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Smirnoff R+ de Domino



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» Auteur : Domino - Voir le profil
» Créé le 13/02/2019 à 00:33
» Dernière mise à jour le 13/12/2021 à 20:53

» Mots-clés :   Amitié   Humour   Kalos   Romance   Slice of life

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SR111 - Sans Ambiguité
- J’ai… du travail alors si vous voulez bien…
- J’veux bien, oui, tonna Rachel, visiblement pas très contente.

Justin Truce recula jusque dans son bureau, se permit un regard pour Roland qui entraîna un nouveau toussotement de Rachel, et s’y enferma définitivement. Roland fixait Rachel et inspira.

- C’est…

Roland souffla.

- … tout à fait ce que tu crois !
- Oui bah merci, j’suis pas aveugle. Tu m’expliques ?!

Roland serra les dents.

- … Attirance poussée tout au long du mois, fébrilité post-combat, fragilité émotionnelle post-combat…
- Pour l’attirance, j’avais bien compris, le reste… admettons, mais quand même, Roland !
- Pardon, pardon, ça… ne se reproduira pas.

Rachel inspira.

- Je sais, enfin, on sait toi et moi qu’en théorie, entre toi et moi, il n’y a pas de règles à la con – pas à cause de ta bisexualité, juste à cause du fait qu’on n’a jamais voulu se prendre la tête – mais toutes les autres fois où tu as flirté et où j’ai flirté, on avait au moins un minimum le mérite de se prévenir respectivement…
- Oui, oui, pardon…
- Encore, ça aurait été Matt, j’aurais dit ok, vous êtes potes, sur un malentendu, une fois saouls…
- Bah bizarrement, non ! sourit Roland.
- Non mais je rigole pas, là, Roland.

Roland se figea. Rachel reprit.

- La prochaine fois, tu m’avertis avant et on en discute.
- Mais c’était pas contre toi, je t’assure…
- Je sais ! Je sais, je sais comment tu fonctionnes, tu es une boule de sentiments, tu ne peux pas t’empêcher de t’attacher à tout ce qui bouge, ça j’ai bien compris, mais… que ce soit toi ou moi, on se respecte mutuellement.

Roland baissa la tête.

- J’suis désolé.
- Je sais ça aussi. De toute façon, je pense qu’on se dirige vers un aveu général vu… tout ce qui s’est passé. Et ma propre fébrilité qui m’a également poussé à des gestes sans ambiguïté…
- Oui bah oui…
- Tu me laisses parler, Roland…

Roland ferma les yeux. « Elle est en colère… »
Rachel inspira. « Je DETESTE me mettre en colère, surtout contre lui… »

- Et d’ailleurs on doit discuter de mon frère.
- Oui ! Oui, tu as remarqué toi aussi !
- C’est la merde, Roland !
- J… je sais pas trop, il a l’air de bien le prendre…
- D’ailleurs tu as de la chance que ce soit moi et pas lui qui t’ait surpris…

Roland serra les dents de nouveau. Rachel se mordilla les lèvres. « T’as été un peu loin, mais t’as pas le choix. Ça aurait été une autre meuf, il t’aurait suffi de baffer cette pétasse et de la traîner par les cheveux sur tout le couloir. Ou pas. Mais tu l’aurais fait mentalement et ça t’aurait soulagée. »

- Enfin bref, viens en salle des profs, ça va reprendre.
- Hm, ok…

« Mais là un autre mec, tu sais pas comment réagir, comment le prendre, et tu sais que la bisexualité ça marche pas en mode ‘t’es une nana, tu lui suffiras jamais’ mais tu peux pas t’empêcher de te dire ‘tu ne peux pas lutter’. Et puis il a juste embrassé quelqu’un d’autre, ça va, tu peux laisser passer, vous avez fait pire en soirée… »

Rachel et Roland retraversèrent le hall vers le couloir, Rachel devant, Roland derrière. « Et tu te disais que vous pourriez le dire à tout le monde, mais là concrètement je suis même plus sûre que ce soit envisageable, et est-ce que les autres comprendraient qu’il est bi… Non, ça on n’est pas obligés de leur expliquer, ça ne regarde que Roland, ça n’a rien à voir. Pourquoi ça te fait autant chier ?! Vous avez des amis communs qui sont gays, tu n’as jamais eu peur d’eux, au contraire ça te faisait rire ou ça t’excitait même parfois de te dire que ton copain pouvait galocher un mec sans problème, ce côté libéré, ça t’a toujours allumé, Rachel, vois les choses en face, alors… »

Rachel s’arrêta. Roland s’arrêta aussi.

- … oui ?

Rachel se retourna.

- Vraiment, Roland, ne recommence plus !
- Je sais, je sais, t’inquiète…
- Surtout avec une telle salope !
- Je…sais… j’avais bien compris…
- J’ai envie de t’embrasser pour…
- … égaliser les comptes ?! tenta Roland.
- Je sais pas ! Je sais pas comment réagir, ça me fait vraiment chier que tu aies embrassé quelqu’un sans que je connaisse cette personne ! Habituellement ça me fait rire, ça…m’excite même, mais là…
- Ok, ok, j’ai compris.

Rachel regarda Roland. « Il doit avoir l’impression que je le sermonne. Je suis sa petite amie, je peux pas le sermonner comme ça, on est au-dessus de ça, on en a vécu de pires… »

- Ne recommence plus.
- Hm.
- Et je t’aime.
- Je t’aime aussi, Rachel, ça n’a pas varié d’un iota.

Rachel acquiesça et se redirigea vers la salle des profs. « Voilà, c’est ça aussi, le truc, pour lui, rien n’a changé, c’était un baiser tout à fait casuel entre lui et une personne qui l’a séduit, c’est tout. Je ne peux pas comprendre et je n’ai rien à y comprendre, c’est lui et ses sentiments, notre histoire à nous aura toujours plus de poids que tous les mecs qu’il pourra embrasser… »

Rachel se retourna à nouveau, cette fois en détresse. Roland la regarda. Il aurait pu lâcher un « Bon, c’est quoi, cette fois », mais il vit bien qu’elle était mal. Il plissa les yeux, s’avança et la serra dans ses bras.

