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Sang Royal - Tome 1 : Trahison de groudonvert



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» Auteur : groudonvert - Voir le profil
» Créé le 30/07/2019 à 00:18
» Dernière mise à jour le 27/06/2021 à 18:23

» Mots-clés :   Action   Drame   Policier   Sinnoh   Suspense

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Chapitre 07 : Malade
- Démolosse ! Lance-Flammes, maintenant ! s’écria Clara.
- Oh non ! Tor… atchoum !, terra ! s’exclama son adversaire en éternuant.

« Ah ! L’hiver, quelle merveilleuse saison ! La saison des maladies et des gens enrhumés. Déjà que mes adversaires me proposent des matches ennuyeux, voilà qu’ils viennent malades ! » s’exclama-t-elle intérieurement, de mauvaise humeur.

Presque un mois avait passé depuis sa victoire contre Marc. Presque une semaine s’était écoulée depuis qu’Élodie avait quitté l’arène pour retourner étudier à la Faculté. La jeune Championne avait décidé de la laisser, mettant de côté ses suspicions. Élodie, tout comme Julie et Lucien, était suspecte du meurtre de Marc et de ses Pokémon. Elle n’en avait pas parlé à l’Inspecteur Mattz. Elle voulait régler ça elle-même, si sa sœur était coupable…

Non, elle ne voulait pas penser comme ça, si sa sœur était innocente, c’était à elle de le prouver. Ensuite elle irait voir la police pour dénoncer ses autres suspects… ou dénoncer sa sœur… Elle secoua la tête, non elle ne voulait pas la penser coupable de meurtres.

- « Atchoum ! » Laggron, Hydrocanon !

L’exclamation de Lou, son adversaire du jour, l’interrompit dans ses pensées. Elle n’avait rien dit que son propre Pokémon avait déjà répliqué avec Lance-Flammes. L’attaque n’était pas spécialement puissante, mais elle repoussa aisément l’attaque Eau, malgré son désavantage de type. Une brume se créa sur le terrain à l’impact avant de disparaître rapidement.

- « Atchoum ! » éternua son adversaire encore une fois.
- Tsss, un combat pareil n’a aucun sens. Tu aurais dû rester à la maison te reposer, Lou, soupira-t-elle.
- Non, je… « Atchoum ! », je peux gagner !
- Bien…

Clara étudia un peu la fillette. Elle ne semblait n’avoir qu’une dizaine d’années. Habillée dans une tenue de Dresseur rose avec des habits à froufrou, elle était blonde avec des yeux bruns pétillants d’excitation, mais fatigués. Quelques taches de rousseur parsemaient son visage.

Clara détestait le rose – et par-dessus tout les roses. Mais elle était impressionnée que sa jeune adversaire sût se faire obéir de Pokémon adultes avec autant d’aisance. Elle avait dû passer du temps à les entraîner pour battre le Conseil 4. Quel dommage qu’ils n’eussent pas le niveau pour l’affronter elle…

- Démolosse, Lance-Soleil.
- Vas-y « Atchoum ! », c’est le moment « Atchoum ! », Mitra-Poing !

À chacun de ses éternuements, elle mettait la main devant la bouche. Mais ses « interruptions » commençaient à agacer Clara. Autant en finir rapidement avec ce combat ridicule, se disait-elle. C’était risqué, mais Lance-Soleil était le meilleur moyen d’en finir rapidement. La jeune Championne avait toute confiance en son Pokémon.

Alors que le Chien Ténébreux chargeait son attaque Lance-Soleil au sommet de sa queue tendue vers sa tête, le Pokémon Poissonboue chargea sur lui en concentrant toute sa puissance dans son poing droit. Il frappa sa cible… qui explosa en un petit nuage de fumée. Le vrai Démolosse qui se tenait derrière son clone cracha alors un puissant rayon vert de sa bouche, il frappa durement Laggron qui s’écroula au sol, déjà K.O.

- Démolosse, reviens ! ordonna Clara, fière de son Pokémon.

Le lien de confiance qui la liait à son Pokémon lui tenait très à cœur. Elle n’avait pas besoin de lui dire « Clonage » pour qu’il lançât son attaque. Il s’en servait souvent dès qu’il avait une ouverture, mais il pouvait très bien s’en passer. Sa jeune adversaire rappela son Laggron et éternua une fois de plus, avant de s’approcher d’elle. Elle se serrèrent la main et…

« Berk… c’est dégoûtant. » pensa-t-elle. « Par habitude, j’ai complètement oublié… »

En effet, traditionnellement, deux adversaires se serraient la main à la fin d’un match. Un principe évident que ses parents, eux-mêmes Dresseurs, lui avaient inculqué dès son plus jeune âge. Ce simple geste était empreint d’une telle tradition qu’elle en avait oublié que son adversaire éternuait toutes les cinq secondes dans sa main. Elle reprit contenance et déclara :

- Félicitations, beau combat.

Avant de retirer sa main précipitamment, mal à l’aise. Elle pensait que la jeune fille allait s’énerver à cause de sa défaite rapide, mais ses yeux brillaient d’admiration.

- C’était trop bien ! « Atchoum ! » J’regrette pas !
- Quoi ? fit-elle, surprise.

Le combat avait duré à peine cinq minutes. Comment pouvait-elle être contente ?

- J’ai vu tous vos matches de l’an dernier au Stade d’Unionpolis, c’était un rêve de vous affronter aujourd’hui.
- Ah ok, répondit-elle un peu étonnée. C’est pour ça que tu es venue, malgré que tu sois malade ?
- Oui, « Atchoum ! ». J’voulais pas louper ce rendez-vous ! Merci ! répondit-elle joyeuse. « Atchoum ! »

Elle n’arrêtait pas d’éternuer. Clara commençait à s’inquiéter pour elle. D’autant plus que l’arène n’était guère chauffée ; elle ne voulait pas qu’un moyen non naturel puisse donner un quelconque avantage à ses adversaires ou à elle-même. Une bonne décision en temps normal, mais mauvaise quand son adversaire venait l’affronter malade.

- Je te propose de rester dormir ici ce soir. Ce ne serait pas très prudent de te laisser rentrer chez toi dans cet état.

Les yeux de la jeune fille s’illuminèrent de joie à cette proposition.

- Ce sera… « Atchoum ! » avec plaisir ! déclara-t-elle.

« J’espère ne pas regretter cette décision… En plus, je suis seule à l’arène aujourd’hui. » songea-t-elle.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
L’Ultime Arène se trouvait au milieu d’une gigantesque plaine où vivaient de nombreux Pokémon sauvages. Véritable paradis pour les Dresseurs en mal de captures, mais peu d’entre eux s’y rendaient. À l’exception de l’arène, unique attraction de cet endroit, personne ne semblait habiter ici.

Un lac de plusieurs centaines de kilomètres carrés s’étendait à une heure de vol – ou à pied – de l’arène. Bien plus loin encore, on apercevait des montagnes. Draco adorait y venir nager pour s’y changer les idées ou se reposer de temps à autres. La zone de combat n’était malheureusement pas équipée pour des matches aquatiques. Cela ne le dérangeait pas outre mesure, son compagnon d’armes, n'aimant pas l'eau, ne s'y plierait que s'il y était obligé. De toute façon, il pouvait créer une marre d'eau d'un simple Surf.

Malgré la surface proche, il ne craignait pas une rencontre avec un autre Dresseur. Il appartenait déjà à quelqu’un et les voleurs potentiels ne l’effrayaient guère – il était parfaitement en mesure de se défendre. Son corps ondulait gracieusement dans l’eau. Il bougeait lentement, appréciant son contact sur ses écailles rugueuses. Il se laissait aller, ne pensait plus à rien. Un Remoraid passa à côté de lui sans le remarquer et le dépassa. Amusé, il lui lança :

- Hey, ça te dit une petite course ?

