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Dissension de Lacrima



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Informations

» Auteur : Lacrima - Voir le profil
» Créé le 10/09/2019 à 17:48
» Dernière mise à jour le 11/09/2019 à 12:18

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 9 - ...qui scellera ton destin.
« C'est bon Maximilien ? Tu t'en sors ? »

Le roux leva les yeux vers Clément et dressa un pouce vers le haut. Chargé comme jamais, un sac sur le dos et un sur le ventre, il transportait du mieux qu'il le pouvait le matériel scientifique comme Claire le lui avait demandé. Les deux amoureux des volcans se dirigeaient vers le flanc Nord de la bête. Il ne leur restait plus qu'une dizaine de minutes à marcher mais déjà Maximilien sentait ses jambes se fatiguer et protester contre son fardeau.
Malgré tout, il se refusait à réclamer une pause : il aurait tout le temps de reprendre son souffle après et ne voulait surtout pas ralentir Clément. Il avait un programme très chargé pour la journée.

Leur objectif une fois atteint, le roux put s'affaler sur le sol scoriacé sans demander son reste.

« Désolé, faut que je respire un coup, là. »

Le blond lui tapota amicalement l’épaule.

« Pas de problème, tu as du temps libre maintenant. Va faire un petit tour ! »

Aussitôt, la pokéball dans la poche de Maximilien se mit à frétiller. Il sursauta et le géologue lui décocha un regard interrogateur.

Il avait presque oublié Chamallot, avec tout ça.

Il se racla la gorge et sourit au géologue avant de disparaître entre les arbres qui habillaient le flanc du volcan. Clément haussa les épaules et se pencha sur l'une des plus grosses machines, tournant une tripotée de boutons d'un geste expert.
Maximilien, quant à lui, s'éloigna un peu plus et inspira longuement. La forêt de bois noir sentait le sapin et l'humus, et cette humidité ambiante contrastait étrangement avec le monstre de feu sur lequel elle avait poussé. Quelques Spoink grognaient çà et là, déterrant on ne sait quoi avec leur groin avant de s'enfuir en deux bonds au moindre bruit suspect.
Lorsqu'il se fut suffisamment éloigné du scientifique, Max glissa la main dans la poche de son manteau et en sortit une minuscule balle rouge et blanche. Comme par magie, elle grandit pour devenir aussi grosse que son poing et remua légèrement.

« Bon, Chamallot. » Il s'approcha un peu plus de la sphère et attendit que son Pokémon se calme. « Je t'ai emmené comme on n’est pas au sommet du volcan, mais je ne sais pas trop si tu as le droit d'être là. Il va falloir faire profil bas, d’accord ? »

Un cri étouffé lui répondit et Maximilien sembla comprendre, pressant le bouton blanc qui ouvrit la balle en deux. Aussitôt, une boule de lumière rouge s'en échappa et s'étira en un éclair, pour frapper le sol et prendre la forme d'une petite créature au dos rond. L'instant d'après, c'était Chamallot qui se tenait devant lui, remuant les oreilles alors qu'il scrutait les alentours d'un air curieux.
Avec un sourire, l'adolescent se pencha vers lui pour lui tapoter la tête et tira d'un air joueur sur l'une des oreilles rondes de la créature. Pour toute réponse, elle le bouscula dans la pente et se jeta sur son ventre en sautillant gaiement.

« Arf ! » fit-il, le dos dans la terre. « Super, tu as sali mon coupe-vent. Tu es fier de toi ? »

Le Chamallot joueur lui tira la langue avant de disparaître derrière un arbre. Max ne prit pas la peine de se demander sur quel humain il avait pu copier cette mimique et bondit sur ses jambes, aux aguets. Une frimousse jaune ressortit de derrière un tronc et ses deux yeux noirs pétillaient de malice. L'adolescent haussa un sourcil et sourit de toutes ses dents quand le Pokémon disparut un peu plus loin dans les bois.

« Oh d'accord… tu veux jouer à cache-cache ? Je te préviens, je ne te laisserai pas gagner cette fois ! »

À ces mots, il s'élança à la poursuite de la petite créature, le cœur battant. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pris le temps de jouer comme ça avec le petit Pokémon. Chamallot devait être ravi de courir en pleine nature, près de l'endroit où il était né. Qui sait, peut-être allait-il même rencontrer quelques amis !

