Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Les Apôtres d'Erubin de Malak



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 12/05/2019 à 08:55
» Dernière mise à jour le 12/05/2019 à 08:55

» Mots-clés :   Amitié   Aventure   Drame   Mythologie   Présence de Pokémon inventés

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Chapitre 6 : Le pouvoir du capital
Pour Maxwell Briantown, directeur de la communication au sein de N.W.C, les Conseils d'Administration de l'entreprise, qui se tenaient chaque semaine, étaient particulièrement dérangeants. Ils ressemblaient plus à un quelconque office religieux d'une secte louche qu'à un rassemblement de cadres et d'hommes d'affaire à la recherche du profit. Déjà, toutes ces réunions commençaient inévitablement par le même fichu discours du directeur sur la corruption et le nouveau monde de Venamia qu'était censé créer N.W.C. Après quoi tous devaient, par une phrase rituelle, déclarer leur dévotion à Horrorscor.

Le reste de la réunion ressemblait à peu près à ce que devait être un Conseil d'Administration d'une grande entreprise. Ils prenaient nombre de décisions sur divers sujets. Quels accords commerciaux accepter ou refuser, quels investissements entreprendre, quelles entreprises absorber, quelles nominations étudier... et quels personnages acheter ou éliminer. Mais s'ils arrivaient à se mettre d'accord sur le pourquoi, ils ne se posaient jamais la question du comment. Car depuis qu'ils s'étaient mis à vénérer Horrorscor, toutes les décisions qu'ils prenaient lors de ces fameux conseils étaient réalisées, d'une façon ou d'une autre. Qu'ils décident d'une fusion, d'un achat, ou carrément d'un meurtre, il finissait toujours par se produire.

C'était la raison principale de la toute puissance de N.W.C, et ce pourquoi ses dirigeants vénéraient un dieu Pokemon maléfique. Fantastux affirmait là que c'était de son fait, que leur foi était récompensée. Mais Maxwell n'était pas né de la dernière pluie. Il savait très bien que tout cela découlait du fameux Marquis des Ombres que servait Fantastux. Un Marquis qui avait d'ailleurs toutes les chances d'être l'un des six membres de ce même Conseil d'Administration. Comment en aurait-il pu en être autrement, alors que eux six seulement avaient connaissance des décisions prises dans cet huis-clôt ?

La seule autre raison aurait été qu'Horroscor était réellement un dieu omnipotent qui entendait tout et qui pouvait le réaliser à chaque fois. Mais comme Maxwell était un homme pragmatique, il n'en croyait rien. Tout ce qui avait tant favorisé N.W.C ces dernières années n'était pas l’œuvre d'un quelconque Dieu invisible, mais bien d'un homme. Un homme puissant disposant de nombreux moyens, et qui dissimulait son identité derrière un visage respectable.

Alors qu'ils devisaient sur la nécessité de conclure une alliance provisoire avec une entreprise de la région Galar, Maxwell dévisagea chacun de ses collègues, se demandant lequel d'entre eux était le Marquis des Ombres. Car ce n'était pas lui, bien sûr. Il était ambitieux, oui, comme tout homme ayant réussi dans la vie et souhaitant encore grimper plus haut. Il n'était pas contre la corruption, dans le sens où elle l'aidait à accomplir ses objectifs. Mais vendre son âme à un Pokemon maléfique ? Commettre des atrocités en son nom ? Non, ce n'était pas son genre.

Alors, lequel des cinq autres ? Adrian Hubertin, le directeur des investissements ? Maxwell n'y croyait pas. Adrian n'avait jamais été bon acteur, et sa méfiance – voir même son mépris – envers Fantastux n'était pas feint. Adrian était celui que Maxwell connaissait le mieux, car ils avaient fait leurs études de commerce dans la même grande école. Il n'avait aucun intérêt pour les Pokemon, et surtout, il était d'un naturel bien trop prudent pour accorder une foi aveugle envers un fantôme.

Jacob Bervizios, le directeur des services ? Là, c'était plus dans le domaine du possible. Cet homme discret et efficace tâchait toujours de faire comme s'il n'était pas là, se rangeant à l'avis du plus grand nombre quelle que soit la décision. Peut-être était-ce une stratégie pour ne pas qu'on le remarque et qu'on se méfie de lui ? Pourtant, Maxwell avait confiance en son jugement sur les gens, et Bervizios lui paraissait un peu trop timoré pour prétendre être le Marquis des Ombres.