Le Pokémon Jet se retourna, surpris ; il n’avait pas vu le grand Dragon. Il n’y réfléchit pas deux fois avant de lui répondre :

- Avec plaisir ! Jusqu’à la rive là-bas ?

Le Serpent Bleu prit note de l’arrivée et acquiesça. Il s’agissait probablement d’un jeune et la fougue de la jeunesse lui donnait un esprit de compétition qu’il admira. Il n’eut pas le temps de se mettre en place que son adversaire avait déjà pris la poudre d’escampette.

« J’y crois pas, quel tricheur ! » pensa-t-il rageusement.

Il s’étira et s’élança à sa poursuite. Plus lentement qu’il ne l’aurait escompté : après cinq ans à s’entraîner sans relâche hors de l’eau, son corps avait l’habitude de se mouvoir à grande vitesse dans les airs. L’eau restreignait ses mouvements, il avait perdu l’habitude. Il lança donc une Dracocharge afin de fendre les eaux comme l’air.

Après quelques minutes de course, il put enfin voir la queue de son adversaire, il mit fin à son attaque. Il se rendit alors compte qu’il avait déjà perdu : son adversaire avait déjà atteint la rive. Il le rejoignit près de la surface, essoufflé. Mais le Rémoraid, lui, ne paraissait pas le moins du monde épuisé.

- Comment t’as fait ? s’exclama-t-il, surpris. Même en trichant, tu n’as pas pu gagner sans suer.
- Tu ne connais donc pas la légende de l’Azumarill et du Carapuce ? souffla-t-il, espiègle.
- Non, reconnut-il.
- Eh bien, l’Azumarill se croyait meilleur que le Carapuce…

Il n’ajouta rien de plus. Draco sentit alors un poids lui tomber dessus. De longs membres s’enroulèrent autour de lui et s’accrochèrent comme des ventouses. Il tourna la tête et vit un Octillery accroché à son dos.

- Qu’est-ce que ça veut dire ? s’écria-t-il avec calme. Lâche-moi !
- Je ne te laisserai pas toucher à une écaille de mes petits ! jappa la femelle.

Petits ? Quels petits ? Il n’en avait vu qu’un seul… Il surprit alors le regard malicieux du Rémoraid et comprit : les petits malins s’étaient relayés pour le distancer. Ils s’étaient bien payés sa tête.

- C’était une course enfin ! Je n’ai jamais eu l’intention de les manger.
- Je sais tout ! hurla-t-elle. C’est toi le Pokémon qui tue les autres gratuitement dans la région !

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Clara escorta Lou dans ses appartements. Elle s’évertua à suivre le rythme de la jeune fille pour ne pas la distancer.

- C’est gentil… » Elle renifla avant de poursuivre : « De m’accueillir chez vous, Madame. »
- Ce n’est rien, ne t’en fais pas. Et appelle-moi Clara.
- Oui, Madame… j’veux dire Clara.

Elle éternua une nouvelle fois. La jeune Championne l’étudia, pensive. Elle était malade, peut-être une grippe, peut-être plus grave. Que pouvait-elle faire ? Elle n’y connaissait pas grand-chose et pendant des années, ce sont ses Pokémon qui avaient eu la priorité. Elle savait comment les soigner et prendre soin d’eux, mais elle ignorait tout de comment prendre soin d’un être humain.

« Au moins, je peux déjà soigner ses Pokémon. Ils n’ont pas été gravement blessés… » songea-t-elle.

Lorsqu’elles sortirent de l’ascenseur dans le couloir séparant sa chambre du salon, elle se tourna vers sa protégée et lui demanda :

- Veux-tu manger quelque chose ? Ou bien préfères-tu te reposer quelques temps ?
- J’veux bien faire une petite sieste, si ça ne vous dérange pas, répondit-elle en reniflant.
- Comme tu veux. Je te réveillerai à six heures pour que tu puisses manger quelque chose. En attendant, laisse-moi ton Torterra et ton Laggron, je vais les soigner. Je nourrirai aussi tes autres Pokémon, si tu veux ?

« Et je vais appeler quelqu’un pour m’aider... Quelle poisse que Julie soit en congé aujourd’hui. » ajouta-t-elle pour elle-même.

Lou lui tendit ses Poké Balls. Elle l’emmena ensuite à sa chambre et lui fournit un pyjama. Clara se tourna et alla un peu plus loin pour la laisser se changer en toute intimité. À son retour, Lou se trouvait déjà dans son propre lit. Elle prit le temps de toucher son front et se rendit compte qu’il brûlait de fièvre. Elle fila à la cuisine fouiller sa pharmacie.

- Je prends quoi ? C’est quoi ces noms de médicaments, bordel ? On dirait des monstres de jeux-vidéo !

Elle espérait que ce dont souffrait Lou n’était pas grave, dans le cas contraire, sa méconnaissance des médicaments lui porterait fortement préjudice. Gardant son calme, elle lut rapidement la notice de plusieurs d’entre eux et finit par récupérer une pastille qui, semblerait-il, faisait baisser la fièvre – du moins c’est ce qu’elle espérait. Elle retourna rapidement à sa chambre avec un vert d’eau et la pastille et les tendit à sa protégée.

- J’aime pas les médicaments ! toussota-t-elle. Leur goût est immonde !
- Tais-toi donc et avale ça, grogna-t-elle, exaspérée.

En plus de ça, elle était casse-pieds. C’était vraiment mal parti. Mais Lou obtempéra immédiatement. Elle dorlota gentiment la jeune fille avant de lui murmurer à l’oreille :

- Repose-toi. Ça ira mieux, tu verras.
- Merci Clara, souffla-t-elle. Vous êtes très gentille…

Si seulement c’était vrai… Son sale caractère lui avait joué des tours durant toute son enfance. Sans compter ses colères non maîtrisées qui faisaient fuir n’importe qui. La jeune championne prit le temps de l’installer confortablement avant de sortir de la pièce.

En entrant dans le living-room, elle fit le compte de ce qu’il lui restait à faire. Appeler un médecin lui paraissait le plus urgent, d’autant qu’il devait venir jusqu’à l’arène. Elle devait également nourrir ses Pokémon ainsi que ceux de Lou et soigner les deux tombés K.O. cet après-midi. Elle jeta un œil à sa Pokémontre, il était quinze heures passées…

- Merde, j’ai pas vu la date… jura-t-elle entre ses dents.

Elle avait une chose à accomplir une fois par mois. Le moment le plus énervant et exaspérant possiblement imaginable, alors qu’elle devait rester calme durant l’opération. Elle avait espéré que Julie ou Élodie fussent là pour l’aider, mais elle allait devoir se débrouiller seule, malheureusement.

- Tout ça serait plus facile, s’il était plus coopératif aussi. Mais non, Monsieur veut pas, jeta-t-elle, excédée. J’suis vraiment entourée de gamins. Et où est passé Draco ?

Son Pokémon avait pris l’habitude de s’éclipser depuis quelques semaines. Mais en général, il répondait toujours présent pour les matches. Sauf qu’aujourd’hui, il était absent. Bien qu’elle eût pu se servir de son Xatu en cas de problème, Démolosse s’était débrouillé seul. Elle lança la Poké Ball de ce dernier en l’air pour l’appeler

Le chien ténébreux en sortit. Il bâilla à s’en décrocher les mâchoires avant de regarder sa maîtresse d’un air suppliant. Il semblait avoir faim. Rien d’étonnant, ses Pokémon étaient souvent affamés après un bon combat.

- Désolée Démolosse. Tu vas devoir attendre avant de manger. Peux-tu aller chercher Draco ?

