaient se disputer à propos d'un des exploits de Dan, et elle observait ce dernier avec une sorte de regard évaluateur qui ne plut pas beaucoup au Top Ranger. Dan Sybel ne croyait guère au destin, et pourtant, il venait de voir le sien. Son âme sœur et sa Némésis, son plus grand bonheur et son pire malheur, celle qui allait bouleverser sa vie comme jamais une vie n'aura été bouleversée. Mais ça bien sûr, il l'ignorait, et oublia jusqu'au visage de la jeune fille dès qu'il se remit à parler avec Dumont.


***


Vrakdale frappa à la porte des appartements du Marquis à Dolsurdus, et attendit patiemment qu'on lui dise d'entrer. Ce fut une voix faible et rauque qui le lui fit savoir. Le jeune homme franchit le seuil de la porte en retirant son chapeau et en s'inclinant avec respect.

- Monseigneur. Je viens au rapport.

Vaalzemon était couché sur son lit médicalisé, sans son masque habituel, son visage gris et maladif, le corps intraveiné en de nombreux endroits. Sa fidèle aide et assistante, Kaorie, ce Pokemon vaguement transformé en humain, s'occupait de ses soins. Deux des yeux de son corps se braquèrent sur Vrakdale, qui tâcha de garder un air neutre. Il avait toujours trouvé répugnant cette mutante sans visage au corps gris avec des yeux oranges à chacune de ses articulations. Mais Vrakdale ne se serait disputée avec elle pour rien au monde. D'une, elle était muette, et deux, elle ne dérangeait jamais personne et était totalement vouée au Marquis.

- Ah, mon brave Vrakdale... Approche un peu…

Cloué au lit par le cancer qui le rongeait, Vaalzemon, le Savant Noir, n'était plus que l'ombre de lui-même. Toutefois, son esprit acéré n'avait rien perdu de son intelligence, et son œil gauche luisait toujours de la lueur rouge attestant de la présence d'Horrorscor en lui.

- La maladie, c'est électrisant. J'ai beau posséder un savoir incommensurable grâce à toutes mes années de science et à la mémoire millénaire de notre Seigneur, j'ai beau maîtriser des pouvoirs spectraux et ténébreux qui rendraient jaloux n'importe quel G-Man, je suis impuissant face à un adversaire si petit que je ne peux même pas le voir... Une belle leçon d'humilité, et une preuve de plus, s'il en est, de la prédominance du corps sur l'esprit. Et je ne peux qu'attendre, passant mes journées dans ce lit, à me demander quand est-ce la mort me prendra.

Il ricana, et jeta un coup d’œil à Vrakdale, qui était resté de marbre.

- Ah, mais bien sûr, tu n'es pas vraiment la bonne personne à qui me plaindre. Je ne t'apprends rien sur le fait d'être un mort en sursis et de vivre avec la douleur comme éternelle partenaire, hein ? Moi au moins, si mon état me pèse trop, je pourrais me suicider. Mais le Seigneur Horrorscor me l'interdira tant que nous n'aurons pas trouver un nouvel hôte adéquat. Qu'en est-il à ce sujet ?

- Briantown connaît quelques avancées, mais ces choses là prennent du temps.

- Hélas, le temps est ce qu'il me manque. Grâce aux soins de ma bonne Kaorie et à l'énergie obscure dont me fais grâce notre Seigneur, je peux espérer tenir un an, tout au plus. Et c'est déjà énorme.

- Si nous n'y sommes pas parvenus d'ici là, Briantown pourra toujours servir d'hôte temporaire à Horrorscor, le temps que notre cible soit pleinement des nôtres, fit Vrakdale.

- Certes, mais le Seigneur Horrorscor n'apprécie guère les changements de corps. Ça lui demande une quantité d'énergie importante, alors que nous faisons tout pour la lui restaurer au fil des ans. Il ne va pas entrer en Maxwell et repartir quelques mois après. Et puis, un Marquis temporaire, ça ne sonne pas très bien pour la postérité de notre noble lignée. Je tâcherai de tenir le temps qu'il faudra. Surtout que je ne voudrais pas priver Maxwell du plaisir de me tuer lui-même. La vengeance est un chemin vers la Corruption que si elle est accomplit, et qu'elle se révèle aussi futile qu'idiote.

