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Pokemonis T.2 : L'embrasement de l'Aura de Malak



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» Auteur : Malak - Voir le profil
» Créé le 13/01/2019 à 08:21
» Dernière mise à jour le 13/01/2019 à 08:21

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Action   Aventure   Présence de Pokémon inventés   Science fiction

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Chapitre 50 : Terre brûlée ( 1ère partie )
548 ans plus tôt…



Cela faisait seize ans que la guerre opposant Xanthos et les Pokemon au reste de l’humanité avait éclatée. Une guerre inédite, entre les deux races régnantes de la planète. Une guerre… ou plutôt une révolution, une guerre civile ayant pour théâtre la Terre toute entière. Évidement, en conséquence, le monde avait bien changé. Les grandes cités humaines avaient quasiment toutes disparues, quand elles n’avaient pas été volées par les Pokemon. Les conflits incessants et les batailles avaient ravagé une grande partie du territoire terrestre et marin. Il y a sept ans, les rares gouvernements humains qui existaient encore en avaient été réduit à se servir de l’arme nucléaire, ce qui bien sûr n’avait rien arrangé. Et de son côté, Xanthos, le charismatique leader de la révolution Pokemon, avait usé de ses propres pouvoirs qu’il avait reçus dans le Puis des Abysses pour remodeler les continents selon ses désirs.

Ainsi, les glaciers de chaque pôles avaient disparu, provoquant des inondations monstres qui avaient englouti certains pays. Une désertification de masse avait frappé 40% du globe. Certains continents s’étaient déplacés, percutant ceux à côté, et provoquant des séismes et des failles qui avaient remodelé les reliefs. Les changements provoqués par Xanthos qui avaient affecté la vie de quasiment tous Pokemon avaient eux aussi leur part de responsabilité dans le dérèglement climatique. Les saisons n’avaient plus aucun sens. Les catastrophes naturelles s’enchaînaient ci et là.

Bref, c’était le prélude de l’apocalypse. La planète comptait près de neuf milliards d’âmes humaines avant le début de cette guerre. Aujourd’hui, seul un milliard avait survécu. Dans une moindre mesure, les Pokemon avaient eux aussi été frappés, mais grâce au Fragment d’Eternité que Xanthos leur avait donné, ils étaient devenus plus forts, plus intelligents et leur durée de vie avait doublé. On en arrivait donc à une seule conclusion, somme toute assez logique : les Pokemon étaient en train de gagner la guerre. La fondation, il y a six ans, de leur Empire Pokemonis, en était la preuve.

La Fédération des Alliances Libres, le plus grand pays du monde qui avait eu, pendant des années, vocation à faire respecter la paix mondiale, n’était plus. L’Empire Pokemonis s’était construit sur ses ruines, et était devenu le plus puissant Etat du monde… à défaut de concurrents. À part l’Empire Lunaris, qui avait été épargné pour une raison précise par Xanthos, et qui vivait désormais reclus derrière ses frontières montagneuses, plus aucun des anciens gouvernements humains n’existaient. Certaines communautés d’humains avaient leurs propres règles et mode de direction bien sûr, mais elles étaient si petites et dispersées ci et là qu’elles ne représentaient aucune menace pour le tout jeune empire et ses deux puissants Seigneurs Protecteurs.

La seule organisation d’humains qui pouvait encore inquiéter l’Empire était un groupe d’un peu plus d’un millier d’hommes et quelques Pokemon, qui se revendiquaient des vestiges de la FAL, et des idéaux de Régis Chen. Très mobiles, doués pour s’infiltrer et provoquer le chaos, ces résistants harcelaient l’Empire Pokemonis depuis des années. Régis Chen, figure emblématique des anciens dresseurs de Pokemon et dernier Conseiller de la FAL, avait été leur leader. Mais Chen était mort il y a dix ans maintenant, trahi par les G-Man et son vieil ami Sacha, et son exécution, en grande pompe, avait été l’évènement qui avait donné naissance à l’Empire Pokemonis. Depuis, les résistants, privés de chef naturel et donc du soutien de nombreux humains qui désormais voulaient faire profit bas, tentaient tant bien que mal de survivre tout en rappelant de temps en temps à l’Empire qu’ils existaient.