Il jappa joyeusement pour confirmer l’ordre. Elle tendit la main vers lui et lui caressa le cou. Il apprécia le traitement et vint se frotter contre elle avant de sortir par la fenêtre.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Draco n’arrivait pas à y croire. Il se promenait depuis quelques temps dans cette plaine et pourtant aucun Pokémon ne l’avait jamais agressé. Il se débattit pour qu’elle lâchât prise, mais ses ventouses s’accrochaient fermement à son corps.

- Arrêtez enfin ! Je ne suis pas celui que vous croyez.
- Menteur ! jeta le Rémoraid.
- Tu es le seul nouveau Pokémon qu’on connaisse ! enchaîna l’Octillery.
- Et les attaques ont commencé quand tu es arrivé ! termina un autre Rémoraid qui venait d’arriver.

Un banc de ces créatures s’était formé autour de lui. C’était visiblement la progéniture de la pieuvre. Leur grand nombre empêchait Draco de savoir combien il y en avait autour de lui. Il pouvait aisément se débarrasser d’eux avec une attaque Tonnerre, mais il électrocuterait tous les Pokémon du lac au passage, ce qui n’améliorerait pas sa réputation… Sans compter le manque de précision de ses attaques électriques…

- Nous avions remarqué que tu étais un joueur et avons décidé de te tendre un piège avec cette course, expliqua avec hargne le Rémoraid à qui il avait proposé une course.
- Un piège ? Mais c’est moi qui ai proposé la course et tu ne m’avais même pas vu, répondit le serpent bleu avec étonnement.
- Euh oui et bien…

Les autres Rémoraid regardèrent leur frère bafouiller une réponse. Il était incapable de répondre à cet argument. Octillery s’étendit pour gagner plus de place sur son corps et s’enlacer autour de son cou. En désespoir de cause, il lança :

- Vous vous méprenez sur mon compte, je…
- Tu vas mourir ! l’interrompit la pieuvre. En représailles à tous ces Pokémon que tu as tués !

Il sentit les membranes commencer à l’étrangler. C’en était trop pour lui, d’un violent battement de queue il sortit de l’eau et s’envola, entraînant son adversaire avec lui. Il volait bas, trop près de l’eau. Elle le ralentissait et l’alourdissait. Mais maintenant il allait pouvoir se battre sans risquer de blesser d’autres Pokémon. Soudain du coin de l’œil, il vit le banc de Rémoraid se joindre ensemble pour lancer un Laser Glace.

L’attaque l’impressionna. De par sa portée d’une dizaine de mètres et surtout qu’ils prenaient le risque de toucher leur mère pour le frapper lui. Il inspira à fond et lança un Lance-Flammes pour tenter de la contrer. Mais Octillery lança alors un Octazooka dans les flammes qui perdirent en intensité. Son attaque paraissait déjà faible au départ pour bloquer la leur, désormais elle n’y parviendrait jamais.

Le Laser Glace géant traversa sans aucun mal son attaque. Finalement, en dernier ressort, il utilisa Abri… Trop tard. Le coup porta un instant avant qu’il ne lançât sa barrière verte. Il gémit de douleur à l’impact, le froid lancinait son corps. L’Octillery, toujours accrochée à son dos, n’avait guère l’air impactée par l’attaque. Elle en profita pour resserrer un peu plus son étreinte. Bien que la perle à son cou le protégeât quelque peu, il sentait qu’il commençait à manquer d’air. D’un ton clair et pourtant empreint d’une grande colère, malgré le manque d’air, il lança à son adversaire :

- Ça suffit ! As-tu la moindre idée de qui je suis ?
- Je m’en fous complètement. Tu vas mourir ici et tu ne pourras pas m’en empêcher !
- Alors, entends ma vraie identité…

Il se contorsionna, malgré l’étreinte de son adversaire et la regarda dans les yeux. Il vit toute la haine qu’elle ressentait pour lui. Il chuchota alors doucement, mais clairement, quelques mots. Ils eurent l’effet d’un énorme gong, tel un clocher qui sonne à midi.

La haine se changea en stupeur. Surprise de la révélation, elle desserra son étreinte. Il en profita alors pour se retourner avec une grande vitesse et l’envoyer valdinguer au sol d’un puissant coup de queue. Celle-ci s’illumina de gris pour charger une Queue de Fer. Rapide comme l’éclair, il la frappa sur la tête avec une grande violence. Elle s’écrasa au sol avec un cri de douleur.

- Aucun Pokémon ne m’a jamais agressé aussi gratuitement ! Retiens bien la leçon pour la prochaine fois ! s’écria-t-il.

Il était rare qu’il se mît autant en colère. Cette bestiole à ventouses l’avait obligé à recourir à des extrémités qu’il n’aurait jamais souhaité employer. La haine, la colère, l’animosité, la vengeance changeaient quelqu’un en un véritable monstre. Draco le savait d’expérience.

Mais ce n’était pas encore fini. Les Rémoraid profitèrent de son inattention pour lancer une nouvelle attaque Laser Glace. Plus grande et plus puissante que la première, sa taille dépassait les vingt mètres de diamètre. Désireux probablement de venger leur mère… ou de la protéger.

- Ils sont combien à la fin ? murmura-t-il, exaspéré.

Soudain, un Lance-Flammes de la taille du Laser Glace frappa l’attaque Glace. Chaud et froid en face à face. Il en profita pour enserrer dans ses anneaux l’Octillery K.O. pour l’entraîner ailleurs et lui éviter de subir des dégâts. Draco s’intéressa à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Une bonne minute s’écoula avant que les flammes ne vinssent à bout de la glace.

- T’as pris ton temps Démolosse, déclara-t-il.

Ce dernier le rejoignit à pas lents, tout en observant la scène. Il se coucha à ses côtés et calmement il lui parla :

- Clara m’envoie te chercher. Tu as disparu longtemps, aujourd’hui.
- Comme tu le vois, j’ai été plutôt occupé, répondit-il avec humeur.
- Le grand Draco est en colère, le taquina-t-il. C’est plutôt mon genre ça, qu’est-ce qui t’arrives ?

Le Dragon bleu le foudroya du regard. Le moment était mal choisi de lui tirer les écailles.

- Cette charmante famille a décidé de me tuer pour venger tous les Pokémon morts dans le coin.
- Tu plaisantes ? répondit le chien, surpris.
- Non.

Après une profonde respiration, il souleva l’Octillery avec son Étreinte et la ramena dans l’eau. Ses petits s’approchèrent d’elle avec méfiance. S’attendant à la découvrir morte ou gravement blessée. Démolosse les suivit et grogna sur les Rémoraid pour leur indiquer qu’ils ne devaient pas recommencer.

- J’arrive pas à croire que tu te sois laissé malmené par ces malotrus.
- Facile à dire pour toi, mais quand ton seul moyen de défense est une attaque électrique qui aurait mis K.O. tous les Pokémon du lac, il valait mieux la jouer malin.
- Tu parles, ils t’auraient tué, si j’étais pas arrivé.

Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Bien qu’il eût en partie raison et qu’il aurait pu se débarrasser d’eux seul s’il n’avait pas été aussi butté, il ne voulait pas le reconnaître devant son partenaire. Il se refusait à la violence quand ce n’était pas nécessaire. Les affronter au sommet de sa puissance n’aurait qu’attiser leur haine envers lui.

La pieuvre rouge ouvrit alors les yeux. Elle se recroquevilla contre elle-même lorsqu’elle vit le Pokémon qu’elle avait tenté d’assassiner. Draco prit une profonde inspiration et parla :

- Le Pokémon que vous cherchez n’est pas moi. Si ça avait été le cas, je vous aurais tous tués et Démolosse n’aurait pas eu besoin d’intervenir.

Il jeta un regard entendu à son partenaire et poursuivit :

- Je vous recommande très fortement de vous tenir à l’écart des étrangers et de faire passer le message. Votre adversaire est sans foi ni loi et ne recule devant rien pour commettre ces barbaries.

