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Dissension de Lacrima



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Informations

» Auteur : Lacrima - Voir le profil
» Créé le 02/06/2019 à 09:47
» Dernière mise à jour le 02/06/2019 à 15:27

» Mots-clés :   Action   Hoenn   Organisation criminelle   Présence de personnages du jeu vidéo

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Chapitre 8 - De la plus petite pierre...
Max n'était pas quelqu'un de très matinal, d'ordinaire. Quand il ne passait pas de nuit blanche ou n'était pas réveillé par un affreux cauchemar, il en profitait au maximum.

Pourtant, cette nuit, aucun raz de marée n'était venu le noyer dans son lit. Il avait rêvé, simplement. Rêvé de volcans, peut-être. Rêvé d'une belle journée ensoleillée, sûrement. Et même, pourquoi pas, d'un trajet en minibus. Il ne s'en souvenait plus et, à vrai dire, il n'en avait rien à faire. Tout ce qu'il lui restait, c'était cette délicieuse sensation de liberté comme à chacune des rares fois où son sommeil n'avait pas été une torture sans nom.
C'est donc avec un sourire satisfait qu'il avait ouvert les yeux à six heures du matin, quand l'alarme du téléphone portable de Claire avait sonné dans le dortoir.

Animé par la sensation grisante qu'une merveilleuse journée l'attendait, il avait sauté du lit à étage en saluant les scientifiques encore à moitié endormis avant de se précipiter vers la glacière restée dans l'entrée. Il prit une brique de jus d'orange bien fraîche et disposa pain, beurre, confiture et couteaux sur la petite table de pique-nique à l'extérieur du refuge. Il recompta plusieurs fois le nombre de tasses en plastique qu'il avait éparpillées sur le plateau de bois et, satisfait, tartina deux tranches de pain de gelée de framby avant de les engloutir sans plus de cérémonie.
Maximilien courut presque jusqu'à la salle de bains, croisant au passage les deux géologues les plus courageux qui s'étaient levés à la deuxième sonnerie de l'alarme, et s'empara de sa brosse à dents tout en prenant bien soin d'éviter de croiser le regard de son reflet.

Pour une fois qu'il était d'excellente humeur, il refusait de laisser son image venir tout gâcher. L'agréable fraîcheur de la menthe chassa rapidement la bouche pâteuse qu’il avait au réveil et il passa à peine un coup de peigne dans ses cheveux avant de s'habiller à toute allure.
Selon Claire, il ne ferait pas froid au sommet du Mont Chimnée. Il se contenta donc d'un simple T-shirt et fourra une polaire au fond de son sac à dos au cas-où. Il s'assura qu'il avait bien avec lui son pique-nique et son cahier, puis y glissa un imperméable avant de refermer le tout.

La journée se déroula ensuite comme il l'avait espéré. Les scientifiques lui donnèrent du matériel à monter avec eux au sommet du volcan, et ils partirent avec une heure de retard en direction du téléphérique.
Surexcité, Max avait directement écrasé son nez sur la vitre pour ne pas rater une miette du paysage, prenant soin de ne pas se concentrer sur l’écart grandissant entre le sol et la cabine. Il n’allait décidément pas laisser une petite peur du vide gâcher un si beau panorama.
L'expédition avait été divisée en deux groupes et il était donc assis aux côtés de Claire et d'un autre géologue qui pianotait avec ferveur sur l'un des appareils de mesure qu'il programmait. Face à eux, un couple de dresseurs en short cherchait sur une carte un endroit pour pique-niquer en dégustant des biscuits. Le sac en papier lui fit immédiatement penser à une friandise artisanale qu'on vendait aux touristes et il plissa les yeux pour déchiffrer l'inscription qui se trouvait dessus.

Lava cookies.

Avec un soupir rêveur, il s'affaissa plus profondément dans son siège et leva les yeux vers la fenêtre qui surplombait les amoureux. Le ciel était d'un bleu parfait, entrecoupé par des volutes de fumée grise qui provenaient certainement du cratère du volcan. Tant qu'il ne regardait pas fixement le sol, il n'aurait pas le vertige.
La cabine tanguait lentement au rythme du vent qui se faisait plus fort à mesure qu'il se rapprochaient du sommet, et Maximilien se crispa.
Jules avait raison. C'était vraiment un trouillard.

Allez Max, tu vas pas avoir peur d'une télécabine quand même?

Claire sentit sa tension et baissa les yeux vers lui avec un petit sourire malicieux.