Scalproie, ancien Pokemon domestique de combat, aujourd’hui libre, n’avait rien contre eux, mais les rejoindre pour mourir à leur côté était la dernière chose qu’il souhaitait. Bien qu’il méprisait cordialement Xanthos et ses partisans, cette nouvelle vie faite de survie dans un environnement hostile ne lui déplaisait pas. Ça lui rappelait sa jeunesse, dans la région inhospitalière de Mandad, avant qu’il ne rencontre Zeff, son dresseur. Dresseur qui était toujours avec lui aujourd’hui, des décennies plus tard, même si Scalproie n’avait plus de Pokeball et savait désormais parler. Il n’était plus son Pokemon, mais son égal, et c’est en tant qu’égaux qu’ils avaient faits route commune dans ce monde à l’agonie. Mais aujourd’hui, ils étaient en désaccord sur la suite de leur voyage.

- Je peux pas l’empêcher d’y aller, disait Zeff tandis qu’ils attendaient au milieu des ruines de ce qui fut jadis la ville humaine d’Ecorcia. C’est son gamin. Elle avait beau vouloir nous convaincre - et se convaincre elle-même - qu’elle n’en avait plus rien à faire, mais tu sais très bien que c’était un mensonge.

Zeff Feurning était un vieil homme de soixante-dix ans, pourtant encore vigoureux. Sa veste de cuir était délavée et sale, son visage couturé de cicatrice présentait une courte barbe blanche, mais ses yeux gris acier étaient encore perçants, et son corps n’avait que peu perdu de la musculature de sa jeunesse. Il pouvait toujours tenir sans mal sa vieille pistolame en argent, qui pesait pourtant son poids. Zeff était un guerrier. Il était né guerrier, et il l’était encore aujourd’hui.

Jadis maître de Scalproie, il était aujourd’hui son partenaire. Zeff ne l’avait pas seulement capturé quand il était un jeune Scalpion ; il l’avait modelé à son image. Par l’esprit bien sûr, mais aussi part le corps. En effet, une partie du métal qui composait le corps de Scalproie était de l’argent, la marque de Zeff. En acquérant l’intelligence que Xanthos avait donné aux Pokemon, Scalproie aurait pu décider de le quitter, voir même de rejoindre l’Empire. Mais il n’en avait rien fait. Il n’imaginait pas d’autre fin que de mourir aux côtés de Zeff lors d’un combat.

- Si elle tenait vraiment à Willen, elle le convaincrait d’arrêter tout ça, répondit Scalproie de sa voix métallique. C’est un combat sans espoir.

- On en a mené beaucoup, des combats sans espoir, lui signala Zeff avec ironie. Et on est pourtant toujours là pour en causer.

- T’es devenu à ce point sénile pour ne plus être capable de comparer les forces de deux camps ? À l’époque de Régis, y’avait peut-être encore une chance d’arrêter Xanthos ; les humains étaient plus nombreux, et ils avaient les G-Man avec eux. Mais c’est fini maintenant. Fini et foutu. T’es au courant des Pokemon monstrueux que Xanthos a réuni autour de lui ?

- Ah ouais, ce fameux Général Chiverna ? Le soi-disant commandant suprême des armées impériales ? C’est un type Poison non ? Tu devrais bien t’en tirer face à lui.

- Il est Poison et Combat, rectifia Scalproie, et y’a pas que lui. Rien que Daecheron pourrait atomiser seul tous les résistants si jamais ils étaient en face de lui. Je veux bien que Willen, un ado qui se croit invincible, ne puisse pas s’en rendre compte, mais les adultes qui le conseillent doivent être tout aussi immatures et insensés que lui !

