Rainbow Rocket : The Musical de Corpus09

La monture flamboyante a beau ne jamais se battre, elle n'en est pas moins rapide. Il faut moins d'une minute de vol (sans Vol) à dos de Dracaufeu, au Maître de la Ligue Pokémon de la Région d'Alola, appelé Sun chéri par la maman du M... enfin par sa maman, pour arriver sur l'île artificielle qui abritait le Paradis Æther mais a été corrompue, et où se dresse désormais un château sinistre : des bannières proclamant l'avènement de la Team Rainbow Rocket ont remplacé les décorations installées au fil des générations par la famille d'Elsa-Mina (et Lilie, donc), Présidente actuelle de la Fondation dévouée à soigner les Pokémons d'Alola. Depuis le ciel, ça fait très moche. Le bleu charmant de la mer abrite désormais une touche de noir qui le classe dans la catégorie de la poésie néo-gothique, en total désaccord avec le style pseudo-cyberbaroque du château.

Bref. Apercevant deux figures connues, le Dracaufeu de Sun se pose donc sur la plateforme Sud de l'île. En effet, Lilie et Vicky ont on-ne-sait-comment réussi à faire la traversée de Mele-Mele au Paradis Æther plus vite que Sun !

Lilie : Sun, c'est terrible ! Toute l'île est prise en otage ! Même si on ne dirait pas, à voir simplement le manoir corrompu...

Vicky : Et nous sommes en mesure de confirmer que la Présidente Elsa-Mina est retenue contre son gré à l'intérieur du château ! Il faut aller la sauver !

Sun n'attend pas, et s'élance directement vers le manoir de son habituel pas volontaire. Mais Vicky a encore des conseils à lui donner !

Vicky : Attends ! N'oublie pas de faire attention à toi, les sbires que nous avons aperçu derrière les fenêtres ont l'air d'avoir un bon niveau en dressage ! De 61 à 62 sur les échelles officielles, à vue de nez. De plus, il y aurait un fou furieux accompagné d'un Pokémon qui souffle l'hiver dans le manoir... Tu devrais prendre une écharpe ! Et je voulais te donner ça, pour tes propres Pokémon.

Le Maître de la Ligue accepte la Malasada Maxi avec le sourire ébahi d'un enfant qui reçoit des biscuits au goûter. Et avec de pareils encouragements, Sun n’hésite pas et part d’un pas décidé vers le sinistre castel qui se dresse désormais à la place du Paradis Æther. Cet élan de bonne volonté laisse Lilie un peu à la traîne derrière lui, à tel point que quand quatre sbires apparaissent (mystérieusement) devant lui, il a le temps de tous les battre avant qu’elle n’arrive.

Mais quelle idée, aussi, d’envoyer un simple Persian contre Félinferno !

Félinferno : Eh bien, mon petit matou, c’est qui le meilleur ?

Sbire : Héhéhé ! Tu te débrouilles, gamin. Mais je crois que le vrai comité d’accueil arrive ! Faisons l’inverse.

Et sans attendre de réponse d’un Sun qui aurait été bien en peine de leur en donner, les sbires disparaissent aussi (mystérieusement) qu’ils étaient venus. Ou pas, puisqu’ils ont perdu leur Méga-Boule Fumée derrière eux.

Quoi qu’il en soit, l’entrée principale du Manoir Rocket s’est effectivement ouverte, pour laisser sortir deux personnages qui ne sont sûrement pas inconnus du grand public. Au moins l’un des deux en tout cas : le Directeur Saubohne de la Fondation Æther !

Saubohne : Hum hum… Bienvenue au Château de Monsieur Giovanni ! J’ai l’honneur d’être votre hôte ici. Et je vais devoir vous inviter à partir, malheureusement.

Lilie : Pardon ? Mais monsieur Saubohne, Giovanni retient ma mère en otage !

Saubohne : Ce n’est qu’un détail, chère enfant… Tout cela s’arrangera quand nous aurons obtenu ce que nous voulons !

Lilie : J’ai peur de comprendre… Vous avez trahi la Fondation Æther !

Saubohne : Trahi, voilà un bien grand mot…

Sous le regard stupéfait du Maître de la Ligue et surtout de son amie (mais pas sa future petite amie, hein !), l’homme en blouse blanche commence à esquisser un pas de danse, tandis que l’employé qui l’accompagne se saisit d’une guitare. Il est vrai que c’est sidérant de voir un soi-disant scientifique toujours très sérieux malgré les allusions qui parsèment ses phrases se mettre à danser un mélange de polka et de Lindy Hop sur un air de guitare électrique qui passe mieux dans un concert de métal que sur une chanson vieille d’un demi-siècle d’un artiste de Kalos, surtout lorsqu’on est à Alola !