Malheureusement, le destin en avait décidé autrement. À peine avait-il vu le derrière jaune du Pokémon disparaître complètement derrière les troncs de sapins qu'il entendit un cri terrifié.
Il n'avait pas encore réalisé ce qu'il se passait que tout tourna autour de lui, et il lui sembla soudain qu'on le frappa à l'arrière de la tête.
Le souffle coupé, allongé au sol, il cambra le dos et tenta tant bien que mal de respirer. Au bout de ce qui lui sembla une éternité, enfin, l'air entra à nouveau dans ses poumons et il toussa violemment.
Il passa sa main sur son visage et essaya de ne pas paniquer lorsqu'il fut capable de s'asseoir. La vision encore troublée par le choc, il regarda autour de lui.
Tout ce qu’il pouvait voir d’ici était de la terre, des feuilles mortes, des racines… et de la roche sombre.

Il déglutit difficilement en avisant les hauts murs qui l'entouraient, et en levant la tête distingua à peine le ciel entre deux mâchoires de racines et d’humus noir.
Il ne lui fallut pas plus longtemps pour comprendre que c'était lui qui avait hurlé et il se recroquevilla sur lui-même, sentant déjà la panique monter en lui.

« Oh non… non… non non non non non... »

Il sentit quelque chose remuer le long de sa main et la retira avec dégoût avant de se redresser sur ses jambes tremblantes. Il devait faire les choses dans l'ordre, réfléchir, ne pas céder à la panique. Sa première pensée fut pour son Pokémon chéri.

Chamallot… comment va-t-il ?

Il plaça les mains en porte-voix autour de sa bouche et cria en direction du ciel.

« Chamallot ? Chamallot, tu vas bien ? »

Il reçut un petit glapissement en réponse et la frimousse jaune qu'il aimait tant se pencha au-dessus de la faille dans laquelle il était coincé. Aussitôt l'éclat joueur dans ses yeux s'éteignit et il couina. Le cœur de Maximilien se pinça et il sourit malgré tout.

« Attention où tu mets les pattes, j'ai dû passer au travers du sol en courant trop vite. »

Encore un peu sonné, il extirpa son téléphone portable de sa poche avant de tapoter fébrilement le numéro de Claire sur le clavier. Il le plaqua à son oreille en priant pour qu'elle réponde, mais tomba directement sur la messagerie.

Bien sûr. Il n'y avait pas de réseau dans une forêt, alors dans une faille dans la forêt…

Ses mains se mirent à trembler malgré lui et il leva à nouveau les yeux vers son Pokémon. Il n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour lui parler que la petite créature bondit sur son maître avec un cri et manqua de le plaquer au sol une seconde fois. Surpris, il l'enserra dans ses bras et tituba légèrement. Sa jambe encore faible le fit souffrir et il serra les dents, prenant appui d'une épaule sur le mur de terre pour ne pas s'effondrer lamentablement sur le sol.

Il posa son Pokémon à terre et, maintenant accompagné, tenta de masquer son soulagement.

« Chamallot ! Tu es fou ? Comment on fait pour sortir d'ici si tu ne peux aller chercher personne ? »

La petite boule de poils agita une oreille, semblant ne pas totalement comprendre la réaction de son dresseur. Quelque chose d'autre attira son attention et il ouvrit grand les narines, humant l'air avec précaution. Maximilien le regarda sans rien dire, luttant en silence contre le froid qui se faisait ressentir petit à petit au fond de cette crevasse.
Finalement, Chamallot émit un petit glapissement curieux et se dirigea un peu plus loin dans la fissure, en direction d'une petite cavité sombre.

« Hé ! Non, pas par-là ! C'est peut-être dangereux ! »

Mais trop tard, la petite bête avait déjà disparu. Il l'entendit encore gratter contre quelque chose de dur quelques secondes, puis plus rien.