Adreover Stylord, le directeur des ressources humaines ? Tout homme censé aurait parié sur lui. Il était fourbe, manipulateur, et d'une ambition démesurée. Sa volonté de renverser le PDG Kabora et de prendre sa place était connue de tous. Il était également celui qui hésitait le moins à user de méthodes violentes et discutables, comme il l'avait encore prouvé récemment avec cette bombe au Vert de la Planète. Mais si Maxwell avait été le Marquis et qu'il souhaitait rester caché, il aurait tenté de se faire un peu plus discret. Or, la discrétion n'était certainement pas une qualité de Stylord.

Milton Parmilian, le directeur de la recherche et du développement ? Peu probable, selon Maxwell. Cet homme tenait plus du savant fou que de l'homme d'affaire véreux. Il était à l'origine de nombre de nouveaux projets innovateurs de N.W.C, mais ne semblait pas rechercher l'argent ou le pouvoir, seulement la connaissance et la conception de nouvelles technologies. En outre, Maxwell voyait mal comment un homme de science pouvait vénérer quelque chose d'aussi abstrait qu'un dieu de la corruption.

Restait donc Carl Kabora, le Président Directeur Général de N.W.C. C'était lui qui, le premier, avait négocié avec Fantastux au nom de sa société. Il avait largement bénéficié du soutien du Seigneur Horrorscor et de ses sbires, et c'était lui qui, plus que tous les autres, croyaient dur comme fer à ce nouveau monde totalement corrompu du nom de Venamia qu'avait théorisé Horrorscor. Mais dans ce cas, quel intérêt de dissimuler son identité ? Il aurait pu très bien se déclarer ouvertement comme étant le Marquis.

Maxwell restait donc incertain quant à l'identité du chef des Agents de la Corruption. Non pas que cela importait réellement, en fait. N.W.C avait triplé son chiffre d'affaires depuis le soutien d'Horrorscor. Et jamais ce dernier ne leur avait demandé quoi que ce soit de concret ; seulement leur vénération et la promesse de continuer à corrompre autour d'eux. Tant que ça fonctionnerait comme ça, Maxwell était prêt à continuer à louer le Seigneur Horrorscor et à ne pas chercher à en savoir plus sur le Marquis des Ombres. Mais il avait le pressentiment que le Maître de la Corruption n'allait pas se contenter d'attendre d'eux que des prières à sa gloire…

La suite de la réunion conforta Maxwell dans son pressentiment. Alors qu'ils étaient en train de décider de la fermeture d'une filiale peu performante, la table devant eux s'obscurcit d'un coup, et Fantastux en émergea, comme sorti du néant. Même s'ils le voyaient depuis longtemps, les membres du Conseil d'Administration ne purent s’empêcher de sursauter ou de tressaillir à son arrivée inopportune. C'était rare que le Pokemon Spectre à haut de forme blanc s'invite lors de leur réunion, encore plus en plein milieu. Mais personne ici n'allait oser lui faire une remarque désobligeante. Kabora inclina même légèrement la tête.

- Seigneur Fantastux. Que nous vaut l'honneur de votre venue ?

- Kish kish kish... caqueta le Pokemon. La Corruption, mes bons amis humains. Toujours la Corruption. Il vous faudra sans doute accélérer vos travaux concernant la Forêt de Jade à Kanto. Nos ennemis sont entrés en action. Il y a à peine quelques minutes, vos hommes en poste là-bas ont capturé deux humains qui fouillaient un peu trop près, et l'un d'eux est l'un des chefs des adorateurs de l'Innocence, l'un des cinq sbires d'Erable.

Fantastux avait toujours semblé accordé une réelle importance au projet de destruction de la Forêt de Jade, alors qu'il n'en était qu'un parmi tant d'autres pour la société. La raison en était simple : un tel projet allait sans doute provoquer la mort de milliers de Pokemon, et selon la religion théorisée par Horrorscor, le monde de Venamia serait un monde libéré des Pokemon.

- Et peut-on vous demander comment vous savez cela, si ça s'est passé il y a seulement quelques minutes dans un autre pays ? Demanda Hubertin non sans une touche d'ironie.

- Fantastux sait bien des choses, se contenta de répondre le spectre.

- Il nous suffit juste de faire disparaître ces deux gars, renchérit Stylord.

