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La ligne de l'Entre-Vie de Kazumari



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Informations

» Auteur : Kazumari - Voir le profil
» Créé le 10/10/2019 à 00:12
» Dernière mise à jour le 29/12/2020 à 22:13

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Fantastique   Mythologie   Région inventée

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Chapitre 6 : Face au passé
- C’est notre prisonnière, on ne pourrait pas la faire marcher comme nous tous ? pesta l’un des membres des Crânes Noirs.

- Si tu crois que ça m’amuse d’être suspendue la tête en bas ! Moi aussi, j’aimerai bien marcher. Mais tu vois, votre chef a peur de moi donc il préfère que je n’ai pas le contrôle de mes mouvements, avoua Britfrith Iscamord de son habituelle voix amusée et détachée.

La guerrière d’Aralon était attachée en dessous d’un petit tronc d’arbre transporté par deux brigands robustes. Elle comprenait parfaitement que si sa liberté était aussi réduite, c’était pour éviter qu’elle ne trouve un moyen de se mutiler pour que le roi refuse de payer pour sa tête. Britfrith n’en serait de toute façons jamais arrivée à là mais cela l’amusait de voir le traitement qu’on lui réservait alors qu’on la considérait comme une prisonnière.

Elle savait que Taranis Helbator finirait par craquer et l’affronterait en combat singulier. Comme si son talent insupportable pour les affrontements rapprochés ne suffisait pas, Britfrith avait également eu la chance de naître avec des Yeux Sacrés, phénomène relativement rare. Les siens lui permettaient de déceler les mensonges chez ses interlocuteurs par simple contact visuel. Elle avait donc déjà deviné que le chef des Crânes Noirs mourrait d’envie de se frotter à elle mais se retenait pour l’avenir de sa bande.

- Y a des possesseurs d’Yeux Sacrés chez vous ? demanda-t-elle subitement pour entamer une conversation, parlant comme elle le ferait à des amis. C’est Arithmédia que votre patron transporte, non ? J’ai entendu dire qu’elle était conservée dans un sanctuaire envahi par les fantômes. Les Yeux de l’Entre-Vie, non ? C’est plutôt rare ça…

- C’est moi, indiqua timidement l’homme qui transportait la partie inférieure du tronc. J’étais un enfant non désiré et j’ai failli me faire tuer par mes propres parents quand j’étais jeune… mais monsieur Helbator a su me trouver une place dans ce groupe.

- Oh je vois, vous êtes une sorte de famille donc. Intéressant tout ça. En vrai, c’est difficile de déterminer qui peut posséder des Yeux Sacrés. J’ai beau avoir combattu sur plein de champs de bataille, je n’en ai rencontré qu’un seul qui me reste en mémoire. Un guerrier avec un katana qui pouvait annuler les pouvoirs des Yeux Sacrés avec les siens… y en a pour tous les goûts avec ces maudits Yeux.

- Vous ne voulez pas nous rejoindre, Iscamord ? Si vous aimez les combats tant que ça, vous seriez servie avec nous. Et vous auriez du cidre à volonté…

- C’est tentant l’histoire du cidre à volonté mais je n’aime pas vos méthodes. Votre chef a bien raison de me laisser attachée car si jamais vous me laissiez mettre la main sur une seule des huit armes que je transporte, vous seriez déjà tous morts. Quoique on va dire sept… il va vraiment falloir que j’apprenne à me servir de cette maudite arbalète.

Taranis marchait à l’avant mais prêtait toutefois attention à la conversation pour s’assurer que Britfrith n’allait pas trouver un moyen d’empirer davantage la situation. Cela faisait déjà deux jours depuis leur dernière conversation au coin du feu et elle continuait de répéter en permanence qu’elle pouvait tous les assassiner les yeux bandés avec une main dans le dos. Elle sous-estimait grandement les Crânes Noirs, qui étaient tous des guerriers aguerris assoiffés de sang.