- C’pas Terrence qui s’occupe de la logistique des résistants ? Ça m’étonnerait que ce type soit un demeuré inconscient. Il est aussi prudent que sa mère et coincé du cul que son père.

- Pépé, pas de gros mots, intervint une petite voix fluette.

Une fillette d’une dizaine d’années sautillait gaiement non loin d’eux ; vision pour le moins étrange qui contrastait avec le paysage désolé ambiant. Elle avait de fins cheveux roses très clairs, et de grands yeux bleus foncés qui viraient presque au noir.

- « Cul » n’est pas un gros mot, répliqua Zeff. C’est une partie du corps.

- Salia a dit qu’on doit dire « derrière » ou « postérieur ».

- Oui, évite de faire en sorte que cette gamine s’exprime comme toi, mon vieux, ajouta Scalproie. On n’a pas fait tous ces efforts pour la sociabiliser pour rien…

La fille, nommée Six, faute d’autre nom connu, était une orpheline de guerre, que Zeff et Scalproie avaient trouvé il y a quatre ans, à moitié morte, traumatisée, amnésique et muette. Ils l’avaient sauvée, et gardée avec eux, car laisser une enfant de son âge dans la nature à cette époque-ci était synonyme de meurtre. À leur grande surprise, il s’était avéré que la fillette avait des pouvoirs G-Man. Cela présageait probablement d’un énorme potentiel par la suite, car c’était immensément rare que les pouvoirs des G-Man apparaissent si jeune.

Ayant appris cela, ils auraient pu tout bonnement la remettre à l’Ordre. Elle aurait alors mené une vie privilégiée et relativement sûre auprès de Xanthos dans son nouvel empire. Ça aurait indifféré Scalproie, mais Zeff avait trop de rancœur envers Xanthos et tout ce qu’il avait fait pour l’aider de la sorte, même indirectement. Il avait donc décidé d’adopter la fillette. C’était même lui qui lui avait trouvé ce nom de Six, du fait de l’indication VI sur son médaillon, la seule chose qu’elle conservait de son ancienne vie.

Ça avait quelque peu surpris Scalproie. Il aurait pensé que son ami humain aurait confié la gamine à n’importe quel groupe d’humains qu’ils auraient croisé. Zeff n’avait jamais été quelqu’un de très social et à l’aise avec les enfants. Il n’en avait jamais eu, d’ailleurs. C’était peut-être pour ça qu’il avait gardé Six. Peut-être avait-il certains regrets à n’avoir jamais eu d’enfant. Le fait est que cette étrange fille partageait leur vie depuis maintenant quatre ans. Elle n’avait toujours pas récupéré sa mémoire, mais avait retrouvé progressivement l’usage de la parole, et malgré la vie dangereuse qu’ils menaient, elle semblait heureuse.

Scalproie lui-même s’était attaché à elle, alors qu’il n’avait jamais eu d’autres humains dans sa vie à part Zeff. Peut-être que Six avait un étrange pouvoir, ou une Aura spéciale qui faisait que les personnes qui la croisaient ne pouvaient que l’aimer ? Zeff n’était jamais très démonstratif, mais il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux. Six l’appelait « pépé », à cause d’une mauvaise habitude de Salia visant à se moquer de son âge, mais elle le considérait comme son père, et Scalproie comme une sorte de grand-frère. Si on ajoutait Salia dans le rôle de la grande sœur, voire de la maman, ils formaient à tous les quatre une réelle famille. Et le Pokemon n’avait aucune envie de la mettre en péril à cause de ces fous de résistants et de leur combat futile.

- C’est quand que Salia arrive ? Demanda Six. C’est bien ici qu’on devait se retrouver, hein dis, pépé ?

- Ouais, grogna Zeff. Elle est en retard.

