Rainbow Rocket : The Musical de Corpus09

Ramené pour la troisième fois à l’entrée du Manoir, Sun s’occupe pour la troisième fois de faire soigner ses Pokémon auprès de Lilie et d’entrer dans l’aile suivante dans l’ordre chronologique des méchants à rétamer. C’est un nouveau labyrinthe qui l’attend, dallé de la même lumière rouge inquiétante, mais présentant une nouvelle sorte d’obstacle : des statues Miaouss au regard luisant. Comme dans la deuxième génération, mais ce coup-ci, ils n’ont eu le courage ni de les faire évoluer en Persian, ni d’engager deux Sbires exprès pour rappliquer à chaque alerte.

Le garçon constate bien vite que croiser le regard de l’un de ces chats de pierre à grosse tête le projette vers la porte d’où il était entré… en d’autres termes, une perte de temps de plusieurs secondes ! Son instinct le guide également vers l’arrière de l’une des statues, où un bouton permet de faire pivoter l’objet.

Mais ici s’arrête son examen (qui n’aurait pas eu besoin d’être poursuivi de toute façon) : un Sbire surgit sur son chemin ! Attiré par l’odeur de la chair fraîche, Félinferno s’extrait de sa Pokéball sans lui demander son avis.

Sbire : Dehors, intrus !

Félinferno : C’est reparti pour un tour, mon coco !
Un jour tu seras le meill…

Sbire : Quoi, encore ??

Félinferno (rugissant) : Comment ça, encore ?

Sbire : Bah c’est bon, mon gars, tu l’as déjà parodiée, cette chanson ! Tu pensais qu’on le remarquerait pas ? T’as rien d’autre dans ton répertoire ? Change de disque, quoi !

Félinferno : Quoi ! Comment t’as remarqué, déjà ? Les sbires ne changent pas d’une aile sur l’autre ? Vous êtes si peu nombreux que ça ?

Sbire : Euh…

Félinferno : Peu importe !! Tu m’as insulté, tu vas voir si j’ai rien d’autre en stock, minable !!!!!

Le sbire ratatine inévitablement sa silhouette maigre alors que le combattant enflammé gonfle le torse en le détaillant des pieds à la tête. Puis un sourire narquois se peint sur son museau, laissant briller des dents acérées.


’’Marche à l’ombre’’ – Renaud

Félinferno : Quand l’abruti lèche-bottes
Est sorti par la porte d’en face
Il avait les genoux en compote
Devant ma classe

Sbire (menaçant) : Quoi, c’est moi, ça ?!

Sun a un mouvement de recul imperceptible pour le commun des mortels, mais pas pour Félinferno : à force de parcourir les routes avec lui, son starter a appris à déchiffrer le moindre de ses sentiments sur son éternel visage niais.

Félinferno : J'ai dit à Sun qu'était en flipp
« Nan mais r’garde qui c’est qui s'amène
Vise la dégaine
Quelle rigolade ! »

On voit le visage pâle de l’homme en noir rougir progressivement : de rage ou de honte ? Félinferno ne s’en soucie pas, poursuivant avec le même regard moqueur.

Félinferno : Pas d’avis, pas d’emphase
La bio de Giogio dans la poche
Et c’t’œil de poisson mort
Cheveux délavés
Boutons percés
Tu vas voir qu'à tous les coups
Le mec y va s’faire la malle
Se barrer avant qu’j’lui mette
Une mandale

Il a même pas pu dire un mot
J'ai chopé l'sbire par l’maillot

Il s’exécute et plaque le pauvre homme contre un mur.

Félinferno : Et j'lui ai dit
« Toi tu m'fous la haine
Tu t’embêtes même pas à répondre
Allez combats, tu m’fais d’la peine
Sors ta bestiole
Planque-toi à l'ombre ! »

Le sbire sort donc sa bestiole, un Persian, d’une main tremblante, et le voit aussitôt carbonisé par le Lance-Flamme stabbé du félin enragé. Victorieux, celui-ci décide d’ouvrir la marche à grandes enjambées vers le téléporteur suivant, suivi par son dresseur béat.

Dès qu’il aperçoit sa prochaine adversaire, le tigre entonne la suite de sa chanson. Alors qu’il s’élance sur le carrelage noir et lustré de cette nouvelle pièce, Sun court d’une statue Miaouss à l’autre pour les déplacer afin de lui ménager de la place pour sa chorégraphie. La sbire en reste bouche bée.

