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Rubis & Saphir - The Origins de Feather17



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Informations

» Auteur : Feather17 - Voir le profil
» Créé le 16/04/2020 à 17:58
» Dernière mise à jour le 05/09/2020 à 22:55

» Mots-clés :   Action   Aventure   Drame   Hoenn   Présence de personnages du jeu vidéo

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057. 4x11 - La folie la plus sage
Précédemment : Sofian veut devenir un champion d’arène et part en voyage dans Hoenn en compagnie de Flora, dont le rêve est de devenir une célèbre coordinatrice pokémon, et Timmy, un jeune garçon à la santé fragile qui doit rejoindre Vergazon. Lors de leur premier affrontement avec la Team Aqua, un effondrement bloque le passage du Tunnel Mérazon. Durant leur périple, le groupe rencontre Hélène, Charles et Dan, trois étudiants de l’École Pokémon Fondamentale de Mérouville. Ils se lient aussi très vite d’amitié avec Annick, une amie d’enfance de Timmy qui devient la meilleure amie de Flora. De leur côté, Jessie, James et Miaouss se retrouvent à travailler pour Max Magma qui pratique des expérimentations sur le Galifeu de Sofian qui en ressort traumatisé. Le Rosélia d’Annick souffre atrocement depuis les affrontements et celle-ci la transfert au Professeur Seko juste avant la panne du système de PC. A Mérouville, toute la bande d’amis se retrouvent et la championne Roxanne arrive à aider Galifeu à contrôler sa puissance. Annick part en compagnie de Dan, qui désire travailler avec le Professeur Seko, rechercher son Rosélia soignée au Bourg-en-vol. Flora obtient le pardon de ses parents. Sofian, Flora et Timmy partent en direction de Vergazon où se tiendra le prochain concours de coordination Pokémon.

Une perle s’échappa du bout de son nez et termina sa course sur le bout de papier froissé. Il n’avait pu l’empêcher. Il avait tenu bon jusqu’à ce jour, il ne devait pas craquer. Car s’il se laissait envahir par la tristesse, l’espoir le quitterait à jamais. Et il ne pouvait perdre espoir. Pas s’ils voulaient un jour se revoir.
La tristesse laissa alors place à la rage. Il fallait que tout cela se termine une bonne fois pour toute. Il ne pouvait pas laisser le monde aller contre son amour. Ah, il ne pouvait pas creuser ? Ah, c’était illégal ? Eh bien, il s’en fichait. C’était décidé, il allait abattre ce mur, coûte que coûte. Et aucune menace d’emprisonnement ne l’arrêterait !
Il releva la tête, face à ce mur impassible à son désespoir, et se jeta à mains nues sur les premiers rochers qui se dressaient face à lui.

Pokémon #201c
Mérouville

C’était une habitude qu’ils avaient prise ces trois derniers jours, et elle ne pouvait pas nier que cela ne lui plût pas. Se réveiller à une heure tardive, quitter sa chambre d’hôtel en la laissant sens dessus dessous et la retrouver au soir totalement propre et rangée, prendre un petit déjeuner au Café du Coin et passer la journée à être aux petits soins envers ses pokémons. Oui, elle l’admettait volontiers, ces trois jours de repos avaient un air de vacances qu’elle appréciait beaucoup. Cependant, elle devait se l’avouer aussi, le caractère répétitif de cette routine ainsi que l’absence totale d’aventures commençaient à lui peser. Ce matin-là, lorsque Flora reçut son croissant habituel et son chocolat chaud bien sucré comme elle l’aimait, elle regarda partir le Spinda qui l’avait servi en se jurant que c’était la dernière fois qu’on lui servirait un petit déjeuner dans cette ville.
— J’espère que vous avez bouclé vos affaires car c’est le dernier petit déj’ de votre vie à Mérouville ! annonça-t-elle.
Timmy recracha son thé à la menthe de surprise.
— T’es pas obligé de le jeter, réagit Flora avec humour, tu peux le boire tranquillement.
— Comment ça, « notre dernier petit déj’ » ?
— Eh bien si je veux gagner mon premier ruban, il faudra bien qu’on se décide à lever les voiles, indiqua Flora en sirotant agréablement sa boisson.
— Nan, mais il faut que tes pokémons soient bien reposés et…
— Fffora a raichhhon, intervint Sofian la bouche plaine, en postillonnant des bouts de pain tout autour de lui.
Un Spinda qui passait près de leur table en terrasse tournoya sur lui-même afin d’éviter les projectiles de nourriture et tomba à la renverse avec son plateau rempli de vaisselle sale.
— Galifeu est à nouveau maître de sa puissance, tout le monde est bien reposé, il est temps qu’on se remette en route ! annonça Sofian en aidant le Spinda à se relever.
Courroucé, le pokémon refusa son aide et repartit en titubant comme son espèce en avait l’habitude.
Un coup de vent secoua la terrasse et Flora frissonna.
— En plus, il commence à faire de plus en plus froid, les jours hivernaux approchent. On a eu de la chance de profiter encore du beau temps aujourd’hui, mais décembre arrive et…
— Raison de plus pour ne pas partir trop vite ! insista Timmy. On risquerait de choper la grippe si on se précipite avec la chute de température.
— Pourquoi tu insistes autant pour qu’on reste à Mérouville ? interrogea Sofian, perplexe.
— Oh… je… je n’insiste pas… marmonna Timmy en se plongeant soudainement dans l’étude de son nouveau Pokénav.
Un silence s’installa que seul venait perturber le bruit que faisait Flora en sirotant son chocolat chaud. Perdue dans ses pensées, l’esprit de Flora n’avait pas été attentif à la conversation. En effet, l’adolescente était préoccupée par une stratégie qu’elle avait du mal à mettre en place.
Le concours de coordination pokémon de Vergazon était pour elle un test, une épreuve. Après deux concours ratés, dont un écourté suite à une attaque terroriste, il était grand temps pour elle de gagner son premier ruban. Elle se l’était promis, elle se l’était juré : elle allait gagner le concours de Vergazon. Elle devait le gagner. Elle devait prouver qu’elle était une véritable coordinatrice. Non pour faire taire une bonne fois pour toute son ami Sofian qui n’avait de cesse de juger ses choix de carrière — comme si maltraiter ses pokémons dans des combats d’arène était moralement plus acceptable — mais surtout pour enfin déceler dans les yeux de ses parents la fierté qu’elle recherchait désespérément.
Mais comment gagner. Son équipe n’était pas grandiose : un Flobio, un Charmillon et un Skitty. Mais c’étaient ses meilleurs amis, et jusqu’ici, jamais elle n’avait été déçue par ses pokémons. Certes, Charmillon avait par deux fois raté de peu la victoire d’un concours de coordination. Mais n’était-ce pas justement le moment de relever la tête, et de prouver qu’il était un pokémon capable de gagner des rubans ? C’était décidé : Charmillon gagnerait le prochain concours ou elle abandonnait tout. D’autant plus qu’une entrée dans son Pokédex à la page de Charmillon avait attiré son attention depuis qu’elle avait appris l’existence du concours de Vergazon. Si son pokémon maîtrisait cette technique, le ruban était à elle !
— …et si on clique ici, on peut voir en relief toutes les routes de Hoenn.
Une nouvelle bourrasque de vent froid fit sortir Flora de ses rêveries et elle se raccrocha à la conversation entre les garçons.
— On peut même voir la route comme si on y était, en 3D, avec le décor tout autour de nous ! se réjouissait Timmy en montrant les nouvelles fonctionnalités de son Pokédex 2.0. Et y a même une option de calcul de la distance à parcourir entre l’endroit où tu te trouves et un point que tu choisis dans la région, ainsi qu’un calcul du temps à parcourir selon les moyens de transport.
— Combien de temps de voyage jusqu’à la prochaine arène ?! s’exclama Sofian en bondissant sur le siège à côté de Timmy.
— Sachant que l’arène la plus proche de nous se trouve à Vermilava, il nous faudra… trois mois pour y arriver.
— TROIS MOIS ?!
Sofian arracha l’appareil des mains de Timmy sous l’œil réprobateur de Flora.
— Les gars… il est hors de question qu’on se rende à Vermilava. Le concours de Vergazon est dans exactement dix jours, donc dans dix jours, nous serons à Vergazon. C’est compris ?
Timmy évita le regard autoritaire de Flora tandis que Sofian ne daigna pas relever la tête de l’appareil qu’il torturait sous la pression de ses doigts.
— Mais comment t’as calculé ça, toi aussi ? Tu fais passer le chemin par l’océan, puis par Autéquia alors que c’est de là qu’on vient. Regarde, si on va par la Route 116, on prendra à peine deux semaines !
— Tu n’y penses même pas ! La Route 116 est pleine de pokémons super dangereux…
— Tant mieux, je pourrai entraîner mes pokémons…
— Les gars…
— …il paraît même qu’ils sont surpuissants…
— …je les capturerai pour avoir une équipe imbattable…
— Mon concours à Vergazon…
— …et le Tunnel Mérazon est impraticable, vous vous souvenez ?
— …on trouvera un moyen de traverser le tunnel…
— Dans dix jours, on sera à Vergazon, un point final !
— …et en plus il parait que… que…
— Eh mais ça tombe bien ! interrompit Sofian en brandissant le Pokénav devant le visage de Flora. Vergazon est juste à la sortie du Tunnel Mérazon.
Les deux amis échangèrent un sourire déterminé.
— C’est décidé, on part vers le Tunnel Mérazon ! s’exclamèrent-ils en chœur.
Timmy se laissa glisser sur sa chaise, soupirant.