Britfrith affichait un sourire en toute circonstances, ce qui la rendait difficile à lire. Le chef des brigands observait son regard à la place et comprenait qu’elle essayait de mettre des étincelles sur le feu pour l’inciter à la combattre. Taranis ne l’avait jamais vu à l’assaut mais le fait qu’elle transporte huit armes différentes en même temps, sans prendre en compte la réputation qu’elle s’était construite, suffisait à la ranger dans la catégorie des opposants à éviter.

Au rythme où ils progressaient, ils n’atteindraient pas les frontières du royaume de Sindrélia avant un bon mois. Et ils devraient ensuite rallier sa capitale Aralon afin d’obtenir une entrevue avec le roi au sujet de Britfrith. Taranis avait le sang chaud, il savait pertinemment qu’il ne résisterait pas aux remarques interminables de leur prisonnière pour le pousser à sortir de ses gonds. Et si chaque Crâne Noir savait se défendre, ils ne pourraient jamais lutter contre leur chef en colère pour le retenir.

- Dis-moi Iscamord. Tu fais partie de l’armée d’Aralon mais où es ta place dans la hiérarchie exactement ? demanda soudainement Taranis en ralentissant sa cadence pour que le tronc où Britfrith était attachée puisse le rattraper.

- Tu t’intéresses à moi, maintenant ? Laisse-moi deviner, si je te dis que je suis une simple larbin qui fait les corvées des plus haut placés, tu te diras que le royaume de Sindrélia n’aura pas envie de mettre une grosse somme d’argent pour me récupérer. Et donc m’affronter deviendra possible, je me trompe ?

- Je posais la question par simple curiosité, affirma le chef de la troupe en affichant un grand sourire.

Britfrith sentit une légère brûlure lui picoter les globes oculaires. Ses Yeux Sacrés de la Vérité ne pouvaient pas la tromper. Taranis était en train de lui mentir et souhaitait réellement la tuer sur le champ. La femme aux longs cheveux blancs songea que si elle mentait pour s’inventer une vie, elle pourrait être relâchée immédiatement pour combattre le grand gaillard dans une bataille où seul l’un des deux survivrait. Une occasion en or.

Malheureusement, elle se souvint rapidement que tout l’argent qu’elle avait transporté depuis son départ du royaume était parti pour acheter de l’alcool et qu’elle aurait bien du mal à rentrer à Aralon dans les conditions actuelles. Certes, après avoir vaincu Taranis, elle pourrait assassiner tous les Crânes Noirs et récupérer leurs pièces d’or mais ce n’était pas dans ses principes de voler à autrui. Il valait donc mieux pour elle de ne pas trop dévier. Elle décida donc de dire la stricte vérité.

- Y a le roi, puis les Paladins de l’Ordre Sacrés d’Aralon. Et après, c’est moi, répondit-elle sans sourciller. Je suis un peu la numéro un de l’armée. Et de ce que j’ai entendu, on me met généralement au même niveau que les Paladins. En vrai, j’aurais pu en devenir un mais comme je n’ai pas d’armes divines, on m’a refusé l’entrée. Figure-toi que c’est moi qui entraîne les Paladins maintenant, je leur mets la fessée régulièrement.

- Je vois, souffla Taranis, comprenant qu’elle valait bel et bien son pesant d’or. Te couper la langue, ça ne posera pas de problème, non ? Tu n’en as pas besoin pour te battre, ça ne changerait rien à la rançon.

- En effet. Mais si tu veux mon avis, tu ferais mieux de faire un pas en arrière tout de suite. Tu me remercieras plus tard.

Si elle ne comprenait pas où elle voulait en venir, Taranis ne tarda pas à s’exécuter, n’écoutant que ses propres réflexes. Une dague fendit subitement l’air et passa au niveau de la zone où se situait la gorge du Crâne Noir il y a seulement quelques secondes. L’arme contondante termina sa course contre un tronc d’arbre où elle se planta dans un bruit sourd. Tout en allant la récupérer, le quadragénaire songea que les sens de Britfrith devaient être particulièrement aiguisés pour l’avoir senti venir aussi longtemps en avance.