L’Octillery hocha la tête. Elle avait compris de quoi il retournait dès l’instant où il lui avait révélé son identité. Elle regroupa ses petits, fort nombreux, et s’en alla sans se retourner, ni s’excuser. Démolosse les observa un moment puis se tourna vers son ami pour lui parler.

- Désolé, on s’est lourdement trompés sur ton compte.

Les deux compères sursautèrent, un Rémoraid était resté en arrière.

- Tu es celui à qui j’ai lancé le défi pas vrai ?
- Oui, il faudra peut-être en faire une vraie un de ces jours !
- Et pourquoi pas tout de suite ? lança-t-il amusé, toute colère évaporée.

Démolosse le regarda, surpris. Rémoraid semblait heureux de l’entendre.

- Tu changeras jamais. Toujours à vouloir jouer ! lança-t-il, amusé.

Draco acquiesça, la mine sombre – ce qui étonna Démolosse. Il avait quelques petites choses à régler avec lui, mais avant ça, il avait envie de se détendre un peu après ce qu’il venait de se passer… et en profiter pour en savoir plus.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
À 18 h 15, Démolosse n’était toujours pas de retour, Draco non plus. Bien qu’il mît rarement autant de temps à le ramener, Clara n’était pas inquiète. Elle était plutôt frustrée et en colère.

En effet, malgré plusieurs coups de fil à différents médecins de Rivamar, aucun d’eux n’étaient en mesure de venir jusqu’à l’arène aujourd’hui. Qui pourrait les en blâmer ? Il faut plusieurs heures pour s’y rendre à pieds… quand on connaissait le chemin. En plus, beaucoup d’entre eux avaient déjà leurs agendas rempli pour le reste de l’après-midi. Certes ils lui avaient indiqué quels médicaments pourraient être utiles à améliorer l’état de sa patiente, mais cela ne suffisait pas à la calmer.

De ce fait, quand elle était allée réveiller Lou, elle lui avait administré ce que les médecins lui avaient prescrit… La jeune fille se sentait mieux et s’était rendue au salon pour passer un peu de temps hors du lit et manger quelque chose. Après avoir aérer la pièce, Clara la rejoignit. Elle s’était assise sur l’un des fauteuils et regardait autour d’elle avec envie. Clara prit place en face d’elle.

Elle respira à fond. Se contrôler. Elle devait se contrôler et ne pas laisser paraître sa colère devant son invitée. L’apeurer lui donnerait une mauvaise image d’elle. Elle respira à fond et lança d’un ton joyeux :

- Visiblement, ce n’était pas si grave si tu peux déjà te lever.
- En effet, je te remercie, Clara, répondit-elle.

Clara nota qu’elle avait commencé à la tutoyer. Ça ne la dérangeait pas, bien au contraire. Être vouvoyée par quelqu’un de plus jeune qu’elle la déconcertait toujours. Elle n’avait que dix-sept ans après tout. Lou changea de sujet :

- As-tu déjà nourri mes Pokémon ?

La jeune championne l’étudia un instant. La maladie, quelle qu’elle fût, l’avait affaiblie, mais le bien-être de ses Pokémon passaient avant ses propres besoins. Cette jeune fille avait l’âme d’un grand Dresseur. Un Dresseur qui tient à ses Pokémon. Un Dresseur qui prend soin d’eux. Un Dresseur qui fait passer ses intérêts après ceux de ses Pokémon. Peut-être un jour deviendrait-elle la nouvelle Grande Championne ? Clara sourit à cette pensée. Si elle-même avait toutes ces qualités, elle s’était entraînée dur durant toute son enfance. Lou quant à elle n’avait pas le niveau pour la surpasser… pour l’instant du moins.

- Euh… Clara ? murmura Lou. Que se passe-t-il ?

Elle sourit, amusée. Perdue dans ses pensées, elle en avait oublié de répondre :

- Désolée, je réfléchissais. Et non, je n’ai pas encore nourri tes Pokémon. Je me suis chargée de les soigner par contre.

Elle lui tendit les Poké Ball de Laggron et de Torterra. Lou les récupéra très vite avant de reporter son attention sur son aînée, attendant qu’elle s’expliquât :

- J’attendais que mon Démolosse revienne avant de les nourrir. Je trouvais plus intelligent qu’ils passent un peu de temps ensemble, termina-t-elle en souriant gentiment.
- Je vois… Merci beaucoup de t’être occupée d’eux… et de moi.

Le visage de Lou avait affiché l’espace d’un instant une étrange mimique sur ses derniers mots. Mais c’était si vif que Clara pensa l’avoir imaginé. Sans se poser plus de questions, elle se leva de son siège. Le moment était venu pour la tâche qu’elle détestait le plus au monde. Elle se dirigea vers l’armoire à pharmacie destinée à ses Pokémon située à l’écart dans son bureau. Deux meubles posés l’un sur l’autre s’y trouvait. Celle du dessous contenait tout son nécessaire pour soigner ses Pokémon. Elle se baissa pour l’ouvrir. Lou la suivit des yeux avant de la rejoindre et lui demander :

- Qu’est-ce que tu fais ?
- L’un de mes Pokémon suit un traitement, répondit-elle simplement.
- Tu le lui mets dans sa nourriture ? demanda-t-elle, visiblement intéressée de voir comment la Grande Championne soignait ses Pokémon.
- Malheureusement non, soupira-t-elle. Je préfèrerais, mais il a pris l’habitude de trier sa nourriture et de manger avec ses pouvoirs psychiques.

Depuis plusieurs années maintenant, son Xatu suivait un traitement médical pour une maladie génétique. Mais il détestait ses prises de médicaments et ces moments-là se finissaient dans la plupart des cas en bagarre. Clara avait demandé à Charon, le docteur personnel de son Pokémon, s’il y avait possibilité de lui administrer ses doses de manière plus espacée, afin de ne pas le traumatiser… et de ne pas l’exaspérer elle. Il lui avait alors prescrit des doses très puissantes et efficaces pour un mois entier. Mais son Pokémon n’appréciait pas pour autant le traitement qu’elle lui accordait désormais mensuellement.

Clara récupéra alors une seringue. Puis ouvrit le petit frigo de l’armoire de sa pharmacie. Celui-ci contenait plusieurs boîtes portant le nom de ses Pokémon. Elle ouvrit celle de Xatu et en sortit un petit flacon en plastique. Une petite inscription était visible dessus : « DYSTROPHINE ». La jeune championne jeta un œil au contenu de la boîte et constata qu’il ne lui restait plus qu’une dose.

- Il va falloir que je me rende au Centre Pokémon en chercher des nouvelles, maugréa-t-elle.
- C’est urgent ? s’enquit sa protégée.
- Non. Je peux attendre le mois prochain…

Après avoir refermé l’armoire, elles retournèrent au salon. Clara nettoya la seringue proprement et de l’anhstésier avant de mettre la capsule dedans. Elle la laissa reposer sur la table basse et en profita pour aller se laver les mains.

- Tu ne prends pas de compresse ? s’étonna Lou.
- Pour ce que ça change, soupira Clara, désabusée.
- Comment ça ?
- Tu verras bien…

Auparavant elle suivait bien toutes les instructions, elle le faisait toujours avec Draco et Démolosse. Mais c’était un peu différent avec le Pokémon Mystique. Correctement préparé, correctement exécuté ou pas, ça se terminait toujours de la même façon. Elle reprit sa seringue et la cacha dans la poche gauche de sa veste. Elle claqua des doigts et Xatu apparut en se téléportant quelques secondes plus tard.

- Tu ne le mets pas dans sa Poké Ball ? s’étonna Lou.