Vaalzemon eut alors une sévère quinte de toux qui l'étouffa à moitié, et Kaorie se servit de ses ondes psychiques pour calmer sa crise et l’apaiser.

- Mais assez parler du futur, reprit-il quand il retrouva son souffle. Parlons du présent. Qu'es-tu venu m'apprendre, mon brave Fedan ?

- Verelosius a été tué, répondit Vrakdale sans digression.

Le Marquis se redressa sur son lit pour se mettre assis, mais garda le silence un moment, ses yeux perdus dans le vide. Au bout d'un moment, il fit :

- C'est... fâcheux. Comment cela s'est-il produit ?

- Nous avions des raisons de craindre que les Gardiens de l'Innocence avaient découvert la localisation de sa planque à Unys. Je lui ai même conseillé d'évacuer, par mesure de prudence. Il ne m'a pas écouté. Il a insisté pour rester et pour « accueillir » lui-même les Gardiens s'ils décidaient de venir.

- Tu me dis que sont les Gardiens qui ont tué Verelosius ? Ce n'est guère dans leurs habitudes…

- On doit sa mort directe à Togesplit. Mais c'est ce fameux Dan Sybel qui a percé son mécanisme de défense à jour.

Vaalzemon se rallongea sur son lit, se grattant le menton d'un air pensif.

- Comme c'est électrisant... Les Gardiens deviennent de plus en plus dangereux. Sans doute ont-ils saisi avant nous que l'affrontement direct entre nos deux camps est pour très bientôt, et on changé leur politique, ou du moins leurs membres les plus pacifiques ? Enfin, pour Togesplit, c'est notre faute bien sûr. Et il serait bon que quelqu'un la répare assez vite en envoyant cette abomination ratée chez Giratina.

- Si vous voulez la mort des Gardiens, vous n'avez qu'à m'envoyer, signala calmement Vrakdale. Je peux tous vous les débusquer et les tuer en peu de temps.

- Nous en avons assez fait pour attirer l'attention sur nous à Automnelle. La suspicion n'est toujours pas retombée, et je suis sûr que les Gardiens doivent collaborer à un certain niveau avec les différentes organisations mondiales qui sont chargées de mener l'enquête sur Zestira. Et puis... nous ne cherchons pas à éliminer méthodiquement tous nos ennemis, Fedan. Notre but, c'est de les corrompre. Plus un adversaire est dangereux, plus il peut s'avérer le meilleur des alliés une fois que le Seigneur Horrorscor s'est occupé de lui. Togesplit, ce serait le seul dont il nous faut nous débarrasser pour le moment. Lui, on ne pourra plus rien en tirer.

Vrakdale acquiesça. Ce serait à lui de s'en charger, bien sûr. Le pouvoir de Togesplit était très dangereux, mais il ne marcherait pas sur Vrakdale. Son corps était figé dans le temps, et ne pouvait ni être blessé ni être « modifié ». En contrepartie, il était condamné à brûler lentement. C'était là le triste résultat de l'expérience d'une bombe temporelle qu'il avait en grande partie imaginée pour la Team Rocket.

- Ah, tant que tu es là, ajouta Vaalzemon, j'ai quelque chose pour toi. Le second tiroir en partant du haut. Ouvre-le...

Vrakdale s'approcha du bureau en bois noir ouvragé – qui devait dater d'un des tous premiers Marquis – et ouvrit le tiroir en question. Il fut étonné d'y trouver le gantelet sombre que Vaalzemon portait toujours à sa main droite, et qui semblait renforcer ses pouvoirs.

- Le moment n'est pas encore venu pour moi, mais je ne pourrai certainement plus faire étalage de ma toute puissance désormais. Donc prends-le. C'est mon Gantelet des Ombres, une de mes créations. Conçu pour augmenter les capacités de type Spectre et Ténèbres.

Vrakdale prit le gantelet finement sculpté. Un bien bel ouvrage, mais le jeune homme ne voyait pas pourquoi le Marquis lui donnait ça.

- Vous m'honorez, monseigneur, mais à quoi me servirait-il au juste ? Je n'ai aucun pouvoir Spectre ou Ténèbres.

