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» Auteur : Lief97 - Voir le profil
» Créé le 01/02/2019 à 10:38
» Dernière mise à jour le 04/04/2019 à 14:34

» Mots-clés :   Action   Guerre   Présence d'armes   Présence de poké-humains   Suspense

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Chapitre 32 : L'assaut du laboratoire Némélia
« La douleur est aussi nécessaire que la mort. » Voltaire.



***


Quatre.

Lyco tua quatre fois. Il garda ce chiffre dans un coin de sa tête. Il n’aimait pas vraiment tuer — personne n’aimait réellement ça, même les pires mercenaires du monde, à moins d’être sadiques — mais lorsqu’il tuait ainsi, de sang-froid, il ne pouvait s’empêcher de compter. Comme pour se raccrocher à quelque chose de concret, quelque chose qui l’empêchait de laisser les émotions reprendre le dessus.

Les quatre gardes qu’ils avait assassinés gisaient, égorgés, dans leur sang. Lyco ne chercha pas à dissimuler les corps ; il devait couper les alarmes en priorité. Tant pis si d’autres sentinelles repéraient les cadavres. Les pillards interviendraient vite, et Lyco pourrait toujours profiter du chaos pour s’éclipser. Ou pour mettre le feu. À voir.

L’armoire électrique était positionnée, comme prévue, de l’autre côté d’un grillage surmonté de barbelés. Lyco sortit de son sac une pince aiguisée, longue d’une trentaine de centimètres ; il s’acharna bien trois minutes avec le grillage, coupant les fils épais avec difficulté, un à un. Quand l’espace fut suffisant pour lui permettre de passer accroupi dessous, Lyco s’y faufila et contourna la silhouette métallique de l’armoire.

Le jeune homme se figea de surprise en repérant le clignotement d’une diode rouge. Il recula dans l’ombre et fixa du regard une caméra fixée à un poteau. L’appareil… pivotait sur lui-même. Jamais Lyco n’avait vu de caméra capable de bouger. Son champ de vision devait être plutôt large, et en plus de ça, elle balayait la zone de droite à gauche ?

Le jeune homme, immobile, étudia les alentours. Là-bas, une sentinelle se tenait près du portail métallique permettant d’accéder à la zone. D’autres devaient se trouver dans l’autre périmètre, séparé du sien par de nombreux conteneurs de marchandises. Comme prévu par les informateurs, les sentinelles ne paraissaient pas si soucieuses de la sécurité des lieux. Deux hommes discutaient en fumant des cigarettes, à une trentaine de mètres de là, tournant le dos à Lyco. L’endroit était tellement bien caché qu’ils ne devaient pas s’inquiéter d’être attaqués.

Lyco attendit que la caméra pivote et testa la poignée de l’armoire. Fermée. Il sortit une petite tige métallique à l’embout épais de sa botte et l’enfila dans la serrure. Il la secoua avec force, la fit tourner dans un sens, dans l’autre… un clic retentit. Lyco ouvrit la porte à la volée.

Dans la pénombre, il ne voyait presque rien. Des câbles, oui, des étiquettes, mais impossible de les lire ou de discerner des couleurs. Lyco compta rapidement et posa la main sur le troisième interrupteur en partant du haut. Il appuya dessus immédiatement. Un voyant vert passa à l’orange.

Si son informateur ne s’était pas trompé, Lyco venait juste de supprimer les alarmes.

Il constata d’un coup d’œil jeté en arrière que la caméra revenait à la charge ; il referma la porte de l’armoire et se cacha derrière le temps que l’œil de l’appareil se tourne vers lui. La caméra se figea une seconde, puis se remit à tourner dans l’autre sens. Lyco attendit un peu et rouvrit l’armoire.