Il n’ajouta rien, mais Scalproie vit bien qu’il était inquiet. Lui non plus ne devait pas accorder une confiance illimitée aux résistants. Salia les avait devancé pour répondre à une invitation de son fils Willen, car le temps pressait, et Zeff et Scalproie avaient été occupés par de tenaces poursuivants de l’Empire. Mais ils ignoraient si elle était bien parvenue à destination, ou si tout simplement elle n’était pas tombée dans un piège des résistants. Après tout, eux aussi n’hésitaient pas à employer des moyens discutables pour arriver à leurs fins.

- Déjà, est-ce que le tuyau que nous a donné ce crétin de magouilleur mécanique transformable était fiable au moins ? Demanda Scalproie. Quel intérêt ça lui rapporte, d’être informateur pour les résistants ?

Zeff haussa les épaules.

- D-Zoroark pense d’abord à sa poire, mais il a toujours conservé une certaine tendresse pour les humains. Puis il s’est toujours bien entendu avec Salia autrefois. M’étonnerait qu’il nous ait balancé à l’Empire.

- Parce qu’il sait très bien aussi que si jamais il essayait, je le dépècerai en pièces détachées pour ma moto, renchérit une voix.

Zeff serra la poigne de sa pistolame, mais se détendit aussitôt. Salia Chen se dirigeait vers eux, sortant visiblement du Bois aux Chênes. Six bondit jusque dans ses bras pour l’accueillir.

- Des problèmes ? Lui demanda Zeff.

- Juste une sécurité un peu trop poussée. On m’a retenu trois fois dans chaque avant-poste avant que j’ai pu arriver jusqu’à eux. Bah, vaut mieux ça que si j’étais arrivée à l’avance.

Salia Chen était une jeune femme de trente-cinq ans, aux cheveux châtains-roux et aux yeux se trouvant être un mélange de brun et de vert. Elle était belle, mais pas dans le sens jolie et féminine. Elle dégageait une aura d’aventurière, avec sa vieille tenue de dresseuse, son pistolet et son long couteau denté. Bien qu’encore jeune, elle avait passé la plus grande partie de sa vie à voyager et à se battre. À douze ans, elle était déjà membre de l’ancienne X-Squad, l’unité phare de la FAL. Quand la révolution de Xanthos avait éclaté, quelques années plus tard, elle avait été en première ligne avec son père Régis pour le combattre, malgré ses pertes et son chagrin.

Puis après la mort de son père, désemparée et lassée des combats et des idéaux, elle était partie avec Zeff et Scalproie pour bourlinguer ci et là dans le monde pendant près de dix ans, laissant son fils unique chez les résistants. C’était une femme qui en avait trop vu et trop fait, et Zeff, qui la connaissait depuis qu’elle était enfant, aurait souhaité pour elle un instant de répit, un semblant de paix et de bonheur. Mais si finalement elle voulait reprendre le combat, il irait avec elle et la soutiendrait. Salia était un peu tout ce qui lui restait de son ancienne unité et de ses vieux camarades, dont la plupart étaient morts aujourd’hui. Elle était également la petite-fille d’une femme qu’il avait aimée.

- T’as pu voir le gamin ? Demanda Scalproie.

Comme d’habitude quand il était question de Willen, le visage de Salia se ferma et elle feignit l’indifférence.

- Rapidement oui.

- Et ?

- Et quoi ? Que suis-je censée dire à un gosse que j’ai abandonné quand il avait six ans ? Je suis une étrangère pour lui, et c’est pas plus mal. Et… il lui ressemble trop… à son père.

Scalproie voulut poursuivre, mais Zeff lui jeta un regard d’avertissement. Le Pokemon soupira, et demanda plutôt :

- Tu es sûre de ce que tu fais ? Tu vas nous entraîner dans les mêmes combats qu’on a toujours essayé d’éviter depuis des années.

- Je ne vous force pas à me suivre, répliqua Salia. Mais moi, j’en ai marre de fuir. C’est pas pour Willen, pas pour les résistants, l’humanité ou Arceus sait quoi. Ce n’est même pas par vengeance. C’est juste pour moi. Je ne vais pas laisser son ombre… non… leurs ombres à tous les deux me pourrir l’existence jusqu’à que je crève !