- Ça ne changera rien, si ce n'est accroître la détermination d'Erable. Cet humain et ses disciples ne sont pas comme ceux que vous avez l'habitude de corrompre ou d'intimider. L'un ou l'autre ne fonctionne pas sur eux. Et tout comme nous, ils opèrent secrètement.

- Pas si secrètement que ça, si vous savez qui ils sont, signala Maxwell.

Fantastux tourna son visage grossier et souriant vers lui.

- Eux aussi savent qui nous sommes. Nous nous affrontons clandestinement depuis des siècles. Ils ont tué des nôtres, nous avons tué des leurs. Mais plus que jamais l'avènement du Seigneur Horrorscor est proche, et donc nous devons en terminer avec ces parasites. Fantastux va prendre possession du sbire d'Erable que vos hommes ont capturé là-bas, et le remettre au Marquis. Quant à l'autre, il n'est qu'un Pokemon Ranger ignorant. Fantastux vous laissera le faire taire à jamais. Vous, dépêchez-vous de disposer vos fameuses Void-Bomb et d'exterminer ce havre de verdure grouillant de vie.

Il n'attendit pas leur accord et partit comme il était apparu, en s'enfonçant dans le sol. Stylord se leva. En tant que directeur des ressources humaines, c'était à lui d'informer les employés de la Forêt de Jade qu'un Pokemon chelou et parlant allait embarquer un de leurs prisonniers, et qu'ils devraient rien faire pour l'en empêcher. Maxwell n'aimait pas trop que des gens soient au courant de la collaboration entre Fantastux et le Conseil d'Administration de N.W.C, fussent-ils des employés même de l'entreprise. Et Stylord encore moins. Il allait sans doute devoir s'assurer de leur silence... de façon définitive. Une idée qui ne transportait pas de joie Maxwell; en dépit de tout, il était un homme qui respectait la vie des autres. Mais il respectait encore plus la tranquillité et la pérennité de son entreprise.

- Où en est-on de la production de Void-Bomb, Milton ? Demanda le PDG.

Le directeur de la recherche et du développement étira son visage flasque et gris en un sourire.

- Je n'ai pas encore donné mon feu vert à une production à grande échelle. J'attends de voir les résultats sur la Forêt de Jade, justement. Doit-on enclencher la procédure ?

Maxwell prit la parole.

- Si on fait cela sans l'accord des autorités locales, il faudra nous attendre à une amende plutôt salée... voir plus.

- Vous n'avez pas encore fini d'acheter les personnes qu'il faut ? S'impatienta Kabora.

- Les fonctionnaires du coin ne sont pas comme les Dignitaires, se défendit Maxwell. Ils tiennent à leur territoire, et ont tous de très bonnes relations avec Erable. Et inutile de compter sur les Dignitaires pour faire passer la pilule. Ils nous ont cédé la Forêt de Jade, mais nous ont bien fait comprendre que l'on doit se démerder avec de A à Z. Ils ne vont pas courir le risque d'être ceux qui ont avalisé une décision qui sera de toute évidence très impopulaire.

Kabora soupira.

- Quels sont les risques judiciaires ?

- Ça peut aller jusqu'à une interdiction de poursuivre nos activités dans tout Kanto. Et si vous voulez mon avis, une forêt ne vaut pas la perte d'une implantation durable sur toute une région. À quoi servira notre ville-usine là-bas si on a plus le droit d'y faire quoi que ce soit ?

Bervizios et Hubertin hochèrent la tête pour indiquer qu'ils abondaient dans ce sens, mais le PDG se tortilla les mains.

- Il ne s'agit pas que d'une forêt et de la ville-usine qu'on en fera sortir. Il s'agit du souhait du Seigneur Horrorscor. Il tient à l'annihilation de la forêt et des Pokemon qui y résident, et aux conséquences que cela engendrera à Kanto. Il a déjà tant fait pour nous, que nous lui devons bien ce petit sacrifice. Tant pis si Kanto nous est fermé par la suite. Nous ne manquons pas de régions avec qui commercer.

Il donna donc à Milton Parmilian son accord pour opérer la terraformation de la Forêt de Jade avec les Void-Bomb sur le champ. Maxwell se rembrumit, mais ne dit rien. C'était lui qui allait devoir se charger ensuite de justifier cette décision et de faire face à la mauvaise publicité que ça allait faire à N.W.C. Mais surtout, ça le dérangeait dans le sens où, pour la première fois, ils allaient faire passer les désirs d'Horrorscor avant leurs profits. Jusqu'ici, les deux avaient toujours coïncidé, et leur partenariat avait toujours donné de très beaux résultats, donc Maxwell n'y avait eu rien à redire, en dépit de sa méfiance naturelle.