Pokémon #201r
La pluie s’était abattue soudainement sur Mérouville et, après avoir cherché pendant une heure où pouvait se cacher Timmy et l’avoir retrouvé dans un magasin de parapluies, les trois amis quittèrent les bruits de voitures pour le silence de la prairie. Sur le chemin boueux vers le Tunnel Mérazon, mené par un Timmy qui trainait des pieds, Sofian se concentra sur l’état de son équipe. S’il voulait vaincre le champion de Vermilava, il allait devoir redoubler d’effort sur l’entraînement de ses pokémons. Le bon côté de la situation, c’était que Galifeu avait enfin réussi à maîtriser le pouvoir qu’avaient révélés les expérimentations de la Team Magma. Malheureusement, toutes ces péripéties avaient énormément retardé l’entraînement de son équipe et il n’avait plus assez de doigts pour compter les faiblesses de ses pokémons.
Le long voyage qui se dressait devant lui était une aubaine : il allait en profiter pour entraîner ses pokémons sans relâche. Et il avait décidé de commencer très fort.
Sofian fit sortir de leurs pokéballs ses quatre pokémons sous la violente averse.
— Qu’est-ce que tu fous ?! s’étonna Flora en voyant le Galifeu paniquer sous la pluie.
— Les amis, dit Sofian en s’adressant à ses pokémons tout en continuant à marcher sous la pluie, j’ai décidé de passer la barre supérieure au niveau de votre entraînement. Nous avons deux semaines pour atteindre le niveau du champion de Vermilava. Deux semaines pour devenir parfaits ! À partir d’aujourd’hui, vous ne rentrerez plus dans vos pokéballs. C’est terminé. Vous ferez ce voyage avec moi. Vous braverez les dangers avec moi. Vous dépasserez vos limites avec moi.
— Sofian, il y a une raison pour laquelle on a inventé les pokéballs, sermonna Flora, c’est pour…
— Et ça commence fort pour Galifeu parce que ton type feu est faible contre le type eau, poursuivit Sofian en ignorant son amie, mais ça va t’endurcir. Et les autres, vos faiblesses seront aussi mises à l’épreuve par la suite. Mais ce n’est pas grave, car si vous vous soutenez, si vous vous épaulez, si vous vous aidez mutuellement, alors vous vous dépasserez !
Ses pokémons poussèrent des cris de guerriers en approbation au discours optimiste de leur maître, et Flora leva les yeux au ciel. Sans attendre de consigne, Nirondelle dévia son vol et se positionna au-dessus de Galifeu afin de le protéger de la pluie. Galifeu la remercia et accéléra son pas, décidé d’en découdre.
Sofian ressentit de la fierté pour ses pokémons. Il avait touché un point sensible, et il avait été compris. Ensemble, ils allaient enfin prouver à son père qu’il était un dresseur d’exception. Il fallait qu’il gagne le badge de Vermilava, et très vite. Car il savait que quelque part à Clémenti-ville, son père s’entraînait sans relâche pour lui asséner sa raclée. Leur dernier échange à Autéquia avait été clair : en refusant de le suivre, Sofian avait ouvertement déclaré la guerre à son père. Il n’avait plus le choix : il devait avoir une équipe d’exception.
— C’est une BLAGUE ?! s’écria Flora.
Le groupe s’arrêta net.
— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’inquiéta Sofian en rejoignant ses deux amis devant ce qui semblait être un bois très épais. C’est parfait, on va être protégé de la pluie avec ces arbres touffus !
Flora pointa du doigt une pancarte vieillie au départ du sentier qui menait au bois. Sofian y lut des mots qui le mirent en désarroi : « Bienvenue au Bois Clémenti ».
— Je ne suis pas fort en géographie, mais il me semble que le Bois Clémenti est à l’exact opposé de…
— TIMMY ! s’emporta Flora.
Timmy se répandit en excuse sous les cris de colère de Flora.
— Avec la pluie, j’arrivais pas à reconnaître l’endroit sur le Pokénav en version 3D parce qu’il n’y a que des photos en plein soleil et…
— Tu vas remettre le mode normal vite-fait et ne plus nous perdre ! Tout de suite !
— Oui, oui, tout de suite, tout de suite !
— Bon bah, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Sofian, perdu.
— On rebrousse chemin !
— Mais il va faire nuit quand on arrivera à Mérouville…
— On n’a qu’à reprendre une chambre pour la nuit, proposa Timmy à demi voix.
Flora ferma les yeux, tremblant de tous ses membres, comme si elle se concentrait pour ne pas exploser de rage. Finalement, elle accepta la proposition, faute de mieux. Les trois amis repartirent en direction de Mérouville avec une Flora de mauvaise humeur et un Timmy désolé. Cependant, Sofian remarqua du coin de l’œil qu’une micro-expression avait traversé le visage de son ami. Une expression de satisfaction.