Zeff et Scalproie savaient très bien qui étaient « les deux » à qui elle faisait référence. Deux hommes qu’elle avait aimés, chacun à leur manière, et qui l’avaient trahi et ravagé sa vie. Elle marcha donc d’un pas décidé vers le Bois aux Chênes, planque temporaire des résistants, et Zeff, Scalproie et la jeune Six ne purent que la suivre avec appréhension.


***

La forteresse G-Man d’Alamirgo était le quartier général des Aura Gardiens depuis des siècles. Elle avait été bâtie en 1453 par le légendaire Methesker Valderous, dit le Bâtisseur, Grand Maître de l’Ordre à l’époque, et G-Man du tout-puissant Regigigas, le Pokemon qui aurait donné sa forme aux continents suite au duel cataclysmique entre Groudon et Kyogre. Selon la légende, Valderous aurait construit l’imposante forteresse en trois jours seulement, à lui tout seul. C’était un trésor architectural, et la pierre dont elle était faite regorgeait d’Aura.

Ce lieu avait abrité des générations entières de G-Man, survécu à des centaines de guerres. Il survivra sans doute aussi à celle-ci. Le problème, c’est qu’il n’y aura plus grand monde pour l’entretenir et se souvenir de sa magnificence. En effet, les G-Man avaient juré allégeance au Seigneur Protecteur Xanthos, et la volonté de ce dernier était que tout l’Ordre quitte Alamirgo pour venir s’installer avec lui dans sa capitale impériale, Axendria, quand elle sera terminée. Xanthos n’avait que faire du passé. Alamirgo n’était pour lui qu’un symbole de plus d’une époque révolue.

Certains G-Man - généralement les plus âgés - avaient protesté contre ce déménagement forcé, mais ils étaient trop peu nombreux, et surtout trop effrayés par le nouveau pouvoir en place pour peser réellement. Ci et là, les rapports faisaient état de Pokemon qui se serviraient d’humains comme esclaves. Selon Xanthos, c’est le sort qui attend toute l’humanité dans les prochaines années. Grâce à leur soutien et leur loyauté, les G-Man seraient épargnés. Autant dire qu’on en trouvera pas beaucoup pour préférer une vieille forteresse à une vie privilégiée.

Venorlume était un Pokemon qui vénérait le passé, et qui l’enseignait aux autres. La propension de Xanthos à vouloir enterrer le passé le dérangeait donc. Mais Venorlume trouvait le personnage tout à fait fascinant, et suivait avec passion les évènements qu’il provoquait pour les relater plus tard. De plus, le Pokemon avait quelques raisons d’être reconnaissant envers l’humain masqué. Pas pour l’intelligence et la parole qu’il avait donné à tous les Pokemon du monde non ; Venorlume avait toujours été intelligent et savait parfaitement parler bien avant la naissance de Xanthos. Non, pour son rôle décisif dans le conflit sur le Continent Perdu, il y a dix-huit ans. Xanthos avait porté assistance à des personnes chères au vieux Pokemon érudit, et il lui en était reconnaissant. Il suivrait donc les G-Man à Axendria quand ils se rendraient dans la capitale.

Car oui, depuis environ cinq ans, Venorlume suivait les G-Man et vivait près d’eux. Alors que l’Ordre existait depuis des milliers d’années, en s’était efforcé de rester neutre, voilà que d’un coup, il s’était rangé du côté d’un révolutionnaire et avait trahi l’espèce humaine. Si Venorlume ne portait aucun jugement personnel sur la chose, il voulait en observer les conséquences au plus près, voir comment cet ordre millénaire allait se transformer suite à cela. Pour sa curiosité naturelle, mais aussi pour les générations futures. L’Ordre G-Man avait accepté, en échange des compétences d’instructeurs de Venorlume.