- J’te demande pardon…
- Refais plus ça !
- Oui, oui…
- Refais plus ça comme ça, du moins… embrasse au moins des gens que je connais !
- C’est le doyen…
- Non mais t’as compris ce que je voulais dire !
- J’avais bien compris.
- Je t’aime, Roland !
- Je t’aime aussi, Rachel, je suis désolé de m’être laissé aller.
- J’te défends de reparler à cette salope !
- C’est le doyen…
- De lui reparler hors cadre professionnel !
- D’accord, d’accord.

Rachel s’éloigna de Roland et essuya son début de larmes. Roland grimaça. « J’ai vraiment merdé… »

- Rachel, je…
- Oui ?

Décidément, ils n’arriveraient jamais à cette salle des profs. Roland souffla.

- Le fait que je sois bisexuel ne m’autorise pas à embrasser qui que ce soit d’autre que la personne avec qui je suis en couple. Je suis absolument désolé.
- D’accord, Roland, je…
- C’était sous le coup de l’émotion, il m’avait donné des infos sur le proviseur, j’étais reconnaissant, je ne m’attendais pas à ce qu’il m’embrasse d’abord et je n’aurais pas dû l’embrasser ensuite, j’étais… j’ai été faible.

Rachel inspira. « J’ai pas envie qu’il se sente coupable en fait, j’ai juste envie qu’on passe à autre chose… »

- Roland, ça va, je comprends.
- Merci.
- Et tu comprends aussi que je veuille qu’on passe à autre chose.
- Evidemment.
- Bon.

Ils arrivèrent (enfin) en salle des profs. Tous les autres les attendaient. Les tables avaient été remises en place. Hadley avait gardé son bout de table malgré sa dégradation.

Petit silence. Rachel inspira lourdement et tendit la main vers Roland qui haussa les épaules et lui prit la main.

- On sort ensemble.

Malcolm ferma lourdement les yeux. Léopold ouvrit grand la bouche à s’en décrocher la mâchoire. Megan rehaussa ses lunettes, plus très dupe depuis leur étreinte dans le hall. Charlie sembla neutre. Matt se mordilla les lèvres. Claire sembla un peu gênée.

Hadley inspira.

- Ouais, bon. Les choses vont un peu changer avec ma dégradation, je dois désigner un intérim qui, de fait, est généralement le délégué syndical…
- A… Attendez Hadley, quoi, vous sortez ensemble… tous les deux ?! s’étonna Léopold.
- Oui.
- … depuis quand ?!

Malcolm grimaça, pas certain de vouloir savoir.

- Depuis le voyage itinérant, officiellement, répondit Roland.

Malcolm détourna le regard, fulminant. « PUTAIN, JE M’EN DOUTAIS !!! »

- C’était un peu évident au vu de la réaction de Rachel ce matin… marmonna Megan.
- M… mais ça fait tellement longtemps qu’on se connait, j’avais même pas… tu savais toi ?!

Léopold s’était tourné vers Charlie qui hocha la tête. Malcolm fit de gros yeux.

- QUOI ??
- Je savais sans savoir, ils ne se sont jamais vraiment cachés devant moi.
- ... g… m… p…
- Malcolm, je suis désolée de te l’avoir caché… geignit Rachel.
- On… pouvait pas trop t’en parler, avec les parents, tout ça… souffla Roland.
- Evidemment, il ne faut rien leur dire. Toi non plus, Léopold…
- Ah bah c’est même pas dit qu’on se reparle, comment vous avez pu me cacher ça aussi longtemps !!

Roland et Rachel plissèrent les yeux, se demandant s’il plaisantait. Malcolm inspira.

- Je n’ai… rien à dire, ni à vous ni aux parents, vous… faites ce que vous voulez.
- On comprendrait que ça te gêne… admit Roland.
- Mais effectivement tu n’as rien à dire ! admit également Rachel.

Roland regarda sa petite amie qui le regarda en agitant la tête. « C’est bon, on va pas le ménager non plus après tout ce qu’il t’a mis dans la gueule ! »
Roland inspira alors que le duo se rassit. Le jeune homme capta le regard de Claire sur lui.

- Un souci ?
- N… Non, non, non !
- Alors quoi ? Pourquoi vous me regardez comme ça ?
- Je… euh… Ne te vexe pas, Rachel…
- Vas-y… ? s’étonna Rachel.
- J’vous trouvais mignon, j’suis dégoûtée que vous ne soyez pas célibataire ! Mais je suis contente pour vous deux !

Rires autour de la table. Léopold semblait toujours fâché.

- Léo… marmonna Rachel.
- Non, c’est pas juste ! Charlie savait et pas moi !
- Je savais pas non plus et c’est ma soeur hein… souffla Malcolm.
- Et il me l’avait même pas dit alors que je vis avec lui… marmonna Matt.
- Oui mais ça c’est parce que Charlie ne te fait pas confiance !

Charlie inspira et regarda Matt.

- J’ai juste estimé que ça n’était pas à moi de te le dire.
- Ouais… c’est un peu ce qui m’embête…

Roland serra les dents.

- J’suis désolé.
- Non, non, c’est juste que… après tout ce que je t’ai confié sur mes parents…
- Je sais bien… mais maintenant voilà, on va pouvoir parler plus librement !

Matt inspira, gêné. Roland inspira, voyant bien que ça n’allait toujours pas. Hadley inspira.

- C’est bon, tout le monde a adressé ses meilleurs vœux… ? Doppler ?
- Ah non, moi je m’en fiche. Sans vouloir vous vexer…

Roland et Rachel secouèrent la tête.

- Booon. Bah on va pouvoir retourner en cours…
- Attendez, vous…

Malcolm inspira lourdement en se relevant.

- Vous le saviez !!
- Evidemment, j’ai le rapport du directeur sur la table à chaque rentrée sur les changements concernant les équipes pédagogiques, Heine !
- …………

Roland et Rachel se regardèrent, stupéfaits et regardèrent Vincent qui haussa les épaules.

