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Apocalyptica de Drayker



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Informations

» Auteur : Drayker - Voir le profil
» Créé le 08/05/2019 à 18:29
» Dernière mise à jour le 08/05/2019 à 18:36

» Mots-clés :   Drame   Présence de poké-humains   Région inventée   Science fiction   Suspense

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Chapitre 74 : Paranoïa
Joshua s’assit face au bureau du dixième et jeta un coup d’œil aux multiples écrans de surveillance. Dans sa cellule, Sanae semblait méditer calmement, assise en tailleur. A nouveau, le cœur du jeune homme se serra en la voyant isolée ainsi.

Il se pencha vers le micro et appuya sur le bouton :

« Sanae ? Tu m’entends ?
- Bonjour, Joshua, répondit l’Apocalyptica sans relever la tête.
- Comment tu te sens ?
- Bien. »

Le ton était neutre, comme à son habitude, mais la longueur des réponses arracha un soupir à Joshua.

« Tu veux que j’essaye de convaincre les autres de te lib…
- Non, coupa l’intéressée d’un ton intransigeant. J’entends toujours l’Autre. Vous avez raison de me garder enfermée.
- L’isolement n’a rien de…
- Va lui poser tes questions, Joshua. Ne t’en fais pas pour moi.
- C’est à toi que je suis venu parler, Sanae, pas à lui. »

L’Apocalyptica ouvrit ses yeux gris et fixa la caméra. L’espace d’une seconde, son visage de marbre se mua en une moue de surprise, mais ce fut si fugace que Joshua se demanda s’il n’avait pas rêvé.

« J’ai une question à te poser. Est-ce que si tu le voulais, tu pourrais te libérer de cette cellule ? »

L’albinos garda le silence quelques secondes, avant de hausser les épaules, dans un geste très humain :

« Moi, peut-être, mais Lyrian, je ne sais pas C’était ça, ta vraie question, non ?
- Tu ne sais pas ? releva Joshua, à peine étonné par la perspicacité de l’hybride.
- Ça a l’air blindé, et Will ne lui donne presque rien à manger depuis qu’il est là.
- Un peu de nourriture, une fois par semaine, oui, il m’a dit. Même pas un vrai repas. Ça fait des mois. Il doit crever la dalle.
- Il ne bouge pas beaucoup. Moi non plus, je n’ai pas faim depuis que je suis là.
- Je l’ai vu ne rien manger pendant qu’on traversait le désert, tous les deux. Mais ça a duré plusieurs jours, pas plusieurs mois. Vous avez besoin de manger tous les combien de temps ?
- Je ne sais pas. Je n’ai jamais essayé de me priver.
- Actuellement, tu as faim tous les combien de temps ? »

Sanae sembla réfléchir.

« Dix jours ? Deux semaines ? Je ne fais pas vraiment attention.
- L’Autre n’a jamais demandé à ce qu’on le nourrisse mieux que ça ?
- Non. Je crois qu’on a été faits comme ça. Quand on ne bouge pas beaucoup, on s’économise. Je te l’ai dit, je n’ai pas faim depuis que je suis ici, alors que mon dernier repas date d’il y a bientôt trois semaines. »

Joshua coupa le micro et recula légèrement, réfléchissant aux implications de cet étrange fait. Quelque chose ne collait pas, mais comme à chaque fois qu’il essayait de comprendre l’Autre et ses motivations, il avait l’impression d’aller exactement dans la direction que l’entité voulait qu’il emprunte. Comme s’il était manipulé à son insu.

« Je t’entends ruminer d’ici, lâcha Sanae d’une voix où perçait une pointe d’amusement, chose ô combien rare. A quoi tu penses?
- Tu arrives à sentir mon état d’esprit à travers la caméra ? » s’étonna Joshua.

L’Apocalyptica haussa les épaules.

« La méditation et l’isolement ont leurs vertus. A quoi tu penses ? répéta-t-elle.
- Je me dis que si l’Autre n’a jamais demandé à être nourri correctement, et qu’il n’a jamais cherché à s’échapper, c’est que soit il n’en était pas capable, soit il a eu envie de rester ici. Et si, effectivement, vous êtes capable d’hiberner, alors il n’est pas si faible que ça. Il n’en a pas l’air, en tout cas.
- Donc selon toi, si l’Autre est encore ici...
- C’est peut-être uniquement parce qu’il le veut bien. » acheva Joshua.

~*~
« Voilà le plan. » conclut Kate.

Elle et Lina se trouvaient dans la salle des communications, au cinquième sous-sol. Tout autour d’elles, des décrypteurs de fréquence, des radios et des moniteurs plus ou moins complexes clignotaient dans la pénombre de la pièce. Aucun d’entre eux ne savait se servir de ce matériel, aussi les recherches de Kate sur l’origine du signal de détresse entendu quelques jours auparavant n’avaient pas vraiment avancé.

