Codélia Network - Tome 2 : Le Pilier Proxy de Kazumari

- Tu veux quelque chose, Milani ?

- Je n’ai pas soif.

Maintenant que les cours étaient terminés, Tsubasa avait invité Aya à la rejoindre à la cafétéria de l’université Vermillion. Comme madame Victoria devait rapidement quitter l’établissement pour une raison obscure, la brunette disposait d’un certain temps libre. Elle comptait bien s’assurer que sa déléguée de classe ne constituait pas un danger potentiel. Chaque personne qui apprenait sa véritable identité augmentait les chances que tout éclate au grand jour.

Après s’être achetée une boisson au distributeur, Tsubasa alla s’asseoir en compagnie d’Aya. Le bruit généré par les autres étudiants qui discutaient dans la pièce leur permettrait de parler sans prendre le risque qu’une oreille indiscrète ne les surprenne. Si la jeune fille n’aimait pas trop converser avec sa camarade de classe, à cause de son caractère très renfermé et qui ne laissait pas filtrer la moindre émotion, elle comptait bien faire un effort cette fois-ci.

- Tu ne m’en voudras pas si je me montre un peu curieuse, commença-t-elle en ouvrant sa cannette. Mais j’aimerais savoir comment tu t’y es prise pour découvrir le lien entre moi et Axerola. J’ai pourtant effacé toute donnée compromettante de mon profil, même les Proxys ne pourraient pas me retrouver.

- Je ne peux pas t’en parler en détail, répondit simplement Aya. Même Dennis ne le sait pas et pourtant lui aussi m’a posé la question. Pour faire simple, disons que je t’ai rencontré une fois sur le Réseau Codélia et que je t’ai reconnue, je ne peux pas être plus précise.

- Comment ça, reconnue ?

La plateforme numérique était utilisée quotidiennement par plusieurs millions d’utilisateurs. Avant le début de sa guérilla contre le Cercle des Proxys, Tsubasa utilisait surtout le Codélia pour s’amuser avec Dennis et assez récemment avec Deltaziroh, avant de savoir qu’il s’agissait de son professeur d’informatique. Elle n’avait pas beaucoup interagi avec des utilisateurs inconnus jusqu’ici. Tentant de puiser dans ses souvenirs, elle ne voyait pas quand elle aurait pu rencontrer Aya au sein de la dimension virtuelle.

Et même si la déléguée de classe ne mentait pas à ce sujet, comment aurait-elle pu s’y prendre pour la « reconnaître » ? D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Tsubasa n’avait pas de tics ou de phrase particulière qui lui serait propre et qui permettrait à quelqu’un de savoir immédiatement qu’elle était Axerola. Mais au vu de l’air neutre qu’Aya arborait en absolument toutes circonstances, la brunette n’avait pas vraiment envie d’aller la contredire. Elle tâcha donc de lui demander des explications plus nettes.

- On peut effectivement procéder à un échange équivalent, affirma Aya en détachant la Codéwatch de son poignet. Puisque je connais ton pseudonyme, je trouve tout à fait légitime que tu connaisses le mien.

Elle tendit l’appareil en forme de montre à sa camarade de classe qui la prit dans sa main, perplexe. La brunette eut l’illumination en découvrant l’identité virtuelle d’Aya. L’utilisatrice placée deuxième au classement général, Elkira en personne. Tsubasa l’avait rencontré brièvement pendant la finale du Festival Numérique quand la dresseuse ninja la sauva d’une chute certaine lors du combat face à Ethergeist. Aya connaissait donc personnellement Axerola depuis cet instant.

Si ses souvenirs de cette période étaient devenus brumeux avec le temps, Tsubasa se rappelait néanmoins du caractère distant dont avait fait preuve Elkira. Un comportement assez similaire à celui d’Aya dans la vie de tous les jours. Même si cela ne suffisait clairement pas pour assumer que les deux représentaient bel et bien la même personne, c’était une preuve qui allait dans ce sens. La justicière virtuelle savait que madame Victoria était une fan d’Elkira. Si seulement elle savait qu’il s’agissait de l’une de ses élèves.

- Tu n’es pas mon ennemie, n’est-ce pas ? demanda Tsubasa en rendant la Codéwatch à sa propriétaire. Je veux dire… tu es venue en aide à Dennis l’autre jour quand il allait affronter Arisa Harriet.