Mais si à présent, N.W.C se devait de faire les sales besognes de Fantastux et ce en y perdant de l'argent, ça n'allait pas bien se finir pour l'entreprise. Et le regard que Maxwell échangea avec la plupart de ses confrères se passa de mot. Si le PDG Kabora se transformait peu à peu en marionnette d'Horrorscor et de son Marquis aux dépens de N.W.C, il n'allait pas rester PDG bien longtemps, et leur association avec les Agents de la Corruption allait prendre fin plus vite que prévu, d'une façon ou d'une autre.


***


Oswald ne cessait de se demander dans quoi il s'était lancé en choisissant de suivre Haysen Funerol, mais il était clair que le personnage l'intriguait, de même que son offre. Un procès avec le Vert de la Planète comme client valait son pesant d'argent et de publicité. Or, même si ce n'était pas ce que recherchait Oswald en priorité, ces deux choses restaient appréciables, surtout en début de carrière. Oswald entendrait donc l'affaire de Funerol, et si ça ne heurtait pas ses propres principes, il accepterait sans doute. Funerol avait évoqué le professeur Erable ; même si Oswald ne l'avait jamais rencontré personnellement, il connaissait l'homme de réputation. C'était quelqu'un d'intègre. Il ne serait pas du côté de Funerol si ce dernier ne l'était pas aussi.

En sortant de l'arène Psy donc, ils étaient allés au dojo d'à côté pour que Funerol soumette sa proposition de dédommagement, et pour que Leonora présente ses excuses. Le Roi du Dojo avait sa fierté, mais face à la somme qu'avait énoncée Funerol, même un homme comme lui n'avait pas réfléchi bien longtemps pour accepter d'annuler sa plainte. Et voir la puissante et redoutée championne psy tenter maladroitement et de mauvaise grâce de lui faire des excuses avait sans doute été pour lui un spectacle appréciable.

L'affaire était donc close avant même qu'elle ait réellement débuté. S'il avait été un avocat classique, Oswald aurait quand même demandé à son client une certaine somme. Mais Oswald Brenwark n'était pas homme à se faire payer pour rien. Il avait également refusé le dédommagement que Funerol lui avait proposé, en se disant que sa propre affaire allait sans doute lui rapporter bien plus.

Funerol se rendit ensuite à la Tour Sylphe, où il devait rencontrer les Dignitaires. Il n'avait pas rendez-vous, mais selon lui ce n'était pas un problème. Pouvoir rencontrer les dirigeants de la région quand on voulait n'était pas donné à tout le monde. Mais des hommes comme les Dignitaires, qui étaient des démagogues nés, ne pouvaient décemment rien refuser à Haysen Funerol. Car ce dernier possédait une arme puissante : la popularité. Il était connu et aimé de la plupart des gens pour son combat. Et un dirigeant politique souhaitait toujours avoir ce genre de personne comme ami, ou du moins faire semblant.

Funerol l'avait donc fait patienter dans le hall d'accueil de la tour. Le souci, c'était que Leonora Davosh était restée avec lui, refusant de laisser partir son ami après des années de séparations. Elle était aussi intriguée par le combat que Funerol allait mener. Et quand bien même Oswald ne la connaissait que depuis peu, il n'était pas sûr d'apprécier cette femme insolente et incapable de se tenir correctement.

- Pourquoi j'dois attendre dans cette foutue tour ? Je déteste cette foutue tour, et tous les crétinus bourges friqués qui y crèchent ! Je déteste les produits Sylphe, et quand j'le peux, j'vais à Johto me faire faire des vrais Pokeball artisanales par Fargas, même si elles coûtent plus cher, juste pour faire chier ces capitalistes de merde !

Ça lui attira plus d'un regard peu amène des agents à l'accueil, et Oswald tenta de faire comme s'il ne la connaissait pas, en laissant deux places de plus entre elle et lui.

- Personne ne vous a obligé à rester, répliqua l'avocat.

- Haysen va encore me fausser compagnie. Pas envie de guetter à nouveau la moindre info sur lui et de le voir au journal télévisé après un attentat.

- Et quel est votre intérêt dans l'affaire qu'il va mener ?

- Aucun. Rien à battre de la nature, même si ça me déplait pas que quelques nantis qui se croient tout permis passent à la caisse. J'veux juste être avec Haysen. Il ne m'échappera pas cette fois.