« Je l’aime pas, ton plan, assena Lina, maugréante. J’ai pas envie de manipuler Joshua.
- Réfléchis un peu. On fait d’une pierre trois coups : on vérifie que Joshua n’est pas contrôlé, on sait ce qu’il y a au dixième, et on en apprend plus sur l’original du signal grâce à ce machin. Regarde, je le capte encore ! »

Elle tendit l’étrange instrument qu’elle tenait dans la main à Lina, qui l’observa en détail. C’était une sorte de boîtier rectangulaire de la taille de son avant-bras, pourvu d’une petite antenne et d’un écran qui affichait une sorte de cercle régulièrement balayé par une ligne jaune tournante, à la manière d’un radar. Sur l’afficheur, de nombreuses données chiffrées s’affichaient et variaient sans cesse, sans que Lina ne parvienne à les interpréter.

« Comment t’as dit que ça s’appelait ?
- Un radiogoniomètre.
- A tes souhaits.
- C’est marqué sur la tranche, je l’invente pas, s’empressa de rajouter Kate. Je sais pas vraiment comment on s’en sert, mais je crois que ça permet de localiser la direction d’émission d’un signal.
- On va aller loin, avec ça, ricana Lina. Il y avait des gens qui faisaient plusieurs années d’études pour se servir de ce genre de trucs, avant le Changement, tu sais.
- J’en ai pas eu besoin pour piger à peu près ce qu’il faisait. Bon, là on est en sous-sol, alors il déconne un peu, mais ça marchait hier. Je suis sortie avec, je l’ai réglé sur la fréquence du message des autres survivants, et il s’est mis à pointer vers le nord directement.
- Vers Lusignan. »

Kate approuva d’un hochement de tête.

« Peut-être qu’avec, on serait capable de localiser l’antenne qui émet leur message radio. Y’en a qu’un seul, par contre, alors faut faire gaffe avec.
- Et tu veux que j’escalade la montagne avec ça ?
- Ouais. Ça captera mieux là-haut, je pense.
- T’en sais rien, hein.
- D’où le « je pense », sourit Kate avec insolence.
- Ça fait beaucoup de « peut-être » et de « je pense ».
- L’intérêt de grimper, c’est aussi d’éloigner Will. Et comme vous êtes les deux seuls à pas avoir la main en vrac ou les poumons en miettes…
- Il va forcément accepter de m’accompagner. »

Lina réfléchit quelques secondes, réticente.

« Joshua va forcément comprendre qu’on s’est foutus de sa gueule quand on rentrera, prévint-elle finalement.
- Tant pis. Au moins, on aura notre réponse.
- Il va m’en vouloir de l’avoir manipulé comme ça.
- Il va m’en vouloir aussi.
- Mais tu sors pas avec, toi. »

Kate fit une légère moue, l’air de comprendre la situation délicate de Lina. Elle posa une main douce sur l’épaule de la rousse et reprit :

« Écoute, tu choisis. C’est comme tu le sens. Si tu ne veux pas qu’on le fasse, on ne le fait pas. Je comprends que tu sois moyennement chaude à l’idée de lui mentir.
- Non. J’ai essayé d’aborder le sujet avec lui mais il refuse de me dire ce qu’il fout dans mon dos. Tant pis. Je refuse de continuer à me morfondre. S’il est vraiment contrôlé par l’Autre… si le type qui dort à côté de moi la nuit, dans mon pieu, est un putain de pantin… je veux le savoir. Maintenant.
- Alors on y va ?
- On y va. »

~*~
« Vous voulez faire quoi ? répéta Will, incrédule.

Assis sur l’une des chaises du réfectoire, il assistait à la démonstration que faisaient Kate et Lina de l’étrange instrument qu’elles avaient trouvé dans la salle des communications.

« Se servir de ça pour localiser le signal des autres survivants. Je l’ai réglé sur la fréquence, et ça marche. Mais les montagnes gênent le passage des ondes, expliqua l’hybride Métamorph.
- Donc faut grimper, grommela l’ex-Elitien.
- Oui. J’ai regardé, ça se fait.
- En deux bonnes heures, oui, pesta le barbu. Deux heures sous le cagnard à cravacher. C’est pas si pentu, mais ça restera un gros effort physique. On va se déshydrater avant d’avoir fait la moitié.
- Tu es sorti, aujourd’hui ? demanda alors Kate.
- Non, pourquoi ?
- Les nuages de pluie sont toujours là. Il ne flotte plus, mais ils masquent le soleil. Franchement, si on y va en soirée, il fait moins chaud. Ça se tente.
- Qui te dit que les nuages seront encore là demain ?
- Alors allons-y ce soir. » proposa Lina.

Will cligna des yeux, stupéfait.