Plissant les yeux, il tenta de lire les étiquettes. Normalement, le dernier interrupteur déverrouillait les portes de service. Mais maintenant qu’un groupe de pillards était prêt à aider Lyco, était-il vraiment nécessaire d’être discret jusqu’à l’intérieur du bunker ? Selon ses sources, les gardes étaient moins nombreux que les scientifiques et les cobayes, à l’intérieur. Et s’il trouvait un moyen d’ouvrir le portail, et même la porte du bunker, creusée à même le canyon ?

Lyco savait qu’il se trouvait à moins de cinquante mètres de la porte immense du laboratoire. Après tout, pourquoi pas…

Il appuya sur un bouton. Un son strident retentit dans l’obscurité. Lyco se figea et se retourna. Le portail se mettait à coulisser alors que des ampoules électriques diffusaient des lumières orangées dans la nuit noire. Le garde lança un cri d’alerte et se tourna aussitôt vers l’armoire électrique. Trop tard. Lyco, plongé dans ses pensées, s’était trompé d’interrupteur. Tant pis, c’était fait.

— Un intrus ! s’égosilla le garde.

Les lumières éclairaient par saccades, de manière presque épileptique, à la manière d’une alarme silencieuse. Lyco appuya sur tous les interrupteurs qu’il n’avait pas encore touché ; autant mettre le bazar à fond.

Simultanément, les lumières s’éteignirent, la caméra s’immobilisa, et les lourdes portes du bunker grincèrent en s’ouvrant avec lenteur. Et alors que le garde pointait sur lui un fusil malgré l’obscurité presque totale, les voix des pillards retentirent.

Lyco s’abrita par sécurité derrière l’armoire électrique ; il eut bien raison. Des balles sifflèrent près de lui. Le garde prenait le risque de tirer au hasard ! Mervald recrutait vraiment des imbéciles. Au loin, les bruits de pas et les voix des pillards se firent plus forts ; ils venaient de passer par le portail.

Lyco entendit le garde faire feu dans une autre direction. Il se leva et profita de la diversion pour courir vers l’entrée du bunker, et songea que ce n’était pas assez. Il s’arrêta, prit rapidement un cocktail molotov dans son sac malmené, l’alluma avec un petit briquet et le jeta droit sur un conteneur positionné parmi un mélange de planches, de palettes, de barbelés rouillés et d’un véritable fatras métallique.

Le conteneur s’illumina bien vite.

Le jeune homme ignora les cris, les silhouettes qui s’affrontaient et les coups de feu plutôt lointains qui sifflaient. Il fondit vers l’immense entrée du bunker, que seules quelques néons bleus éclairaient, certainement alimentés par un autre générateur que celui que Lyco avait désactivé.

Il y entra sans attendre.

Maintenant, il fallait trouver ces vaccins, mettre le feu au reste, et s’en aller en un seul morceau.



***


Les murs d’acier ne permettaient pas à Lyco d’avancer en silence. Le bruit de ses pas se répercutait en écho dans les longs couloirs froids et déserts. Quelques loupiotes bleutées diffusaient une faible lueur, dans une ambiance tamisée. Le jeune homme y voyait à peine. Plusieurs fois, il passa devant des portes blindées impossibles à ouvrir ou à crocheter.

Il était en train de marcher dans les couloirs depuis bien cinq minutes. Il n’avait croisé personne. Le néant.

Au loin, les bruits des combats et les voix des pillards s’étaient tues. Impossible de dire s’ils avaient été tués ou s’ils étaient sur ses traces. En tout cas, une chose était sûre, ce laboratoire était immense. Un complexe sur plusieurs étages, sans doute. Le couloir était assez large pour permettre à des charrettes de passer ; ou d’autres mystérieux véhicules. Lyco voyait bien dans la pénombre les étranges rails luisants enfoncés dans le béton, sous ses pieds. Cet endroit semblait d’une autre époque, mais pourtant impossible de dire comment certaines de ces choses fonctionnaient.