- Quoi, je m’en fiche, moi, tant que vous faites votre boulot ! Bref, tous en classe, on a assez perdu de temps entre le combat dans le hall et vos condoléances ridicules. Tous en cours, les élèves vous attendent.

Les professeurs se levèrent. Roland essaya d’aller avec Léopold.

- T’étais pas sérieux, dis…

Léopold l’esquiva carrément. Roland serra les dents. Malcolm le croisa également sans lui parler. Roland leva les yeux au ciel. « Génial. Bon, va en cours, Roland, la journée va passer vite après tout ça... »

Charlie allait vers sa salle en accompagnant Matt.

- Ça te gêne à ce point qu’il ne te l’ait pas dit ?
- Pfff… un peu mais bon… Après ce qu’il vient de faire pour moi, j’ai rien à dire je suppose…

Charlie inspira.

- A propos de ça, Matt…
- Je sais, grosse connerie, ne pas recommencer…
- Non, je veux dire… tu veux pas essayer de venir avec moi aux réunions de l’Inter-LGBT du coup ? Histoire de concrétiser ?

Matt souffla.

- C’était… trop de risques, trop de pression, et au final je sais même pas si ça a servi à quelque chose… J’me sens… tu sais quand t’as vécu un truc génial avec plein de gens et que tu dois rentrer chez toi à pied, tout seul et en pleine nuit, et que du coup, t’as une espèce de grosse redescente, tu passes d’un moment hyper jouasse à une grosse solitude bien déprimante ?!

Charlie grimaça.

- C’est… étrangement spécifique !
- Bah je ressens ça, en fait. J’ai fait tous ces efforts pour essayer d’aider des gamins pleins d’espoir et… bah, j’me sens pas mieux, j’me sens juste coupable, idiot, soulagé que ça se soit bien fini, mais… J’ai juste envie de me tenir à l’écart, désormais. Miaouss échaudé craint l’eau froide, tu vois.

Charlie fit une mine faussement déçue.

- Moi qui pensais que la flamme du militantisme était née en toi !
- Eh bah non. C’était ma première et dernière heure de gloire. J’y vais.
- Hm… Matt !

Matt se tourna vers Charlie.

- Gamberge pas trop. Ils ont toujours vécu leur truc dans le secret, Roland a juste protégé Rachel dans l’histoire.

Matt hocha la tête et tourna le dos. Il sourit, rassuré.

Rachel passa à côté de Charlie et lui attrapa l’épaule.

- Mon cours, Rachel !
- J’ai besoin de ton aide !
- Rachel, je suis ravi que vous soyez enfin un couple au grand jour mais…
- Roland a embrassé le doyen juste après le combat !

Charlie se redressa et fit de gros yeux.

- … cette salope ?!
- Oui… je sais pas comment réagir…
- C’est Roland qui a initié les choses ou le doyen ?
- Le doyen a commencé…
- Alors va défoncer le bureau de cette traînée !
- … mais Roland a continué.
- Aouch. Merde. Eh bah je vais te dire ce que je disais à Matt quand on commençait à sortir ensemble et qu’on n’était pas exclusifs : D’accord, mais n’oublie pas que c’est moi ton mec.
- Mais là justement, on n’est pas spécialement exclusifs non plus mais j’aime être au courant avant.
- En même temps, tu peux vraiment faire la tronche à un mec que tu aimes depuis cinq ans ?
- Bah non justement, c’est pour ça que je te demande comment réagir…
- Ne réagis pas. Roland s’est senti attiré par le doyen, il l’a embrassé, ça t’a emmerdée, il ne le refera plus, voilà tout, point. Allez boire un verre ce soir, ça vous changera les idées.

Rachel hocha la tête en soufflant.

- Merci, Charlie.
- De rien, et te bile pas, Roland était probablement pas dans son état normal après le combat, il se sera emporté…

Rachel hocha la tête.

- J’y vais.
- Ok, à toute…

Rachel s’éloigna. Charlie se pencha vers son téléphone.

[ROLNAD WTF T’AS GALOCHE LE DOYEN ???]
[… rolnad ?!]
[Réponds à ma question !!!]
[Rachel est venue te parler… Oui. Je suis en train d’ouvrir ma salle, Charlie…]
[On en reparlera, mais bon sang, Roland, le doyen, c’est comme si tu embrassais un siège de toilettes !]
[… à tout à l’heure, Charlie…]
[Ne m’ignore pas !!]

- Monsieur, on a cours finalement ou…
- Tu permets, Sam ? Je textote !

Le jeune homme blond regarda son amie à côté de lui, interloqué.

[Je pensais que tu avais quand même un minimum de principes !]
[Je suis très déçu jeune homme !]
[JE SAIS QUE TU ME LIS !!!]

***

A la sortie du cours, Roland, un peu épuisé par les vibrations de son téléphone, se dirigea vers la cantine. Les autres professeurs le saluaient ardemment. Une grosse dame blonde l’arrêta.

- MONsieur Smirnoff !! Vous êtes un héros ! Un hé-ROS ! Vous étiez absolument magnifique ! Je me présente, Camilla Thompson, professeur d’élevage dans l’équipe pédagogique 5 !
- Bonjour…
- Laissez-moi vous dire que vous avez tapé dans l’œil de tout l’établissement ! Tout le monde s’accorde à dire que vous êtes bien parti pour passer professeur principal de votre propre groupe pédagogique ! J’ai entendu dire – enfin, j’ai fait courir la rumeur – que l’établissement comptait se débarrasser de cette grosse vache de Nathalie Landon…

Roland regarda Camilla, des pieds à la tête, et elle était clairement bien en chair elle-même.

- … pour vous mettre à sa place et laissez-moi vous dire que mes rumeurs s’avèrent toujours au moins à moitié vraies !
- Euh… d’a…ccord…
- Croyez-moi, votre réputation est faite, vous avez battu le proviseur, votre carrière va décoller ! Tout le monde va vous vouloir à sa table tout à l’heure !
- Je… vais rester à la mienne…
- Eh bien c’est fort dommage ! A bientôt !

Roland serra les dents. « Qu’eeest-ce que c’était que çaaa ?! »

Roland avança dans le couloir, toujours salué et félicité par des profs divers et variés. Il arriva à la cantine. La dame du self lui fit un clin d’œil qui le mit mal à l’aise.