- Vous échapper ? Pourquoi ?

- Il a pris la fuite quand je lui ai déclaré mes sentiments, y'a trois ans.

- Euh... Vos sentiments ?

Leonora tourna son regard ombrageux vers lui.

- T'as un problème, le bêcheur ? Tu crois qu'une fille comme moi ne peut pas avoir des sentiments comme les autres ? J'aime ce crétinus depuis qu'on est môme ! J'm'étais promis que si je gagnais la Ligue Pokemon, je le lui dirai. Et je l'ai fait. Mais il ne m'a pas donné de réponse et est reparti se terrer à Almia.

- Je... vois.

Oui, Oswald voyait. Il voyait à quels genres de difficultés et d'embarras pourrait être confronté un homme de la stature d'Haysen Funerol s'il épousait une femme comme elle.

- Oh, mais je l'aurai, lui assura la championne. Maintenant que je l'ai sous la main, je vais le coller comme c'est pas permis ! Il va finir par accepter de m'épouser tellement il en aura marre !

Oswald se demanda vaguement si Funerol n'attendait pas de lui qu'il prépare un procès pour harcèlement. Leonora garda le silence un moment, tout en tapant continuellement du sol avec son talon, ce qui agaça prodigieusement Oswald et toutes les personnes présentes. Puis quand elle reprit la parole, ce fut sur un ton plus grave.

- Ce procès qu'il prépare, ce sera contre ces connards de N.W.C, j'en mettrais ma main à couper. Il les soupçonne depuis le début d'avoir trempé dans le meurtre de son père, tout comme il doit penser que ce sont eux qui lui ont envoyé cette bombe, parce qu'il s'apprêtait à entrer en conflit avec eux justement dans cette affaire qui concerne le prof Erable.

New World Corporation... Si c'était le cas, en effet, c'était du lourd. Ça le serait d'autant plus qu'Oswald avait connaissance des liens qui unissaient certains dirigeants de cette société unysienne à ceux de la Sylphe ici-même. La famille dirigeante de la Sylphe, les Cowen, était amie avec quasiment toutes les grandes sociétés du monde. Et manque de chance, les Cowen étaient membres du Conseil des Dignitaires depuis sa création. Et ce n'était pas les seuls. Neofuturia Enterprise était aussi une des cinquante plus puissantes sociétés du monde... et elle aussi dirigée par une famille Dignitaire, les Igeus. Oswald avait donc dans l'idée que Funerol ne serait peut-être pas bien reçu aujourd'hui. Son impression se confirma quand il arriva des étages supérieurs, visiblement agacé.

- Eh bien ? Demanda Leonora. Qu'est-ce qu'ils t'ont dit, ces vieux shnocks ? T'as réussi à leur faire baisser le prix de la location de l'arène ?

- C'est le maire qui décide des taxes de la ville, et le maire de Safrania ne fait pas partie du conseil, rétorqua Funerol.

C'était vrai, même s'il était connu de tous que le maire de Safrania n'était qu'un pion entre les mains des Dignitaires.

- Ils m'ont dit ce que les Dignitaires disent toujours quand ils jouent en défense, poursuivit Funerol. Ils s'en tiendront à la loi et puniront N.W.C si jamais ils entreprennent une action répréhensible, et respecteront le verdict du procès si procès il y a. En clair, ils bottent en touche. Ils ne feront rien pour nous, et attendent de voir de quel côté le vent tourne. C'est donc à nous de faire tourner le vent. Maître Brenwark, nous partons pour Bourg-Palette, rencontrer le professeur Erable, qui vous expliquera la situation mieux que moi. Vous déciderez alors d'accepter ou non l'affaire.

- C'est entendu.

- Je viens moi aussi, déclara Leonora.

- Tu as une arène à faire tourner, lui rappela Funerol.

- Elle ne va pas s'effondrer parce que sa championne sera absente quelques jours. Puis t'aura ptet besoin d'un dresseur compétant dans ton histoire, du genre qui sera capable de te protéger.

Funerol ne riposta pas, signe qu'il approuvait la nécessité d'une protection. Oswald n'avait encore jamais eu à risquer sa vie pour faire son métier, et ça l'inquiétait autant que ça le grisait. Tous trois quittèrent Safrania, sans remarquer l'individu qui les suivait discrètement, et qui alla sous peu faire un rapport à son maître : le Marquis des Ombres.