Félinferno : Une p’tite sbirette hargneuse
Au chara-design salace
A débarqué dans mon couloir
Un peu plus tard
J'ai dit à Sun juste par principe
« C’est quoi c’t’uniforme de pouffiasse
Vise la cravache
Et les gants noirs »
Mini-jupe moulante
Comme trop souvent pour les méchantes
Vos persos féminins
Couvrez-les un peu, y’a moyen
Qu'est ce qu'elle vient nous montrer sa tête
Non mais elle s’croit à sa place
J'peux pas saquer sa casquette
Ni ses grimaces

Avant qu'elle ait ouvert la bouche
J’lui ai lancé une escarmouche

Sbire (dont les yeux se sont arrondis puis froncés progressivement au fil des paroles) : Je ne sais pas qui vous êtes, mes petits, mais vous allez regretter ces injures ! Même si c’est vrai que je n’aime franchement l’uniforme féminin…

C’est sans compter sur Félinferno qui a bien l’intention de terminer son refrain.

Félinferno : J’lui ai dit
« Toi tu m’exaspères
Je te défonce en trois secondes
Qu’est-ce que tu t’es prise pour ma mère
Allez bouge ton cul
Planque-toi à l'ombre ! »

Cette fois-ci, on n’a pas le temps de voir le Pokémon invoqué par la femme en noir qu’il s’effondre déjà au milieu d’un torrent de flammes.

Sbire chargé de la vidéosurveillance du Manoir (arrivant par un téléporteur) : Eh, mollo ! Je t’ai laissé faire jusque-là pour ne pas quitter mon poste de surveillance, mais si tu commences à cramer le manoir, ça va pas le faire, mon gars !

Loin de se repentir, Félinferno n’est que trop ravi de trouver le sujet de son troisième couplet.

Félinferno : Une sale caricature
Le genre de mec qu’aime se faire voir
Est arrivé jouer les gros durs
Dans mon espace
J'ai dit à Sun qu'avait faibli

(C’est vrai, mais qui l’aurait remarqué ?)

Félinferno : « T’as cru j’ai peur de ce lascar
L’veut la bagarre
Ça va faire boum »

Le sbire blêmit.

Félinferno : Derrière ses lunettes noires
J'vois pas ses yeux
Ça m’fait marrer
Qu’est-ce que tu crois qu’il cache
Pour se payer des verres teintés
Non mais qu'est ce que c'est qu'ce mec
Ça s’trouve il a les yeux vairons
Faut laisser ça aux grands boss
Pas aux larrons

Avant qu’il se soit approché
J’ai commencé à l’molester

Sbire chargé de la vidéosurveillance du Manoir : Mais, euh…

Félinferno : Et j'lui ai dit
« Toi tu m'fous la honte
Team Rocket tu t’es cru trop sombre
Allez viens j’vais t’régler ton compte
Balance tes monstres
Planque-toi à l'ombre »

Sbire chargé de la vidéosurveillance du Manoir : En fait, euh… Je suis juste le sbire chargé de la vidéosurveillance du manoir, j’ai pas d’Pokémon…

Sans lui accorder une once d’attention supplémentaire, Félinferno souffle un nuage de feu par les narines pour se diriger vers le téléporteur suivant, toujours accompagné de Sun. Il continue à chanter en traversant les différentes salles.

Félinferno : Puis j'me suis fait un sbire
À qui j’ai piqué la gavroche
Et une intellectuelle ratée qu’j’ai pas aimé

Ce n’est qu’une fois les deux gardes de la porte menant au chef de Team suivant battus que le tigre danseur, essoufflé, commence à relativiser un peu.

Félinferno : Quand on les a tous massacrés
Le manque d’énergie était proche
J'ai réfléchi
Et j'me suis dit
« C'est vrai qu’en enchaînant
Ces matchs depuis qu’on est entrés
Ouais ben c’était marrant
Mais j’ai plus beaucoup de PP
Si je lance encore une attaque
C’en est fini d’Félinferno
C’est pas que j’vais tomber K-O
Ça faut pas croire

Avant qu’on entre et pis qu’on gagne
Ce serait bien qu’Lilie me soigne

Sun semble réfléchir intensément, ce qui ne change évidemment rien à son expression.

Félinferno : J'lui dirai
« Va pas croire que je d’mande
On a de l’argent si tu veux
Un Élixir steuplaît ma grande
Allez salut
L’en reste que deux »

En fait, il en reste plutôt trois, mais on peut considérer Giovanni à part si c’est pour la rime.

Sun étudie donc quelques instants la demande implicite, mais finit par secouer la tête. Il a la flemme de retourner dans les couloirs bouger des statues alors que la majorité de son équipe est en bonne forme. Il n’aura qu’à ranger Félinferno pour ce combat.

Félinferno : Groaaaaaaaaaaarrrrrrrr !!!

Mais on ne discute pas avec une Pokéball. Le dresseur rend quand même au félin les douze points de vie perdus au cours de ses multiples combats, pour le consoler. Puis il sauvegarde son aventure : cet épisode est bien trop redondant pour prendre le risque de recommencer à zéro.

Paré à affronter l’ennemi suivant, le garçon pousse la grande porte de style néo-cyberclassique.


Par LunElf