- Tiens donc.

Roland regarda la femme en noir à côté de lui, qu'il reconnut immédiatement comme étant Marigold Heller, la CPE.

- M… madame Heller, bonjour…
- Inutile de me faire des politesses, c’est moi qui suis honorée. Vous êtes un sacré morceau, monsieur Smirnoff.
- Merci…
- Quelque chose me dit que vous allez être l’homme à abattre lors du séminaire de rentrée des fêtes. Ça va être amusant.

Roland inspira lourdement.

- Contrairement à ce que vous avez l’air de penser, je… ne supporte pas d’être le centre de l’attention…
- Oh je n’en doute pas. Votre esprit est un volcan mais votre corps est une oppression permanente, et personne n’est dans votre tête pour vous comprendre…

Roland regarda la jeune femme, très intrigué.

- De temps en temps, votre entourage effleure cette part obscure de vous, mais personne ne sait quoi en faire, vous faites peur alors que vous ne demandez qu’à vous épanouir.
- Euh… je… veux bien vous croire…
- Venez dans mon bureau un de ces quatre, je vous ferais un tirage de tarot, quelque chose me dit que vous aurez de bonnes cartes !
- Vous… êtes la CPE, je n’ai techniquement aucune raison d’aller dans votre bureau…
- Vous me rappelez quelqu’un, ça me donne encore plus envie de vous sortir les cartes !

Marigold prit son plateau et rejoignit la table de l’administration. Roland grimaça et partit à son tour vers sa table. Il se plaça face à Rachel.

- Deux femmes m’ont arrêté pour me parler. Une certaine Camilla Thompson et la CPE, Heller.

Rachel haussa les épaules.

- Pourquoi tu me…

Rachel leva les yeux au ciel, blasée.

- Roland, c’est bon, je vais pas te fliquer !
- Je crois que c’est moi qui me flique moi-même ! souffla Roland en enfonçant sa tête entre ses mains.

Hadley, en bout de table, mangeait ses frites nonchalamment. Megan arriva et prit sa place habituelle, tout au bout de la table.

- Alors, les jeunes mariés, tout va comme vous voulez ?
- On n’est pas mariés, Megan… souffla Rachel.
- Ca fait un bail que vous êtes ensemble, vous devriez. Pensez à tous ces gens qui voudraient mais ne peuvent pas ! marmonna la brune.
- Justement, on ne veut pas… souffla Roland.
- Vous êtes pas drôles… sourit Megan en mangeant une frite.

Malcolm se demanda où il devait se placer. Rachel lui tapota la place à côté de la sienne. Malcolm inspira et s’assit à côté de sa sœur.

- Je suppose que j’ai pas le choix.
- Non.

Roland inspira en regardant Malcolm.

- Tu as passé une bonne matinée ?
- Tu veux dire avant ou après avoir affronté le proviseur à tes côtés ? Mon cours était atrocement technique, j’ai la migraine.
- C’était sur… quel sujet ?
- Comme si ça t’intéressait… souffla Malcolm.
- J’essaie juste de faire la conversation… marmonna Roland.
- Tu n’as pas. Le fait que tu sortes avec ma sœur n’implique pas quelque obligation envers moi.
- Oh, ok… Tu connais bien la CPE, Heller ?

Malcolm se renfrogna.

- O… oui, je… euh, on a pas mal l’occasion de bosser ensemble, en tant que syndiqué, je… suis en lien récurrent avec l’administration, enfin plus notamment le directeur…
- Cet indiscret personnage… souffla Rachel.
- Comment vous avez pu aller vous signaler l’air de rien en espérant que je ne saurais rien d’ailleurs ?! s’étonna Malcolm.

Rachel inspira et regarda son frère.

- On s’était dit que ça nous aiderait. Enfin, pour un truc moins grave que ce qui s’est passé ce matin, mais comme tu sais, le fait d’être signalé en couple rend, par exemple, les tentatives de mutation plus difficiles.
- Hm. Mais j’aurais préféré que tu me le dises avant de le dire à l’administration !
- Je peux comprendre. Mais tu peux comprendre également qu’on ne pouvait pas t’en parler, c’était trop risqué vis-à-vis du reste de nos familles respectives.
- Ok…

Malcolm inspira. Claire arriva et allait se mettre à côté de Roland. Elle regarda Rachel.

- Je peux ?
- Bah bien sûr.
- Tu vas pas penser que…
- Bah non.
- … ok…

Claire s’assit comme si elle se posait à côté d’une caisse de dynamite sous le regard stupéfait de Megan, Roland, Rachel, Malcolm et même Vincent qui se demandait ce qu’elle avait.

Claire s’assit et semblait gênée. Rachel grimaça. Malcolm la regarda comme si elle était demeurée. Roland plissa les yeux.

- Rien n’a changé, Claire, je vous assure…
- Pourquoi vous vous vouvoyez toujours d’ailleurs ?! s’étonna Megan.
- Je vous vouvoie aussi… marmonna Roland en regardant Megan.
- Oui mais moi je suis chiante, alors que vous aimez bien Claire et qu’elle vous aime bien !
- Je n’ai jamais dit que vous étiez…
- Je plaisante mais comme d’habitude vous ne comprenez pas mon humour !

Roland grimaça. « Effectivement j’ai jamais su par quel bout la prendre, la Megan… »

Claire inspira et prit son plateau sous le regard surpris des quatre autres.

- Désolé, ça me gêne, je… je vais avoir besoin de temps !

Elle alla se placer face à Vincent qui s’en étonna.

- Perry, vous me fumez le cerveau par moments…
- J’ai du mal avec les changements relationnels !
- … c’est pas vous que j’ai vu parler au Proviseur comme si c’était un bijoutier mafieux ?!

Claire leva les yeux au ciel.

- C’était pas pareil.
- Mouais.
- Vous allez bien, Vincent ?

Le gros homme roux à lunettes hocha la tête.

- Vous en faites pas, je suis en paix avec ce qui s’est passé. Limite ça me soulage.