Il s’arrêta devant une porte. Un petit écran se trouvait sur le battant d’acier. Suspicieux, le garçon le toucha du doigt. Un bip léger retentit et l’écran s’illumina de rouge ; il recula, surpris. Une voix étrange, qui semblait venir du plafond, se mit à parler.

— Empreinte non-reconnue. Veuillez vous adresser à un supérieur hiérarchique pour vérifier votre identification.

Lyco fronça les sourcils. Étrange. La voix ne paraissait même pas humaine.

Il reprit sa route sans comprendre, les sens en alerte. Il ne voyait de caméra nulle part, n’entendait personne. Cet endroit était-il donc sans surveillance ? Ou alors… les pillards au-dehors avaient attirés tous les gardes ? Peut-être que ce couloir si large n’était pas l’accès principal ! Peut-être que seules les provisions passaient par ici ? Si c’était le cas, tant mieux. Lyco ne serait pas embêté. Personne ne l’avait vu entrer là.

Il espérait juste qu’il pourrait ressortir sans accroc.

Soudain, le couloir s’arrêta face à des double-portes aussi larges que le couloir. Un bouton capta l’attention du garçon. Il appuya dessus. Une petite sonnerie joyeuse résonna, tranchant indubitablement avec l’ambiance tendue, et beaucoup trop silencieuse.

Les doubles-portes s’ouvrirent en coulissant sur les côtés, dans un chuintement à peine audible. Lyco s’avança dans la pénombre… et constata qu’il était dans un cul-de-sac.

Les portes se refermèrent derrière lui. Il tressaillit.

Soudain, l’ascenseur géant se mit à descendre en grinçant abominablement. Le garçon émit un rire nerveux, et s’immobilisa.

— Dans quoi je me suis encore fourré…marmonna-t-il en regrettant soudain cette infiltration bien trop risquée.

La cage vibrait et grondait. Finie, la discrétion ! Lyco chercha des yeux un panneau de commande, des affiches, mais rien. L’ascenseur était énorme mais n’avait rien d’autre de particulier, et rien ne pouvait lui servir ici. Il attendit donc, anxieux.

La descente dura une longue minute.

L’ascenseur s’arrêta et les portes s’ouvrirent, toujours aussi silencieuses. Lyco fut presque aveuglé par la lumière vive ; un couloir d’un blanc éclatant s’ouvrait face à lui, éclairé par des lampes puissantes qui fonctionnaient parfaitement.

— Réserve alimentaire : couloir de droite. Pôle recherche : couloir de gauche, annonça une voix robotique et déformée.

— Couloir de gauche ! siffla Lyco.

Il les voyait bien. Les caméras. Pointées sur lui, avec leurs petites diodes rouges. Il sortit de l’ascenseur juste avant que celui-ci ne se referme et s’élève à nouveau ; cela voulait-il dire que quelqu’un l’attendait, en haut ? Des gardes ? Ou les pillards ?

Inutile de s’attarder là. Lyco s’élança et courut dans les couloirs blancs trop propres ; tout paraissait artificiel ici. Le plafond encombré de poutres en acier et de câbles emmêlés, les affiches et plans d’évacuation placardés tous les trois mètres, le sol nacré et immaculé, les portes en verre donnant sur des salles réfrigérées où s’entassaient des boîtes noires ronronnantes…

Il ne fallut pas bien longtemps avant qu’une alarme retentisse. Une sirène stridente, qui fit presque vibrer le couloir. Lyco courut dans trente mètres de couloir avant de suivre la courbe de ce dernier jusqu’à un autre, tout aussi long.

À gauche, des bruits de pas qui se rapprochaient. Il prit la droite et sprinta sans se retourner.

— Halte ! cria une voix d’homme.
— Intrus dans le couloir 7 ! Il se dirige vers la Réserve X !

Lyco entendit les crépitements d’un talkie-walkie. Inquiet, il tourna à un angle. Au lieu de continuer à courir, il s’arrêta et attendit que ses poursuivants se rapprochent.