« Chamallot ? »

Maximilien commençait à se ronger les sangs, et il en oubliait presque sa propre situation.
Tout ce qu’il entendait à présent étaient les chutes de pommes de pin sur le sol à un peu plus d'un mètre au-dessus de sa tête, et le vent qui agitait les feuilles des arbres. Tout signe de vie dans la forêt s’était évanoui avec la petite créature.

« Allez, viens par ici maintenant. Il faut que je te fasse sortir pour aller chercher de l'aide. »

Son ton n'était pas très convaincant. Il s'approcha lentement du tunnel dans lequel avait disparu son Pokémon, et se rendit compte avec stupeur qu'il était assez grand pour qu'un adulte y entre sans problème. Même pas besoin de se baisser.
Prenant son courage à deux mains, il fit un pas en avant et s'apprêtait à passer la gueule béante de roche noire lorsqu'un grattement lui parvint. Surpris par le bruit soudain, il bondit en arrière et retint son souffle, immobile.

Heureusement, ce fut un glapissement joyeux qui lui répondit et Chamallot sautilla autour de du garçon, surexcité. Maximilien ne partageait pas son sentiment et leva les yeux vers le ciel, puis prit son Pokémon dans ses bras.

« Ok, Chamallot, je ne sais pas ce que tu as vu mais ce n'est pas le moment. Va chercher quelqu'un, n'importe qui, et emmène-le jusqu'ici s'il te plaît. Je pourrais lui expliquer la situation et il appellera les secours. Ensuite, tu me diras ce que tu as vu. D'accord ? »

Le Pokémon fronça le nez en signe de mécontentement. Visiblement, le plan de Maximilien ne lui plaisait pas trop et il aurait préféré retourner jouer dans la grotte, mais il était assez grand pour comprendre que quelque chose allait mal et préféra obéir.
En tendant les bras, l'adolescent pouvait presque atteindre la surface. Ce n'était pas suffisant pour remonter seul, mais il approcha Chamallot à bout de bras qui d'un bond se retrouva à la surface. Ni une ni deux, le petit Pokémon s'élança à travers les arbres sans un regard pour son dresseur.
Dans la crevasse, un peu plus bas, Maximilien baissa tristement les yeux vers ses mains couvertes de poils jaunes un peu terreux.

Mais il y trouva une chose à laquelle il ne s'attendait pas ; une myriade de paillettes nacrées couvrait sa paume et ses doigts pâles.


Le petit Pokémon galopait à toute vitesse, esquivant maladroitement certains arbres et glissant par moment sur le tapis de feuilles mortes qui recouvrait le sol humide. Couvert de terre, il remontait la pente du volcan le plus rapidement possible.

La vie de son dresseur en dépendait, il en était certain. En tout cas, il avait vu quelque chose de différent dans les yeux de son dresseur. Une lueur qui lui avait déplu, qui l'avait inquiété. Qui lui avait retourné les tripes, sans savoir pourquoi.

Il était encore un jeune, mais vivait depuis suffisamment longtemps avec l'adolescent pour savoir lire ses émotions. La panique n’était pas une chose à laquelle il avait souvent affaire, pas étonnant que la pauvre créature en ait été toute retournée.

Quelques voix lui parvinrent au loin et il arrivait à l'orée de la forêt. Il la quitta en deux bonds et se retrouva au niveau de l'arrivée des télécabines. Quelques touristes s'arrêtèrent net en le voyant et sourirent d'un air attendri.

« Oooooh… vous avez vu comme il est mignon ?
- C'est un Chamallot, m'man. Il y en a plein ici !
- Oui mais c'est la première fois que j'en vois un… oh, c'est curieux. Qu'est-ce qu'il a dans ses poils ? »

Le petit Pokémon ne comprit pas la moitié de leur discours et n'attendit même pas que l'un d'eux sorte son appareil photo pour s'enfuir au triple galop.
Il n'avait jamais vu les humains avec qui Maximilien travaillait pendant son stage, mais il lui serait facile de reconnaître leurs voix. D'ici, il distinguait déjà un petit groupe affairé au bord du cratère et reconnut rapidement le bip bip caractéristique des machines qu'ils avaient installées autour d'eux.
Chamallot aurait encore accéléré si ses petites pattes le lui avaient permis et il se précipita vers eux, chaque bond le rapprochant un peu plus des scientifiques qui sauveraient Max.