- Je ne suis pas trop au courant de ce qui trame entre toi, les Proxys et le CNI. Mis à part que tu détiens quelque chose que tout le monde convoite visiblement. Le Cercle des Proxys est un groupe de cyber-terroristes, je ne suis donc pas de leur côté. En revanche, je ne me prononce pas concernant toi et le CNI. Je reste en dehors de ça.

- Je vois…

La brunette lâcha un soupir de soulagement. Elle avait beau s’entraîner tous les jours en compagnie de son Roussil et du Blizzi de Dennis, il lui restait encore un sacré chemin à parcourir avant de devenir une dresseuse redoutable. MoonCross avait fait preuve d’un talent incroyable lors de leur confrontation. Devoir se battre en plus avec la deuxième meilleure utilisatrice du Codélia, sur plusieurs millions de personnes, ne lui aurait pas plu.

Même si sa curiosité la poussait à vouloir comprendre comment Aya était parvenue à faire le lien entre elle et Axerola, elle préféra ne pas poser la question. Sa déléguée de classe semblait catégorique sur le fait que cela resterait un secret connu d’elle seule. Pour avoir réussi là où même les hackeurs Proxys avaient échoué, elle devait vraiment avoir un don avec l’informatique. Maintenant que Tsubasa y pensait, Aya était la seule en dehors d’elle qui terminait les exercices à toute vitesse pendant les cours.

- J’en parlerai avec Cyby ce soir en rentrant au studio. En tant qu’intelligence artificielle, il saura peut-être mieux que moi si un autre moyen existe pour découvrir la véritable identité d’un utilisateur. Je n’aimerais pas que les Proxys puissent l’exploiter pour remonter jusqu’à moi…



***


- Comment ça une mutation ? balbutia Arisa qui tombait des nues.

- Tu m’as très bien entendu. Je viens d’avoir une promotion et je pars travailler dans une sous-filiale à Lavandia, dans la région de Hoenn, annonça calmement Ivan en rangeant son manteau dans l’armoire. Ce sera effectif dans environ deux semaines.

Le commercial en automobile ajouta également qu’en quittant Ebravia, cela mettrait fin à ses actions en tant que commandant du Cercle des Proxys. Suite à la tentative ratée de Sirius de mettre la main sur CE-01 l’autre soir, il s’était mis en tête de passer au plan B et de terminer le programme du pilier Proxy le plus rapidement possible. Ivan, qui était le seul des commandants ne disposant d’aucun lien direct avec l’Incident Effacé et la création des Cybériens, n’était plus nécessaire à l’accomplissement de l’opération.

Jusqu’ici, Ivan avait accepté de venir en aide à Sirius car il était son meilleur ami et le connaissait depuis le collège. Comme sa véritable identité restait protégée, il n’y avait jamais vu d’inconvénients. Mais malgré tout, s’il en savait davantage que le sbire lambda, il restait ignorant sur bien des points. Le leader du groupe lui avait assuré que le Pilier Proxy permettrait la destruction du Cybéria même sans récupérer CE-01 et de ce fait, lui permettait de se consacrer pleinement à son aventure professionnelle dans l’automobile.

Tous les sbires ignorants engagés pour traquer Axerola sur le Réseau Codélia avaient également été renvoyés. Le Cercle des Proxys se limitait donc à présent à son noyau principal. MoonCross, Vyrus, Terrarme et Aquarme, qui possédaient tous une relation plus ou moins directe avec la sombre affaire datant d’il y a douze ans. Sirius avait promis un repas dans un restaurant de luxe à Ivan afin de le remercier pour ses bons et loyaux services, avant que le commercial ne parte définitivement pour la région de Hoenn.

- Je… je viens avec vous bien sûr ! s’exclama Arisa en reposant sa cuillère pleine à l’intérieur du pot de glace à la fraise. Je m’en fiche des Proxys moi, je veux seulement continuer à rester en votre compagnie !

- Il en est hors de question, Arisa. J’aurais possiblement accepté si tu n’avais pas commis toutes ces erreurs dernièrement mais maintenant je refuse de mettre mon futur en danger plus longtemps en te conservant à mes côtés.

- Monsieur Ivan… non…

Il faisait référence aux événements de la semaine dernière, avec Dennis Keyton. Si le nom d’Arisa Harriet était connu de tous les services de police depuis plus d’une décennie, lorsqu’elle avait commis des meurtres en s’échappant de l’Incident Effacé, ils avaient depuis longtemps laissé tomber les recherches la concernant. Ivan l’avait gardée à ses côtés pendant toutes ces années que parce qu’elle se faisait discrète malgré son comportement dérangé.