Claire acquiesça, rassurée. Matt arriva, inspira et alla se placer à côté de Claire. Roland le regarda, surpris qu’il laisse une chaise entre eux.

- Matt, enfin…
- Nan, t’inquiète, pas de lézard, juste que…
- TOI !

Charlie s’assit à côté de Roland qui grimaça.

- TU POURRAIS AU MOINS REPONDRE A MES TEXTOS !
- … à tes trente textos ???
- OUI !
- Winchester, je veux pas que vous passiez vos cours à envoyer des textos ! grommela Vincent.
- Vous n’êtes plus mon principal ! grommela Charlie.
- Charlie, arrête d’envoyer des textos en cours, sinon je brûle ta bagnole… soupira Malcolm.
- Tu… merde, t’es mon supérieur maintenant !
- Jusqu’à ce que Vincent désigne son successeur, oui… marmonna Malcolm, neutre.
- Je sais pas si je vais aimer cette situation !
- Ça va pas être super intéressant, je suis pas du tout tenté par le poste et il est hors de question que je refasse la police après ce qui s’est passé ce matin.

Megan s’étonna.

- Comment ça ?

Malcolm inspira.

- J’ai prouvé que j’étais incapable de défendre correctement mes collègues, j’aurais largement préféré être démis de mon poste, je traverse actuellement une sérieuse crise existentielle, je ne sais plus trop bien où est ma place. Je pense en fait que Roland devrait prendre mon poste de syndiqué…
- Je refuse catégoriquement… marmonna Roland.
- … mais je savais bien qu’il refuserait la proposition, donc je fais contre mauvaise fortune bon cœur, mais honnêtement je n’ai plus la volonté de remplir cette fonction.
- Je serais ravie de faire le cliché de garce insidieuse et frigide à votre place, j’ai clairement la tête de l’emploi !

Rachel, Roland et Malcolm regardèrent Megan qui serra de nouveau les dents.

- Trop extrême ?

Les trois hochèrent la tête. Léopold arriva, mutique, et se plaça à côté de Vincent.

- Hey, Léo, ça a été, tes cours ? marmonna Roland.

Le blond regarda Roland d’un œil et se détourna vers son assiette. Roland baissa la tête. Malcolm le regarda.

- A propos de Léo, il y a un point que j’aimerais éclaircir, Roland, euh…
- Oui ?
- … euh… non, rien, en fait, je… on en parlera plus tard.

Roland pencha la tête sur le côté. Quelqu’un arriva à leur table, Brice Tramer, le directeur.

- Bonjour, bonjour…

Malcolm salua Brice. Roland et Rachel le regardèrent, suspicieux. Charlie et Matt l’ignorèrent copieusement. Vincent plissa les yeux, intrigué par sa présence.

- J’ai un pli pour mademoiselle Heine…
- Madame… grommela Rachel.
- Vous n’êtes pas mariée ! rappela Brice.
- Et la cantine entière n’a pas à le savoir… grommela Rachel.
- Pour un garant des relations interprofessionnelles, vous êtes sacrément merdique… admit Megan.

Brice leva les yeux au ciel, donna le pli à Rachel et partit en secouant la tête. Malcolm regarda Megan.

- Pourquoi vous êtes aussi méchante avec lui ?
- Pourquoi pas ? souffla Megan.

Rachel s’étonna et regarda Roland.

- Je suis convoquée par le doyen ?!

Roland haussa les sourcils. Malcolm plissa les yeux.

- Pourquoi faire ?! J’y vais avec toi, c’est pas normal !
- Non, je vais y aller toute seule, ça va aller.
- Rachel… grommela Malcolm.

Roland inspira en regardant Malcolm et allait dire quelque chose, mais Rachel continua.

- Je sais pourquoi il veut me voir, ça ne prendra pas longtemps.
- … il y a eu un souci ?! s’étonna Malcolm.
- Non, c’est purement administratif.

Malcolm inspira.

- S’il y a un souci, tu peux m’en parler, tu sais bien…
- Oui, si c’est un souci qui nécessite que je t’en parle, je t’en parlerais. Promis.
- C’est la seule qui croit encore que vous pouvez servir à quelque chose…

Malcolm regarda Megan, interloqué.

- Vous êtes drôlement bavarde, ce midi !
- Peut-être que la femme arriviste et calculatrice qui sommeille en moi s’est réveillée quand le poste de professeur principal s’est libéré…

Malcolm haussa les sourcils.

- J’ignorais que vous convoitiez…
- Vous ignorez beaucoup de choses, mon cher Malcolm.

Malcolm inspira et se détourna de Megan.

- Ne sois pas trop longue pour ton entretien avec le doyen.
- Oh je pense que ce sera bref… souffla Rachel.

Roland se mordilla les lèvres, essayant de rester le plus casuel possible pendant que Charlie sirotait ostensiblement son… verre d’eau… en le regardant d’un air sans équivoque.

***

Rachel partit donc vers le bureau du doyen après le repas, sous le regard intrigué de Malcolm. Il tenta de la suivre mais Charlie l’arrêta.

- C’est une grande fille, elle peut se débrouiller.
- Oui mais…
- Si elle t’a dit que ça irait, ça ira.

Malcolm inspira.

- Je pensais qu’elle ne me ferait plus de secrets après…

Il désigna Roland qui observait également Rachel se diriger vers le couloir de l’administration. Charlie inspira.

- Elle sait ce qu’elle fait. Ta sœur est forte, bien plus que tu ne l’imagines.

Malcolm inspira et regarda Roland.

- Tu sais pourquoi elle est convoquée, toi ?

Roland secoua la tête, mentant à moitié. « Je me doute, mais disons que je ne sais pas exactement… »

- Je ne vois pas trop non plus.
- Mais à toi, elle te le dira.
- Probablement.

Malcolm hocha la tête face à une telle franchise.

- Au moins, je peux pas dire que tu vas la faire souffrir ou quoi…

Roland inspira lourdement.

- T’inquiète pas, je l’aime trop pour ça.
- Je sa… enfin je crois voir ça.
- T’inquiète pas, je lui ferais jamais de mal. « Et heureusement que t’es pas Pinocchio sinon t’aurais empalé toute la pièce… »
- J’espère bien.