Son hôte secoua la tête pour lui faire signe que ce n’était pas le moment. Elle s’approcha alors doucement de son Pokémon, s’agenouilla pour être à sa hauteur. Puis, elle commença à lui caresser doucement la tête et les ailes et à lui murmurer quelques paroles réconfortantes. Elle espérait le rendre calme avant de passer à l’action, mais Xatu restait impassible à tous ses efforts. Aucune émotion ne laissait transparaître de son être.

Clara aimait beaucoup son Pokémon. Malgré les difficultés que lui causait l'oiseau Psychique, elle avait beaucoup apprécié passer du temps à l’entraîner. Mais, elle ne partageait pas la même complicité avec lui qu’avec Démolosse ou Draco, ce qui la désolait grandement. Son côté impassible la dérangeait et visiblement c’était également le cas des deux autres. Les seuls moments où il affichait une émotion, c’était quand il battait un adversaire.

Son Xatu avait fermé les yeux. Elle ignorait si c’était pour apprécier ses caresses ou juste pour paresser, mais elle décida tout de même d’y aller. Alors qu’elle lui caressait toujours la tête de sa main gauche, elle passa discrètement l’autre sous ses ailes. Sans crier gare, elle l’emprisonna de son bras droit et sortit la seringue de son autre main. Il glapit sous le choc et rouvrit les yeux. Il tourna la tête et jeta un regard noir à sa maîtresse. L’espace d’un instant ses yeux s’illuminèrent de bleu, mais l’effet disparut aussitôt. Avait-il voulu se servir de ses pouvoirs de télékinésie avant de se raviser pour ne pas s’en prendre à elle psychiquement ?

Clara, toujours sa seringue à la main, savait qu’elle devait faire vite. Et elle devait viser les veines et ne pas se planter. Lou regardait la scène avec stupeur, ne s’attendant pas à ça. Xatu commença alors à se débattre vigoureusement, ses ailes bougeaient dans tous les sens et ses pattes frappaient dans le vide.

- Tiens-toi tranquille Xatu, murmura-t-elle. Ce serait plus facile, si tu te laissais faire aussi.

Soudain, la tête du Pokémon Mystique se retourna et son bec rentra violemment en contact avec sa figure. Clara jura sous le coup et relâcha un peu sa prise. Xatu en profita alors pour lui porter un violent coup de pattes dans le ventre qui l’envoya bouler dans le fauteuil derrière elle. Sous le choc, il s’effondra sur le dos. Clara gémit de douleur en heurtant le sol. Son « arme » tomba sur le tapis avec un bruit mat. Lou étouffa un cri de surprise.

- Hu Hu Hu Hu Hu Hu Hu
- Espèce de… lança-t-elle furieuse.

On aurait cru un piaillement, mais elle considérait cette réaction de son Pokémon comme un rire. Un rire moqueur dont il se servait à loisir pour se moquer de certaines situations ou de certaines personnes, notamment quand il se débarrassait d’elle, alors qu’elle essayait de le soigner. Sans compter les bagarres, c’était la raison pour laquelle elle détestait administrer son médicament à Xatu.

Lou vint rapidement l’aider à se relever. Péniblement, tout en se massant le ventre où son Pokémon l’avait frappée, elle se releva. La jeune fille la regarda avec étonnement avant de murmurer :

- Tu soignes toujours tes Pokémon comme ça ?
- Démolosse et Draco se laissent faire, Xatu est un emmerdeur, cracha-t-elle de colère.

La jeune convalescente sursauta en l’entendant prononcer ces paroles. Elle n’avait pas l’habitude de voir ses excès de colère. Clara inspira profondément pour se calmer avant de reprendre :

- En général, je demande à quelqu’un de le tenir pendant que je le soigne. Sinon, tu vois ce qui se passe…
- Tu veux un coup de main ? demanda-t-elle timidement.

Clara hésita. Elle aurait pu lui demander de l’aide tout de suite, mais elle avait peur qu’elle ne transmît à son Pokémon sa maladie dans le processus. Mais, elle n’avait pas vraiment le choix… Sans son traitement, Xatu souffrirait plus encore qu’après une simple bagarre. Elle finit par hocher la tête et prit le temps d’expliquer à Lou comment il fallait procéder, avant d’aller récupérer une compresse. Son Pokémon la suivait du regard d’un œil haineux, mais ne bougea pas.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Resté au bord du lac, Démolosse avait regardé pendant un petit moment la course que Draco et Rémoraid avaient démarré. Visiblement infatigables, ils effectuaient plusieurs aller-retours. Le chien ténébreux avait fini par se lasser de ses observations et s’était couché au sol à attendre que son partenaire revienne.

- Pfff, notre maîtresse m’envoie le chercher et tout ce qu’il trouve à faire est s’amuser ! maugréa-t-il.

Il était un peu déçu de son comportement. Cela faisait presque un mois que Marc était décédé et ils n’avaient toujours aucun indice, aucune piste pour poursuivre l’enquête. Draco s’était chargé de la surveillance d’Élodie après son départ la semaine dernière, mais rien de probant n’en ressortait, du moins il lui en aurait parlé, pensait-il.

Certes, une étrange odeur avait attiré leur attention au même moment, mais encore une fois, ils se sont retrouvés dans une impasse. Au total, deux humains morts et des dizaines de Pokémon décédés qui s’accumulaient de jours en jours. En effet, les attaques contre les Dresseurs n’avaient jamais cessé. À chaque fois, les victimes ne se souvenaient de rien, humains comme Pokémon… quand ceux-ci ne finissaient pas en cadavre.

Démolosse trouvait cela fort étrange. Pourquoi avoir massacré tous les Pokémon de Marc et tué Marc lui-même, alors que par la suite le coupable se contentait d’en tuer quelques-uns et d’épargner leurs Dresseurs ?

Ainsi perdu dans ses pensées, il ne vit pas la petite vague lui arriver dessus. Il jappa de colère en sentant l’eau lui toucher le corps. Il détestait l’eau, il la haïssait même. Inhabituellement pour un Pokémon Feu, il s’était forcé à apprendre à nager pour être capable de se battre sur tous les terrains, mais sa détestation de l’eau n’avait fait que se renforcer. En plus, des cauchemars peuplaient régulièrement ses nuits où il se noyait dans une grande vague qui le tourmentait encore et encore. S’ils avaient une origine, il ne s’en souvenait pas.

- Alors, tu rêvasses ? le tança Draco.
- Ne refais jamais ça ! cracha-t-il en réponse.
- Comme si j’allais t’écouter, lui répondit le Dragon en lui tirant la langue.

Démolosse s’ébroua pour se débarrasser de toute l’eau parsemant sa fourrure avant de jeter un regard noir à son partenaire. Il fléchit les pattes arrière pour lui sauter dessus et se venger par une petite bagarre. Mais il se ravisa et se rassit : Draco avait changé d’expression. Sa mine habituellement joyeuse s’était changée en un air grave.

- Qu’est-ce qui se passe ?
- De mauvaises nouvelles… Déjà je voulais te remercier d’être arrivé à temps.
- Je t’en prie, mais t’aurais très bien pu te débrouiller seul, lui fit-il remarquer.

Démolosse n’arrivait pas à croire que de simples Pokémon Eau dans un lac aient pu lui poser autant de problèmes. Il connaissait d’expérience la puissance des attaques Électriques que pouvait employer le grand Dragon.

- Ce n’est pas simple. Ils cherchaient à se venger, l’informa-t-il.
- Se venger de quoi ? voulut savoir le chien des ténèbres.
- Ils pensent que je suis le Pokémon qui tue ceux de la région, révéla-t-il. Ils ont donc tenté de me tuer en représailles.

Il n’était pas étonné par cette révélation. Leur maîtresse venait à peine d’arriver à l’arène et Roucarnage devait vraisemblablement être la première victime d’une longue série.