Si l’incident d’Alphamarie représentait déjà une faute grave, Arisa avait au moins eu la décence d’utiliser le programme prenant la forme d’un manteau à capuche et permettant de masquer la véritable identité. Mais ce n’était pas le cas lorsqu’elle s’était connectée sur le Réseau Codélia pour affronter Brave. Comme son avatar n’en était pas vraiment un, sans parler de son pseudonyme ARiSa qui ne laissait pas vraiment la place au doute, le dossier de la demoiselle avait été remis au grand jour par les forces de l’ordre.

Cela aurait largement suffi pour qu’Ivan accepte de se séparer de la jeune blonde mais cette dernière avait préféré aggraver les choses en se rendant à l’hôpital où résidait Dennis à son insu. Continuer à héberger Arisa allait lui attirer des sérieux problèmes, Ivan le savait. Cette promotion pour la région de Hoenn tombait donc à pic pour qu’il se sépare définitivement d’elle. Néanmoins, il ne comptait pas la livrer aux autorités pour autant.

- Mais qu’est-ce que je vais devenir sans vous ? demanda Arisa, effrayée, tombant du lit où elle était assise et s’agrippant à la cheville de son interlocuteur. J’ai besoin de vous !

- Sirius a accepté de te prendre avec lui jusqu’à l’opération du Pilier Proxy, révéla calmement Ivan en posant sa malette sur le bureau. Je sais que tu viens de me dire une fois de plus que les affaires du Cercle ne te concernent pas mais tes talents de hacking seront importants pour eux.

- Jusqu’au Pilier… mais après ? s’exclama-t-elle, bien trop émotive pour son bien. Il va me jeter dehors pour se préserver. Je vais errer dans les rues comme avant et ils vont m’attraper. Je vais finir dans une prison jusqu’à la fin de mes jours.

Le commercial en automobile préféra ne pas répondre. Tout simplement parce qu’il ne savait pas ce que Sirius ferait d’elle par la suite. Connaissant son ami, il allait sûrement la livrer aux autorités. Peut-être même que le leader des Proxys se dénoncerait lui-même après l’utilisation du Pilier Proxy. Ivan savait qu’en dehors de Vyrus, les deux autres commandants avaient l’intention de le faire. Ils attendaient simplement que les Cybériens soient mis hors d’état de nuire.

Inconsolable, Arisa se mit à fondre en larmes sans lâcher la cheville de son bienfaiteur, qui commença à se sentir mal à l’aise. La seule autre solution qu’Ivan avait à lui proposer serait qu’elle se livre d’elle-même et soit placée dans un hôpital psychiatrique. Depuis l’Incident Effacé, la demoiselle souffrait de nombreux troubles qui n’avaient fait qu’empirer avec le temps. Si Ivan s’était senti mal pour elle, il n’aurait jamais pu lui fournir ses soins sans que la vérité sur son hébergement d’Arisa Harriet n’éclate.

- Je me ferais toute petite, s’il vous plaît. Ne me laissez pas seule…

- C’est une offre que je ne peux pas refuser, Arisa. Tu apprendras à te débrouiller sans mon aide, je pense que ça te fera du bien. A cause du temps que nous avons passé ensemble, tu es devenue beaucoup trop dépendante de moi. Et je préfère conserver un casier judiciaire vierge.

Il lui annonça alors qu’il ne restait pas à l’appartement pour la soirée car ses supérieurs l’avaient invité à un dîner pour fêter sa promotion. Secouant sa cheville pour que sa protégée lâche prise, il lui conseilla d’éviter de commettre une autre bêtise maintenant sous peine d’empirer toujours plus les choses. Mais Arisa n’aurait pas le courage de se faufiler à l’extérieur pour tenter de commettre un meurtre. Elle était effondrée par la nouvelle.

Ivan savait qu’il s’était contenté de repousser l’échéance pendant toutes ces années. Jamais il n’avait envisagé d’héberger une tueuse en série jusqu’à la fin de ses jours. Mais malgré les apparences, il disposait tout de même d’un cœur et ne se serait jamais vu la mettre à la porte, en proie aux forces de l’ordre. Cette promotion était l’occasion rêvée de la refiler à Sirius et de se délester d’un poids. Un futur radieux lui tendait les bras, Ivan ne comptait pas le ternir à cause d’Arisa.