Un homme aux cheveux grisonnants se retourna au premier cri du Pokémon, et ouvrit des yeux ronds.

« Ben… ben alors ? »

Ses collègues levèrent la tête alors que le Chamallot se mit à bondir sur place, l'air visiblement paniqué.

« Hé, les gars ! Regardez ça, s'il est pas trop mignon ! »

Ne semblant pas prêter attention à son état, les trois hommes qui l'avaient entendu s'approchèrent un peu et s'accroupirent vers lui. L'un tendit sa main vers l'avant comme pour attirer le petit Pokémon.

« T'as vu ça Denis ? Pourtant les Chamallot sont timides de nature, non ?
- Celui-là doit être le clown du groupe, en plus d'être un grand curieux, répondit-il. Il a peut-être senti nos sandwichs, je vais voir si je n'ai pas un truc à lui donner. »

Le petit Pokémon ouvrit deux grands yeux paniqués lorsqu’il comprit que les humains ne saisissaient pas son message. Il suivit le dénommé Denis du regard et nota qu'il se dirigeait vers une glacière. À côté se trouvait un petit appareil de mesure planté dans une grosse boîte et sur l'écran défilaient des chiffres qui ne parvenaient pas à se stabiliser.
Ne prenant pas le temps de réfléchir aux conséquences de son acte, la minuscule créature s'élança vers l'appareil qu'il saisit à pleine bouche avant d'arracher le dispositif.
Il se retourna ensuite vers les humains et comprit que son plan allait fonctionner quand Denis se jeta à plat ventre dans les scories.

« Non ! Rends-nous ça ! T'as pas idée de combien coûte ce truc, prends plutôt un sandwich ! »

Tenté un moment par un bon repas, il secoua vivement la tête en repensant à son dresseur au fond de la faille et fit un bond en direction de la forêt.
Mais, étrangement, ses petites pattes jaunes n'atteignirent jamais le sol et il sentit deux bras l'attirer fermement vers le haut.

« Hé, petit voleur. On en a besoin. »

La voix douce et claire lui arracha un sursaut et il leva les yeux vers le visage inconnu qui le fixait de ses yeux verts. Deux mèches blondes encadraient sa mâchoire fine, mais c'était sa voix qui réjouit le plus le Chamallot. Il n'opposa aucune résistance quand elle récupéra la sonde de la bouche du Pokémon pour le tendre à l'un des comparses de Denis, avant de reposer le petit Pokémon à terre.

« Les gars, qu'est-ce qu'il s'est passé avec ce Chamallot ?
- Aucune idée, il a déboulé d'un coup. On a cru qu'il avait faim et il sautait partout, mais on n’a pas eu le temps de sortir un truc à manger qu'il s'est sauvé avec la sonde. »

La géologue fronça le nez et baissa les yeux vers la créature jaune avant de croiser les bras.

« Bon, qu'est-ce que tu veux ? On n’a pas vraiment le temps de jouer avec toi, désolée. »

Sentant tout espoir s'envoler soudain, Chamallot se remit à bondir frénétiquement autour d'elle, se rapprochant peu à peu de la forêt en la désignant du bout du museau. La femme s'accroupit vers lui et tendit les mains dans sa direction.

« Eh, on ne comprend rien du tout. Tu ne veux pas te calmer d'abord ? »

C'est alors qu'elle remarqua un reflet anormal et baissa les yeux vers ses propres doigts, puis les leva à nouveau sur son poil terreux.

« Qu'est-ce que c'est que ça, les gars ?! s'agita-t-elle soudain en désignant ses mains.
- J'en sais rien, répondit Denis. Il était couvert de paillettes quand il est arrivé. »

Elle n'attendit pas plus longtemps avant de jeter son sac de matériel dans son dos. Ses collègues échangèrent un simple regard mais ne dirent rien, se contentant d'un haussement d'épaules. Chamallot redressa les oreilles et se remit à bondir vers les conifères sans parvenir à comprendre ce qui l'avait fait changer d'avis, et elle se tourna vers son groupe pour répondre à leur question muette.