« Ça demande un minimum de préparation. Kate a la main en vrac, et si tu y vas seule et que tu tombes…
- Alors venez avec moi. » coupa la rousse, concise.

Le survivant marqua un nouveau temps d’arrêt, décontenancé. Derrière les deux jeunes femmes, il aperçut l’apparition de Tia qui faisait les cent pas d’un air troublé.

« Il est un peu moins de seize heures. On réunit de bonnes pompes, des bouteilles d’eau, on fait nos sacs et on y va vers dix-sept heures, quand le soleil commence à décliner. Ça se fait, non ? suggéra Lina.
- Combien de temps il faut là-haut pour que tu prennes les mesures ?
- Pas longtemps, intervint Kate. Vous prenez la direction générale, les coordonnées, et vous redescendez avant qu’il fasse noir. Au pire, vous embarquez des lampes-torches. »

L’ex-Elitien croisa les bras en maugréant. L’opération lui semblait bien trop précipitée.

« Si ça ne te plaît pas, tu peux rester là, commença Lina en tournant les talons.
- Non. Personne ne sort seul du bunker. » coupa immédiatement Will.

Perplexe, il jeta un regard par-dessus l’épaule des deux jeunes femmes en direction de Tia, qui haussa les épaules. L’hallucination avait l’air aussi chiffonnée que lui par cette initiative saugrenue.

« Tu l’as dit, les nuages seront peut-être partis demain. Si on veut le faire, c’est maintenant. » reprit Kate.

Will se massa l’arête du nez en soupirant. A l’arrière de son crâne, il avait l’impression que quelque chose le grattait, comme s’il avait raté un détail.

« Bon, ok, capitula-t-il. On réunit le matos et on se retrouve à l’entrée. Mais je prends mon flingue et on emmène Fenrir.
- Il sait grimper ? s’étonna Lina.
- Il restera dans sa Pokéball. Les autres sont au courant ?
- Je m’en charge, interrompit Kate. Je ne sais pas où est Joshua et Jade doit être dans sa chambre. Je leur dirai où vous êtes. Occupez-vous du matériel et traînez pas ! »

~*~
« Qu’est-ce qui se passe si je te libère ? » demanda Joshua à travers le microphone.

A travers la caméra de surveillance, il voyait Lyrian, dont les cheveux longs et crasseux masquaient toujours le visage.

« Je ne m’en prendrais pas à vous, si c’est la question, fit la voix du jeune homme.
- Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
- Peut-être. Mais tu commences à être à court d’alternatives.
- Pourquoi est-ce que tu dis ça ?
- Les choses s’activent. Pendant que vous vous terrez ici, à vous suspecter les uns les autres dans votre bunker, le monde continue de tourner. Il finira par vous rattraper tôt ou tard, si la paranoïa ne vous a pas poussés à vous entretuer avant.
- C’est une menace ? grommela Joshua, fermé.
- Non, un constat. On en a déjà parlé la dernière fois. Tes absences doivent avoir été remarquées, à l’heure qu’il est. Les filles voudront bientôt connaître la vérité. Autant que tu prennes l’initiative.
- Tu veux que je dise à tout le monde qu’on te garde enfermé depuis bientôt un an ici ?
- C’est Lyrian que vous gardez enfermé, sourit l’Autre.
- Je croyais qu’il n’y avait plus de distinction entre vous.
- A ceci près que j’existe à l’extérieur et pas lui. Restreindre un individu ne me restreint pas moi.
- C’est censé m’encourager à te libérer ? Si tu voulais être rassurant, tu t’y prends mal.
- Je ne peux pas te rassurer sur mes intentions puisque tu ne me crois qu’à peine. Je pense que tu sais comme moi que si je reste dans cette cellule, c’est par choix. Je ne veux pas vous brusquer. Mais le temps va finir par manquer. Comme je te dis, tu as l’initiative pour l’instant, mais ça ne durera pas. Il va arriver un moment où Kate, Lina et Jade sentiront vos cachotteries et essayeront peut-être de faire une bêtise. C’est peut-être déjà le cas.
- Si je te libère, qu’est-ce que tu feras ? Concrètement ? gronda Joshua.
- Ça dépend de vous. Si vous acceptez, je peux vous guérir. Si vous voulez rejoindre ma communauté, je vous guiderai jusqu’à elle. Si vous voulez restez ici, alors je partirai sans vous.
- Combien êtes-vous ? Actuellement ? Dans ton groupe de survivants ?
- Environ soixante-dix.
- Soixante-dix personnes dont tu partages les pensées.
- Oui. »

Joshua relâcha l’interphone et s’enfonça dans son siège, écrasé par la responsabilité qui pesait sur lui.

L’Autre avait raison. S’ils ne dévoilaient pas la vérité aux autres, le peu de confiance qu’il restait entre eux finirait par voler en éclats.