Il dégaina ses deux couteaux et se baissa un peu, prêt à bondir sur le premier garde venu.

Il fut cependant pris de court en faisant face à un démolosse dressé, babines grondantes.

Le temps sembla soudain se figer.

Le regard de braise du molosse se ficha dans les yeux sombres du jeune homme. Celui-ci sentait les poils se redresser sur son corps. Quelque chose s’imposa dans son esprit affolé.

« Une morsure de Démolosse ne guérit jamais. »




***


— Lyco ? Lyco ! C’est l’heure !

Le garçon sursauta au contact des mains qui se posèrent sur ses joues pour lui secouer la tête sans ménagement. Il ouvrit les yeux et rencontra ceux, pétillants et malicieux, d’Ève. Elle grimaça et éclata de rire.

— Et bien ! Tu as le sommeil lourd, ce matin !

Elle le lâcha et bondit sur ses pieds. Le soleil n’était pas encore levé, mais le ciel était déjà assez clair. Lyco se redressa et la cape épaisse qui le recouvrait tomba de ses épaules. Il se frotta les yeux en maugréant. Il avait mal à la tête. C’était peut-être dû aux souvenirs qui affluaient dans sa tête, lorsqu’il dormait ?

— Ça ne va pas, Lyco ?

Bakrom, soucieux, était penché au-dessus de lui ; son paquetage était déjà sur ses épaules, et il paraissait prêt à reprendre la route. Plus loin, Darren harnachait Frison avec des gestes experts, grommelant certainement qu’il leur fallait aller plus vite.

— J’ai une migraine, rien de plus…

Lyco se releva et raccrocha sa cape pour partir. Ève, curieuse, posa une main sur son épaule :

— Hé, Lyco. Depuis qu’on a quitté le Vallon et l’autre vioque, t’es beaucoup moins bavard et curieux que d’habitude. T’es en train de changer, j’ai l’impression !
Bakrom acquiesça avec ferveur. La jeune femme continua :

— Tu serais pas en train de te souvenir de plein de trucs pas beaux, par hasard ? Ou de récupérer ta personnalité d’avant, un truc comme ça ?

Voyant que le garçon semblait réticent à aborder le sujet, Ève esquissa un large sourire malicieux.

— Oh, je sais ! Tu te souviens de nous, maintenant ?
— Je me souviens… d’une attaque contre un laboratoire. Au fond d’un canyon, près de la Colline aux Cornèbre.

En entendant cela, Ève et Bakrom restèrent figés de surprise. Les pas lourds de Darren se rapprochèrent, et ce fut le colosse qui, ayant surpris la conversation, se révéla le plus curieux.

— Le laboratoire Némélia ? Celui où on s’est rencontrés ?
— Je ne me souviens pas de tout, mais je crois que c’est ça, oui.
— De quoi tu te rappelles ? questionna Ève.
— Je suis allé dans le bunker. Il y avait un ascenseur énorme, des couloirs blancs… et j’ai été repéré. Et je me suis retrouvé face à un pokémon… un démolosse. Après, plus rien.

Darren soupira et passa une main dans ses cheveux.

— Je suppose que tu t’en es sorti indemne, face à lui, puisque nous autres, on t’a retrouvé plus tard.
— Où ça ?

Ève, l’air plus sombre, grimaça.

— On a perdu beaucoup des nôtres en affrontant les gardes, raconta-t-elle. Il y avait des renforts, et pas qu’un peu, mais comme on avait récupéré les armes à feux des premières sentinelles, on a pu leur tirer dessus dès qu’ils se mettaient à sortir du labo. Ensuite, avec Darren, on s’est dit qu’il fallait aller voir à l’intérieur. Les portes étaient grandes ouvertes. On a appelé cet ascenseur géant, là…
— Donc c’était vous, derrière moi… comprit Lyco.