Route 115

La pluie n’avait pas cessé de tomber dru le lendemain lorsqu’ils s’étaient mis en route. Un éclair traversa même le ciel à leur sortie de Mérouville vers le nord, et Timmy avait proposé de rester une journée de plus dans la ville afin d’attendre que l’orage se calme. Flora ne lui avait pas répondu et s’était précipité sur le premier sentier de nature qui se trouvait face à eux, et Timmy ne discuta pas plus.
— Balignon, utilise « coup d’boule » !
Balignon frappa de son crâne le tronc d’arbre que lui avait indiqué son maître et une branche entière s’écrasa à leurs pieds, leur offrant de magnifiques baies bleues pour dîner.
Le groupe s’était arrêté sur le coup de midi et les pokémons de Sofian s’étaient affairés à leur préparer à manger. En cachant de ses ailes la pluie qui tombait, Nirondelle avait permis à Galifeu d’allumer un feu au-dessus duquel ils purent griller les fruits qu’ils avaient cueilli grâce à Balignon, tandis qu’Écrapince était occupé à évacuer les grosses flaques d’eau autour d’eau.
Sofian ne pouvait être plus fier de ses pokémons. Balignon avait enfin résolu son problème de précision sur l’attaque « coup d’boule » et son efficacité s’en voyait décuplée. Le problème se trouvait plutôt en Nirondelle. Malgré son niveau élevé, l’oiseau ne semblait pas aussi rapide que la norme indiquée dans le Pokédex. Il fallait qu’il trouve une manière de l’entraîner à gagner en rapidité. Quant à Écrapince, en voyant comment il semblait avoir du mal à viser pour écarter les flaques d’eau, il allait aussi falloir à Sofian trouver une astuce pour pallier cette faiblesse. Peut-être lui enseigner une nouvelle technique lui permettrait de contourner cette difficulté ?
— Vous n’allez jamais me croire !
Flora était revenue de sa recherche d’eau potable pour remplir leurs gourdes. Elle fulminait de colère.
— Quelque chose me dit que je ne vais pas te croire et que ça va m’énerver, osa Sofian.
Flora leur tendit leurs gourdes respectives.
— Buvez.
Sofian hésita et il échangea un regard inquiet avec Timmy.
— BUVEZ !
À peine Sofian avait apporté sa gourde à ses lèvres qu’il expulsa très vite l’eau qui s’était engouffré dans sa bouche.
— C’est de l’eau salée !
— C’est de l’eau de mer ! indiqua Flora. Vous ne voulez pas savoir comment ça se fait que je vous ramène de l’eau de mer ? Timmy, une idée ?
— Euh…
— On est sur la Route 115 en direction du Site Météore ! annonça-t-elle, hystérique. Une idée de comment on s’est encore retrouvé sur la mauvaise route, Timmy ?
— Je… Je ne comprends pas…
Timmy se jeta sur son Pokénav et fit mine de chercher une solution.
— Soit ton Pokénav tout nouveau est tout pourri ! Soit tu n’es vraiment pas doué en navigation !
— Ça doit être à cause de la pl…
— Ah non, pas la pluie ! Donne-moi ça !
Flora arracha le Pokénav des mains de Timmy.
— A partir de maintenant, c’est moi qui dirige ! ET ON LEVE LE CAMP !
Timmy remballa ses affaires avec mauvaise humeur et Sofian ne put s’empêcher de continuer à l’observer. Quelque chose ne tournait pas rond chez son ami. Le faisait-il exprès de les perdre ?

Route 116

Le cœur de Sofian battait à tout rompre. A bout de souffle, il finit par écouter son point de côté et arrêta sa course au beau milieu d’une gigantesque flaque d’eau. Nirondelle arriva quelques secondes plus tard et se posa sur une branche d’arbre afin de se reposer.
— C’est bien Nirondelle, tu es de plus en plus rapide ! félicita Sofian entre deux coups de tonnerre. J’ai eu une idée pendant qu’on faisait la course ! Et si tu utilisais ta capacité « vive attaque » pendant ta course, pour décupler ta vitesse ? En t’exerçant un peu, tu pourrais ne plus te rendre compte que tu utilises cette capacité pour aller plus vite !
Nirondelle bondit de sa branche et testa cette proposition. L’oiseau disparut à toute vitesse et réapparut à côté de son maître en un clignement d’œil.
— Je crois que ça peut fonctionner ça…
— Sofian !
Le jeune garçon se tourna vers les cris. Flora lui fit signe de le rejoindre.
— C’est un cul de sac, une longue chaîne de montagne bloque la route…
Sofian soupira. Timmy sourit. Flora reprit la route.

Route 116

Sofian referma son Pokédex d’un coup sec. Il avait trouvé exactement ce qu’il cherchait. Écrapince ressortit d’un coup du lac qui s’était formé dans la plaine inondée et écrasa sa pince droite sur le crâne de Balignon. Le coup ne fut pas assez puissant pour déstabiliser Balignon mais au moins, il avait visé juste.
— Écrapince, j’ai trouvé la technique parfaite pour toi !
Écrapince tourna le regard vers son maître, intrigué, et reçut un coup de tête fracassant de la part de Balignon. Sofian jura bruyamment et accourut vers son pokémon en plongeant ses jambes dans le lac. Il sortit la tête d’Écrapince hors de l’eau et le prit dans ses bras. Le pokémon semblait déçu de lui-même.
— J’ai trouvé exactement ce qu’il te faut, rassura Sofian en lui essuyant la pluie qui tombait sur son visage. Ça s’appelle la technique « abri », elle te permettra de te protéger de l’attaque de ton adversaire en préparant la tienne. On essaie ?
Réconforté et excité à l’idée de ne plus recevoir de coups, Écrapince bondit dans le lac, aspergeant son maître au passage, et se mit en position offensive.
— Sofian !
Un regard sur le côté suffit à Sofian à comprendre qu’ils n’avaient toujours pas trouvé le bon chemin.

Route 116

Les jours passèrent et se ressemblèrent. Quitte à choisir une routine, Flora avait préféré celle qui s’était installée à Mérouville, bien au chaud et au sec à l’hôtel. Cela faisait à présent une semaine qu’ils arpentaient les routes de Hoenn sous une pluie intense et interminable. Flora avait décidé de prendre les devants pour mener le groupe mais les indications contradictoires entre Timmy et le Pokénav les avaient fait se perdre plus d’une fois. Pire : la veille, il leur avait même fait croire à une nouvelle crise respiratoire. Mais la non-réaction de Tarsal et Arcko l’avait trahi et il avait dû admettre qu’il se sentait bien. Sofian en était persuadé à présent, Timmy faisait tout pour les empêcher d’arriver à destination. Pourquoi ne voulait-il pas quitter Mérouville ?