- Pour me débarrasser de cette Octillery et mettre fin à cette histoire, j’ai été obligé de lui révéler ma vraie identité, ajouta le Dragon.
- Tu lui as dit que tu étais le…
- OUI ! le coupa-t-il furieux. Tu sais très bien que je n’aime pas être qualifié de cette manière, je déteste ce que je suis et je hais devoir m’en servir.

Démolosse le comprenait. Bien que sachant la vérité depuis leur rencontre, il ne s’était jamais adressé à lui différemment qu’avec d’autres Pokémon et il n’ignorait pas que Draco lui en savait gré de cette absence de marque d’attention. Il reposa la tête, pensif.

- Bref, reprit le Serpent Bleu plus calmement. Elle s’en est allée et a informé ses petits de la situation. Quand je suis retourné nager, j’en ai profité pour discuter avec le Rémoraid. Il m’a donné quelques informations intéressantes.

Le chien releva la tête tout ouïe. Il le questionna, tout excité :

- Une nouvelle piste ?
- Oui. Il semblerait qu’un Pokémon inconnu s’en prenne à ses congénères de la région depuis un mois environ.
- C’était assez évident ça, rétorqua-t-il, déçu.
- En effet, mais tous avaient cette même marque que portait le Roucarnage et le Dracolosse de Marc… et toi, termina-t-il dans un murmure à peine audible.

Démolosse ne comprit pas ses derniers mots. Mais il sentit le regard désolé de son partenaire. Il répondit alors :

- Donc, on peut supposer que ce soit toujours le même Pokémon ? Mais pourquoi n’en avons-nous pas découvert d’autres ?

Draco s’enroula sur lui-même et posa sa tête contre son ventre avant de répondre, attristé :

- Plusieurs d’entre eux étaient des Pokémon marins et…

Il hésita avant de poursuivre :

- Les Pokérrements
- Pardon ? Les Poterrements ?
- Les Pokérrements… C’est une vieille coutume où les Pokémon enterrent leurs morts avec respect. L’origine n’est pas connue. Est-ce les humains qui nous ont imités ou sommes-nous les copieurs ? La question restera probablement à jamais sans réponse », expliqua le Dragon, avant de demander, curieux : « Tu ne le savais pas ? »
- J’te rappelle que j’suis né Pokémon domestique.

Démolosse grogna. Cette révélation posait un problème. Il posa alors calmement la situation, telle qu’il la voyait avec un ton agacé :

- Ça veut dire que nous ignorons le nombre exact de victimes. Elles seraient des milliers dans tout Sinnoh qu’on n’en saurait rien.
- Pas nécessairement, rétorqua Draco. Ça semble localisé à la région. De plus, selon ce que m’a dit ce Rémoraid, il n’y a des attaques que tous les cinq jours.
- Attends, comment il sait ça, d’abord ? l’interrompit le cabot, surpris. C’est un poisson !
- Les Octillery peuvent se mouvoir hors de l’eau. Ce genre de nouvelles vont vite !
- Tu as raison… soupira le Pokémon Sombre.
- De plus la dernière attaque a eu lieu hier, termina Draco avec un petit sourire.

Démolosse ne comprit pas tout de suite où il voulait en venir. Puis se rappela l’information des cinq jours.

- Oh je vois, tu comptes empêcher le meurtre dans quatre jours ou enquêter dessus, pas vrai ?
- Exact et cette fois-ci, le coupable ne s’en tirera pas à si bon compte, cracha-t-il.

Le chien ténébreux détourna la tête. Draco, d’habitude si calme, avait changé d’attitude depuis l’attaque qu’il avait subie… Non, pas depuis cette attaque, depuis bien avant même. Il avait changé le jour de l’arrivée de leur maîtresse à l’arène. Il ignorait comment son partenaire allait réagir s’il était en proie à la colère. Il savait gérer la sienne, leur patronne en était incapable. Et lui ?

- Draco, le soleil se couche, on ferait bien de rentrer, l’informa-t-il.
- Attends. Nous n’en avons pas encore fini. Nous devons discuter d’Élodie, tu dois me dire tout ce que tu sais.
- Pas maintenant. Ça fait plusieurs heures que j’aurais dû te ramener. On discutera de ça plus tard.

Démolosse était interloqué. Qu’aurait-il pu lui révéler de plus qu’il ne lui avait pas déjà dit ? Draco acquiesça, agacé. Mais il n’ajouta rien de plus et s’envola tranquillement dans le soleil couchant. Une magnifique lueur orangée se reflétait sur ses écailles blanches.

- Quel dommage que l’on n’ait jamais fait de concours, soupira-t-il, un peu jaloux de la beauté de son partenaire. Draco y aurait été majestueux…

Mais il savait également les raisons pour lesquelles sa maîtresse refusait ces expériences. Premièrement, elle détestait que ses matches soient filmés. Deuxièmement, le côté propret et froufrou des tenues des Coordinateurs l’indignaient, en plus de détester s’habiller chiquement. Tout cela Démolosse le comprenait, mais l’envie lui revenait régulièrement d’y participer pour étendre ses horizons.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Durant la dernière heure écoulée, Clara et Lou avaient enfin réussi à administrer son médicament à Xatu. Suivant ses instructions, sa protégée avait tenu fermement ses ailes, pendant qu’elle bloquait ses pattes d’une main ferme avant de presser la compresse imbibée d’un peu d’alcool dans le cou du volatile et finalement injecter la dose médicamenteuse. Xatu avait tenté de se débattre, mais avait fini par lâcher l’affaire. Une fois relâché, il en avait profité pour se téléporter ailleurs en piaillant de colère.

Depuis, les deux jeunes filles s’étaient installées à la salle à manger. Clara avait préparé le repas, du moins tenté de le préparer avec sa légendaire incapacité chronique à cuisiner. Lou avait fini par venir l’aider, désespérée de voir son idole se démener avec des casseroles.

La jeune Championne aimait bien la compagnie de Lou. Elle avait de nouveau quelqu’un avec qui parler autre que Julie, depuis le départ de sa sœur. Malgré sa maladie, elle appréciait qu’elle se rendît utile. Elle lui avait sauvé la mise en participant aux soins de son Pokémon et l’aide apportée à la cuisine la soulageait d’un poids.

Une fois le repas prêt – une bonne soupe chaude aux légumes – elles s’installèrent à la table de la salle à manger, l’une en face de l’autre. Clara n’avait pas très faim et elle pensait que donner une soupe à Lou serait une bonne chose pour sa santé fragile. Les Pokémon de Lou et son Évoli avaient mangé, désormais. Ce dernier dormait paisiblement sur la chaise à côté de la sienne, ceux de la jeune blonde avaient rejoint leur Poké Ball. Après s’être servies et avoir mangé quelques cuillérées, Lou entama une nouvelle discussion :

- Tes autres Pokémon ne mangent pas avec toi ?
- Normalement si, répondit la jeune Championne, amusée. Mais Démolosse et Draco ne sont pas encore rentrés et Xatu s’est enfuit.
- Pourquoi a-t-il réagi comme ça ? s’étonna-t-elle.
- Xatu est… hésita-t-elle. Susceptible. Il n’aime pas qu’on le manipule d’une quelconque manière et encore moins qu’on le soigne.
- C’est quoi comme maladie ?
- Une maladie génétique, répondit-elle simplement entre deux cuillérées.

Lou sembla frustrée de cette réponse, mais ne rajouta rien. Clara n’aimait pas trop discuter de la maladie de son Pokémon. Draco, Démolosse et Évoli n’en savaient rien – elle s’en était assurée et elle doutait que Xatu leur ait dit quoi que ce soit. Élodie savait seulement qu’il suivait un traitement, mais en ignorait tout. Toutefois, pour faire plaisir à son hôte, elle ajouta quelque chose :

- Xatu est mon deuxième Pokémon. Mais quand j’ai commencé à l’entraîner après sa capture, je me suis rendu compte qu’il agissait bizarrement. Il avait du mal à bouger normalement… En l’emmenant au Centre Pokémon, j’ai appris que c’était grave et qu’il allait vivre une vie pleine de souffrances… s’il vivait.
- Qu’as-tu fait ?
- J’ai… commença-t-elle, avant de se raviser.