La jeune femme croisa les bras et acquiesça.

— Ouais, sûrement, lâcha Ève. Une fois en bas, on est allé vers… quoi, déjà ? Un truc de recherche ou je sais pas quoi. Et après, on a juste eu à suivre les cris, les appels, et tout ça. Y’avait une belle ribambelle de soldats à tes trousses. Sans nous, tu t’en serais sûrement pas sorti en un seul morceau.
— Heureusement qu’on avait dégoté un fusil d’assaut, renchérit Darren. On les a canardés par derrière. T’avais dû en tuer quelques-uns, avant, mais t’aurais pas tenu longtemps sans notre intervention.

Lyco sentait que son cerveau approuvait leurs dires. Il ne s’en souvenait pas… mais il savait qu’ils disaient la vérité. C’était… familier.

— Et après ?
— Après, reprit Ève, on est entrés dans la réserve qu’il y avait au bout du couloir. On a fait fuir les pauvres gars qui bossaient là-dedans. Ils avaient entendu l’alarme et s’étaient réfugiés à l’intérieur, mais ils étaient pas armés ni formés pour le combat. On les a laissé se barrer et on a récupéré plein de trucs. On en a revendu à bon prix quelques jours après. Sans ça, notre groupe aurait fini par crever de faim.

Lyco fronça les sourcils :

— Qu’est-ce qu’on a récupéré là-bas ?
— De tout. De la bouffe en conserve, des armes, des trousses de soin, des munitions… y’avait aussi des médocs, mais comme on n’avait pas trop le temps de lire les notices, on n’a rien pris. Et tu tenais vraiment à tout cramer, donc bon…

Darren grommela dans sa barbe. Il finit par se redresser, et dit plus haut :

— Et si on discutait en avançant, hein ? On a de la marche à faire !
— Darren le papa randonneur, se moqua Ève en lançant un clin d’œil à Lyco.

Ce dernier ne put s’empêcher de sourire alors que le colosse, qui n’avait pas entendu, se dirigeait d’un pas motivé vers leur frison. Le jour débutait à peine.
Si leurs prévisions étaient bonnes, les Forêts de l’Est seraient en vue dans l’après-midi. Finies, ces plaines sèches, et pour de bon cette fois ! Ils pourraient retrouver leur campement, enfin.

Lyco se rendait soudain compte à quel point il avait envie de retrouver les pillards. Et Lacrya. Il espéra de tout cœur que rien de grave ne leur était arrivé pendant leur trop longue absence.



***


« Une morsure de Démolosse ne guérit jamais. »

Ce dicton glaçant, c’est ce qui vînt à l’esprit de Lyco quand la bête apparut devant lui, gueule fumante.

À ce moment-là, ce fut l’instinct de survie qui reprit le dessus. Quand le canidé, sans hésiter, plongea ses crocs vers lui, Lyco ne pensa plus. Il pointa ses deux couteaux vers l’avant et frappa. Les lames s’enfoncèrent presque sans effort dans la cage thoracique du pokémon, qui glapit de douleur. Les crocs claquèrent tout près du visage du garçon ; celui-ci tira un coup sec sur un des couteaux, le faisant ressortir de la chair d’où s’échappa un flot de sang. Il frappa une nouvelle fois, utilisant l’autre dague toujours plantée pour maintenir les crocs du démolosse à l’écart de son visage.

Les griffes du canidé lui éraflèrent les jambes pendant l’opération, mais dans le feu de l’action, Lyco ne s’en rendit même pas compte et ne ressentit pas la douleur.

Un troisième coup de couteau, près du cou, un autre, presque au même endroit, un cinquième, pour la forme.

Lyco comprit que la bête était déjà morte quand la carcasse chaude et sanglante lui tomba sur les pieds en déversant une large flaque dans le couloir. Il recula, cette vision lui arrachant presque un haut-le-cœur. Il avait vu pire, mais étrangement, dans cet endroit clos d’un blanc impeccable, la vision du sang l’écœura.