Malcolm partit bon gré mal gré vers sa salle. Roland serra les dents. « Ca va vraiment finir dans un bain de sang mais causé par lui étalant mes tripes partout dans le hall… »

- Hey…

Roland se tourna vers Matt.

- Hey… J’espère vraiment que tout va bien… que tu m’en veux pas ou quoi…
- Nan, ça va, tout baigne… J’comprends, tu pouvais pas… t’exposer.
- J’avais un peu peur que tu réagisses comme ça parce que tu pensais que je t’avais trahi ou quoi… alors que c’est pas du tout le cas…
- Nan, ça va aller… Avec le recul… C’est compréhensible… par contre je sais pas comment te remercier assez pour ce que tu as fait pour moi ce matin.
- Ouais, c’était une matinée assez intense mine de rien ! sourit Roland.

Matt regarda Roland, presque satisfait. Roland inspira.

- Tout va bien alors ? On reste potes ?
- Hm ! Pas de soucis.
- Bon, cool. A toute !
- Ouais.

Roland s’éloigna en regardant avec insistance vers le couloir de l’administration. Charlie arriva aux côtés de Matt.

- Et ils ne se marièrent pas et n’eurent pas d’enfants.
- T’es bête. J’ai le droit d’avoir un pote hétéro, nan ?
- Oui. Mais pas de t’y attacher autant, tu te fais du mal. D’autant que tu es en couple, pour rappel.
- Hahaha, très drôle.

Léopold sortit à son tour de la cantine, à discuter avec Claire. Charlie l’observa d’un œil suspicieux.

***

- Asseyez-vous, Rachel.

Rachel inspira et s’assit au bureau du doyen, bien tendue et crispée comme il fallait. « Fais attention à tes paroles, parce que je ne risque pas de garder mon calme… »

Justin semblait crispé également. Gêné. Il inspira, semblant s’apprêter à parler, mais en sembla incapable et se ravisa. Rachel observa, intriguée.

Le doyen se releva, prit une Pokéball et sortit Okéoké. Le Pokémon, sur la table, regarda Rachel de son air benêt. Rachel haussa un sourcil, pour le moins étonnée.

Justin prit le Pokémon entre ses mains et le serra contre lui.

- Excusez-moi…

Rachel haussa les sourcils.

- Je… Quand je suis dans une situation embarrassante, je dois avoir un Pokémon auprès de moi. C’est… pour me rassurer. Je…

Justin souffla, semblant très ému.

- Je devais vous convoquer parce que… j’ai agi sans préméditation tout à l’heure et… en menant ma petite enquête… suite à votre réaction, bien sûr… notamment auprès du Directeur, et, croyez-moi, j’en suis absolument désolé… j’ai compris…

Rachel ferma les yeux. Justin n’osait même pas la regarder en face.

- Et de fait, je suis absolument contrit, mon intention n’était absolument pas de… vous… enfin, je ne savais pas, et maintenant je sais, et… promis, ça ne se reproduira plus.

Rachel hocha la tête.

- Je… Vous n’avez jamais eu la sensation que…

Rachel écouta le doyen qui, pour ainsi dire, parlait tout seul depuis le début de leur « entretien ».

- … vous… étiez comme destiné à être seul, toujours seul, peu importe l’alignement des planètes, ou quoi… Vous serez seul toute votre vie et rien ne pourra combler ce manque… excepté les Pokémon, certes, mais…

Rachel regarda le doyen qui serrait Okéoké comme une peluche contre lui.

- … Quand je parlais avec Roland, j’avais la sensation d’être avec quelqu’un qui comprenait ce que je ressentais. C’est idiot, hein ?

Rachel resta neutre.

- Je sais ce que vous vous dites, j’ai abusé de ma fonction, j’ai profité de mon ascendant sur un jeune professeur, en couple qui plus est… C’est méprisable, évidemment, et…

Justin inspira.

- Une part de moi regrette profondément, une part de moi est absolument désolée envers vous, et veut faire amende honorable, mais une autre part de moi…

Justin grimaça en regardant dans le vide, toujours en évitant le regard de Rachel.

- Une autre part de moi a adoré ce baiser, voudrait recommencer…
- Stop.

Justin leva une main, conscient qu’il allait trop loin. Rachel avait été ferme.

- Je sais. Je sais. Et encore une fois, pardon… mais vous devez comprendre que je suis pleinement conscient de la portée de mon geste… et que, si d’aventure il a été… conduit à certains gestes, c’est purement parce que je l’ai approché dans cette optique.

Rachel inspira lourdement, posa ses mains sur les bras du siège et regarda le doyen.

- Vous… êtes doué pour endormir les gens, vous feriez un bon manipulateur ou un bon chef d’entreprise, je sais pas… Vous êtes doué pour le baratin et je pense que c’est pour ça qu’on vous a jugé compétent pour le poste de doyen.
- … euh…
- Je n’ai absolument ni compte à vous rendre ni quoi que ce soit à vous prouver. Roland est plus une part de moi que mon frère jumeau lui-même. Et vous pouvez… expliquer votre geste, son geste, autant que vous voulez… Rien de ce que vous me direz n’aura, à mes yeux, la moindre importance.

Justin se mordilla les lèvres et hocha lourdement la tête, honteux.

- Qu’on soit bien clairs, vous n’approchez plus Roland pour autre chose que du professionnel.
- C’est l’évidence même.
- Et si j’entends encore dire que vous êtes allé lui faire la causette, fumer avec lui dans les jardins, donner des petits conseils par-ci par-là avant un combat important… Bref tout ce qui sort de votre rôle de doyen…
- Je le sentirai passer, j’avais bien compris.
- … Ah mais ne pensez pas que vous allez vous en tirer sans dommages, mon cher doyen !

Justin haussa un sourcil. Okéoké le regarda avec un sourire béat.

***

Nathan était sorti du bureau du proviseur, en panique. « Foutus réseaux sociaux ! La nouvelle de la défaite du proviseur a déjà fait le tour des académies voisines !! Notre côte dans le rectorat de Kalos est en train de baisser !! »

Il allait retourner dans son bureau quand la porte du bureau du doyen vola en éclats. Un Ponyta en sortit, suivi par une Sucreine. Rachel termina la marche, un Goupix blanc entre ses bras.