’’L’opportuniste’’ – Jacques Dutronc

Saubohne : Je n’ai fait que retourner ma veste !
Je suis pour la Fondation,
Je suis pour la compassion.
Et je suis pour Monsieur Giovanni,
Parce que je suis opportuniste !

Il y en a qui guérissent,
Qui croient bien faire et qui agissent.
Moi je ne fais qu’un seul coup,
Je retourne ma blouse !
Je retourne ma blouse,
Toujours du côté propre…

La fille d’Elsa-Mina est comme paralysée en entendant ces mots ; mais son galant ami, lui est incapable d’hésitation : il s’avance, une Pokéball à la main et son éternel sourire idiot au visage.

Et le combat s’engage, entre un Granbull, un Kaorine, un Mélofée et le Félinferno, le seul et l’unique. Aucun autre n’aurait signé un contrat avec nous pour influer sur nos conditions d’écriture !

Félinferno : Comment ! On ne m’appelle pas seul ? On me vole la vedette ? J’aurais mon heure de gloire !

Nous voudrions ici lui rappeler aimablement que c’est prévu, mais ce serait un peu comme de se taper la tête contre un mur. Reprenons donc ; la parole est à Saubohne, qui a trouvé le temps de tirer un micro de sa blouse !

Saubohne : Je n’ai pas peur des grands Dresseurs,
Ni même des grands gêneurs !
Je fais confiance et vous de même ;
Je l’admets, je vous ai roulés !

Il y en a qui guérissent,
Qui croient bien faire et qui agissent.
Moi je ne fais qu’un seul coup,
Je retourne ma blouse !
Je retourne ma blouse,
Toujours du côté propre…

Mélofée : Ce que c’est pratique d’avoir ce félin dans le coin ! Il se débrouille tout seul, je peux protéger ma Dresseuse !

Déjà deux nouveaux Pokémons arrivent en renfort contre le tigre de feu. Saubohne continue de jouer du Psy sur ses Ténèbres avec un Denticrisse clivant et qui grince des dents, tandis que l’employé préfère son Lampignon. Le brillant stratège qui a conquis la Ligue d’Alola aurait sans doute bien des choses à apprendre à ces personnages navrants s’il pouvait parler !

Félinferno : Quoi, c’est tout ? Je n’en aurais jamais trop pris, avec ça !

Saubohne : Je suis de tous les conflits,
Et je suis de toutes les Teams !
Je suis de tous les coups montés,
Je suis le roi des infiltrés !

Il y en a qui guérissent,
Qui croient bien faire et qui agissent.
Moi je ne fais qu’un seul coup,
Je retourne ma blouse !
Je retourne ma blouse,
Toujours du côté propre…

Lilie : Vas-y mon Mélofée ! Tu es le meilleur !

Naturellement, Sun ne s’offusque pas qu’on parle ainsi de son Pokémon. Le matou, en revanche, saute sur l’occasion !

Félinferno : Il ne peut y avoir qu’un seul meilleur, et c’est Félinferno !

Et déjà la Battle royale se joue à six contre deux, l’Hypnomade de Saubohne et le Baggaïd de son comparse s’ajoutant à la mêlée.

Saubohne : Je crie vive la Place Festival !
Je crie vive la Rainbow Rocket !
Je crie vive les carnavals !
Je crie vive les groupes de racket !

Non jamais je ne guéris,
Crois en quoi que ce soit, ni qui !
Je ne sais faire qu’un seul coup
Celui de retourner ma blouse
De retourner ma blouse
Toujours du côté propre

Félinferno : Enfin ! Il y a la totale ! Apprenez, abrutis, que je connais Séisme !

Dans un tremblement à vous en retourner les cornflakes dans leur bol, la terre entière vient perturber la danse de Saubohne ! Incapables de supporter ses mouvements erratiques, tous les Pokémons en jeu tombent alors KO (sauf Félinferno qui a l’habitude avec la mère de Sun) ! Le Directeur opportuniste se voit contraint de finir sa chanson sur une note plus triste :

Saubohne : Je l’ai tellement retournée
Qu’elle craque de tous côtés
Au prochain grand chambardement
Je retournerai mes gants

Lilie : Bravo Sun ! Tu as sauvé la Place ! Même si c’est au prix de cette danse…

Évitant de trop prêter attention à Lilie, le Maître du Monde rappelle son Pokémon et entre à grands pas dans le Manoir de Giovanni. Comme pour lui donner tort ? Mais non, comme une aventure qui continue !


Par Ramius