Commençant à observer la dague sous tous les angles, Taranis demanda à ses camarades d’inspecter les environs pour trouver la source du problème. Est-ce qu’il s’agissait d’amis de Britfrith qui venaient la secourir ? L’homme musclé aux longs cheveux blonds ne pouvait pas l’affirmer avec certitude, leur prisonnière s’étant réellement retrouvée toute seule en train d’encaisser l’alcool qu’elle avait bu. Il lui posa directement la question, sachant qu’elle ne chercherait pas à lui mentir.

- Tu as des amis, Iscamord ?

- Des amis, tu dis ? Les gens ont bien trop peur de moi pour essayer de m’approcher. Je ne sais pas qui a essayé de te tuer à l’instant mais je n’ai rien à voir avec cette histoire. D’ailleurs, tu ne m’as pas encore remercié. Sans moi, tu serais sûrement mort, là.

- J’en doute, tu as seulement senti l’arme avant moi, il en faudrait bien plus pour me descendre. Si ce ne sont pas tes alliés, alors cela veut dire que nous avons des visiteurs…

La guerrière d’Aralon était également curieuse d’en apprendre plus. La trajectoire de la dague était destinée à la gorge de Taranis, ce n’était pas un simple avertissement. Si Britfrith gardait son code d’honneur et n’irait pas tuer les Crânes Noirs pour de l’argent, elle n’irait pas broncher si quelqu’un d’autre s’en chargeait et qu’elle puisse récupérer les pièces d’or ensuite. Voyager gratuitement était une chose mais suspendue à l’envers sur un tronc d’arbre déraciné devenait rapidement désagréable.

Les sbires de Taranis partis inspecter les alentours ne tardèrent pas à revenir, amenant avec eux une jeune fille qu’ils immobilisèrent aussitôt au sol avant qu’elle ne puisse tenter quoi que ce soit. Le second des Crânes Noirs apporta une épée à leur chef, qui appartenait probablement à cette nouvelle venue. Perplexe, Taranis l’empoigna. Il ne serait certainement pas attendu à que cette tentative d’assassinat soit effectuée par une gamine.

- Elle était seule ? Peut-être qu’elle a des alliés qui n’attendent que de nous tomber dessus ?

- Non, les traces de pas présentes ne provenaient que de ses chaussures, répondit aussi son lieutenant. Elle avait aussi ce truc sur l’épaule.

Il présenta le Charmilly qui accompagnait Ylliana partout, ce dernier continuant de se débattre pour essayer de se libérer de son étreinte. Taranis le regarda, songeant que ce serait pratique d’avoir une réserve infinie de crème pour accompagner le cidre lors des soirées. Mais ne s’attardant pas davantage sur le Pokémon Fée, il s’approcha de l’adolescente clouée au sol et s’assit à proximité en croisant les jambes. Il ordonna ensuite à ses fidèles de la laisser respirer.

D’abord indécis, ils finirent par écouter leur supérieur et lâchèrent aussitôt Ylliana. Cette dernière, comprenant la gravité de la situation, ne chercha pas à contre-attaquer immédiatement et préféra s’asseoir à son tour. L’homme au bandeau qui lui faisait face correspondait aux affiches de mise à prix qui circulaient à travers les différentes cités du pays. Taranis Helbator, l’homme à la force surhumaine capable de déraciner les arbres. Sa tentative de meurtre à distance avait donc échoué.

- Dis-moi gamine, ce couteau est à toi ? Il a failli me passer au travers de la gorge tout à l’heure, je suppose que ce n’était pas un accident ?

- Je m’appelle Ylliana ! riposta-t-elle aussitôt, se rappelant de l’époque où Aléandre l’appelait constamment par ce surnom qui ne lui plaisait pas.