- Je te le confie pour que tu le gardes, et qu'un jour, tu le donnes à quelqu'un qui en aura l'utilité. Mon successeur par exemple, s'il choisit de bénéficier des pouvoirs du Seigneur Horrorscor.

- Vous savez que ma durée de vie est limitée. Pourquoi ne pas le confier à Fantastux ? Il œuvre pour les différents Marquis depuis le tout premier, et n'a aucun risque de périr de vieillesse ou de maladie.

- Parce que tu es un scientifique, comme moi. Un être aussi primaire que Fantastux ne saurait apprécier toute la beauté d'un objet comme celui-là. Et puis, j'ai bien plus confiance en toi qu'en lui pour ce genre de mission. Il se contenterai de le fourguer dans son chapeau et de le plonger dans son antre de néant pour qu'il y disparaisse sans doute à jamais.

Vrakdale haussa les épaules. La confiance et les éloges du Marquis ne lui faisaient pas grand chose, mais il accomplirait ce qu'il attendait de lui. C'était la seule chose qu'il puisse faire.

- Fedan... Je compte beaucoup sur toi pour la suite, poursuivit Vaalzemon. Tu es puissant, intelligent et sage, et tu comprends la Corruption mieux que quiconque. Qui que soit le Marquis après moi, et même celui encore après, c'est toi qui pourras le mieux faire fonctionner les Agents de la Corruption. Notre Seigneur te voit comme un serviteur de grande qualité. Aussi, une fois que mon successeur sera prêt, et que la guerre contre les Gardiens de l'Innocence aura débuté, c'est toi qui devra mener à bien la plus importante des tâches : celle de réunir enfin les Pierres d'Obscurité, afin que le Cœur d'Horrorscor soit à nouveau un et entier en prévision de son retour.

Vaalzemon se redressa une nouvelle fois pour prendre le bras de son serviteur entre ses mains faibles et tremblantes.

- Fedan Vrakdale. Tu connaîtras des années de souffrance jusqu'à ta mort inévitable. Tu opéreras le plus souvent dans l'ombre, sans connaître la gloire et la reconnaissance. Tu devras t'incliner devant des Marquis qui en auront fait bien moins que toi pour notre cause. Tout ne sera en toi que douleur, ressentiment et colère refoulée. Ta vie ne sera que misère, mais ce sera une misère qui servira bien le Seigneur Horrorscor, pour qu'en retour, il transmette cette misère aux autres. Parce que c'est dans la souffrance qu'une existence prend tout son sens. Et toi Vrakdale, tu es cette Souffrance, et tu es celui destiné à en faire profiter le monde entier, car c'est la seule chose qui te soulagera ! Partage ta souffrance avec les autres. Ainsi, tu ne seras plus seul.

Vrakdale serra les poings. Non pas de colère, mais d'émotion. Le discours du Marquis, aussi terrible soit-il, était exactement ce qu'il avait besoin d'entendre. Il se fichait de la pitié, elle ne lui était d'aucune utilité. Non, il voulait juste que quelqu'un le reconnaisse pour ce qu'il était, même si ce n'était que misère et douleur. Il voulait que son destin dramatique ait un sens. N'importe lequel. Il était incapable d'échapper à ce qui l'attendait : des années de douleurs qu'il ne pourra endiguer, et l'impossibilité de ressentir quoi que ce soit d'autre. Ni la satiété, ni le sommeil, ni le plaisir de la chair. Rien, à part cette brûlure constante qui allait s'aggraver au fil du temps. Alors, au lieu de sombrer dans une folie sauvage et inutile, autant faire en sorte d’œuvrer pour une Corruption qui allait enfin mettre les hommes à nu, briser tous les tabous et les convenances, et apporter la souffrance sur ceux qui y résisteraient.

À compter de ce jour, Vrakdale devint le bras droit de tous les Marquis qui allaient se succéder. Celui qui, dans l'ombre, parlait et agissait en leurs noms, l'esprit vide de toute ambition ou désir quelconque à part une éternelle fidélité en Horrorscor, le seul qui avait su l'accueillir et le réconforter. Car la Corruption vous comprenait et vous consolait. Elle était douce, elle était bienveillante envers vous, qui que vous soyez. Elle ne vous demande seulement que d'être vous-même.