D’un autre côté, il craignait la réaction de Kate, Jade et Lina lorsqu’il leur avouerait s’être rendu complice des secrets de Will pendant tout ce temps.

Lina, en particulier, ne le lui pardonnerait pas.

Et il ne faisait aucun doute que leur jeune couple ne surmonterait pas cette trahison.

~*~
La porte du bunker se referma derrière Will et Lina dans un bruit sourd. Mettant sa main en visière, l’ex-Elitien observa les alentours, méfiant.

Comme les deux jeunes femmes l’avaient annoncé, le ciel était d’un gris maussade, couvert d’un épais écran nuageux qui laissait à peine deviner la tâche lumineuse du soleil. Ce dernier déclinait déjà en direction du sommet de la chaîne de montagnes ocre qui entourait le bunker.

« C’est toi qui as le machin? demanda l’ex-Elitien.
- Oui chef, acquiesça Lina en agitant l’étrange boîtier rectangulaire qu’elle tenait à la main.
- Comment tu as dit que ça s’appelait, déjà ?
- J’sais pas. Un radiogoniotruc. Attendez, je vais le mettre dans mon sac, sinon il va me faire chier. »

D’un mouvement preste, la rousse posa un genou dans le sable et rangea l’instrument de mesure dans son sac à dos, s’assurant de le caler contre la veste qu’elle avait prise au cas où il se mettrait à pleuvoir.

« J’ai pris de l’eau et un casse-croûte, aussi, annonça-t-elle en se redressant. Les lampe-torches ?
- Je les ai. Tu comptais pique-niquer là-haut ou quoi ?
- Pourquoi pas ? fit-elle en haussant les épaules. On a qu’à profiter de la vue, tant qu’on y est.
- Mmh. Allez, en route. »

Le duo s’élança, le sable crissant sous leurs chaussures de randonnée – des trouvailles dégotées par Lina et Kate à l’occasion de leurs raids dans l’entrepôt du huitième sous-soll. Celles de Will étaient un peu trop grandes pour lui, mais il avait connu pire. Pokéball à la ceinture et revolver à la hanche, il avait la désagréable sensation d’être revenu à l’époque où, encore novice à l’Académie, il partait de longues heures en manœuvre avec ses camarades de promotion. Combien parmi eux étaient devenus Elitiens ? Et combien avaient survécu au Changement ?

« Ça n’a pas l’air si haut », lança soudain Tia à sa gauche.

Étonné, Will tourna la tête et l’aperçut, vêtue de son habituelle veste acajou – la même que celle qu’elle portait le jour de sa mort. La dernière image qu’il avait gardé d’elle.

« Si on se dépêche, on en a pour moins de deux heures, je pense, annonça Will, réfléchissant à haute voix.
- Parlez pour vous, grommela Lina. J’ai jamais fait ça, moi.
- C’est toi qui va à la salle trois fois par semaine, non ? Il va être temps de le mettre à profit.
- On en reparle quand je vous aurai mis la pâtée. » rétorqua Lina avec un air de défi.

A son grand étonnement, l’ex-Elitien ne put retenir un sourire.

~*~
« Il y a des choses que je n’ai jamais comprises, lança soudain Joshua. Pourquoi est-ce que tu tenais absolument à venir ici ? Quand tu m’as sauvé dans le désert. Tout ce que tu voulais, c’était rejoindre ce bunker. Tu étais prêt à tout.
- Pour Sanae, expliqua l’Autre. Je savais qu’elle était ici depuis son réveil. Mais je ne savais pas où était le bunker exactement, donc j’avais besoin qu’on m’y mène.
- Tu voulais la contrôler ?
- Elle m’avait exclu de son esprit depuis le massacre que je l’avais forcée à commettre, continua le prisonnier avec une pointe de regret dans la voix. Je voulais… la faire changer d’avis.
- Pourtant, le jour où tu nous as tous massacrés devant la porte du bunker, tu as cru que c’était Will, l’Apocalyptica, pas Sanae. C’est Lina qui me l’a raconté. Tu lui as demandé s’il était un Apocalyptica, quand il est sorti du bunker.
- Je… Non, ce n’est pas exactement ça.
- Quoi, alors ? »

L’Autre marqua un temps de pause.