En effet, le Pokemon avait une très longue carrière de professeur derrière lui. Pendant des décennies, il avait formé les différents rois qui s’étaient succédés au Conglomérat, un ancien pays situé sur le Continent Perdu. Avant la révolution de Xanthos, les enfants de G-Man allaient simplement à l’école, comme les humains normaux. Maintenant que ce n’était plus possible, il leur fallait un enseignant directement sur place. Venorlume était donc chargé de l’apprentissage des jeunes G-Man d’Alamirgo de trois à dix-huit ans, soit environ une dizaine. Il arrivait même que parfois, certains de ses anciens élèves viennent lui demander conseil sur tels ou tels sujets, comme aujourd’hui. L’un d’entre eux était venu le trouver dans son lieu d’étude habituel. Un jeune G-Man au nom très célèbre.

- Lord Ketchum, quelles connaissances êtes-vous donc venue chercher auprès de ma modeste personne, aujourd’hui ? Demanda Venorlume au G-Man habillé d’une cape rouge et beige.

Le jeune homme grimaça.

- Je vous en prie professeur, appelez-moi Cliff, comme avant. Que vous me donniez du « Lord Ketchum » sonne très bizarre.

Cliff Ketchum, G-Man de Goupelin, était un bel homme qui gardait encore quelque traces d’adolescence. Ses cheveux étaient violets foncés, tendant vers le noir, et ses yeux sombres, déterminés, reflétaient un individu droit et pur. Tous les G-Man l’appréciaient et fondaient de grands espoirs sur lui, et pas seulement parce qu’il était le fils unique du précédent Grand Maître, Sacha Ketchum, disparu depuis huit ans. Venorlume l’aimait bien également. Comparé à nombre de princes du Conglomérat qu’il avait été obligé de former, Cliff avait été un élève studieux et respectueux. Et contrairement à beaucoup d’autres G-Man de son âge, il n’était pas pétri de préjugés sur les humains.

- Le Grand Maître a convoqué un conseil, dit le jeune G-Man. Et j’ai été convié.

- Qu’est-ce que cela a de curieux ? Tu es largement en âge de commencer à prendre des responsabilités et accomplir des missions. Ça va jaser si le très probable futur Grand Maître continue à rester entre les bras de sa mère à vingt ans.

Venorlume connaissait bien le problème de Cliff ; il avait été trop couvé, et du coup, bien que brillant, il manquait énormément de confiance en lui. Mais on ne pouvait pas trop en vouloir à sa mère, Lady Cathy. Cliff était son fils unique, et depuis que Sacha Ketchum avait quitté l’Ordre pour partir Arceus sait où, il ne lui restait plus que lui.

- Il ne s’agit pas de mère, répliqua Cliff avec du rouge aux joues. Le Grand Maître Clément prépare une expédition punitive. On va devoir affronter les résistants. Il y aura des morts, et… je ne veux tuer personne.

- Le but de l’Ordre G-Man n’est-il pas d’assurer et de préserver la paix ? Demanda Venorlume. En éliminant les ennemis de l’Empire, ne remplis-tu pas ta mission ?

- Ces gens, nous les défendions encore il y a quelques années ! Celui qui les commande est Willen Chen, le petit-fils du meilleur ami de mon père.

- Certes. Mais ils s’opposent au Seigneur Protecteur Xanthos, et vous, vous le servez. C’était là le choix de ton père.

- Et vous croyez… qu’il avait raison ? Que c’était une bonne chose, de renverser le Grand Maître Peter Lance, et de trahir l’humanité ?

- C’est une chose qu’il faudrait demander à ton père. J’ignore ce qu’il pensait, quelles étaient ses intentions, ni ce que Xanthos a pu lui dire. Finalement, tout se résume à une chose : as-tu foi en ton père, le Héros Arc-en-ciel ?

Le visage de Cliff s’assombrit.

- Comment pourrai-je ? Il nous a abandonnés, mère et moi, sans aucune explication. Non, pas seulement nous… il a abandonné tous les G-Man.