Timmy s’isola entre trois arbres noueux. Au loin, il entendait les bruits de combat des pokémons de Sofian et les ordres que lançait Flora à son Charmillon. Tout semblait parfait pour eux : leur entraînement avançait, et plus les jours passaient, plus la date du concours de coordination approchait. Cherchant sa gourde dans son sac à dos, il ressentit une douleur passagère à son index et il sursauta. Du sang coulait le long de son doigt. Il plongea une seconde fois sa main dans son sac à dos et en ressortit une enveloppe avec une tâche de sang le long de sa paroi de papier.
Le cœur de Timmy se serra dans sa poitrine en reconnaissant l’objet. Il l’avait tellement enfui dans ses affaires qu’il l’avait complètement oubliée. Après tout ce qu’il avait vécu comme aventures avec son sac à dos, il n’avait pas pensé une seule seconde que cette enveloppe serait toujours en si bon état.
Timmy sortit la feuille de papier de l’enveloppe et la déplia. Les larmes qui coulèrent sur sa joue en relisant la lettre qu’il tenait dans ses mains se mêlèrent à la pluie.
— Sofian !
Timmy sursauta et fourra en toute hâte sa lettre dans sa poche. Il rejoignit ses deux amis en courant et se retrouva nez à nez avec l’entrée d’une grotte sombre. Autour de l’entrée, des énormes machines de chantier étaient abandonnées, comme gluées dans la boue qui les enfonçait de plus en plus dans le sol à mesure que la pluie s’abattait sur la région. Plus loin, une camionnette blanche et sale était parquée à côté d’un bureau de chantier construit de tôle et de plastique.
— Le Tunnel Mérazon, soupira Flora, soulagée.
Flora amorça un mouvement vers la grotte, mais Timmy lui agrippa le bras pour l’en empêcher.
— Ah non, tu ne vas pas… !
— Regarde !
Timmy lui indiqua du doigt une bannière de la police qui flottait au vent, accrochée à une des parois de la grotte. Sofian supposa qu’elle avait dû avoir été placée par la police après l’attentat de la Team Aqua auquel il avait participé deux mois plus tôt. Mais pourquoi la bannière avait-elle été arrachée ? Qui s’occupait du chantier en cours ?
— Vous pensez que c’est un chantier illégal ? s’inquiéta Timmy.
— Il n’y a qu’une seule manière de le savoir !
Et Flora entra d’un pas décidé dans la grotte.

Pokémon #201e
Le Tunnel Mérazon ne ressemblait en rien à ce dont il se souvenait. Sofian s’était attendu à y voir un changement, étant donné que lors de leur dernier passage, le plafond s’était écroulé, bloquant l’accès à la sortie. Cependant, ce qui le frappa le plus était l’éclatante luminosité de l’endroit. Dans ses souvenirs, il n’avait jamais traversé un endroit aussi sombre que le Tunnel Mérazon.
Un rapide coup d’œil alentour lui permit de percer ce secret : d’énormes lampes de chantiers avaient été installées tout au long du chemin parsemé de stalactites et stalagmites. Des câbles trainaient ci-et-là, menaçant les amis à chacun de leurs pas. L’air était si épais et pesant que Sofian se trouva vite à bout de souffle. Mais ce qui l’inquiétait le plus étaient les coups sourds à répétition qui semblaient provenir du fond du tunnel.
— Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, chuchota Timmy, angoissé.
Mais Flora l’ignora, et avança d’un pas déterminé.
Au détour d’un virage, Sofian reconnut au loin le mur de rochers qu’ils avaient laissé derrière eux lorsque la Team Aqua avait fait s’ébouler une partie de la grotte. Flora tendit un bras pour leur indiquer de s’arrêter. Elle fit un signe de tête vers l’éboulement et il leur apparut clairement qu’une silhouette humaine y faisait face, à côté d’outils de chantiers inutilisés. Sur leur garde, les trois amis approchèrent discrètement jusqu’à distinguer les contours d’un homme agenouillé au sol, occupé à déplacer la roche à main nue. Un Machoc était couché au sol à côté de lui et semblait profiter d’un moment de repos. Absorbé par son travail minutieux, l’homme ne les entendit pas le rejoindre. Trop habitués aux mauvaises rencontres, aucun des trois adolescents ne voulut attirer son attention, et ils l’observèrent poursuivre.
Les mains de l’inconnu se posèrent sur un rocher bien trop lourd pour lui, et il dut se lever pour utiliser toute la force de ses muscles saillants. Lorsque le rocher daigna enfin se déloger du mur, l’homme le jeta sur le côté en poussant un cri de victoire. Cependant, à peine le rocher avait-il touché le sol qu’un bruit sourd indiqua l’instabilité du mur et quelques bouts du plafond se décrochèrent au-dessus de l’homme et de son Machoc.
— Attention !! s’écria Sofian.
Un éclair de lumière rouge traversa la grotte et Galifeu apparut dans les airs, avant de détruire les rochers meurtriers à l’aide de deux coups de pied puissants. Le Machoc se réveilla, sur ses gardes, et l’homme, stupéfait, tomba à la renverse en se tournant vers le groupe d’amis.
Les yeux bleus qui se fixèrent sur Sofian lui parurent lui traverser la peau. Le teint mat, le visage finement tracé, une petite barbe brune naissante, un corps sculpté sous un débardeur crasseux, l’homme, qui ne devait pas être beaucoup plus âgé qu’eux, n’osa pas prendre la parole.
— Tout va bien ? s’inquiéta Flora d’une voix trop aigue.
La jeune fille avança vers lui, lui tendant une main amicale. Sofian se racla la gorge derrière son amie qui, clairement, n’arrivait pas à cacher son attraction pour l’inconnu.
— Oui, je crois… répondit ce-dernier en acceptant l’aide de Flora pour se relever.
— Vous devriez faire attention, conseilla Sofian. Ce mur est instable, c’est une explosion de grenade qui l’a provoqué.
— Je le sais, répondit sèchement l’homme.
Le visage de Sofian se crispa, et l’homme sembla regretter le ton qu’il avait adopté.
— Excusez-moi… Je suis fatigué. Ce mur… ce mur est indélogeable.
— Bon bah, si on ne peut pas passer, faudra trouver une autre route ! lança Timmy, content d’avoir trouvé une nouvelle excuse pour rebrousser chemin.
Flora l’empêcha de bouger en le tirant à nouveau par le bras. L’homme s’était quant à lui tourné vers le mur et le fixait à présent d’un regard sévère, comme s’il était son plus grand ennemi. Son Machoc lui frotta le dos amicalement mais l’homme ne quitta pas le mur de roche du regard.
— Quatre-vingt-quatre jours, marmonna l’homme pour lui-même. Quatre-vingt-quatre jours que j’essaie d’ouvrir un passage dans ce mur. Quatre-vingt-quatre jours de chantier, et pour quel résultat ? Toujours ce même mur, toujours cette roche… TOUJOURS BLOQUÉ !
L’homme avait poussé un cri de rage qui les avait tous surpris. Par réflexe, les trois adolescents reculèrent. Soudain, l’homme se jeta sur le mur et le tambourina à mains nues.
— Pourquoi tu ne veux pas me laisser passer ? Pourquoi tu ne veux pas t’ouvrir ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?! QU’EST-CE QUE JE DOIS FAIRE POUR QUE TU ME LAISSES PASSER ?!
Le Machoc voulut empêcher son maître de continuer à marteler la roche, mais rien n’y fit. Bientôt, ses mains s’écorchèrent et laissèrent perler des gouttes de sang atour de lui.
Alors, Timmy se détacha du groupe et rejoignit l’homme. Il lui posa une main sur l’épaule et l’inconnu s’immobilisa.
— Comment vous vous appelez ?
L’homme croisa le regard du jeune garçon avant de s’effondrer en larmes.
— Roméo.
— Roméo, il faut sortir d’ici. Vous avez besoin de prendre l’air, de vous changer les idées. Vous voulez bien qu’on vous accompagne dehors ?
Et Roméo acquiesça.