- Ylliana si tu veux. Vu que tu ne cherches pas à me contredire, je suppose que ce couteau t’appartient. Je te le rends. Et ton épée aussi.

La jeune fille blonde n’en croyait pas ses oreilles. Les Crânes Noirs étaient réputés pour être sans pitié et assassiner même les femmes et les enfants lorsqu’ils pillaient les villages. Cela n’avait pas de sens qu’ils ne l’achèvent pas pendant qu’elle était désarmée, surtout au point de lui rendre son arsenal. Elle en arriva donc à la conclusion qu’elle se faisait sous-estimer à cause de son âge et cela ne lui plaisait pas. Dès qu’elle aurait une ouverture, elle frapperait et prendrait la tête de Helbator.

Deux jours s’étaient écoulés depuis qu’Ylliana s’était enfuie du sanctuaire d’Arithmédia. Elle qui vivait pour se venger des Crânes Noirs ne pouvait pas laisser passer cette chance de rétablir l’honneur de sa famille. Mais comme elle ne souhaitait pas mettre en danger Aléandre ou Kallan, elle était partie seule avec l’un des deux Corvaillus pour étudier la zone et localiser les brigands. Elle n’avait même pas réfléchi au fait de laisser ses compagnons de route au sanctuaire sans des Yeux Sacrés de l’Entre-Vie en guise de protection.

- Qu’est-ce qu’une petite gamine comme toi peut bien faire toute seule au beau milieu de nulle part à tenter d’attaquer des mercenaires tels que nous ? interrogea Taranis, avide d’en savoir plus.

- Elle est venue me sauver bien sûr, intervint Britfrith d’un ton moqueur.

Ylliana remarquait seulement maintenant la présence d’une femme ligotée à un tronc d’arbre. Une prisonnière des Crânes Noirs. Un simple coup d’épée suffirait à la délivrer de cette corde trop serrée. Peut-être qu’à deux, elles auraient davantage de chance face à ces maudits brigands. La paysanne ne souhaitait pas spécialement tous les tuer, elle se contenterait de la tête de leur chef. C’était lui qui avait pris la décision d’attaquer son village et était donc le principal responsable.

Mais la distance qui la séparait de la demoiselle aux cheveux blancs était trop importante pour qu’elle puisse la franchir sans que Taranis Helbator ou ses sous-fifres ne réagissent. Elle était donc coincée pour le moment. Comme son ennemi mortel ne faisait preuve d’aucune animosité à son égard, elle pouvait parfaitement continuer la conversation le temps de trouver une solution. Elle allait se sortir de ce pétrin et honorer la mémoire de ses parents.

- Est-ce que vous vous souvenez du village Haut-Vent, monsieur Helbator ?

- Le village Haut-Vent, tu dis ?

- Oui, vous l’avez attaqué la décennie passée et tué tous ses habitants alors qu’il n’y avait pas la moindre richesse sur place, expliqua Ylliana en tentant de contenir sa colère, la main posée sur le manche de son épée. Et votre intervention m’a valu quelques cicatrices aussi.

- Gamine, on pille des villages en permanence depuis des années. Est-ce que tu te souviens de tous les repas que tu as mangé depuis ta naissance ? soupira Taranis.

Il n’en fallut pas plus pour qu’Ylliana craque. En une fraction de seconde, elle se leva, son arme pointée en direction de la poitrine de son interlocuteur. Elle respirait bruyamment à cause de la tension qui grimpait. Dix ans. Dix ans qu’elle attendait ce moment. Elle allait enfin se venger et elle en profiterait pour reprendre Arithmédia pour la délivrer à Aléandre. Ylliana n’avait pas manqué de noter la présence de la lame dorée à la ceinture du grand gaillard quadragénaire.