« Je reconnais les Apocalyptica, même si je ne les ai jamais vus. Je sens quelque chose chez eux. Quelque chose qui me permet de me lier plus facilement et plus profondément à eux qu’à n’importe quel autre être vivant, qu’il soit humain, hybride ou Pokémon.
- Je ne comprends pas.
- C’est difficile à expliquer. Les Apocalyptica sont prêts à m’accueillir. C’est comme s’ils étaient une serrure et moi la clé. On est fait pour s’entendre, en quelque sorte. S’ils me laissent partager leurs pensées, la clé que je suis peut ouvrir la porte, et les aider à exploiter leur plein potentiel.
- Will m’a dit qu’il y avait une sécurité. Un moyen de contrôler les Apocalyptica pour éviter qu’ils ne dégénèrent. Une sorte de sarcophage. C’est de ça que tu parles ? Tu es passé par ce sarcophage ?
- Je ne sais pas, Joshua. Aussi surprenant que ça puisse te paraître, je n’ai pas d’explication rationnelle quand à ce que je suis et d’où je viens.
- Et comment ça se fait que tu puisses contrôler autre chose que les Apocalyptica ?
- Je ne contrôle personne. Je te l’ai déjà dit.
- Tu as compris ce que je voulais dire. »

Lyrian soupira.

« Avec le temps, j’ai compris qu’il n’y avait pas que les Apocalyptica qui avaient une serrure. Seulement, la leur était la plus facile à voir. Mais tout le monde en a une. Le verrou est juste plus ou moins sécurisé selon les individus. Plus je grandis, plus je m’améliore, et plus je peux en ouvrir.
- Qu’est-ce qui fait qu’une personne est plus facile à accéder qu’une autre, d’après toi ? »

L’Autre marqua une pause.

« Tu m’en demandes beaucoup, Joshua.
- J’essaye de comprendre.
- J’espère que mon honnêteté te prouve que je ne vous veux aucun mal.
- Je ne garantis pas de te libérer, même si tu réponds à mes questions, le prévint le jeune homme.
- L’empathie.
- Hein ?
- Je pense que les personnes les plus empathiques sont celles avec qui j’arrive le mieux à me connecter. Plus elles parviennent à s’ouvrir aux autres et à se mettre à leur place, plus elles peuvent s’ouvrir à moi. »

Joshua relâcha l’interphone et réfléchit quelques secondes. Bizarrement, l’explication faisait sens.

« Les Apocalyptica ont été conçus pour être empathiques… se rappela soudain le jeune homme. C’est Sanae et Will qui l’ont dit. Taylor voulait des hybrides capables de comprendre les peurs et les désirs des humains pour les guider.
- Exact. C’est pour cela qu’ils me sont le plus facilement accessibles.
- Et Riolu est un Pokémon connu pour sa capacité à ressentir les émotions d’autrui... »

Sur l’écran de surveillance, il vit l’Autre acquiescer.

« Tu ne m’as pas répondu, pour Will. Pourquoi est-ce que tu as cru que c’était un Apocalyptica ?
- Je ne sais pas. Un pressentiment. » éluda le prisonnier.

Joshua plissa les yeux.

« Tu ne veux pas me le dire.
- Je ne te cache rien. J’ai juste senti quelque chose en le voyant, mais je n’ai jamais pu mettre le doigt dessus. »

Joshua fit la moue, peu convaincu.

Et soudain, le déclic se fit.

Will.

Will qui en savait tant sur le projet Apocalyptica et qui n’avait rien dit jusqu’à la dernière seconde.

Will qui avait, on ne savait comment, enfermé l’Autre ici, et qui avait passé des mois à l’interroger, seul, avant de le dire à Joshua.

Will qui passait son temps à parler à quelque chose que lui seul voyait.

« Tu as cru que c’était un Apocalyptica parce que tu l’a trouvé facile à posséder, laissa échapper Joshua.
- Pardon?
- La première fois que tu l’as rencontré, tu as cru que c’était un Apocalyptica, parce que tu t’es rendu compte que tu pouvais le contrôler. C’est à partir de là que tu as compris que les humains et les Pokémon aussi étaient accessibles.
- … Tu fais fausse route, Joshua. lança l’Autre d’une voix où perçait l’inquiétude.
- Ça a été facile pour toi, non ? Il est ivre en permanence, brisé par ce qu’il a vu. Il doit être facile à manipuler. Et au niveau empathie, même si c’est une tête de mule, il sait se mettre à la place des autres. Ses cours de profilage et sa formation d’Elitien le lui ont appris.
- Tu te trompes. Je...
- Et dire que j’ai failli te croire, cracha Joshua. Que tu as failli m’avoir. Voilà pourquoi tu acceptes de rester enfermé dans cette cellule. Il peut t’en sortir quand tu veux.
- Attends, je… C’est plus compl... »

Joshua s’éloigna du siège, coupant la communication. Par l’écran, il vit l’Autre faire de grands signes à la caméra, dans l’espoir qu’il l’écoute. Mais le jeune homme en avait assez entendu.

Il aperçut l’armoire médicale remplie de Vortex près du couloir, et sut immédiatement ce qu’il avait à faire.

~*~
Will tendit la main à Lina et l’aida à se hisser sur le petit promontoire rocheux qu’il venait d’escalader. Avec un hochement de tête reconnaissant, la rousse s’épongea le front et contempla la vue en contrebas en soufflant.