- Et accessoirement… Je suis d’accord avec vous, avoir un Pokémon avec soi, c’est mieux face à une situation embarrassante ! Hah ! Je me sens mieux !

Nathan Vinner était complètement subjugué par cette femme aux longs cheveux châtains qui émergeait du bureau visiblement bien dévasté par ses soins. Elle vit le regard du rouquin sur elle.

- Un souci ? Vous regardez quoi ?
- … euh…
- C’est bien ce que je pensais. Qu’on soit bien clairs, doyen : La prochaine fois, vous n’aurez plus que deux murs à votre bureau.

Rachel partit, suivie par ses deux Pokémon. Nathan alla jusqu’au bureau du doyen. Lequel était prostré sur sa chaise, au comble de l’embarras, le bureau en bordel, son Okéoké contre lui.

- … qu’est-ce que vous avez encore fait, Truce ?!
- Rien qui ne vous regarde, Vinner… geignit Justin, coupable.

Le rouquin eut un rictus vénéneux et repartit vers son bureau.

***

L’après-midi se déroula plus ou moins normalement jusqu’à l’interclasse.

- Ne fais pas comme si tu devais te justifier auprès de moi, tu es ridicule !
- Très bien, très bien… souffla Roland.

Rachel, Megan, Matt et Charlie observèrent Léopold et Roland entrer en même temps.

- J’ai compris, tu préfères Charlie à moi…
- Léopold, enfin… geignit Roland.
- Je suis sûr que tu m’en veux plus que Charlie m’en veut lui-même pour notre rupture !
- Tu te fais des films, Léo, si on ne te l’a jamais dit c’est parce qu’on n’a jamais trouvé l’occasion, voilà tout… souffla Roland, contrit.
- Ca, plus le fait que t’es pas connu pour garder un secret plus de dix minutes…

Léopold se tourna vers Charlie, furibond. Le brun leva les mains.

- Certifié conforme, Léo, je te l’ai déjà dit mille fois…
- Hmph…
- Léo, allez… souffla Roland.

Léopold alla s’asseoir de manière très théâtrale. Matt n’osait pas ouvrir la bouche mais il regardait Léo avec jugement. Le blond releva.

- T’as un problème, toi ?!
- Un millier, et je sais justement pas par où commencer…
- Eh bah tais-toi !
- C’est c’que j’te dis, je sais pas par où commencer alors je me tais...

Charlie leva une main pour faire taire Matt.

- T’en as pas assez fait pour aujourd’hui ?
- Précisément ! ajouta Matt.
- Je t’apprécie beaucoup, Léo, j’ai juste agi avec toi comme avec tout le reste de mon entourage… geignit Roland.
- On t’apprécie beaucoup, c’est juste qu’on ne pouvait pas le dire comme on ne pouvait pas le dire à tout le monde… souffla Rachel.

Claire entra et vit Léopold, les bras croisés.

- Han non, il recommence son boudin à propos de Roland et Rachel !
- Oui… souffla Charlie.
- Yep… marmonna Matt.
- Oui mais c’est fini maintenant… souffla Roland.
- Mais oui, allez, Léo… soupira Rachel.
- T’as pas des tranquillisants histoire qu’on passe une interclasse tranquille ? souffla Megan.

Claire secoua la tête et alla s’asseoir.

- On en a discuté ce midi, tu en fais trop parce que tu es incapable d’être rancunier !
- Bah oui mais après ils vont me prendre pour une carpette !
- Tu es une carpette… soupira Matt.
- Ah non, toi, ta bouche, monsieur le colleur d’affiches professionnel !
- Moi au moins j’ai une possibilité de reconversion ! se vanta exagérément Matt.
- Tu ne nous en veux pas vraiment, alors… ? demanda Roland.

Léopold regarda Roland et leva les yeux au ciel.

- Quand je vois ta petite bouille que j’ai vu grandir pendant toutes ces années, j’en suis incapable !
- Aaaah !
- Et puis si je te fais la tronche, j’aurais pas les gâteaux que ta maman m’envoie pour mon anniversaire ! sourit Léopold.
- … sauvé par maman… ! admit Roland.
- Qui ne doit rien savoir, on est d’accord, Léo ! souffla Rachel.
- Ouiiiii, vous me prenez pour qui enfin ?
- Pour toi ! soufflèrent Charlie, Rachel, Megan et Claire en même temps.

Léopold gonfla les joues, vexé. Matt éclata de rire.

- J’ai même plus besoin d’ouvrir la bouche, j’ai une chorale rien que pour moi !

Malcolm entra dans la salle des professeurs, catastrophé, regardant sa sœur.

- C’est TOI qui as dévasté le bureau du doyen Truce ???

Tout le monde fixa Rachel qui regarda son frère en haussant les épaules.

- Bah ouais.
- … POURQUOI ???
- Parce que.
- … mais enfin…

Roland regarda Rachel, médusé. Elle haussa de nouveau les épaules. Malcolm secoua la tête et regarda Roland qui secoua la sienne.

- Je ne l’ai pas poussée… Qu’on soit bien clairs, je ne la pousse pas à faire des trucs comme tu as pu le penser jadis !
- Mmmouais. N’empêche qu’elle n’aurait pas fait ça avant !
- Ca, non… marmonna Rachel.

Roland regarda sa petite amie, légèrement agacé par ses sous-entendus. « Ok pour me faire culpabiliser, mais à un moment donné… »
Rachel inspira. « J’en fais trop, je sais, mais je refuse qu’il s’en sorte aussi facilement quand même. »

- C’est de ma faute ? demanda Léopold.
- Non ! soufflèrent Roland et Rachel.
- Ah, bon.
- Léo quand même… soupira Claire.
- C’est pathologique… souffla Megan.
- J’espère que tu auras de la chance et que le coup d’éclat de Roland ce matin éclipsera ton… coup d’éclat… à toi ! Je veux bien que le doyen Truce soit horripilant mais quand même !
- Hm, moi je trouve ça mérité… souffla Charlie.
- Ouais, ça compense toutes ces mains au cul qu’il m’a mis l’an passé... marmonna Matt.