« Alors Max, selon toi, on va trouver quoi comme roches là-haut ?
- Hum… comme ça, je dirais du basalte, non ? fit-il en faisant mine de réfléchir, connaissant parfaitement la réponse à la question.
- Exactement. Beaucoup de basalte, oui. Qu'est-ce que tu sais là-dessus ?
- Ce sont des roches volcaniques poreuses, à cause du gaz qui s'en échappe. Elles sont sombres car riches en minéraux ferro-magnésiens, et on dit donc qu'elles sont basiques. »

Il attendit avec appréhension la réaction de Claire. Si jamais il s'était trompé, il aurait l'air vraiment ridicule. La blonde acquiesça et le soulagement du garçon fut tel qu'il s'enfonça d'un bon centimètre dans son siège.

« C'est incroyable que tu aies déjà des notions aussi complexes là-dessus. Tu as dû lire énormément de livres sur le sujet, non ?
- Oui, c'est vrai. Je regarde beaucoup de documentaires là-dessus, aussi. En ce moment, j'apprends à lire les diagrammes de Streickeisen.
- Oh ! s'exclama-t-elle, enthousiaste. C'est un des outils qu'on utilise le plus en laboratoire. Un simple losange qui nous permet de classifier les roches en fonction des quantités de quartz et feldspath qu’elle contient. C’est vraiment une super méthode, si tu veux mon avis.
- Il a parfois aussi la forme d'un triangle, non ?
- C'est juste, oui. Si tu veux, on pourra s'entraîner à les utiliser tous les deux en rentrant le soir, avec des exemples fictifs. Et quand on sera rentrés de stage, tu pourrais venir faire un tour au labo ! »

Cette perspective le ravit et Maximilien la remercia chaleureusement. Il avait eu beaucoup de chance que Jules ait gardé contact avec Claire malgré les études différentes qu’ils avaient choisi de suivre. S’il se souvenait bien, les deux jeunes adultes s'étaient connus dans la cour du lycée. En première scientifique, sans doute.

Ayant totalement oublié les quelques centaines de mètres qui le séparaient du sol, il se prit à imaginer l'intérieur du volcan. À quoi ressemblerait le cratère ? Les photos lui avaient toujours montré un cône plein de liquide rouge bouillonnant, mais ce serait probablement une toute autre chose de voir ça en vrai. Peut-être qu'il aurait même la chance de voir un Pokémon de type feu s'y baigner… apparemment, les Limagma adoraient se prélasser à l'intérieur du cratère.

Lorsqu'il se retrouva face au géant, pour la seconde fois, il prit une claque.
Les photos laissaient toutes imaginer un volcan beaucoup plus petit qu'il ne l'était dans la réalité, et celui-ci ne dérogeait pas à la règle.
Une croûte de scories noires craquait sous leurs pieds et elles s'entrechoquaient en dévalant la pente sous le poids de leurs corps en un léger tintement. Maximilien se pencha et en souleva une grosse poignée avant de les laisser retomber ; ces pierres étaient d'une étrange légèreté. Même s'il savait que c'était dû à leur porosité, il était surpris à chaque fois qu'il en soulevait une.
Il s'approcha prudemment du reste de l'équipe qui s'était alignée un peu plus en avant, et comprit rapidement pourquoi. Ils avaient atteint le bord du cratère.
N'importe quelle personne sensée se tenant sur un sol instable au bord de la bouche d'un monstre pareil aurait reculé d'un pas. Mais visiblement, aucun d'eux n'avait cette qualité.
Cinquante mètres plus bas, un immense lac de lave bouillonnait calmement, projetant parfois çà et là quelques gerbes de magma qui retombait en une pluie de scories noires. Le jaune se mêlait à l'orange, l'orange au rouge, le rouge au marron, le marron au noir.
C'était un spectacle à vous couper le souffle.
On entendait les glougloutements dans le cratère et même dans le sol, jusque sous leurs pieds. Parfois quelques roches trop proches du bord glissaient jusque dans l'étendue de feu et ne faisaient à nouveau plus qu'un avec elle. La chaleur infernale qu'exhalait la gueule du titan chauffait désagréablement leurs visages, parfois par vagues brûlantes quand une projection s'approchait un peu plus d'eux.

L'équipe observa ainsi la bête pendant de longues minutes dans un silence religieux, écoutant chanter le volcan sous leurs pieds, observant avec émerveillement ses fontaines de lave danser en son sein. Dans les yeux écarquillés de Maximilien ne se reflétait plus que de la crainte, de l'admiration et surtout cette lumière d’un orange flamboyant qui irradiait les lieux.

Finalement, ce fut Claire qui dut les rappeler à l'ordre à contrecœur et tous s'éparpillèrent sur le terrain, plantant des machines sous l'épaisse peau du Mont Chimnée, connectant les ordinateurs entre eux, soulevant à bout de bras des stations de mesures atmosphériques.