« Je crois qu'il veut que je le suive, je reviens. » dit-elle simplement avant de disparaître entre les arbres.


« Ne panique pas Max, ne panique pas. »

Debout dans la crevasse, frigorifié et les ongles terreux, Maximilien jetait un regard presque suppliant aux racines des arbres qu'il n'avait pas encore arrachées sous son poids en essayant d'escalader la paroi. Depuis combien de temps essayait-il ? Un quart d'heure ? Une heure ? Une après-midi entière ?
Il avait perdu toute notion du temps dans cet enfer de froid et d'obscurité où seuls perçaient quelques rayons blafards. Ses doigts rougis et engourdis allaient bientôt refuser de lui obéir et sa jambe affaiblie par sa chute quelques mois plus tôt le faisait à nouveau souffrir. Il boitilla contre la paroi de pierre et tenta de se hisser de quelques centimètres avant de retomber lamentablement sur le sol de roches et d'humus. L'humidité traversa son jean et lui arracha un long frisson, mais il n'avait pas la force de se relever pour le moment. Sa gorge se serra et il inspira longuement pour lutter contre des larmes de plus en plus proches. Après tout il avait largement passé l'âge… non ?

Alors qu’il essuyait rageusement ses yeux humides, un bruit lointain lui arracha un sursaut et il bondit sur ses deux jambes au mépris de la douleur que lui causait son tibia affaibli. C’était sans l’ombre d’un doute un bruit de course, et un cri inquiet lui parvint.

« Chamallot ? » appela-t-il faiblement, avant de se ressaisir. « Chamallot, c'est toi ? »

Les bruits se rapprochèrent rapidement jusqu'à ce qu'une petite truffe bien connue apparaisse au-dessus de sa tête, poussant un glapissement joyeux. À ses côtés, une autre personne le dévisagea, incrédule.

« Max ?! »

Essoufflée, Claire prit quelques secondes pour reprendre sa respiration, les mains sur les genoux, avant de se pencher de nouveau vers lui.

« Maximilien, qu'est-ce qu'il t’es arrivé ?
- Je ne sais pas trop, j'ai couru et j'ai dû mettre le pied au mauvais endroit. Je suis passé à travers le sol et… ben, j'ai atterri là-dedans.
- C'est ton Chamallot ? »

Maximilien se racla la gorge, gêné.

« Oui, je sais qu'il n’avait pas le droit de venir mais comme on n’était pas vers le cratère, je me suis dit que, bon… il pourrait peut-être revenir là où vivent tous les autres Chamallot. Désolé.
- Où est-ce qu'il a trouvé la poussière ? »

Elle semblait l'avoir à peine écouté et, surpris, il haussa un sourcil.

« Il est allé dans cette galerie, là… je pense que c'est là qu'il en a trouvé. »

Claire n'attendit pas la fin de sa phrase avant de sauter à son tour dans la faille, accompagnée par le petit Pokémon trop heureux de pouvoir s'accrocher à nouveau à son dresseur et ami.

« Je dois aller voir ce qu'il y a là-dedans. »

Elle semblait comme hypnotisée par l'embouchure du tunnel et Maximilien sentit que protester serait inutile. Curieux lui aussi de savoir ce que pouvait être cette poudre irisée, il se releva et boita jusqu'à l'entrée du tunnel.
« Tu sais ce que c'est, toi ? fit-il en baissant la tête pour entrer dans le boyau de roche noire.
- J'ai peut-être une idée. Je veux dire, j'en ai déjà vu, mais je ne sais pas encore ce que c'est. »

Sa déclaration ne fit qu'attiser sa curiosité et il en oublia presque sa jambe douloureuse. Après deux minutes de marche la tête baissée à éviter les toiles poussiéreuses qui recouvraient les parois ainsi que les insectes grouillants qu'on y trouvait, ils débouchèrent dans une salle plus grande. Elle restait très étroite, mais il était possible de s'y tenir debout et elle devait faire à peu près la taille de la chambre de Maximilien, guère plus. Claire se retourna alors vers Chamallot. Il était tassé dans son coin, les oreilles rabattues sur la tête, et semblait refuser d'entrer dans la salle.