Britfrith lâcha un sifflement pour montrer son respect suite à la vitesse de réaction de la jeune fille. Taranis lui-même n’avait pas réagi, son expression faciale n’ayant pas changé du tout malgré le fer qui se trouvait à proximité de son corps. Le Crâne Noir comprit rapidement la prise de position de la nouvelle venue. Elle devait être la survivante de l’un des nombreux lieux que sa bande avait ravagé depuis sa création. Ils étaient nombreux ceux qui voulaient se venger d’eux, elle n’était ni la première ni la dernière.

- Un combat à mort, ça te dit ? proposa-t-il, content de ne pas avoir à sacrifier Britfrith Iscamord pour se changer les idées. Je te promets que mes amis ne chercheront pas à s’interposer. Si tu gagnes, tu pourras faire ce que tu veux à ma troupe. Les tuer, les dépouiller, leur laisser la vie sauve. La décision te reviendra. Si je gagne… je n’ai pas grand-chose à gagner dans cette histoire vu que tu seras morte donc contente-toi de me divertir.



***


- Toujours aucune trace d’Ylliana… soupira Aléandre en s’asseyant sur un tronc d’arbre allongé sur le sol. A ce rythme, nous n’allons jamais la retrouver.

Deux jours depuis l’exploration du sanctuaire sacré d’Arithmédia. En apprenant que le groupe de mercenaires des Crânes Noirs se trouvait à proximité, l’adolescente avait trouvé le bon moment pour s’éclipser et tenter de les rattraper avant qu’il ne soit trop tard. Lorsque le voyageur trentenaire et le couple des Redlior avait rallié le feu de camp, l’un des deux Corvaillus loués à Alexicia avait effectivement disparu sans laisser de traces.

Quitter le sanctuaire ne fut pas une mince affaire pour le reste du groupe. En l’absence d’Ylliana et de ses yeux, ils n’eurent plus aucun moyen de lutter contre les fantômes locaux qui chercheraient à les influencer. Rose s’était montrée efficace pour leur signaler les positions des ennemis afin qu’ils puissent les éviter. Un retour assez stressant comparé à l’aller qui s’était déroulé dans les meilleurs conditions grâce aux pouvoirs de la fille blonde.

Aléandre n’aurait jamais pensé que les Crânes Noirs se retrouveraient impliqués avec Arithmédia. Sa bonne étoile l’avait vraiment abandonné. Ylliana avait perdu sa famille et son lieu natal à cause de ces brigands la décennie passée, c’était tout naturel pour elle de vouloir se venger. Son deuxième père pouvait la comprendre mais avait toujours espéré qu’elle finisse par passer à autre chose et comprendre qu’un tel ressentiment était malsain pour elle.

Même si son objectif fut toujours de récupérer Arithmédia pour honorer la mémoire de son père, Aléandre en avait profité pour faire découvrir de nouveaux horizons à sa petite protégée, afin de lui faire oublier son funeste passé. Au vu de la réaction d’Ylliana au sanctuaire, il n’avait pas réussi à effacer complètement les traces noires qui enveloppaient son cœur. Et maintenant, Ylliana se jetait dans la gueule du loup sans la moindre hésitation.

- Les Crânes Noirs sont des gens dangereux, toutes sortes de rumeurs circulent à leur sujet, souffla Aléandre. Je ne sais pas ce qu’Ylliana cherche à accomplir mais elle n’a absolument aucune chance. Elle va se faire capturer pour être vendue en tant qu’esclave ou pire, être tuée sur le champ…

- N’abandonne pas tant que tu n’as pas trouvé son cadavre, peut-être que tout va bien pour elle. Nous ne savons pas si elle les a retrouvé, elle va peut-être nous rejoindre bientôt, affirma Kallan, peu convaincu par ses propres paroles.

- Lorsque nous nous sommes rencontrés à Alexicia, elle a failli nous proposer de l’aide dans sa quête des Crânes Noirs, intervint Rose, qui flottait en hauteur pour tenter de localiser Ylliana. Elle n’a jamais réussi à passer à autre chose. Vous ne voulez pas taper du Crâne Noir, sérieux ? Si vous vous y mettez à trois avec Ylliana, vous avez peut-être une chance.