« On commence à être haut. » lâcha-t-elle.

Le barbu, trop essoufflé pour répondre, se contenta d’opiner du chef. Il sortit une bouteille de son sac et prit une large rasade avant de grogner. Ses mollets le tiraillaient déjà.

« Alors, on fatigue ? » se moqua Lina.

Will ignora la pique et leva le nez, avisant le chemin qu’il leur restait à parcourir. Cela faisait plus d’une heure qu’ils grimpaient. La montagne n’était pas si pentue, et ils s’étaient attaqué à l’un des flancs les moins hauts de la chaîne rocailleuse – un peu moins d’un kilomètre, à vue de nez.

« Fut un temps, je faisais du quatre cent mètre par heure en pente raide, grommela l’ex-Elitien en reprenant son souffle.
- Qui aurait cru que descendre une bouteille de whisky par jour puisse avoir un impact sur la condition physique ? » fit alors la voix de Tia.

Le barbu leva la tête et l’aperçut, assise un peu plus haut dans la pente, contemplant le désert qui s’étendait à perte de vue dans leur dos.

« On fait une pause ? suggéra Lina, qui n’avait pas l’air plus fatiguée que ça.
- Si tu veux. »

Will s’effondra au sol plus qu’il ne s’assit vraiment, et vida sa bouteille d’eau d’une traite avant d’en sortir une seconde de son sac.

Face à eux, l’immensité ocre s’étendait jusqu’à l’horizon. Les nuages avaient commencé à se dissiper, et le soleil couchant n’allait pas tarder à disparaître derrière les montagnes, teintant le ciel d’une kyriade de couleurs pastel.



Crédit : JLE Studios sur DeviantArt

« Tu ne trouves pas ça bizarre, qu’elle soit aussi motivée à l’idée de grimper ? fit la voix de Tia dans le dos de Will. Elle se moquait royalement de ce signal, la dernière fois que vous en avez parlé. »

L’ex-Elitien grimaça. Effectivement, l’apparition de la fille du Chancelier avait visé juste.

« Qu’est-ce qui t’a motivé à trouver la source de ce signal, finalement ? demanda-t-il à l’attention de Lina.
- Hein ?
- Quand on en parlait la dernière fois, tu as clairement dit que tu n’avais aucune envie de rejoindre d’autres survivants. Si c’est le cas, pourquoi être montée jusqu’ici ? »

Lina sembla décontenancée par la question et passa plusieurs secondes à se gratter la joue.

« J’sais pas trop. Moi, je m’en moque, mais Kate, ça lui tient vraiment à cœur, je pense. Et comme elle a la main abîmée…
- Mmh. »

Dans son dos, Will sentit la désapprobation de Tia. Lui-même n’était pas totalement convaincu. Il avait l’impression que quelque chose clochait, dans cette histoire.

« Vous en avez pas envie, vous ? demanda soudain Lina.
- De ?
- De revoir d’autres gens. D’autres survivants. On sait qu’ils existent, maintenant.
- Pas vraiment, non.
- Pourquoi ?
- Pourquoi est-ce que toi, tu n’en as pas envie ? contra Will, peu décidé à parler de lui.
- J’y ai cru, à un moment. Que je pourrais rebâtir quelque chose après le Changement. A la colonie. Mais tout a foiré.
- A cause des tensions entre humains et hybrides ?
- Ouais, grommela la rousse.
- Les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas.
- Et ils ont raison. C’est Lyrian qui a tout fait foirer au canyon, au final. Il a massacré tout le monde. Les gens avaient raison d’avoir peur de lui. Et le jour où on est arrivés au bunker, il a failli tous nous tuer, aussi. Il a tué Thrak.
- C’est pour ça qu’elle veut absolument savoir ce qu’il y a au dixième, comprit Tia. Elle ne se sentira jamais en sécurité tant qu’elle ne contrôlera pas tout. »

Will fronça les sourcils mais n’osa pas interroger directement Tia sur ce qu’elle entendait, de peur que Lina le prenne pour un fou. L’hallucination dut sentir sa gêne, car elle continua sans s’interrompre :

« Elle gagne du temps, Will. La grimpette, le départ précipité… c’est pour t’éloigner du bunker.
- Tu n’en sais rien, murmura l’ex-Elitien.
- Réfléchis. Joshua s’est éclipsé plusieurs fois au milieu de la nuit, et il t’a dit lui-même qu’il n’arrivait pas à mentir à Lina. Elle n’est pas bête. Elle sait que son petit ami est ton complice. Ou pire, elle ne l’a pas compris, et elle se dit qu’il est contrôlé par l’Autre, alors elle a peur. Et Kate a sûrement saisi l’occasion pour la convaincre de l’aider à fouiner.
- Tu es paranoïaque, Tia.
- Vous m’avez parlé ? » demanda Lina, surprise.