« Chamallot, tu peux me montrer où tu as trouvé la poussière, s'il te plaît ? »

Il recula d'un pas et jeta un regard inquiet au plafond de la salle, mais son dresseur se pencha doucement vers lui.

« Allez. Après ça, promis, on sort. »

La créature baissa la tête et alla renifler un à un les autres boyaux reliés à cette salle centrale avant d'en emprunter un, un peu plus large que le premier. Claire s'y engouffra sans prendre le temps de vérifier si Maximilien la suivait, et ce dernier la regarda disparaître dans le tunnel de roche noire avec appréhension. Il n'était pas claustrophobe, mais il fallait avouer que ce passage n'avait rien de rassurant. Un cri de victoire mit fin à sa réflexion et il consentit à la rejoindre, trop curieux.
Claire était là, dans un ventre de pierre volcanique, à genoux devant un petit fragment de roche.

Chamallot échappa un couinement déchirant à cet instant précis et détala ventre à terre, bousculant son dresseur au passage avec un cri paniqué. Sans vraiment comprendre ce qu'il venait de se passer, le garçon regarda son petit protégé disparaître dans un boyau de terre, mais son attention fut presque immédiatement reportée sur la géologue. Quelque chose brûlait au fond de ses yeux et elle sortit un carnet dans lequel elle nota fébrilement ses observations.

« Fabuleux. Je n'avais jamais trouvé un éclat aussi gros auparavant. »

Maximilien posa ses yeux sur le fragment de roche qu'elle observait avec tant d'attention.

Il était magnifique, un mélange scintillant de spirales rouges et brunes piégées dans une matrice translucide en un tourbillon sans fin. Il sembla même au garçon qu'elles ondulaient légèrement, à moins que ce ne soit seulement son imagination qui lui jouait des tours devant une telle beauté. Le fragment aux bords aiguisés avait été brisé et répandait autour de lui une poudre comme celle que Chamallot avait ramenée en sortant du tunnel. Visiblement, c'était ce qui avait mis Claire en émoi. Elle se tourna vers l'adolescent et souleva l'éclat à la hauteur de leurs visages.

« Ça, Maximilien, c'est ce pourquoi je reviens encore et encore sur ce fichu volcan. »

Elle s'assit plus confortablement et il l'imita avant de répondre, ignorant la couche de poussière du tunnel qui allait maculer ses vêtements.

« D'accord. J’imagine que c’est la « chose bizarre » que tu as trouvée pendant ta première expédition, j’ai raison ?
- Bien vu, sourit-elle. Enfin, c’était un minuscule fragment, que j'ai directement réduit en poudre pour mes recherches. Personne d'autre ne l'avait vu alors j'ai décidé de garder ça secret et je l'étudie tout en cachant ma découverte derrière la façade « je fais une thèse sur le Mont Chimnée », tu vois ?
- Je vois, oui, acquiesça-t-il. Alors, qu'est-ce que tu as trouvé dessus ?
- Premièrement, que les Chamallot semblent avoir un rapport particulier avec. J'ai trouvé mon premier fragment dans le nid de l'un d'entre eux, mais je ne savais pas du tout où il avait pu trouver une pierre pareille. Tous les autres Chamallot qui l'ont approchée de près ou de loin étaient surexcités, et comme… hypnotisés. Alors j'ai continué mes recherches en revenant une deuxième fois ici, puis une troisième. Mais je dois admettre que je n'avais jamais songé aux tunnels de lave. À vrai dire, je n'avais pas pensé du tout à aller fouiller aussi bas sur le flanc du volcan. »

Tous deux se turent et fixèrent la pierre avec intensité. Elle leur renvoya un éclat pâle et laiteux, et une fois de plus il leur sembla que les tornades rouges et brunes vibraient en son sein.

« Elle brille, n'est-ce pas ?
- Oui, fit Claire sans quitter la pierre du regard. Et mes recherches ont mis en évidence un fait : ce n'est pas de la fluorescence. Elle brille comme aucun autre minéral, du moins parmi ceux connus à ce jour.
- Tu en as déduit quoi d’autre ?
- Elle provient du magma du Mont Chimnée, aucun doute.
- Elle aurait pu se former quand la lave a refroidi, alors ? tenta l'adolescent, peu sûr de lui.
- C'est ce que je me disais aussi, mais pour en avoir le cœur net il faut pouvoir l'observer directement là où on la trouve. »

Les deux baissèrent les yeux vers le gros bloc de lave noire qui arborait un trou à peine plus petit qu'un poing, aux parois irrégulières et pailletées.