- Tant que tu n’auras pas connaissance des raisons qui l’ont poussé à le faire, tu ne seras pas en droit de le juger. Réfléchis pour le moment à ta seule mission. Dois-tu tuer quelques humains pour la paix future, ou bien les laisser vivre ?

- Vous détestez tant les humains que ça, professeur ?

- Je ne les déteste pas, répliqua Venorlume. Pour avoir vécu des siècles avec eux, je peux affirmer sans l’ombre d’un doute qu’ils ne sont pas les êtres purement malfaisants et destructeurs que les autorités de l’Empire décrivent. Mais ils sont imparfaits, ça oui, c’est une évidence. Xanthos prétend que le monde irait bien mieux s’il était dirigé par les Pokemon. J’ignore si c’est vrai. Je souhaite seulement le découvrir. Et pour cela, je veux voir de mes yeux ce qui va se passer. Aussi, si le Grand Maître m’y autorise, je viendrai avec vous pour cette expédition. Je n’aiderai ni un camp ni un autre ; je contemplerai l’Histoire.

- Professeur…

Cliff s’arrêta en frissonnant. Il avait dû sentir quelque chose dans l’Aura. Quelque chose de désagréable. Une silhouette noire s’était silencieusement glissée au milieu des étagères pleines de livres. Drapé d’un manteau noir, avec des bandages autour des bras et des jambes, cet individu portait un masque pour le moins singulier et quelque peu terrifiant, qui ressemblait vaguement à la tête d’un Seviper, un Pokemon serpent aux crochets rouges.

- Jeune Lord… Le Grand Maître m’envoie vous chercher, fit le G-Man masqué d’une voix sifflante.

Cliff avait toujours eu peur de ce G-Man là. En fait, il était possible que tous les G-Man d’Alamirgo aient peur de lui, et à juste titre. Bien qu’étant un véritable Seigneur G-Man, cet homme était aussi un tueur professionnel doublé d’un sadique notoire. Rien ne lui plaisait davantage que de tourmenter ses proies et d’expérimenter avec eux des tortures plus inventives et horribles les unes que les autres.

- B-bien, Seigneur K-Kenda, balbutia Cliff. J’arrive.

- Oui, venez donc… Car le temps est venu de réduire à néant les espoirs fous que les humains ont pu conserver. Nous avons la localisation actuelle des résistants, grâce à cette idiote de Salia Chen, et à la gamine G-Man qu’ils gardent avec eux. Ces imbéciles n’ont pas compris que la puissante Aura qu’elle cache est comme un émetteur pour nous. Elle va nous mener directement à Willen Chen, Ren Pavis, Terrence Wasdens, et tous les autres leaders rebelles. Aucun ne doit survivre. Enfin… à long terme, du moins. Il se peut que j’en capture un ou deux, pour mes… activités ludiques personnelles.








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Note de l’auteur : Ce chapitre contient pas mal de références à mes autres fics, notamment Team Rocket X-Squad, qui se déroule peu avant les évènements mentionnés. Je le signale à mes lecteurs qui ne lisent que Pokémonis, pour qu’ils ne se sentent pas déboussolés par tous ces noms nouveaux pour eux. Ce chapitre contient aussi des références à ma toute première fic, les Enfants de Sparda, centrée justement sur les G-Man, et que je compte réécrire un jour. Ça m’étonnerait qu’il y ait beaucoup de monde qui ait pu la lire, mais s’il y en a parmi vous, je préciserai juste ceci : la Cathy que je cite comme étant la mère de Cliff est celle que j’appelais Anabel dans les Enfants de Sparda. Anabel est son nom anglais, que l’animé en VF a gardé. Vous savez, la fille aux cheveux lilas qui tient la Tour de Combat du Battle Frontier, qui peut lire dans les pensées et qui en pince pour Sacha (AbilityShipping forever !). Cathy est son officiel en français dans les jeux. Comme elle a récemment fait son retour dans la 7G au sein de la Police Internationale, je vais reprendre son nom VF, pour garder une certaine cohérence.