La pluie qui s’abattait toujours aussi férocement sur la tôle provoquait un bruit infernal. Mais le silence qui s’était installé depuis qu’ils étaient entrés dans le bureau de chantier était trop pesant et Sofian remercia le ciel pour lui donner l’opportunité d’avoir quelque chose à écouter. Roméo leur servit un café trop serré à chacun et Sofian le but par politesse. A travers la vitre, derrière les goutes de pluie, l’entrée du Tunnel Mérazon semblait narguer l’homme qui ne quittait pas la grotte des yeux.
— Le lendemain de l’attaque de la Team Aqua, la police a fait appel à mes services, raconta Roméo en s’installant à table devant les trois amis. Je suis le chef de ce chantier inutile. Je ne me suis jamais senti aussi inutile. Presque trois mois de travaux, et toujours aucun résultat.
— Vous vous occupez de ce chantier tout seul ? s’étonna Flora. Vous n’avez pas d’ouvriers ?
— Nous étions vingt au départ. La Région nous a affecté une enveloppe qui correspondait à un mois de travail. J’ai dû me séparer de la moitié de mes ouvriers quand le budget s’est resserré. L’autre moitié s’est mis en grève quand on nous a interdit d’utiliser nos machines. Puis, quand il est devenu évident que les travaux allaient durer plus d’un mois, la Région a abandonné le projet. On s’est retrouvé sur la plaque. Toutes mes économies y sont passées. Et maintenant, je suis tout seul.
— Pourquoi vous ne pouvez plus utiliser vos machines ?
— Une bande d’écolos a fait pression pour qu’on arrête de les employer, répondit-il avec amertume. Parait que les Chuchmur qui vivent ici sont dérangés par le bruit et que leur développement naturel était menacé. C’est ce qui a aussi décidé la Région à abandonner le projet.
A bien y réfléchir, Sofian n’avait pas vu un seul pokémon sauvage dans le tunnel. Il ne pouvait s’empêcher de penser intérieurement que le combat mené par les défenseurs de pokémon avait été moralement juste. Mais la détresse qui se lisait sur le visage du chef de chantier lui interdit de donner son avis sur la question.
— Alors, la police est venue refermer le site et on a dû évacuer les lieux.
Sofian se souvint de la banderole de protection de la police déchirée.
— Mais vous n’avez pas suivi la consigne, fit remarquer Timmy.
— Rien ne m’empêchera de libérer le passage dans ce tunnel ! s’exclama Roméo en serrant son poing.
Sofian remarqua un bout de papier froissé dans son poing serré.
— Quelque chose me dit que cela a un rapport avec la lettre que vous tenez dans votre main, indiqua Timmy.
Et le chef de chantier laissa une nouvelle larme couler sur sa joue.
— Est-ce que vous êtes déjà tombés amoureux ?
Déstabilisé par cette question, Sofian échangea un regard rapide avec Flora qui se trouvait à côté de lui mais baissa vite les yeux, mal à l’aise. Timmy ne répondit pas et continuait d’observer le poing serré de Roméo.
— Vous êtes peut-être un peu jeunes, marmonna ce-dernier.
— Ça ne nous empêche pas d’essayer de comprendre, répondit Timmy.
— L’amour, ça vous tombe dessus comme une attaque « frappe atlas ». Vous vous sentez vous effondrer par les sentiments comme… comme ce fichu mur s’est effondré dans le tunnel. Et vous ne comprenez pas ce qu’il vous arrive. Surtout quand… surtout si c’est un amour impossible. Quelque chose qui n’appartenait pas à votre champ de compréhension du monde. Vous vous retrouvez du jour au lendemain avec une nouvelle perspective, un nouveau monde à explorer.
« Et puis, vos deux familles se détestent et refusent votre union. Ils vous disent que vous ne pouvez pas tomber amoureux d’une personne de la concurrence, qu’il en va de la richesse de l’entreprise familiale. Mais ils vous mentent. Cet amour les dérange, et ils n’osent pas l’admettre. Ils sont trop lâches pour l’admettre. Ils ont tout fait pour nous empêcher d’être heureux ensemble. Ils nous ont séparés, nos deux familles, en nous assignant respectivement des missions aux quatre coins éloignés de Hoenn.
« Nous avons alors prévu de nous enfuir. Tout était organisé : nous partions pour Poivressel, nous achetions cette magnifique maison au bord de l’eau, retirée de la ville, où on nous laisserait nous aimer en paix, loin de tout, loin de tous. Cependant, rien n’est allé comme prévu. La nuit où nous étions censés tout quitter, quitter notre famille de Vergazon… J’étais à mon bureau à Mérouville quand j’ai appris l’éboulement dans le Tunnel Mérazon, la seule route qui communique entre Mérouville et Vergazon. Nous nous retrouvions à nouveau séparés par le destin.
« Oh ! J’avais bien la possibilité de contourner le tunnel et de quand même fuir à Poivressel mais… La Région a réquisitionné l’entreprise et mon patron, enfin… mon père, m’a nommé chef de chantier. Quand j’y repense… Ils savaient que c’était voué à l’échec ce chantier, ils savaient que je n’arriverais jamais à enlever ce mur de roche. Ils savaient qu’on allait m’empêcher de creuser. Et de l’autre côté, sa famille a fait de même ! Sans nous attribuer un seul jour de vacances ! Ils nous gardent séparés expressément !
Roméo déplia le papier froissé entre ses mains.
— Nous ne communiquons que par écrit. Dans sa dernière lettre…
Sa voix s’érailla en lisant un passage de la lettre.
— « Je ne peux plus continuer à me faire croire que nous serons un jour heureux. Peut-être est-ce mieux de cette manière. Peut-être le destin a-t-il raison. Peut-être ne sommes-nous pas faits pour vivre ensemble. La vie n’a aucun goût sans toi. La vie n’a plus d’intérêt. ».
Et Roméo se figea face à sa lettre, le visage recouvert de larmes.
Sofian observa ses amis avec appréhension. Timmy avait baissé les yeux, le regard humide, tandis que Flora ne s’était pas cachée de pleurer avec l’homme désespéré.
— Je ne sais pas trop ce qu’on peut faire pour vous aider, si ce mur est infranchissable, dit Sofian.
— Il n’y a rien à faire.
Roméo tourna la tête vers la vitre et défia à nouveau du regard l’entrée de la grotte. Mais quelque chose à l’extérieur l’effraya. Sofian suivit son regard et découvrit un groupe de personnes approcher à pas rapides les bâtiments du chantier.
— Qu’est-ce qu’ils foutent là ?
— Vous les connaissez ?
— C’est ma famille.