Ce souvenir pour elle lui était trop douloureux pour en parler à une inconnue qu’elle venait à peine de rencontrer. Sa sœur, son frère, ses parents, ses autres Pokémon n’étaient pas au courant des choix qu’elle avait dû faire. Des choix qui la tourmentaient encore aujourd’hui. Lou, voyant qu’elle ne poursuivait pas, préféra ne pas insister et Clara lui en sut gré.

Soudain, elle renifla. Sa gorge la brûla l’espace d’un instant. Sa bouche s’ouvrit naturellement et un « Atchoum » sonore en sortit, alors qu’elle plaquait son coude sous son nez. Elle en lâcha sa cuillère à soupe qui tomba au sol avec un Cling sonore.

- Tout va bien ? s’inquiéta Lou. J’t’ai pas transmise ma crève au moins ?
- Oui oui, ça va, t’en fais pas.

Pendant que Lou finissait de manger, Clara alla récupérer sa cuillère à soupe. Elle se demanda si passer autant de temps avec la jeune fille avait été une bonne idée. Elle risquait de choper sa maladie et elle ignorait toujours de laquelle il s’agissait. Elle voulait rester forte devant la jeune fille, mais elle craignait bel et bien de tomber malade. Qui s’occuperait de l’arène dans ce cas en cas de maladie grave ou d’accident ?

Alors qu’elles finissaient de manger, un bruit venant de l’une des fenêtres du salon indiqua que quelqu’un venait d’entrer. Clara supposa qu’il s’agissait de Démolosse ramenant enfin Draco au bercail.

- Mes deux Pokémon sont rentrés, l’informa-t-elle.

Sa protégée étouffa un bâillement avant d’acquiescer d’un signe de tête. Ses deux Pokémon entrèrent dans la pièce, le chien ténébreux coucha de suite les oreilles en arrière en guise de soumission afin de s’excuser du retard. Clara ne lui en tenait pas rigueur. Mais le regard déterminé avec une pointe de colère que lui lança son Draco l’inquiéta. Il devait s’être passé quelque chose. Elle ignorait quoi, mais ce regard expliquait en un instant pourquoi ils étaient arrivés si tard.

- Je suis désolée, mais je vais aller me coucher, murmura Lou.
- Je comprends, ne t’en fais pas. Tu as bien besoin de te reposer, répondit-elle, compatissante.

En se dirigeant vers le salon pour rejoindre la chambre, elle passa à côté de Démolosse. Celui-ci grogna avant d’aboyer contre elle. Lou jeta un regard interloqué à Clara avant de prendre la poudre d’escampette.

- Qu’est-ce que ça veut dire, Démolosse ?! s’exclama-t-elle avec une voix moins forte qu’à l’ordinaire. Lou passera la nuit ici, que tu le veuilles ou non !

Mais de manière surprenante, son Pokémon l’avait complètement ignorée. Il avait tourné la tête pour discuter avec le grand Dragon. Clara s’approcha d’eux calmement, s’agenouilla et les prit dans ses bras en même temps. D’abord surpris par ce geste de tendresse après son coup de colère, ses deux Pokémon posèrent leur tête chacun sur une de ses épaules. Tous trois fermèrent les yeux dans ce câlin mutuel.

- Vous me cachez quelque chose tous les deux, je le sais. Vous ne pouvez rien me dire et ça me désole, murmura-t-elle, déçue.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
C’était un samedi en fin d’après-midi. Deux jours avaient passé et Lou était repartie le lendemain matin en déclarant se sentir bien mieux. Clara avait accompli son dernier combat de la semaine de manière expéditive le jour précédent. Mais, malheureusement pour elle, elle avait commencé à se sentir de plus en plus mal durant le reste de la journée ; par malchance, son ex-protégée avait dû lui transmettre sa maladie.

Xatu n’avait pas reparu depuis sa prise forcée de médicament. Clara ne s’en inquiétait pas trop, il partait souvent deux ou trois jours avant de revenir. Et s’il y avait bien un Pokémon capable de se défendre seul, c’était bien lui. Inquiète de l’état de sa patronne, Julie avait appelé Élodie et Lucien pour qu’ils vinssent la voir, ainsi que son frère – dont elle avait conservé le numéro – mais celui-ci semblait injoignable à ce moment-là. Tous les deux avaient répondu présents et lui rendaient visite. Julie avait également décidé de rester plus tard, malgré que le week-end.

- Élodie, murmura-t-elle d’une voix fatiguée. Je suis désolée, tellement désolée de ce que je t’ai fait subir…
- T’en fais pas, chuchota-t-elle. On en discutera quand tu iras mieux.
- Tu m’as manqué, notre relation me manque…
- Je sais… moi aussi.

Clara avait eu le temps de réfléchir pendant ces deux jours au lit – où elle se trouvait toujours. Elle avait été particulièrement injuste envers elle, Lucien et Julie. Elle les avait soupçonnés tous les trois, leur avaient fait passer de mauvais moments… Alors que peut-être s’était-elle trompée sur leurs comptes. Élodie, sa chère sœur, ne lui ferait jamais de mal, elle le savait. Elle connaissait à peine Lucien, pourquoi lui aurait-il voulu du mal ? Quant à Julie, elles s’entendaient si bien au début, ça n’avait pas de sens… Et puis surtout, ils avaient gentiment accepté de venir la voir. N’est-ce pas ce que font des amis après tout ?

- Lucien… Excuse-moi. Je t’ai invité à plusieurs reprises à passer du temps avec moi et pourtant…

Elle éternua à cet instant, avant de reprendre d’une voix plus faible encore :

- Je n’ai été qu’une ordure avec toi. Pardonne-moi…
- Tout va bien. Élodie m’a expliqué que tu avais ton caractère, lança-t-il joyeusement.
- C’est vrai… Julie, je…
- Tu es ma Patronne, l’interrompit celle-ci. Tu es la Championne Ultime, tu as des responsabilités qu’aucun de nous ne peut imaginer. Tu es toute pardonnée.

Peut-être en faisait-elle trop ? À la voir, on pourrait penser qu’elle gisait sur son lit de mort, tentant de recevoir le pardon de ses proches avant de décéder. À l’écouter ainsi, ses trois amis devaient penser que le monstre ignoble qu’elle avait été durant le mois écouler s’était évanoui en fumée.

Clara ne se sentait plus en mesure de poursuivre la conversation avec eux trois. Elle avait une forte fièvre qui lui donnait de violents maux de têtes. Démolosse se tenait à côté d’elle jour et nuit en cas de besoin.

- Clara, avant que tu t’endormes, il faut prendre tes médicaments, murmura Julie tout doucement.

Le médecin était en effet venu la voir le jour avant et lui avait prescrit ce dont elle avait besoin. Sa secrétaire s’était ensuite chargée d’acheter en pharmacie ce qu’il manquait. Celle-ci s’éclipsa rapidement dans l’autre aile de l’Arène.

- J’vais te faire une tasse de thé, si tu veux, proposa sa jeune sœur.
- Si tu as faim plus tard, je peux te préparer une assiette de soupe, compléta Lucien.
- Vous êtes…

Elle toussa, avant de reprendre plus faiblement :

- Tellement gentils. Que ferais-je sans vous ?

Avant qu’ils ne répondissent, Julie revint avec un verre d’eau et avec plusieurs capsules de médicaments. Clara les avala rapidement avant de reposer sa tête sur son oreiller et de s’endormir profondément.