L’ancien détective cligna des yeux et secoua la tête.

« Non, rien. On se remet en route ?
- Allez. »

~*~
Joshua frappa à la porte de la chambre de Will, l’aiguille de Vortex soigneusement cachée dans sa poche de combinaison.

« Une seconde ! » fit la voix de l’ex-Elitien de l’autre côté du panneau métallique.

Le jeune homme, sentant son cœur battre la chamade, essaya de composer un visage impassible. Une dizaine de secondes plus tard, la porte coulissa, dévoilant le visage barbu de l’ancien détective.

« Ah, Joshua. J’allais te chercher, justement. Kate et Lina sont parties escalader la montagne.
- … Hein ?
- Elles ont trouvé un appareil capable de localiser l’origine du message de détresse plus précisément, expliqua Will. Celui des autres survivants. Elles ont voulu prendre un peu de hauteur pour mieux capter le signal.
- Oh. Euh… D’accord. »

Le jeune homme, qui ne s’attendait pas à ça, se gratta l’arrière du crâne, ne sachant pas quoi en penser. Seul face à Will, il avait le sentiment de s’être placé dans une situation délicate. Si Will était vraiment contrôlé par l’Autre, n’était-il pas en danger ?

L’ancien détective n’avait pas l’air armé. Mais s’il décidait de lâcher Fenrir sur lui ? L’Arcanin lui-même était peut-être sous l’emprise de l’Autre.

« Tu voulais me voir, du coup ? demanda l’ex-Elitien.
- Ah. Euh, oui. Fenrir n’est pas là ?
- Il doit traîner dans le coin. Pourquoi ?
- Non, non, pour savoir. Tu peux venir avec moi ? Il faut que je te montre quelque chose.
- Où ça ?
- Au dixième. L’Autre m’a raconté quelque chose que je voulais que tu entendes. »

Joshua n’avait pas vraiment pris le temps de réfléchir à un mensonge. Will marqua un temps d’arrêt, et l’espace d’un instant, le jeune homme eut le sentiment que ça n’allait pas fonctionner.

« Je te suis. » lâcha finalement le survivant d’une voix blanche.

L’étudiant en psychologie opina du chef et tourna précipitamment les talons en direction de l’ascenseur, tandis que le sang battait à ses tempes.

Plus les secondes passait, plus il était convaincu d’avoir fait une grossière erreur. Il n’aurait pas dû affronter Will seul.

Mais Kate et Lina étaient parties du bunker.

Était-ce vrai ? Était-ce un mensonge de Will ? Peut-être qu’il s’en était pris à elles. Lyrian l’avait sûrement prévenu que Joshua avait compris. Après tout, ils devaient communiquer grâce à l’Autre. Dans ce cas, est-ce qu’il n’était pas en train de faire une grave erreur en le laissant dans son dos ?

« Merde, mes lacets, lâcha Joshua en se penchant. Vas-y, appelle l’ascenseur, j’arrive. »

Will haussa les épaules et appela la cabine.

Merde. Il fait exprès de me garder dans son champ de vision? paniqua le jeune homme en voyant que l’ex-Elitien ne lui tournait pas le dos.

Se redressant, il rejoignit Will dans l’ascenseur et écrasa le bouton du dixième sous-sol.

« Ça va, Joshua ? T’es pâle.
- Ça va, répondit précipitamment le jeune homme.
- Alors, dis-moi ? Qu’est-ce que l’Autre t’as dit ? demanda le barbu d’un air très intéressé.
- Je préfère qu’il te le dise lui-même, improvisa Joshua.
- Ah. »

L’ascenseur s’arrêta, et les portes s’ouvrirent sur le sas du dixième sous-sol.

« Après toi. » lança Joshua en invitant Will à sortir.

Et, par miracle, le survivant passa devant.

La suite se déroula très vite. Saisissant sa chance, Joshua sortit la seringue de Vortex de sa poche et la plante au hasard dans le dos de l’ex-Elitien, qui poussa un cri de douleur.

« ARGH ! JOSHUA, QU’EST-CE QUE TU FOUS ?! » s’exclama-t-il en faisant volte-face, le visage déformé par un mélange de colère et de surprise.

Le jeune homme recula précipitamment pour se mettre hors de portée tandis que Will titubait en arrière, et s’affalait contre le sas, ses jambes se dérobant sous son poids.

« Qu’est-ce que tu m’as… c’est du Vortex ? Bordel…
- Désolé, Will, mais je dois être sûr qu’il ne te contrôle pas.
- Espèce de… C’est pas ce que tu... »

Le barbu renversa la tête en arrière dans un râle, et n’acheva pas sa phrase. Haletant, Joshua lâcha la seringue à ses pieds, guettant une réaction de la part de Will.