Pokémon #201u
— Roméo, attendez ! cria Flora en courant derrière lui.
Roméo s’était précipité à l’extérieur du cube de tôles et courait à vive allure vers les quatre personnes qui avaient fait leur apparition. Sofian, Flora et Timmy se précipitèrent derrière lui lorsqu’il fit apparaître son Machoc dans ce qui semblait être une volonté ferme d’en découdre avec les membres de sa famille.
Son Machoc prépara son poing face au jeune homme qui guidait le groupe.
— « Abri » ! hurla ce-dernier en lançant une pokéball dans les airs.
Un Debugant se matérialisa face au Machoc et une onde lumineuse entoura la famille de Roméo. Le poing de Machoc s’écrasa contre une paroi invisible délimitée par la pluie qui ruisselait tout autour du groupe.
— Ça, c’est une attaque « abri » ! s’époustoufla Sofian en se tournant vers son Écrapince.
— Nous sommes venus en paix ! annonça le jeune homme protégé par la force invisible de son Debugant.
Roméo les observa un long moment, les membres figés sous la pluie glaçante. Il lança un regard amer au couple de personnes âgées qui devaient être ses parents, et à l’homme le plus éloigné, qui à n’en pas douter à cause de sa ressemblance avec lui, devait être son frère.
— Depuis quand vous parlez de paix, vous tous ? cingla le chef de chantier.
— Roméo, enfin, écoute-moi, lança le dresseur du Debugant.
Il s’efforça d’indiquer une expression bienveillante sur son visage et Roméo se détendit un peu.
— Tu dois arrêter de t’acharner sur ce chantier, dit l’homme sous sa protection invisible, en ignorant la colère qui agitait Roméo. C’est de la folie ! Tu dois lâcher prise ! Le tunnel peut s’effondrer à tout moment, c’est un endroit dangereux. La Région est en train de lancer un projet de nouvelle route ferroviaire entre Mérouville et Vergazon. Dans tout au plus un an, nous pourrons relier les deux…
— Marcus, mon meilleur ami, comment peux-tu prendre leur défense ? interrompit Roméo, visiblement choqué.
— Je ne prends la défense de personne d’autre que de la raison ! Ouvre les yeux !
— Roméo, intervint son père. Ce n’est pas en t’acharnant sur ce mur que tu pourras retrouver J…
— Je t’interdis de prononcer son nom ! cria Roméo. Un an que vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour nous éloigner ! Un an !
— Nous sommes venus pour te ramener à la maison, essaya de résonner son frère.
— Rentre chez ta famille et oublie…
— JE NE VEUX PAS DE MA FAMILLE, JE VEUX L’AMOUR DE MA VIE ! hurla Roméo.
— Roméo… murmura sa mère, en larmes.
Timmy fit un pas vers le groupe qui se trouvait dans une impasse.
— Écoutez, je suis sûr que si vous discutiez calmement…
— Tu es qui, toi ? lança le père.
Timmy ne sut que répondre.
— Je t’invite à rester loin de notre famille et nous laisser régler nos problèmes entre nous, menaça le frère en sortant une pokéball de sa poche.
Sans crier gare, le frère et le père de Roméo firent respectivement appels à un Tygnon et un Kicklee.
— Wow !
Sofian courut se placer entre eux et Timmy et appela ses quatre pokémons à l’entourer.
— Je suis sûr que personne n’a envie qu’on en vienne à un combat pokémon.
— Si c’est la seule chose qui peut vous convaincre que personne ne se mettra en travers de mon chemin dans mon couple, conclut Roméo.
Son Machoc défia du regard le Debugant. Tous les pokémons se firent face, toujours séparés par l’attaque « abri ».
— Ne vous battez pas ! supplia la mère de Roméo. Nous sommes venus pour te proposer un marché, mon fils.
— Et je suis sûr qu’il te plaira.
Sofian, Flora, Timmy et Roméo firent volte-face. Quatre autres personnes venaient de faire leur apparition sur le chantier, sous un orage qui battait toujours plus fort. La haine qui se dessinait sur le visage de Roméo leur indiqua qu’il devait s’agir de la famille ennemie.
— Tybault… marmonna-t-il. Tu as trois secondes pour dégager d’ici si tu ne veux pas te faire encore écraser par mon Machoc.
— Du calme, suggéra Tybault en levant les mains. Nous sommes là pour essayer enfin d’arranger les choses. Pour te prouver ma bonne fois, laisse-moi t’offrir un cadeau. Scarhino, envoie « zénith » !
Il fit apparaître un gros pokémon insecte qui s’envola dans les cieux avant de s’illuminer d’une couleur jaune chaleureuse. L’instant d’après, les nuages au-dessus du chantier s’étaient dissipés, créant une espèce de bulle ensoleillée dans un orage toujours tonitruant. S’il n’avait pas été du côté de Roméo, Sofian aurait remercié chaleureusement le nouvel arrivant pour les avoir épargnés de l’averse glaciale.
— Où est Ju… ?
— Sur le chantier du côté de Vergazon, répondit très vite Tybault.
— Evidemment, comme tu es son patron, ça t’arrangeait bien de trouver un prétexte pour nous garder séparés !
— Je suis aussi son cousin, lui rappela Tybault. Et je pense que ce que j’ai à te dire vous satisfera, tous les deux. Nous avons appris que les caisses de votre entreprise étaient vides.
— Qui vous a donné cette information ? intervint le père, rouge de colère.
— Tout se sait dans le bâtiment. Nous savons aussi que tu veux le meilleur pour votre couple, n’est-ce pas Roméo ?
Roméo ne répondit pas et resta sur ses gardes.
— Mais comment peux-tu lui proposer une vie de rêve si tu n’as plus d’emploi ? Sans rentrée d’argent, vous ne pourrez pas vous payer une vie paradisiaque face à la mer calme de Poivressel.
— Comment sais-tu… ?
— Poivressel ? s’exclama la mère de Roméo.
— De quoi parle-t-il ? interrogea son frère.
— Réponds ! ordonna son père.
Sofian appela Flora et Timmy du regard. D’un signe de tête, il leur montra les nouveaux arrivants qui étaient prêts à dégainer leurs pokémons. Mais Flora et Timmy s’étaient déjà préparés et tenaient déjà dans leurs mains leurs propres pokéballs. Tout portait à croire qu’un combat allait éclater.
— Oh… Vous ne saviez pas que votre fils comptait s’enfuir couler des jours heureux loin de vous ? nargua Tybault. Quelle famille soudée.
— Fiston ! Réponds !
— Alors, voilà ce que nous te proposons, Roméo. Nous t’offrons un poste de chef de chantier dans notre propre entreprise, ce qui vous permettra de vous voir plus souvent.
— Travailler avec vous ? s’écria le père de Roméo. Hors de question !
— Qu’est-ce qui me dit que vous nous laisserez nous voir ? questionna Roméo, intrigué.
— Tu n’y penses pas, tout de même ? intervint son frère.
— LA FERME ! hurla Roméo. Tybault, parle !
Tybault afficha un sourire satisfait.
— Eh bien, dans un premier temps, il faudra encore supporter l’éloignement quelques instants car nous avons un chantier à terminer à Johto.
— Johto ?!
— Tu es sur la paille, Roméo. Si tu acceptes notre offre, tu pourras enfin lui offrir tout ce dont vous rêvez.
— Si tu travailles pour eux, notre entreprise fait faillite !
— Pense à ta famille !
— Ne nous trahis pas !
— Pense à l’entreprise !
— Pense à ton couple, Roméo.
— Si tu acceptes, nous te renierons !
— Et jamais plus vous ne vous reverrez !
— On fera en sorte que vous soyez séparés à jamais !
— Ce sont des menaces contre notre fils ?
— Exactement !
— Touchez à un de ses cheveux et…
— Vous n’êtes qu’une bande de…
— Vous allez voir ce que…
— Espèce de…
— ASSEZ !!
Et Roméo laissa sa rage exploser. Machoc se précipita vers Tybault qui fut protégé de son coup de poing par Scarhino. Un Colossinge et un Makuhita apparurent du côté de la belle-famille et se jetèrent sur le Tygnon et le Kicklee. L’attaque abri fut détruite par un coup de tête fracassant de la part d’un Tartard apparu de nulle part et les deux familles s’affrontèrent sans ménagement au milieu du chantier. La pluie s’abattit à nouveau, ajoutant de la boue et un torrent d’eau aux combats. Sofian, Flora et Timmy participèrent, médusés et sans pouvoir, au déchirement des deux familles qui se tenaient devant eux. Un jet d’eau fusa hors de la bouche de Tartard en direction du Machoc de Roméo qui était occupé à parer une attaque du Scarhino de Tybault.
— Écrapince, utilise « abri » ! ordonna Sofian.
Écrapince se concentra et une barrière invisible se dressa derrière Machoc. Mais la barrière ne résista pas au choc et le jet d’eau détruisit la protection en terminant sa course contre le petit pokémon sans défense. Roméo hurla de colère et se jeta personnellement sur Tybault en le rouant de coups. Les deux hommes roulèrent dans la boue en essayant de s’étrangler l’un l’autre.
— Tu vois pourquoi nos deux familles ne pourront jamais s’unir ? cria Tybault plaquant sa main au visage de Roméo.
Roméo roula sur le côté et Tybault reprit l’ascendant au-dessus de lui.
— Vous êtes des barbares !
Tygnon et Kicklee coururent vers les deux hommes pour les séparer mais Colossinge et Makuhita leur bloquèrent la route et le combat reprit entre eux. Roméo arriva à déstabiliser Tybault et roula à nouveau au sol de sorte qu’il bloquât de tout son corps son ennemi afin de l’empêcher de se relever.
— Et surtout parce que votre amour nous dégoûte !
Roméo leva le poing. Tous les pokémons des familles ennemies se précipitèrent vers Roméo et Tybault.
— ROMÉO, NON ! hurla Timmy.
Tarsal fit son apparition et utilisa ses pouvoirs psychiques afin de bloquer le poing de Roméo. Flora en profita pour faire apparaître ses pokémons et, avec Arcko qui fit son entrée à son tour, Charmillon, Flobio, Skitty, Galifeu, Écrapince, Balignon et Nirondelle entourèrent les deux hommes afin de les protéger.
— Tu veux vraiment le laisser prouver qu’il a raison ? argumenta Timmy. Tu veux vraiment qu’il reparte chez lui heureux d’avoir marqué un point ? Heureux d’avoir prouver que vous ne méritez pas de vivre ensemble ? Que vos deux familles sont faites pour se détester ?
Roméo ferma les yeux, hurla de colère et laissa une larme de rage s’échapper. Timmy fit un signe de la tête à Tarsal et le pokémon relâcha son emprise psychique. Roméo laissa son bras retomber. Tybault resta tétanisé au sol, paralysé par la peur.
Le chef de chantier se releva lentement sous les regards méfiants des deux familles.
— Il est temps d’en finir avec toutes ces histoires, annonça-t-il. On n’a aucune raison de nous battre. Je n’ai aucune raison d’être violent. Car c’est l’amour qui me motive, et seulement l’amour.
Roméo ouvrir son poing et dévoila à nouveau la lettre froissée et trempée. Il l’ouvrit devant Tybault et la lui plaqua au visage. Tybault la parcourut rapidement des yeux, terrifié.
— Voilà ce que ton cousin a décidé de faire, annonça Roméo. Voilà ce qu’il compte faire si au bout de cette journée nous n’arrivons pas à nous retrouver.
Tybault tourna le regard vers les membres de sa famille qui tressaillirent en voyant la terreur dans ses yeux.
— Vous avez voulu bloquer un amour, vous allez provoquer un désastre
Les deux couples de parents échangèrent des regards inquiets.
— De quoi parle-t-il ? questionna Marcus à l’adresse de Tybault.
— Dis-leur, ordonna Roméo. Lis-leur ce qu’il a décidé de faire.
Tybault hocha de la tête, comme refusant la vérité.
— Roméo ? osa timidement Timmy.
— LIS ! hurla Roméo.
Tybault se recroquevilla au sol et se racla la gorge.
— « Je suis désolé de te l’annoncer de cette manière. Je suis désolé, pour tout. Mais c’est l’unique issue pour moi, pour nous. J’ai convaincu ma famille de te proposer une offre. Ecoute-les. Je sais que ce n’est pas la meilleure des solutions, mais ça nous permettra de nous retrouver sur le long terme. Accepte leur offre. C’est la seule qu’ils accepteront de passer avec toi. Si à leur retour, ils m’annoncent une mauvaise nouvelle— ».
— Termine la phrase !
— Je ne peux pas…
— Roméo ? répéta Timmy.
— Jules va se suicider !
Son cri de détresse avait explosé vers le ciel, plus fort que l’orage, plus fort que tout. Mais en reprenant ses esprits, ce n’était plus la détresse qui s’affichait sur son visage, mais la détermination.
— Il est temps de casser ce mur, quitte à tout faire s’effondrer. Je préfère que la mort nous sépare en essayant de le retrouver plutôt que de laisser la mort nous séparer chacun de notre côté. « Ce que l’amour peut faire, l’amour ose tenter ».
A ces mots, Roméo arracha une pioche plantée dans le sol et marcha d’un pas déterminé vers le Tunnel Mérazon dans lequel il disparut.