Les bruits de pas se rapprochèrent. Lyco eut juste le temps de se remettre à courir. Ses semelles laissèrent des empreintes sanguinolentes derrière lui. Il glissa et faillit tomber, se rattrapant de justesse à la tuyauterie qui jaillissait d’un mur.

Il bifurqua vers un autre couloir en ayant le réflexe de regarder derrière lui. Pas d’autre pokémon en vue ; des gardes couraient vers lui, suivant les traces vermeil laissées par ses semelles. Ils n’avaient pas d’armes à feu, mais des taser. Dotés d’une portée assez courte, probablement. Pas plus de trois mètres. Trois à cinq tir chacun, évidemment, comme tous les pistolets à impulsion électrique de Mervald.

Il attendit au détour du couloir. Sa respiration était saccadée. Il commençait à paniquer, c’était mauvais. Sans compter que la douleur se ressentait enfin dans ses jambes, et l’adrénaline retombait peu à peu. Il se savait mal en point.

Un garde apparut. Lyco plongea ses couteaux vers l’ennemi. Une lame vers la main tenant le taser, l’autre en pleine poitrine. Le garde avait beau avoir une sorte de tenue matelassée, le couteau s’enfonça ; et la main blessée lâcha la taser. Le garde cria et tomba en arrière.

Lyco remarqua qu’en plus des deux gardes près de lui, une demi-douzaine d’autres arrivaient dans le couloir.

— Il est là !
— Bouge plus, gamin !

Le taser, pointé sur lui, crépitait déjà. Lyco leva les mains en l’air, ses couteaux avec.

— Lâche-les !

Il obéit. Si le soldat lui disait ça, c’était qu’il ne comptait pas lui tirer dessus. Il en aurait déjà eu l’occasion plusieurs fois durant ces quelques secondes de tension.

— T’es qui, gamin ? demanda le garde. Comment t’as pu rentrer là avec…

Soudain, des détonations sourdes et puissantes retentirent. Lyco recula et se baissa, par réflexe. Du sang l’éclaboussa encore, et il vit le corps d’un garde être projeté contre un mur. Criblé de balles. De part en part.

Les autres se retournèrent. Lyco se jeta à terre en comprenant ce qui se passait. Des centaines de balles surpuissantes ravagèrent les rangs des soldats ; le bruit de leurs corps disloqués se fit entendre, tout près, alors que les corps tombaient comme des mouches. Le vacarme était tel que Lyco sentit ses oreilles siffler.

Puis, soudain, le silence. Un silence de mort.

Lyco se redressa et jeta un œil dans le couloir, le cœur battant la chamade et la tête sur le point d’imploser.

Un fusil d’assaut, ou une arme très gros calibre, venait de prendre par surprise les gardes. Aucun d’eux n’avait pu survivre à une telle puissance. Les corps n’étaient pas beaux à voir. Il détourna bien vite les yeux de ce massacre.

Soudain, au détour du couloir apparurent, essoufflés, cinq pillards. Lyco reconnut leur chef, le colosse. Armé d’une mitraillette gros calibre.

— T’es là, toi, lâcha le dénommé Darren depuis le bout du couloir.

Lyco se releva en époussetant ses vêtements et en tachant de faire bonne figure.

— Merci, pour eux. Vous êtes arrivé à temps.
— Bon, on va où, avant que la cavalerie débarque ?
— Y’a une réserve, au bout, indiqua le garçon. On n’a qu’à les débarrasser des objets de valeur. Je m’occuperai de mettre le feu sur le trajet du retour. Mais vite.

Ils partirent ensemble dans le dédale de couloirs blancs, tandis qu’une nouvelle alarme se déclenchait. Mais visiblement, la plupart des soldats protégeant la zone étaient morts ou à l’extérieur.

Le groupe en profita.