***


Victoria gara son véhicule sur une place de parking disponible, non loin de l’entrée des locaux de Phoenix System. Avant de sortir, elle passa à l’arrière, au centre des opérations du binôme que l’institutrice formait avec son élève Tsubasa. Elle avait libéré son Cryptero afin qu’il puisse prendre un repas tranquillement pendant le trajet. La dresseuse souffla au Pokémon Similoiseau qu’elle allait s’absenter un petit moment et qu’elle lui confiait donc la sécurité du camping-car.

Cryptero poussa un petit cri pour signaler son approbation avant de repartir à la dégustation de sa précieuse nourriture. Lâchant un petit sourire, la femme blonde ouvrit la porte arrière du véhicule et referma derrière elle avec le trousseau de clés qu’elle conservait sur elle en toutes circonstances. Le professeur d’informatique ignorait encore pourquoi Charlotte Linday lui avait demandé de se rendre à Phoenix System, mis à part que cela avait un rapport avec l’ordinateur-mère du CNI.

Depuis la grande bataille contre MoonCross qui avait apporté son lot de révélations, l’objectif principal du duo était de trouver un moyen d’infiltrer le serveur crypté du Codélia Network Industries. Si la société était reliée à l’Incident Effacé alors Tsubasa, l’une des victimes, tenait à en avoir le cœur net. Victoria avait récupéré quelques données lorsque sa classe avait fait la visite de l’entreprise mais malheureusement, cela ne serait pas suffisant pour construire un système permettant de rallier l’ordinateur-mère.

- Charlotte Linday est une cyber-chasseuse, elle a certainement affaire assez régulièrement au CNI, songea Victoria en marchant à travers le parking vers l’immeuble représentant sa destination, ignorant le soleil éclatant du ciel dépourvu de nuages.

Il s’agissait là de la seule hypothèse qu’elle pouvait émettre sans obtenir davantage d’informations. Si Charlotte affirmait ne disposer d’aucun talent en informatique, ce n’était pas le cas de son ami Mister Phoenix. En unissant leurs forces, peut-être avaient-ils trouvé une brèche qui accorderait le droit d’entrer dans le serveur crypté du CNI. Mais dans ce cas, pourquoi lui en faire part ? Tsubasa et Victoria n’avaient pas accepté la moindre alliance avec la cyber-chasseuse.

Perdue dans ses pensées, la femme blonde mit un certain temps à remarquer qu’elle était interpellée depuis une bonne minute par la concernée. Levant la tête, Victoria aperçut enfin Charlotte Linday qui lui faisait signe. La brunette en robe blanche semblait s’être postée là en attendant l’arrivée de leur invitée. Et visiblement, elle paraissait ravie que la partenaire d’Axerola ait accepté de se montrer suite à sa demande de la veille.

- Je commençais à me dire que vous n’alliez pas venir, avoua-t-elle en retirant son haut-de-forme en guise de salutations. Venez avec moi, Mister Phoenix nous attend dans son bureau personnel.

- C’est au sujet de l’ordinateur-mère du…

- Soyez patiente madame Viltrust, il vaut mieux que nous soyons à l’intérieur pour parler en toute discrétion, coupa aussitôt Charlotte en jetant des regards furtifs autour d’elle.

Comprenant qu’elle venait de se montrer imprudente, Victoria n’en dit pas davantage et entra à l’intérieur des locaux de Phoenix System en compagnie de la quatrième enfant du chancelier Linday. L’entreprise n’avait pas vraiment changé depuis sa visite précédente. Mais l’institutrice ne se soucia pas de son entourage et préféra rester concentrée sur la raison principale de sa venue. Elle posa donc sa question jusqu’au bout lorsqu’elle se retrouva seule avec Charlotte dans la cage d’ascenseur.

Depuis l’intervention de MoonCross, elle s’était apparemment mis en tête de percer le secret du CNI. Elle lui dévoila qu’Edouard Keyton, rétrogradé suite aux événements, menait également sa propre enquête. Comme Victoria s’en doutait, c’était grâce aux connexions de la cyber-chasseuse avec l’entreprise gérant le Réseau Codélia qu’elle avait pu faire une avancée considérable. D’ici peu de temps, l’ordinateur-mère du Codélia Network Industries allait recevoir des visiteurs.

- Madame Viltrust ! s’exclama le propriétaire de Phoenix System alors que les deux femmes entraient dans son bureau et attrapaient des chaises pour s’asseoir malgré le désordre permanent qui régnait dans la pièce. C’est gentil de votre part de venir nous rendre visite.