Pokémon #201s
Ce n’étaient plus des bruits sourds qui émanaient à présent du fond de la grotte, mais littéralement des cris de rage. Chaque coup porté par la pioche contre le mur était accompagné d’un cri de la part de Roméo. Lorsque Sofian, Flora et Timmy l’eurent rejoint, son Machoc était occupé à frapper de ses poings la paroi rocheuse inébranlable. C’est alors qu’un coup de pioche placé à la base du mur fit trembler toutes les parois de la grotte. Roméo s’arrêta instantanément, sur ses gardes, mais le tremblement de terre s’estompa rapidement.
— « Qui est ému remue, qui est vaillant tient ferme », lança Timmy.
Roméo pivota vers lui, intrigué.
— D’où connais-tu cette phrase ?
— Je pense que nous avons la référence en commun, répondit Timmy. Et je vois en quoi cela s’applique à la situation.
Perplexe, Sofian observa Flora pour savoir s’il était le seul à ne rien comprendre à cette conversation énigmatique, et il fut rassuré de voir son amie aussi désemparée que lui.
— Sauf que dans ton histoire, c’est un Jules.
Roméo acquiesça en baissant les yeux.
— Ne baisse pas les yeux, tu n’as rien à avoir honte, réconforta Timmy en l’approchant. Maintenant, je comprends pourquoi il y a tant de tensions entre vos deux familles.
Roméo ne répondit pas. Timmy observa le mur de roches et les parois autours.
— Je suis sûr que si on s’y met tous, on va pouvoir dégager ce passage et… ouvrir la route vers Vergazon, rassura-t-il.
— Oui ! soutint Sofian. En combinant la force de chacun de nos pokémons, on pourra y arriver !
— Vous voulez m’aider ? Malgré le fait que vous savez que je suis…
— Amoureux ? intervint Flora. C’est justement pour ça qu’on va t’aider !
Elle lui tendit une main amicale que Roméo serra avec vigueur.
Ensemble, ils s’attaquèrent au mur. Galifeu, Machoc et Balignon, avec son attaque « coup d’boule » maîtrisée, aidèrent Roméo en première ligne à donner des coups sur les rochers. Derrière eux, Tarsal, Arcko, Flobio et Skitty aidaient Sofian, Flora et Timmy à dégager les rochers qui se détachaient du mur. Quant à Charmillon et Nirondelle, elles inspectaient en continu le plafond instable et indiquait à Tarsal et à Écrapince quels endroits protéger à l’aide des capacités psychiques de l’un et de l’attaque « abri » vacillante de l’autre.
Soudain, ce fut un coup d’boule trop bien placé qui entraîna le tunnel dans un nouveau tremblement de terre. Quelques rochers s’écroulèrent sur les lampes de chantier et privèrent le tunnel de lumière. Une grosse partie du plafond se détacha alors et l’attaque « abri » d’Écrapince ne supporta pas le poids.
— Attention !!
Une onde invisible se matérialisa à quelques centimètres du crâne de Roméo et le plafond explosa dans les airs. Un rayon de soleil artificiel illumina la grotte et fit apparaître un Debugant. Marcus et Tybault venaient de lui sauver la vie.
Roméo dévisagea du regard tous les membres des deux familles qui les avaient rejoints dans le Tunnel Mérazon. Sans un mot, Tybault arracha à main nue un rocher du mur et le jeta derrière lui, imité par Marcus.
— Avec la capacité « éclate-roc », ce mur ne résistera pas plus de dix minutes, indiqua le père de Roméo.
— Une chance que tous nos pokémons de type combat la connaissent, ajouta le beau-père ennemi.
Roméo se frotta le visage pour effacer les larmes de soulagement qui apparaissaient à ses yeux. Sans rien ajouter de plus, les deux familles s’allièrent pour aider Roméo dans sa tâche.
Il s’était écoulé une bonne heure avant que le silence soit enfin rompu par Roméo :
— Attendez, arrêtez !
Il plaqua son oreille contre le mur bien entamé et explosa de joie.
— J’entends des coups de l’autre côté !
Sofia jura avoir entendu lui aussi une voix étouffée de l’autre côté de la paroi rocheuse.
— Jules ? JULES ?? cria Roméo.
— Roméo ?? répondit une voix derrière.
— Jules !
Roméo lâcha sa pioche et extirpa les rochers devant lui en toute hâte. Enfin, un filet de lumière apparut dans le mur et il poussa un cri de victoire. Son père lui posa la main sur l’épaule et lui indiqua de reculer. Tous les pokémons se placèrent devant le mur et Sofian ordonna à son Galifeu de les rejoindre.
— A mon top, annonça le père de Roméo. Trois, deux, un… Top !
— « Éclate-roc » ! crièrent-ils tous en chœur.
Le mur ne résista pas au choc simultané des sept pokémons de type combat. Les attaques « abri » d’Écrapince et Debugant empêchèrent les rochers du sommet de leur tomber dessus et déjà Machoc s’affairait à consolider l’ouverture. C’est alors qu’une violente bourrasque de vent entraîna la poussière qui balaya la personne qui se trouvait de l’autre côté du mur.
— Roméo !
— Jules !
Les deux hommes franchirent le mur simultanément et se tombèrent dans les bras l’un de l’autre avant de s’embrasser passionnément. Recouverts de poussière, si bien que l’on ne pouvait distinguer l’un de l’autre, les deux hommes n’en formaient plus qu’un sous le regard attendri des trois adolescents et les visages embarrassés des deux familles.
— Cette histoire aura une fin heureuse, s’émut Flora.
— L’amour est la folie la plus sage, je vous le dis, moi ! lança Sofian en luttant contre la larme qui lui montait.
— Depuis quand tu connais cette citation, toi ? s’amusa Timmy.
— Quelle citation ?