Kallan manqua d’éclater d’un rire nerveux. Il n’était pas suffisamment confiant en son expérience avec le katana pour oser faire face à des canailles vivant pour le combat. Comme son épouse adorait le lui répéter dès qu’elle en avait l’occasion, il avait même réussi à perdre récemment contre une jeune adulte saoule dans un combat rapproché. D’autant plus que même s’ils ignoraient le nombre de membres dans le groupe adversaire, ils étaient certainement davantage que trois.

Aléandre lui-même n’était pas confiant. Certes, il savait manier l’épée et se débrouillait même plutôt bien mais ne se considérait pas comme un guerrier. Combattre les Crânes Noirs représentait la dernière chose qu’il souhaitait accomplir, raison pour laquelle il espérait qu’Ylliana surpasse ses envies de vengeance. Malheureusement, il n’avait plus vraiment le choix maintenant. Le trentenaire n’avait pas du tout l’intention de laisser sa protégée mourir ainsi.

A cause de l’enchaînement des événements, Aléandre n’avait pas pu poursuivre sa conversation avec son défunt père. Ylliana partie et Rose réticente à faire office de traductrice, ils avaient dû couper court le dialogue. Theriss Nertiloni avait au moins pu lui dire qu’il était content d’avoir pu le rencontrer une dernière fois et qu’il allait enfin pouvoir reposer en paix. A l’heure actuelle, le paternel de l’explorateur devait avoir rejoint l’Outremonde.

- J’ai échoué en tant que père de substitution… mais maintenant, j’aimerai au moins qu’elle survive, c’est tout ce que je demande. Pardon Kallan, je divague. Tu as raison, nous ferions mieux de ne pas nous inquiéter tant que nous n’avons pas trouvé son cadavre. Sans confirmation qu’elle a rendu l’âme, il y aura toujours une chance qu’elle soit en vie.

- Tu es doué pour jouer les médiateurs Kallan, fit remarquer Rose avec amusement. Si ça se trouve, tu pourrais vaincre les Crânes Noirs juste avec les mots. Tu as l’air de mieux les manier que ton katana.

Son époux n’eut pas l’occasion de lui répondre car leur échange fut interrompu par le cri du Corvaillus restant. Depuis plusieurs heures, le Pokémon Corbeau survolait la zone en l’espoir de localiser son congénère, qui devait lui-même se trouver à proximité d’Ylliana. Comme il faisait régulièrement des cercles au dessus du groupe, Aléandre put en conclure qu’il était finalement parvenu à accomplir sa mission. Il sentit son cœur battre la chamade.

Corvaillus leur indiquant la marche à suivre, la troupe se remit aussitôt en route. Ixon se préparait mentalement en vue d’un possible combat contre les mercenaires. Le Pokémon Barrière n’avait pas envie non plus de voir son compagnon de route des dix dernières années perdre la vie ici. S’il devait affronter quelques brigands le temps de la récupérer et de prendre la fuite, il n’hésiterait pas et ce, malgré qu’il ne soit plus tout jeune.

- Hé le chauve pourquoi tu t’arrêtes brusquement ? demanda Rose après un bon quart d’heure alors qu’Aléandre venait de se stopper subitement au milieu du sentier, Kallan manquant de peu de lui rentrer dedans. Tu as vu un fantôme ?

Rose pouffa à sa propre blague alors que son époux tentait de comprendre le comportement de l’explorateur, qu’il cerna rapidement. Si les deux Corvaillus avaient pu se rejoindre à l’orée du chemin, ils n’étaient en revanche pas seuls. Une femme se tenait là. De petite silhouette avec de longs cheveux blonds et une aura étrange qui donnait l’impression qui s’agissait d’un mirage. Elle portait une robe complètement noire avec des ornements dorées en forme de crâne de squelettes. Même sans qu’elle ne se présente, Aléandre devinait de qui il s’agissait. Shalkidalia, l’Impératrice de la Mort.