Mais ce qui se produisit sous se yeux ne faisait certainement pas partie de ce qu’il attendait.

Médusé, il assista à la métamorphose de Will, dont les cheveux bruns prirent une teinte multicolore. Sa barbe disparut petit à petit, tandis que sa silhouette s’affinait, au point qu’il flottât bientôt dans sa combinaison.

Quelques secondes plus tard, et Joshua se retrouva face à Kate, qui redressa la tête et darda sur lui des pupilles que le Vortex commençait déjà à dilater.

« Espèce de crétin… c’est moi…
- Kate ? Mais qu’est-ce que…
- Will est avec Lina… haleta la jeune femme, l’air visiblement mal en point. On voulait savoir ce que vous planquiez au dixième, tous les deux… Alors on a voulu l’éloigner pour que je prenne sa place. Pourquoi tu m’as... »

Joshua, hébété, se passa une main sur le visage pour essayer de reprendre contenance.

« Merde, Kate… il a fallu que vous fassiez ça maintenant ! Désolé… J’allais tout vous expliquer, je te le jure... »

Adossée à la paroi de béton, la Métamorph, haletante, darda sur lui le regard de ceux qui se sentent trahis :

« Alors c’est ça ? L’Autre est enfermé là-derrière ? Et tu étais au courant depuis le début ?
- On n’a pas le temps, Kate. Will est contrôlé par l’Autre. C’est pour ça qu’il parle tout seul. Et tu l’as envoyé dehors avec Lina… Bordel, j’espère que… Merde, je suis désolé, Kate. Je voulais pas t’injecter ça. Je croyais que tu étais Will ! Je voulais le libérer du contrôle de l’Autre. Bon sang, pourquoi est-ce qu’il a fallu que... »

Joshua s’interrompit en voyant que la jeune femme dodelinait de la tête.

« Kate ? Kate, tu m’entends ? »

Il s’approcha et s’accroupit devant l’hybride Métamorph, inquiet. Un sourire hagard se dessinait sur le visage de Kate, et ses yeux troubles ne trompaient pas. Le Vortex commençait à faire effet.

Merde. Merde, merde, merde, pesta intérieurement Joshua.

Ils avaient tout fait foiré. Exactement comme l’Autre l’avait prédit : leur paranoïa était en train de les pousser à s’entredéchirer.

Et Lina était seule avec Will.

~*~
« ON Y EST PRESQUE ! » annonça Lina.

Will releva le regard, exaspéré par la rapidité de la jeune femme. Elle crapahutait une trentaine de mètres plus haut, tandis que lui se traînait, à bout de souffle. La nuit commençait à tomber, et ils n’allaient pas tarder à devoir allumer les lampe-torche s’ils ne voulaient pas trébucher et dégringoler la pente rocailleuse.

« T’es sûre qu’elle n’a vraiment aucun pouvoir ? » grommela-t-il à l’attention de l’hallucination de Tia, qui marchait toujours à ses côtés.

La fille du Chancelier, qui semblait toujours aussi inquiète, ne prêta aucune attention à sa remarque.

« Tu es en train de te faire mener en bateau, Will. Tu n’aurais pas dû la suivre.
- On n’en sait rien. Arrête un peu. Tu voulais que je veille sur elle, non ? C’est ce que je fais. Je n’allais pas la laisser grimper toute seule.
- Qui sait ce que Kate fabrique pendant que tu n’es pas là ? »

Au-dessus d’eux, Lina l’appela, mais Will l’ignora.

« Elle peut fouiller ma chambre si elle veut. J’ai donné le pass à Joshua.
- Justement. Il n’est pas au courant que vous êtes partis.
- Je ne peux pas faire demi-tour, Tia.
- WILL ! cria à nouveau la rousse.
- Kate est une Métamorph. Elle pourrait se faire passer pour toi auprès de Joshua et voir ce qu’il y a au dixième sous-sol.
- Oh, merde, fous-moi la…
- WILL, BORDEL ! REGARDEZ !
- QUOI ?! » rugit alors l’ex-Elitien en relevant la tête.

Il aperçut alors Lina, arrêtée plus haut dans la pente, qui indiquait le désert d’un index tremblant.

Intrigué, Will pivota et regarda dans la direction qu’indiquait la jeune femme.

« Oh, merde. » jura-t-il.

Plusieurs centaines de mètres en contrebas, plusieurs silhouettes s’avançaient vers la porte du bunker d’un pas lent. Des silhouettes vêtues de combinaisons grises, celles des cobayes, et dont les bras longiformes pendaient mollement le long de leurs flancs, leurs appendices chitineux traçant des sillons dans le sable. Les cheveux des créatures, épais, s’agitaient dans un amas de tentacules au rythme hypnotisant.

Là, en bas, se trouvaient une vingtaine de Nettoyeurs.