Pokémon #201e
Sofian, Flora et Timmy avaient laissés les choses se dérouler sans intervenir. L’ouverture du passage dans le Tunnel Mérazon avait été si spectaculaire qu’ils ne s’étaient pas attendus à un tel remue-ménage après son ouverture. Les ouvriers du côté de Vergazon travaillèrent d’arrache-pied avec les pokémons des constructeurs afin de stabiliser l’endroit et éviter les accidents. Cependant, la police de Vergazon était très vite arrivée sur les lieux et sermonnait quiconque passait près d’elle pour avoir enfreint la loi avec des travaux illégaux.
De leur côté, les familles respectives des deux amants n’avaient pas oublié leurs rancunes. Mais par respect pour les deux amoureux qui ne se quittaient plus, ils avaient l’air d’avoir adopté une trêve silencieuse. Se faisant face, aucun des membres des deux familles n’osait prendre la parole. Toutefois, l’inimitié était clairement palpable et Marcus et Tybault semblaient prêts à défendre chacun leur protégé, de sorte que personne ne décida de prendre l’offensive. Cette union allait être très compliquée.
Toute cette histoire laissa Sofian perplexe. Il avait donc fallu la menace de deux êtres prêts à en finir avec leur vie pour accepter qu’un tel amour existe. Tout était remis en perspective.
— Merci de nous avoir aidé à ouvrir ce mur.
Sofian se reconnecta avec la réalité. Les deux amoureux indissociables sous leur couche de poussière de roche leur faisaient face, accompagné de Machoc et d’un Méditikka qui devait appartenir à Jules.
— Roméo m’a tout raconté. Merci à vous.
— Vous nous avez permis d’enfin être libres à vivre la vie que l’on souhaite mener alors…
— Accepterez-vous d’être présents à notre mariage ?
— Vous allez vous marier ? s’exclama Sofian, désemparé. Après tout ce que vous venez de…
— Je crois que ce que Sofian veut dire, rectifia Flora, c’est que nous serons les premiers présents à votre mariage !
— On va probablement avoir besoin de vous !
Et ils rirent de bon cœur.
— Pourrez-vous remercier Timmy de ma part ? demande Roméo.
C’est alors que Sofian se rendit compte de l’absence énigmatique de leur ami.
— Il est le seul à ne pas m’avoir jugé et… enfin, bref, vous le remercierez pour moi ? J’ai cru comprendre qu’ouvrir ce mur était une épreuve difficile pour lui.
— Mais c’est vrai ça, où il est Timmy ?
— Je crois l’avoir vu aller respirer le bon air de Vergazon.
La réalité frappa alors Sofian comme un coup d’épée dans le ventre. Évidemment que libérer le passage vers Vergazon avait été une épreuve pour Timmy. Toute cette semaine avait dû être horrible à vivre pour son ami. Comment ne s’en était-il pas rendu compte avant ? Comment avait-il pu passer à côté de cela ?
Timmy n’avait pas essayé à tout prix de ne pas quitter Mérouville ! C’était d’aller à Vergazon, qu’il avait essayé d’éviter ! Vergazon, son village natal. Vergazon, la raison pour laquelle il avait commencé à voyager avec lui au début de son aventure. Vergazon, la destination de son voyage.
Vergazon, là où se trouvait la famille de Timmy. Vergazon, là où le voyage de Timmy s’arrêtait.

Pokémon #201r
À suivre dans : « Au revoir, Timmy »