Charlie, Roland et Léo regardèrent le jeune homme qui agita une main badine.

- J’l’avais cherché, je portais des slim à l’époque !
- … ça… ne justifie rien ! s’étonna Claire.
- Mais du coup j’ai dix fois moins de remords, si tant est que j’en avais déjà ! sourit Rachel.

Roland grimaça. « J’aicomprislemessaaaage… »

Vincent arriva à ce moment. Silence des troupes. Il alla s’asseoir à son bout de table et inspira.

- Ma démission est actée, je ne suis plus votre proviseur principal. Heine, vous prenez l’intérim et vous assurerez donc les deux fonctions, principal et syndiqué.

Malcolm inspira. Claire regarda Vincent, désolée. Roland baissa la tête, coupable. Matt se garda de faire le malin. Charlie inspira lourdement.

- Je désignerais mon successeur au séminaire de rentrée des fêtes, comme prévu. J’ai déjà quelques noms en tête, inutile de faire campagne…

Megan baissa la main, déçue.

- … je vais mûrir ma décision et redevenir un simple professeur d’histoire.

Le groupe pédagogique hocha la tête, quelque peu sonné par la teneur des évènements.

***

- Sacrée journée, hein… souffla Roland.
- Hm. Mais tout va s’arranger. Tout s’arrange toujours.
- Tu parles du groupe pédagogique ou de nous deux ?

Rachel s’arrêta dans le hall et regarda Roland.

- Ecoute, j’ai réagi de manière un peu excessive, peut-être…
- Oui côté doyen, non côté moi. Tu avais tous les droits d’être en colère.
- Je t’aime trop pour t’en vouloir pour un baiser, et te connaissant comme je te connais, tu n’as pas pensé à mal, et… Même si notre limite ça a toujours été le polyamour, on n’a pas vraiment de limites imposées autres que celles de tout se dire, et probablement que tu me l’aurais dit, et que ça serait mieux passé…
- J’avais pas à le faire de toute façon.
- Oui mais avec le recul tu avais probablement tes raisons… et au fond je m’en fiche, toi et moi c’est trop important pour que je foute ça en l’air sur un simple baiser.
- D’accord. On dîne ensemble ?
- Nnnon…

Roland grimaça.

- Et pas du tout à cause de ça, à cause du fait que maintenant que mon frère sait, je préfère être à l’appart ce soir pour répondre à toutes ses questions idiotes pour éviter qu’il gamberge dans son coin pendant que je serais de sortie aussi tôt après avoir tout dit.
- … j’adore quand tu décortiques…
- Je sais, c’est pour ça que je le fais ! Mais tu m’envoies des textos et tu n’hésites pas à appeler si ça ne va pas.
- Hm.
- Je veux aussi le surveiller, des fois que les parents appelleraient…
- Je vois le genre. Ok. A demain.
- A demain, Roland.

Il la regarda partir en soupirant lourdement. « Gestion de la connerie : 4/10, Roland. Vous vous en sortez tout juste avec quelques grosses égratignures. La prochaine fois, ce sera le billot. »

Charlie et Matt arrivèrent. Roland les observa. Charlie poussait Matt d’une main dans le dos.

- Mais arrête, j’ai plus seize ans !
- Non mais tu vas lui demander, au moins !
- J’suis sûr qu’il a des projets !
- Demande !

Matt s’avança vers Roland, tout penaud. Roland haussa les sourcils, très intrigué.

- … ça te dit d’aller te pinter ce soir ?
- … ouais, bien sûr Matt ! sourit Roland.
- T’as rien de prévu avec Rachel ?
- Nan, elle préfère maîtriser Malcolm dans les premiers stades de la révélation…
- Ah, oui, le fameux coup du démon à sceller avant qu’il ne soit trop tard !
- Voilà… Nan, t’as raison, j’ai des tas de trucs à te confier maintenant du coup !
- Hm…

Matt se retourna vers Charlie qui agita une main badine.

- Vas-y, va t’amuser avec ton copain !
- Ouaiiiis, merci maman ! s’enjoua exagérément Matt.
- Vous êtes bêtes… souffla Roland, blasé.
- Je t’attends dehors ! sourit Matt en sautillant jusqu’à la sortie.
- Hm… Il m’inquiète ! souffla Roland en direction de Charlie.
- Moi aussi, mais que veux-tu, je l’ai mal éduqué ! soupira Charlie en secouant la tête.

Des professeurs saluèrent Roland avec enthousiasme, le montrant du doigt à leurs collègues. Roland serra les dents et regarda Charlie qui haussa les épaules.

- La rançon de la gloire. Ton souci est réglé ?
- Oui et non. J’ai merdé.
- D’un côté oui, d’un autre côté c’est pas comme si t’avais pas déjà galoché des mecs devant elle.
- Je l’ai aussi fait sans qu’elle le sache parfois…

Roland regarda Charlie sans équivoque. Charlie inspira.

- Oui mais il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas dire.
- J’ai un peu failli lui dire pour… décanter la chose, mais…
- Mais je t’aurais étranglé parce que ça n’avait rien à voir. Le doyen t’a amadoué, moi… j’étais juste désespéré et seul, tu étais là et…

Charlie se mordilla les lèvres. Roland baissa la tête en soupirant.

- N’y repensons plus. Et je vais oublier également ce baiser débile avec le doyen.
- Mouais. Avoue que t’as aimé ! sourit Charlie, cynique.

Roland ne répondit pas. Charlie le regarda, étonné. Roland prit une grande inspiration résignée et prononça dans son souffle :

- Je vais rejoindre Matt, à demain, Charlie…

Charlie regarda le jeune homme partir, un peu étonné par sa non-réponse. « Eh beh, on n’est pas sortis de l’auberge… »



Générique de fin : Christina Perri – Jar of Hearts

« It took so long just to feel alright
Remember how to put back the light in my eyes
I wish I had missed the first time that we kissed
'Cause you broke all your promises
And now you're back
You don't get to get me back »