*_*_*_*_*_*_*_*_*
Vers minuit, Clara se réveilla. Elle se sentait de plus en plus mal. Julie, Élodie et Lucien avaient tous trois quitté l’arène depuis plusieurs heures et sa chambre était dans le noir. Elle entendait son Pokémon ronfler juste à côté de son lit. Vers vingt heures, se sentant affamée, elle avait avalé un peu de soupe et bu le thé que lui avaient préparé Lucien et Élodie.

Prise de doute sur ce qui couvait en elle, Clara décida de se lever. Elle prit sa Pokémontre étrangement éteinte, mais elle ne s’alluma pas malgré tous ses efforts. Elle la reposa sur sa table de chevet, tout en jurant :

- C’est pas… L’mo… Ment… Bor…

Sa phrase se termina en éternuements sonores. Démolosse se réveilla en sursaut en l’entendant. Il tourna la tête vers elle. Il poussa un faible gémissement de stupeur en voyant la tête blanche comme un linge de sa maîtresse. Draco, qui dormait un peu plus loin, ouvrit un œil pour voir ce qu’il se passait. Il se leva alors immédiatement quand il comprit la situation.

Clara se leva en titubant, avant de s’écrouler à quatre pattes sur le dos de son Pokémon. Prise de vertige, elle n’arrivait plus à marcher. Son ventre la faisait souffrir, elle pouvait à peine parler tellement sa gorge lui faisait souffrir. Sa fièvre de l’après-midi n’était qu’un doux souvenir tant elle souffrait de son mal de tête désormais.

Draco et Démolosse se mirent à deux pour la hisser sur le dos de ce dernier. Elle n’était plus en mesure de marcher, ils en avaient conscience. Mais aucun d’eux ne savaient où aller, se rendre à Rivamar – la ville la plus proche – était de la folie pure, sans compter l’hiver. Et personne ne vivait aux alentours.

- Qu’est-ce qu’on fait Draco ? s’inquiéta le chien.
- Xatu est là ? demanda celui-ci, inquiet.

Le chien ténébreux huma l’air avant de secouer la tête, déçu.

- Non, y a aucune odeur récente.
- On ne l’a pas vu depuis deux jours, soupira son compère.
- Il choisit mal son moment, celui-là, murmura-t-il en réponse..

Une voix très faible, enrouée et enfiévrée interrompit leur conversation :

- Téléphone… « fi… kse… » urjgence… bureau.

Ses dernières paroles s’interrompirent, alors qu’elle s’évanouissait. Les deux Pokémon se regardèrent. Ils ne pouvaient pas appeler quelqu’un, mais Clara pouvait le faire. Si tant est qu’elle fût capable d’expliquer la situation… Démolosse, aidé de Draco, la transporta donc. Le plus vite qu’ils le purent, mais sans négliger leur précieux chargement. Ils traversèrent le couloir de l’ascenseur menant à l’autre aile, puis le salon et enfin entrèrent dans le bureau, dont ils ouvrirent la porte par eux-mêmes en appuyant maladroitement sur la poignée.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Où se trouve ce « félétone » ? demanda le chien ténébreux.
- Téléphone… corrigea le Dragon. Commençons déjà par la mettre dans le siège noir devant la machine bizarre-là, ensuite on avisera.

Toujours inquiets pour Clara, ils durent effectuer toute une série de mouvement de gymnastique pour la transférer sur le dos du Serpent Bleu, plus à même de l’assoir dans le fauteuil. Fatigué de cette nuit courte et interrompue, ils soupirèrent de soulagement quand ils parvinrent à leur fin.

- Bon… et maintenant ?
- On trouve ce téléphone et on le lui amène.

Mais aucun d’eux n’avaient la moindre idée d’à quoi il pouvait bien ressembler. Cela était d’autant plus problématique qu’il se situait en hauteur dans une armoire et ne pouvait pas être déplacé de moins de 50 centimètres. En d’autres termes : un téléphone fixe.

À ce moment-là, la tête de Clara dodelina alors qu’elle se remettait de son évanouissement. Tournant la tête de gauche à droite pour voir où elle était, son visage blanc s’éclaira un instant avant qu’elle n’éternuât. Son visage reflétait toute sa souffrance. Elle avait reconnu le lieu où elle se trouvait.

Elle tourna son fauteuil de bureau – qui comportait aussi des roulettes – et tenta de l’avancer en s’aidant de ses jambes pour atteindre l’armoire située – à l’origine – derrière elle. Comprenant ce qu’elle cherchait à faire, ses Pokémon poussèrent avec leurs têtes l’arrière du siège dans la même direction.

Deux armoires composaient le meuble derrière le bureau. Celle du bas, contenait la pharmacie pour les Pokémon. Celle du haut, plus petite était posée sur celle du dessous et possédait un rebord. Cette dernière comportait deux loquets. En tirant en même temps sur les deux, on pouvait faire avancer une plateforme comportant un téléphone d’urgence, le bouton d’urgence de fermeture de l’arène et le scanner à empreinte permettant de les activer tous les deux. À noter que l’on pouvait trouver le deuxième dans toutes les pièces en cas de problème.

À moins d’un demi-mètre, elle arrêta et ses compagnons l’imitèrent. Ses deux Pokémon se placèrent ensuite de par et d’autre pour l’aider à se lever. Elle s’appuya sur eux et alors qu’elle se mettait péniblement debout ses jambes flageolèrent. Elle dut s’appuyer sur le rebord pour se maintenir.

Clara ouvrit l’armoire d’urgence. Le téléphone apparut au centre, l’appareil pour l’utiliser à gauche et le bouton rouge d’urgence à droite. Pour pouvoir appeler et parler au téléphone, il fallait maintenir son doigt appuyé sur le scanner à empreinte. Celui-ci avait été conçu pour ne fonctionner qu’avec le Champion en exercice et sa ou son secrétaire. Le problème étant qu’elle n’aurait plus aucune main libre pour s’appuyer, seulement ses coudes.

Elle jeta un œil à ses Pokémon et sourit timidement en signe de « Ça va aller. » Elle toussota, tenta maladroitement d’affermir le bas de son corps pour qu’elle se maintînt debout avant de prendre le téléphone de la main droite et le porter à son oreille et d’apposer son index gauche sur le scanner. Une voix féminine se fit alors entendre :

- Police de Rivamar, j’écoute.

Clara se sentit soulagée, en entendant sa voix. Elle devait parler rapidement avant que ses jambes ne la soutinssent plus.

- Mademoiselle Galano ? reprit la voix, consciente que quelque chose clochait. Il y a un problème ?

Mais Clara ne parvint pas à parler. Elle se sentit tomber. Son doigt crispé sur l’appareil y resta quelques instants alors que son autre main lâchait le combiné qui appuya sur le bouton d’urgence avant de retomber sur le haut de l’armoire du dessous avec un bruit sec et parfaitement audible. La jeune Championne quant à elle perdait déjà connaissance. Sa tête heurta le rebord, le Dragon bleu s’élança pour tenter d’amortir sa chute, mais elle s’écroula au sol avant qu’il n’y parvînt. Démolosse poussa un gémissement d’horreur avant de venir se frotter contre sa maîtresse pour tenter de la réveiller. Draco, quant à lui, resta sous le choc de ne pas avoir pu l’aider. Sa tête saignait là où elle avait heurté le rebord.

Quelques secondes plus tard, une alarme s’alluma, très stridente ; elle eût réveillé tout le quartier s’il y avait eu des voisins. Mais Clara, inconsciente, ne bougea pas. Un bruit métallique crissant sur de l’acier se fit entendre aux fenêtres de la pièce.

- Qu’est-ce qui se passe encore ? gémit Démolosse
- Le bouton d’urgence ! Il ferme complètement l’arène de l’extérieur ! siffla son acolyte de frustration. Nous sommes enfermés !

La situation était devenue pire que catastrophique.


À SUIVRE