- Tout le plaisir est pour moi, Mister Phoenix, affirma-t-elle avec un sourire, jetant un rapide coup d’œil à l’heure sur sa Codéwatch.

Le presque quadragénaire n’avait pas changé d’un pouce. Toujours vêtu entièrement de violet, le regard caché par des lunettes de soleil aux vitres teintées de la même couleur. Avant l’arrivée de Victoria, il semblait travailler sur quelque chose directement sur son ordinateur. Maintenant à l’abri de toute oreille indiscrète, ils allaient enfin pouvoir parler affaire. Le professeur de l’université Vermillion tenait à savoir dans les moindres détails pourquoi elle était conviée ici aujourd’hui.

Charlotte Linday lui parla donc du fameux utilitaire mis en place par Mister Phoenix, qui permettrait à quiconque le possédait de pénétrer à l’intérieur du serveur crypté du CNI. Visiblement, la cyber-chasseuse comptait s’y rendre le plus rapidement possible, le lendemain soir après que la majorité des employés de la société soient rentrés chez eux. Mais elle n’aurait pas trouvé amusant de s’y rendre toute seule, d’où le message textuel envoyé à Victoria la veille.

- Vous comptez me délivrer une copie de cet utilitaire ? demanda-t-elle, perplexe.

- En effet, confirma Charlotte. Je me doute bien que c’est Axerola qui se renrdait là-bas plutôt que vous, afin de préserver le lien de Deltaziroh avec l’affaire. Mais si Tsubasa est bel et bien une victime de l’Incident Effacé, j’estime qu’elle a le droit de découvrir la vérité elle aussi. En revanche, il y a une condition pour que j’accepte de vous remettre le programme.

- Une condition ? répéta Victoria, encore dubitative. Laquelle ?

- Maintenant, tout de suite. J’aimerais que Deltaziroh m’affronte sur le Réseau Codélia dans un combat Haute-Vitesse, révéla la brunette au haut-de-forme, les yeux brillants. Si vous remportez la victoire alors l’utilitaire est à vous. En revanche, si c’est moi qui gagne, je souhaite que vous me remettiez l’intelligence artificielle du Cybéria en mains propres.

- Marie, ce n’est pas ce qui était convenu ! s’interposa Phoenix.

La cyber-chasseuse l’arrêta d’un geste de la main, préférant ne pas signaler pour la millième fois qu’elle souhaitait être appelée par son deuxième prénom. Elle lui lâcha un clin d’œil discret, afin de lui faire comprendre qu’il ne s’agissait que d’une mascarade. Pour le moment, Charlotte n’avait pas le moindre intérêt à faire main basse sur CE-01 et même si elle gagnait, elle donnerait tout de même l’utilitaire à madame Viltrust sans demander le Cybérien en échange.

La vérité était ailleurs, toute simple mais jamais elle n’accepterait de l’admettre. Cette escapade dans l’ordinateur-mère du CNI présentait certains risques et elle ne doutait pas, comme Edouard le lui avait affirmé, que son frère aîné Henry utilise cette opportunité pour envoyer un prototype du projet de dresseurs IAs pour les affronter et les éjecter du serveur crypté. Une perspective qui déplaisait à la demoiselle brune.

Si Charlotte restait douée concernant les magouilles, accepter les bons plans et s’enrichir sans le moindre problème grâce à la profession, elle disposait d’un point faible. Les combats Pokémon. Si son Kravarech était devenu son principal allié depuis des années, elle demeurait toujours peu confiante concernant ses capacités, même après s’être entraînée un peu en compagnie du Pokémon Simulalgue.. Elle comptait bien profiter de cette opportunité, même si elle devait mentir à Victoria pour la forcer à participer malgré elle.

- Le CNI et les Proxys ne sont pas au courant de l’implication de Deltaziroh. Et même si je suis connue des deux camps, ils penseront simplement que je m’occupe d’une mission quelconque. Le quotidien d’un cyber-chasseur est parfois mouvementé. Alors, madame Viltrust ? Vous acceptez de me défier pour obtenir une chance d’infiltrer ce serveur crypté ?

- Je suppose que je n’ai pas le choix, soupira Victoria en allumant l’interface de connexion de sa Codéwatch. Mais méfiez-vous, madame Linday. Je parais inoffensive mais j’ai déjà atteint les quarts de finale du Festival Numérique une fois il y a quelques temps. Très bien, faisons ce match !