« Je veux savoir comment s'est formé ce volcan, de quoi il est composé, jusqu'où descend sa chambre magmatique. Je veux pouvoir comprendre comment se déroulerait une éruption, quels seraient ses symptômes avant-coureurs, et pourquoi ce type de lave et pas un autre. Alors relevez-moi tout ce que vous pouvez, je veux crouler sous les données en rentrant au bureau. En gros, examen médical complet du patient ! » avait annoncé Claire pendant la pause déjeuner qui ne tarda pas à arriver.
Les géologues pique-niquaient à l'orée de la forêt qui recouvrait les flancs du volcan. Maximilien avait cru y apercevoir un Spoink du coin de l’œil, mais n'était sûr de rien. Il voyait encore le lac de lave en fusion danser sous ses yeux, il sentait encore sa chaleur contre sa peau.

Il avait eu l'occasion d'apprendre comment fonctionnaient la plupart des machines et même de faire quelques relevés. Mais il avait surtout, sur la demande de Claire elle-même, fait le plus de croquis possibles. En effet, elle aurait besoin de resituer dans l'espace l'endroit où avaient été effectuées les mesures. Photos et dessins rapides à l'appui, elle pourrait travailler dans son laboratoire et s'orienter à la perfection au sommet du volcan.
N'importe quel novice aurait pris ce travail pour le « boulot du stagiaire » histoire de l'occuper un peu, mais Maximilien en savait suffisamment sur les méthodes des géologues de terrain pour comprendre que, comme tous, il occupait une place centrale. Bien entendu, il n'était pas expert en la matière et si sa mission pouvait être laborieuse elle n'était pas très compliquée. L'un des géologues, plutôt silencieux, passait vérifier son travail avec un petit sourire encourageant. Maximilien avait cru comprendre qu'il s'appelait Clément, mais il n'osait pas lui demander pour en être sûr et se contentait de lui sourire en retour avant que chacun ne s'attelle à nouveau à sa tâche.

La journée s'écoula ainsi, épuisante mais pleine de surprises. La plupart des camarades de classe de l'adolescent se prélassaient certainement au bord d'une piscine ou prévoyaient une soirée arrosée pour fêter les vacances d'été. Mais lui, il marchait en équilibre sur le cratère d'un volcan, entre deux volutes de fumée grise qui s'échappaient de ses flancs fendus.
Lorsqu'il sortit une boîte de gâteaux secs pour le goûter tout en dessinant activement la face Nord du cratère du volcan, un Limagma s'approcha et se mit à l'observer avec des yeux gourmands. Plus téméraire que ses camarades cachés dans une faille, il l'épia avec attention tout en bavant de la lave au sol.

Le genre de Pokémon qu'il vaut mieux ne pas caresser, songea-t-il. Ses pensées allèrent alors à Chamallot, resté dans leur chalet sur demande de Claire. Elle n'avait pas paru très emballée à l'idée que le Pokémon puisse les accompagner sur le terrain, à la grande surprise de Maximilien. Pourtant, il était sûr que la petite créature aurait adoré voir le lac de lave. Qui sait, ils auraient aussi pu s'entraîner pendant la pause de midi.
Il n'avait pas osé discuter la décision de la scientifique, mais il restait convaincu que Chamallot serait sage à ses côtés. Il savait tenir son Pokémon, tout de même.

A la fin de la journée, ils partagèrent un repas express sans trop parler, tout épuisés qu'ils étaient par leur journée. Malgré tout, Maximilien éprouva une immense satisfaction en remettant son travail à Claire. Elle avait approuvé la qualité des croquis avec un sourire ravi avant de les ranger dans l'une de ses pochettes plastiques.

« Demain, j'aurais besoin que tu accompagnes Clément. Il va falloir que quelqu’un l’aide à porter du matériel sur le flanc Nord du volcan pour ses relevés, et comme c'est le plus loin du téléphérique il est assez difficile d'accès. Vous devrez couper par la forêt et il ne pourra jamais tout transporter seul. »

Heureux de découvrir une nouvelle facette du volcan le lendemain, Maximilien était allé chercher Chamallot pour lui faire faire un petit tour avant d'aller se coucher.
Le petit Pokémon émit des cris stridents et sautilla en voyant le volcan, mais l'adolescent dut le retenir à contrecœur.

« Je vais demander à Claire pour t'emmener sur le terrain, mais pas ce soir. Elle est déjà allée se coucher. »

La petite bête ne semblait pas comprendre la situation mais n'insista pas et se contenta de se frotter affectueusement à son dresseur avant de regagner sa pokéball.

La nuit suivante, Max rêva d'une cascade de lave et d'un Limagma géant lui ordonnant de lui apporter quatre kilos de lava cookies.
Un rêve tout à fait agréable comparé à ceux qui hantaient Maximilien chaque soir. Il alla jusqu'à oublier qu'il n'avait pas ses gélules sous la main.