« Le fragment s'est formé dans le magma, c'est ça ? »

Claire sourit de toutes ses dents.

« C'est la preuve qu'il me manquait. J'en ai pris une photo, mais il faudra que je revienne chercher ce bloc. »

Puis son sourire se fana et elle servit une petite moue au garçon.

« Qu'est-ce que tu penses de tout ça ? Je n'en ai parlé à aucun de mes collègues, ça aurait fini par s’ébruiter et une grosse tête du milieu fatalement rappliqué pour me piquer ma découverte. Je sais que c'est un peu égoïste, mais je pense que tu peux comprendre.
S'ils m'avaient prise au sérieux ils m'auraient empêché de continuer. Et si ce n'avait pas été le cas, j'aurais été la risée de toute la communauté scientifique. C'est mauvais pour les contacts quand on prépare un doctorat, tu vois ? »

Elle semblait prête à s'emporter dans des explications et justifications diverses, mais se tut soudain et attendit avec appréhension la réaction du garçon.
Maximilien lui sourit.

« C'est gentil de m'en avoir parlé en tout cas. C'est vrai qu'à entendre comme ça, cette histoire est à dormir debout. Mais… quand on a cette pierre sous le nez c'est totalement différent. Tu tiens peut-être la découverte du siècle entre tes mains ! »

La scientifique rit en posant un regard protecteur sur la roche lumineuse et l'emballa avec précaution dans un mouchoir avant de la ranger dans son sac. À côté d'elle, la fraîcheur ambiante arracha un frisson à Maximilien et elle se redressa vivement sur ses genoux.

« Mais au fait, ça fait combien de temps que tu es là-dedans ? Tu dois être gelé ! Viens, on sort d'ici. On reparlera de la pierre plus tard. »

Il la gratifia d'un sourire fatigué : « Merci, Claire. »

Ils entrèrent tous les deux dans le boyau de roche noire qui allait les reconduire à l'air libre, sentant les pierres noires et gelées mordre leurs doigts. Le froid avait rougi leurs nez et leurs mains, et la cheville de Maximilien le faisait un peu trop souffrir à son goût.

C'est bientôt terminé, se dit-il.

Au-dessus d'eux, le plafond de roche trembla une fois. Ils se figèrent dans la grande salle et échangèrent un regard surpris.
Au loin, un cri paniqué de Chamallot résonna. Il était là, trépignant devant la sortie.
Encore un tunnel à traverser et il pourrait l'atteindre. C'est vrai, il en avait presque oublié son petit Pokémon affolé. Au début, il avait pensé que c'était la pierre que Claire avait trouvée qui l'avait mis dans un tel état.

Une autre secousse tonna autour d’eux. Un bloc de roche gros comme sa tête tomba à côté de lui et la géologue échappa un cri de surprise. Le cœur de Maximilien fit un bond et de petites ombres détalèrent à toute vitesse au raz du sol. Il n'eut pas le temps de voir ce que c'était et n'en avait que faire.
Chamallot planta ses grands yeux dans les siens et soudain, il comprit ce que la petite créature avait ressenti, ce qui l'avait effrayée.

Alors qu'une centaine de mètres au-dessus de leurs têtes les appareils des géologues s'affolaient et qu'un immense panache de fumée et de cendres s'élevait dans les airs, une troisième secousse se fit ressentir.
Un craquement sinistre retentit et en une fraction de seconde, la lumière du jour disparut.

Tout n'était plus que ténèbres, et même les cris et sanglots du Pokémon se faisaient à peine entendre à travers la roche noire.
Les pierres et blocs pleuvaient au-dessus de leurs têtes. L'un d'entre eux tomba sur la jambe encore fragile de Maximilien et s'en fut trop : en un flash de douleur, il perdit connaissance dans le tunnel de lave.